La fatigue des infirmières et la sécurité des patients

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La fatigue des
infirmières et la
sécurité des patients
Rapport de recherche
cna-aiic.ca • rnao.org
Dans ce document, les mots de genre féminin appliqués aux personnes désignent
les femmes et les hommes, et vice-versa, si le contexte s’y prête.
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Site Web : www.cna-aiic.ca
Mai 2010
ISBN 978-1-55119-328-1
L’AIIC et l’AIIO ont produit ce rapport pour informer sur un ou des sujets en
particulier. Les opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement
celles du Conseil d’administration de l’AIIC ou de l’AIIO.
Introduction...................................................................................................................................................5
Contexte..........................................................................................................................................................6
Méthodologie du projet.............................................................................................................................7
Comité consultatif national.......................................................................................................................7
Résultats..........................................................................................................................................................9
Entrevues menées auprès de personnes-ressource clés et groupes de discussion....................9
Analyse documentaire.................................................................................................................................11
Facteurs qui contribuent à la fatigue : analyse documentaire....................................................12
Conséquences de la fatigue : analyse documentaire.....................................................................14
Solutions visant à atténuer et gérer la fatigue des infirmières : analyse documentaire...........15
Sondage national auprès des infirmières...............................................................................................17
Caractéristiques démographiques.......................................................................................................17
Facteurs qui contribuent à la fatigue : sondage auprès des infirmières...................................20
Conséquences de la fatigue : sondage auprès des infirmières....................................................24
Facteurs qui aident à réagir à la fatigue et qui empêchent de le faire.....................................24
Solutions visant à atténuer et gérer la fatigue : sondage long...................................................27
Sondage national auprès des organisations..........................................................................................31
Solutions recommandées.........................................................................................................................33
Recommandations au niveau du système........................................................................................33
Recommandations au niveau des organisations.............................................................................34
Recommandations au niveau individuel............................................................................................35
Conclusion......................................................................................................................................................36
Références......................................................................................................................................................37
Annexe A : Comité consultatif national..............................................................................................42
Annexe B : Modèle conceptuel des milieux de travail sains des infirmières.........................43
Annexe C : Pratiques et politiques d’établissement des horaires de
travail qui atténuent la fatigue............................................................................................................47
Table des matières
Sommaire........................................................................................................................................................1
L’Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC) et L’Association des infirmières et infirmiers
autorisés de l’Ontario (AIIAO/RNAO) sont chargées conjointement de la recherche et de la production
de ce rapport. Les deux organismes préconisent depuis longtemps des soins de santé de qualité par la
représentation stratégique. Ensemble, l’AIIC et l’AIIAO ont effectué une analyse contextuelle générale
– comportant des entrevues menées auprès de personnes-ressources clés, des groupes de discussion,
un sondage national et une recherche documentaire détaillée – pour déterminer les normes actuelles
qui ont trait à la fatigue des infirmières et à la sécurité des patients partout au Canada. Les chercheurs
ont en outre défini des solutions recommandées à ce problème critique en soins de santé qui visent le
système, les organisations et chaque praticien en particulier et reposent sur les opinions des infirmières
et d’autres intervenants, ainsi que sur des données de recherche et des documents publiés.
L’exercice vise à faire mieux connaître ce problème du système de santé et à le régler – but d’importance
vitale pour les infirmières du Canada et pour le public qui s’attend à des soins compétents des
infirmières et des membres de leur équipe de professionnels de la santé, et qui les mérite.
Les résultats présentés dans ce rapport sont fondés sur 7 239 infirmières et décrivent une profession
qui cherche à satisfaire à des exigences professionnelles de plus en plus lourdes et des charges de
travail excessives exacerbées par la lourdeur croissante des cas, les patients plus nombreux et la
complexité croissante des protocoles de traitement. Par ailleurs, même si les membres de la profession
connaissent les risques qu’impose l’obligation de travailler fatigué, beaucoup ont tendance à accorder
plus d’attention aux besoins de leurs patients et de leurs collègues qu’aux leurs. Les données indiquent
que les infirmières ne pensent pas commettre d’erreurs à cause de la fatigue, mais les mêmes
infirmières croient que les patients se retrouvent dans des situations qui peuvent être dangereuses
à cause de la charge de travail, de l’effectif insuffisant et des infirmières qui travaillent fatiguées. Les
publications corroborent ces constatations.
