DIPLÔME d`OSTÉOPATHE (DO)

publicité
L’Institut Dauphine d’Ostéopathie
en partenariat avec le
Federal European Register of Osteopaths
Promotion 2013
MEMOIRE n° 63
présenté et soutenu publiquement le ……………………… à Paris par
M/Mlle MENDOZA Mathilde, né(e) le 05/09/1987 à Vincennes.
Pour l’obtention du
DIPLÔME d’OSTÉOPATHE (D.O.)
L’utilisation de la respiration dans les techniques d’HvBa
Membres du jury :
Président :
Assesseurs :
Directeur du mémoire : Monsieur Brigant Vincent
Institut Dauphine d’Ostéopathie
Diplôme d’Ostéopathie (D.O.)
L’utilisation de la respiration dans les techniques d’HvBa
Maître de mémoire : BRIGANT Vincent
MENDOZA Mathilde
Année 2012/2013
Notes aux lecteurs,
Travail réalisé dans le cadre du D.O. IDO
Ce document étant protégé par les droits d’auteur, il ne peut en aucun cas être
publié en tout ou pour partie sans l’accord de son auteur.
Je tiens à remercier en premier lieu mon directeur de mémoire, Monsieur
Vincent Brigant pour son aide et ses commentaires dans l’élaboration de ce
mémoire. Je remercie également Messieurs Frédéric Pariaud et Chi-Hien Phuong,
directeurs du comité mémoire, pour leurs conseils.
Je tiens également à remercier les professeurs de l’IDO, pour la formation
qu’ils m’ont apportée, ainsi que Monsieur Vincent Jacques D.O pour son soutien
et les stages qu’il m’a permis d’effectuer au sein de son cabinet tout au long de
mes études.
Ensuite, je tiens à dire merci à mes parents et à ma famille et ainsi qu’à
Jérémy pour leur aide à la relecture et leur soutien dans la rédaction de ce travail.
Enfin un grand remerciement à mes amis ostéopathes pour leur soutien,
leur participation et leur aide pour ce mémoire.
SOMMAIRE
Introduction ………………………………………………...…………………...p.1
- I - Le thrust
1. Les définitions ……………..…...…………………………………...……….p.3
1.a) La dysfonction ostéopathique ...………………….………………....p.3
1.b) Les conséquences de la dysfonction ostéopathique …………….….p.6
1.c) Le thrust …………………………………………………………….p.9
2. Les différentes techniques de thrust ………………………………….......p.10
2.a) Le thrust en ostéopathie structurelle ……………………......….…p.12
2.b) Le thrust fonctionnel ostéopathique : « le drop » ………………...p.13
2.c) Le thrust en chiropractie …………………………………...……..p.14
2.d) La manipulation vertébrale ………………………………….……p.14
2.e) Le bruit articulaire ………………………………………………..p.15
3. L’intérêt du thrust en ostéopathie …………………………...…………...p.16
3.a) Les effets articulaires ………………………………………..……p.16
3.b) Les effets ligamentaires …………………………………………...p.16
3.c) Les effets musculaires …………………….……………..………...p.17
3.d) Les effets sur le système neurologique …………………...…….…p.18
3.e) Les effets vasculaires ……………………………………………...p.20
- II - Les effets biomécaniques de la respiration
1. Les centres respiratoires …………………………………………………..p.21
1.a) Le groupe respiratoire dorsal ………………………………….…p.21
1.b) Le groupe respiratoire ventral ……………………………………p.21
1.c) Les centres pneumotaxique et apneustique ……………………….p.23
2. La toux ………………..……………………………………………………p.24
3. Les effets de la respiration sur la biomécanique du corps ……….……..p.26
3.a) Les rappels……………………………………………….………..p.26
• Le thorax ……………………………………………………..p.26
• Les muscles …………………………………….…………….p.27
3.b) La biomécanique respiratoire ……………………..………….….p.29
• A l’inspiration ………………………………....……………..p.29
• A l’expiration ……………………………………….…..……p.31
3.c) Les échanges gazeux ………………………………………..…….p.33
- III - Mise en relation
1. Les effets du thrust en inspiration ……………………..…………………p.35
2. Les effets du thrust en expiration ………………………………………...p.36
3. Les effets du thrust lors de la toux ………………………………..………p.37
4. La place de l’apnée respiratoire ………………………………………..…p.37
5. Enquête …………………………………………………………………..…p.38
Conclusion …………………………………………………………..…………p.42
Annexes ………………………………………………………………………..p.44
Bibliographie …………………………………………………………………..p.46
Résumé ………………………………………………………………………...p.51
L’ostéopathie est une méthode de soins ayant pour seul outil de pratique
les mains de l’ostéopathe. Cette discipline possède différentes techniques selon le
tissu et/ou la pathologie présente. La technique de Haute vélocité et de Basse
amplitude (HvBa) est l’une des pratiques ostéopathiques des plus connues. Elle
est communément appelée « craquement » par le grand public, et technique de
« thrust » par les praticiens. Tout ostéopathe a été formé à cette pratique et décide
donc, ou non, de l’appliquer selon ses affinités, sa technicité, la pathologie
présente ou selon le patient. Cependant, il existe quelques nuances dans
l’accomplissement de cette technique qui peuvent en améliorer la réalisation aussi
bien du point de vue du praticien que de celui du patient. La manipulation
articulaire est également répandue dans d’autres disciplines thérapeutiques telles
que la chiropractie ou même la médecine allopathique.
La respiration est réputée, quant à elle, comme méthode de relaxation. On
peut donc penser que l’utilisation de cette relaxation lors de la manipulation ne
peut être que bénéfique. C’est surtout l’influence mécanique de la respiration sur
les articulations qui va nous intéresser. Comment les articulations se placent-elles
en inspiration ? En expiration ? On peut également approfondir jusqu'à
l’utilisation de la toux. Cette dernière ne permettrait-elle pas d’augmenter la
pression interne et donc elle aurait également un effet sur l’efficacité de la
pratique.
Utiliser la respiration ou non lors d’un thrust ? Cette fonction du corps si
indispensable, ne peut-elle pas être un paramètre à ajouter pour la réussite
technique?
Cette réflexion m’est venue suite à mes observations de différentes pratiques au
sein de cabinets d’ostéopathie et lors de cours dispensés à l’école. Que ce soit
d’un point de vue mécanique au sein même de l’articulation ou pour le confort du
patient, nous essayerons de comprendre les principes de cette technologie.
1
Nous commencerons cet exposé en définissant ce qu’est une dysfonction
ostéopathique avec ses divers paramètres ainsi que celle d’un thrust. Nous verrons
ensuite les différentes techniques de thrust au sein de plusieurs pratiques telles que
l’ostéopathie et la chiropractie qui utilisent ces technologies thérapeutiques. Puis
nous expliquerons les divers effets recensés lors d’un thrust sur le système
nerveux, le système vasculaire ainsi que sur les ligaments et les muscles de
l’articulation manipulée. Nous décrirons ensuite la mécanique respiratoire en
inspiration, en expiration et lors de la toux, ainsi que ses effets biomécaniques sur
les articulations. Enfin nous mettrons en commun ces résultats afin d’expliquer les
effets d’un thrust durant ces phases d’inspiration, d’expiration et de toux.
2
-I-
Le thrust
1. Les définitions
1.a) La dysfonction ostéopathique
L’ostéopathie, découverte par Andrew Taylor Still (1828-1917) le 22 juin
1874, est une thérapeutique utilisant uniquement les mains du praticien pour
soigner le patient. Andrew T. Still réfléchit à cette nouvelle méthode de soins
suite à une épidémie de méningite où il perdit trois de ses enfants. Médecin de
formation, il décida pourtant de trouver une alternative aux médicaments, et
préféra se tourner vers la physiologie et la mécanique du corps comme
fondements de sa pratique. Il intitula sa thérapeutique « ostéopathie » en utilisant
« ostéo » pour « os » et « pathie » pour « souffrance », donc « souffrance par les
os ». Il comprit qu’un os, un ligament ou un muscle pouvait être le point de départ
d’une souffrance. Il pensa donc l’ostéopathie d’aspect structurel1. Il érigea par la
suite les idées fondatrices de sa discipline, en se basant sur la biomécanique,
l’anatomie, la physiologie et la clinique de son époque.
L’ostéopathie repose sur quatre principes : la globalité, l’interrelation
structure-fonction, l’homéostasie et la loi de l’artère. La globalité correspond en
l’idée de voir le patient comme un tout, considérer chaque élément le constituant
et leur interaction. Sans structure la fonction ne peut s’exécuter, et sans la fonction
la structure n’a pas lieu d’être. C’est pourquoi il y a une influence de l’une sur
l’autre et réciproquement. L’homéostasie s’explique par le concept du maintien de
l’équilibre physiologique du corps par lui-même. Enfin la loi de l’artère
correspond en l’importance primordiale de la vascularisation dans tous les
éléments du corps. A. T. Still se voit donc comme un soutien pour aider le corps à
sa propre guérison. Il disait concernant la dysfonction : «find it, fix it and leave it
alone » ce qui peut se traduire par « trouve-la, corrige-la et laisse faire. »
Fort de son succès, il choisit alors de créer, en 1894, une école dans sa ville de
Kirskville dans l’état du Missouri, qu’il nomma American School of Osteopathy
(A.S.O) afin d’enseigner sa méthode thérapeutique. Les élèves ressortent alors
1
Catherine Rod de Verchère et Bertrand Schneider, Le guide de l’ostéopathie, Saint-AmandMontrond, Albin Michel, 2012.
3
avec le titre de D.O signifiant Doctor of Osteopathy. Andrew Taylor Still eut de
nombreux successeurs tels que John Martin Littlejohn (1865-1947), ancien élève
de l’A.S.O, qui importa l’ostéopathie en Angleterre en ouvrant, à Londres en
1917, la British School of Osteopathy et introduisit les concepts d’ostéopathie
viscérale et des fascias. William Garner Sutherland (1873-1954) jeune journaliste
puis élève qui, lors de ses études à l’American School of Osteopathy, découvrit le
concept d’ostéopathie crânienne et de Mouvement Respiratoire Primaire (M.R.P).
Il pensa ses concepts, dans les années 1900, suite à l’observation d’un crâne
disloqué exposé en vitrine où il remarqua que l’os temporal était « biseauté
comme les ouïes d’un poisson ». Viola Frymann, D.O. en 1949, se remarqua pour
son implication dans la recherche et l’enseignement de l’ostéopathie crânienne
pédiatrique. En France, le Docteur Lucien Moutin publia l’ouvrage intitulé
Manuel de l’ostéopathie pratique en 1913 et le Docteur Robert Lavezarri (18861977) fut l’un des premiers à pratiquer l’ostéopathie en 1920. Il ouvrit la première
école d’enseignement des manipulations ostéopathiques 2 à Paris.
