La Morale du Bouddhisme, par Léon de Rosny. 1891.

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Rosny, Léon de (1837-1914). La Morale du Bouddhisme, par Léon de Rosny. 1891.
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-sS;
LA MORALE DU BOUDDHISME
4
il est des cas où
une philosophie,
gion est aussi
de dogmes
elle ne peut plus conserver
le privilège
: elle est alors
et immuables
absolument
arrêtés
à la loi du progrés
et à toutes
ses conséCondamnée
à suivre presque
pas à pas la
de l'esprit
humain
et rarement
évolutive
soumise
quences.
marche
à la
elle
devancer,
à ses périodes
de
participe
à ses instants
d'abandon
: elle
comme
grandeur
subit
les
des
incertitudes
investigations
a droit
de séance
fiques ; le scepticisme
et dans ses conciles.
assises
Malheureusement
inculte
pour
scientidans
ses
les
la foule
religions,
fait leur force et leur
par le nombre,
ne se contente
d'elles
la
puissance,
pas d'apprendre
manière
de bien vivre et de pratiquer
le devoir :
elle les oblige
à lui promettre
un appui
surnaturel
qui,
dans
au delà
elle
voir
ses misères
de son
d'ici-bas,
existence
une
terrestre.
est plus exigeante
encore
des réponses
catégoriques
: elle
ainsi
que
presque
toujours
se réfugier
dans
la masse
les
des
De
nos
entend
jours,
rece-
à ses questions
les
pas aux ministres
et ne reconnaît
plus indiscrètes,
de se prévaloir
du culte la faculté
à s'y soustraire.
pour arriver
C'est
rémunération
ignorante
de
l'inconnu
a contraint
des âmes à
gouvernements
formules
et à reambiguës
LA MORALE DU BOUDDHISME
courir
d'une
besoins
curiosité
faible
au
moins
d'être,
religion
maintenir
des
coeurs
esprits
une
d'une
philosophie.
dans
les voies
d'amour,
res-
à la fois
et à
simples
inquiets.
est certainement
certaine
dans
une
mesure,
S'il eût pu se
et de
de charité
oului avait
si largement
— réel ou
son fondateur,
supposé,
peu im— il aurait
aux dangers
sans doute
échappé
commisération
vertes
que
porte,
de nombreuses
losophiques,
dans
son
sectes
trines
des
du Bouddhisme
doublée
aux
afin de satisfaire
d'affirmation
l'impatiente
Le côté
avouée
ou moins
plus
de l'ésotérisme,
sources
aux
façon
5
dissidences.
n'ont
qui
pas
bientôt
ont
sein,
et il en
hétérodoxes,
spéculations
phià s'introduire
tardé
donné
est
accès
résulté
à
des
des doc-
l'on
est porté,
si on n'en apà voir
les principes,
pas suffisamment
la manière
de
écarts
dans
incroyables
où
multiples
profondit
les plus
Les
le grand
de la vie et celui
comprendre
problème
de la destinée.
de ces docUn examen
superficiel
trines
peut y faire
en même tempsque
dans
son
constater
celle de l'athéisme,
la perpétuité
de l'âme
anéantissement.
complet
De
pareilles
apparentes
que
la culture
contradictions
réelles,
et une
à côté
sont
analyse
du
déisme
la croyance
de la foi dans
en vérité
plus
minutieuse
6
LA MORALE DU BOUDDHISME
des diverses
couvrir
théories
une unité
bouddhiques
fondamentale
de dé-
permet
de dogme
qu'on
voqu'en se rendant
ne peut méconnaître
ensuite
lontairement
de toutes
complice
sortes
de malen-
tendus.
du Boudpas de la philosophie
dhisme
dont je me propose
de parler aujourd'hui.