Il est impératif pour l’AIIC et l’AIIAO, en soulignant ce problème crucial et en cernant des solutions
précises, d’éviter les situations dangereuses pour les patients et d’arrêter un exode possible de
membres de la profession. Il est vital de continuer de concentrer avec ferveur les efforts sur la fatigue
des infirmières et la sécurité des patients pour éviter des effets indésirables qui persistent.
À la suite de la recherche documentaire, diverses descriptions et expériences de la fatigue
ont été résumées dans la définition intégrée suivante de la « fatigue des infirmières » :
La fatigue des infirmières est un sentiment subjectif de fatigue (ressenti par les infirmières)
qui pénètre physiquement et mentalement. Elle varie de la simple fatigue à l’épuisement,
causant un état général tenace qui nuit à la capacité physique et cognitive de la personne
de fonctionner normalement. Elle est multidimensionnelle à la fois par ses causes et par ses
manifestations, et influencée par des facteurs physiologiques (p. ex., les rythmes circadiens),
psychologiques (p. ex., stress, éveil, somnolence), comportementaux (p. ex., habitudes de
travail, habitudes de sommeil) et environnementaux (p. ex., exigences du travail). La fatigue
combine des caractéristiques physiques (p. ex., somnolence) et psychologiques (p. ex., usure de
compassion, épuisement émotionnel). Elle peut nuire considérablement au fonctionnement et
peut persister en dépit des périodes de repos.
Étant donné l’urgence de la situation liée à la fatigue, aux soins infirmiers ainsi qu’à la sécurité des
patients, les solutions recommandées visent des politiques impératives aux échelons du système
et de l’organisation, ainsi que le rôle de l’infirmière en particulier dans l’atténuation et la gestion
de la fatigue dans la profession infirmière. Les données probantes démontrent que les solutions
recommandées constituent la clé du changement.
1
Sommaire
Ce rapport de recherche constitue un avertissement lancé au système de soins de santé, aux
organisations de soins de la santé, aux gouvernements, aux associations d’infirmières, aux syndicats
et aux organismes de réglementation – ainsi qu’aux infirmières mêmes – au sujet de la montée de la
fatigue des infirmières. Cette fatigue est attribuable en grande partie à la lourdeur inexorable de la
charge de travail des infirmières et aux exigences cognitives, psychosociales et physiques de plus en
plus lourdes de leur travail.
Sommaire
2
Recommandations au niveau du système
1
Tous les ordres du gouvernement doivent assurer un financement suffisant qui vise à prévenir
les pratiques dangereuses causées par la montée de la fatigue du personnel aggravée par les
charges de travail excessives, les pénuries d’effectifs et l’inattention accordée aux méthodes de
travail sécuritaires. Ce financement aiderait à :
• augmenter le nombre d’infirmières autorisées (inf. aut.) afin de garantir des soins
sécuritaires pour les patients dont le cas est complexe ou instable;
• appliquer les garanties qui visent à assurer que les nouvelles diplômées ont du travail à
temps plein (AIIAO, 2007b);
• assurer que toutes les organisations du secteur de la santé ont 70 % d’infirmières à temps
plein afin de favoriser la continuité des soins et du service des soignants, ce qui augmente
la qualité des soins, la satisfaction des infirmières et la fidélisation (AIIAO, 2005);
• promouvoir d’autres solutions en ressources humaines comme celles que décrit l’AIIC pour
faire disparaître la pénurie d’infirmières autorisées au Canada (AIIC, 2009b).
2
Les gouvernements doivent fournir du financement pour accroître l’inscription en sciences
infirmières afin de garantir un effectif infirmier suffisant au moyen de stratégies canadiennes
de gestion des ressources humaines de la santé qui visent avant tout à augmenter le nombre
de formateurs qualifiés dans les programmes de sciences infirmières, à augmenter le nombre
de places d’infirmières autorisées en éducation, à fournir davantage de possibilités de stages
cliniques et à rejeter le recrutement à l’étranger qui est contraire à l’éthique.
