D`un point de vue histopathologique, le sarcoïde se

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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON
Année 2010 ­ Thèse n°
LE SARCOIDE EQUIN : PATHOGENIE ET ACTUALITES THERAPEUTIQUES
THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE­BERNARD ­ LYON I
(Médecine ­ Pharmacie)
et soutenue publiquement le 6 juillet 2010
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
BISCH Valérie
Née le 04 mars 1986
à Oullins
1
2
3
4
REMERCIEMENTS
A Monsieur le Professeur Faure
qui nous a fait l'honneur d'accepter la présidence de notre jury de thèse
Hommages respectueux
A Monsieur Pin
que nous tenons à remercier pour son soutien et sa disponibilité dans l'élaboration de ce travail
Sincères remerciements
A Monsieur le Professeur Cadoré
qui nous a fait l'honneur de participer à notre jury de thèse
Sincères remerciements
5
A mes parents, pour tout leur amour et leur soutien.
A Arnaud, l'homme de ma vie, qui me supporte tous les jours.
A mes soeurettes, merci d'être toujours là pour moi.
A mes grands parents, merci pour votre affection.
A mes amis de la CSI, merci pour toutes ces années d'amitié fidèle quelque soit la distance et le temps.
A mes amis vétos, merci pour tous ces bons moments passés ensemble et à venir.
A la clinique Daure, merci de m'avoir encouragé lors de mes débuts dans la profession.
6
TABLES DES MATIERES
Table des illustrations 11
Introduction 13
I)
Caractéristiques du sarcoïde équin 15
1) Epidémiologie 15
a) prévalence 15
b) Influence de différents facteurs 15
•
•
•
•
•
•
•
•
L’âge 15
La robe 15
Le sexe 15
Plaies et traumatisme 16
Les saisons 16
Les races 16
L’hérédité 16
La géographie 17
2) Formes cliniques 17
a) Les sites privilégiés des sarcoïdes 17
b) Les différents types de sarcoïdes •
•
•
•
•
Le sarcoïde verruqueux 20
Le sarcoïde fibroblastique 20
Le sarcoïde mixte 20
Le sarcoïde occulte 20
Le sarcoïde malin 21
3) Lésions microscopiques 23
a) Rappel de la structure de la peau du cheval 23
•
•
•
L’épiderme 25
La jonction dermo­épidermique 27
Le derme 28
7
•
•
L’hypoderme 29
Les annexes 29
b) Les lésions microscopiques du sarcoïde équin 29
•
•
•
II)
La composante épithéliale 30
La composante dermique 30
La jonction dermo­épidermique 30
Etiologie et pathogénie 33
1) Etude des agents viraux probablement responsables du sarcoïde 33
a) Mise en évidence d’une intervention virale 33
b) Rôle d’un rétrovirus 34
c) Rôle des papillomavirus 35
i) Rappels sur les particularités des papillomavirus 35
•
•
•
•
•
•
Généralités sur les papillomavirus 35
Structure des papillomavirus et organisation des génomes 35
Mécanisme d’infection : interaction virus­cellules 37
La réponse immunitaire face au BPV et rôle de certaines oncoprotéines dans le mécanisme d'échappement au système immunitaire 37
Classification des virus 39
Transmission des virus 39
ii) Le pouvoir pathogène des papillomavirus dans les sarcoïdes équins 40 •
•
•
•
iii)
Historique de la transmission expérimentale 40
Détection de l’ ADN viral 41
Détection de l’ARN viral et des protéines virales 44
Variabilité des papillomavirus et expression clinique des sarcoïdes 45
La transmission des BPV aux chevaux 50
8
iv)
Infection latente des chevaux aux BPV 52
2) Prédispositions génétiques de l’hôte aux sarcoïdes 54
a) Cas familiaux de sarcoïdes équins 54
b) Rôle du Complexe Majeur d’Histocompatibilité (CMH) 55
•
•
Rappel sur le CMH 55
Association entre le CMH et certaines maladies dans d’autres espèces 55
• Relation entre les Antigènes Leucocytaires Equins (ELA) et le sarcoïde équin 56
III) Diagnostic d’un sarcoïde équin 61 1) Anamnestique et clinique 61 2) Examens complémentaires 61 a)
b)
c)
d)
Cytologique 63
Histologique 63
Recherche du papillomavirus dans la peau de cheval 64
Recherche du profil génétique du cheval 64
IV) Les méthodes thérapeutiques 67
1) Généralités 67
2) Les méthodes invasives 68
a)
b)
c)
d)
e)
Exérèse chirurgicale 68
Cryochirurgie 69
Laserthérapie 70
Ligature 71
L’hyperthermie intratumorale 71
9
3) Les méthodes non invasives 72
a)
b)
c)
d)
e)
f)
g)
h)
Radiothérapie 72
Immunothérapie avec le BCG 74
Autre immunothérapie 76
Chimiothérapie topique 76
Chimiothérapie intratumorale 78
Electrochimiothérapie (ECT) 80
Photothérapie 83
Perspectives sur de nouveaux traitements 83
i) La thérapie vaccinale des chevaux 84
4) Choix du traitement en fonction du type de sarcoïde 84
V)
Quatre cas cliniques 87
a) Anamnèse
b) Traitement choisi
c) Suivi
Annexes 101
Conclusion 105
Bibliographie 107
10
TABLES DES ILLUSTRATIONS
FIGURES :
Figure n°1 : Représentation des sites privilégiés en fonction des types de sarcoïdes (d’après Pascoe en 1999). 19
Figure n°2 : Le génome et le mode d’infection des HPV (Vasseur, 1989). 36
Figure n°3 : Résultats de typage des ELA dans des familles sujettes aux sarcoïdes ( Gerber 1989). 58
Figure n°4 : Rôle du gène p53 (Ceraline et al, 1997). 102
PHOTOS : Photo n°1 : (a) Sarcoïde de type fibroblastique au niveau de la cuisse face médiale d’une jument. (ENVL) 22
(b) Sarcoïde de type verruqueux localisé sur le naseau externe d’un cheval. (ENVL) 22
Photo n°2 : Les 4 régions de la peau d'un cheval (Laboratoire de Dermatopathologie VetAgro Sup) 24
Photo n°3 : Un épiderme de cheval x 50 (Laboratoire de Dermatopathologie VetAgro Sup) 25
Photo n°4 : Lésions microscopiques de sarcoïde (Laboratoire de de Dermatopathologie VetAgro Sup) 31
Photo n°5 : Masse sur le poitrail de Prince (Photo de V. Bisch). 87
Photos n°6 : Chirurgie d’exérèse du sarcoïde (V.Bisch). 88
Photo n°7 : Tumeur sur le pénis d'Altamiro (V. Bisch). 89
Photos n°8 : Chirurgie d'exérèse (V. Bisch). 90
Photo n°9 : Cryochirurgie (V. Bisch). 91
Photos n°10 : Les sarcoïdes de Téquila (V. Bisch). 92
Photo n°11 : Les produits injectés dans la masse sarcoïdienne (V. Bisch). 93
Photo n°12 : Mise en place d’un élastique à la base du nodule (V. Bisch). 94
Photo n°13 : Sarcoïde de la paupière de Made in Blond (M. Depecker, ENVL). 95 Photos n°14 : au cours de la chirurgie (M. Depecker, ENVL). 97
Photo n°15 : Masque de protection (M. Depecker, ENVL). 98
Photo n°16 : Plaie de la paupière en cours de cicatrisation et ulcère à l'œil (M. Depecker, ENVL). 99
11
TABLEAUX : Tableau n°1 : Répartition des sarcoïdes équins selon leur localisation d’après Dumont. 18
Tableau n°2 : Caractéristiques histologiques majeures d’un sarcoïde et variations d’après Tarwid, Fretz et Clark en 1985. 32
Tableau n°3 : Résultats des analyses par PCR de l’ADN génomique et par RT­
PCR (Chambers et al, 2003). 46
Tableau n°4 : Diagnostic différentiel des différents types de sarcoïdes. 62
Tableau n°5 : Résultats de l’immunothérapie dans le traitement du sarcoïde équin d’après Théon (1998). 75
Tableau n°6 : Synthèse des données récentes sur trois traitements médicaux des sarcoïdes équins. 82
Tableau n°7 : Efficacité relative des différents traitements sur les différentes formes du sarcoïde équin d’après Pascoe. 85
Tableau n°8 : Résumé des résultats obtenus selon les différentes thérapies. 86
12
INTRODUCTION :
Le sarcoïde équin est une tumeur cutanée localement invasive non métastatique. Le sarcoïde équin a été en premier décrit par Jackson en 1936 en Afrique du Sud, nommé aussi alors sarcoïde de Jackson ; avant Jackson, ce type de tumeur était associé au fibrome ou fibrosarcome. Il constitue la néoplasie la plus fréquente chez le Cheval, l'Ane et le Mulet. A l'autopsie, 20% de l'ensemble des tumeurs équines sont des sarcoïdes. Dans une enquête des universités de Berne et de Zurich, 90% des tumeurs cutanées équines sont des sarcoïdes (de 1 à 2% des consultations en pratique vétérinaire équine). Le taux de morbidité estimé aux Etats­
Unis est de 6p.1000.
Par ailleurs, ces dernières années, de nombreuses avancées scientifiques concernant plus particulièrement la pathogénie du sarcoïde et les méthodes thérapeutiques ont été effectuées. Ainsi par sa prévalence importante et par l’évolution des connaissances à son sujet, il nous ait paru intéressant de réaliser cette recherche bibliographique sur la thématique du sarcoïde.
Au cours de notre étude, nous rappellerons tout d’abord les caractéristiques du sarcoïde, c'est­
à­dire son épidémiologie, ses différentes formes cliniques, ainsi que son aspect microscopique. Puis nous nous intéresserons aux mécanismes pathogéniques et plus particulièrement aux nouvelles trouvailles scientifiques. Par la suite, nous étudierons les méthodes pour diagnostiquer un sarcoïde. Enfin nous décrirons les différentes possibilités thérapeutiques avec leurs avantages et inconvénients respectifs, en illustrant avec des cas cliniques.
13
14
I)
Caractéristiques du sarcoïde équin
1) Epidémiologie a) Prévalence
Le sarcoïde équin est la tumeur la plus fréquente chez le cheval. Son importance varie selon des études de 36% à 78%. Sundberg, en s’appuyant sur une synthèse de différentes études, considère que ces tumeurs représentent 36,8% des tumeurs cutanées du cheval.
b) Influence des différents facteurs
­ L’âge :
Dans une étude, effectuée à l’école vétérinaire de Berne, de 242 chevaux atteints de sarcoïdes équins, 68% avaient entre 3 et 6 ans et 75% moins de 6 ans. Cette étude montre donc que les chevaux de tout âge peuvent être touchés mais avec une plus grande importance pour les jeunes chevaux, toutefois, les yearlings sont rarement touchés.
­ La robe :
Il n’y aurait pas de prédisposition de robe.
­ Le sexe :
Le sexe ne semble pas avoir d’influence sur la sensibilité ou l’apparition du sarcoïde. Toutefois, selon l’étude de Mohammed en 1992, les hongres possèdent un plus fort risque de développer des sarcoïdes que les étalons ou les juments. Les chercheurs de cette étude ont émis l’hypothèse de l’exposition à l’agent causal lors du traumatisme de la castration.
15
­ Plaies et traumatisme :
En effet le développement des sarcoïdes est favorisé lors de plaies, de chéloïdes. De même, les morsures, les piqûres de mouches augmenteraient la fréquence de développement et de diffusion des sarcoïdes.
­ Les saisons :
Les saisons ne semblent pas influencer l’apparition des sarcoïdes. Pourtant de récentes études expliquent la possible intervention des mouches piqueuses jouant le rôle de vecteur « épidémique » dans certaines régions du monde.
­ Les races :
Selon l’étude de Mohammed, Rebhun et Antczak réalisée aux Etats­Unis, les Quarters Horses, les Appaloosas et les chevaux Arabes sont atteints plus fréquemment, soit 4 fois plus que les trotteurs. Des études comparables ont été menées dans différents pays d’Europe : les Quarters Horses seraient deux fois plus atteints que les Pur­sangs, et les chevaux de selle moins par rapport aux autres races.
Cependant, dans ces études, il n’existe pas de population de référence. Ainsi il est important de rester critique quant à la prédisposition de certaines races aux sarcoïdes.
­ L’hérédité :
Certaines familles de chevaux ont accumulé des cas de sarcoïdes, suggérant l’intervention d’un gène de sensibilité au sarcoïde :
­ 4 des 5 chevaux d’une famille consanguine d’après Ragland en 1966.
­ les 3 poulains d’une même jument d’après James en 1968.
Cependant les chevaux d’une même famille sont exposés aux mêmes contraintes environnementales ainsi il reste difficile de déterminer la part de génétique.
16
­ La géographie :
Il existe des variations dans l’expression clinique du sarcoïde en fonction des pays. Au Royaume Uni, les sarcoïdes simples sont rares et les lésions multiples sont plus communes que dans n’importe quel autre pays. En Australie, en Afrique ou en Amérique du Nord, les sarcoïdes verruqueux et occultes sont inhabituels contrairement en Europe. Par la suite, nous verrons que ces variations sont plutôt dues à des différences de l’agent causal probable.
2) Différentes formes cliniques : a) Les sites privilégiés des sarcoïdes :
Les sarcoïdes peuvent apparaître partout sur le corps de l’animal. Toutefois, ils se développent préférentiellement au niveau des membres, sous le ventre, sur l’encolure et sur la tête (plus particulièrement au niveau des paupières et de la commissure des lèvres). 17
Localisations
œil
Oreille
Maxillaires
Lèvres
Nez
Tête (non précisé)
Total tête
Encolures
Membres
App génital femelle
App génital mâle
Périnée
Total sphère génitale
Autres
Total général
Nombre de sarcoïdes
17
10
7
4
1
4
43
9
28
0
4
0
4
6
90
% de sarcoïdes par localisation
19
11,1
7,8
4,4
1,1
4,4
47,8
10
31,1
0
4,4
0
4,4
6,7
100
Tableau n°1 : Répartition des sarcoïdes équins selon leur localisation d’après Dumont.
Pour JM Krawiecki, 50% sont localisés sur la tête (dont 15% sur l’œil et 10% sur les oreilles) et 25% sur les membres ; alors que pour Sullins et al, la localisation aux membres représente 45,8% alors que la tête et l’encolure ne comptent que pour 31,6%.
La localisation des sarcoïdes dépend aussi de leurs types, comme le montre le schéma ci­
dessous : 18
Sarcoïde vérruqueux
Sarcoïde fibroblastique nodulaire
Sarcoïde mixte
Sarcoïde malin
Figure n°1 : Représentation des sites privilégiés en fonction des types de sarcoïdes. (d’après Pascoe en 1999)
Les sarcoïdes se développent préférentiellement au niveau d’anciennes blessures ou de cicatrices, notamment pour les sarcoïdes fibroblastiques évolutifs.
Les sarcoïdes peuvent parfois être confondus avec d’autres lésions cutanées ; par exemple, leur croissance rapide et leur dissémination sur plusieurs parties du corps rappellent le développement des papillomes équins. Cependant la régression spontanée souvent constatée dans le cas des papillomes l’est rarement en ce qui concerne les lésions de sarcoïdes.