Cette philosophie
est trop complexe
pour pouvoir être exposée
ailleurs
de
que dans un ouvrage
Mais
ce n'est
et
haleine,
longue
il
tour
l'envisageant
qu'en
ses faces principales,
d'une
vue
Mon
tention
de la morale
tiellement
vilisés.
nos
à tour
ne
sous
sauf à tenter
l'aborder
chacune
ensuite
d'ensemble
d'une
religion
à la race de nos
L'étude
nouveau
de nos
de
de
l'esquisse
ressortir
la
pour bien faire
de son économie
conception
générale.
but est plus modeste
: j'ai seulement
l'inde signaler
quelques
aspects
particuliers
savante
un
convient
aïeux
pères,
de cette
témoignage
asiatiques,
il y a plus
essenappartient
ancêtres
cipremiers
qui
morale
delà
fournira,
valeur
je pense,
intellectuelle
et la preuve que les Aryas,
de deux mille ans, savaient
tirer
parti de ces puissantes
aperceptions
qui
mettent
aux hommes
de devancer
la marche
siècles
profondes
et de déchiffrer
énigmes
à longue
de l'avenir.
distance
perdes
les plus
LA MORALE DU BOUDDHISME
n'y a pas deux morales,une
à moins
qu'on
préfère
En somme,il
et une
putes
deux
mauvaise,
de mots à l'intelligence
autant vaudrait
morales,
du bien
qui
7
est
bon
et du
des idées.
soutenir
bien
qui
une
bonne
les disAdmettre
qu'il existe
est mauvais.
relamorale
imaginer
plus
pourrait-on
une morale
locale,
tive, une morale
incomplète,
une morale mondaine
en parallèle
avec une morale
Au
mais
à coup
sûr
Quoi qu'il en soit, une morale
question.
doit avoir
la prétention
d'être
quelque
ascétique;
ce
serait
conventionnelle
morale
plus qu'une
s'affirmer
excellente,
lui
on
des
trouve
des
préoccupe
absolument
ne
ou
côtés
rien
faibles,
considérations
qui
c'est qu'on
adéquates,
bâtards
et hétérogènes.
corollaires
La vraie morale
doit, en outre,
même
sans
qu'il
y ait à tenir
ou de climat.
rétrécir
la
religieuse
chose
de
doit
: elle
être
du
tout.
c'est
qu'on
ne lui sont
Si
se
pas
des
lui
associe
être
la
partout
des condi-
compte
Si, nulle
part, elle
par une parole plus simple et plus
aisément
que celle de l'Évangile:
compréhensible
elle a
« Aimez-vous
les uns les autres
», partout
tions
de temps
n'a été résumée
fait mouvoir
le même
les mêmes
objectif.
a pu être appliquée
Dans
d'une
ressorts,
partout
la pratique
façon
elle a eu
seulement,
plus ou moins
elle
heu-
LA MORALE DU BOUDDHISME
8
à ses propres
conforme
exiplus ou moins
revendications.
Au fond,
à ses propres
gences,
la même,
Les enfants
de Dieu
elle est toujours
reuse,
ont
tous
un
même
en
reçu
instinct
pas sans
ne fonctionne
c'est
bien
les
Père
céleste
Et si cet instinct
comme
conseils
délétères
il ne tarde
jamais
conscientielle.
la réaction
absolue
son
par
fortuitement
ne varie
cesse
leur
il le devrait,
par le fait de l'ignorance
plutôt
du raisonnement.
Si l'être se laisse
par celui
traîner
par
rence vitale,
de
de
héritage
confraternel.
essence,
dans
dès
lors
de la concur-
à entendre
La
ne peut
que
en-
les échos
morale,
donc
une
varier
et
que
elle
ses applications;
et comme
de savoir
que par l'insuffisance
et de pensée de ceux qui la mettent
en oeuvre, c'est
en faisant
et à la réflexion
appel à l'étude
qu'on
doit parvenir
à lui assurer
ses véritables
bases.
La morale,
en effet, nous
enseigne
qu'il
faut faire
et jamais on ne l'a compris
sur
autrement
les bords du Gange ou sur ceux du Jourdain.
