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Pratiques infirmières : que
nous apprennent les
neurosciences et la
psychologie sociale?
I. Célestin-Lhopiteau, P. Wanquet-Thibault
Introduction
Pourquoi cette conférence?
v Infirmier : un métier de relation et de communication
v Implique une formation adaptée et actualisée
v Prenant en considération les évolutions des
connaissances sur le fonctionnement cérébral et la
psychologie sociale
MISE AU POINT – SYNTHESE
Déroulement
v Introduction P. Wanquet-Thibault
v Communication I. Célestin-Lhopiteau
v Intégration clinique P. Wanquet-Thibault
v Echanges et Discussion
Infirmier, un métier de relation
v Les années 60 : les infirmières sont
reconnues
comme
de
bonnes
techniciennes, la relation au patient est
jugée médiocre, le comportement est
déterminé par l’attitude du médecin.
v Aux
Etats-Unis, ces professionnelles
s’emparent du courant de la psychologie
humaniste pour développer leur rôle
Quelques remarques fréquentes
v La communication, la relation c’est compliqué, et puis on a pas
le temps….
v Pourquoi ne faut-il pas dire « je vous pique » au moment de faire
une injection ou un prélèvement au malade?
v Pourquoi le malade exprime-t-il plus ses émotions quand un
membre de son entourage familial est présent?
v Pourquoi le malade n’exprime-t-il pas sa douleur quand il a des
visites et sonne-t-il dès qu’elles sont parties?
Quelques remarques fréquentes
v Pourquoi, alors que je dois m’occuper de tous les malades avec
le même intérêt, certains me sont plus sympathiques que
d’autres? Comment faire?
v Ce patient qui me dit qu’il a mal avec un grand sourire, j’ai du
mal à penser qu’il a vraiment mal, il me raconte des histoires,
peut-être pour que je m’intéresse à lui
v Voir pleurer un patient, ce n’est pas facile, je ne suis pas
préparée à ça, j’appelle la psychologue
v Aux urgences, il y a souvent de l’agressivité, on est pas formé
pour gérer ça, et puis ce n’est pas notre boulot
La Relation Soignant-Soigné
v
v
v
v
v
v
v
Existe toujours
Soigné effectue une demande auprès d’un
professionnel
Ses comportements et réactions dépendent de
sa personnalité,
son histoire
ses expériences antérieures
son état présent
La Relation Soignant-Soigné
L’amélioration de la relation augmente :
v
Satisfaction du patient
v
Acceptation des traitements
v
Capacités du soignant
3 NIVEAUX DE RELATION
SOIGNANT/SOIGNE
v Relation de politesse
v Relation de soin
v Relation d’aide
Schéma de la communication
Filtres
Filtres
Communication
Verbale
Émetteur
Communication Non
verbale
Feedback
Récepteur
LA COMMUNICATION SE
REPARTIT EN
VERBALE
NON VERBALE
82%
18%
Répartis en
v
Para-verbal
v
Non verbal
Importante
Toujours ressentie
Rarement reconnue
Langage Non Verbal
v Kinésique : mouvements et positions du corps
v Haptique : englobe le toucher et les phénomènes
kinesthésiques, perception du corps dans
l’environnement.
v Proxémique : espace, la distance entre 2 individus
v Tenue vestimentaire, semi vestimentaire (téléphone
portable), maquillage, tatouage
v Tout élément de temps, de lieu, de cadre présent est
susceptible d’être un élément de communication
Langage paraverbal
v Ton,
v Intonation,
v Rythme,
v Pauses,
v Latences et hésitations entre les mots
Notre modèle du monde
v Construit dès la naissance, à notre insu, à partir de différents
filtres qui :
v
sélectionnent l’information
v conditionnent nos interprétations
v Ce modèle engendre nos perceptions : nous voyons le monde à
notre image
v
v
v
v
v
Entretient l’illusion que le monde est tel que nous le pensons
Renforce nos croyances: difficile de croire que d’autres aspects de la
réalité nous échappent
Suffit au quotidien : pas de remise en cause
Si divergences : solutions recherchées dans le cadre connu
Renforce notre modèle du monde
Contexte de la relation de soin
v Le plus souvent « contraint » par :
v le temps,
v la réalisation de gestes techniques
v Méconnaissance du soigné :
v comment faire pour savoir ce qui lui convient?
