Première Guerre mondiale

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PREMIERE PARTIE :
HISTOIRE-GEOGRAPHIE (18 points)
épreuve d'histoire
Thème : la Première Guerre mondiale
Sujet : les Français en 1917
Première partie : étude de documents (8 points)
Document 1 : l'état d'esprit des populations civiles (4 points)
« L'état d'esprit de la population de l'Isère est loin d'être satisfaisant (...). C'est
aujourd'hui une lassitude qui confine au découragement et qui a pour cause bien moins
les restrictions apportées à l'alimentation publique et les difficultés d'approvisionnement
que la déception causée par l'échec de l'offensive de nos armées en avril, le sentiment
que des fautes militaires ont été commises, que des pertes élevées ont été subies sans
profit appréciable, que tout effort nouveau serait sanglant et vain. (...) Les propos tenus
par les soldats venant du front sont en grande partie la cause de cet affaissement moral
de la population (...).
Dans les villes, (...) les ouvriers, les gens du peuple s'indignent de la longueur de la
lutte, supportent impatiemment la cherté croissante de la vie, s'irritent de voir les gros
industriels de la région travaillant pour la guerre faire des profits considérables (...).
Influencés par la révolution russe, ils rêvent déjà de comités d'ouvriers et de soldats, et de
révolution sociale. »
Rapport du préfet de l'Isère au ministre de l'Intérieur, Grenoble, le 7 juin 1917.
Question n°1.
D'après vos connaissances, donnez le nom d'une bataille correspondant à ce qu'évoque
l'auteur quand il parle de « l'échec de l'offensive de nos armées en avril ».
(1 point)
Question n°2
D'après vos connaissances, par quelle expression désigne-t-on les « industriels » qui font
des « profits considérables » durant la guerre ? Donnez le nom d'une firme (française ,
allemande ou d'une autre nationalité) s'enrichissant grâce à la guerre.
( 2 points)
Question n°3
D'après vos connaissances, précisez la nature politique du régime qui s'installe en Russie
suite à la Révolution de 1917.
(1 point)
Document 2 : tract improvisé par un mutin en 1917 (2 points)
Retranscription :
Camarades,
Nous sommes 3 régiments qui
n'avons pas voulut (sic) monter en
ligne. nous (sic) allons à l'arrière à
nous (?) ou vous (?) tous d'en faire
autant. si (sic) nous voulons sauver
notre peau.
signé (sic) 5ième Division
Question n°4
A l'aide des documents 1 et 2,
expliquez l'attitude de certains
soldats en 1917.
(1 point)
Question n°5
D'après le document 2 et vos
connaissances, quel nom donne-t-on
à une telle attitude ?
(1point)
Document 3 : manifestation de femmes, Paris, 1917 (2 points)
Elles portent des banderoles
sur lesquelles on peut lire :
« Nous les aurons nos 20
ronds » et « Nous voulons la
semaine anglaise » (pas de
travail le samedi après-midi
sans diminution de salaire).
Question n°6
Qui manifeste et pourquoi ?
(1 point)
Question n°7
D'après vos connaissances,
rappelez
pourquoi
cette
manifestation
est
exclusivement composée de
femmes ?
(1 point)
Deuxième partie : paragraphe argumenté (10 points)
A l'aide des documents fournis et de vos connaissances, vous rédigerez un paragraphe
argumenté d'une vingtaine de lignes qui répond à la question suivante : Quel est l'état
d'esprit des Français en 1917?
CORRIGE
PREMIERE PARTIE : ETUDE DE DOCUMENTS
Question n°1
Parmi les offensives à la fois sanglantes et inutiles de l'année 1917, l'attaque dite du
« Chemin des Dames » (dirigée par le général Nivelle) est sans doute la plus tristement
célèbre (la première journée, les troupes françaises ont progressé de seulement 500 m au
lieu des 10 km prévus, 30 000 soldats sont morts en dix jours, les combats auraient fait
200 000 morts côté français d'après différentes estimations...).
(1 point pour cette réponse)
Question n°2
Les « marchands de canons » (Renault, Schneider côté français, Krupp côté
allemand) engrangent des profits énormes durant la Première Guerre mondiale.
(1 point pour l'expression « marchands de canons » et 1 point pour le nom d'une
des firmes ci-dessus)
Question n°3
Un système d'inspiration socialiste (ou communiste) s'installe en Russie. On
acceptera également système de type totalitaire. (1 point pour une de ces réponses)
Question n°4
Les poilus sont découragés par des offensives mal préparées qui se traduisent par
des pertes énormes pour des gains stratégiques insignifiants (cf question n°1).
