Rosny, Léon de (1837-1914). La Morale du Bouddhisme, par Léon de Rosny. 1891. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. 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En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected]. -sS; LA MORALE DU BOUDDHISME 4 il est des cas où une philosophie, gion est aussi de dogmes elle ne peut plus conserver le privilège : elle est alors et immuables absolument arrêtés à la loi du progrés et à toutes ses conséCondamnée à suivre presque pas à pas la de l'esprit humain et rarement évolutive soumise quences. marche à la elle devancer, à ses périodes de participe à ses instants d'abandon : elle comme grandeur subit les des incertitudes investigations a droit de séance fiques ; le scepticisme et dans ses conciles. assises Malheureusement inculte pour scientidans ses les la foule religions, fait leur force et leur par le nombre, ne se contente d'elles la puissance, pas d'apprendre manière de bien vivre et de pratiquer le devoir : elle les oblige à lui promettre un appui surnaturel qui, dans au delà elle voir ses misères de son d'ici-bas, existence une terrestre. est plus exigeante encore des réponses catégoriques : elle ainsi que presque toujours se réfugier dans la masse les des De nos entend jours, rece- à ses questions les pas aux ministres et ne reconnaît plus indiscrètes, de se prévaloir du culte la faculté à s'y soustraire. pour arriver C'est rémunération ignorante de l'inconnu a contraint des âmes à gouvernements formules et à reambiguës LA MORALE DU BOUDDHISME courir d'une besoins curiosité faible au moins d'être, religion maintenir des coeurs esprits une d'une philosophie. dans les voies d'amour, res- à la fois et à simples inquiets. est certainement certaine dans une mesure, S'il eût pu se et de de charité oului avait si largement — réel ou son fondateur, supposé, peu im— il aurait aux dangers sans doute échappé commisération vertes que porte, de nombreuses losophiques, dans son sectes trines des du Bouddhisme doublée aux afin de satisfaire d'affirmation l'impatiente Le côté avouée ou moins plus de l'ésotérisme, sources aux façon 5 dissidences. n'ont qui pas bientôt ont sein, et il en hétérodoxes, spéculations phià s'introduire tardé donné est accès résulté à des des doc- l'on est porté, si on n'en apà voir les principes, pas suffisamment la manière de écarts dans incroyables où multiples profondit les plus Les le grand de la vie et celui comprendre problème de la destinée. de ces docUn examen superficiel trines peut y faire en même tempsque dans son constater celle de l'athéisme, la perpétuité de l'âme anéantissement. complet De pareilles apparentes que la culture contradictions réelles, et une à côté sont analyse du déisme la croyance de la foi dans en vérité plus minutieuse 6 LA MORALE DU BOUDDHISME des diverses couvrir théories une unité bouddhiques fondamentale de dé- permet de dogme qu'on voqu'en se rendant ne peut méconnaître ensuite lontairement de toutes complice sortes de malen- tendus. du Boudpas de la philosophie dhisme dont je me propose de parler aujourd'hui. Cette philosophie est trop complexe pour pouvoir être exposée ailleurs de que dans un ouvrage Mais ce n'est et haleine, longue il tour l'envisageant qu'en ses faces principales, d'une vue Mon tention de la morale tiellement vilisés. nos à tour ne sous sauf à tenter l'aborder chacune ensuite d'ensemble d'une religion à la race de nos L'étude nouveau de nos de de l'esquisse ressortir la pour bien faire de son économie conception générale. but est plus modeste : j'ai seulement l'inde signaler quelques aspects particuliers savante un convient aïeux pères, de cette témoignage asiatiques, il y a plus essenappartient ancêtres cipremiers qui morale delà fournira, valeur je pense, intellectuelle et la preuve que les Aryas, de deux mille ans, savaient tirer parti de ces puissantes aperceptions qui mettent aux hommes de devancer la marche siècles profondes et de déchiffrer énigmes à longue de l'avenir. distance perdes les plus LA MORALE DU BOUDDHISME n'y a pas deux morales,une à moins qu'on préfère En somme,il et une putes deux mauvaise, de mots à l'intelligence autant vaudrait morales, du bien qui 7 est bon et du des idées. soutenir bien qui une