Reste
à savoir, il est vrai, ce que c'est que le bien. L'ins-
le bien,
tinct
nous
donne
à la question,
donner
tout
devons
qui
nous
un
mais
entière.
cette tendance
fait chercher
de réponse
il ne suffit pas pour
nous la
Cest
à l'instinct
que nous
commencement
généreuse
un être
et compatissante
en dehors
de nous
LA MORALE DU BOUDDHISME
et
9
nous
à l'aimer.
l'insprédispose
Cependant
n'est pas de sa nature
exclusivement
altruiste
;
tinct
il se laisse
bles
entraîner
aux
résistances,
lui
lateur
appartient
de notre
double
C'est
que
bien
calculs
est
nécessaire
de
le construire
économie
d'assez
de Fégoïsme.
fai-
Un réguil nous
: ce régulateur,
avec tous
les ressorts
intime
de notre
base
avec
souvent,
et
de
conscience
pour
l'accomplissement
l'homme
doit apprendre
l'édifier
sur
et de notre
de ce travail
et doit
la
raison.
intérieur
réfléchir.
L'en-
haut
qui a pour but de lui donner
et de réfléchir,
est le plus
d'apprendre
de conceenseignement
qu'il soit
possible
voir:
c'est,
seignement
les moyens
religieux,
à tous
égards,
l'enseignement
du Boud-
dhisme.
Est-ce
à dire
ne se renque cet enseignement
contre que dans le Bouddhisme
et n'apparaisse
pas
aussi dans le Christianisme?
Assurément
non. Les
chrétiens
ont bien raison
de soutenir
philosophes
les grandes
celles
du Bouddhisme
vérités,
que
comme
les autres,
à la
doivent
être rapportées
source
est
même
d'essayer
du
Leur
Christianisme.
de le démontrer
par
seul
tort
des
arguments
en soi
portent
Il y a des vérités
historiques.
qui
leur démonstration,
et qui, en tout cas, ne sont pas
du ressort
de l'histoire.
C'est
une peine
prendre
LA MORALE DU BOUDDHISME
io
bien
de chercher
inutile
à établir
que le bien,
de l'éternelle
parfaite dérivent
perest d'insinuer
que l'éternelle
per-
le vrai,
que
la beauté
fection,
si le but
fection
est l'idéal
d'une
certaine
l'idéal
des autres.
Des
point
misérables
sont non seulement
mais
la philosophie,
elles
la sainte
et non
de ce genre
au point de vue de
arguties
sont
criminelles
ne peuvent
les hommes
pratique,
puisqu'elles
sultat
que de diviser
oublier
doctrine
avoir
dans
d'autre
ré-
et de leur
faire
: In terra pax hominibus
parole
la
bonoe
voluntatis!
La
morale,
rien
dhiste,
n'est
établie
en vue
L'oeuvre
des
êtres
autre
chrétienne
en voie
de
de
que
que boudla loi d'amour
éternelle
de la nature.
chose
de l'oeuvre
éternelle
le Grand-Tout,
bien
aussi
la
c'est
nature,
l'évolution
retour
dans
le Pantos,
ils
sont
sortis
dont
ne
dans
que parce
résoudre
était une nécessité
que leur sortie
pour
de la Perfection,
le problème
problème
qui eût été
insoluble
si le corollaire
de Liberté
à jamais
—et
—
de
mouvement
et
de
sélection
conséquent
par
la mane lui avait été acquis. Telle
est, du moins,
nière
dont
prennent
ne serait
les écoles
modernes
le mécanisme
pas
impossible
moral
duMahâyâna
de l'univers;
d'établir
que
cette
comet il
ma-
LA MORALE DU BOUDDHISME
ou
lui-même
leur
êtres
de ses
doivent
sement
le salut
parla
le gagner
La science
dhisme,
les deux
ne saurait
association
relâche
mission
peuvent
Pourana.