L’ostéopathie se concentre sur la recherche de la dysfonction pour trouver le
point de départ du traitement. La dysfonction ostéopathique naît de la perturbation
de la fonction sur la structure ou inversement. Elle peut être appliquée à chaque
tissu constituant le corps. La dysfonction peut avoir diverses origines comme un
traumatisme, un faux mouvement, une mauvaise posture, etc. Il existe donc
plusieurs types de dysfonctions selon le tissu touché. Il y a des dysfonctions
articulaires, des dysfonctions viscérales soit de mobilité correspondant au
mouvement de l’organe dans l’espace ou bien de motilité qui elles correspondent
au mouvement de l’organe sur lui-même selon ses axes embryonnaires. On peut
également retrouver des dysfonctions musculaires avec des muscles en hyper ou
hypo mobilité, ou encore fasciales. Ces dysfonctions ostéopathiques sont
réversibles. Le corps et tous ses éléments peuvent donc être concernés. Toutes ces
dysfonctions peuvent s’additionner entre elles. De plus une dysfonction non
2
François Le Corre et Emmanuel Rageot, Atlas pratique de médecine manuelle ostéopathique,
Issy-les-Moulineaux, Masson, 2010.
4
corrigée va entraîner à plus ou moins long terme d’autres dysfonctions
adaptatives.
D’un point de vue articulaire, la dysfonction ostéopathique se définit comme
une perte de mobilité au sein d’une articulation qui en perturbe la physiologie.
Cette perturbation peut être d’ordre qualitatif ou quantitatif.3 L’articulation va
donc posséder une diminution de ses amplitudes physiologiques dans un ou
plusieurs mouvements qui lui sont propres. On peut y retrouver l’association de
contractions musculaires anormales, ainsi qu’un raccourcissement ligamentaire
ou/et capsulaire. Les ligaments fonctionnent en harmonie avec le système
musculaire et le système nerveux de par la présence de récepteurs en leurs seins.
Comme le disait A.T. Still « lorsqu’un os ne s’articule plus normalement les
muscles et les ligaments qui l’entourent sont irrités, et maintiennent une
contracture permanente ». En ostéopathie, la nomination de la dysfonction se fait
selon le sens de plus grande mobilité de l’articulation. Cependant, elle possède un
retentissement sur toutes les structures environnantes de l’articulation et donc il
peut y avoir diverses manifestations cliniques.
Il est possible de distinguer plusieurs sortes de dysfonctions ostéopathiques
selon la référence choisie. Elle peut être directe, indirecte, primaire ou encore
secondaire.
La dysfonction directe pouvant être due à un choc direct du type chute, un
coup ou un violent effort. Ceux-ci provoquent un phénomène d’entorse avec une
douleur vive et invalidante.4 Il va y avoir un début de processus de fibrose des
éléments à long terme.
Lors d’une dysfonction indirecte, ce sont les structures périarticulaires qui
sont touchées. Les causes de ces lésions ne sont pas traumatiques. Le segment
articulaire touché reste fixe à cause de l’épaississement des éléments articulaires
tels que les ligaments et les muscles.5
3
Olivier Auquier, Ostéopathie: principes et applications ostéo-articulaires, Issy-les-Moulineaux,
Elsevier, 2007.
4
J-P Amigues, L’ostéopathie : fondements, techniques et applications, Paris, Ellébore, 1998.
5
J-P Amigues, L’ostéopathie : fondements, techniques et applications, Paris, Ellébore, 1998.
5
La dysfonction ostéopathique peut aussi être primaire. Dans ce cas, elle est
souvent provoquée par l’environnement externe à l’organisme, pouvant être de
tous types de traumatismes modifiant la qualité physiologique de l’articulation.
Les causes de cette dysfonction ne sont donc pas internes à l’organisme. Cette
dysfonction est responsable du déclenchement des réactions tissulaires. Ces
dernières correspondent à une augmentation des tensions des structures péri
articulaires comme les fascias, les muscles, les tendons ou les ligaments.
Ces réactions tissulaires en chaîne perturbent la qualité du mouvement
physiologique articulaire. Elles sont responsables de l’apparition des dysfonctions
ostéopathiques secondaires. Celles-ci résultent de forces intrinsèques6, qui
peuvent s’adapter en réponse à la dysfonction primaire d’une autre articulation se
répercutant sur la nouvelle, ou encore les diverses réactions tissulaires provoquées
par la dysfonction primaire.
Pour corriger une dysfonction ostéopathique, le praticien possède plusieurs
types de techniques adaptées à la nature du trouble. Il est possible d’utiliser des
techniques structurelles, telles que le thrust, des techniques fasciales, des
techniques viscérales ou encore musculaires de type Mitchell ou Jones avec les
points gâchettes. Elles sont évidemment toutes complémentaires les unes des
autres, et peuvent s’utiliser ensemble au cours d’une même consultation. C’est le
praticien qui fera son choix selon les dysfonctions trouvées et le patient.
1.b) Conséquences de la dysfonction ostéopathique
L’une des premières explications scientifiques de la dysfonction ostéopathique
revient au Professeur Irvin Korr. Ce dernier, diplômé en physiologie de
l’Université de Princeton, fut enseignant et chercheur au College of Osteopathy
Medecine. En 1947, Irvin Korr fit une première publication sur son concept de
6
Olivier Auquier, Ostéopathie: principes et applications ostéo-articulaires, Issy-les-Moulineaux,
Elsevier, 2007.
6
« segment
facilité »7.
Il
définit
une dysfonction ostéopathique
comme
correspondant à un segment médullaire facilité, maintenu dans cet état par des
influx d’origine endogène qui parviennent à la moelle par la racine dorsale
correspondante au niveau. Par conséquent, toutes les structures qui sont sous le
contrôle des fibres efférentes de ce segment sont potentiellement exposées à une
excitation ou à une inhibition excessive selon leur type.8 Un segment facilité
signifie que la capacité de filtration des influx infra liminaires diminue. Les
neurones sont maintenus dans un état d’excitation partielle ou totale et pourront
déclenchés par un stimulus plus faible que la normale. Ils vont donc être plus
actifs et plus sensibles. Cette facilitation va s’appliquer sur les muscles (lisses et
striés), sur le système nerveux, ainsi que sur la douleur dont le seuil de
déclenchement va être abaissé.9
D’un point de vue articulaire, lors d’une dysfonction ostéopathique, on
remarque une diminution de mobilité dans un ou plusieurs paramètres, ainsi qu’un
impact sur les ligaments et la capsule articulaire environnants.
Les muscles vont aussi ressentir cette dysfonction. Ils vont se mettre en
sous ou en suractivité, ayant pour finalité une incapacité de détente avec un tonus
supérieur à la normale. Le patient ressentira comme des courbatures ou des
tensions de type musculaire.
La peau faisant partie des émonctoires du corps, elle reflète également la
souffrance. L’explication se base sur la loi de Hilton, appliquée à l’innervation des
articulations. Cette dernière met en lumière la communication bidirectionnelle
entre les nerfs cutanés sensitifs et les nerfs de la zone sous-jacente en
profondeur10. Donc il y aurait un lien entre les nerfs cutanés et les nerfs
articulaires d’où une réaction de la peau lors d’une dysfonction ostéopathique
7
Anthony G. Chila, Foundations of Osteopathic Medecine, Philadelphie, Lippincott Williams and
Wilkins, 2010.
8
Irvin Korr, Bases physiologiques de l’ostéopathie, Paris, Frison-Roche, 1996.
9
François Ricard, Médecine ostéopathique et traitement des algies du rachis dorsal, Issy-lesMoulineaux, Elsevier Masson, 2011.
10
J-P Barral et Alain Corbier, Nouvelle approche manipulative, membre supérieur, Issy-lesMoulineaux, Elsevier, 2011.
7
comme un changement de sa texture ou de sa coloration et une augmentation de la
production sudoripare.
Enfin le système nerveux, lui aussi répercute la dysfonction par des
changements en lien avec les relations métamériques. Ces interactions
s’expliquent par l’innervation commune entre plusieurs éléments anatomiques.
Par le biais du système nerveux autonome, le système nerveux agit sur toute la
régulation de l’organisme, donc on peut retrouver des modifications des viscères
(musculatures lisses), de la peau, ou encore de la vascularisation avec une
vasoconstriction. Cette vasoconstriction correspond à un angiospasme.
A long terme, la dysfonction peut entraîner des adaptations articulaires et
des tissus mous sus et sous-jacents, causant de nouvelles dysfonctions
ostéopathiques. Le patient peut d’ailleurs se présenter pour l’inconfort provoqué
par ces dysfonctions secondaires. Cependant la douleur ressentie n’est pas un
indicateur de certitude, puisqu’elle peut être engendrée par des éléments qui ne
sont pas la cause d’origine de la dysfonction. Rappelons que la douleur prend
naissance au sein de terminaisons nerveuses libres ou des récepteurs mécaniques,
thermiques, chimiques ou polymodaux. Le message est véhiculé par les fibres de
type A delta (douleur vive) ou C (douleur sourde) ou directement au ganglion
spinal. L’information va remonter aux centres supérieurs par différentes voies : la
voie réflexe, la voie spino-thalamique latérale destinée au cortex somesthésique
primaire, la partie antérieure du cortex cingulaire et l’insula. Cette voie permet la
nociception consciente. Ou encore par le biais de la voie spino-réticulaire destinée
au noyau parabrachial, à l’hypothalamus, et à l’amygdale. Cette voie va engendrer
les réponses végétatives et comportementales.11 Il est donc important d’entendre
la douleur du patient, mais il ne faut pas se focaliser uniquement dessus. Comme
le dit Rollin Becker (1910-1996) D.O, qui fut étudiant à l’American School of
Osteopathy et en sortit diplômé en 1934: « seuls les tissus savent ». Il faut donc
être à la recherche de la cause de la dysfonction.
11
Aymeric Boullay, Cours de neurologie année 2010/2011.
8
1.c) Le thrust
Le thrust, qui signifie « poussée » en anglais, est une des méthodes
thérapeutiques utilisées en ostéopathie afin de corriger une dysfonction. Elle
appartient aux techniques dites structurelles, se centrant principalement sur
l’aspect articulaire.
Cette technique peut s’appliquer à toutes les articulations du corps entier.
Elle se base sur un fondement de réflexothérapie, puisque le but est de déclencher
une réponse réflexe. Ce principe implique une stimulation des circuits neuronaux
spécifiques, permettant un recrutement de fibres et de voies spécifiques
conduisant la sensibilité sans quoi la réponse réflexe à distance ne pourrait
apparaître, ni la thérapeutique. L’explication neurophysiologique se tient en
l’existence d’une relation entre le lieu d’origine d’une atteinte et de son
expression à distance. L’organisation métamérique et topique du système nerveux
explique le lien entre la zone réflexe et la structure, tout comme les phénomènes
nerveux de sommation, de facilitation, d’inhibition et de convergence neuronale.12
Le thrust est une technique régulièrement utilisée par les praticiens,
cependant il faut noter des contre-indications à cette pratique. Certaines
pathologies telles que les maladies rhumatismales en phase inflammatoire (dont la
spondylarthrite ankylosante, la polyarthrite rhumatoïde, la pseudopolyarthrite
rhizoménique qui elle est une urgence), ou en phase d’état (la polyarthrite
rhumatoïde). Les maladies articulaires ayant comme signe clinique l’absence
d’interligne articulaire à l’imagerie que l’on retrouve, par exemple, dans le
syndrome de Klippel-Field correspondant à la soudure entre deux vertèbres, ou
dans le cas d’arthrose très avancée. Il existe aussi des atteintes osseuses comme
les fractures où il faut attendre la consolidation (45 jours minimum avant d’utiliser
le thrust), les luxations, l’ostéoporose avérée par un examen d’ostéodensitométrie
ou sa suspicion, les métastases. Les pathologies métaboliques comme
l’hypertension artérielle en phase hypertensive, la dissection de l’artère vertébrale,
12
Helyett Wadavoir, Article « Thérapies manuelles réflexes », Issy-les-Moulineaux, Elsevier
Masson, 2001.