Il est intéressant de noter que les sarcoïdes agressifs de type nodulaire, fibroblastique ou malin, se retrouvent particulièrement sur des parties du corps où la peau est fine et bien irriguée telles que les paupières, l’intérieur des membres, ce qui concourt à favoriser l’ulcération rapide de ces lésions.
19
b) Les différents types de sarcoïdes :
Il existe cinq types différents de sarcoïdes :
­
Verruqueux : aspect de nodules ou de plaques kératinisées, ressemblant à un papillome, aspect de verrue, de chou­fleur. La tumeur est généralement glabre mesurant 5 à 6 centimètres, elle peut rester stable ou se transformer, à la faveur d’un traumatisme, en sarcoïde de type fibroblastique.
­
Fibroblastiques : ces sarcoïdes ont un potentiel évolutif et invasif nettement supérieur aux sarcoïdes verruqueux. Ainsi ils peuvent se diviser en deux sous catégories :
o La forme nodulaire : formation de nodules sous cutanés fermes mobilisables de plus grande taille. Ces nodules fibreux sessiles ou pédiculés ressemblent à un tissu de granulation, autrement nommé « bouton de chair ».
o La forme évolutive : elle est composée de plusieurs nodules joints donnant un aspect bosselé. Ces tumeurs s’ulcèrent fréquemment à la suite d’un traumatisme ou de microtraumatismes répétés comme les frottements, lors de localisation particulière.
­
Mixtes : ces formes associent sur une même tumeur ou sur un même animal, des tumeurs à des stades différents. Ainsi son aspect est mixte alliant des parties verruqueuses à des parties fibroblastiques, souvent ulcérées ou infectées. Cette coexistence de plusieurs formes cliniques est un facteur de suspicion très important dans le diagnostic des sarcoïdes.
­
Occultes : les lésions sont généralement uniques et limitées à l’épiderme superficiel. Ce dernier devient gris, plat, épaissi, rugueux souvent dépilés, parfois squameux et croûteux. Ce type a une croissance lente mais il peut évoluer vers les types décrits précédemment.
20
­
« Malins
» : ce type apparaît spontanément avec des caractères de sarcoïdes fibroblastiques, nodulaires ou suite à une intervention sur un sarcoïde localisé sur le coude ou le genou. Il est particulièrement agressif avec parfois des infiltrations des vaisseaux lymphatiques avec de nombreux nodules ulcérés sur le trajet des cordons vasculaires.
21
Photo n°1 : (a) Sarcoïde de type fibroblastique au niveau de la cuisse face médiale d’une jument (ENVL)
(b) Sarcoïde de type verruqueux localisé sur le naseau externe d’un cheval (ENVL)
22
3) Lésions microscopiques :
a) Structure de la peau du cheval :
La peau se subdivise en 4 régions superposées qui sont de la superficie vers la profondeur : l’épiderme, la jonction dermo­épidermique, le derme et l’hypoderme. L’épiderme, superficiellement, est un épithélium non vascularisé. La jonction dermo­épidermique comme son nom l’indique sépare l’épiderme du derme. La complexité de sa structure et son importance fonctionnelle en font une zone à part entière. Le derme se poursuit en profondeur par l’hypoderme sans limite franche. Tous les deux sont des tissus conjonctifs richement vascularisés suivant une systématisation très précise. L’innervation est importante ce qui explique la sensibilité de la peau aux facteurs extérieurs. Les annexes de la peau qui sont d’origine épidermique, sont situées dans le derme et l’hypoderme. L’épaisseur de la peau du cheval varie de 1 à 5 mm. 23
Photo n°2 : Les 4 régions de la peau d'un cheval (Laboratoire de Dermatopathologie VetAgro Sup) 1 = épiderme
2 = jonction dermo­épidermique
3 = derme
4 = hypoderme
5 = aponévrose
6 =tissu musculaire
1
3
2
4
5
6
24
­
La couche externe : l’épiderme :
C’est un épithélium kératinisé pluristratifié composé de cinq couches cellulaires : les couches basale, épineuse, granuleuse, claire et cornée. Photo n°3 : Un épiderme de cheval x 50 (Laboratoire de Dermatopathologie VetAgro Sup)
Il forme la couche externe de la peau. Il est résistant, imperméable et protège les tissus sous­
jacents. Des millions de cellules cutanées meurent ainsi chaque jour et sont éliminées, ce qui permet le renouvellement
constant
des
cellules
de
l'épiderme.
Les frottements sur la peau augmentent la production cellulaire et entraînent la formation d'une couche épaisse de protection. 25
o La couche basale : C’est la couche la plus profonde. Elle est constituée par une seule assise de cellules cuboïdes reposant sur une membrane basale. Cette couche génératrice est le siège d'une forte activité mitotique, appelée aussi « stratum germinativum ».. Entre ces cellules basales s'intercalent les cellules responsables de la mélanogenèse (pigmentation de la peau): les mélanocytes. o La couche épineuse ou corps muqueux de Malpighi
Il s’agit d’une couche composée de 3 à 10 assises de cellules polygonales : les kératinocytes. Ces cellules s’aplatissent peu à peu vers la surface. C’est la couche la plus épaisse de l’épiderme et se situe juste au dessus de la couche basale. Elle contient les cellules de Langerhans. Nous allons nous intéresser davantage à ces cellules car, comme nous le verrons par la suite, elles sont impliquées dans la pathogénie du sarcoïde équin.
Les cellules de Langerhans, troisième population cellulaire de l’épiderme, représentent 3 à 8 p. 100 des cellules épidermiques. Elles appartiennent au groupe des cellules dendritiques présentatrices d’antigènes aux lymphocytes T, transépithéliales. En effet, les cellules de Langerhans sont d’abord produites au niveau des organes hématopoïétiques. Elles vont ensuite migrer vers l’épiderme, s’y installer, y acquérir leur morphologie dendritique et un phénotype spécifique. Là, dans l’épiderme, la fonction des cellules de Langerhans est de capturer les exoantigènes par la voie des endosomes, de les apprêter et de les réexprimer en surface avec les molécules de classe II du Complexe Majeur d’Histocompatibilité. Les cellules de Langerhans migrent ensuite à travers l’épiderme, puis le derme vers le système lymphatique où elles prennent alors l’aspect de cellules voilées. Enfin, elles gagnent le cortex profond des ganglions lymphatiques où elles prennent le nom de cellules interdigitées. C’est là qu’elles présentent l’antigène sous forme de peptides associés aux molécules de classe II du complexe majeur d’histocompatibilité, préférentiellement aux lymphocytes T CD4+ de type Th1. Ce sont les seules cellules présentatrices d’antigènes, capables de présenter un antigène à un lymphocyte T naïf.
26
o La couche granuleuse :
C’est une couche intermédiaire de l’épiderme. Elle est constituée par 1 à 4 assises de cellules aplaties dont les noyaux picnotiques à différents stades de sénéscence sont entourés de grains de kératohyaline donnant à cette couche une teinte très foncée.
o La couche claire : Elle comporte une seule assise de cellules très aplaties.
o La couche cornée :
C’est la couche la plus superficielle. Elle est plus ou moins épaisse et est constituée de cellules mortes kératinisées, éosinophiles et dépourvus de noyaux. ­ La jonction dermo­épidermique :
Cette jonction assure l’adhérence entre le derme et l’épiderme, autrefois nommée membrane basale. Elle se compose d’un réseau de fibres réticuliniques et de mucopolysaccharides. Les crêtes épidermiques ne se retrouvent chez le cheval que dans les zones glabres contrairement à l’homme ou au porc. Dans les régions pileuses, la limite inférieure de la jonction dermo­
épidermique reste parallèle à la surface cutanée. Ainsi, la présence de crêtes épidermiques, formations consécutives à l’abaissement de l’épiderme, dans les zones pileuses associées à des papilles dermiques, formations consécutives à la montée de l’épiderme, est signe que l’épiderme réagit. Il s’agit d’une réaction inflammatoire. Ainsi ces formations seront toujours liées à une pathologie et seront caractéristiques d’une hyperplasie épidermique.
27
­ Une couche interne : le derme Il s’agit de la couche interne, épaisse de la peau, c’est un tissu élastique qui fixe l’épiderme sur le corps. Il est composé de trois structures principales:
­ la substance fondamentale
­ les fibres
­ les cellules
Par ailleurs, il contient les follicules pileux, les glandes sébacées et sudoripares, les vaisseaux sanguins et lymphatiques, les nerfs… Chez le cheval, on parle de derme superficiel et profond ayant comme limite la partie profonde des glandes sébacées.
o La substance fondamentale Elle se compose d’eau et d’éléments solubles sécrétés par les fibroblastes tels que l’acide hyaluronique, la chondroïtine­ 4 et ­6­sulfate et le dermatan­sulfate, qui sont en échange permanent avec le compartiment circulant.
Ainsi la substance fondamentale est à la fois le support et le milieu nutritif du derme.
o Les fibres Le derme, de nature conjonctive, est surtout formé de faisceaux de fibres de collagène, disposées en bandes onduleuses et, entrecroisées, mêlés de fibres élastiques sinueuses et de fines fibres de réticuline.
28
o Les cellules Nous nous intéresserons plus particulièrement aux fibroblastes, éléments constitutifs du sarcoïde. Leur origine : Au cours de l’embryogenèse, des cellules mésenchymateuses fusiformes en développement se différencient en une variété de cellules de soutien dont le fibroblaste.
Leur fonction : Les fibroblastes font parties des cellules de soutien. Ils sécrètent la matrice extracellulaire (MEC) dans la plupart des tissus de soutien. La MEC joue un rôle important de support mécanique et d’organisation spatiale de tous les tissus. Les fibroblastes produisent le tissu fibreux, composé essentiellement de fibres de collagène associées à des glycoaminoglycanes (GAGs), des fibres élastiques et des fibres de réticuline.
Par ailleurs, des cellules dendritiques dermiques, des macrophages et des mastocytes se concentrent en région périvasculaire dans le derme superficiel.
­ L’hypoderme :
Il s’agit d’un tissu adipeux divisé en lobules par des travées conjonctives, recouvrant le muscle paniculaire.
­ Les annexes : La peau renferme diverses formations dites annexes:
∙ le follicule pilo­sébacé formé du poil et de la glande sébacée appendue au canal pilaire.
∙ les glandes sudorales exocrines et apocrines.
b) Lésions microscopiques du sarcoïde équin Le sarcoïde, d’un point de vue microscopique, se présente sous la forme d’une prolifération de fibroblastes, disposées en palissade à la jonction dermo­épidermique associé à un épiderme hyperplasique.
29
Selon la définition de l’OMS, le sarcoïde est une tumeur d’origine mésenchymateuse atteignant spécifiquement la peau des chevaux. Cette tumeur diffère du fibrosarcome ou du fibrome par sa composante bi phasique : à la fois épidermique et dermique en proportion variable. Dans certains sarcoïdes particulièrement ceux ulcérés, la composante épidermique est minimale voire absente. A l’opposé, dans certains sarcoïdes verruqueux sessiles, la composante épidermique domine et la composante dermique se limite à une mince bande de fibroblastes actifs suspendus à l’épiderme. (Moulton, 1990)
­
La composante épithéliale : Un épithélium hyperplasique est caractéristique, on parle d’hyperplasie pseudo épithéliomateuse avec des prolongements profonds de l’épithélium dans le derme, appelés aussi « rete pegs ». Une hyperkératose et une parakératose sont fréquemment associées. On observe parfois de petites inclusions kystiques intradermiques par des follicules pileux dilatés et dégénérés.
­
La composante dermique : Il s’agit de fibroblastes et de fibres de collagène avec des dispositions particulières en tourbillons ou en entrelacs par exemples. Les cellules tumorales sont souvent en fuseau avec des noyaux allongés. Des fibroblastes ovoïdes, dont une grande proportion en mitose, peuvent être visualisés dans les lésions des sarcoïdes à croissance rapide.
­
La jonction dermo­épidermique : Les sarcoïdes se présentent sous la forme d’une prolifération de fibroblastes disposés perpendiculairement à la membrane basale, ce qui donne une organisation en palissade ou picket fence en anglais dans le derme sous dermique.
Cette disposition est pratiquement pathognomonique des sarcoïdes équins et donc recherchée par l’histopathologiste.
30
(a) Le derme x100 (b) Atteinte de l'épiderme x200
(c) Entrelacs x100 (d) En arêtes de poisson x200
Photo n°4 : Lésions microscopiques de sarcoïde (Laboratoire de Dermatopathologie VetAgro Sup)
31
Nous pouvons observer l’hyperkératose, des fibroblastes en entrelacs dans le derme, des fibroblastes disposés en palissade à la jonction dermo­épidermique constituant des lésions caractéristiques du sarcoïde équin.
Les différentes caractéristiques, citées ci­dessus, ne sont pas toujours présentes à l’examen histologique de la tumeur. Lors d’une étude sur 100 sarcoïdes, Tarwid, Fretz et Clark ont calculé les fréquences de ces différentes caractéristiques et les variations qui peuvent être rencontrées. Les critères majeurs servant au diagnostic histologique du sarcoïde sont résumés dans le tableau ci­dessous.
Caractéristiques majeures
Variations
Hyperkératose épidermique (sauf si Légère à modérée
ulcération)
Hyperplasie épidermique
Absente dans 33 % des cas, souvent focale et Rete pegs
associée à des rete pegs
Toujours présents, mais variation de taille, de Ulcération épidermique
Erosion épidermique
Tissu de granulation nombre et d’épaisseur
69% des cas
5% des cas
Présent dans 33% des cas (50% des tumeurs Aspect en palissade
ulcérées)
91%
Tableau n°2 : Caractéristiques histologiques majeures d’un sarcoïde et variations d’après Tarwid, Fretz et Clark en 1985.
32
II) Etiologie et pathogénie
De très importantes avancées scientifiques concernent les aspects étiologique et pathogénique de cette maladie, consécutives aux progrès des technologies de la biochimie et de la génétique. Le sarcoïde est une tumeur multifactorielle avec l’intervention de différents agents pathogènes comme nous allons l’étudier ci­après.
1) Etude des agents viraux probablement responsables du sarcoïde
a) Mise en évidence d’une intervention virale : ­
Jackson, 1936 : Les premiers rapports décrivant les sarcoïdes équins suggèrent une origine virale basée sur leur apparence, leur morphologie et leur système de propagation.
­
Voss, 1969 : Des expériences de transmissions furent réalisées. Les transferts autologues et hétérologues du sarcoïde avec un morceau de tumeur réussirent. En effet, l’inoculation d’une suspension de sarcoïde hachée ainsi que d’un surnageant acellulaire après centrifugation sur une peau scarifiée conduit à l’apparition de la tumeur au niveau des sites inoculés. Ces sarcoïdes induits ne pouvaient être distingués des sarcoïdes naturels. Le transfert autologue est toutefois significativement plus efficace que le transfert hétérologue (80% de réussite contre 17% pour le transfert hétérologue) et les lésions se sont développées plus rapidement (57 jours contre 115 jours). Par ailleurs, les mêmes inoculas administrés par voie sous cutanée, intradermique ou sur peau saine sans scarification n’ont pas eu d’effet.