On
sans
travailler
de leur
obtenir
Çâkya-Mouni
premiers
adeptes.
dans le Grand-Tout,
et dude retourner
de la forme, les
existence
dans le monde
Avant
rant
a été celle du bouddha
de voir
nière
n
temporelle.
ditun
science,
au
moyen
et l'amour
facteurs
de
sont,
essentiels
autrement
expliquer
avec le libre
arbitre
à l'accomplisIls peuvent
ils
Oupanichat;
dit un
l'amour,
dans
le Boud-
de l'univers.
que par leur
le motif
de la
; et je ne pense pas que le Christianisme
usage d'un autre genre de raisonnement
pour
création
fasse
en rendre
Bien
compte.
que l'Amour
coefficients
et la Science
essentiels
soient
dans
le dogmatisme
à titre
égal qu'à
les deux
boud-
ils ne le sont
la condidhique,
tion de se compléter
l'un l'autre,
de se confondre
en quelque
de devenir
une seule et même
sorte,
chose.
l'amour
unification,
complète
n'est
véhicule
à l'aide duquel
l'être
qu'un
peut
obtenir
la Connaissance,
mais l'Amour
n'est pas la
Jusqu'à
Connaissance
véhicule,
damné
leur
elle-même.
Sil'être
ne possède pas ce
acquis, il est con-
et jusqu'à
ce qu'il l'ait
à suivre la chaîne des transmigrations
dont
LA MORALE DU BOUDDHISME
12
il ne parvient
à se délivrer
avoir
qu'après
toutes
les
non seulement
paraître
tant de sa condition
fait dis-
entraves
résul-
mais
encore
corporelle,
de ces entraves.
la réminiscence
souvenir,
« Il faut,
au nirvana,
viduelle,
dit la loi
atteindre
pour
bouddhique,
conscience
de la fonction
indi-
perdre
oublier
ensuite
et ignorer
»
science,
perdue.
Sous
le
enfin
a perdu
a oublié
qu'on
qu'on
cette
con-
de l'avoir
d'une
telle morale,
il est évident
l'empire
voit sans cesse se rétrécir
la
que l'instinct
égoïste
s'est
dans l'économie
intime,
place qu'il
arrogée
en même
celle du sentiment
temps
que grandit
altruiste.
Mais
le sentiment
altruiste,
lui aussi,
ne
transitoire
dans le trapériode
Le terme
de son évosuprême
à ne plus
conduire
aimer
que l'é-
représente
qu'une
vail émancipateur.
lution
ternel
amour
doit
le
d'où émane
principe
doit nécessairement
L'énonciation
laquelle
repose
des malentendus
reurs.
Je
n'ai
gratuite
trop
le nirvana
ne
absolue
de
cette
tout
amour
et où
tout
revenir.
idée
fondamentale
sur
a provoqué
la porte à bien
bien
le Bouddhisme
et ouvert
pas à
souvent
serait
ici
discuter
répétée,
rien autre
de l'individualité,
une
la confusion
er-
affirmation
et suivant
chose
des
que
laquelle
la perte
des
âmes
LA MORALE DU BOUDDHISME
dans
le néant.
de montre
Autant
dire
vaudrait
rouage
qu'un
où il a été
du moment
d'exister
a cessé
13
r
où il est devenu
du moment
mis à sa place,
partie
de
L'être
est un rouage
d'une montre.
intégrante
défisa situation
il prendra
la grande
machine:
nitive,
sans
cela cesser
pour
d'exister,
assez
devenu
sera
lorsqu'il
aux exigences
parfait pour répondre
universelle.
de la dynamique
a formulé
au reproche
Quant
d'égoïsme
qu'on
il ne peut aboutir
contre
la morale
bouddhique,
une fois de plus
qu'à montrer
non seulement
dénature
machie
mais
idées,
les
la logofaits et les
nous
lorsque
de
dernières
limites
entraîne
nous
combien
même,
aux
apprécier,
On a dit, par exemple,
l'absurde.
que le Boudà
était égoïste,
dhisme
parce qu'il incite l'homme
les
voulons
des
se désintéresser
gir
qu'en
du
vue
dont
Bouddhisme,
choses
salut
le plus
de ne pas sauvegarder
en songeant
de l'individu,
n'a-
! le
Égoïste
est peutgrand défaut
l'intérêt
suffisamment
trop à la collectivité.
l'exdoctrine
jusqua
qui a poussé
et la comles créatures
de toutes
plète abnégation
Faire le bien
pense
pour
personnel.