9
les tumeurs malignes, les zones atteintes par une tumeur bénigne ou encore les
ostéonécroses. Toutes ces pathologies vont donc contre-indiquer la prise en
charge par le thrust. Cependant le praticien possède des tests prémanipulatifs à
exécuter afin de vérifier l’état du patient et la non-contre-indication au thrust.
Enfin, d’un point de vue législatif, le patient doit posséder un certificat médical de
non contre-indication établi par son médecin avant toute manipulation cervicale.
De plus, on ne peut utiliser le thrust à tous âges. Il est recommandé
d’attendre l’âge d’environ 7 ou 8 ans avant d’effectuer cette manipulation, afin de
préserver la mise en place de la croissance du rachis de l’enfant. Il est important
d’attendre l’ossification de la jonction de l’arc postérieur (les lames et les
pédicules) et du corps vertébral13. Enfin pour les personnes âgées la contreindication majeure est l’état d’ostéoporose avancée qui peut entraîner facilement
des fractures par faible traumatisme.
2. Les différentes techniques de thrust
Les manipulations articulaires sont très anciennes et ont été pratiquées par
différentes civilisations antiques telles que l’Egypte ou la Chine. Certains écrits
parlent également d’Hippocrate qui, en Grèce, aurait utilisé des techniques
rachidiennes indirectes.14 Aujourd’hui les techniques manipulatives sont recensées
dans diverses disciplines thérapeutiques ayant chacune leur propre fondateur.
Andrew Taylor Still créa en juin 1874 l’ostéopathie, et définit des
techniques de « grande amplitude et de basse vélocité » avec un long bras de
levier, afin de traiter les dysfonctions.15
13
Michel Fischer et Benoît Erieau, Thrust, sémiologie, imagerie. Indications en ostéopathie
vertébrale, Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, 2009.
14
J-L Garcia. Article « Les manipulations du rachis : définitions, historique et place actuelle »
Revue La lettre du Rhumatologue n°270 mars 2001.
15
Olivier Auquier, Ostéopathie : principes et applications ostéo-articulaires, Issy-les-Moulineaux,
Elsevier, 2007.
10
Harold Hoover (1896-1966) D.O et ancien élève de Still, pensa le concept
de thrust fonctionnel où il s’appuie sur l’importance du « toucher tissulaire » et
sur la participation du patient. Ce concept fut repris par Laurie Hartman,
ostéopathe et enseignant à la British School of Osteopathy.
Daniel David Palmer (1845-1913) fonda la chiropractie à la fin du
XIXème siècle, en 1894. Il s’est davantage intéressé aux techniques dites « de
faible amplitude et de haute vélocité », afin de traiter des « subluxations ». Cellesci correspondent à des désalignements des articulations vertébrales. Elles
influeraient sur le bon cheminement de l’influx du système nerveux. 16 Il fonda
une école à Davenport, dans l’état de l’Iowa, en 1896.
Docteur Robert Maigne (1923-2012) médecin orthopédiste, conçut dans
les années 1960 la manipulation vertébrale. Il utilise cette technique pour ses
traitements dans la pathologie du dérangement intervertébral mineur. Il fut
officiellement reconnu par l’université de Paris VI en 1972. Il existe désormais un
diplôme interuniversitaire de médecine manuelle-ostéopathique délivré par
certaines facultés de médecine.
Eric de Winter créa le concept de « cinorthèse » comme thérapeutique
avec pour pratique les manipulations vertébrales. La réalisation de la manipulation
se fait selon « le mode de réalisation de la contrainte thérapeutique » avec comme
principes premiers la sollicitation musculaire proprioceptive et l’importance de la
position prémanipulative17. La manipulation permet le passage d’un secteur
restreint à un secteur libre. Ce mécanisme se fait grâce à l’inversion des
paramètres d’où l’intitulé de la manipulation qui est la manipulation en inversion
de paramètres.18
Tous ces praticiens sont donc à la base de manipulations que nous allons
expliquer maintenant.
16
Edzard Ernst, Médecines alternatives : le guide critique, Issy-les-Moulineaux, Elsevier, 2005.
17
François Le Corre et Emmanuel Rageot, Atlas pratique de médecine manuelle ostéopathique,
Issy-les-Moulineaux, Masson, 2010.
18
J-J Lobel, article « Les manipulations du rachis thoracique en inversion de paramètres », juillet
2008. http:// osteo-getm.com
11
2.a) Le thrust en ostéopathie structurelle
Le thrust est une technique ostéopathique souvent associée à un
craquement. Cependant ce craquement ne correspond en rien à une manipulation
violente voir douloureuse. Le respect de la mise en place non-douloureuse lors de
la correction est un principe primordial au bon déroulement de la technique.
Le thrust s’effectue dans le sens de la restitution de la mobilité
physiologique de l’articulation, selon deux autres principes que sont la basse
amplitude et la haute vélocité. Le premier permet la précision de la manipulation
et le second est utilisé afin de surprendre l’organisme par voie réflexe. Le thrust
peut correspondre à une technique soit :
- directe, lorsque les points d’appui sont au voisinage du segment vertébral ou
articulaire à traiter.
- indirecte, quand les applicateurs sont à distance donc au niveau des articulations
sus ou sous-jacentes.
- semi-directe, lorsqu’un point d’appui est au contact du segment à traiter, et
l’autre à distance 19
Lors d’une manipulation, il se produit alors un écartement des surfaces
articulaires et un étirement des éléments péri articulaires tels que la capsule, les
ligaments et les muscles. Ainsi qu’un effet sur les éléments nobles que sont les
systèmes nerveux et vasculaire.
Lors de la mise en place de la technique, le praticien recherche les
barrières motrices et anatomiques de l’articulation afin d’en connaître les
paramètres exacts. La barrière anatomique est celle qu’il ne faut pas dépasser sans
risque de léser l’articulation lors d’un mouvement passif et déclencherait une
douleur au patient. La barrière motrice correspond à celle où l’on obtient la mise
en tension des tissus périarticulaires dans les trois plans de l’espace (frontal,
transversal et sagittal). Une fois la barrière motrice trouvée, le praticien recherche
alors la « voie de passage ». C’est donc le lieu où l’articulation est placée dans les
19
François Le Corre et Emmanuel Rageot, Atlas pratique de médecine manuelle ostéopathique,
Issy-les-Moulineaux, Masson, 2010.
12
paramètres les plus adéquats à la réception du thrust. Elle se situe entre la barrière
motrice et la barrière anatomique, là où il n’y a plus de tensions dans la sensation.
Il faut également « verrouiller » les articulations sus et sous jacents afin que la
manipulation soit centrée uniquement sur l’articulation en dysfonction. Pour
effectuer le thrust, le praticien va utiliser uniquement son poids de corps en se
« laissant tomber ». Le thrust ne peut se faire lors de la contraction musculaire car
il y a un risque d’obtenir une contraction réflexe due à l’impulsion ressentie par le
muscle comme une agression. Le patient risque alors de ressentir une vive douleur
due au thrust qui viendrait s’écraser dans la masse musculaire. Donc il faut
l’effectuer pendant son relâchement. La précision d’une technique la rend
spécifique et donc de surcroît efficace.
2.b) Le thrust fonctionnel ostéopathique : « le drop »
Cette technique a pour principe de mettre l’articulation en position de
facilité afin de détendre les éléments articulaires et périarticulaires comme les
fascias ou les muscles. On recherche dans un premier temps, les mouvements
physiologiques
de
l’articulation
puis
les
mouvements
inexistants
physiologiquement (compression, traction…) au sein de l’articulation mais
l’influençant. Ces différents paramètres aboutissent à un relâchement tissulaire. Le
praticien va aussi utiliser le bon placement de son centre de gravité bien au-dessus
de la dysfonction comme vecteur de force, et l’utilisation de son poids de corps
comme seul outil du geste correctif. Ce dernier sera précédé d’un momentum qui
consiste en l’addition des paramètres trouvés pour la détente de l’articulation dans
un mouvement rythmique.
13
2.c) le thrust en chiropractie
La « subluxation » est la nomination employée par les chiropracteurs, pour
signifier une dysfonction. Cette dernière provoquerait une pression excessive ou
insuffisante sur les nerfs rachidiens. Comme expliqué dans les paragraphes
précédents, le désalignement vertébral provoquerait une irritation sous forme de
pression sur les nerfs rachidiens à leur sortie vertébrale. C’est pourquoi cette
discipline se base essentiellement sur le traitement du segment vertébral. La
manipulation chiropratique consiste en une poussée très rapide et de faible
amplitude à levier court, associée à des tractions ou des pressions. Le but est de
donner à l’articulation une amplitude passive légèrement supérieure à sa
normale.20
Avant l’impulsion, correspondant au geste manipulatif, le praticien
recherche un espace limité qu’il obtient par mouvement passif au-delà de
l’amplitude de mobilité physiologique. L’impulsion va permettre d’envoyer à
l’organisme des stimuli connus et plus élevés que lors d’une mobilisation
chiropratique. Après l’impulsion, on remarque de nombreuses régulations
végétatives ainsi qu’une décontraction musculaire, une souplesse articulaire ou
encore des effets sur le système lymphatique et le système sanguin.21
2.d) La manipulation vertébrale
Le Docteur Robert Maigne a défini le concept de Dérangement
Intervertébral Mineur (DIM) comme étant la dysfonction vertébrale. Pour
résoudre ce problème, il créa alors la manipulation vertébrale. Celle-ci correspond
à un « mouvement passif qui tend à porter les éléments d’une articulation ou d’un
groupe d’articulations au-delà de leur jeu physiologique habituel »22, suivi d’une
20
Edzard Ernst, Médecines alternatives : le guide critique, Issy-les-Moulineaux, Elsevier, 2005.
Pierre Tillement, La chiropractie : connaissance et applications thérapeutiques, Paris, Ellébore,
2003.
21
22
J-Y Maigne et Philippe Vautravers, Article « Mode d’action des manipulations vertébrales »,
Revue du Rhumatisme, Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, novembre 2002.
14
brève et sèche impulsion forcée de faible amplitude. Il est possible d’utiliser selon
les besoins un bras de levier court pour une manipulation directe et un bras de
levier long pour une manipulation indirecte.
Afin de mettre en place cette manipulation, il est important de respecter
deux principes : la règle de la non-douleur et le mouvement contraire.
La règle de la non-douleur consiste en la mise en place d’un mouvement passif
dans le sens opposé à celui provoquant la douleur ou les symptômes du patient.
Ceci entraîne donc le deuxième principe du mouvement contraire, qui est le sens
de manipulation efficace.
La manipulation vertébrale va étirer les muscles favorisant alors leur
relaxation. Elle possède aussi une action antalgique pouvant être d’origine
mécanique ou neurologique par contrôle des voies de la douleur. Il va y avoir une
inhibition des motoneurones, ainsi qu’une action sur le système nerveux
végétatif.23
2.e) Le bruit articulaire
Lors de ces différentes techniques, il y a souvent l’accompagnement d’un
bruit de craquement. Ce dernier ne correspond pas à une atteinte de la structure,
mais à la décoaptation des surfaces articulaires entre elles. La séparation provoque
une diminution de la pression déjà négative. Suite à cela de légères bulles de gaz
(oxygène, dioxyde de carbone) se forment au sein du liquide synovial. Elles vont
éclater provoquant alors le bruit puis se résorber lors du retour à la normale 24.
