Intervention de Monsieur Claude GEWERC, Président du Conseil régional de Picardie Clôture du débat sur le Schéma Régional de Développement Economique Le lundi 6 mars 2006 Maison de la Culture d’Amiens 2 A l’issue de cette réunion, il est difficile de tirer des conclusions tant ont été riches nos échanges. Les conclusions seraient d’ailleurs prématurées puisque nous sommes au coeur d’une démarche et pas à son aboutissement. Pour ma part, je suis persuadé que cette démarche, en elle-même, est un atout et une force pour notre région. Chefs d’entreprise, syndicalistes, responsables de l’Etat ou de collectivités territoriales, acteurs des outils économiques, nous sommes tous conscients des difficultés et nous partageons tous la même ambition d’aller de l’avant, de regarder vers l’avenir, de porter ensemble un développement régional qui, créant plus de richesses, permettra à nos concitoyennes et à nos concitoyens de mieux vivre. Jamais la Picardie ne s’était autant mobilisée. Jamais autant d’énergies n’ont été rassemblées pour s’engager, territoire par territoire, filière par filière, sur des projets communs. Certes, il faut laisser le temps au temps, on ne renverse pas en quelques mois des habitudes qui, pour beaucoup d’entre elles, sont liées à l’histoire même de notre région. Je pense à son cloisonnement, à son manque d’assurance dans bien des domaines, à une sorte de fatalisme qui a fini par s’installer. La Picardie doit sortir du repli frileux dans lequel elle est cantonnée depuis trop longtemps. Elle a besoin d’organiser 3 sa mobilisation pour prendre la place qui aurait toujours dû être la sienne : celle d’une région riche au cœur de l’Europe des capitales. Nous ne pourrons gagner cette bataille qu’ensemble, dans un dialogue constant, entre collectivités territoriales et dans le cadre d’une démocratie économique et sociale renouvelée. Le dialogue et les échanges sont une des conditions essentielles de la réussite. C’est l’esprit même du Schéma Régional de Développement Economique que je soumets au débat. Chacune et chacun d’entre vous doit y trouver et prendre sa place. Et, si je suis persuadé que nous avons besoin d’un Conseil régional fort pour donner le cap, après en avoir discuté largement entre nous, je suis tout aussi convaincu que rien ne se fera sans une mobilisation à tous les niveaux, sans que chacune et chacun d’entre vous ait les moyens d’exercer des responsabilités clairement définies. Je pense à l’indispensable dialogue social aussi bien dans l’entreprise que sur les grands enjeux de développement économique. C’est pour cette raison que j’ai souhaité associer la COPIRE à notre démarche. 4 Je pense aussi à l’établissement de relations partenariales, constructives, avec les territoires, avec lesquels nous devons viser une démarche de qualité totale pour l’accueil et le développement des activités. Une grande politique régionale d’installation suppose que nos territoires soient attractifs dans tous les domaines, aussi bien par la qualité, et cela va sans dire, la disponibilité des zones d’activités que par les services proposés aux entreprises et à leurs salariés. Les logements, les crèches, la vie culturelle et sportive, sont de ce point de vue, aussi, des facteurs de développement économique. Je ne peux, de ce point de vue, que me réjouir de la qualité du travail avec les Conseils généraux et les grandes agglomérations, notamment sur les pôles de compétitivité. La bataille économique se gagne souvent par la capacité à répondre vite. Je veux ici témoigner que sur quelques beaux dossiers que nous menons ensemble, les collectivités de Picardie vont dans le même sens avec le seul souci de créer de l’emploi. Parce que nous sommes une région de taille moyenne, parce que nous savons nous faire confiance, parce que nous avons 5 pris l’habitude depuis des années de travailler en réseaux, nous pouvons, ensemble, relever le défi de l’économie de la connaissance : cette économie qui lie nos laboratoires, nos centres de transferts, nos entreprises, nos territoires, et dont les pôles de compétitivité « Industries et Agro-ressources » et « I-Trans », ne sont que les deux premières réussites. Je suis persuadé qu’ensemble nous en aurons bien d’autres et que nous saurons faire de la Picardie la vitrine du développement industriel durable. Développer et activer les réseaux, tant en région qu’avec les régions voisines et avec l’international, doit constituer un levier majeur de notre action. Il revient à la région de créer les conditions pour que de