bonne les disAdmettre qu'il existe est mauvais. relamorale imaginer plus pourrait-on une morale locale, tive, une morale incomplète, une morale mondaine en parallèle avec une morale Au mais à coup sûr Quoi qu'il en soit, une morale question. doit avoir la prétention d'être quelque ascétique; ce serait conventionnelle morale plus qu'une s'affirmer excellente, lui on des trouve des préoccupe absolument ne ou côtés rien faibles, considérations qui c'est qu'on adéquates, bâtards et hétérogènes. corollaires La vraie morale doit, en outre, même sans qu'il y ait à tenir ou de climat. rétrécir la religieuse chose de doit : elle être du tout. c'est qu'on ne lui sont Si se pas des lui associe être la partout des condi- compte Si, nulle part, elle par une parole plus simple et plus aisément que celle de l'Évangile: compréhensible elle a « Aimez-vous les uns les autres », partout tions de temps n'a été résumée fait mouvoir le même les mêmes objectif. a pu être appliquée Dans d'une ressorts, partout la pratique façon elle a eu seulement, plus ou moins elle heu- LA MORALE DU BOUDDHISME 8 à ses propres conforme exiplus ou moins revendications. Au fond, à ses propres gences, la même, Les enfants de Dieu elle est toujours reuse, ont tous un même en reçu instinct pas sans ne fonctionne c'est bien les Père céleste Et si cet instinct comme conseils délétères il ne tarde jamais conscientielle. la réaction absolue son par fortuitement ne varie cesse leur il le devrait, par le fait de l'ignorance plutôt du raisonnement. Si l'être se laisse par celui traîner par rence vitale, de de héritage confraternel. essence, dans dès lors de la concur- à entendre La ne peut que en- les échos morale, donc une varier et que elle ses applications; et comme de savoir que par l'insuffisance et de pensée de ceux qui la mettent en oeuvre, c'est en faisant et à la réflexion appel à l'étude qu'on doit parvenir à lui assurer ses véritables bases. La morale, en effet, nous enseigne qu'il faut faire et jamais on ne l'a compris sur autrement les bords du Gange ou sur ceux du Jourdain. Reste à savoir, il est vrai, ce que c'est que le bien. L'ins- le bien, tinct nous donne à la question, donner tout devons qui nous un mais entière. cette tendance fait chercher de réponse il ne suffit pas pour nous la Cest à l'instinct que nous commencement généreuse un être et compatissante en dehors de nous LA MORALE DU BOUDDHISME et 9 nous à l'aimer. l'insprédispose Cependant n'est pas de sa nature exclusivement altruiste ; tinct il se laisse bles entraîner aux résistances, lui lateur appartient de notre double C'est que bien calculs est nécessaire de le construire économie d'assez de Fégoïsme. fai- Un réguil nous : ce régulateur, avec tous les ressorts intime de notre base avec souvent, et de conscience pour l'accomplissement l'homme doit apprendre l'édifier sur et de notre de ce travail et doit la raison. intérieur réfléchir. L'en- haut qui a pour but de lui donner et de réfléchir, est le plus d'apprendre de conceenseignement qu'il soit possible voir: c'est, seignement les moyens religieux, à tous égards, l'enseignement du Boud- dhisme. Est-ce à dire ne se renque cet enseignement contre que dans le Bouddhisme et n'apparaisse pas aussi dans le Christianisme? Assurément non. Les chrétiens ont bien raison de soutenir philosophes les grandes celles du Bouddhisme vérités, que comme les autres, à la doivent être rapportées source est même d'essayer du Leur Christianisme. de le démontrer par seul tort des arguments en soi portent Il y a des vérités historiques. qui leur démonstration, et qui, en tout cas, ne sont pas du ressort de l'histoire. C'est une peine prendre LA MORALE DU BOUDDHISME io bien de chercher inutile à établir que le bien, de l'éternelle parfaite dérivent perest d'insinuer que l'éternelle per- le vrai, que la beauté fection, si le but fection est l'idéal d'une certaine l'idéal des autres. Des point misérables sont non seulement mais la philosophie, elles la sainte et non de ce genre au point de vue de arguties sont criminelles ne peuvent les hommes pratique, puisqu'elles sultat que de diviser oublier doctrine avoir dans d'autre ré- et de leur faire : In terra pax hominibus parole la bonoe voluntatis! La morale, rien