Cependant l’absence du craquement ne signifie pas l’inefficacité de la technique,
tout comme sa présence ne correspond pas à la réussite de la manipulation.
Certaines articulations n’émettront aucun bruit. Il n’a donc pas de valeur
thérapeutique.
23
J-Y Maigne et Philippe Vautravers, Article « Mode d’action des manipulations vertébrales »,
Revue du Rhumatisme, Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, novembre 2002novembre 2002.
24
Robert Maigne, Douleurs d’origine vertébrale, comprendre diagnostiquer et traiter, Issy-lesMoulineaux, Elsevier Masson, 2010.
15
3. L’intérêt du thrust en ostéopathie
Le but d’une manipulation, quelle que soit la technique utilisée, est de
restaurer la mobilité articulaire physiologique normale. Après la manipulation, on
remarque dans la quasi-totalité des cas une diminution de la douleur de la zone en
dysfonction.
3.a) Les effets articulaires
Le thrust est utilisé pour restaurer l’articulation selon les plans et les axes
de ses surfaces articulaires, permettant alors une physiologie harmonieuse. Lors
d’un thrust, la haute vélocité va être utilisée afin d’obtenir une brusque séparation
des surfaces articulaires associée à un bref étirement des éléments périarticulaires
tels que la capsule, les ligaments et les tendons. Les récepteurs articulaires sont de
type Ruffini, Pacini ainsi que des terminaisons amyéliniques de type nociceptif.25
On obtient donc une augmentation immédiate de l’amplitude du mouvement
articulaire qui était restreinte. Le geste manipulatif possédant une vitesse rapide, il
va y avoir la production d’une énergie. Cette dernière sera amortie grâce aux
éléments visco-élastiques présents au sein de l’articulation tels que le liquide
synovial ou les surfaces articulaires.26
3.b) Les effets ligamentaires
Les ligaments possèdent des fibres élastiques, des fibres de collagène ainsi
que de nombreux propriocepteurs, renseignant sur la perception du mouvement et
l’amplitude articulaire. Ils se situent au sein de la structure anatomique, surtout au
niveau de leur insertion au niveau de l’articulation. Lors d’un thrust il y a un
étirement de ses fibres, ce qui va donc stimuler les récepteurs. Ils sont le plus
souvent de type mécanorécepteurs donc sensibles à la pression et à l’orientation
articulaire, et envoient les informations au cerveau. Ils peuvent être à adaptation
25
Julien Barry, Neurobiologie de la pensée, Lilles, Presses Universitaires de Lilles, 1995, (p.110).
26
Christian Hérisson et Philippe Vautravers, Les manipulations vertébrales, Issy-les-Moulineaux,
Masson, 1994.
16
lente possédant un rôle d’information. Ils peuvent être à adaptation rapide ayant,
dans ce cas, un rôle sur le mouvement articulaire27. Ces récepteurs vont participer
à la régulation de la proprioception au sein de l’articulation et de son
environnement. Les ligaments sont recouverts par une forte densification de tissu
fascial.
3.c) Les effets musculaires
Lors d’un thrust, il se produit un relâchement musculaire, produit par un
bref étirement, des muscles mono-articulaires. On obtient une augmentation
passive de la longueur des fibres musculaires.28 Ce sont ces muscles qui sont
responsables du maintien de la dysfonction. Ceci s’explique par une action réflexe
produite par l’acte manipulatif. En effet, le fuseau neuromusculaire (FNM) et les
fibres extrafusales interviennent dans ce mécanisme. Rappelons que le fuseau
neuromusculaire est constitué de capteurs sensibles à l’étirement et qu’ils sont
parallèles aux fibres musculaires. Si ce dernier est étiré, il se produit alors une
augmentation des décharges du potentiel d’action à partir des terminaisons
sensitives annulospiralées. Les fibres myélinisées vont conduire l’information
envoyée vers la corne postérieure de la moelle, puis les fibres gamma (γ),
provenant du motoneurone γ, vont réajuster la longueur des fibres et abaissent
l’activité des terminaisons annulospiralées. La conduction de la réponse de la
moelle, partant du motoneurone alpha (α), est destinée aux fibres extrafusales. Au
niveau de ces dernières, il va se produire une hyperactivité des fibres α qui
entraine une détente musculaire.29
Le segment en lésion est sensible aux informations posturales transmises
par les propriocepteurs placés au niveau des tendons. Les tendons possèdent
également des mécanorécepteurs qui vont subir un étirement lors de la
manipulation. Leur mise en route va alors entraîner un contrôle du muscle au
27
François Le Corre et Emmanuel. Rageot, Atlas pratique de médecine manuelle ostéopathique,
Issy-les-Moulineaux, Masson, 2010.
28
Irvin Korr, Bases physiologiques de l’ostéopathie, Paris, Frison-Roche, 1996.
29
François Le Corre et Emmanuel Rageot, Atlas pratique de médecine manuelle ostéopathique,
Issy-les-Moulineaux, Masson, 2010.
17
niveau du fuseau neuromusculaire et des fibres extrafusales grâce aux fibres du
motoneurone α.30
Les muscles et les tendons contiennent également des propriocepteurs. La
manipulation va les étirer, diminuant alors la tension exercée, et réduire la
quantité d’influx envoyée au niveau du segment médullaire facilité correspondant
à la dysfonction ostéopathique
3.d) Les effets sur le système neurologique
Le système neurologique se divise en plusieurs parties : le système
nerveux périphérique, le système nerveux central et le système nerveux autonome.
Le système nerveux central se compose de l’encéphale et de la moelle
épinière contenue dans le canal rachidien. Les effets du thrust sur le système
central ont été mentionnés précédemment par les messages de régulations qui lui
sont envoyés grâce aux divers récepteurs situés au sein des articulations et les
fibres musculaires.
Le système nerveux périphérique correspond aux nerfs rachidiens. Ce sont
souvent ceux-là que le patient décrit comme « le nerf coincé ». Ils sont composés
d’une racine dorsale (postérieure) et d’une racine ventrale (antérieure). Il peut y
avoir une action dessus à divers niveaux. D’abord en manipulant les vertèbres et
par conséquent les trous de conjugaison correspondant à la voie de sortie des nerfs
rachidiens. Ou bien lorsque ce dernier est pris au piège entre les structures
anatomiques qu’il doit traverser, comme le nerf sciatique dans la « boutonnière »
du muscle piriforme. Si ce muscle est en dysfonction il va alors irriter ce nerf. Le
travail de détente des muscles environnants au nerf diminue les contraintes et
donc l’arrêt des messages nociceptifs envoyés vers les centres supérieurs. Le nerf
rachidien subit donc régulièrement les retentissements d’une dysfonction
ostéopathique ou peut en être la cause.
30
François Le Corre et Emmanuel Rageot, Atlas pratique de médecine manuelle ostéopathique,
Issy-les-Moulineaux, Masson, 2010.
18
Par exemple, lors d’une dysfonction viscérale il peut être très utile de
thruster les vertèbres en rapport avec l’innervation métamérique de l’organe. De
ce fait il va y avoir une information envoyée afin de corriger en partie la
dysfonction ostéopathique. Cette action réflexe va produire divers signes cliniques
dus à la voie réflexe utilisée : une sudation de la zone, un changement de texture
de la peau, des effets viscéraux de par leur stimulation, de la fatigue, des
courbatures. Ceci est du à l’intervention des réflexes polysynaptiques
métamériques.31 Un métamère est constitué de plusieurs surfaces dont le point
commun est leur innervation par un même nerf rachidien, mais elles ne sont pas
toujours superposables entre elles. Cependant, il y a une interdépendance entre
elles.32 Le métamère contient donc le myotome correspondant au territoire
musculaire, le dermatome correspondant au territoire cutané innervé par la racine
dorsale du nerf rachidien, le sclérotome pour le territoire articulaire et le
viscérotome pour le territoire viscéral.
Le système nerveux autonome est composé, quant à lui, de trois parties : le
système parasympathique, le système sympathique et le système entérique. Ils
participent, à eux trois, à la régulation de l’homéostasie et aux actions
automatiques et vitales du corps. Le système parasympathique possède ses noyaux
au niveau du tronc cérébral et de la moelle sacrée. Il est utilisé principalement
pour restaurer les réserves de l’organisme, et se manifeste principalement lorsque
l’organisme est au repos. Il est responsable des fonctions sphinctériennes, du
péristaltisme et des sécrétions intestinales, de la diminution du rythme cardiaque,
la
vasodilatation
et
la
bronchoconstriction.
Le
système
sympathique
(orthosympathique) dont les neurones se trouvent dans les cornes latérales de la
moelle épinière de C8 à L2. Il est utilisé dans les actions de fuite, de réactivité,
donc lors de l’utilisation des réserves de l’organisme. Il va permettre la sudation,
la tachycardie, la mydriase, la libération de glucose, la vasoconstriction et la
31
Christian Hérisson et Philippe Vautravers, Les manipulations vertébrales, Issy-les-Moulineaux,
Masson, 1994.
32
François Ricard, Médecine ostéopathique et traitement des algies du rachis dorsal, Issy-lesMoulineaux, Elsevier Masson, 2011.
19
bronchodilatation. Le thrust va utiliser le système nerveux autonome soit comme
outil, soit le traiter lui-même.
Le système nerveux entérique est subdivisé en deux parties : le plexus
myentérique (plexus d’Auerbach), situé entre les deux couches musculaires lisses
et le plexus sous-muqueux (plexus de Meissner), situé au niveau de la couche
sous-muqueuse de la paroi intestinale. Ils servent à la régulation du système
viscéral pour le péristaltisme, ainsi que les sécrétions.
Du point de vue de la douleur, sa cessation suite au thrust s’explique en
l’envoi d’influx sur le système de fibres à gros diamètre. Elles vont alors bloquer
les entrées nociceptives provenant des fibres à petit diamètre se rendant à la corne
postérieure de la moelle.33
3.e) Les effets vasculaires
La vascularisation d’une articulation est très abondante, sauf au niveau du
cartilage qui est avascularisé. Elle permet la nutrition de l’articulation mais aussi à
l’élimination des déchets. Les artères possèdent trois couches qui sont de la
périphérie au centre : la tunique, la média et l’intima. C’est au sein de la tunique
que siègent des mécanorécepteurs sensibles à l’étirement. Lors d’un thrust, il y a
stimulation sur ces mécanorécepteurs, qui vont informer le cerveau, ainsi que le
système nerveux végétatif. Ce dernier possède des propriétés sur le système
vasculaire, régulant la vasoconstriction et la vasodilatation des vaisseaux, ainsi
que sur la régulation de la pression artérielle. Donc un thrust va engendrer une
augmentation de la vascularisation de la zone manipulée.
33
Christian Hérisson et Philippe Vautravers, Les manipulations vertébrales, Issy-les-Moulineaux,
Masson, 1994.
20
- II -
Les effets biomécaniques de la respiration
1. Les centres respiratoires
La respiration est un phénomène indispensable à la vie et au bon
fonctionnement de l’organisme. Elle permet à l’organisme de s’oxygéner et
d’évacuer une partie de ses déchets. Celle-ci est régulée par le système nerveux
central. Elle est naturellement d’action involontaire et automatique mais elle peut
aussi être volontaire, donc dirigée par la conscience. La régulation s’effectue au
sein des noyaux cérébraux. Ces derniers sont situés au niveau du bulbe, plus
précisément dans la formation réticulée. Il existe deux types noyaux selon la
phase de respiration.