Ainsi ces travaux suggèrent l’intervention d’un agent pathogène, probablement viral du fait de l’efficacité d’un inocula acellulaire mais d’une faible contagiosité du fait de la faible reproductibilité des expériences.
33
b) Rôle d’un rétrovirus
­
England et al., 1973, Fatemi­Nainie et al., 1982, 1984; Cheevers et al., 1982 :
Des études sur une lignée cellulaire MC1 provenant d’un sarcoïde naturel révèlent la présence de particules similaires à des virus, possédant une reverse transcriptase et un génome à ARN. Or ces caractéristiques définissent le type rétrovirus.
­
Cependant, dans une autre étude en 1986, Cheevers et al montre que comme le virus de l’Anémie Infectieuse Equine, le virus associé à la lignée MC1 n’est pas oncogène, ce qui caractérise en partie les rétrovirus endogènes. ­ De plus, les cellules d’un cheval sain contiennent un provirus homologue au génome de
celui isolé, mais qui est réprimé par les cellules elles­mêmes.
­
Ainsi, Cheevers et al concluent que le rétrovirus isolé est endogène et qu’il est réprimé dans les cellules normales de type MC1, observations confirmées par Fatemi­Nainie et al en 1984.
La relation de causalité entre le rétrovirus et le sarcoïde n’a donc pas été établie et reste incertaine au vu des expériences précédentes.
34
c) Rôle des papillomavirus
Etant donné l’importance des découvertes sur le rôle des papillomavirus dans la pathogénie du sarcoïde, un rappel sur leurs particularités s’impose.
i) Rappels sur les particularités des papillomavirus
•
­
Généralités sur les papillomavirus
Les papillomavirus sont extrêmement répandus dans la nature. On en trouve en particulier chez de nombreux mammifères comme l’homme, le chien, le bœuf, le lapin, la souris, le mouton…
­
Ils possèdent une spécificité stricte, à la fois pour une espèce animale particulière et pour un organe précis. Les expériences d’infection de souris, de rats, de singes par les papillomes humains n’ont pas donné de résultats convaincants. La seule exception à cette règle semble être le papillomavirus bovin BPV, qui présente un tropisme large et peut infecter le hamster, la souris, le lapin, le cheval…
­
Les papillomavirus, tant animaux qu’humains, se caractérisent à la fois par un tropisme très précis pour les cellules des épithéliums stratifiés et par une grande variété dans les organes cibles.
•
Structure des papillomavirus et organisation des génomes :
­
Il s’agit de virus appartenant à la famille des Papovaviridae. ­
Ils sont nus, sphériques avec une capside de structure icosaédrique, composée exclusivement de protéines virales. Ils mesurent 55 nm de diamètre. ­
Ils sont constitués d’une simple molécule d’ADN circulaire double brin mesurant 8kbp. Chez les papillomavirus, un seul des deux brins du génome contient des cadres de lecture ouverts (ORF pour open reading frame) et l’analyse de la transcription, effectuée à partir de cellules de lésions provoquées par les virus BPV, confirme qu’un seul des deux brins est transcrit.
35
­
Six polypeptides ont été identifiés dont deux formant la capside.
­
L’ ADN est infectieux : les infections sont généralement persistantes avec le génome viral porté par une forme épisomal ou intégré dans l’ADN des cellules.
­
Le virus est résistant aux solvants ou détergents lipidiques, au pH bas et aux hautes températures.
Prenons l’exemple des papillomavirus humains (HPV) :
Figure n°2 : L e génome et le mode d’infection des HPV
. ( Vasseur, 1989)
Le génome des HPV, comme celui des BPV, est constitué par un ADN double brin, circulaire de 8kpb avec 9 gènes chevauchants.
En orange, il s’agit des gènes tardifs (L pour Late), structuraux codant les deux protéines de la capside. L1, protéine majeure de la capside, est capable de s’autoassembler en VLP (Virus Like Particles) composant ainsi les vaccins anti BPV.
36
En rouge et vert, il s’agit des gènes précoces (E pour early), non structuraux intervenant dans le cycle cellulaire, responsables de la prolifération épithéliale bénigne des papillomes. Mais, dans le cas des HPV cancérigènes (HPV­16,­18 et d’autres selon les pays), les protéines E6 et E7 inhibent p53 et pRb, protéines cellulaires proapoptotiques, antioncogènes.
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Mécanisme d’infection : interactions virus­cellules
Les papillomavirus présentent un tropisme strict pour les kératinocytes des épithéliums en cours de différenciation. Ils ne s’expriment et ne se répliquent qu’en association étroite avec les processus de différenciation terminale des épithéliums stratifiés, soit de la peau, soit des muqueuses.
Initialement, par une brèche dans le revêtement cutané ou muqueux, le virus est inoculé aux cellules basales de l'épithélium qui, en se multipliant, « montent » vers la surface tout en se différenciant. Or seules les cellules les plus différenciées des couches superficielles ­ les cellules en voie de kératinisation ­ assurent le cycle viral complet (expression des gènes précoces, non structuraux, et des gènes tardifs, structuraux) avec une abondante production de particules virales. La desquamation de ces kératinocytes infectés assure la diffusion du virus dans la population. En revanche, une expression des seuls gènes viraux précoces dans les couches basales de l'épithélium rend compte de l'acanthose et de l'hyperplasie à l'origine de la tumeur.
Ces associations étroites entre un processus de différenciation et le développement du virus rendent compte de l’insuccès des essais de culture in vitro du virus. Le seul virus pouvant se multiplier in vitro est le papillomavirus bovin BPV.
•
La réponse immunitaire face au BPV et rôle de certaines oncoprotéines dans le mécanisme d’échappement au système immunitaire
La réponse immunitaire des bovins face au BPV est étonnamment faible. Les animaux peuvent porter des tumeurs importantes, produisant activement une grande quantité de virus, mais les anticorps anti­BPV sont rarement détectés. Cette faille du système immunitaire 37
provient du fait que le cycle du virus est restreint à l'épithélium et ainsi non en contact avec le système immunitaire. Par ailleurs, en plus de ce mécanisme passif d'échappement au système immunitaire, les papillomavirus ont développés des mécanismes d'évasion au système immunitaire afin de permettre la progression et la persistance de l'infection.
­
L’oncoprotéine E5 :
L’oncoprotéine E5, formée de 44 acides aminés, est une protéine transmembranaire du réticulum endoplasmique et de l’appareil de Golgi. Elle a un rôle dans la transformation fibroblastique, se liant et activant le PDGF­béta R : un dimère E5 avec 2 molécules de PDGF­ béta R forment après phosphorylation tyrosine kinase un complexe stable. Cette activation met en place une cascade de signaux de récepteurs dont résulte un signal de stimulation de croissance intracellulaire. (DiMaio et Mattoon 2001). Ce mécanisme a lieu in vitro et dans la pathogénie des cancers épithéliaux vésicaux des bovins.
De manière cruciale, la protéine E5 cause la rétention du Complexe Majeur d’Histocompatibilité de classe 1 dans l’appareil de Golgi des cellules infectées. (Ashrafi et al., 2002; Marchetti et al., 2002). Or Le CMH 1 est requis pour la présentation des antigènes viraux aux lymphocytes T CD8+ pour l'élimination des cellules infectées. Ainsi l’absence de CMH de classe 1 à la surface des cellules aiderait les cellules infectées à passer au travers de la haute surveillance du système immunitaire.
La protéine E5 prouve alors directement que le virus évite la réponse immunitaire chez les chevaux.
­
L’oncoprotéine E7 :
L’oncoprotéine E7 en revanche n’a pas de rôle direct de transformation fibroblastique mais coopérerait avec l’oncoprotéine E5 dans la pathogénie des sarcoïdes
38
•
Classification des virus : ­ Les papillomavirus sont distingués selon leur séquence d’ ADN. Ils sont responsables de papillomes cutanés et muqueux chez la plupart des espèces animales.
­ Ainsi on distingue différents types : 6 en espèce bovine (BPV 1 à 6), 2 en espèce équine et plus de 150 chez les humains. On considère un nouveau type si celui­ci possède moins de 50% d’homologie dans les séquences d’ADN avec d’autres virus de la même espèce.
Les différents types sont regroupés en genres. Ainsi les 6 types de BPVs sont classés en trois genres : Delta­, Epsilon, Xi­papillomavirus. (de Villiers et al en 2004). ­ Chez les bovins, les 6 types de papillomavirus peuvent être responsables de la papillomatose, maladie assez fréquente dans cette espèce.
­ Les BPV­1 et ­2 appartiennent au genre Delta et induisent des fibropapillomes sur les trayons et le pénis des bovins de moins de 2 ans, qui régressent en quelques mois.
­ Les BPV­3, ­4, ­6 appartiennent au genre Xi et infectent seulement l’épithélium et induisent des papillomes. Le BPV­3 induit des petites lésions circulaires sessiles, à petites végétations superficielles, atteignant tout le corps. Le BPV­4 concerne le tractus digestif.
­ Le BPV­5 est le seul membre du genre Epsilon et est responsable de fibropapillomes et de papillomes. Il donne des verrues multiples en grain de riz localisées sur les tétines.
•
Transmission des papillomavirus :
Les papillomavirus infectent l’épiderme, vraisemblablement au niveau de brèches cutanées ou de traumatisme leur permettant d’atteindre les cellules basales. Ils ne semblent pas pouvoir infecter une peau intacte et ne sont pas infectieux par d’autres voies.
Ils sont extrêmement résistants aux conditions extracorporelles et leur transmission peut se faire en absence de contact direct. Répandus par la desquamation naturelle des cellules 39
épidermiques pouvant être infectées, ils peuvent contaminer aisément par simple contact au niveau d’un micro­traumatisme.
Chez l’homme, la contamination se fait par contact direct à travers des abrasions cutanées (verrues plantaires transmises par les surfaces abrasives des abords des piscines) ou bien par rapports sexuels.
Les papillomavirus bovins se transmettent de manière mécanique, en particulier par les fils de fer barbelés, le tatouage, les seringues hypodermiques et lors de la traite, par les gobelets souillés de la machine à traire.
ii) Le pouvoir pathogène des papillomavirus dans les sarcoïdes équins :
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Historique de la transmission expérimentale
­ Olson et Cook en 1951 :
Ce sont eux qui pour la première fois pensent à l’intervention d’un papillomavirus dans le sarcoïde équin. En effet, l'inoculation intradermique à de jeunes chevaux d'extrait acellulaire de tumeur cutanée bovine contenant du papillomavirus bovin (BPV) provoque des lésions de type nodules fibreux qui croissent progressivement puis disparaissent en 4 à 5 mois. En outre, un des chevaux inoculés dont la peau a été scarifiée avant application épidermique, développe une tumeur persistante qui ressemble, macroscopiquement et histologiquement, à un sarcoïde : alignement des fibroblastes à la jonction dermo­épidermique et prolifération épidermique nette.
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­ Ragland et Spencer
: En 1969, ils affinent les travaux d’Olson et Cook inoculant le papillomavirus à des chevaux d’âges différents et avec différentes voies d’inoculation. Les résultats les plus probants se retrouvent chez les jeunes poneys dont les lésions furent indifférenciables macroscopiquement et compatibles histologiquement au sarcoïde. Dans des études ultérieures, Ragland et Spencer montrèrent que la tumeur provoquée par le BPV chez le Cheval régresse spontanément progressivement en induisant des anticorps sériques spécifiques du virus chez l'équidé alors qu’on ne retrouve jamais d'anticorps vis à vis du BPV chez les chevaux lors de tumeur "naturelle", qui régresse aussi parfois, mais rarement.
A noter que dans une étude, un bovin, dont on a inoculé un extrait de sarcoïde équin n’a pas développé de lésion.
Ainsi à travers les expériences ci­dessus, l’inoculation expérimentale d’extraits de sarcoïdes ou de BPV purifié à de la peau de cheval permet le développement de lésions comparables à celles induites par les sarcoïdes.
•
Détection de l’ADN viral : Tout d’abord, la technique du southern blot* permet de révéler l’ADN du BPV dans les sarcoïdes de chevaux et de singes. ( Amtmann et al. en 1980; Lancaster et al. en 1979).
Puis en utilisant la technique d’amplification en chaîne par polymérase (PCR*) plus sensible, l’ADN des papillomavirus de type 1 et moins fréquemment de type 2 a été détecté jusqu’à 100% dans les sarcoïdes examinés dans de nombreuses études. (Otton et al en 1993, Martens et al en 2001, Carr et al en 2001 ), et aussi dans les échantillons de peau saine des chevaux atteints de sarcoïdes. (Carr et al en 2001). Inversement, l’ADN viral du BPV n’est pas retrouvé chez les chevaux indemnes de sarcoïdes ou dans les tumeurs équines autres que sarcoïdes. (Otton et al en 1993, Carr et al en 2001 ).
41
­
Otton et al en 1993 : Ils démontrent par PCR, méthode sensible et rapide d’amplification de l’ADN, la présence de l’ADN des papillomavirus dans tous les sarcoïdes spontanés étudiés (58 tumeurs chez 32 chevaux et 2 ânes). Tous possédaient de l’ADN du PBV­1 et seulement 3 possédaient de l’ADN du PBV­2. Des résultats similaires on été obtenus avec les papillomes cutanés bovins au nombre de 20 utilisés comme contrôle. En outre, l’ADN des papillomavirus n’ont pas été mis en évidence dans les tissus bovins ou équins indemnes de sarcoïdes ou de papillomes.
­
Martens et al en 2001 :
L’étude consiste à savoir si l’ADN de papillomavirus peut être détecté dans des prélèvements superficiels et des raclages cutanés de lésions de sarcoïdes. Les échantillons sont prélevés sur 92 sarcoïdes et 20 témoins indemnes de sarcoïdes. La technique de PCR est utilisée : 88% des prélèvements superficiels possèdent de l’ADN viral contre 93% pour les raclages cutanés et aucun ADN viral est détecté pour les témoins.
­
Carr et al en 2001 :
Une étude sur 55 chevaux avec sarcoïdes et 12 chevaux indemnes a été réalisée afin de déterminer l’incidence des papillomavirus 1 et 2 dans les sarcoïdes et dans d’autres échantillons de tissus cutanés.
Des échantillons de peau sont prélevés (lésion de sarcoïde et peau saine de chevaux atteints de sarcoïdes et peau saine, papillome et néoplasme cutané non sarcoïdien de chevaux indemnes de sarcoïdes).
La PCR et des techniques d’hybridation moléculaire sont utilisées, ainsi que les profils des enzymes de restriction. Les produits de la PCR de 7 chevaux atteints de sarcoïdes sont séquencés afin d’évaluer le pourcentage d’homologie avec les séquences des papillomavirus bovin 1 et 2.
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Tous les sarcoïdes possèdent de l’ADN viral. 62% des tumeurs examinées ont des enzymes de restriction semblables à celles du papillomavirus bovin de type 2. Tous les échantillons séquencés possèdent 100% d’homologie des séquences des types viraux spécifiques. Aucun des échantillons prélevés sur les chevaux sains ne possèdent de l’ADN du papillomavirus bovin.