nouvelles synergies soient possibles. Cela suppose une autre approche, plus globale, de la production, prenant en compte l’environnement, les conditions de travail, autant que l’innovation technologique. C’est le sens des grands axes mobilisateurs qui se dessinent dans le débat sur le Schéma Régional de Développement Economique. Le Schéma affirme clairement la place que tient et que doit continuer à tenir l’industrie en région. Cette affirmation repose 6 sur la conviction que la France et l’Europe ne pourront demeurer de grandes puissances économiques sans industrie. Et, dans ce cadre, la Picardie doit continuer à jouer un rôle majeur. Certes, l’industrie, par les emplois directs et indirects qu’elle génère, demeure un moteur de développement et constitue un enjeu pour le développement durable. Au-delà de la production proprement dite, il s’agit de services, de conception, de commercialisation, de financements, d’une chaîne de création de valeur ajoutée dont notre région a les moyens d’être un acteur. Nous aurons, dans les années qui viennent, à relever quelques grands défis : celui des Alternatives Végétales, je l’ai déjà évoqué ; celui de l’introduction des matériaux composites dans les industries mécaniques – notre région est déjà l’une des premières de France sur les matières plastiques techniques - ; celui des technologies propres dans l’ensemble des processus industriels ; celui du transport durable qui, au-delà d’I-Trans, pose le problème de la logistique des modes de transport alternatifs et de l’avantage que peut tirer la Picardie de par sa proximité des grands marchés de consommation. 7 C’est autour de ces enjeux, et de quelques autres, que nous devons repenser notre architecture d’intervention et de concertation. Le Schéma Régional de Développement Economique doit aussi prendre en compte nos Pays. En effet, qu’ils s’agissent de bâtiments durables, d’énergies nouvelles, de services à la population, de créations culturelles, de tourisme, du développement de l’économie sociale et solidaire, chacun de nos Pays a des ressources qu’il est mieux à même de connaître et de valoriser. C’est le rôle des conseils de développement que d’être le lieu privilégié du débat pour identifier et proposer les projets, rassembler les partenaires. La dynamique des Pays est une composante essentielle du nouveau développement économique que nous voulons pour la Picardie. Cette logique de concertation, que j’ai déjà évoquée à plusieurs reprises, est à la fois une nécessité démocratique et une exigence économique. L’économie bouge et un schéma n’a de sens que par les directions qu’il indique. Il doit pouvoir en permanence être débattu, confronté au réel, enrichi d’expériences. Ces expériences, c’est vous qui les avez et c’est vous qui donnerez corps au Schéma Régional de Développement Economique de la Picardie. Le rôle de la 8 Région est de définir les orientations stratégiques, de coordonner les outils, d’initier dans tous les domaines l’innovation économique et sociale. Elle le fera avec l’Etat, bien sûr, avec les Départements, les collectivités territoriales à vocation économique et tous les acteurs de l’économie. Si chacun doit pouvoir, légitimement, exercer ses compétences, faire vivre ses outils, nous pouvons attendre en retour que ces responsabilités partagées soient pleinement assumées. Je suis persuadé que les ateliers qui travaillent actuellement permettront d’en définir le cadre. Mais, en définitive, c’est autour de l’entreprise que se créé la richesse. Nous voulons initier avec elle une relation nouvelle, confiante mais exigeante, respectueuse des forces qui la composent. C’est ce que nous appelons la promotion de l’entreprise citoyenne. Cela suppose des méthodes et des outils nouveaux. La méthode, c’est le contrat, prenant en compte toutes les dimensions de l’entreprise. C’est aussi le formulaire unique et le guichet unique adaptés à chaque situation territoriale. 9 Les outils, ce sont les formes d’intervention qui privilégient la prise de risque plutôt que la subvention. La Région doit concevoir son action économique dans une logique de capital risque territorial. A la différence des banques, en effet, elle doit prendre en compte les intérêts généraux de la population et des générations futures. Mesdames, Messieurs, le Schéma que je vous propose doit être le socle d’une nouvelle alliance entre les acteurs de l’économie, le levier d’une ambition partagée pour que l’on puisse, dans les années qui viennent, mieux travailler et mieux vivre en Picardie.