v Apprentissages « standardisés », souvent intégrés par
modélisation (lors des stages) :
v « j’informe le patient de ce que je vais lui faire : je vais vous
faire une petite piqûre, voilà, je vous pique! ». On nous a
appris qu’il fallait absolument prévenir le malade !
v « je le rassure : ne vous inquiétez pas, ça va pas être
Du côté du patient
v Dépendance : abandon symbolique ou réel
v Conflits anciens : malade ‘ difficile ’
v Bénéfice : malade ‘ facile ’
v Soignant : plus ou moins directif
v Régression : favorisée par la douleur, la souffrance
v Spatio-temporelle
v Centrage sur lui-même
v Intensité fonction de l’atteinte et rapidité
Du côté du soignant
v Identification projective si le seul repère est lui-même
v Peu efficace : gêne la relation
v Épuisement professionnel
v Jugement de valeur
v Aide à prendre de la distance
v Empêche l’expression du patient
Cercles vicieux relationnels
Comportements
Critique, plaintes
Pensées
‘ce soignant est incompétent’
‘Je n’ai pas confiance’
Patient
Pensées
‘Il ne sera jamais satisfait’
‘Suis-je compétent?’
‘je devrais changer de métier’
Soignant
Sentiments
Insécurité, solitude,
abandon
Sentiments
Frustration, impuissance,
Dévalorisation,
insécurité
Comportements
Critiques, rationalisation, évitement
D’après ‘Relations soignants-soignés4 C. Curchod
Cercles vertueux relationnels
Comportements
Coopération, adaptation
Pensées
‘je suis compétent’
‘je me sens respecté’
‘quel beau métier’
Pensées
‘ce soignant est compétent’
‘Je me sens respecté’
Patient
Sentiments
Sécurité, confiance,
bienveillance
Soignant
Sentiments
Satisfaction, valorisation
Comportements
Ecoute, compassion, encouragement
D’après ‘Relations soignants-soignés4 C. Curchod
Comment améliorer la relation de soin
En travaillant les attitudes et comportements
v L’écoute
v La synchronisation
v La congruence
v La cohérence
v L’attention positive inconditionnelle
v L’accueil des émotions , la gestion des silences
v La posture
v L’empathie et les neurones miroirs
v Le langage positif
La posture
Pour les patients :
v Le premier moyen de prévention de la douleur liée aux soins c’est le
soignant
v Son attitude générale,
v L’attention qu’il porte.
v A l’inverse, ce comportement peut induire de l’anxiété, de la crainte,
avant tout échange verbal.
Pourquoi?
v
Parce que le cerveau perçoit les intentions et les signaux émis par un tiers quelques
secondes avant que celui-ci n’agisse ou s’exprime
v
Le décodage du langage non verbal se fait de façon non consciente et involontaire
Répercussion lors des soins
v Les pensées qui animent le soignant se traduisent dans le langage
non verbal et sont perçues par le patient
Si je pense
v « ce pansement ça va encore être une galère …. »
v faire une prise de sang à ce jeune enfant, je n’aime vraiment
pas ça,
Je communique une information négative perçue par le sujet
v Majorée si celui-ci ne communique pas par le langage (jeune
enfant, personne polyhandicapée, âgée démente, etc.)
L’empathie
« Capacité à se mettre à la place de l’autre et de ressentir ses sentiments
et ses émotions »
M. Blouin et M. Bergeron
« Il convient de comprendre le monde du patient comme s’il était le votre,
mais sans jamais oublier la qualité de « comme si »
Carl Rogers
v Spontanée
v Difficile
v Soignant et soigné partagent
v Moment de crise pour le
le même univers
soigné, le soignant ayant
une vision différente
Les neurones miroirs
v Découverts dans les années 90 par G. Rizolatti
v Les actions exécutées par un sujet sont des messages compris par
v
v
v
v
v
l’observateur sans médiation cognitive
Les mêmes zones cérébrales s’activent chez l’observateur d’une
personne qui réalise un acte
Découverte qui bouleverse la neurologie, la philosophie, la
communication
Ces neurones miroirs ont un intérêt dans le langage corporel, le
langage venant le compléter
A distance, on a tendance à penser qu’on a réalisé une action alors
qu’on l’a observée
Les neurones miroirs sont un lien direct entre EMETTEUR et
RECEPTEUR
Neurones miroirs et émotions
v
Plus récemment, il a été mis en évidence le rôle des neurones miroirs dans
les émotions :
v
Quand je suis témoin d’une émotion, les zones de mon cerveau concernées
par l’émotion sont actives comme pour le sujet qui vit l’émotion, d’autant
que la relation affective est importante entre les 2 sujets.
v
Au cours d’une observation d’autrui en état émotionnel, l’empathie
dépend de l’activation de circuits qui élaborent les réponses émotionnelles
correspondantes chez l’observateur
v Quelles conséquences dans la relation de soin?