Par ailleurs, l’ADN viral a été retrouvé occasionnellement dans la peau de chevaux sains vivants au contact étroit d’animaux atteints de sarcoïdes (Bogaert et al, 2005). De plus, les génomes épisomaux du BPV­1 (Angelos et al, 1991 ; Chambers et al 2003) et l’expression de ces gènes viraux précoces ont été démontrés dans la peau de chevaux atteints de dermatites (lésion inflammatoire non sarcoïdienne) (Yuan et al, 2007).
­ Angelos et al en 1991
: Dans l’étude de Angelos et al en 1991, trois tissus diagnostiqués histologiquement respectivement comme une dermatite pyogranulomateuse, un fibropapillome et un fibrosarcome possèdent de l’ADN similaire à celui du BPV.
­ Yuan et al en 2007 : Yuan et al en 2007 mettent en évidence la présence du génome du BPV de type 1 dans des lésions cutanées inflammatoires équines. Les gènes E1, E2, E5 du BPV 1 sont présents dans ces lésions de dermatite.
43
•
Détection de l’ARN viral et des protéines virales : L’ARN messager et des protéines des papillomavirus bovins ont été identifiés dans les tissus des sarcoïdes équins, prouvant le rôle direct du papillomavirus bovin dans la pathogénie des sarcoïdes.
Dans une étude, des méthodes immunohistochimiques ont permis de mettre en évidence l’expression des oncoprotéines E5 et E7 par 9 des 12 sarcoïdes BPV ADN positif, or ces oncoprotéines ne sont pas exprimées dans des cellules équines saines.
De plus, le PDGF­béta R (Platelet­derived Growth Factor béta Recepteur) a été identifié par méthode western blot, dans 11 des 12 sarcoïdes BPV ADN positif.
­
Nasir et Reid en 1999 :
Ils mirent en évidence la présence de l’activité de transcription du papillomavirus bovin 1 dans les tissus de sarcoïdes équins. Sur 20 des tumeurs étudiées, 18 étaient positives à l’expression du gène E2 et 10 positives à l’expression du gène L1. La transcription des gène E5, E6 et E7 a été détectée dans respectivement 16, 9 et 12 tumeurs.
­
Carr et al en 2001 : Dans une étude, ces chercheurs montrèrent l’activation et l’expression du gène E5 du papillomavirus bovin dans les sarcoïdes équins.
23 prélèvements de sarcoïdes et 6 échantillons de peau saine obtenus par 16 chevaux atteints de sarcoïdes, 2 échantillons de peau saine et 2 papillomes obtenus de la part de chevaux indemnes de sarcoïdes et un papillome obtenue d’une vache ont été étudiés.
Les protéines étaient extraites des échantillons prélevés et mises en incubation avec de l’agarose couplé à la protéine A du Staphylococus aureus et des anticorps polyclonaux anti­
E5 puis une électrophorèse était utilisée. La protéine E5 était mise en évidence à l’aide de la technique western­blot par fluorescence.
44
Les 23 sarcoïdes exprimèrent la protéine E5, la quantité de protéine virale variait selon les sarcoïdes. Tous les autres tissus examinés étaient négatifs à l’expression de la protéine E5. L’expression de la protéine E5 était plus importante dans le cas des sarcoïdes fibroblastiques agressifs en comparaison aux tumeurs quiescentes.
Ainsi l’infection par le papillomavirus bovin joue un rôle important dans l’initiation et la progression des sarcoïdes équins.
Tandis que les génomes viraux sont constamment trouvés et exprimés dans les lésions de sarcoïdes, aucun virion intact n’a été détecté.
­ Brandt et al en 2008: Brandt et al en 2008 propose de réaliser une « immunocapture PCR » (IC/PCR) en utilisant des anticorps L1 spécifiques afin de capturer les complexes d’ADN­L1 et d’amplifier le génome viral. 13 chevaux porteurs de sarcoïdes ont été évalués par IC/PCR. Les échantillons provenaient de 21 tumeurs, 4 biopsies de peau saine en périphérie des lésions et un sérum. Des échantillons de tissus de chevaux indemnes servaient de témoin. 14 des 24 échantillons obtenus à partir des chevaux atteints de sarcoïdes étaient positifs à l’IC/PCR soit 58,3% contre zéro pour les témoins.
•
Variabilité des papillomavirus et expression clinique des sarcoïdes :
L’infection par le BPV chez les chevaux conduit à une pathologie différente par rapport aux bovins. Trenfield et al en 1985 et Angelos et al en 1991 sont les premiers à mettre en évidence des variations de séquences du génome du BPV dans les sarcoïdes et à suggérer que le virus n’est pas exactement le BPV mais proche de ce dernier. Nous allons voir dans les études ci­
après le rôle crucial de certains gènes dans le développement et l’expression des sarcoïdes.
­
Giannoudis et Herrington de 2001 :
Dans l’étude de Giannoudis et Herrington de 2001, il a été montré qu’il existait des variations de séquences dans chaque type de papillomavirus pouvant modifier la localisation cellulaire et 45
la fonction des protéines virales dont E5, expliquant ainsi la pathogénie et les effets divers du virus.
­
Reid et al en 1994 :
Dans une étude de Reid et al en 1994, il a été détecté des variations de séquences de nucléotides du gène E5 du papillomavirus dans les sarcoïdes de singes.
­
Nasir et al en 2008 :
Dans cette étude, des variations on été détecté dans la LCR (Long Control Region) du BPV­
1. Cette région a été séquencée dans 35 sarcoïdes équins et 14 tumeurs bovines BPV­1 positif. Le variant le plus commun, LCR II, était présent dans 66% des infections équines mais n’a pas été retrouvé dans les infections bovines. Les analyses fonctionnelles ont montré que les différences de séquences observées dans le variant LCR II avaient un effet perceptible sur la fonctionnalité du LCR dans les cellules équines mais pas dans les cellule bovines. Les variants du gène 5 pourraient alors être traduits plus efficacement dans les cellules équines et augmenter ainsi la transformation cellulaire.
Ces données appuient le fait que les génome BPV­1 « spécifiques équins » sont capables d’infecter et d’être maintenus préférentiellement dans l’espèce équine.
­
Chambers et al en 2003 :
Dans l’étude de Chambers et al en 2003, on cherche d’une part à déterminer le rôle de la protéine E5 du BPV dans les sarcoïdes dont l’interférence avec le système immunitaire et d’autre part à étudier les variations de l’ORF (Open Reading Frame ou phase ouverte de lecture) de E5 afin de déterminer si des séquences spécifiques du gène E5 du BPV pourrait être associées aux sarcoïdes équins. Des chevaux de Suisse et d’Angleterre ont été utilisés pour cette étude. L’ADN et l’ARN viraux du gène E5 sont détectés dans la plupart des sarcoïdes comme l’illustre le tableau des résultats ci­dessous.
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Type de tissu
Nombre de détections du Nombre de détections du gène gène E5 par PCR génomique
E5 par RT­PCR
Sarcoides anglais (n= 10)
10
Sarcoïdes suisses (n =/31)
29
Total des sarcoïdes 39
8
27
35
(n=/41)
Papillomes (n=/8)
0
Carcinomes des cellules 0
Non effectué
Non effectué sqameuses du derme(n=5)
Mélanome (n=/1)
Dermatites 0
4
Non effectué 0
Peau normale (n=1)
0
Carcinome des cellules 0
Non effectué Non effectué granulomateuses
(n=5)
squameuses intestinales
(n=1)
Total des échantillons 4
0
autres que sarcoïdes
(n=21)
Tableau n°3 : Résultats des analyses par PCR de l’ADN génomique et par RT­PCR
L’analyse des séquences de nucléotides de la phase ouverte de lecture du gène E5 du BPV associé au sarcoïde permet de mettre en évidence plusieurs variations d’une séquence unique d’ADN, trois d’entre elles sont responsables de variations de séquence d’acides aminés spécifique de sarcoïde. Les résultats ne prouvent pas l’existence d’un variant du BPV­1 associé aux chevaux. Cependant il est intéressant de constater que les substitutions de nucléotides détectées concernent la même petite région du gène E5, suggérant ainsi l’importance de cette région dans la pathogénie de l’infection. De plus, il est possible que les 47
séquences variantes soient associées à des formes cliniques particulières ou que l’expression altérée de la protéine E5 contribuerait à la pathogénie. Cette étude met donc en évidence l’association entre le BPV, plus particulièrement entre la protéine E5 et le développement des sarcoïdes et l’implication directe du virus dans la pathogénie des sarcoïdes.
­
Yuan et al en 2007 : Dans une étude de Yuan et al en 2007, les cancers de la vessie des bovins et les sarcoïdes équins sont comparés par leurs caractéristiques physiques, leur charge d’ADN viral et la variabilité de L’ORF E5.
Dans les deux pathologies, l’ADN viral est présent par de multiples copies d’épisomes (= molécule d’ADN circulaire, extrachromosomique qui peut se répliquer de manière autonome) mais les particules virales ne sont pas détectées bien que de nombreux gènes viraux sont exprimés comme par exemple le gène E5.
La phase ouverte de lecture E5 (= séquence d’ADN délimitée par un codon start et un codon stop) (ORF), localisée à l’extrémité 3’ de la première région du Delta­ et de Epsilon­ BPVs et à l’extrémité 5’ de la première région du Xi­ BPVs, code pour la protéine E5, principalement responsable d’une transformation maligne. E5 est une petite protéine de membrane hydrophobe localisée dans l’appareil de golgi ou dans d’autres membranes intracellulaires.
Des échantillons d’ADN de 8 cancers de vessie bovins, apparus naturellement ou induits expérimentalement, d’une verrue cutané de bovin (témoin positif de BPV), d’une lignée cellulaire polyclonal (BES01), d’un fibroblaste de palais de chevaux sains (témoin négatif) et de 10 sarcoïdes équins sont analysés dans cette étude. Des méthodes d’amplification (RCA : rolling circle amplification) démontrent que les génomes des BPV ­1 et ­2 sont circulaires, torsadés et épisomaux. La PCR quantitative en temps réel révèle que les sarcoïdes contiennent plus de charge d’ADN viral que les cancers de la vessie bovins. L’ ORF BPV­1 E5 montre des séquences de variation que n’a pas celle du BPV­2 E5. La présence de variations de l’ORF BPV­1 E5 ou leur absence dans le BPV­2 E5 ne paraît avoir d’effet quant à la charge d’ADN viral dans l’un ou l’autre type tumoral.
48
­
Bogaert et al 2007 : Les différences en charge de papillomavirus bovin et en expression de l’ARN messager, ainsi que le Ki67* et l’expression du gène p53* selon quatre formes cliniques (la forme fibroblastique, la forme occulte, la forme nodulaire et la forme verruqueuse) sont évaluées afin de tester l’hypothèse que l’expression clinique du sarcoïde équin varie selon l’activité du papillomavirus bovin. La charge virale et l’expression des gènes du BPV E2, E5, E6 et E7 sont déterminées par PCR. La prolifération de la tumeur est déterminée par le Ki67 et l’expression de la p53 est analysée par immunohistochimie. Les sarcoïdes nodulaires possèdent une charge virale significativement plus importante que les autres types de sarcoïdes. Une différence significative est notée en ce qui concerne l’expression de l’ARNmessager des gènes E2, E5, E6 et E7 selon les types tumoraux. Le sarcoïde nodulaire montre un niveau d’expression de chaque gène le plus élevé, suivi par la forme verruqueuse puis fibroblastique et en fin occulte. L’ ADN viral et l’ARNm extraits mis en corrélation, indiquent un mode de transcription similaire pour chaque type de sarcoïdes.
La fraction de prolifération est significativement plus élevée dans les tissus superficiels des sarcoïdes verruqueux et fibroblastiques en comparaison avec les types nodulaires et occultes. En revanche, aucune différence n’a été observée pour la fraction de prolifération dans les tissus en profondeur ou pour l’expression de la p53.
Ces résultats démontrent l’omniprésence et l’activité de transcription du BPV dans les sarcoïdes équins. Cependant, l’hypothèse selon la quelle les formes cliniques du sarcoïde peuvent être expliquées sur la base de différences de l’activité du BPV ne peut pas être confirmée.
­
Bucher et al en 1996 : Le gène équin p53 est séquencé de l’exon 5 à 9, un région où se trouve le plus de mutations connues. Le fragment est amplifié, cloné et séquencé par l’ADN complémentaire. Une 49
comparaison entre les séquences d’acides aminés entre les chevaux et d’autres espèces montre une similitude de 66% avec la grenouille et 92% avec le chat. En utilisant la technique de polymorphisme de conformation des simples brins (technique de biologie moléculaire visant à séparer les différents allèles d’un même gène en misant sur la différence de migration dans un gel non dénaturant de leurs différentes conformations), les exons 5 à 8 amplifiés des tissus de sarcoïdes de 28 chevaux atteints et de 11 chevaux sains sont examinés pour détecter les mutations. Aucune mutation n’a été détectée, suggérant que la fréquence de mutations du gène p53 dans les sarcoïdes équins est faible. Cependant, l’incidence élevée de l’infection du papillomavirus dans les sarcoïdes équins pourrait mettre en évidence une inactivation fonctionnelle de la protéine p53 par la protéine E6 codée par le BPV.
Les expériences présentées ci­dessus prouvent la présence de l’ADN des virus BPV­1 et 2, sous forme de génome complet dans les cellules sarcoïdiennes. Elles confirment aussi l’implication de l’ORF­E5 dans l’oncogenèse du sarcoïde.
Toutefois, on peut encore se demander :
Quel est le facteur, lié à l’hôte, limitant le développement d’un sarcoïde ?
Quel est le type de transmissibilité de ce virus ?
Comment pouvons nous expliquer une telle variété dans le type de ces tumeurs tant en nombre, en localisation qu’en morphologie ?
Quelle différence existe­t­il entre un sarcoïde traité de façon fructueuse du sarcoïde récurrent ?
iii) La transmission du BPV aux chevaux : La transmission du BPV aux chevaux et la pathogénie du développement de la tumeur ne sont pas encore complètement élucidés. Nous ne savons pas si l’infection des chevaux par le BPV est transmis d’un cheval à l’autre, ou de bovins à chevaux ou comment le BPV peut infecter 50
un hôte non spécifique. Comme indiqué précédemment, l’inoculation à des chevaux de verrues bovines peut induire des lésions semblables aux sarcoïdes alors que l’inoculation à des bovins de sarcoïdes n’a aucun effet. (Ragland et al 1970)
La survenue d’épizooties de sarcoïdes équins dans les troupeaux de chevaux et d’âne a été aussi rapportés. (Ragland et al 1966, Reid et al 1994)
Par ailleurs, les particules virales ne sont pas présentes dans les sarcoïdes, contrairement aux lésions provoquées par le BPV chez les bovins.