(1 point pour cette réponse ou toute autre réponse de ce type)
Question n°5
Certains soldats se mutinent. (1 point pour cette réponse ou toute autre réponse de
ce type) (pour plus de précision, se repporter à l'annexe en fin de corrigé)
Question n°6
Les femmes manifestent pour une semaine de travail moins longue (pas de travail le
samedi après-midi) sans perte de salaire (1 point). Autre réponse possible : les
femmes manifestent pour de meilleures conditions de travail (ou toute réponse du même
type).
Question n°7
Les hommes en âge de porter les armes étant mobilisés, les femmes prennent la
place de ces derniers dans les fermes, les usines, etc. (1 point pour cette réponse
ou toute réponse de ce type). En l'occurrence, les femmes représentées sur cette
vignette travaillent sans doute dans des usines (usines d'armements ?) ou des ateliers et
accomplissent des journées très longues pour des salaires insuffisants (cf question n°6).
DEUXIEME PARTIE : PARAGRAPHE ARGUMENTE
METHODOLOGIE
1. Analyser le sujet
. Il s'agit de réfléchir au libellé du sujet proposé et de sélectionner les informations
en rapport avec lui.
- Dans le cas présent, il ne s'agit pas d'évoquer l'année 1917 (Révolution russe de
Février puis coup d'état bolchevik d'Octobre, entrée en guerre des Etats-Unis etc.)
mais de s'intéresser au moral des Français (au front et à l'arrière).
2. Organiser ses idées
. Votre paragraphe doit être une réflexion organisée. Il faut donc éviter de juxtaposer
des idées sans rapport les unes avec les autres, il vous faudra au contraire créer un
plan cohérent.
. Répondez aux questions car elles abordent des aspects qui vous seront utiles
pour la rédaction.
–
Exemple : la question n°4 permet de comprendre les raisons des mutineries sur le
front : lassitude des soldats car les pertes sont élevées et la stratégie de l'étatmajor est souvent inadaptée à la guerre qu'il doit conduire.
. Recensez les informations utiles pour le paragraphe mais qui ne vous servent pas
pour les questions.
–
Exemple : le document n°1 souligne l'influence de la Révolution russe de 1917
sur l'état d'esprit des ouvriers et des ouvrières en France.
. Recherchez les informations nécessaires à la rédaction mais qui ne figurent pas
dans les documents. Il est en effet indispensable de connaître votre cours pour
enrichir votre paragraphe argumenté avec des connaissances personnelles.
–
Exemple : vous devez connaître la Révolution russe et ses principales idées
(socialisme, arrêt des combats). Vous devez aussi savoir que les mutins de 1917
ne sont qu'une minorité dans l'armée française.
3. Rédiger un paragraphe argumenté
. Il est utile de débuter par quelques phrases d'introduction. Il s'agit de présenter le
sujet et d'expliquer rapidement ce que vous allez montrer.
. Les parties rédigées seront claires, séparées les unes des autres par un retour à la
ligne.
. Classez enfin vos idées en deux ou trois parties. Chacune d'elles doit
correspondre à un thème bien défini.
. Votre conclusion, quant à elle, fera à la fois la synthèse des idées développées
dans le corps du devoir et « ouvrira » ce dernier sur des problématiques en liaison
avec le sujet traité.
BAREME DU PARAGRAPHE ARGUMENTE :
. 1 point pour une introduction qui présente le sujet à étudier,
. 8 points pour le développement, à savoir :
– 6 points pour les renseignements tirés des documents et les
connaissances personnelles,
– 2 points pour le plan,
. 1 point pour une conclusion qui élargit votre réflexion.
Introduction
En 1917, après 3 années d'une guerre que les états-majors et les populations des
différents pays concernés pensaient courte (connaissances personnelles), la lassitude
commence à se faire sentir chez les belligérants. Si la longueur et la dureté du conflit
entraînent la fin des unions sacrées (connaissances personnelles), c'est en France que
la situation est la plus critique.
Première partie : 1917, l'année terrible
Phrase d'introduction
Tous les pays en guerre connaissent de graves problèmes en 1917.
. 1ère idée : les Empires centraux
Si l'Autriche-Hongrie, la Bulgarie et l'Empire ottoman voient alterner succès et
défaites, ils doivent de plus, tout comme l'Allemagne (maillon fort de cette alliance),
supporter le poids des privations engendrées par le blocus maritime organisé par
les flottes de l'Entente. (connaissances personnelles)
Quant à l'Empire ottoman, le soulèvement des tribus arabes par le colonel Lawrence
d'Arabie aboutit à affaiblir l'armée turque au Proche et au Moyen-Orient, ce dont
profitent les troupes britanniques (qui entrent à Bagdad le 11 mars et à Jérusalem le 9
décembre). (apport)
. 2ème idée : l'Entente
Si les Alliés peuvent compter sur le ravitaillement en provenance des Etats-Unis
(connaissances personnelles), la reprise de la guerre sous-marine à outrance
(connaissances personnelles), décidée le 1er février 1917 par l'état-major allemand,
gêne considérablement l'arrivée en Europe du matériel et des denrées américaines.
