Thème 4 : France et Europe dans le monde : La France dans la mondialisation Introduction : Deux questions centrales autour de ce chapitre : Quel type de relation la France entretient-elle avec le reste du monde ? Pour répondre à cette question, il faut utiliser le concept de puissance : capacité d’influence sur un autre état/acteur par la force (hardpower), l’influence culturelle (softpower) ou l’économie. La France est-elle bien intégrée à la mondialisation ? Pour répondre à cette question, il faut analyser les différents flux (économiques, culturels, commerciaux etc.) émis, reçus et qui traversent le pays. Contexte historique : La France est une puissance historique. Du XVII au XIXe siècle, elle est la principale puissance européenne. Grâce aux armées de Napoléon, elle parvient à s’emparer de nombreux territoires. La France a également été un des pays moteurs de la mondialisation. A partir du XVIe siècle, elle est une importante puissance coloniale. Ses entreprises sont présentes sur tous les continents. Actuellement, toutefois, la puissance de la France, tout comme celle du reste de l’Europe est en déclin. Avec la domination de la Triade et l’émergence des BRICS, la France doit faire face à de nombreux concurrents. Elle reste une puissance, mais elle est loin de représenter une superpuissance comme les Etats-Unis. Plan du cours : 1. La présence française dans le monde 2. Paris, ville globale 1. La présence française dans le monde Cette première partie vise à comprendre quelle est la place de la France dans le monde, quel type de relation elle entretient avec le reste du monde. Pour cela, nous utiliserons le concept de puissance dans toutes ses déclinaisons (économique, culturel, politique). I. L’influence économique Les principaux critères économiques pour savoir si un pays est une puissance économique sont son PIB, son commerce (si il importe et exporte beaucoup), ses FTN, ses IDE… La France est une puissance économique. Elle possède le 6e PIB mondial. A l’échelle de l’Europe, elle a le 3e PIB le plus important après l’Allemagne et l’Angleterre. C’est aussi une puissance commerciale. Elle est le 5e principal pays qui importe et exporte le plus de produits (carte p. 294). La France a également un bon rayonnement économique grâce à ses FTN qui sont présentes partout dans le monde. Exemples : BNP Paribas (Banque), Carrefour (supermarché), Renault (voitures), L’Oréal (cosmetiques), Danone (agro-alimentaire) 1 II. (doc. 1 p. 297)… La France accueille aussi beaucoup de FTN étrangères. On dit qu’elle est attractive pour les FTN. Ses principaux facteurs d’attractivité sont la qualité de vie, le bon niveau de qualification de la main-d’œuvre ou encore ses bonnes infrastructures. Comme la France possède et attire des FTN, elle émet et attire de nombreux Investissements Direct à l’Etranger (IDE) (doc. 3 p. 295). Elle est actuellement le troisième pays qui attire le plus d’IDE et le deuxième qui en émet le plus. La France est donc très bien insérée dans les flux financiers mondiaux. Le hard power Pour saisir le hard power d’un pays, il faut regarder son influence politique. Celle-ci s’exerce surtout à travers la force militaire et la force diplomatique. Pour voir la force diplomatique d’un pays, on regarde si il a une position importante dans les Organisations Internationales comme l’ONU, ou si il possède beaucoup d’ambassades et de consulats. a. Puissance militaire : La France est une puissance militaire. Elle fait partie du peu de pays qui possèdent l’arme nucléaire, et importe et exporte beaucoup d’armes. Elle a également une armée de métier moderne et bien équipée qui participe aux activités de l’ONU et l’OTAN. Elle possède des territoires en dehors de l’Europe qu’on appelle les Départements et Régions d’Outre-Mer (DROM) (Guyane, la Réunion, Polynésie), ainsi que des liens privilégiés avec ses anciennes colonies (Tchad, Guinée). Du coup, il y a des bases militaires françaises sur toutes les mers du monde qui peuvent intervenir rapidement partout. b. Puissance diplomatique : La France est aussi une puissance diplomatique. Elle a le deuxième réseau d’ambassades et de consulats le plus important au monde (doc. 2, p. 297). La France fait partie des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, ce qui lui confère un droit de véto. Ainsi, en 2003, elle a mis son véto pour empêcher l’ONU d’intervenir en Irak. Elle a aussi une place importante dans d’autres grandes institutions internationales comme l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le G8, le G20… Actuellement, l’OMC et le FMI ont des directeurs français. Certaines Organisations Internationales ont leur siège en France comme l’UNESCO à Paris. Enfin, la France a une plus importante au sein de l’Union Européenne (UE). Le Parlement européen, le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des droits de l’homme se trouvent à Strasbourg. En plus, comme la France est un gros pays, elle a plus de voix pour prendre des décisions au sein de l’UE. III. Le soft power