dhiste, n'est établie en vue L'oeuvre des êtres autre chrétienne en voie de de que que boudla loi d'amour éternelle de la nature. chose de l'oeuvre éternelle le Grand-Tout, bien aussi la c'est nature, l'évolution retour dans le Pantos, ils sont sortis dont ne dans que parce résoudre était une nécessité que leur sortie pour de la Perfection, le problème problème qui eût été insoluble si le corollaire de Liberté à jamais —et — de mouvement et de sélection conséquent par la mane lui avait été acquis. Telle est, du moins, nière dont prennent ne serait les écoles modernes le mécanisme pas impossible moral duMahâyâna de l'univers; d'établir que cette comet il ma- LA MORALE DU BOUDDHISME ou lui-même leur êtres de ses doivent sement le salut parla le gagner La science dhisme, les deux ne saurait association relâche mission peuvent Pourana. On sans travailler de leur obtenir Çâkya-Mouni premiers adeptes. dans le Grand-Tout, et dude retourner de la forme, les existence dans le monde Avant rant a été celle du bouddha de voir nière n temporelle. ditun science, au moyen et l'amour facteurs de sont, essentiels autrement expliquer avec le libre arbitre à l'accomplisIls peuvent ils Oupanichat; dit un l'amour, dans le Boud- de l'univers. que par leur le motif de la ; et je ne pense pas que le Christianisme usage d'un autre genre de raisonnement pour création fasse en rendre Bien compte. que l'Amour coefficients et la Science essentiels soient dans le dogmatisme à titre égal qu'à les deux boud- ils ne le sont la condidhique, tion de se compléter l'un l'autre, de se confondre en quelque de devenir une seule et même sorte, chose. l'amour unification, complète n'est véhicule à l'aide duquel l'être qu'un peut obtenir la Connaissance, mais l'Amour n'est pas la Jusqu'à Connaissance véhicule, damné leur elle-même. Sil'être ne possède pas ce acquis, il est con- et jusqu'à ce qu'il l'ait à suivre la chaîne des transmigrations dont LA MORALE DU BOUDDHISME 12 il ne parvient à se délivrer avoir qu'après toutes les non seulement paraître tant de sa condition fait dis- entraves résul- mais encore corporelle, de ces entraves. la réminiscence souvenir, « Il faut, au nirvana, viduelle, dit la loi atteindre pour bouddhique, conscience de la fonction indi- perdre oublier ensuite et ignorer » science, perdue. Sous le enfin a perdu a oublié qu'on qu'on cette con- de l'avoir d'une telle morale, il est évident l'empire voit sans cesse se rétrécir la que l'instinct égoïste s'est dans l'économie intime, place qu'il arrogée en même celle du sentiment temps que grandit altruiste. Mais le sentiment altruiste, lui aussi, ne transitoire dans le trapériode Le terme de son évosuprême à ne plus conduire aimer que l'é- représente qu'une vail émancipateur. lution ternel amour doit le d'où émane principe doit nécessairement L'énonciation laquelle repose des malentendus reurs. Je n'ai gratuite trop le nirvana ne absolue de cette tout amour et où tout revenir. idée fondamentale sur a provoqué la porte à bien bien le Bouddhisme et ouvert pas à souvent serait ici discuter répétée, rien autre de l'individualité, une la confusion er- affirmation et suivant chose des que laquelle la perte des âmes LA MORALE DU BOUDDHISME dans le néant. de montre Autant dire vaudrait rouage qu'un où il a été du moment d'exister a cessé 13 r où il est devenu du moment mis à sa place, partie de L'être est un rouage d'une montre. intégrante défisa situation il prendra la grande machine: nitive, sans cela cesser pour d'exister, assez devenu sera lorsqu'il aux exigences parfait pour répondre universelle. de la dynamique a formulé au reproche Quant d'égoïsme qu'on il ne peut aboutir contre la morale bouddhique, une fois de plus qu'à montrer non seulement dénature machie mais idées, les la logofaits et les nous lorsque de dernières limites entraîne nous combien même, aux apprécier, On a dit, par exemple, l'absurde. que le Boudà était égoïste, dhisme parce qu'il incite l'homme les voulons des se désintéresser gir qu'en du vue dont Bouddhisme, choses salut le plus de ne pas sauvegarder en songeant de l'individu, n'a- ! le Égoïste est peutgrand défaut l'intérêt suffisamment trop à la collectivité. l'exdoctrine jusqua qui a poussé et la comles créatures de