3
Les groupes de recherche doivent appuyer de nouvelles recherches sur le lien entre la fatigue
des infirmières et les horaires de travail, les périodes suffisantes de repos et de récupération et
la sécurité des patients, qui seront exécutées dans tous les milieux où travaillent des infirmières.
4
Les chefs de file nationaux du secteur de la santé et de la sécurité des patients doivent intégrer
la grande question de la fatigue des infirmières dans le programme national de sécurité des
patients comme facteur critique qui a une incidence sur la sécurité des soins prodigués aux
patients. La stratégie d’implantation d’une culture de sécurité doit viser notamment à atténuer
et gérer la fatigue comme élément clé.
5
Les organismes d’agrément doivent explorer l’élaboration de normes stratégiques à l’intention
des organisations de soins de santé pour atténuer et gérer la fatigue des effectifs.
6
Les associations et les syndicats d’infirmières doivent collaborer pour établir des programmes
de représentation et d’intervention stratégique uniformes qui tiennent compte de la
fatigue comme facteur aux échelons national, provincial et territorial et qui s’adressent aux
gouvernements, aux organisations de soins de santé et au public. De tels programmes visent
avant tout à créer et maintenir des milieux de travail sains (Griffin et al., 2006) pour les
infirmières et à prodiguer aux patients des soins de qualité et sécuritaires.
7
Les associations d’infirmières doivent faire mieux connaître à tous les ordres de
gouvernement, au public et au milieu des soins infirmiers la fatigue des infirmières, ses
causes et ses conséquences en ce qui a trait à la sécurité des patients, à la satisfaction .
des infirmières, à la fidélisation et au recrutement. Il faut collaborer avec l’AIIAO pour .
établir des guides de pratiques exemplaires qui ont trait à l’atténuation et à la gestion .
de la fatigue dans la profession infirmière.
8
Les organismes de réglementation de la profession infirmière doivent reconnaître les problèmes
posés par la fatigue des infirmières dans les règlements portant sur l’aptitude professionnelle et
la gestion des responsabilités des infirmières autorisées.
Recommandations au niveau des organisations
• Créer des politiques et des pratiques sur l’établissement des horaires de travail des
effectifs infirmiers.
• Créer des processus à suivre pour documenter la fatigue au travail et son lien avec le
temps supplémentaire, le nombre maximal d’heures de travail par jour et par semaine,
les heures de garde et les données reliées à l’erreur chez les patients, les niveaux de
fidélisation du personnel et les résultats du recrutement.
• Élaborer des politiques qui prévoient du temps et de l’espace pour des périodes de repos,
les repas et d’autres initiatives de promotion de la santé reliées à l’hygiène du sommeil.
• Apprendre aux membres du personnel infirmier et de la direction à reconnaître et à gérer
la fatigue chez eux-mêmes et chez autrui, et à comprendre la science du sommeil, les
risques associés à la fatigue et des façons d’aborder les troubles du rythme circadien.
• Doter les organisations de soins de santé d’endroits où dormir afin de permettre aux
infirmières de réduire au minimum les perturbations de leur rythme circadien lorsqu’elles
travaillent le soir et la nuit.
2 Les programmes de formation en sciences infirmières doivent intégrer, dans les cours de
formation clinique et de perfectionnement professionnel, de l’information au sujet de l’effet que
la fatigue a sur le travail clinique des infirmières et de celui des heures de soins sur les habitudes
de vie et la santé, ainsi que sur la façon de gérer cet aspect des soins infirmiers comme carrière.
3 Les syndicats d’infirmières et infirmiers doivent chercher à atténuer la fatigue chez les
infirmières, c.-à-d. à :
• Renforcer l’établissement d’horaires de travail sécuritaires en limitant les heures de
travail effectuées par une infirmière (1) à 12 heures par jour, y compris le transfert des
dossiers et les heures de garde et (2) à 48 heures par période de sept jours, y compris les
périodes de garde.
