Kinshasa, le MESSAGE DU MINISTRE DE LA SANTE RELATIF A LA MENACE DE L'ÉPIDÉMIE DE FIÈVRE HÉMORRAGIQUE A VIRUS DE MARBURG. L'opinion tant nationale qu'internationale est informée qu'une épidémie meurtrière due au virus de Marburg sévit dans le nord de l'Angola, dans la Province de Uige, depuis octobre 2004. Plus de 100 cas ont été notifiés avec un taux de létalité de 95 %. La plupart de victimes (75 %) sont des enfants. Parmi les victimes adultes on compte également quelques membres du personnel soignant. Vu la proximité entre la province angolaise affectée et la province du Bas-Congo, il est de mon devoir de vous donner les instructions suivantes afin d'empêcher l'extension de la maladie en RDC et de mettre ainsi nos populations à l'abri des souffrances éventuelles. S'agissant du Virus de Marburg, il sied de noter que ce virus et celui d'Ebola appartiennent à la famille des Filoviridae. Ce sont des virus à ARN, allongés en forme de filament. Ils sont la cause des épidémies meurtrières de fièvres hémorragiques en Afrique. En effet, le virus de Marburg était identifié pour la première fois en 1967 en Allemagne chez des techniciens de laboratoire infectés en manipulant des cellules de singes importés de l'Ouganda. Depuis lors, des cas sporadiques de maladie de Marburg étaient ensuite signalés au Zimbabwe en 1975, et au Kenya en 1982. Mais la plus grosse épidémie de Fièvre hémorragique à virus de Marburg avec plus de 140 cas, était survenue en RDC Watsa/Durba en 1999-2000 dans la mine de Gorumbwa / Province Orientale. Quant aux signes cliniques de la maladie, la fièvre hémorragique à virus de Marburg est une maladie caractérisée par une fièvre et des hémorragies après une période d'incubation de 3 à 9 jours (18 au maximum pour EBOLA). 2 Au début, la maladie s'annonce comme une grippe banale suivie de la fièvre en plateau et des maux de tête. D'autres symptômes non spécifiques comme la diarrhée, les nausées et vomissements s'ajoutent par la suite et font penser au paludisme ou à la fièvre typhoïde. Mais tous ces symptômes gênants ne répondent ni aux médicaments antipaludiques ni aux antibiotiques usuels. Par conséquent, entre le 5e et le 7e jour, la présentent des manifestations hémorragiques sanglante, toux sanguinolente et saignement du leur mort dans un état de choc cardiovasculaire jour. plupart des malades sévères : diarrhée nez. Ce qui entraîne entre le 10e et le 13e Concernant les modes de transmission, il est établi que le virus de Marburg se transmet par contact direct avec les selles, les urines, la salive ou le sang d'un malade atteint de fièvre hémorragique à virus de Marburg. Le virus peut se transmettre aussi par voie sexuelle. Le réservoir du virus n'a jamais été identifié. Malgré de nombreuses recherches réalisées à ce jour, on ne connaît pas l'animal ou l'insecte qui transmet le virus dans la nature. On ne sait pas aussi comment l'homme attrape l'infection dans la nature. Mais une fois infecté, l'homme assure la transmission de personne à personne dans la communauté. Le personnel médical peut s'infecter aussi de façon incidentielle lors des soins aux malades et lors des prélèvements pour analyses de laboratoire, si des précautions rigoureuses de protection usuelle ne sont pas strictement prises ou observées. II y a alors lieu de souligner que la maladie due au virus de Marburg comporte les facteurs de risque sérieux de contamination pour le personnel soignant et la population. Car, le fait d'examiner ou de soigner un malade atteint de Fièvre Hémorragique à virus de Marburg avec les mains nues, de laver les cadavres et de les manipuler à domicile constituent un danger majeur. Pour ce qui est du traitement, il n'existe ni médicament curatif ni vaccin spécifique contre la Fièvre Hémorragique à virus de Marburg. Cependant, la prise en charge médicale des personnes infectées consiste en un traitement palliatif pour maintenir en état les fonctions vitales. 3 Recommandations En rapport avec la situation qui prévaut actuellement en Angola, je vous recommande de doubler de vigilance pour que la maladie soit détectée précocement. Les mesures de prévention et de lutte sont en cours pour en empêcher l'expansion dans notre pays. Le Ministère de la Santé suit de près l'évolution de la situation et les dispositions appropriées sont prises pour faire face à cette menace. C'est dans ce contexte que je demande d'abord aux autorités politicoadministratives de sensibiliser la population dans leurs juridictions respectives sur les précautions relatives à l'hygiène et à la salubrité publiques. Ensuite, j'exhorte tous les personnels de santé y compris les membres de la Croix Rouge de mener une surveillance épidémiologique transfrontalière active de tous les cas de fièvre d'origine indéterminée ne répondant ni aux médicaments antipaludiques ni aux antibiotiques et d'observer scrupuleusement les mesures de protection, d'hygiène et d'assainissement en milieu hospitalier. Enfin, je demande à la population de rester en éveil. A cet effet, je prie toutes les personnes qui auront pris connaissance d'un cas de fièvre persistante ne répondant ni aux médicaments antipaludiques ni aux antibiotiques d'informer les centres de santé et les autorités sanitaires les plus proches. Le Chef de l'Etat, le Général Major Joseph KABILA et le Gouvernement de Transition demeurent préoccupés par cet état des choses et ne ménagent aucun effort, avec le concours des partenaires de santé, pour assurer au peuple congolais les moyens d'organiser la prévention et la riposte contre la menace d'épidémie de fièvre hémorragique à virus de Marburg, Je m'emploie à développer des contacts avec mes collègues de l'Angola et de la République du Congo pour mener une lutte commune contre ce fléau, d'autant que la RDC dispose d'une expertise en la matière. 4 Au nom du Gouvernement de Transition, je remercie particulièrement les partenaires de la République Démocratique du Congo, notamment l'OMS, l'USAID, le CDC ATLANTA, les MSF/Belgique pour leur réaction spontanée en faveur de la lutte contre l'expansion de la maladie. Je félicite particulièrement les experts nationaux de l'Ecole de Santé Publique, de l'Institut National des Recherches Biologiques (INRB), du Programme National de lutte contre les fièvres hémorragiques virales et le Monkeypox, (PNMPX et FHU), de la 4e direction de lutte contre la maladie du Ministère de la Santé pour leur disponibilité, mais surtout pour leur expertise en matière de lutte contre les maladies hémorragiques. Que Dieu protège la République Démocratique du Congo Je vous remercie Fait à MATADI, le 28 mars 2005.