1.a) Le groupe respiratoire dorsal
Le groupe respiratoire dorsal se trouve au niveau du noyau du faisceau
solitaire, situé dans la partie ventro-latérale du bulbe. Celui-ci est le centre
responsable de la phase inspiratoire. Ce noyau reçoit les afférences du nerf
pneumogastrique (X ou vague) de par les chémorécepteurs situés sur le glomus
carotidien, et du nerf glossopharyngien (IX) en lien avec la crosse aortique. Une
fois l’information remontée, le groupe respiratoire dorsal envoie à son tour un
message via les axones aux motoneurones de la moelle spinale cervicale. Ces
derniers vont innerver les muscles inspirateurs, que sont le diaphragme et les
muscles intercostaux, entraînant donc l’inspiration. Ce centre inspiratoire a aussi
la capacité de stimuler le groupe respiratoire ventral.
1.b) Le groupe respiratoire ventral
Le groupe respiratoire ventral se trouve au niveau du noyau ambigu et du
noyau rétro-ambigu, situés plus latéralement et en arrière du précédent. Il est un
centre expiratoire mais possède également la capacité d’être inspiratoire. Il envoie
des influx vers les motoneurones périphériques de la moelle thoracique pour
innerver les muscles respirateurs expirateurs accessoires (les muscles intercostaux
21
et les abdominaux) et les muscles de la musculature des voies aériennes
supérieures. Il peut également, par l’influence du groupe respiratoire dorsal,
envoyer des influx aux muscles inspirateurs accessoires (les scalènes, le grand
pectoral, le sterno-cléïdo-occipito-mastoïdien) afin de renforcer l’inspiration.
Le complexe pré-Bötzinger, situé également au niveau du bulbe,
correspond à un amas d’interneurones. Il est le générateur du rythme respiratoire,
le starter surtout inspiratoire. Il est en connexion avec les autres centres bulbaires
que sont le groupe respiratoire dorsal et le groupe respiratoire ventral.
34
Coupe longitudinale du bulbe rachidien
34
Lauralee Sherwood, Physiologie humaine, Bruxelles, De Boeck, 2006, (p.396).
22
1.c) Les centres pneumotaxique et apneustique
Les groupes respiratoires vont interagir, avec deux autres centres qui
fonctionnent en tant que régulateurs. Il existe le centre pneumotaxique, situé au
niveau du noyau parabrachial, dans la partie supérieure du pont cérébral. Son rôle
va être de transmettre les informations provenant de l’hypothalamus aux centres
bulbaires.35 Ce centre permet la régulation du changement de type de ventilation
et intervient aussi en cas d’émotion ou de fièvre. 36 Son action va aussi influencer
la fréquence respiratoire. Il est capable d’envoyer des influx au groupe respiratoire
dorsal afin d’inactiver les neurones pour limiter la durée de l’inspiration.
Le centre apneustique, situé dans la protubérance, permet quant à lui de
renforcer la commande respiratoire. Il va s’opposer donc au centre
pneumotaxique, puisqu’il stimule les centres respiratoires. Cependant le centre
pneumotaxique domine sur le centre apneustique, donc ceci permet l’arrêt de
l’inspiration entraînant logiquement l’expiration.37
La
respiration
peut
également
être
contrôlée
et/ou
suspendue
volontairement par le sujet. Cela répond à un contrôle suprapontique et cortical.
Les zones de l’encéphale mises en jeu sont le cortex sensori-moteur primaire ainsi
que l’aire motrice supplémentaire. Le message passe ensuite par les voies
pyramidales puis aux motoneurones spinaux38, qui émettront le message via les
nerfs phréniques, les nerfs intercostaux et les nerfs abdominaux, pour atteindre les
muscles respiratoires.
35
Lauralee Sherwood, Physiologie humaine, Bruxelles, De Boeck, 2006.
36
Hervé Guénard, Physiologie humaine, Rueil-Malmaison, Pradel, 2001.
37
Lauralee Sherwood, Physiologie humaine, Bruxelles, De Boeck, 2006.
Claude Martin, Bruno Riou, Benoit Vallet, Physiologie humaine appliquée
38
23
2. La toux
La toux est un phénomène respiratoire, utilisé en tant que réflexe par
l’organisme pour sa défense. Le but étant de dégager les voies aériennes surtout la
trachée, pour le nez il s’agit de l’éternuement. Les récepteurs présents sont à
adaptation rapide, réagissant lors d’un stimulus continu pouvant être de type
mécanique, chimique ou physique. Ils se situent au niveau du larynx, de l’arbre
trachéo-bronchique, de la plèvre et du diaphragme.
Elle
s’effectue
sous
l’influence
des
fibres
afférentes
du
nerf
pneumogastrique (X ou vague), ainsi que celles du nerf trijumeau (V) pour les
voies aériennes supérieures, qui se rendent au tronc cérébral. Elles se connectent
alors avec les neurones de deuxième ordre présents au niveau du noyau du
faisceau solitaire situé dans le bulbe. Il y a donc une interaction avec les centres
respiratoires lorsqu’il y a une stimulation suffisante.
La réponse efférente motrice, partant de ces centres respiratoires, est acheminée
par les nerfs phréniques et intercostaux destinés aux muscles expiratoires, et par le
nerf pneumogastrique innervant les muscles lisses bronchiques et la glotte. 39
La toux va s’exécuter en plusieurs étapes, qui incluent les différentes
phases de la respiration.
La toux consiste, dans un premier temps, en une inspiration profonde à
glotte fermée, avec l’association d’une contraction des muscles crico-aryténoïdes
postérieurs, permettant une abduction des cordes vocales, et des muscles
inspirateurs accessoires. L’air va alors pouvoir pénétrer rapidement au sein du
tissu pulmonaire. Cette inspiration va permettre d’obtenir un plus grand flux
expiratoire en s’appuyant sur le recul élastique du poumon.40
Il s’en suit une contraction des muscles expiratoires, ce qui va entrainer
une augmentation de la pression intra-thoracique et comprimer l’arbre bronchique.
Cette phase est donc compressive, pour augmenter la pression intra-thoracique.
39
D Charpin, S. Boniface, B. Giraud-Chabrol, J-Ch. Dubus, D. Vervolet, Toux chez l’enfant et
chez l’adulte, faculté de médecine de Marseille, novembre 2005.
40
Guy Postiaux, Kinésithérapie respiratoire de l’enfant : les techniques de soins, Bruxelles, De
Boeck, 2003, (p.197).
24
Enfin, une expiration forcée et puissante, précédée d’une ouverture rapide de la
glotte va permettre l’expulsion aérienne. C’est une expiration complexe faisant,
notamment, intervenir la contraction du muscle grand dorsal. Il va s’opposer à
l’impulsion excentrique des viscères dans sa partie abdominale, repousser les
côtes dans l’axe du thorax et augmenter la rigidité de la paroi. 41
La toux provoque donc d’abord un phénomène d’hyper pression
thoracique lors de la fermeture de la glotte, ainsi qu’une augmentation de pression
sur l’arbre trachéo-bronchique. Ensuite, il y a une transmission de l’hyper
pression intra-thoracique à la sphère abdominale, correspondant à une
synchronisation des contractions des muscles abdominaux et des muscles
périnéaux. Les muscles mis en jeu lors de la toux sont donc : les muscles de la
musculature intrinsèque du larynx, les muscles crico-aryténoïdiens postérieurs, les
muscles crico-aryténoïdes latéraux, les muscles thyro-aryténoïdes,42 le muscle
triangulaire du sternum, le muscle grand dorsal, les muscles abdominaux.
La quinte de toux correspond à une série d’efforts de toux consécutifs.
Il est possible de déclencher volontairement la toux. Cette faculté est régie
par les aires motrices pyramidales vers les voies corticospinales en interaction
avec le complexe pré-Bötzinger qui abriterait peut-être le centre de la toux.43
44
Schéma des différentes phases de la toux
41
42
Archives générales de médecine
J-P Janssens, « Physiologie de la toux », La revue médicale suisse n°2502
43
Allain H, Bentue-Ferrer D, Daval G, Polard E, Delaval P, Lagente V, « Passage à la chronicité
de la toux : quels chemins ? » Revue des Maladies Respiratoires, Issy-les-Moulineaux, Elsevier
Masson, septembre 2004.
25
3. Les effets de la respiration sur la mécanique du corps
3.a) Les rappels anatomiques
• Le thorax
Le thorax correspond aux parois anatomiques représentées par les
éléments squelettiques et musculaires. Il est constitué de douze côtes, de douze
vertèbres thoraciques, du sternum (composé d’un manubrium, d’un corps et d’un
appendice xiphoïde) et de muscles plats recouvrant et comblant les espaces
intercostaux. Le thorax contient les poumons et le cœur au sein du médiastin. Il
est limité en bas par le diaphragme qui est le muscle principal de la respiration.
Les côtes s’articulent postérieurement avec les vertèbres par deux articulations :
les costo-transversaires qui sont de type trochoïde, les costo-vertébrales qui sont
de type surface plane. Les vertèbres thoraciques et les côtes sont reliées par les
ligaments costo-transversaires et les ligaments costo-vertébraux.
Antérieurement, les côtes s’articulent avec le sternum par l’intermédiaire
des cartilages costaux. L’axe du mouvement respiratoire du sternum correspond
au troisième cartilage costal45. Les articulations postérieures vont permettre la
mobilité des côtes lors des mouvements respiratoires, alors que les articulations
antérieures vont participer à l’élasticité et à la mobilité du thorax. L’insertion
postérieure des côtes est plus haute que l’insertion antérieure, d’où l’orientation
du mouvement costal lors de leur utilisation. L’axe de mouvement costo-vertébral
passe par la tête de la côte et son tubercule postérieure.46 Il est oblique en arrière
et en dedans, et se sagittalise de haut en bas. Le rachis va également participer à la
respiration par le mouvement des vertèbres thoraciques.
44
http://mon-passeport-sante.com
François Ricard, Médecine ostéopathique et traitement des algies du rachis dorsal, Issy-lesMoulineaux, Elsevier Masson, 2011, (p.63).
46
http://fr.slideshare.net
45
26
47
Vue des articulations costo-vertébrale, costo-chondrale et chondro-costale
• Les muscles
D’un point de vue musculaire, le diaphragme thoracique est le muscle le
plus important, véritable moteur de la respiration. Il est musculo-tendineux
séparant le thorax de l’abdomen. Il s’insère en arrière sur les premières vertèbres
lombaires, avec le pilier droit qui descend jusqu’à la troisième lombaire et le pilier
gauche jusqu’à la deuxième lombaire. Latéralement il s’insère sur les six derniers
arcs costaux et en avant au niveau du xiphoïde, du septième au neuvième cartilage
costal, et de la dixième à la douzième côte. Ce muscle n’est pas plat mais concave
en bas et en avant avec deux coupoles dont la droite est plus haute que la gauche.
Sa partie postérieure est orientée en avant et en haut pratiquement verticalement et
s’étend plus vers le bas que sa partie antérieure. Ses fibres convergent vers le
tendon central. Il est innervé par le nerf phrénique dont les racines partent de la
troisième cervicale à la cinquième cervicale. Lors de sa contraction, le centre
phrénique va s’abaisser et les coupoles vont s’aplatir. Il va donc modifier le
diamètre vertical du thorax, et prendre appui sur les viscères de l’abdomen.