• Promouvoir pour les infirmières le choix du type et de la durée du quart de travail dans
tous les milieux de soins de santé, dans le contexte d’une philosophie de continuité des
soins et des services des soignants et créer des milieux de travail sains et sécuritaires qui
appliquent les principes du rythme circadien à l’établissement des horaires de travail.
• Préconiser une étude de l’usage étendu des quarts de travail de 12 heures dans les
milieux de soins de santé au Canada afin de mettre en œuvre une durée plus propice à la
sécurité des patients et à l’équilibre travail-vie.
• Lancer des campagnes publiques sur les conditions de travail des infirmières qui reflètent
les enjeux liés à la charge de travail, aux heures de travail par jour et par semaine – y
compris les exigences relatives aux périodes de garde et au temps supplémentaire – et le
lien entre ces grandes questions et la sécurité des patients.
Sommaire
1 Les organisations de soins de santé doivent promouvoir une culture de sécurité en établissant
une politique et un programme de gestion de la fatigue (Coalition pour la qualité de vie au
travail et des soins de santé de qualité, 2007, p. 33).
3
Sommaire
4
Recommandations au niveau individuel
Les infirmières dans tous les rôles et tous les milieux de travail ont l’obligation professionnelle
d’atténuer et de gérer leur propre fatigue et de prodiguer des soins sécuritaires. Elles ont l’obligation
professionnelle d’agir de façon à maintenir la sécurité du patient et leur sécurité (AIIC, 2008).
1 Les infirmières doivent apprendre à être conscientes des symptômes de la fatigue personnelle
et à les reconnaître. Elles doivent également reconnaître comment elles réagissent à la fatigue
personnelle.
2 Les infirmières doivent comprendre et respecter les politiques portant sur la sécurité des soins
aux patients dans leur organisation et dans le contexte de leurs attentes relatives à la pratique
professionnelle.
3 Les infirmières doivent atténuer et gérer la fatigue au travail, et notamment refuser des
affectations d’une façon professionnelle. Lorsqu’elles décident de faire des quarts de travail
supplémentaires ou lorsqu’elles planifient du travail ou des activités non reliées au travail, les
infirmières doivent se conformer à leur obligation éthique de maintenir leur aptitude à pratiquer.
4 Les infirmières doivent travailler par l’intermédiaire de leurs associations professionnelles, de
leurs syndicats et de leurs organismes de réglementation pour préconiser la sécurité des soins
dispensés aux patients au moyen de pratiques sécuritaires d’établissement des horaires de
travail dans le milieu de travail.
5 Les infirmières doivent appuyer les politiques, les procédures et les initiatives de promotion de
la santé qui permettent de gérer la fatigue au travail.
Les infirmières s’efforcent de fournir des soins sécuritaires et de qualité dans le contexte où elles
œuvrent. Dans l’optique des soins infirmiers, la sécurité des patients signifie être soigné par un
professionnel de la santé qui, avec le consentement éclairé du patient, aide celui-ci à atteindre un
niveau optimal de santé tout en garantissant que toutes les mesures nécessaires sont prises pour
prévenir les préjudices ou les réduire au minimum (AIIC, 2009a). La prestation aux patients de soins
sécuritaires, compatissants, compétents et conformes à l’éthique dans le système de soins de santé
est une responsabilité qui incombe à l’ensemble des professionnels de la santé, des organisations
de soins de santé et des gouvernements. La sécurité des patients a une place fondamentale dans
les soins infirmiers et les soins de santé. Ce n’est pas simplement un mandat : c’est un impératif
moral et éthique qui fait partie du soin d’autrui. Pour prévoir la sécurité des patients, il faut prendre
un vaste éventail de mesures aux niveaux de l’infirmière même, de la profession et du système de
soins de santé. Une multitude de facteurs, dont le manque constant de personnel dans le secteur
des soins de santé, et en particulier d’infirmières autorisées, n’est pas le moindre remettent
toutefois en question actuellement la capacité de fournir des soins sécuritaires aux patients. Le
manque constant de personnel contribue à la fatigue des infirmières, ce qui compromet leur santé
et la sécurité des patients.