toutes plète abnégation Faire le bien pense pour personnel. être une Égoïste! trême l'amour du monde du moi. ici-bas d'outre-tombe, dans d'une récoml'espoir tel est le précepte de presque • 14 LA MORALE DU BOUDDHISME toutes côté les Ce précepte, religions. de notre faible organisme, la dignité ce sens qu'il ravale est évidemment de faire amoindrir la valeur cenaire. Bouddhisme. On de l'homme. L'idéal le bien de l'acte Le correctif sur le qui repose laisse à désirer, en désirable pour le bien, sans merpar une attente est énoncé dans le y enseigne qu'il faut le bien est nécessaire le pratiquer acparce que pour la grande oeuvre de la nature; complir que se conformer aux exigences de cette grande est oeuvre la seule satisfaction vraie que puisse goûter bien, l'être des entraves de la forme et de tous dégagé les désirs sans cesse renouvelés, qui, jamais n'aboutissent et à de assouvis, qu'à des déceptions continuelles souffrances. Il n'est de se former pas impossible une idée des satisfactions de l'être, alors même impersonnelles obtenu l'état de supériorité qu'il n'a pas encore intellectuelle où l'on ne parvient que lorsqu'on s'est affranchi sion du moi frances. de N'arrive-t-il goûter succès de durer de l'esclavage des sens et de l'illuou âtman, cause de tant de souf- une après notamment à l'homme il du seul fait que le joie, une oeuvre à l'accomplissement a participé? de voir L'ambition soi une couronne laquelle pas véritable entreprise utile qu'on a com- LA MORALE DU BOUDDHISME mencée mique ne procéde-t-elle où l'égoïsme assez faible qu'une de notre confortable, sont de ne sentiment revendique Le sacrifice part? des jouissances de la vie même que nous offertes, sacrifice délibéré, parti pas d'un d'une idée, poursuite chose le besoin que 15 ne accompli révèle-t-il de satisfaire cos- déjà plus volontaire nous qui abrégeons la pour autre pas un intérêt ? Est-ce bien notre nom, purement personnel renommée nous notre voulons voir surque à notre courte ou bien plutôt vivre existence, la pensée nous que la grande avons que nous avons construit le pour de l'Univers ? Et machine un pas imaginer bonheur dans traverseront, conçue, homme d'étude une pierre solide pour porteront rable édifice de la Connaissance? Tel moral. Ce qu'il le seul faut bâtir est le but du bouddhiste. suprême aspiration être continu, le monde doit sans mais ne peut-on place son que le cours des siècles fécondes, tionner; rouage service de qui ses découvertes la confiance La Connaissance! le progrés réaliser réel en l'incompa- suprême Le progrés cesse est et ap- et la doit se perfecle progrés ce monde, c'est de ce progrés et constante l'augmentation graduelle consiste à multiplier moral. Le moyen d'y parvenir LA MORALE DU BOUDDHISME i6 sans le nombre cesse de la pen- des collaborateurs à dire, le nombre des pionniers sée, ce qui revient de la suprême Commeconséquence émancipation. droit pratique,leBouddhismedemandepourtousle à chacun les afin de donner corps, les rouages de en mouvement de mettre moyens le calme nécessaire la réflexion. Assurer à autrui au du repos et la plus telle est la meilleure pour se recueillir, haute application de la Charité. de la compassion Mais ce n'est pas seulement le Boudl'homme que préconise pour l'homme la nature dhisme : son immense regard embrasse entière. tinés Les êtres, au nirvana; les animaux, ganiques. contesté les végétaux, Le Christianisme et même n'a des- tous entendre les corps inorpas absolument d'une âme rudilapossession une ombre leuraccorde Augustin aux animaux saint mentaire,et de la Connaissance va plus quels qu'ils soient, sont et par les êtres, il faut loin Scientioe similitudo). chez seulement (quoedatn : il admet, non mais jusque plantes, chose qui ressemble chez Il les les minéraux, à l'amour quelque amores corpo- (yelut Les bouddhistes rummomentasuntponderuni). : les substances pas eu d'hésitation n'ont inorganiques, elles aussi, se développent, et se désas'agrègent suivant la loi générale de l'évolution et du grègent ~nr.