Pour regarder si un pays est une puissance culturelle, on regarde s’il y a des éléments de sa culture qui sont connus, exportés, valorisés, voire imités dans le reste du monde (comme sa langue, sa religion, sa musique, sa littérature, sa mode, sa cuisine, etc.) La France est le berceau d’une langue internationale. Il y a 220 millions de personnes francophones dans le monde. Pour promouvoir la langue et la culture française, la France a créé un réseau de centres qui s’appellent l’Alliance Française. Ces centres 2 IV. sont implantés dans 136 pays. On y donne des cours de langue et de culture françaises. Par ailleurs, il y a 436 établissements scolaires français hors de France (par exemple, les Cours Poncet). La France dispose aussi de médias internationaux pour diffuser sa langue et sa culturelle, comme TV5 Monde. La culture française a un rayonnement mondial grâce aux flux migratoires émis et reçus par le pays. 2 millions de français vivent à l’étranger, tandis que la France est le 3e pays d’accueil des professionnels ou étudiants étrangers. Enfin, on voit que la France a un soft power important car c’est le pays qui attire le plus de touristes au monde (80 millions de touristes par an). Elle possède des stations balnéaires, de ski, des paysages divers, un patrimoine culturel important (architecture, mode, gastronomie), etc. Limites de la puissance française Si la France n’est plus la première puissance mondiale, comme au XVIIIe siècle, elle a toujours un rayonnement économique, politique et culturel important. On peut dire que c’est une puissance moyenne. Aujourd’hui, certaines personnes disent pourtant que la puissance de la France est en déclin. Limites économiques : o Les nouvelles puissances émergentes (BRICS) la concurrencent et la dépassent dans de nombreux aspects. Par exemple, la Chine est la seconde économie mondiale depuis 2010. o En comparaison avec les pays émergents, la France a une croissance économique faible (1.1% en 2015, contre 7% pour la Chine et l’Inde). o Par ailleurs, la France a une économie en déficit. Cela signifie qu’elle importe plus de produits qu’elle n’en exporte. En d’autres termes, elle achète pour plus d’argent qu’elle ne vend. Du coup, la France possède une dette publique importante. Limites culturelles : o Dans le domaine de la culture aussi, la France souffre de la concurrence étrangère. Jusqu’au XXe siècle, c’était le français qui était la principale langue diplomatique mondiale. Aujourd’hui, il a été remplacé par l’anglais. o Par ailleurs, Paris a longtemps été la capitale internationale de l’art et de la mode. Aujourd’hui des villes comme Londres ou New York ont également une importance primordiale dans ces secteurs. Limites politiques : sur le plan politique, la place de la France au Conseil de Sécurité de l’ONU est contestée par les puissances émergentes. Pour des pays comme l’Inde ou la Chine, il n’y a pas de raison que la France ait un droit de véto car sa population est peu nombreuse (doc. 3 p. 297). En conclusion, la France reste aujourd’hui une puissance mondiale moyenne, mais la concurrence des pays émergent représente un réel défi pour l’avenir. 2. Paris, ville globales Les questions centrales qui tournent autour de ce chapitre sont les même que pour le reste de la France : Quels sont les facteurs de puissance de la ville ? Quels sont les facteurs d’insertion dans la mondialisation de Paris ? 3 Toutefois, on s’intéresse ici à une ville et non à un pays. C’est que les questions de la puissance et de la mondialisation peuvent se poser à toutes les échelles. Actuellement, les lieux les plus puissants et les mieux intégrés dans la mondialisation ne sont pas des pays mais des villes ou métropoles, qui l’on appelle les villes mondiales ou métropoles mondiales. I. Une métropole d’importance mondiale a. Une ville globale Paris est une mégapole. Dans les faits, la ville de Paris abrite seulement 2,2 millions d’habitants. Toutefois, si on compte toute l’agglomération parisienne (avec Seine-Saint Denis, le Val-de-Marne etc. carte p. 46), elle compte 10,4 millions d’habitants. Mais ce qui rend Paris importante à l’échelle mondiale, n’est pas son nombre d’habitants, mais sa puissance, sa capacité à exercer des fonctions de commandement à l’échelle mondiale. De nombreuses décisions importantes à l’échelle mondiale sont prises à Paris. Paris est une métropole, car elle exerce des fonctions de commandement à l’échelle nationale et européenne. Mais c’est aussi une ville mondiale, car elle exerce des fonctions de commandement à l’échelle mondiale. Enfin, comme elle fait parie des quatre villes mondiales les plus importantes, c’est une ville globale ! L’importance de Paris fait qu’elle a une très bonne accessibilité au niveau des transports. C’est la ville la mieux connectée au monde en matière de transports: 2 aéroports internationaux, 11 aéroports d’affaires, bien connectée au réseau de chemins de fer européen, routes… b. La puissance économique de Paris Paris est la ville qui a le PIB le plus