Dans le but d’investiguer sur la transmission d’animal à animal, les séquences des génomes de BPV­1, isolés dans des sarcoïdes de quatre ânes, ont été analysées. Les animaux ont été réuni par paires : un animal était atteint de sarcoïde et son binôme en était indemne. Dans chaque paire, l’âne indemne de sarcoïde en développa. Dans les tumeurs des quatre ânes, le variant BPV­1 fut détecté et analysé. Or, la séquence virale entre les deux animaux de la même paire était identique alors qu’elle était distincte entre chaque paire. Cette expérience fournit une preuve importante de la transmission d’animal à animal. Il est aussi intéressant de savoir que Kemp­Symonds en 2000 apporta la preuve qu'un diptère (Musca autumnalis) pouvait être capable d’agir en tant que vecteur dans la transmission de la maladie. En effet, dans cette étude, l’ADN du BPV a été détecté dans les mouches collectées sur la tête des animaux atteints de sarcoïdes mais non détecté dans les mouches isolées à partir des animaux témoins indemnes. Ceci constitue une importante découverte en terme de gestion de la maladie mais nécessite davantage de recherche.
Ainsi les hypothèses d’infection des chevaux par le BPV regroupent à la fois les contacts directes ou indirectes avec les bovins ou d’autres chevaux infectés et la transmission par des insectes.
51
iv) Infection latente des chevaux aux BPV :
Comme beaucoup de virus, les papillomavirus bovins peuvent être à l’origine d’infection latente.
Nous allons voir ci après que le génome viral est souvent retrouvé dans des épithéliums de bovins et chevaux qui ne présentent pas de signe de la maladie.
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Etude de Carr et al en 2001 :
Dans l’étude de Carr et al en 2001, 63% des échantillons de peau saine des chevaux atteints de sarcoïdes possèdent de l’ADN viral.
Le fait que de l’ADN viral a été détecté dans la peau saine des chevaux atteints de sarcoïdes suggère la possibilité d’une phase virale latente. La latence virale pourrait être une explication au fort taux de récidive des sarcoïdes après l’exérèse chirurgical de ces derniers.
Dans d’autres espèces comme l’homme ou les bovins, la latence du papillomavirus chez des individus asymptomatiques a été clairement démontrée. Par exemple, selon l’étude de Maran et al en 1995, l’ARN du papillomavirus de type 11 est présent dans les tissus respiratoires infectés de façon latente.
Cependant la contamination par l’ADN du BPV à la surface d’une peau ou une véritable infection latente n’a pas encore été distinguée.
­
Bogaert et al en 2007 :
L’étude de Bogaert et al en 2007 propose de déterminer la présence de l’ADN du BPV et de l’ARNm dans la peau saine de chevaux en parallèle d’une évaluation histopathologique afin de décrire l’incidence des infections latentes des chevaux au BPV. Les chevaux atteints de sarcoïdes n’ont pas été les seuls à être analysés, les chevaux « à risque », comme les chevaux vivant au contact d’autres chevaux infectés de sarcoïdes ou de bovins atteints de papillomatose et des chevaux en bonne santé utilisés comme témoins, ont fait partie de l’étude.
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Pour chaque cheval, 3 prélèvements sur quatre localisations ont été effectués. L’ADN viral a été trouvé dans 57% de la peau saine. 73% des chevaux atteints de sarcoïdes ou au contact de bovins sont porteurs mais l’ADN du BPV a été détecté chez 50% des chevaux vivant au contact de chevaux atteints de sarcoïdes et chez 30% de la population contrôle. L’ARNm a été détecté dans 58% des échantillons positifs pour l’ADN viral, mais fortement moins en comparaison aux sarcoïdes. L’ADN du BPV n’a pas été détecté dans le sang périphérique. Ainsi, on en conclut à la latence de l’infection et à la forte présence du BPV dans la population équine.
Les épithéliums sains sont le site de l’infection latente et en effet la réactivation du BPV dans les sites de traumatisme suggère que l’ADN viral est présent dans ces sites sous forme latente et que les dommages de l’épithélium probablement causés par les cytokines inflammatoires et la stimulation de la prolifération de cellules induisent l’expression de gènes viraux conduisant à la formation de lésions.
Cependant, les épithéliums ne sont pas les seuls sites de latence des papillomavirus chez les bovins. L’ADN du BPV est présent sous forme épisomale dans les lymphocytes circulants des bovins.(Campo et al en 1994) et l’infection des lymphocytes par le BPV latent a été établie chez les bovins. (Stocco dos santos, 1998) Contrairement aux découvertes de l’ADN du BPV dans les cellules de sang périphérique des bovins, la détection de l’ADN du BPV dans des échantillons de sang de chevaux a échoué auparavant. Une étude récente, cependant, a montré que l’ADN du BPV était présent dans le sang de chevaux infectés. (Brandt et al en 2008)
De manière intéressante, les « virus­like particules » de papillomavirus ont interagi in vitro avec un grand nombre de cellules immunitaires comme les cellules dendritiques, les cellules B, les monocytes et les macrophages. ( Da silva en 2001).
Ces observations suggèrent que les cellules sanguines ne représentent pas seulement un autre site de latence mais aussi que la relation entre les cellules immunitaires et le papillomavirus peut moduler la réponse immunitaire de l’hôte par rapport au virus.
53
Par ailleurs, comme nous l’avons vu précédemment, l’ADN du BPV­1 est présent dans la peau saine de cheval, ainsi l’infection par le BPV­1 est une condition nécessaire mais non suffisante pour le développement d’un sarcoïde.
Aucun cofacteur environnemental n’a été identifié jusqu’alors pour le BPV et le sarcoïde équin, mais les statuts génétique et immunitaire de l’hôte sont importants.
Ainsi nous allons voir dans le paragraphe suivant les autres mécanismes intrinsèques à l’hôte mis en jeu.
2) Prédispositions génétiques de l’hôte aux sarcoïdes
a) Cas familiaux de sarcoïdes équins
Une étude examinant l'association entre le développement de sarcoïde et la race du cheval montra que la fréquence des sarcoïdes était deux fois plus importante chez les Quarter Horses que chez les Pur­sangs. En revanche, la fréquence des sarcoïdes dans les races standards était inférieure à la moitié de celle chez les Purs­sangs, suggérant ainsi une prédisposition génétique de l'affection.
Par ailleurs, de nombreux cas familiaux de sarcoïdes ont été rapportés.
Déjà en 1965, Ragland étudia un cas épizootique de sarcoïde dans un élevage de Washington. Cette épizootie comprenait 5 cas en 6 semaines dans un élevage indemne de sarcoïde. Or 4 des 5 chevaux atteints présentaient une forte consanguinité. Ragland suggéra alors l’existence d’une prédisposition génétique de certaines lignées d’équidés pour le sarcoïde.
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b) Rôle du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH)
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Rappel sur le CMH ­ Le CMH est un ensemble de gènes retrouvé chez tous les animaux qui code pour les protéines intervenant dans la réponse immunitaire ainsi que pour les protéines de la synthèse du complément. Les protéines de la réponse immunitaire sont présentes à la surface des cellules nucléées, elles sont responsables de la présentation des antigènes étrangers au système immunitaire. Ces protéines sont elles­mêmes antigéniques, ce sont elles qui provoquent les fortes réactions de rejet lors de transplantation d'un organe d'un individu chez un autre individu. Les gènes de classe II du MHC qui sont impliqués dans la prédisposition au sarcoïde, codent pour des protéines trouvées à la surface des lymphocytes et des macrophages qui sont des récepteurs pour les antigènes étrangers. Ces récepteurs sont responsables de la présentation des antigènes liés aux cellules immunitaires. Les cellules d'un organisme portent un marqueur à leur surface qui leur permet d'être reconnues comme appartenant à ce même organisme, c'est le CMH de classe I. Seul le globule rouge ne possède pas de CMH de classe I parmi toutes les cellules de l'organisme.
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Association entre le CMH et certaines maladies dans d’autres espèces L’association entre le CMH et des maladies a été clairement démontrée chez les souris (Lilly 1967), chez les poules (Briles, Stone , Cole en 1977) et chez les humains ( Tiwari et Terasaki en 1985). Prenons l’exemple chez l’Homme de la spondylarthrite ankylosante qui est étroitement liée au gène HLA­B27 (Human Leukocyte Antigen), puisque 90 % des malades sont porteurs de ce gène. (Brewerton et al, 1973)
Par ailleurs, l’association entre les gènes CMH de classe II et le développement d'une tumeur induite par le papillomavirus de Shope a été décrite chez le Lapin. De même, il a été démontré chez la Femme, que les risques de carcinome des cellules squameuses du col de l'utérus induit par un papillomavirus étaient plus importants lorsqu'elle était porteuse de l'allèle HLA­DQw3 du CMH de classe II. 55
Pour ces différents cas cités, il semble que des interactions similaires entre virus et cellules hôtes provoquent leur transformation oncogénique, il y a une association d'un papillomavirus avec le complexe majeur d'histocompatibilité de classe II.
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Relation entre les Antigènes leucocytaires équins (ELA) et le sarcoïde équin
Lazary et al en 1985 : Ce fut la première étude sur la relation entre les ELA et le sarcoïde équin. 134 chevaux atteints de sarcoïdes et 522 chevaux sains ont eu leurs ELA sérologiquement typés. Ces chevaux, de tous sexes, représentaient principalement des Selle Suisse, des Selle Irlandais et des Selles français. La technique de cytotoxicité, dont le taux de reproductibilité dépasse les 95%, a été utilisée. La distribution des ELA chez les chevaux infectés par le sarcoïde a été comparée à celle des chevaux témoins.
A l’époque, seules 11 spécificités alléliques avaient été identifiées( de W1 à W11).
L’ELA ­ haplotype W3, était significativement plus fréquent chez les individus atteints de sarcoïdes des races Selle Français, Selle Suisse et Selle Irlandaise, par rapport aux individus sains des mêmes races.
Simultanément la spécificité des ELA W11 était significativement plus fréquente chez les chevaux atteints de sarcoïdes de race Selle Irlandais, tandis que c’était la spécificité W5 Chez les Selle Français et les Selle Suisse. Ainsi cette étude suggéra fortement que la prédisposition des chevaux aux sarcoïdes était liée au CMH.
­
Gerber et al en 1988 : La distribution des antigènes leucocytaires équins chez 102 chevaux atteints de sarcoïdes de race sang­chaud suédois est déterminée et comparée à celle chez 361 chevaux sains, utilisés comme témoins. Au niveau du premier locus, les allèles A5 et W20 sont représentés plus 56
fréquemment chez les chevaux atteints. Au niveau du second locus, la présence de l’allèle W13 montre une forte corrélation avec l’incidence des sarcoïdes. ­ Lazary et al
en 1994 : D’autres études sur des cas multiples de sarcoïdes dans des familles de chevaux montrent que la prédisposition est associée avec certains haplotypes familiaux. Cependant l’association sarcoïde/ ELA haplotype peut faire intervenir différents allèles (A3, A5, W20, W13…) variant d’une famille à l’autre. Prenons par exemple l’étude de Lazary et al en 1994 sur la fréquence et l’association entre les ELA et le sarcoïde, où 2026 chevaux ont été sérologiquement typés. Ces chevaux représentaient cinq races (Arabes, Freiberger, Selle Français, Selle Irlandais et Selle Suisse). Une analyse statistique des résultats a permis de déterminer la distribution des antigènes ELA dans un échantillon de chevaux atteints de sarcoïdes équin.
Ainsi, l’ELA­spécificité W13 du locus D est le sérotype le plus associé à la susceptibilité de développer un sarcoïde dans les races Selle Irlandais, Selle Suisse, et Selle Français (associé, pour cette dernière race à l’allèle de classe I A3).
Pour la race Freiberger, l’haplotype ABe 108 apparaît le plus lié à la susceptibilité de développement d’un sarcoïde.
En ce qui concerne la race Arabe, l’ELA A1 représente la plus forte association avec la susceptibilité de développer un sarcoïde, même si le résultat n’est pas significatif du fait du faible nombre d’animaux atteints (n=8) sur les 118.
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Gerber et al en 1989 :
Une autre voie de recherche initiée par Gerber et al en 1989, est le typage des ELA dans des lignées équines fortement affectées par le sarcoïde.
Les deux figures ci­dessous résument cette étude et nous offrent une bonne vision des allèles les plus fréquemment associés au développement de la maladie.
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Figure n°3 : Résultats de typage des ELA dans des familles sujettes aux sarcoïdes ( Gerber 1989)
Carré blanc : mâles indemne
Rond blanc : Femelles indemnes
Carré noir : Mâles affectés par le sarcoïde
Rond noir : Femelles affectées par le sarcoïde
58
­
Broström en 1988 :
Il étudia la distribution des antigènes des leucocytes équins (ELA) dans la race de chevaux demi­sang suédois atteints de sarcoïdes et la compara avec des chevaux sains de la même race. L’haplotype ELA A3W13 apparaît significativement plus fréquemment chez les chevaux infectés. Le facteur de risque relatif est estimé à 2 pour A3 et à 3 pour W13. Ainsi dans une population de chevaux demi­sang suédois, 40% de l’affection apparaît être associée avec la génétique des chevaux atteints. Les études familiales établissent que les ELA sont exprimés de façon codominante et hérités comme de simples traits mendéliens ou qualitatifs et que les sarcoïdes parmi les descendants sont associés significativement avec un des haplotypes parentaux. Cet haplotype parental n’inclut pas obligatoirement A3W13. Ces résultats suggèrent ainsi que l’existence d’une prédisposition aux sarcoïdes selon les chevaux est due à un gène de type autosomal, dominant, en lien avec ELA avec une pénétrance incomplète. (la pénétrance est la portion d’individus avec un génotype donné qui exprime le phénotype correspondant). Par extension, cela indique que l’étiologie des sarcoïdes est multifactorielle (impliquant des gène non­CMH, des facteurs environnementaux.)
Une autre étude de Broström en 1995 mis en évidence l'association entre l'augmentation de la récurrence de sarcoïdes à la suite d'une chirurgie chez les chevaux portant l'haplotype W13 de classe II, et l'association entre l'évolution précoce de sarcoïde et l'haplotype A5 de classe I.
Au vu de l’ensemble de ces études, il existe une très forte relation entre les allèles A3, A5 de classe I, les allèles W3, W13 de classe II d’une part et la sensibilité au sarcoïde d’autre part, fonction des races de chevaux.
Cependant même s’il est vrai qu’une très forte proportion d’animaux atteints de sarcoïdes porte ces antigènes, tous les chevaux les portant ne développeront pas un sarcoïde.
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Ainsi, la pénétrance incomplète de cet effet génétique suggère que l’étiologie des sarcoïdes est multifactorielle impliquant d'autres gènes non encore identifiés, des facteurs environnementaux. Cette pathologie est la résultante d'une interaction complexe entre le virus, le cheval et son environnement.
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III/ Diagnostic d’un sarcoïde :
1/ Anamnestique et clinique :
Comme nous l’avons vu dans la première partie, le recueil de toutes les informations concernant l’animal est primordial. Par exemple, la prévalence des sarcoïdes est plus importante chez les chevaux de moins de 8 ans. Par la suite, il est indispensable de réaliser un examen clinique approfondi afin de localiser les différentes lésions et de les décrire en terme de forme et consistance, de nombre et similitude et de volume et mode de croissance.
En effet, les sarcoïdes se développent préférentiellement dans certaines parties du corps (cf I) 2)), les lésions ont tendance à croître et ne régressent pas spontanément.
Le sarcoïde peut prendre différents aspects macroscopiques, décrits précédemment.