-," LA MORALE DU BOUDDHISME 17 l'univers. dans part la vie n'est absente un endroit où la vie n'existe- elle en apparence Nulle transformisme. Supposer La mort rait pas, serait un non-sens, une absurdité. n'est qu'une la formule d'un malentendu : illusion, ne se manifeste sités que par les nécessans cesse le mou- mêmes de la vie qui exigent sans cesse des combinaisons vement, nouvelles. s'étendre doit où la vie est partout, l'amour à tous les êtres sans ; et du exception moment où Du moment souffrance droit tous les d'aboutir avant contre à la libération, est, de la sorte, d'amour. religion jouissent nécessaires A un à lutter ont la tous ont à la Charité. Le Bouddhisme une êtres tous Les à ses pour yeux atteindre sans êtres, des à essentiellement distinction, virtuelles qualités la Connaissance. ils n'occupent il pas tous, est vrai, la même : place sur l'échelle zoologique il est juste qu'ils dans chaque vie les supportent de la liberté dont ils ont été investis conséquences et qui les a laissé libres d'accomplir volontairement moment de bonnes tences d'obtenir, moins réalisation donné, ou de mauvaises antérieures. après heureux, de actions durant des exis- Il de leur volonté dépend la mort, un organisme plus ou ou moins à la favorable plus leur destinée. Tous sont soli- LA MORALE DU BOUDDHISME i8 daires les uns seront élus des n'est autre plus chose comme mour, ne sont tous appelés, condamné sera à un la pensée —du moins dans celle des sec— éclairés du Grand-Véhicule, L'Enfer, perpétuel. des bouddhistes les ; tous : personne enfer tateurs, autres dans d'ailleurs, et l'absence d'aque le remords dans la pensée de sainte Thérèse. Il n'existe et le Bouddhisme n'héqu'un Purgatoire, site pas sur l'endroit où il est placé : le Purgatoire est partout où se rencontre la forme, où évolue la matière. les Il est sur notre innombrables Les dieux régions globe, et aussi bien dans du firmament étoile. infiniment eux-mêmes, plus encore parfaits acces- mais néanmoins que les hommes, sibles aux passions, dans une mesure subissent, allant il est vrai sans cesse en s'amoindrissant, les tentations, les amertumes et les souffrances à la vie, inhérentes tatio (saint Augustin, ils ne les hommes, des tourbillon Ma poena, quia Ma vita est tenCité de Dieu, xxi, 14) .Comme sortiront désirs attaches des dernières qu'après du moi, définitivement s'être des du débarrassés dernières ser- et de l'égoïsme. personnalité les dieux et les hommes, Ils en sortiront, vitudes entrer en de la dans Europe le nirvana, le sens mot de fond dont en on pour a dénaturé comble, parce LA MORALE DU BOUDDHISME 19 dans quelle acception il falqu'on n'a pas compris hindous les termes lait entendre que nous avons disaient rendus par vide et par néant. Si les Anciens la que horreur a nature le vide concevaient qu'ils du c'est vide, d'une parce absolument façon Le « vide à l'idée bouddhique. », pour étrangère de tout c'est l'absence les disciples du Tathâgata, à inhérentes aux servitudes ce qui nous enchaîne la forme; tive « néant le et absolue », c'est ce qui de tout défini- la délivrance rattache nous à ces servitudes. était Si le nirvana a voulu Bouddhisme, la destruction même relâche, Mouni méfait. ait transporté Du et sans sans un bornes, sans tel de l'amour! perpétuité des austérités serait ment sans on le que le comprend n'aurait d'autre but que de poursuivre sans retour, de éternelle, complète, sans restriction, l'objet serait — l'amour l'entendre, comme l'anéantissement une moment où la vie la pratique sanction, niaiserie Bien et leur enseignela doctrine de Çâkya- que l'idée d'amour dans les sphères lui instituteur bien que ce grand de la spéculation, extraait donné, comme saint Paul, un objectif — ce au premier abord, terrestre, qui semble, — attentatoire à l'intérêt immédiat des créatures, on peut affirmer que cette idée s'est traduite par LA MORALE DU BOUDDHISME 20 une dans qui n'a jamais été surpassée autre manifestation aucune de la morale religieuse La légende du Bodhisattva, humaine. qui reprédu Bouddhisme sente nous en l'esprit primitif, mansuétude fournit le plus Le Bouddha, touchant avant est un fils de roi, innombrables des souffrances lui révèle de parvenir à la Connaissance, élevé au milieu du luxe et des Le tableau joies d'une cour opulente. des hommes lui dessille les yeux, la haute mission rédemptrice qu'il est Il réfléchit aux causes de la à accomplir. et découvre douleur, appelé d'y remédier. s'arrache néré, Gôpa, par la méditation