être
une
Égoïste!
trême l'amour
du monde
du moi.
ici-bas
d'outre-tombe,
dans
d'une
récoml'espoir
tel est le précepte
de presque
•
14
LA MORALE DU BOUDDHISME
toutes
côté
les
Ce précepte,
religions.
de notre
faible
organisme,
la dignité
ce sens
qu'il ravale
est évidemment
de faire
amoindrir
la valeur
cenaire.
Bouddhisme.
On
de l'homme.
L'idéal
le bien
de l'acte
Le correctif
sur le
qui repose
laisse à désirer,
en
désirable
pour le bien, sans
merpar une attente
est énoncé
dans le
y enseigne
qu'il faut
le bien
est nécessaire
le
pratiquer
acparce
que
pour
la grande
oeuvre de la nature;
complir
que se conformer
aux exigences
de cette grande
est
oeuvre
la seule
satisfaction
vraie
que
puisse
goûter
bien,
l'être
des entraves
de la forme
et de tous
dégagé
les
désirs
sans
cesse
renouvelés,
qui,
jamais
n'aboutissent
et à de
assouvis,
qu'à des déceptions
continuelles
souffrances.
Il n'est
de se former
pas impossible
une
idée
des
satisfactions
de l'être, alors même
impersonnelles
obtenu
l'état
de supériorité
qu'il n'a pas encore
intellectuelle
où l'on
ne parvient
que lorsqu'on
s'est
affranchi
sion
du
moi
frances.
de
N'arrive-t-il
goûter
succès
de
durer
de l'esclavage
des sens
et de l'illuou âtman,
cause
de tant
de souf-
une
après
notamment
à l'homme
il
du seul fait que le
joie,
une oeuvre
à l'accomplissement
a participé?
de voir
L'ambition
soi
une
couronne
laquelle
pas
véritable
entreprise
utile
qu'on
a com-
LA MORALE DU BOUDDHISME
mencée
mique
ne procéde-t-elle
où l'égoïsme
assez faible
qu'une
de notre
confortable,
sont
de
ne
sentiment
revendique
Le sacrifice
part?
des
jouissances
de la vie même que nous
offertes,
sacrifice
délibéré,
parti
pas d'un
d'une
idée,
poursuite
chose
le besoin
que
15
ne
accompli
révèle-t-il
de
satisfaire
cos-
déjà plus
volontaire
nous
qui
abrégeons
la
pour
autre
pas
un
intérêt
? Est-ce
bien
notre
nom,
purement
personnel
renommée
nous
notre
voulons
voir surque
à notre
courte
ou bien plutôt
vivre
existence,
la
pensée
nous
que
la grande
avons
que nous
avons
construit
le
pour
de l'Univers
? Et
machine
un
pas imaginer
bonheur
dans
traverseront,
conçue,
homme
d'étude
une pierre
solide pour
porteront
rable édifice de la Connaissance?
Tel
moral.
Ce qu'il
le seul
faut
bâtir
est le but
du bouddhiste.
suprême
aspiration
être continu,
le monde
doit sans
mais
ne
peut-on
place son
que
le cours des siècles
fécondes,
tionner;
rouage
service
de
qui
ses découvertes
la confiance
La Connaissance!
le
progrés
réaliser
réel
en
l'incompa-
suprême
Le progrés
cesse
est
et ap-
et la
doit
se perfecle progrés
ce monde,
c'est
de ce progrés
et constante
l'augmentation
graduelle
consiste
à multiplier
moral. Le moyen
d'y parvenir
LA MORALE DU BOUDDHISME
i6
sans
le nombre
cesse
de la pen-
des collaborateurs
à dire, le nombre
des pionniers
sée, ce qui revient
de la suprême
Commeconséquence
émancipation.
droit
pratique,leBouddhismedemandepourtousle
à chacun
les
afin de donner
corps,
les rouages
de
en mouvement
de mettre
moyens
le calme nécessaire
la réflexion.