Conséquences
Visage souriant
Micro crispations du visage
de l’observateur
Posture inconsciemment
agressive
Réaction agressive de
l’observateur
Le langage positif
v Si je dis
« ne vous inquiétez pas, ça ne va pas
être long et je ne vais pas vous faire
mal »
v Vous avez retenu ?
inquiétez
long
Le langage positif
v Eviter le message négatif
v Parler au présent
v Utiliser un langage simple et positif
v Utiliser les mots du patient, protecteurs
v Connaître certaines techniques:
v Répétition, Saupoudrage
v Confusion, Truisme, Choix illusoire
Eviter
v
v
v
Ne bougez pas
Vous allez vous détendre
N’ayez pas peur, vous
n’aurez pas mal
Préférer
v Restez immobile
v Respirez tranquillement
v Soyez tranquille, tout va
bien se passer
v
Vous êtes mal installé?
v Installez vous
confortablement
Eviter
v Vous n’avez pas froid?
Préférer
v Est-ce que la température
vous convient?
v Ca va être froid
v Vous allez ressentir un
peu de fraicheur
v Vous allez ressentir de la
v Ca va brûler
chaleur, comme le soleil
sur la plage
Vignettes cliniques
Le patient doit faire un prélèvement sanguin / Soignant et soigné ne se
connaissent pas
v Relation de politesse :
bonjour Madame, je suis Myriam, infirmière, comment allez-vous? « ça
ira mieux après… »
v Prise d’information :
« le médecin a prescrit une prise de sang, avez-vous déjà eu ce soin?
« oui »
« Non »
« comment cela s’est-il passé? »
vous? »
« Comment l’envisagez-vous,? le voyez-
v Adaptation de l’antalgie en fonction des réponses du patient,
v Transmission de l’intentionnalité du soignant :
v
Transmission de l’intentionnalité du soignant :
« Ici, nous souhaitons que le soin se déroule dans les meilleures conditions »
v
Recherche du confort :
Vous allez vous installer confortablement,
v
Proposition d’informations :
Souhaitez-vous que je vous explique comment les choses vont se passer? Avez-vous déjà
vu le matériel?
v
Projection dans l’avenir :
Savez-vous ce que vous faites après ce soin? Engagement d’une méthode de distraction,
réalisation du soin,
v
Fin du soin
Demander à la patiente comment ça s’est passé et renforcer les aspects positifs afin de
renforcer un souvenir émotionnel positif ou neutre
Pansement à un bébé
Jean est infirmier libéral
Il doit faire un pansement à un jeune enfant (2 mois) sur une
nécrose sur le bras suite à un angiome
L’enfant pleure malgré la présence de sa mère
Que faire?
Angoisse en réanimation
v Monsieur D a été opéré d’une intervention considérée comme
banale
v Mais son état s’est aggravé en post-opératoire, il fait des
complications infectieuses, nécessitant son passage en unité
de soins intensifs
v Lors d’un soin, il demande à l’infirmière
« Est-ce qu’avec ce que j’ai on s’en sort? »….
Soin chez une patiente présentant des
troubles cognitifs
v Mme V., 60 ans, est atteinte d’un cancer stabilisé, mais le
traitement par radiothérapie lui a laissé des séquelles sur le plan
de la compréhension
v Elle est souvent agitée, ne garde pas les perfusions, sondes, etc.
v Ce jour, elle souffre d’un globe vésical.
v L’infirmière pense qu’elle ne parviendra pas à faire le soin seule.
Elle demande à 2 aides-soignantes de l’aider, l’infirmière explique
le soin à la patiente, puis les 2 aides soignantes prennent son relai
à la fois en ayant une communication par le toucher et par la
distraction (chansons).
v Mme V. se laisse faire et elle garde sa sonde urinaire à demeure.
Depuis elle est beaucoup plus calme
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