47
Richard Drake, Wayne, Vogl, Adam Mitchell, Gray’s anatomie pour les étudiants, Issy-lesMoulineaux, Elsevier, 2006, (p.108).
27
48
Vue antérieure du muscles diaphragme
Les muscles intercostaux sont au nombre de trois : externe, moyen et
interne. Les externes partent de l’articulation costo-transversaire à l’articulation
costo-chondrale, les moyens s’insèrent de la partie inférieure de la côte au bord
cranial de la côte sous-jacente. Enfin les intercostaux internes s’attachent de
l’angle postérieur de la côte au bord supérieur de la face médiale de la côte sousjacente. Ils sont innervés par les nerfs intercostaux, et vont permettre la mobilité
des côtes. Les muscles intercostaux internes et moyens sont des inspirateurs
accessoires alors que les muscles intercostaux externes sont des expirateurs
accessoires.
48
Richard Drake, Wayne Vogl, Adam Mitchell, Gray’s anatomie pour les étudiants, Issy-lesMoulineaux, Elsevier, 2006, (p.110).
28
3.b) La biomécanique respiratoire
La respiration va donc mobiliser tous les éléments cités ci-dessus, ainsi
que l’abdomen et ses muscles. La respiration requiert les changements du
diamètre latéral, du diamètre vertical, et du diamètre antéropostérieur du thorax.
Les poumons vont pouvoir se gonfler suivant ainsi la cage thoracique grâce à la
plèvre, qui les relie au thorax, et à leur élasticité tissulaire. 49 La phase inspiratoire
correspond psychologiquement à un ressourcement et métaboliquement à une
phase anabolique. L’expiration, quant à elle, correspond à une phase catabolique
et psychologiquement comme à un lâcher-prise.
• A l’inspiration
Lors de l’inspiration, les poumons doivent se remplir d’air. Pour cela, il
faut augmenter le volume de la cage thoracique. Ce processus va pouvoir se
produire grâce à la contraction du diaphragme qui va prendre appui sur les
viscères abdominaux. Ces derniers vont être déplacés vers l’avant et le bas. Ceci
entraîne donc une distension de la paroi abdominale. Lorsque cette dernière arrive
à son maximum, il s’en suit l’ouverture de la cage thoracique qui va se faire grâce
au mouvement costal. Selon le niveau anatomique, les côtes vont effectuer un
mouvement pour ouvrir la cage thoracique mais elles vont avoir une
prédominance pour un des mouvements. La première côte va faire un mouvement
d’élévation pure dans le plan frontal. Les côtes supérieures et moyennes, de la
deuxième à la quatrième, vont effectuer un mouvement de bras de pompe autour
d’un axe passant par leur col50 accompagnant le sternum vers le haut et l’avant.
Pour la cinquième et la sixième côte, il s’agit d’un mouvement combiné entre bras
de pompe et anse de seau. Enfin les côtes basses, de la septième à la dixième, vont
réaliser un mouvement en anse de seau. La onzième et la douzième côte, appelées
« côtes flottantes » vont réaliser un mouvement latéral global vers l’ouverture
thoracique. Lors de l’inspiration on observe donc:
49
Christine Brooker, Le corps humain : étude, structure et fonction. Le rôle infirmier dans la
pratique clinique, Bruxelles, De Boeck, 2001.
50
Grégory Reychler, Jean Roeseler, Pierre Delguste, Kinésithérapie respiratoire, Issy-lesMoulineaux, Elsevier, 2009.
29
-
la tête costale qui va s’avancer dans le plan transversal
-
la partie antérieure de la côte va se positionner en haut et en avant 51
-
le rachis, qui sert de point d’appui stable au diaphragme, va se mettre
en extension
-
le sternum qui va se positionner en haut et en avant de par l’extension
rachidienne52, avec ouverture de l’angle manubrio-sternal
-
les cartilages costaux qui vont subir une torsion longitudinale
-
le système myo-fascio-squelettique qui va dans le sens de redressement
corporel
-
un déroulement-ouverture des membres supérieurs et inférieurs53
-
le système musculo-fascial qui va globalement se mettre lors de
l’inspiration en rotation externe, abduction et extension 54
Les muscles inspirateurs accessoires utilisés en cas de besoin
d’augmentation de l’inspiration normale, sont : les muscles scalènes (antérieur,
moyen et postérieur) prenant naissance sur la colonne cervicale, et possèdent une
insertion sur la première côte pour l’antérieur et le moyen, et la deuxième côte
pour le postérieur. Ils vont donc augmenter l’élévation des côtes supérieures. Les
pectoraux avec leurs insertions costales vont permettre le mouvement latéral
d’ouverture de la cage thoracique en « bras de pompe ». Le grand pectoral se
termine sur la clavicule et l’humérus. Le petit pectoral s’insère sur la coracoïde.
Le muscle sterno-cléïdo-occipito-mastoïdien grâce à son insertion sur le sternum
va l’amener vers le haut, et se termine sur l’occiput, la clavicule et la mastoïde. Le
grand dentelé possédant des insertions sur le bord externe de la scapula et sur les
côtes de la deuxième à la neuvième va permettre d’augmenter le diamètre latéral.
51
François Ricard, Médecine ostéopathique et traitement des algies du rachis dorsal, Issy-lesMoulineaux, Masson, 2011, (p.66).
52
Umberto Pelizzari, Lisetta Landoni, Anna Sedolone. Respiration pour l’apnée : du débutant à
l’expert, La Tour d’Aigues, Amphora, 2010.
53
Michel Roques. Techniques articulaires ostéopathiques de W.G Sutherland, Marseille, ProEdit
Marseille, 2007.
54
Michel Roques, Techniques articulaires ostéopathiques de W.G Sutherland, Marseille, ProEdit
Marseille, 2007.
30
55
Mouvements de la cage thoracique lors de l’inspiration
•A l’expiration
Lors de l’expiration, cette fois le diaphragme va se relâcher avec une
élévation des coupoles afin de vider l’intérieur des poumons. Ce phénomène va
donc réduire le volume thoracique. Une contraction de la paroi abdominale va,
également se produire. Lorsque le diaphragme est en point fixe, ceci va accroître
les pressions intra abdominales. Lors de l’expiration, on observe alors que :
-
le rachis va alors se mettre en flexion aidant à la réduction du diamètre
antéropostérieur
-
la tête costale va se postéro-latéraliser
-
la partie antérieure de la côte va se positionner en arrière et en bas56
55
Richard Drake, Wayne Vogl, Adam Mitchell, Gray’s anatomie pour les étudiants, Issy-lesMoulineaux, Elsevier, 2006, (p. 118).
56
François Ricard, Médecine ostéopathique et traitement des algies du rachis dorsal, Issy-lesMoulineaux, Elsevier Masson, 2011, (p.66).
31
-
le sternum va reculer et s’abaisser de par la flexion du rachis57
-
les côtes s’abaissent et se rapprochent, diminuant ainsi le diamètre
latéral du thorax
-
les membres inférieurs et supérieurs ont une tendance à la flexion
-
le système musculo-fascial va globalement se mettre lors de
l’expiration en rotation interne, adduction et flexion. 58
L’intervention des muscles expirateurs accessoires tels que le carré des
lombes avec son insertion sur toute la colonne lombaire et sur la douzième côte
qui va l’abaisser encore plus. Les muscles abdominaux, notamment le muscle
transverse et les muscles obliques abdominaux, qui possèdent des insertions sur
les côtes vont augmenter la flexion du tronc. Ensuite le muscle grand dorsal avec
son insertion sur les quatre dernières côtes. Enfin le muscle triangulaire du
sternum possédant une insertion sur la face postérieure du sternum, et sur les
cartilages costaux de la deuxième à la septième côte. Ce dernier muscle est mis en
jeu notamment lors de la toux.59
Lors de l’expiration, il y a également l’intervention de la pesanteur, de
l’élasticité de la cage thoracique, et de la richesse en tissu élastique du
parenchyme pulmonaire.
57
Umberto Pelizzari, Lisetta Landoni, Anna Sedolone. Respiration pour l’apnée : du débutant à
l’expert, La Tour d’Aigues, Amphora, 2010.
58
Michel Roques, Techniques articulaires ostéopathiques de W. G. Sutherland D.O, Marseille,
ProEdit Marseille, 2007.
59
Marc Antonello et Dominique Delplanque, Comprendre la kinésithérapie respiratoire, du
diagnostic au projet thérapeutique, Issy-les-Moulineaux, Masson, 2009.
32
3.c) Les échanges gazeux
La respiration permet en premier lieu les échanges gazeux lors de ses
différentes phases.
A l’inspiration, le volume de la cage thoracique augmente grâce à
l’abaissement du muscle diaphragme. Il y a alors une différence entre la pression
alvéolaire qui est inférieure à la pression atmosphérique, permettant l’arrivée de
l’air dans les poumons. En effet, la pression intra thoracique va diminuer ce qui va
permettre l’entrée d’air. Après être passé par les voies aériennes supérieures, où il
va être réchauffé, puis la trachée, l’arbre bronchique, et les sacs alvéolaires, l’air
va arriver aux des alvéoles. C’est au niveau des alvéoles pulmonaires et des
capillaires que va s’effectuer l’échange. Le dioxygène contenu dans l’air inspiré
va passer dans le sang capillaire. Il servira à l’oxygénation de tous les tissus de
l’organisme. Le dioxyde de carbone présent dans le sang capillaire va alors
rejoindre les alvéoles et remonter les voies aériennes. Ces phénomènes se font
selon la loi de Fick régissant la diffusion. Celle-ci explique que la diffusion est
proportionnelle à la surface du tissu et au gradient de concentration. Elle est
également inversement proportionnelle à l’épaisseur du tissu.
60
La vitesse de
diffusion est fonction du tissu et des gaz en jeu. L’expiration va permettre
l’expulsion du dioxyde de carbone en dehors de l’organisme.
60
Lauralee Sherwood, Physiologie humaine, Bruxelles, De Boeck, 2006.
33
- III - Mise en relation
L’ostéopathie est une méthode de soin avec comme principe fondateur de
voir le patient dans sa globalité. Ceci est un point de divergence avec la médecine
allopathique, qui elle s’est découpée en spécialités. La respiration est un
phénomène continuel et indispensable, alors pourquoi ne pas prendre en compte
cette action. Rappelons un autre des principes ostéopathiques : la loi de l’artère.
Cette dernière explique l’importance de la vascularisation des éléments du corps.
Or le but premier de la vascularisation est la nutrition et l’oxygénation des tissus
qui ne peuvent se faire sans la respiration.
La ventilation a d’ailleurs été soumise à des études pour rechercher son
implication dans la posture. C’est le thème de l’étude menée par Hodges,
Gandevia et Richardson en 1996, où le sujet doit effectuer un mouvement de bras
durant les diverses phases respiratoires, afin d’observer les réponses des muscles
abdominaux.61 Pour utiliser la respiration lors des techniques de thrust, le
praticien doit avant tout repérer le cycle ventilatoire du sujet. Ceci permettant de
bien différencier l’inspiration de l’expiration et les phases de transition entre les
deux. La respiration va permettre d’augmenter la mise en évidence de la
dysfonction ostéopathique.