2/ Examens complémentaires :
Le sarcoïde possède de nombreuses ressemblances avec d’autres types d’affections, tumorales ou non. Les différentes pathologies, qui doivent être différentiées du sarcoïde, sont regroupées dans le tableau ci­dessous, en fonction des types de sarcoïdes.
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Sarcoïde occulte
Sarcoïde verruqueux
Sarcoïde nodulaire
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Les plaies cutanées de friction
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Les lésions d’ectoparasites
­
La phycomycose
­
­
L’habronémose cutanée
La papillomatose équine
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L’hyperkératose
­
La sarcoïdose équine
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La molluscum contagiosum équin
­
La poxvirose équine
­
­
Le carcinome épidermoïde
Le fibrome
­
Le neurofibrome
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Les nodules dermiques et sous­cutanés bénins
Sarcoïde fibroblastique
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La nécrose allergique du collagène
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Le mélanome
­
Les chéloïdes et tissus de granulation
­
Les lésions botrymycotiques cutanées
­
Les fibrosarcomes
­
Les
neurofibromes
et neurofibrosarcomes
­
Les carcinoes épidermoïdes
Tableau n°4 : Diagnostic différentiel des différents types de sarcoïdes
Du fait des nombreuses similitudes du sarcoïde avec d’autres affections, l’examen clinique ne peut aboutir qu’à un diagnostic de présomption, fondé sur la localisation, l’aspect, l’apparition et l’évolution. Seul un examen histologique approfondi permet de poser un diagnostic de certitude.
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a) L’examen cytologique Avec une aiguille montée sur une seringue, le vétérinaire aspire, puis démonte la seringue et aspire de l’air puis remonte l’aiguille et repousse l’air avec le contenu de l’aiguille sur une lame de microscope, puis sèche et fixe, puis finalement colore la préparation au May­
Grünwald­Giemsa( MGG).
Il est important de toujours joindre les commémoratifs complets du cheval lors d’examen complémentaire afin d’orienter le traitement et le pronostic.
A la cytologie, les critères nucléaires servent de guide afin de permettre le diagnostic de néoplasie maligne.
Le frottis peut par exemple confirmer une hypothèse clinique de tumeur carcinomateuse : des cellules épithéliales à gros noyaux peuvent être observées après coloration au MGG.
Cependant la cytoponction n’offre qu’une orientation dans le diagnostic du fait des nombreuses réactions inflammatoires « parasites» de la lésion qui peuvent fausser le diagnostic et compte tenu du fait qu’il est difficile sur un frottis d’atteindre la jonction dermo­
épidermique, élément capital afin de séparer les différentes hypothèses.
Si la cytologie permet de confirmer une hypothèse tumorale, l’histologie permettra un diagnostic différentiel.
b) L’examen histologique
L’examen histologique de la tumeur s’effectue par la réalisation d’une biopsie.
Il existe trois types de prélèvement :
­
Exérèse de la tumeur entière
­
Punch
­
Exérèse partielle en coin ou elliptique
Lorsque la taille et la localisation de la tumeur le permettent, l’exérèse totale est vivement conseillée. En effet l’exérèse partielle peut stimuler de manière importante la croissance du tissu tumoral résiduel. Cette stimulation intempestive peut augmenter l’agressivité locale de la 63
tumeur (Krawiecki et al, 1991). Par exemple, lors d’une biopsie d’une tumeur de type sarcoïde occulte, la prolifération en sarcoïde fibroblastique peut être stimulée (Tarwid, 1985).
Dans le cadre d’une biopsie partielle, celle­ci doit toujours comprendre du tissu sain, et être représentative de tous les types de lésions.
La biopsie doit être réalisée avec des précautions drastiques afin de réduire autant que possible l’altération de la pièce, limitant l’infiltration péri­lésionnelle d’anesthésiques locaux ou de tout autre produit. Une anesthésie générale peut être envisagée. De même, la désinfection ne se fera qu’à l’alcool à 70° (Cadoré et al en 1996) et la détersion devra être douce pour éviter l’altération des couches superficielles de la pièce d’exérèse. L’échantillon prélevé doit être séché au buvard puis fixé pendant une minute sur du carton par sa face profonde, évitant la rétraction de la pièce. Enfin, la pièce sera immergée dans un volume 10 fois supérieur de formol du commerce à 10%.
Microscopiquement, le sarcoïde équin présente un certain nombre de caractéristiques, citées auparavant, qui permettent dans la majorité des cas à aboutir au diagnostic de certitude.
c) Recherche du papillomavirus dans la peau de cheval
Aux vues de nombreuses expériences, le papillomavirus est un facteur indispensable au développement d'un sarcoïde. Cependant, comme les études précédentes l'ont démontré, de nombreux chevaux sont des porteurs sains de ce virus (virus détecté dans le sang et dans les biopsies de peau saine par méthode PCR). Ainsi la présence du virus chez un cheval n'est pas synonyme de sarcoïde. La prévalence du taux d'infection par le papillomavirus est d'ailleurs élevée dans la population équine. d) Recherche du profil génétique du cheval
Les ELA d'un cheval sont typés par sérologie. Comme décrit précédemment, certains ELA portés par le cheval sont en association avec le développement de sarcoïde. Ainsi la connaissance du profil génétique du cheval pourrait nous donner des informations quant à la sensibilité du cheval aux sarcoïdes.
Cependant même s’il est vrai qu’une très forte proportion d’animaux atteints de sarcoïdes porte ces antigènes, tous les chevaux les portant ne développeront pas un sarcoïde.
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Ainsi de nombreux examens complémentaires sont disponibles pour nous permettre d'orienter nos hypothèse vers le diagnostic du sarcoïde. L'examen histologique reste cependant l'examen de choix.
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66
IV/ Les méthodes thérapeutiques :
1/ Généralités
La thérapeutique doit être envisagée en fonction du préjudice esthétique ou fonctionnel que le sarcoïde fait subir à l’animal. En dépit d’une agressivité strictement locale, son traitement est difficile. En effet ces tumeurs très invasives siègent dans des régions anatomiques délicates ou difficiles d’accès et ont tendance à récidiver.
Il existe de nombreuses possibilités thérapeutiques médicales ou chirurgicales. Le choix thérapeutique se fait en fonction de nombreux facteurs dépendant du processus tumoral, de l’animal, du propriétaire et du vétérinaire.
Facteurs liés à la tumeur :
•
Type
•
Taille
•
Multiplicité
•
Localisation
Facteurs liés à l’animal :
•
L’âge •
La valeur
•
L’utilisation
•
L’état de santé générale
Facteurs liés au propriétaire :
•
Les moyens financiers
•
Le suivi du traitement
Facteurs liés au vétérinaire :
•
Les compétences
•
Les moyens techniques dont il dispose
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Nous allons tout d’abord présenter les méthodes chirurgicales dites invasives puis les méthodes conservatrices dites non invasives.
2/ Les méthodes invasives : a) Exérèse chirurgicale:
Technique: Après anesthésie générale ou locale selon le site et la taille de la tumeur et avant de retirer le sarcoïde, on dessine sur la peau de l’animal les zones à réséquer. Il faut effectuer une exérèse large avec 2cm de large afin de se situer dans une zone saine, car les particules virales peuvent se retrouver à 16­18mm autour de la masse. Si cette marge n’est pas prise, les récidives seront inévitables. La profondeur de la zone de résection ne pose pas de problème, en effet comme nous l’avons précisé précédemment le sarcoïde est une tumeur à localisation cutanée et il existe en plus un plan de clivage bien défini. Attention ceci n’est plus vrai une fois que l’on est déjà intervenu car alors le tissu est fibreux et la limite non visible, d’où l’intérêt d’intervenir large la première fois. On procède à une transposition cutanée si besoin : de la peau saine dans des zones voisines est utilisée pour recouvrir la plaie chirurgicale.
Avantages : Cette technique est le plus souvent facile, peu coûteuse et relativement rapide ; l’anesthésie générale n’est pas constamment nécessaire selon le site et la taille de la tumeur. Inconvénients : Il faut intervenir le plus tôt possible pour éviter les phénomènes inflammatoires locaux et ainsi diminuer les risques de récidives localement mais ceci ne diminue pas le taux de nouvelle manifestation à d’autres localisations sur le corps de l’animal. Si la lésion est importante, la totalité de la tumeur ne peut être retirée d’emblée, il y aura après la chirurgie une course entre la mise en place d’un tissu de granulation normale et une repoussée du 68
sarcoïde. Il faudra ré intervenir plusieurs fois pour permettre à l’épithélium normal de reprendre le pas sur la repousse du sarcoïde. Le traitement sera alors très long (6mois) et d’un coût élevé.
Les taux de récidive varient en fonction des études réalisées lors d’exérèse chirurgicale simple de sarcoïdes. Ragland obtient 50% de récidives sur un suivi de 3 ans avec une apparition dans les 6 mois suivant l’opération dans la majorité des cas. D’après une étude menée à Liverpool, 90% des récidives se font sous une forme plus agressive par rapport à la tumeur d’origine. (Knottenbelt et al, 1995).
b) Cryochirurgie
Principe : Elle consiste en une destruction par congélation à l’azote liquide des tissus tumoraux entre ­20 et ­30°C. Deux congélations successives sont idéalement effectuées. La première entraîne une déshydratation tissulaire avec perte de l’intégrité des membranes. La seconde congélation produit un éclatement cellulaire avec libération d’antigènes et idéalement une stimulation du système immunitaire qui participerait à la régression tumorale. La congélation ciblée doit être la plus rapide possible (les cellules tumorales, riches en eau, sont congelées plus rapidement que les autres) à l’aide d’une sonde adaptée à la taille de la tumeur, et suivie d’une décongélation la plus lente possible, qui va aboutir à la destruction des cellules par le phénomène physique de recristallisation. (phénomène d’autant plus important que la congélation est rapide et la décongélation lente). Il faut bien protéger la zone qu’on ne veut pas congeler avec un bandage de vaseline, qui est un cryoprotecteur.
Avantages :
Elle est facile à répéter si nécessaire avec des conséquences prévisibles. Selon la localisation, il suffit parfois simplement d’une sédation debout et d’une anesthésie locale.
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Inconvénients : Avec cette technique, le succès est limité avec des récidives fréquentes. Cependant, elle peut être utilisée après exérèse chirurgicale. Dans ce cas, les résultats varient de 68% à 100% de non récidive sur un suivi de 6 à 35 mois selon les études avec une moyenne de 77% sur un total de 70 chevaux traités. (Cadoré et al en 1996)
Il faut prévenir le propriétaire que les poils repousseront blancs. La cicatrice est belle juste après la chirurgie car congelée, mais quelques jours après, elle va se décongeler, et la nécrose va apparaître et rendre la plaie vraiment pas jolie, de nombreux problèmes de cicatrisation sont alors posés. Elle n'est donc pas conseillée près des yeux ou dans les oreilles étant donné les risques d'une déformation cicatricielle.
c) Laserthérapie
Principe : On utilise un laser chirurgical au dioxyde de carbone avec lequel on peut effectuer une dissection précise de la tumeur, les tissus lésés sont évaporés. Si le site est un peu large, on peut le suturer directement, dans les cas contraire la plaie se referme par seconde intention sans risque d’hypergranulation. L’épithélialisation et la contraction de la plaie peuvent être longues.
Avantages :
Cette technique engendre une belle dissection sans hémorragie avec un minimum de dommage des tissus sains et des structures voisines.
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Inconvénients : Elle nécessite un lourd investissement, une formation de spécialiste et une assistance technique experte. Son utilisation se limite aux universités et aux cliniques expertes.
d) Ligature :
Principe : Il s’agit de la mise en place de petits élastiques en lycra ou en caoutchouc à la base du sarcoïde qui devient trop gênant pour le cheval. Cela entraîne une nécrose sèche à la suite de laquelle le sarcoïde tombe.
Avantages : Cette technique est très simple et rapide nécessitant peu de matériel et sans anesthésie.
Inconvénients : Ce traitement n’est jamais définitif : le plus souvent, le sarcoïde récidive au bout d’une semaine. Cette technique n’est utilisée que dans les cas de petites tumeurs pédiculées.
e) Hyperthermie intratumorale
Principe : Elle est induite par un courant de haute fréquence (2MHZ) passant entre deux électrodes. Le tissu entre les deux électrodes offre une résistance, l’énergie thermique est transférée au tissu ce qui augmente sa température à 50°C en 30 secondes sur une superficie de 1 cm2. La procédure doit être répétée plusieurs fois à intervalle d’une semaine jusqu’à ce que toutes les cellules tumorales soient détruites.
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Avantages : Il existe peu de récidives mais peu d’études ont été menées sur cette technique.
Inconvénients : Cette technique n’est utilisée que pour de petites lésions de 3mm à 5cm d’épaisseur.
3/ Les méthodes non invasives :
a) Radiothérapie (Théon 1998)
On utilise deux types de radiothérapie pour les sarcoïdes : la téléthérapie et la brachythérapie
­
La téléthérapie Principe : On irradie la tumeur à distance. On doit irradier la tumeur avec une quantité totale de 35 à 45 Gy avec 6 à 9 fractions de 4 à 6 Gy 2 à 3 fois par semaine pendant 3 à 4 semaines.
Avantages : C’est souvent un traitement définitif pour les petites tumeurs avec ou sans chirurgie préalable. Pour les tumeurs plus larges ou multiples, on a un pronostic d’au moins 50%.
Inconvénients : Ce traitement nécessite une structure spécialisée (pas de structure en France) et entraîne des coûts très importants. Son utilisation reste exceptionnelle.
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La brachythérapie
Principe : Il s’agit d’implanter des sources de radiation fortes directement dans la tumeur. De petits implants radioactifs sont disposés aux différents points de la tumeur. Le plus souvent il s’agit d’implants d’iridium (Ir192). Ils sont insérés dans une gaine de platine qui stoppe l’émission des rayons béta.
Avantages :
Elle est d’une grande efficacité, succès d’environ 90%. Elle permet de délivrer localement de manière continue une forte dose de radiation à l’intérieur de la tumeur. On l’utilise seule ou avec chirurgie pour des petites lésions ne pouvant pas être excisées totalement. Cette technique est adaptée pour les sarcoïdes périoculaires dont la localisation ne favorise pas une intervention chirurgicale, ainsi que pour des tumeurs récurrentes ou agressives. Elle présente en plus un résultat cosmétique intéressant.
Inconvénients : Cette technique est très difficile à mettre en œuvre lié aux mesures de radioprotection, il faut disposer de locaux adaptés (cheval radioactif pendant tout le traitement), centre situé à Berne ou centre de cancérologie­scanner à l’ENVA par exemples. Cette technique ne peut être réalisée que si la masse est unique et plus petite qu’une prune (sinon la dose que l’on devrait utilisée serait toxique pour le cheval.)
Par ailleurs, les modifications de la peau sont de l’érythème, une dépigmentation, une atrophie cutanée ce qui peut entraîner au niveau de l’œil un entropion ou un ectropion.