L'entrée en guerre de l'Italie est loin d'être décisive pour l'Entente, comme le
démontrera la terrible défaite de Caporetto d'octobre 1917 (connaissances
personnelles), et l'entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés des Alliés (4 avril 1917)
ne permet pas de pallier la défection progressive de l'allié russe suite à la
révolution de Février 1917 (cf document 1) puis au coup d'état bolchevik
d'Octobre. (connaissances personnelles).
En effet, même si les premières troupes américaines commandées par le général
John J. Pershing arrivent en juin 1917, il faut attendre août 1918 pour que les effectifs
mobilisés atteignent 1 300 000 soldats. L'intervention américaine sur le front Ouest
ne se fait donc réellement sentir qu'en 1918. (apport)
Phrase de transition avec la deuxième partie : c'est cependant en France que la lassitude
est la plus grande.
Deuxième partie : le cas de la France
Phrase d'introduction
La France souffre particulièrement du conflit.
. 1ère idée : un pays en partie occupé
Dès le début du conflit, la France voit une partie de son territoire occupée par
les armées allemandes. (connaissances personnelles)
Cette occupation souvent très dure concerne des régions d'une importance
économique vitale pour l'économie française (ainsi les mines de fer et de
charbon de Lorraine et du Nord-Pas-de-Calais). (connaissances personnelles)
De plus, ces régions du Nord et de l'Est ont vu les terribles batailles de la
guerre de position se dérouler sur leur sol (Verdun et la Somme en 1916).
(connaissances personnelles)
. 2ème idée : le moral des poilus au plus bas
Le moral des troupes françaises est souvent très bas en cette année terrible.
En effet, si le soldat français patauge depuis maintenant 2 ans dans la boue des
tranchées (sort partagé par son allié anglais et son ennemi allemand), le poilu a
l'impression d'être sacrifié en vain. Si l'état-major allemand adopte une stratégie
défensive et profite de la défection russe pour accumuler hommes et matériel en
provenance du front de l'Est (connaissances personnelles), l'état-major français
continue sa stratégie d'offensives aussi sanglantes qu'inutiles (Chemin des
Dames) (cf document 1 et connaissances personnelles) en envoyant ses troupes
à l'assaut de positions allemandes puissamment fortifiées et les pertes sont
terribles. (apport)
. 3ème idée : des civils de plus en plus mécontents
Le mécontentement est grand également parmi les civils.
Si certains paysans s'enrichissent grâce au marché noir (connaissances
personnelles), si certains profiteurs de guerre et « marchands de canons » comme
Renault, Schneider et d'autres font des profits énormes (cf document 1 et
connaissances personnelles), une grande partie de la population souffre.
Dans les campagnes, les réquisitions de denrées alimentaires sont souvent très
mal perçues. (connaissances personnelles)
Dans les villes, la situation est beaucoup plus délicate. En effet, si les paysans
peuvent consommer une partie de leur production (connaissances personnelles), la
vie est dure pour des ouvriers qui doivent accomplir des cadences parfois
lourdes pour des salaires bloqués (cf document 3 et connaissances
personnelles) et insuffisants pour faire face à une inflation galopante.
(connaissances personnelles)
. 4ème idée : l'influence des idées pacifistes
Un courant pacifiste se développe chez les socialistes. Ces derniers diffusent
l'idée d'une paix blanche, une paix sans sans annexion, sans vainqueur ni vaincu.
Cette idée fait son chemin dans de nombreux esprits. (apport)
Phrases de transition : des soldats qui ne supportent plus d'être « envoyés à la
boucherie », des civils qui en ont assez des restrictions et privations, une victoire sans
cesse promise et toujours remise... Bref, le moral est bas et la haine envers les « gros »
toujours plus grande. Le succès de la « chanson de Craonne » est particulièrement
révélateur de cet état d'esprit...
Troisième partie : les manifestations du mécontentement et les mesures prises par
le gouvernement pour les résoudre
Phrase d'introduction
Les pertes énormes causées par les offensives d'avril entraînent des réactions de la
part des soldats et les mauvaises nouvelles en provenance du front aggravent le
mécontentement des civils.
. 1ère idée : au front et à l'arrière, à bas la guerre ?