Assurer
à autrui
au
du
repos
et la plus
telle est la meilleure
pour se recueillir,
haute application
de la Charité.
de
la compassion
Mais ce n'est pas seulement
le Boudl'homme
que préconise
pour l'homme
la nature
dhisme
: son immense
regard embrasse
entière.
tinés
Les êtres,
au nirvana;
les animaux,
ganiques.
contesté
les végétaux,
Le Christianisme
et même
n'a
des-
tous
entendre
les corps inorpas absolument
d'une âme rudilapossession
une ombre
leuraccorde
Augustin
aux animaux
saint
mentaire,et
de la Connaissance
va plus
quels qu'ils soient, sont
et par les êtres, il faut
loin
Scientioe similitudo).
chez
seulement
(quoedatn
: il admet,
non
mais jusque
plantes,
chose qui ressemble
chez
Il
les
les minéraux,
à l'amour
quelque
amores corpo-
(yelut
Les bouddhistes
rummomentasuntponderuni).
: les substances
pas eu d'hésitation
n'ont
inorganiques,
elles aussi, se développent,
et se désas'agrègent
suivant la loi générale
de l'évolution
et du
grègent
~nr.-,"
LA MORALE DU BOUDDHISME
17
l'univers.
dans
part la vie n'est absente
un endroit
où la vie n'existe-
elle
en apparence
Nulle
transformisme.
Supposer
La mort
rait pas, serait un non-sens,
une absurdité.
n'est qu'une
la formule
d'un malentendu
:
illusion,
ne se manifeste
sités
que par les nécessans cesse le mou-
mêmes
de la vie qui exigent
sans cesse des combinaisons
vement,
nouvelles.
s'étendre
doit
où la vie est partout,
l'amour
à tous
les êtres
sans
; et du
exception
moment
où
Du moment
souffrance
droit
tous
les
d'aboutir
avant
contre
à la libération,
est, de la sorte,
d'amour.
religion
jouissent
nécessaires
A un
à lutter
ont
la
tous
ont
à la Charité.
Le Bouddhisme
une
êtres
tous
Les
à ses
pour
yeux
atteindre
sans
êtres,
des
à
essentiellement
distinction,
virtuelles
qualités
la Connaissance.
ils n'occupent
il
pas tous,
est vrai, la même
:
place sur l'échelle
zoologique
il est juste qu'ils
dans chaque
vie les
supportent
de la liberté dont ils ont été investis
conséquences
et qui les a laissé libres d'accomplir
volontairement
moment
de bonnes
tences
d'obtenir,
moins
réalisation
donné,
ou de mauvaises
antérieures.
après
heureux,
de
actions
durant
des exis-
Il
de leur
volonté
dépend
la mort,
un organisme
plus ou
ou moins
à la
favorable
plus
leur
destinée.
Tous
sont
soli-
LA MORALE DU BOUDDHISME
i8
daires
les uns
seront
élus
des
n'est
autre
plus
chose
comme
mour,
ne
sont
tous
appelés,
condamné
sera
à un
la pensée
—du
moins
dans celle des sec—
éclairés
du Grand-Véhicule,
L'Enfer,
perpétuel.
des bouddhistes
les
; tous
: personne
enfer
tateurs,
autres
dans
d'ailleurs,
et l'absence
d'aque le remords
dans la pensée
de sainte Thérèse.
Il n'existe
et le Bouddhisme
n'héqu'un Purgatoire,
site pas sur l'endroit
où il est placé : le Purgatoire
est partout
où se rencontre
la forme,
où évolue
la matière.
les
Il est sur notre
innombrables
Les
dieux
régions
globe, et aussi bien dans
du firmament
étoile.
infiniment
eux-mêmes,
plus
encore
parfaits
acces-
mais néanmoins
que les hommes,
sibles aux passions,
dans une mesure
subissent,
allant
il est vrai sans cesse en s'amoindrissant,
les tentations,
les amertumes
et les souffrances
à la vie,
inhérentes
tatio (saint Augustin,
ils ne
les hommes,
des
tourbillon
Ma poena, quia Ma vita est tenCité de Dieu, xxi, 14) .Comme
sortiront
désirs
attaches
des dernières
qu'après
du moi,
définitivement
s'être
des
du
débarrassés
dernières
ser-
et de l'égoïsme.