73
b) Immunothérapie avec le BCG Principe : Il s’agit d’injections multiples par voie intratumorale de substance antimitotique ou BCG qui provoque une réaction immunogène locale. Les BCG ou Bacilles de Calmettes et Guérin sont des Mycobactéries bovis atténuées. Il existe plusieurs types de BCG utilisés : soit des bacilles vivants, soit des bacilles tués par la chaleur, soit des fractions de parois cellulaires qui sont combinées à des adjuvants variés. L’immunostimulant issu de la paroi cellulaire mycobactérienne activerait le système immunitaire du cheval afin de reconnaître le néoplasme cutané comme une substance étrangère et à le rejeter. L’animal développerait une réponse immunitaire à médiation cellulaire par activation des lymphocytes T et des macrophages. La réaction immunitaire est caractérisée par la libération de cytotoxines contenues dans les lysosomes qui entrent en contact avec les cellules tumorales et provoquent leur mort.
Le protocole comprend plusieurs injections dont la quantité dépend des types de BCG utilisés. Les deux premières injections sont espacées d’une semaine, les suivantes dépendent des effets observés sur la lésion.
Avantages :
Elle ne nécessite pas de structure particulière, ni d’investissement important pour le vétérinaire. Le coût de cette technique est abordable pour le client. Elle est intéressante pour les lésions périoculaires où les méthodes invasives sont plus délicates à réaliser.
Inconvénients : L’apparence de la lésion peut empirer au cours des premières semaines de traitement avec ulcération, nécrose…
Un choc anaphylactique entraînant la mort de l'animal peut s'observer lors d'injections subséquentes. Une prémédication avec un anti­inflammatoire stéroïdien ou non stéroïdien est recommandée 30 minutes avant l'injection du vaccin BCG.
74
Le taux de succès varie en fonction de la localisation de la tumeur. En effet 80% des sarcoïdes périoculaires répondent favorablement au BCG, comparativement à 20% pour les lésions situées ailleurs sur l’animal. Cependant le pronostic s’assombrit proportionnellement à la grosseur de la tumeur.
Le tableau ci­dessous réunit les résultats de différentes études à l’utilisation de l’immunothérapie.
Etude
Nombre de Localisation
Taille
Vanselow
lésions
61
Paupières, réussite
0,2 à 20 cm 59%
59% ( suivi membres, de diamètre
de 2ans)
corps
péri oculaire
0,5 à 54 cm3
Lavach
31
Taux de Non­récidive
100%
100% ( suivi Owen
4
péri oculaire
2 à 7 cm
100%
de 2 ans)
_
Murphy
11
7
autres
péri oculaire
2 à 14 cm
2 à 5 cm
20%
100%
_
100% (suivi de 9 à 24 Schwartzman
Klein
20
80
Toutes < 2,5 cm
100%
mois)
_
localisations
2,5 à 7 cm
91%
_
> 7 cm
80%
_
3 à 80 cm2
50%
50%
4 à 26 cm2
67%
52%
Toutes localisations
Tête, membre, tronc
Tableau n°5 : Résultats de l’immunothérapie dans le traitement du sarcoïde équin d’après Théon. (1998)
75
c) Autre immunothérapie
Le traitement par immunostimulation utilisant des injections intraveineuses et intratumorales de Corynebacterium parvum tué est aussi utilisé pour les sarcoïdes équins. Une dose de 0,002 mg/kg de poids vif est injectée en intraveineux chaque semaine pendant 6 semaines en combinaison avec une injection intratumorale de 0,3 mg/cm3 . On obtient de moins bons résultats sur les sarcoïdes fibroblastiques qu’avec l’utilisation du BCG.
d) Chimiothérapie topique Principe : On applique de façon répétée pendant 3 à 4 mois des produits antinéoplasiques à la surface des tumeurs. Le produit le plus utilisé est le 5­fluoro­uracile (crème AW3(4)­Ludes, XX­
Terra ND). Ce dernier possède une activité cytotoxique directe en empêchant la biosynthèse d’ADN et d’ARN provoquant la mort des cellules tumorales. Par ailleurs, une réaction d’hypersensibilité se produit attirant les cellules anti­inflammatoires de l’organisme. Les cellules saines sont moins sensibles car leur prolifération est moindre et elles possèdent une couche de kératine
Avantages : Le traitement est facilement réalisable pour le propriétaire et peu coûteux.
Inconvénients : Il n’est utilisable que pour des tumeurs superficielles étant donné que la pénétrance du produit n’est que de 2 à 3 mm. Par ailleurs, le 5­fluoro­uracile possède une photosensibilité, son utilisation est donc limitée lors de période ensoleillée.
76
Encore à l’étude : un traitement topique à base d’imiquimod : (Tamzali , Borde, 2007)
Présentation de l’étude :
Nogerra et coll. présentent une étude prospective sur le traitement topique des sarcoïdes à base d’imiquimod.
L’imiquimod est une imidazoquinolinamine utilisée en médecine vétérinaire et humaine pour ses propriétés immunomodulatrice et potentiellement antivirale. L’intervention d’un papillomavirus dans l’étiologie des sarcoïdes équins, comme démontrée précédemment, a conduit les auteurs à réaliser cet essai clinique avec de l’imiquimod pour ces deux propriétés.
Matériel et méthode :
15 chevaux qui présentent des sarcoïdes, de toutes formes évolutives, confirmés par histologie, sont traités par application locale d’une fine de couche de crème contenant 5% d’imiquimod (Aldara, 3M). Cette application est répétée trois fois par semaine pendant 16 à 32 semaines. L’efficacité du traitement est évaluée toutes les 4 semaines.
Résultats :
Au cours de cette étude, l’imiquimod s’accompagne de 80% de succès (réduction de 75 % comparée à la taille initiale) et de 60% de réponse complète.
Ce traitement est bien toléré par les animaux, on note parfois de l’inconfort soulagé par des AINS ou par l’espacement des traitements.
Il présente des effets secondaires locaux souvent observés comme une alopécie, une exsudation, une ulcération ou une dépigmentation, disparaissant généralement dans le mois suivant l’arrêt du traitement avec un effet esthétique satisfaisant malgré de fréquentes anomalies de pigmentation.
Ce traitement coûte 600 à 800 dollars aux USA.
77
e) Chimiothérapie intratumorale Principe :
On injecte une substance antitumorale directement dans la tumeur, la pénétrance et la concentration du produit sont alors augmentées par rapport aux topiques. Les produits utilisés sont le cisplatine, le carboplatin, la bléomycine et le 5­fluoro­uracile.
Les agents antimitotiques peuvent être également administrés sous forme d’implants constitués d’une substance antimitotique, le 5­fluoro­uracile ou le cisplatine, d’une matrice collagénique de haut poids moléculaire et d’épinéphrine (substance vasoactive limitant une résorption rapide). Ces implants permettent une concentration intratumorale élevée pendant de longues périodes. On utilise plusieurs implants à quelques semaines d’intervalle. Cette technique est encore qu’expérimentale mais prometteuse sur 101 sarcoïdes traités, 81 ont présenté une réduction de taille supérieur à 50%.(Bertone, 1990)
Etude de l’administration intratumorale de cisplatine en émulsion huileuse : Théon et all présentent une étude rétrospective, qui évalue l’efficacité du cisplatine en émulsion huileuse, administré par voie intratumorale dans le traitement de tumeurs équines variées.
Le cisplatine est un agent cytotoxique non spécifique du cycle cellulaire. Les effets cytotoxiques du cisplatine sont à la fois dose et temps dépendants. C’est pourquoi l’index thérapeutique peut être amélioré par une administration intra tumorale (concentration dans le tissu­cible) conjuguée à une formulation retard sous la forme d’une émulsion eau­huile de sésame
Matériel et méthode :
573 équidés avec 630 tumeurs cutanées variées dont 409 sarcoïdes sont traités par des injections intratumorales d’une émulsion huileuse de cisplatine. Les chevaux sont simplement sédatés ou moins souvent anesthésiés selon la localisation des lésions.
78
L’émulsion est préparée juste avant l’injection (solution aqueuse reconstituée à 10mg/ml mélangée à l’huile de sésame par la méthode de pompage pour atteindre une concentration finale de 3,3 mg/ml), puis administrée directement dans la tumeur de façon à obtenir le dosage de 1mg de cisplatine par cm3 de tissu cible. Ce traitement est réalisé 4 fois à 2 semaines d’intervalle.
Ce protocole peut être utilisé seul ou couplé à une chirurgie en per ou post opératoire pour les tumeurs volumineuses.
Résultats :
Après une première série de traitement, le taux de contrôle local à 2ans (chevaux indemnes de récidives / nombre total d’individus) s’élève à 96%, à 4ans à 93%. Les récidives sont traitées à nouveau avec succès par le même protocole.
Ce traitement est bien toléré par les animaux. On note seulement une inflammation locale avec érythème, œdème, ulcération parfois, dont l’intensité s’accroît avec le nombre de séances. Les résultats esthétiques sont très satisfaisants, sans défaut de pigmentation ni dépilation et sans distorsion ni fibrose même en région palpébrale.
Les facteurs qui peuvent assombrir le pronostic sont le volume initial de la tumeur, les traitements antérieurs (la cryothérapie entraînant une fibrose du tissu traité), ainsi que l’association à une exérèse incomplète, qui laisse une plaie ouverte.
Le type tumoral comme le type évolutif, la localisation anatomique de la tumeur ou le protocole choisi (per ou post opératoire) n’influencent pas les résultats de cette chimiothérapie.
Avantages : C’est un traitement simple, ne nécessitant pas de matériel lourd. Le coût est modéré (110 euros par séance).
79
Inconvénients : Son utilisation est limitée par la taille de la tumeur et plusieurs interventions sont nécessaires. Il est indispensable de prendre des précautions dans la manipulation de ces produits potentiellement cancérigènes.
f) Electrochimiothérapie (ECT)
Principe : L’ECT est un nouveau traitement anticancéreux qui combine l’administration d’un agent chimiothérapeutique (comme par exemple le cisplatine) à des impulsions électriques locales brèves mais intenses. La perméabilisation transitoire des cellules soumises à un champ électrique externe permet de favoriser la pénétration et l’accumulation de cisplatine dans les cellules cibles.
Dans une étude, Tamzali et al évalue l’efficacité de l’électrochimiothérapie dans le traitement des tumeurs cutanées des équidés. Matériel et méthode :
57 équidés avec 248 tumeurs cutanées variées dont 233 sarcoïdes sont traités par ECT sous anesthésie générale de courte durée.
L’injection intratumorale se fait à partir de la même solution aqueuse reconstituée décrite précédemment. Cinq minutes plus tard, deux séries de huit impulsions électriques (amplitude 1500 V/cm, durée 100 micros) sont délivrées directement à la surface des lésions grâce à des électrodes de contact. Puis, les électrodes de contact sont déplacées pour couvrir toute la surface tumorale. Deux à quatre séances successives sont appliquées à deux semaines d’intervalle.
.
80
Résultats :
Après une première série de traitement et un temps moyen de suivi de 47 mois, l’ECT s’accompagne de 97% de réponses objectives, soit réduction de plus de 50% comparée au volume initial et de 93% de réponse complète soit disparition de la tumeur à la palpation. Les récidives sont retraitées avec succès d’où au final 98% de réponses complètes.
Le traitement est bien toléré par les animaux. On note une réaction œdémateuse très fréquente dans les zones à peau fine. Les résultats esthétiques sont très satisfaisants.
Dans cette étude, on identifie le principal facteur pronostique : en absence de chirurgie, un important volume initial peut diminuer l’efficacité du traitement.
Le type évolutif, la localisation anatomique des sarcoïdes, les traitements antérieurs ou le protocole choisi n’influencent pas la réponse tumorale à l’ECT.
Le coût de ce traitement est de 300 euros par séance.
81
Tableau n°6 : Synthèse des données récentes sur trois traitements médicaux des sarcoïdes équins
Traitement
Imiquimod 5% topique Noguera et al
Avantages
Inconvénients
Indications
­ coût ­ Sarcoïdes toutes ­ technique simple
­ aucun équipement ­ réponse tumorale lente formes évolutives ? , spécialisé
­ contraignant pour le taille ? , ­ hospitalisation non propriétaire
localisation ? , nécessaire
­ défaut de pigmentation
Traitement ­ Absence de risque pour ­ manque de recul sur antérieur ? le manipulateur
l’efficacité : temps de ­>pas de données sur ­ Résultats encourageants suivi court, faible nombre ces points (60% de réponse de tumeurs traitées
­ Localisations complète)
­ spectre inconnu
délicates : ­ bonne tolérance : ­ Association à la palpébrale, toxicité systémique chirurgie ?
membres, périnéale
absente, pas de déficit fonctionnel
­ Difficultés ­ Résultats thérapeutiques excellents
d’approvisionnement ­ Spectre large
(cisplatine en poudre)
­ Respect des tissus sains
­ Difficultés techniques
­ Absence de toxicité ­ 4 traitements minimum
systémique
­ Régression tumorale ­ Peu d’équipement lente
spécialisé
­ Anesthésie générale ­ Peut être réalisé debout parfois nécessaire
sous sédation
­ danger pour le ­ Peut être associé à la manipulateur
chirurgie
­ pas d’AMM
­ coût relativement faible
­ Résultat esthétique
­ Résultats thérapeutique ­ Coût ECT excellents
­ Hospitalisation
cisplatine ­ Spectre large
­ Anesthésie générale
Tamzali et al
­ Respect des tissus sains
­ Traitements multiples ­ Absence de toxicité souvent nécessaires (2 à 4 systémique
séances)
­ Peut être associée à la ­ Matériel spécialisé
chirurgie
­ Régression tumorale ­ Résultat esthétique
lente
­ Facilité technique
­ danger pour le ­ Dissémination manipulateur
métastatique limitée ­ pas d’AMM
(spasme vasculaire)
Cisplatine intratumor
al en émulsion huileuse
Théon et al
­ sans chirurgie : les sarcoïdes < 5cm ou + chirurgie
­ toutes localisations
­ tous types évolutifs
­ en première ou seconde intention mais moins efficace après cryothérapie
­ sans chirurgie : les sarcoïdes < 5cm ou + chirurgie
­ toutes localisations
­ tous types évolutifs
­ en première ou seconde intention
82
g) Photothérapie
Principe : Une substance photosensible est administrée au niveau du tissu tumoral et activée par exposition à la lumière. Un fois activée, la substance photosensible, permet la destruction tissulaire en endommageant l’endothélium vasculaire et en agissant directement sur les membranes cellulaires. Martens a étudié l’efficacité de la photothérapie avec de l’hypéricine (pigment naturel dans les plantes) sur les sarcoïdes. Les lésions ont été réduites jusqu’à 90 %, ce qui peut être très intéressant au vu d’une exérèse chirurgicale ultérieure.
h) Perspectives sur de nouveaux traitements
D’autres voies de recherche sont actuellement explorées, notamment dans le domaine de l’immunothérapie. L’injection intratumorale d’ADN codant pour l’Il­12 (sans chimiothérapie) a montré des effets antitumoraux sur les mélanomes des chevaux.