Aussitôt il abandonne aux son épouse, grandeurs, des haillons exemple. les moyens son père vé- embrassements quitte son ses habits échange de mendiant de palais, la belle renonce aux contre somptueux et commence son oeuvre. s'être toutes les abstinences de la imposé les mortifications du corps, il parchair, toutes vient à la connaissance de la Loi ineffable qui doit sauver les créatures et leur ouvrir la porte du nirAprès vana. il hésite Cependant cette Loi calme, très à faire connaître calme en réalité, au monde cette ne prend rien pour appui. vide, parce qu'elle être est-elle inintelligible pour les hommes Loi Peutdont LA MORALE DU BOUDDHISME 21 elle révolte les appétits elle ne grossiers, auxquels recepromet pas le genre de salaire qu'ils veulent voir. Et silencieux, il se propose de demeurer inactif dans la forêt. En ce moment, nombrables dans Brahmâ, ner un devant sauver d'arriver l'espoir la roue de la Loi, jour les pieds du Bouddha les créatures : et d'in- de Çâkra accompagné de dieux, myriades Brahmâ, lui-même le grand à tour- vient s'agenouiller et le supplie de « Lève-toi, du combat! Fais pleuvoir vainqueur excellente de la Loi ; fais franchir l'océan de l'eau la transmigration à ceux qui s'y trouvent plonde la souffrance ; gés; délivre à jamais les victimes rend calmes ceux que brûle la corruption corporelle. » Le Bouddha les hommes, d'autres jette les yeux sur le monde ; il voit les uns embourbés dans l'erreur, enfin la vérité, un entrevoyant demeurant dans le trouble Tels, au bord d'un sont étang, nombre grand et l'hésitation. les lotus, les uns ne parviennent pas à dépasser de l'eau, tandis que les autres s'élèvent ou bien dha demeurent réfléchit la partie indécise que entre s'il ne deux eaux. prenait de l'humanité, dont le niveau au-dessus, Et le Boud- la parole, la partie innompas LA MORALE DU BOUDDHISME 22 brable de l'humanité, naissance. Et alors n'atteindrait à la Con- point le Bouddha, pour plein de miséricorde le Dieu suprême, et de compassion Brahma, pour les hommes consent à tourner la roue indécis, de la Loi et à faire connaître aux dieux et à toutes les créatures les préceptes de son enseignement. Ces préceptes, au nombre de trois—s'abstenir du la vertu, son coeur rendre péché, pratiquer — se résument dans l'amour du prochain, pur, dont il fait le couronnement de l'édifice. A ceux qui ambitionnent au plus vite dans ce but, se d'arriver à l'émancipation finale et qui, consacrent à la vie monastique, il ordonne de ne rien posséder, de ne se nourrir que de vivres dus à l'aumône, de renoncer aux relations charnelles, de repousser les liqueurs de ne prendre enivrantes, des repas des heures de ne déterminées, qu'à se livrer à la danse, de ne point point prendre de ne point faire usage de papart aux chants, rures et de parfums, de ne pas se coucher dans des lits larges et moelleux, de repousser les dons de s'abstenir du trafic, de la lecture des inutiles, récits frivoles et de toute des laïques. A ceux qui ne se décident correspondance écrite avec pointa sortir du tour- LA MORALE DU BOUDDHISME billon du éclairer monde, leur 23 et qui cherchent à cependant et à améliorer leur coeur, il re- esprit commande de ne point ôter la vie aux animaux, de ne point voler, de ne point se livrer à un commerce sexuel et enfin de ne point abillégitime, sorber de liqueurs enivrantes ou de substances soporifiques. Le Bouddhisme, en dehors tions le code renferme que a la prétention nastique, plus injoncsa discipline mochose de quelque de d'être qu'un enseignement religieux la vie Dans il mondaine, une doctrine socialiste. phique. comme Ceux du superflu, sans en trop manque matériel incessant penser fortune doivent cience; philoso- se présente et, par mauvais ou indifférence, ne les consacrent pas tout à la cause de l'humanité; ceux qui font entières usage sèdent et des richesses qui possèdent vouloir vail des sévères et de autrement et lui enlève ceux réfléchir; que que ce qu'ils posà un tral'oblige songer à autrui, qui comme rendre un compte — ceux-là sont les moyens de considèrent leur un journalier en révolte ils dépôt dont à leur consavec la na- ture. En conséquence, la Charité est la plus le Bouddhisme solennelle enseigne des obligations que de ''•:yr..f'n-H'