personnalité
les dieux et les hommes,
Ils en sortiront,
vitudes
entrer
en
de la
dans
Europe
le nirvana,
le
sens
mot
de
fond
dont
en
on
pour
a dénaturé
comble,
parce
LA MORALE DU BOUDDHISME
19
dans quelle acception
il falqu'on n'a pas compris
hindous
les termes
lait entendre
que nous avons
disaient
rendus
par vide et par néant. Si les Anciens
la
que
horreur
a
nature
le vide
concevaient
qu'ils
du
c'est
vide,
d'une
parce
absolument
façon
Le « vide
à l'idée bouddhique.
», pour
étrangère
de tout
c'est l'absence
les disciples
du Tathâgata,
à
inhérentes
aux servitudes
ce qui nous enchaîne
la forme;
tive
« néant
le
et absolue
», c'est
ce qui
de tout
défini-
la délivrance
rattache
nous
à ces
servitudes.
était
Si le nirvana
a voulu
Bouddhisme,
la destruction
même
relâche,
Mouni
méfait.
ait transporté
Du
et sans
sans
un
bornes,
sans
tel
de l'amour!
perpétuité
des austérités
serait
ment
sans
on
le
que le comprend
n'aurait
d'autre but que de poursuivre
sans retour,
de
éternelle,
complète,
sans
restriction,
l'objet
serait
— l'amour
l'entendre,
comme
l'anéantissement
une
moment
où
la vie
la pratique
sanction,
niaiserie
Bien
et leur enseignela doctrine
de Çâkya-
que
l'idée d'amour
dans
les sphères
lui
instituteur
bien que ce grand
de la spéculation,
extraait donné,
comme
saint Paul, un objectif
— ce
au premier
abord,
terrestre,
qui semble,
—
attentatoire
à l'intérêt
immédiat
des créatures,
on
peut
affirmer
que
cette
idée
s'est
traduite
par
LA MORALE DU BOUDDHISME
20
une
dans
qui n'a jamais été surpassée
autre manifestation
aucune
de la morale
religieuse
La légende
du Bodhisattva,
humaine.
qui reprédu Bouddhisme
sente
nous en
l'esprit
primitif,
mansuétude
fournit
le plus
Le Bouddha,
touchant
avant
est un fils de roi,
innombrables
des souffrances
lui révèle
de parvenir à la Connaissance,
élevé au milieu
du luxe et des
Le tableau
joies d'une cour opulente.
des hommes
lui dessille
les yeux,
la haute
mission
rédemptrice
qu'il est
Il réfléchit
aux causes
de la
à accomplir.
et découvre
douleur,
appelé
d'y remédier.
s'arrache
néré,
Gôpa,
par la méditation
Aussitôt
il abandonne
aux
son épouse,
grandeurs,
des haillons
exemple.
les moyens
son père vé-
embrassements
quitte son
ses habits
échange
de mendiant
de
palais,
la
belle
renonce
aux
contre
somptueux
et commence
son oeuvre.
s'être
toutes
les abstinences
de la
imposé
les mortifications
du corps,
il parchair, toutes
vient à la connaissance
de la Loi ineffable qui doit
sauver
les créatures
et leur ouvrir la porte du nirAprès
vana.
il hésite
Cependant
cette Loi calme,
très
à faire connaître
calme
en
réalité,
au monde
cette
ne prend rien pour appui.
vide, parce qu'elle
être est-elle
inintelligible
pour les hommes
Loi
Peutdont
LA MORALE DU BOUDDHISME
21
elle révolte
les appétits
elle ne
grossiers,
auxquels
recepromet
pas le genre de salaire
qu'ils veulent
voir. Et silencieux,
il se propose
de demeurer
inactif
dans
la forêt.
En
ce moment,
nombrables
dans
Brahmâ,
ner
un
devant
sauver
d'arriver
l'espoir
la roue de la Loi,
jour
les pieds
du Bouddha
les créatures
:
et d'in-
de Çâkra
accompagné
de dieux,
myriades
Brahmâ,
lui-même
le grand
à tour-
vient
s'agenouiller
et le supplie
de
« Lève-toi,
du combat!