Par ailleurs, l’administration locale de cytokines comme l’Il­2 recombinante humaine a potentialisé la chimiothérapie locale au cisplatine en émulsion huileuse sur les sarcoïdes équins. De la même façon, l’inflammation locale qui suit le traitement ECT s’accompagne d’une lyse tumorale massive qui peut stimuler une réponse immunitaire spécifique (à médiation cellulaire T) par la libération d’antigènes tumoraux spécifiques. L’administration locale de cytokines (Il­2 recombinante ou cellules sécrétrices d’Il­2) ou la transfection de plasmide codant pour des cytokines comme Il­2 ou Il­12 permet d’améliorer les résultats de l’ECT chez la souris, et même d’induire un effet systémique.
Les résultats préliminaires de Tamzali et coll déjà obtenus sur les équidés (6 chevaux) sont encourageants si l’on considère la réponse clinique (5 réponses complètes et une partielle) et immunitaire (recrutement des LT4 et LT8 au niveau tumoral et dosage de l’interféron gama 20 à 40 fois supérieur au taux basal après le second traitement) des animaux traités avec une immunothérapie locale sous la forme de plasmides codant pour l’Il­12 associée à l’ECT.
83
i) La thérapie vaccinale des chevaux
La présence d'antigènes viraux dans les sarcoïdes équins présente l'opportunité d'évaluer les stratégies vaccinales anti­BPV. Des ânes atteint de sarcoïdes ont été vaccinés à l'aide d'une préparation « chimeric Virus­like Particles » (cVLPs) comprenant les protéines L1 et E7 du BPV­1 (Ashrafi et al, 2008). Ce vaccin a été choisi car L1 fournit la protection anticorps et E7 stimule la régression de la tumeur. La régression des sarcoïdes a été observée dans 50% des animaux vaccinés ( 4 sur 8), plus que chez les animaux traités avec le placébo ( 2 sur 9). Réciproquement, la progression de la tumeur a été observée chez seulement un des ânes vaccinés tandis que chez les animaux témoins, trois ont progressé. Dans une étude parallèle, les chevaux atteints de sarcoïdes ont été vaccinés avec un vaccin cVLP identique (Mattil­Fritz et al, 2008). La régression des sarcoïdes a été constaté in this trial et beaucoup de sarcoïdes sont restés stationnaires. Ainsi, ces données suggèrent que le cVLPs sont des vaccins thérapeutiques promettants.
4/ Choix du traitement en fonction du type de sarcoïde
Pascoe, d’après son expérience personnelle, a établi l’efficacité relative des différentes thérapies selon le type de sarcoïde. La forme clinique du sarcoïde influence le choix du traitement. En effet certaines thérapies ne sont pas applicables ou inefficaces voir même aggravantes pour certains sarcoïdes.
84
Tableau n°7 : Efficacité relative des différents traitements sur les différentes formes du sarcoïde équin d’après Pascoe.
85
Les taux de réussite obtenus chez d’autres auteurs sont légèrement différents. Le regroupement de ces données est résumé dans le tableau ci­dessous.
TRAITEMENT
Ligature
Chirurgical
Excision chirurgicale
TAUX DE SUCCES
REMARQUES
50%
uniquement sarcoïde nodulaire
< 50%
Récidive souvent plus agressive
50 à 95%
Limitée par le nombre et la localisation (œil, membres)
peu de données
Potentialise les autres traitements
50%
mauvaise définition des marges et problème de cicatrisation
Cryochirurgie
Hyperthermie
Electrocautérisation
Exérèse au laser CO2
Topique
Chimiothérapie
Cisplatine
Immunothérapie par BCG
Radiothérapie
Brachythérapie
Téléthérapie
Photothérapie
Electrochimiothérapie
85%
Structure spécialisée
Intéressant pour les vieux chevaux
80% >90% Exérèse chirurgicale nécessaire si postchirurgical
si tumeur large
100% pour les sarcoïdes périoculaires Traitement de choix
20 à 60% pour les autres localisations
92% si postchirugical Exérèse chirurgicale nécessaire 74% à 100% (suivi d'un an) si la tumeur est large
60 à 80% (suivi de 2 ans)
100% petites tumeurs Utilisation exceptionnelle dans >50% pour les tumeurs larges et structure spécialisée
multiples
Traitement d'avenir diminution de taille jusqu'à 90%
envisageable
Traitement d'avenir 100% (suivi de 2 ans)
envisageable
Tableau n°8 : Résumé des résultats obtenus selon les différentes thérapies
86
V) Quatre cas cliniques
1) Cas n°1 :
a) Anamnèse :
Prince, hongre de 8 ans, présente une masse de type sarcoïde nodulaire au niveau du poitrail de 3cm de diamètre. Cette masse est apparue, il y a quelques mois, et a grossi récemment.
Photo n°5 : Masse sur le poitrail de Prince (Photo de V. Bisch)
87
b) Traitement choisi
Des traitements homéopathiques ont été entrepris par la propriétaire sans réussite.
L’exérèse chirurgicale sous anesthésie locale est décidée en raison de la localisation et de la taille de la tumeur. Des marges d’exèrèse de 2 cm sont prises pour limiter la récidive. Le site est refermé à l’aide de sutures.
Photos n°6 : Chirurgie d’exérèse du sarcoïde (V.Bisch)
c) Suivi
Six mois après la chirurgie, la plaie est totalement cicatrisée et il n’y a pas de récidive de sarcoïde.
88
2) Cas n° 2 :
a) Anamnèse :
Altamiro, un hongre de 10 ans, présente une tumeur sur le pénis de type sarcoïde fibroblastique. Cette tumeur devenant de plus en plus suintante et exubérante, le propriétaire accepte la chirurgie.
Photo n°7 : Tumeur sur le pénis d'Altamiro (V. Bisch)
b) Traitement choisi :
Sous anesthésie générale, l’exérèse est réalisée. Deux masses sont retirées, une de type sarcoïde, l’autre de type mélanome.
89
Photos n°8 : Chirurgie d'exérèse (V. Bisch)
90
Un traitement complémentaire à l’aide de cryochirurgie est effectué. En effet, étant donné la localisation délicate, les marges d’exérèse classiques à 2 centimètres sont impossibles.
L’association des deux techniques permet ainsi de diminuer le risque de récidive.
Photo n°9 : Cryochirurgie (V. Bisch)
c) Suivi :
Altamiro s’est bien remis de la chirurgie. La cicatrisation par seconde intention se déroule bien. Deux mois plus tard, le site ne présente pas de récidive.
91
3) Cas n°3 :
a) Anamnèse :
Téquila, une jument de 5 ans, présente une masse nodulaire au niveau de l’auge et un nodule pédiculé au niveau de l’ars.
Photos n°10 : Les sarcoïdes de Téquila (V. Bisch)
92
b) Traitement choisi :
Le traitement a lieu, sur le terrain, avec une tranquillisation simple de la jument. Il est réalisé au moindre coût.
La masse de l’auge est traitée par injection intratumorale de cisplatine conjuguée à une émulsion eau­huile de sésame.
Des précautions sont à prendre par le manipulateur : blouse, gants, masque, lunettes… Ce traitement est répété 4 fois à 15 jours d’intervalle.
Photo n°11 : Les produits injectés dans la masse du sarcoïde (V. Bisch)
93
La masse de l’ars est traitée par la mise en place d’un élastique en caoutchouc à la base du nodule. Cette ligature permet une nécrose sèche et doit entraîner la chute de la masse.
Photo n°12 : Mise en place d’un élastique à la base du nodule (V. Bisch)
c) Suivi :
La masse de l’auge, après la deuxième injection intratumorale de cisplatine, voit son volume se réduire, de manière significative, de moitié. La masse de l’ars, voit son volume augmenter, deux mois après la mise en place de l’élastique. Une exérèse chirurgicale est envisagée ultérieurement.
94
4) Cas n°4 : a) Anamnèse :
Made in blond, un selle français hongre de 12 ans, présente une masse au niveau de la paupière supérieure de type sarcoïde fibroblastique. La masse est apparue soudainement et a grossi en quelques mois. Désormais, l’ouverture de l'œil est incomplète. Photo n°13 : Sarcoïde de la paupière de Made in Blond (M. Depecker, ENVL)
95
b) Traitement choisi :
La localisation de cette masse est délicate mais l’exérèse chirurgicale est décidée.
96
Photos n°14 : au cours de la chirurgie (M. Depecker, ENVL)
97
La masse est retirée. On procède à une plastie cutanée de la paupière supérieure. Par la suite, une tarsorraphie est réalisée afin de prévenir l'assèchement de l'œil. En effet, le retrait d'une grande partie de la paupière supérieure empêche l'œil de se fermer complètement.
c) Suivi :
Un masque de protection est mis en place pour éviter les frottements.
Photo n°15 : Masque de protection (M. Depecker, ENVL)
98
Après 15 jours, la tarsorraphie est retirée. La plaie cicatrise correctement.
Cependant, un ulcère au niveau de l'œil apparaît. Des applications d'une pommade antibiotique (Tévémyxine ND) et d'un collyre prévenant les ulcères à collagénases (NAC collyre ND) sont réalisées toutes les deux heures dans l'œil de Made in Blond.
Photo n°16 : Plaie de la paupière en cours de cicatrisation et ulcère à l'œil (M. Depecker, ENVL)
Une nouvelle tarsorraphie est réalisée avec mise en place d'un cathéter sous palpébral.
Après plusieurs semaines de traitement, la tarsorraphie est retirée : l'ulcère ne cicatrise toujours pas et progresse de façon défavorable. Une énucléation est finalement décidée. En revanche, la plaie de la paupière cicatrice correctement, la tumeur n'a pas récidivé à ce jour.
99
100
ANNEXES
Notions sur quelques termes difficiles
­
Southern blot :
Un transfert d’ADN ou Southern blot est une méthode de biologie moléculaire permettant l’analyse de l’ADN.
Des fragments d'ADN sont obtenus par les enzymes de restriction. On va appliquer la technique du transfert de Southern pour fixer les sondes aux fragments leur correspondant ; une sonde étant un fragment d'ADN auquel on a marqué une base grâce à des composés radioactifs, fluorescents ou un anticorps qui sert à localiser une séquence de l'ADN qui nous intéresse. Le transfert de Southern sert donc à repérer des fragments d'ADN. D'une façon plus générale, ces fragments obtenus vont présenter des polymorphismes de restriction. Un polymorphisme de restriction est une variation individuelle de la séquence des bases du génome des eucaryotes modifiant un ou plusieurs sites de restriction.
­
PCR : La Réaction en chaîne par polymérase (de l'anglais Polymerase Chain Reaction), selon la liste de sigles de biologie moléculaire, est une méthode de biologie moléculaire d'amplification d'ADN in vitro ;
Afin d'étudier un fragment d'ADN particulier, dont la séquence est au moins partiellement connue, il est nécessaire de faire une réplication enzymatique de ce fragment qui permettra de disposer de quantités manipulables d'ADN pour sa caractérisation. De ce fait les applications de la PCR sont nombreuses et cette technique est couramment utilisée dans de nombreux domaines : microbiologie, génétique, cancérologie ...
101
­
P53 :
P53 est un facteur de transcription régulant certaines fonctions cellulaires importantes comme la mitose ou la mort programmée. Cette protéine est impliquée dans la moitié des cancers chez l'Homme. La protéine p53 participe à la réponse des cellules eucaryotes aux agressions génotoxiques en induisant un arrêt du cycle cellulaire, en activant la réparation des lésions de l'ADN et en activant, dans certaines cellules, le processus d'apoptose. (Ceraline et al, 1997)
Le gène p53, suppresseur de tumeur, augmente la stabilité génétique de la cellule et joue un rôle crucial dans la suppression des tumeurs.
Figure n°4 : Rôle du gène p53
­
Ki 67 :
L’antigène Ki­67 fait partie des marqueurs de prolifération. Cet antigène est situé sur une protéine nucléaire de 360 kDa présente dans les cellules prolifératives. L'antigène Ki67 fut 102
décrit par Gerdes, en 1983, après immunisation de souris par injection de noyaux de cellules de lymphome provenant d’un lyomphome de Hodgkin.
Il est présent au niveau du noyau des cellules prolifératives, en phase G1, S, G2 et M. Sa fonction précise n'est pas connue. Une participation au maintien du pouvoir prolifératif ou au contrôle du cycle cellulaire est suggérée.
L’antigène Ki­67 est détecté, par un anticorps spécifique, en immunohistochimie et immunofluorescence. En pratique, l’index de marquage par le Ki­67 représente le pourcentage de noyaux colorés par l’anticorps Ki­67.
En oncologie, le Ki­67 semble être un test utile afin de prévoir la sensibilité d'une tumeur aux agents cytotoxiques, en particulier dans le cancer du sein.
­
: ELA En biologie, les antigènes des leucocytes équins, ELA en abrégé (de l'anglais Equin Leucocyt Antigen) désignent le complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) chez le cheval. Ces antigènes, des leucocytes équins, sont des molécules à la surface des cellules qui permettent l'identification par le système immunitaire. En génétique, ELA désigne plutôt le groupe de gènes correspondant, on parle du système ELA.
Jusqu’à ce jour, deux séries alléliques, d’antigènes leucocytaires équins (ELA) peuvent être sérologiquement déterminées.
La première série, dite de classe I, contient 17 allèles codés dans le locus A et internationalement acceptés ( A1 à A10, A14, A15, A19, W16, W18 et W20) et cinq spécificités reconnues localement en suisse ( Be 22, 24, 25 , 26 et 108).
103
La deuxième série, dite de classe II, contient trois spécificités internationalement reconnues (W13, W22, W23) et deux antigènes localement définis ( Be VIII et Be 200) tous codés dans le locus D.
La désignation des loci A et D suit la désignation humaine pour laquelle les loci de classe I sont désignés par les lettres A,B et C et ceux de classe II par la lettre D.
104
105
106
BIBLIOGRAPHIE :
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NOM PRENOM : BISCH Valérie
TITRE : Le sarcoïde équin : pathogénie et actualités thérapeutiques
Thèse Vétérinaire : Lyon , le 06 juillet 2010
RESUME :
Le sarcoïde équin est la tumeur la plus fréquente chez les équidés. Il s'agit d'une tumeur cutanée localement invasive dont il existe cinq types : verruqueux, fibroblastique, mixte, occulte et malin. Les tumeurs, en nombre variable, se développent préférentiellement au niveau de la tête, des membres et de l'aire génitale.
Leur diagnostic est fondé sur l'examen clinique et sur l'examen histologique caractéristique. L'étiologie des sarcoïdes est multifactorielle avec l'intervention d'un papillomavirus bovin de type I ou II et le rôle des allèles du Complexe Majeur d'Histocompatibilité (CMH), correspondant, chez le cheval, aux Antigènes Leucocytaires Equins (ELA). Il existe une très forte relation entre les allèles A3 et A5, de classe I, et W3 et W13, de classe II, et la sensibilité au sarcoïde.
Le traitement de base, l'exérèse chirurgicale, peut être associé à d'autres méthodes telles que la chimiothérapie, l'immunothérapie, la radiothérapie et la cryothérapie.
MOTS CLES : Sarcoïde, Equidés, Néoplasme, Papillomavirus, Dermatologie, CMH, ELA.
JURY : Président : Monsieur le Professeur Faure M.
1er Assesseur : Monsieur le Professeur Pin D.
2ème Assesseur : Monsieur le Professeur Cadoré JL.
DATE DE SOUTENANCE : le 06 juillet 2010
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