En ostéopathie, William Garner Sutherland fut l’un des premiers à
s’intéresser à la coopération respiratoire du patient pour effectuer les techniques.
Ce fut également pour Fred Mitchell Sr (1909-1974), D.O., un paramètre correctif
dans l’élaboration de ses techniques d’énergie musculaire, en 1948. Dans les
années 1960, William Johnston, D.O., recherchait la phase respiratoire dans ses
techniques fonctionnelles comme paramètre dysfonctionnel. Il s’en servait grâce à
son maintien pendant quelques secondes dans l’exécution de sa technique 62. Les
techniques de tension ligamentaire équilibrée et d’étirement ligamentaire
articulaire utilisent elles aussi la participation respiratoire du patient. Elles ont été
61
Paul Hodges, Simon Gandevia, Carolyn Richardson, « Contractions of specific abdominal
muscles in postural task are affected by respiratory maneuvers », American Physiological Society,
Journal of Applied Physiology. Mai 1997
62
François Lecorre et Emmanuel Rageot, Atlas pratique de médecine manuelle ostéopathique,
Issy-les-Moulineaux, Masson, 2010, (p.30).
34
élaborées par de nombreux ostéopathes tels que Lippincott, Sutherland ou
Becker.63 L’utilisation de la respiration en ostéopathie est donc plus couramment
assimilée aux techniques dites fonctionnelles. Elle remonte tout de même aux
prémisses de l’ostéopathie avec William G. Sutherland faisant partie de ce qu’on
peut nommer comme la « deuxième génération » d’ostéopathes, héritiers de Still.
On peut voir la participation respiratoire d’un point de vue biomécanique,
mais aussi d’un point de vue plus tissulaire. Il faut donc rappeler l’importance des
fascias dans la globalité du corps. En effet ces tissus sont continus tout au long du
corps avec plusieurs couches superposées. Ils suivent les changements de la
ventilation et possèdent un rôle d’amortisseur. Ils se raccordent les uns aux autres,
recouvrant les autres tissus corporels. Ils suivent donc tous les mouvements du
corps, et interviennent dans les dysfonctions ostéopathiques sans exception. Leur
rôle dans le maintien et le déverrouillage de la dysfonction ostéopathique est
important, même dans les techniques structurelles. Pour Serge Paoletti, D.O., dans
son ouvrage Les fascias rôle des tissus dans la mécanique humaine, « une lésion
structurelle est dans la majorité des cas une lésion fasciale. »64. Lors de la
recherche de la dysfonction ostéopathique, les changements tissulaires vont
également se faire ressentir avec la respiration.
1. Les effets du thrust en inspiration
L’inspiration est donc une phase où le corps va globalement se positionner
en ouverture. Le diaphragme est le muscle en contraction lors de cette phase. Il est
possible de raisonner d’un point de vue biomécanique et/ou d’un point de vue
tissulaire.
De par son étendue et sa couverture fasciale, le diaphragme peut influencer
les différents tissus même en périphérie. D’un point de vue segmenté, il est
remarqué lors de l’inspiration que le rachis dorsal se positionne en convergence
63
64
Alexander Nicholas, Evan Nicholas, Atlas des techniques ostéopathiques, Paris, Maloine, 2011.
Serge Paoletti, Les fascias rôle dans la mécanique humaine, Vannes, Sully, 2009.
35
facettaire alors que les rachis cervical et lombaire vont se positionner en
divergence facettaire.65 Ces différences s’expliquent par leurs oppositions de
courbures avec le rachis dorsal en cyphose et les rachis lombaire et cervical en
lordose. Cela va permettre une extension globale de la colonne vertébrale. Donc
dans une optique purement rachidienne, l’inspiration sera complémentaire des
dysfonctions avec pour paramètre la divergence facettaire du rachis dorsal en
extension et les dysfonctions de convergence facettaire pour les rachis lombaire et
cervical en flexion.
Pour les articulations périphériques, on peut noter que lors de la phase
inspiratoire, le corps se met globalement en abduction et en rotation externe. Les
membres vont donc se positionner naturellement dans ses paramètres augmentant
la mise en position lors de techniques cherchant à normaliser les dysfonctions en
adduction et/ou en rotation interne. Dans les dysfonctions ostéopathiques costales
de postéro-latéralité, l’inspiration va contribuer à replacer la côte vers l’antéromédialité qui est le paramètre défaillant.
2. Les effets du thrust en expiration
Lors de l’expiration, le rachis se positionne globalement en flexion afin de
réduire le diamètre antéro-postérieur. Cependant on observera que le rachis dorsal
se place en divergence facettaire de par sa cyphose et que les rachis lombaire et
cervical en convergence facettaire de par leurs lordoses respectives. Donc
l’expiration va permettre d’optimiser la normalisation des dysfonctions des rachis
cervical et lombaire en dysfonction de divergence facettaire et dans les
dysfonctions de convergence facettaire pour le rachis thoracique.
Les membres supérieurs et inférieurs vont avoir tendance à l’adduction et
rotation interne lors de l’expiration. Donc elle sera utilisée pour les dysfonctions
en abduction et en rotation externe.
65
Michel Roques, Techniques articulaires ostéopathiques de W. G. Sutherland D.O., Marseille,
ProEdit Marseille, 2007.
36
De plus l’expiration passive s’effectue grâce au relâchement musculaire, et
elle procure au patient un côté relaxant. Il a été mentionné que la finalité du thrust
est d’obtenir un étirement passif du muscle. Il est donc plus aisé d’obtenir ce
résultat et d’optimiser l’action manipulative si le patient est en décontraction
musculaire et détendu.
3. Les effets du thrust lors de la toux
La toux provoque au sein de l’organisme des changements de pressions
passant d’intra-thoracique à abdominale. C’est lors de la phase précédente
l’expulsion qu’on obtient la pression abdominale. En se servant de cette pression
et de la force de l’expulsion, on peut augmenter l’effet manipulatif, mécanique pur
du thrust. Cela permet également de verrouiller par la voie interne, la dysfonction
ostéopathique. La pression abdominale va jouer, principalement, sur les
articulations du bassin comme les sacro-iliaques ou le sacrum, grâce à la salve de
toux.
4. La place de l’apnée respiratoire
L’apnée respiratoire qu’elle soit inspiratoire ou expiratoire est utilisée dans
les techniques d’énergie musculaire de Mitchell. L’apnée permet de maintenir
pendant quelques secondes les tissus dans le placement recherché. Cela va donc
verrouiller la dysfonction ostéopathique et tous les tissus environnants. 66 L’apnée
inspiratoire est utilisée lors des dysfonctions ostéopathiques avec comme
paramètres soit la flexion, soit la rotation externe ou bien l’abduction. Ces
paramètres peuvent se retrouver ensemble au sein d’une même dysfonction.
L’apnée expiratoire, quant à elle, va se retrouver à l’inverse lors des dysfonctions
avec un paramètre d’extension, de rotation interne ou d’adduction.
66
Paul Chauffour, Enric Prat, Le lien mécanique, Vannes, Sully, 2003.
37
67
Schémas dysfonctionnels selon la phase respiratoire
5. L’enquête
Afin de connaître les points de vue des praticiens et des patients, une
enquête a été réalisée. Cette dernière a été effectuée au sein d’une population
d’ostéopathes exclusifs et de patients allant de 22 à 55 ans, regroupant une
quinzaine de participants. L’enquête consistait en un questionnaire à choix
multiple composé de 4 questions pour les patients et de 6 questions pour les
praticiens.
67
Michel Roques, Techniques articulaires ostéopathiques de W. G. Sutherland D.O., Marseille,
ProEdit Marseille, 2007.
38
Concernant la population d’ostéopathes interrogée, il a était mis en
évidence leur intérêt plutôt général à l’utilisation de la respiration pour les
techniques de thrust. Pour autant cela ne correspond pas à une pratique récurrente
puisque les deux tiers répondent ne pas l’utiliser systématiquement.
oui
non
parfois
Graphique sur la fréquence d’utilisation
Cependant on remarque qu’en majorité la respiration sert selon la zone à
travailler ou pour augmenter l’efficacité de l’action. Vient ensuite selon la
difficulté de la réalisation de la technique et selon le déroulement de la technique.
zone
patient
difficulté
réalisation
déroulement
technique
Graphique sur la diversité d’utilisation
Le patient est quant à lui peu pris en compte. La respiration permet pour la
majorité (plus des deux tiers) d’optimiser la technique, puis intervient le confort
du patient (1/5 des réponses) et enfin, pour augmenter l’effet de surprise sur les
tissus. On remarque que l’utilisation de la toux n’est pas envisagée
39
surprise
confort
optimisation
Graphique sur l’intérêt de l’utilisation
Pour les patients, il est noté que le thrust avec respiration fait une
différence, et est d’ailleurs plus apprécié.
oui
non
Graphique sur l’appréciation du patient
La plupart précise que leur participation respiratoire leur permet un
meilleur relâchement pour la majorité (3/4 des sujets) et même une aide
psychologique (1/5 des sujets) pour certains.
diminution
relachement
psycho
Graphique sur le ressenti du patient
40
De plus l’utilisation de la ventilation permet au patient de se rendre compte
du moment d’exécution de l’acte manipulatif dans la majorité des cas.
oui
non
sans avis
Graphique sur la perception du patient
Cette enquête permet donc la mise en lumière que les ostéopathes sont
assez sensibles à l’utilisation de la participation respiratoire du patient. Cependant,
il est à souligner que l’intervention de la toux comme outil supplémentaire n’est
pas envisagée. Les patients, quant à eux, sont également sensibles à la respiration.
La technique d’HvBa est donc difficilement dissociable de la participation
respiratoire du patient.
41
En conclusion, la respiration thoracique trouve écho dans chacun des
principes de l’ostéopathie énoncés par Andrew Taylor Still ; que ce soit dans la
globalité puisqu’indissociable de l’être humain, dans l’interrelation structure
fonction avec la respiration et le thorax, mais également, dans l’homéostasie de
par sa participation dans l’équilibration du corps et enfin dans la loi de l’artère
pour son rôle dans la circulation sanguine.
La dysfonction ostéopathique influe sur tous les éléments du corps, que ce
soit d’un point de vue locomoteur avec le système myo-fascio-squelettique, sur les
systèmes neurologique ou vasculaire. A long terme, elle peut provoquer une
fibrose des tissus qui eux-mêmes vont entraîner une cascade d’adaptations qui
seront la cause de nouvelles dysfonctions ostéopathiques. L’ostéopathie possède
une palette variée de techniques afin de répondre à ces problèmes. Cette
thérapeutique peut s’adapter au tissu en utilisant des techniques musculaires,
fasciales, structurelles ou encore crâniennes, et s’adapter également au patient. Le
thrust appartient aux techniques dites structurelles. Cette manipulation est
répandue dans diverses disciplines thérapeutiques sous d’autres nominations telles
que manipulation vertébrale pour la médecine, ou ajustement chiropratique pour
la chiropractie. Les effets recherchés, par l’action manipulative du thrust, se
répercutent sur toutes les structures composant une articulation. Il y a des effets
immédiats sur l’articulation en elle-même pour la récupération de son amplitude
physiologique, mais également sur les tissus mous environnants que sont les
muscles qui vont subir un étirement passif, les ligaments et le système fascial, les
nerfs innervant l’articulation qui enverront un message pour réajuster, ainsi que
sur le système vasculaire.