L'exaspération des soldats se manifeste par les fameuses mutineries de 1917 (cf
document 2 et connaissances personnelles). Le poids de ces mutineries, qui ont
laissé tant de traces dans la mémoire collective, est cependant à relativiser. D'une part,
certains soldats alliés (Italiens) ou ennemis (Allemands) se sont également mutinés, et,
s'il est vrai que la France a été le pays le plus touché par les mutineries, trois éléments
importants sont à prendre en considération :
– les mutineries ont concerné à peine 1 % des régiments de l'armée française,
(connaissances personnelles),
– si les soldats se mutinent, ils n'abandonnent pas leur position : ils refusent de
monter à l'assaut (cf document 2), à la différence des soldats russes qui
désertent et règlent souvent leurs comptes avec les officiers, (connaissances
personnelles),
– ces mutineries, qui interviennent bien tardivement, sont donc avant tout
l'expression d'un « ras-le-bol » face à des offensives mal préparées et
coûteuses en vies humaines plus qu'un refus de se battre (cf document 2 et
connaissances personnelles).
Les civils, quant à eux, supportant de plus en plus difficilement les conditions
de vie et de travail, n'hésitent pas à manifester (cf document 3) ou à faire grève,
situation extrêment délicate à gérer pour un gouvernement en temps de guerre.
. 2ième idée : les réactions du gouvernement
Pour mettre fin aux mutineries, le commandement militaire use de mesures
répressives : dispersion des mutins dans d'autres régiments, condamnations à la prison
ou au bagne, exécutions (certes peu nombreuses - environ 50 fusillés - mais parfois
arbitraires). La politique menée par Pétain, nommé commandant en chef des armées
au mois de mai 1917 (répression qui alterne avec des permissions plus
nombreuses et une rotation plus importante des régiments) et l'arrêt des
offensives meurtrières finissent par porter leurs fruits. (connaissances
personnelles)
Dans le domaine politique, le président de la République Poincaré nomme
Clemenceau au poste de président du Conseil. L'action du « Père la Victoire » est
décisive : très populaire (nombreuses visites au front), il incarne la volonté farouche de
combattre l'ennemi jusqu'au bout. Il lutte avec beaucoup d'énergie contre les
pacifistes et les défaitistes (arrestation des politiciens Caillaux et Malvy) (apport)
et pratique une politique autoritaire résumée par sa formule : « Politique
intérieure ? Je fais la guerre. Politique étrangère ? Je fais la guerre. Je fais
toujours la guerre. » (connaissances personnelles)
Conclusion
Si l'année 1917 a peut-être été plus terrible en France que dans d'autres pays en
guerre, elle est révélatrice des terribles sacrifices imposés aux populations (civiles
comme militaires) et de l'état d'épuisement des belligérants. La guerre totale voulue
par les gouvernements aboutit à une exaspération générale et seules des mesures
énergiques permettront aux différents gouvernements d'imposer à leur population
encore de nombreux mois d'efforts et de privations avant la fin des hostilités.
Annexe : les mutineries
Les mutineries concernent essentiellement l'infanterie. Elles sont localisées dans le Nord
de la France (région du Chemin des Dames et plateau de Craonne).
L'historien américain John Keegan, spécialiste de la Guerre de 1914-1918 (auteur d'un
ouvrage sur La Première Guerre mondiale) affirme que les « mutineries » de 1917 (terme
diffusé par les historiens) ou les « actes d'indiscipline collective » (expression militaire de
l'époque) sont en fait une grève militaire. Il précise que le terme « indiscipline » implique
une défaillance de l'ordre, celui de « mutinerie » implique souvent des violences envers
les supérieurs. Or, l'ordre, au sens large du terme, demeure, et aucune violence n'est
exercée à l'encontre des officiers (du côté français). Il y a du respect entre les soldats et
les officiers (du moins pour ceux qui sont présents sur le terrain et partagent les mêmes
souffrances que les soldats). Les « mutins » ne veulent « aucun mal » à leurs officiers.
Simplement, ils refusent de « retourner dans les tranchées ».
John Keegan reste vague sur le nombre de soldats « mutins ». Il avance le constat
suivant : « on en trouve dans cinquante-quatre divisions, soit près de la moitié de
l'armée ». Si les mutins refusent de prendre part aux nouvelles attaques, ils expriment,
dans le même temps, leur volonté patriotique de tenir le front contre les attaques de
l'ennemi. Selon Keegan, 554 soldats sont condamnés à mort et 49 exécutés.
Enfin, il insiste sur le fait que ces refus d'aller au front se manifestent dans un contexte
d'agitation sociale : « le mécontentement civil nourrit le mécontentement militaire (...) ».
Autres sources : les « mutineries » se déroulent du 17 avril au 8 juin 1917 du côté
français. Elles sont le fait d'une minorité, jamais plus d'1 à 2 compagnies par régiment.
Elles touchent 40 000 hommes. Au total, environ 3 500 soldats passent en conseil de
guerre.
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