Fais pleuvoir
vainqueur
excellente
de la Loi ; fais franchir
l'océan
de
l'eau
la transmigration
à ceux qui s'y trouvent
plonde la souffrance
;
gés; délivre à jamais les victimes
rend calmes ceux que brûle
la corruption
corporelle. »
Le Bouddha
les
hommes,
d'autres
jette les yeux sur le monde ; il voit
les uns embourbés
dans
l'erreur,
enfin
la vérité,
un
entrevoyant
demeurant
dans le trouble
Tels,
au
bord
d'un
sont
étang,
nombre
grand
et l'hésitation.
les
lotus,
les uns
ne parviennent
pas à dépasser
de l'eau, tandis que les autres
s'élèvent
ou bien
dha
demeurent
réfléchit
la partie
indécise
que
entre
s'il
ne
deux
eaux.
prenait
de l'humanité,
dont
le niveau
au-dessus,
Et le Boud-
la parole,
la partie
innompas
LA MORALE DU BOUDDHISME
22
brable
de l'humanité,
naissance.
Et alors
n'atteindrait
à la Con-
point
le Bouddha,
pour
plein de miséricorde
le Dieu suprême,
et de compassion
Brahma,
pour
les hommes
consent
à tourner
la roue
indécis,
de la Loi
et à faire
connaître
aux
dieux
et à toutes
les créatures
les préceptes
de son enseignement.
Ces préceptes,
au nombre
de trois—s'abstenir
du
la vertu,
son coeur
rendre
péché,
pratiquer
— se résument
dans l'amour
du prochain,
pur,
dont il fait le couronnement
de l'édifice.
A ceux qui
ambitionnent
au plus vite
dans ce but, se
d'arriver
à l'émancipation
finale
et qui,
consacrent
à la vie monastique,
il ordonne
de ne
rien posséder,
de ne se nourrir
que de vivres dus
à l'aumône,
de renoncer
aux relations
charnelles,
de repousser
les liqueurs
de ne prendre
enivrantes,
des repas
des heures
de ne
déterminées,
qu'à
se livrer
à la danse,
de ne point
point
prendre
de ne point
faire usage de papart aux chants,
rures
et de parfums,
de ne pas se coucher
dans
des lits larges et moelleux,
de repousser
les dons
de s'abstenir
du trafic, de la lecture
des
inutiles,
récits
frivoles
et de
toute
des laïques.
A ceux qui ne se décident
correspondance
écrite
avec
pointa
sortir
du tour-
LA MORALE DU BOUDDHISME
billon
du
éclairer
monde,
leur
23
et qui cherchent
à
cependant
et à améliorer
leur coeur, il re-
esprit
commande
de ne point
ôter la vie aux animaux,
de ne point voler, de ne point
se livrer à un commerce sexuel
et enfin de ne point
abillégitime,
sorber
de liqueurs
enivrantes
ou de substances
soporifiques.
Le Bouddhisme,
en dehors
tions
le code
renferme
que
a la prétention
nastique,
plus
injoncsa discipline
mochose
de
quelque
de
d'être
qu'un
enseignement
religieux
la vie
Dans
il
mondaine,
une doctrine
socialiste.
phique.
comme
Ceux
du
superflu,
sans
en trop manque
matériel
incessant
penser
fortune
doivent
cience;
philoso-
se
présente
et, par mauvais
ou indifférence,
ne les consacrent
pas tout
à la cause
de l'humanité;
ceux qui font
entières
usage
sèdent
et
des richesses
qui possèdent
vouloir
vail
des sévères
et de
autrement
et lui enlève
ceux
réfléchir;
que
que ce qu'ils
posà un tral'oblige
songer
à autrui,
qui
comme
rendre
un compte
— ceux-là
sont
les moyens
de
considèrent
leur
un
journalier
en révolte
ils
dépôt dont
à leur
consavec
la na-
ture.
En
conséquence,
la Charité
est la plus
le Bouddhisme
solennelle
enseigne
des obligations
que
de
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