important d’Europe. Toutefois, ce qui en fait un lieu où des décisions sont prises à l’échelle mondiale, c’est le fait qu’elle abrite le siège social de 27 des 500 FTN les plus importantes au monde. Elle abrite plus de sièges principaux de FTN que New York ! Ces sièges sociaux se concentrent dans le principal quartier d’affaires de Paris, la Défense (doc. 1, p. 303). La Défense est le premier centre d’activité tertiaire (services) d’Europe. Paris est donc un lieu qui concentre de nombreuses innovations technologiques. c. Le soft power Paris est un lieu de commandement culturel. On la considère souvent comme la capitale de la mode, du luxe et de la gastronomie. Les innovations des parisiens dans ces domaines se répandent dans le monde entier. Mais Paris est également un lieu de commandement touristique puisque la ville est la première destination touristique mondiale. Ses monuments et musées sont mondialement connus (Tour Eiffel, Louvre, Musée d’Orsay). La ville détient également le premier rang mondial de la ville qui offre le plus d’activités culturelles. Ses théâtres, opéras et salles de spectacles sont connues dans le monde entier (l’Olympia, le Zénith). Elle abrite également de nombreuses infrastructures pour accueillir des événements sportifs internationaux (le stade de Roland Garros, le Stade de France). Mais le soft power parisien provient également de son statut de pôle de recherche scientifique et de formation universitaire : o Ville qui abrite le plus de congrès internationaux au monde. o Ville d’Europe qui organise le plus de salons. 4 o Paris abrite 13 universités, dont certaines sont réputées internationalement comme la Sorbonne ou Nanterre. Elles attirent étudiants étrangers du monde entier. d. Le hard power Paris a un poids diplomatique important car elle abrite deux importantes organisations internationales : l’UNESCO et l’Organisation de coopération et de développement économiques-OCDE. Elle héberge également les ambassades et consulats de plus de 180 Etats. Enfin, en tant que capitale de la France, Paris abrite l’Elysée, où loge le Président de la République, mais aussi le Ministère des Affaires Etrangères au Quai d’Orsay. La majorité des décisions politiques françaises sont donc faites à Paris. II. Les limites de la puissance parisienne a. La décentralisation Pendant longtemps, la France a eu un fonctionnement centralisé. Toutes les décisions étaient prises à Paris, puis appliquées dans l’ensemble du territoire. Paris avait donc un rôle de centre de décision très important. Depuis les années 1960, on assiste à un phénomène de décentralisation en France. On veut augmenter l’importance des régions et des départements, et donc diminuer celle de Paris. Pendant plusieurs décennies, le gouvernement a donc cherché à diminuer le poids de Paris. Toutefois, avec la mondialisation et l’augmentation de la concurrence internationale, la France cherche à conserver le rang mondial de Paris face aux métropoles émergentes. Du coup, l’Etat veut renforcer l’importance de Paris, non pas par rapport au pays, mais par rapport au monde. Il fait de nombreux aménagements du territoire dans ce sens : aménagement du quartier d’affaires de la Défense, Stade de France… b. Les limites économiques Même si Paris est la ville avec le meilleur PIB d’Europe, elle doit faire face à une série de défis. D’abord, si son PIB reste élevé, la croissance économique est de moins en moins importante. Par ailleurs, la ville souffre d’un problème de chômage. Comme elle se spécialise dans le secteur tertiaire, elle a délocalisé de nombreuses entreprises, ce qui a entrainé un processus de désindustrialisation. Le chômage chez les personnes qui travaillent dans le secteur secondaire, comme les ouvriers, a donc fortement augmenté. Les principaux problèmes de Paris sont toutefois les transports et le logement. Les deux aéroports internationaux ne sont pas desservis par le métro et pas connectés entre eux (projet de métro et de TGV), beaucoup d’embouteillages, connectivité moyenne entre Paris et la banlieue… Comme Genève, Paris souffre d’une crise du logement. Il est devenu extrêmement cher de se loger au centre-ville. Cela crée des problèmes d’emplois (trajets longs pour aller des banlieues au centre) et d’inégalités : 5% seulement des ouvriers parisiens vivent au centre… …Ce qui nous amène à la dernière limite : Paris est une ville globale, elle est bien intégrée dans la mondialisation mais ce n’est pas le cas partout. Elle dispose d’un centre historique, de centres d’affaires et de certains pôles industriels et technologiques hors du centre-ville qui sont très bien insérés à la mondialisation. Mais les banlieues (parfois appelées ghettos) peuvent être considérées comme en marge de la mondialisation. 5 On a donc affaire à un phénomène d’inégalités socio-spatiales. Les catégories de la population les plus favorisées se trouvent au centre et dans les zones les mieux desservies par les transports, tandis que les moins favorisés se regroupent dans la périphérie. 6