La respiration est liée aux techniques ostéopathiques depuis pratiquement
la naissance de cette discipline avec la notion de Souffle de vie exposée par
William Garner Sutherland. Il envisage, également sa participation au sein de ses
techniques. On la retrouve dans la quasi-totalité des techniques ostéopathiques
qu’elles soient fonctionnelles ou non, avec Mitchell pour les techniques d’énergie
42
musculaire, ou bien avec Jones pour les points gâchettes. La respiration influe sur
les articulations du thorax (côtes et sternum) bien évidemment, mais également
sur le rachis ainsi que sur les membres inférieurs et supérieurs. Sa régulation se
fait au niveau du système nerveux central par des structures au sein du bulbe
rachidien et du pont. Il en est de même pour la toux qui possèderait un centre
situé dans les mêmes environs. La respiration peut donc être utilisée comme
paramètre supplémentaire afin d’optimiser l’action du thrust. Pour cela on peut
s’appuyer sur l’aspect biomécanique grâce à la participation des articulations lors
de la respiration, mais aussi sur l’aspect fascial de la respiration, puisque les
fascias sont présents en continuité dans le corps et recouvrent tous les muscles,
donc aussi ceux de la respiration, et participent au maintien des articulations.
L’ostéopathie utilise dans ses techniques fonctionnelles soit la respiration soit
l’apnée respiratoire. La toux peut également être un paramètre à envisager de par
les pressions abdominales qu’elle entraîne lors de son exécution.
Utiliser la respiration lors d’une technique de Haute vélocité et Basse
amplitude est donc tout à fait justifiable aussi bien d’un point de vue
biomécanique notamment sur le rachis et le thorax. Mais aussi d’un point de vue
tissulaire ainsi que pour le relationnel avec son patient.
43
ANNEXES
Questionnaire patient
1/ Lors d’une technique de thrust, ressentez-vous une différence si le praticien
utilise votre respiration ?
□ oui
□ non
2/ Préférez-vous lorsque le praticien vous demande une participation respiratoire ?
□ oui
□ non
□ je ne ressens pas de différence (sans avis)
3/ Devinez vous mieux avec la respiration lorsque le praticien va vous
manipuler ?
□ oui
□ non
□ sans avis
4/ Si oui, est-ce que cela implique ?
□ Une diminution de votre appréhension
□ Un meilleur relâchement
□ Une aide psychologique
44
Questionnaire praticien
1/ Utilisez-vous la respiration lors de l’exécution des techniques de thrust ?
□ oui systématiquement
□ parfois
□ non
2/ Si vous les utilisez tout le temps ou parfois, est-ce?
□ selon la zone
□ selon le patient
□ selon la difficulté de la réalisation
□ selon le déroulement de la technique (ex : dog technique)
□ augmenter l’efficacité de votre technique
3/ Si non, pourquoi ne l’utilisez-vous pas ?
………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………
4/ Quels sont les effets recherchés ?
□ l’augmentation de l’effet de surprise sur l’organisme
□ le confort du patient
□ l’optimisation de la technique
5/ Envisagez-vous d’utiliser la toux comme paramètre supplémentaire ?
□ oui
□ non
6/ Si oui, le faites-vous pour une zone en particulier
□ oui. Laquelle ?
□ non
45
BIBLIOGRAPHIE
AMIGUES J-P., L’ostéopathie : fondements, techniques et applications. Editions
Elleboré 1998
ANTONELLO M., DELPLANQUES D., Comprendre la kinésithérapie
respiratoire : du diagnostique au projet thérapeutique. Editions Masson 2009
AUQUIER O., Ostéopathie : principes et applications ostéo-articulaires. Editions
Elsevier Masson 2011
BARRAL J-P., CROIBIER A., Nouvelle approche manipulative, membre
supérieur. Editions Elsevier 2011
BARRY J., Neurobiologie de la pensée. Editions Presses universitaires de Lilles
1995
BROOKER C., Le corps humain : étude, structure et fonction. Le rôle infirmier
dans la pratique clinique. Editions De Boeck 2001
CHARPIN D., BONIFACE S., GIRAUD-CHABROL B., DUBUS J-CH.,
VERVOLET D., Toux chez l’enfant et chez l’adulte, Faculté de médecine de
Marseille, novembre 2005
CHAUFFOUR P., Le Lien mécanique ostéopathique. Editions Sully 2003
CHILA A., Foundations of Osteopathy Medecine. Editions Lippincott Williams &
Wilkins, 2010, p.15
CURTIL P., DE COUX G., Traité pratique d’ostéopathie structurelle. Editions
Frisson-Roche, 2002.
DRAKE R.L., VOGL W., MITCHELL A., Gray’s Anatomie pour les étudiants.
Editions Elsevier 2006, p.108, 110, 118.
EDER M., TILSCHER H., Chiropractie : de l’examen au traitement. Editions
Maloine 2006
ERNST E., Médecines alternatives le guide critique. Editions Elsevier 2005
46
FELTEN D., Atlas de neurosciences humaines. Editions Elsevier Masson 2011
FISCHER M., ERIEAU B., Thrust, sémiologie, imagerie. Indications en
ostéopathie vertébrale. Editions Masson 2009
GUENARD H., Physiologie humaine. Editions Pradel 2001
HERISSON C., VAUTRAVERS P., Les manipulations vertébrales. Editions
Masson 1994
KARAGEANES S., Principles of manual sports medicine. Editions Lippincott
Williams & Wilkins 2005
KORR I., Base physiologique de l’ostéopathie. Editions Frisson-Roche 1996
LE CORRE F., RAGEOT E., Atlas pratique de médecine manuelle ostéopathique.
Editions Masson 2010
MAIGNE R., Douleurs d’origine vertébrale comprendre, diagnostiquer et traiter.
Editions Elsevier Masson 2006
MARTIN C., RIOU B., VALLET B., Physiologie humaine appliquée. Editions
Arnette 2006
MERCIER P., Ostéopathie de la cage thoracique. Editions Elsevier 2008
MOLINIER A., Pathologie médicale et pratique infirmière. Editions Lamarre
2007
NICHOLAS A., NICHOLAS E., Atlas des techniques ostéopathiques. Editions
Maloine 2011
PAOLETTI S., Les fascias, rôle des tissus dans la mécanique humaine. Editions
Sully 2009
PELIZZARI U., LANDONI L., SEDOLONE A., Respiration pour l’apnée : du
débutant à l’expert. Editions Amphora 2010
POSTIAUX G., Kinésithérapie respiratoire de l’enfant : les techniques de soins. Editions
De Boeck, 2003.
47
RICARD F., Médecine ostéopathique et traitement des algies du rachis dorsal .
Editions Elsevier Masson, 2011
REYCHLER G., ROESELER J., DELGUSTE P., Kinésithérapie respiratoire.
Editions Elsevier 2009
ROD DE VERCHERE C., SCHNEIDER B., Le guide de l’ostéopathie. Editions
Albin Michel 2012
ROQUES M., Techniques articulaires ostéopathiques de W.G. Sutherland D.O.
Editions ProEdit Marseille 2007
ROULIER G., L’ostéopathie : deux mains pour vous guérir : origine, histoire,
principes et techniques, indications thérapeutiques. Editions Dangles 2010
SHERWOOD L., Physiologie humaine. Editions De Boeck 2006
STILL A.T., Ostéopathie, recherche et pratique. Editions Sully 2001
TILLEMENT P., La chiropractie : connaissance et applications thérapeutiques.
Editions Ellébore 2003
TIXIA S., EBENEGGER B., Atlas de techniques articulaires ostéopathiques,
tome 3 rachis cervical, thoracique, lombal et côtes. Editions Masson 2006
WEST J.B., Respiratory, the essentials. Editions Lippincott Williams & Wilkins
2012, p.126
48
Articles:
ALLAIN H., BENUTE-FERRER D., DAVAL G., POLARDE, DELAVAL P.,
LAGENTE V., « Passage à la chronicité d’une toux : quels mécanismes ? »
Revue des Maladies Respiratoires vol 21 n°4-C1, septembre 2004. Editions
Elsevier Masson
GAISNON L., TRICOT P., « L’évolution de la définition de l’ostéopathie. »
GARCIA J-L., « Les manipulations du rachis : définitions, historique et place
actuelle ». Revue la lettre du rhumatologue n°270 mars 2011
HODGES P., GANDEVIA S., RICHARDSON C., « Contractions of specific
abdominal muscles in postural task are affected by respiratory maneuvers »
American Physiological Society, Journal Applied Physiology. Mai 1997
JANSSENS J-P., « Physiologie de la toux ». La revue médicale suisse n°498
octobre 2004
LOBEL J-J., « Manipulations du rachis thoracique en inversion de paramètres ».
Juillet 2008
MAIGNE J-Y., VAUTRAVERS P., « Mode d’action des manipulations
vertébrales », Revue du Rhumatisme, éditions Elsevier Masson, novembre 2002
VAUTRAVERS P., ISNER-HORBETI M-E., MAIGNE J-Y., « Manipulations
vertébrales – ostéopathie. Evidences/ignorances ». La revue du rhumatisme 76,
Editions Elsevier Masson, septembre 2008.
WARDAVOIR H., « Thérapies manuelles réflexes ». Editions Elsevier Masson
2011
Documentation :
BOULLAY A., Cours de neurologie, IDO année universitaire 2010/2011
49
Iconographie :
DRAKE R.L., VOGL W., MITCHELL A., Gray’s Anatomie pour les étudiants.
Editions Elsevier, p.108, 110, 118.
ROQUES M., Techniques articulaires ostéopathiques de W.G. Sutherland D.O.
Editions ProEdit Marseille 2007
SHERWOOD L., Physiologie humaine. Editions de Boeck 2006, p.396
http://mon-passeport-sante.com
Sites internet :
http:// fr.slideshare.net
http:// osteo-getm.com
50
Résumé / Abstract :
L’ostéopathie est une méthode de soins découverte par Andrew Taylor
Still en 1874. Elle se base sur quatre grands principes issus de la biomécanique et
de la physiologie humaine. Cette thérapie possède différentes techniques
adaptables au tissu en souffrance. Le thrust appartient aux techniques dites
structurelles avec des résultats sur tous les tissus présents au sein d’une
articulation. L’acte manipulatif se retrouve également dans d’autres disciplines
thérapeutiques comme la médecine ou la chiropractie. Pourquoi ne pas utiliser la
respiration comme paramètre supplémentaire ? Cette combinaison est tout à fait
logique grâce au mouvement qu’entraîne la respiration sur les articulations mais
aussi de par son retentissement tissulaire. Il en est de même sur la réflexion de
l’utilisation de la toux et de l’apnée retrouvées dans l’utilisation de certaines
techniques ostéopathiques.
Osteopathy is treatment method find by Andrew Taylor Still in 1874. It’s based on
four principles stem from biomechanics and human physiology. This therapy has
different techniques adaptable for tissue in pain. The thrust belongs structural
techniques with results on all tissues presents within a joint. The manipulatif act
exists too on other subject like medicine or chiropractic. Why not using breathing
as supplementary parameter? This combination is logical by movement entrained
breathing on the joints and too her impact tissue. It’s the same thing for the notion
on using cough and apnea found in other osteopathic techniques.
Mots clés : ostéopathie / dysfonction ostéopathique / thrust / respiration / toux
Keywords : osteopathy / osteopathic dysfunction / thrust / breathing / cough
51
Téléchargement