Ce rapport de recherche décrit, en présentant une analyse contextuelle générale – qui comprend
des entrevues auprès de personnes-ressources clés et des groupes de discussion, une enquête
nationale et une recherche documentaire détaillée – les normes qui prévalent en ce qui a trait
à la fatigue en soins infirmiers et à la sécurité des patients au Canada. On a cherché à réunir
des solutions recommandées clés provenant des participants et des publications afin de régler
cet enjeu d’importance cruciale pour les infirmières du Canada et le public, qui s’attend à des
soins compétents et sécuritaires prodigués par des infirmières et les membres de l’équipe de
professionnels de la santé et qui les mérite.
5
Introduction
Plus de 250 000 infirmières occupent tout un éventail de rôles, de soignantes à cadres supérieurs,
dans tous les secteurs des soins de santé partout au Canada. Les infirmières du Canada sont une
voix importante en ce qui concerne les enjeux clés qui prévalent dans le système de soins de
santé d’aujourd’hui et les défis qui s’annoncent pour l’avenir. La menace à la sécurité des patients
catalysée par des niveaux sans précédent de fatigue chez les infirmières constitue un de ces défis.
Il y en a un autre, soit la menace pour l’effectif infirmier que représente la santé des infirmières sur
laquelle des milieux de travail malsains et des habitudes dangereuses d’établissement d’horaires de
travail ont des répercussions.
Contexte
6
L’Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC) et l’Association des infirmières et infirmiers
autorisés de l’Ontario (AIIO) se prononcent toutes deux depuis longtemps en faveur de soins de santé
de qualité en préconisant des politiques. L’AIIC est la voix professionnelle nationale des infirmières
autorisées, qu’elle appuie dans leur pratique tout en préconisant des politiques publiques saines
et un système de santé sans but lucratif, financé par le secteur public et de qualité. L’AIIC est une
fédération de 11 associations et ordres provinciaux et territoriaux d’infirmières représentant presque
140 000 infirmière autorisées et infirmières praticiennes. La position prise par l’AIIC et ses activités
de promotion de politiques sur la sécurité des patients reposent sur le Code d’éthique des infirmières
et infirmiers autorisés (AIIC, 2008) et sur l’énoncé de position sur La sécurité des patients (AIIC,
2009a). « L’AIIC collabore avec les infirmières et infirmiers, d’autres fournisseurs de soins de santé, les
intervenants du système de santé et le public pour créer et maintenir des milieux de travail de qualité
et produire des résultats positifs pour les clients. La recherche et la pratique indiquent que des milieux
de pratique de qualité dans tous les domaines d’exercice de la profession maximiseront les résultats
pour les clients, les infirmières et les systèmes. La promotion d’un milieux de pratique professionnelle
de qualité constitue une priorité pour l’AIIC depuis la fin des années 90 » (AIIC, n.d.).
En tant que voix professionnelle des infirmières autorisées de l’Ontario, la RNAO intervient
en faveur de la santé, des soins de santé et des soins infirmiers et contribue par des initiatives
innovatrices portant sur les politiques de santé, en offrant des services de développement
professionnel et un programme distinctif axé sur l’élaboration, la diffusion, l’application et
l’évaluation de guides sur les meilleures pratiques relatives aux interventions cliniques en soins
infirmiers et aux milieux de travail sains (Grinspun, Virani et Bajnok, 2001/2002; Scarrow, 2008).
Les guides de la RNAO sur les meilleures pratiques servent aux échelons provincial, national
et international à orienter les politiques et les pratiques sur les soins infirmiers et les soins de
santé. Tous les guides comportent des recommandations factuelles sur la pratique, l’éducation, la
politique organisationnelle et les changements du système. Sept guides établissent à l’intention des
organisations de soins de santé et de la direction une orientation claire portant sur la création de
milieux de travail sains et sécuritaires. Ces guides portent sur les aspects suivants :
•
•
•
•
•
•
•
charge de travail et effectif;
santé, sécurité et mieux-être au travail;
leadership;
pratique en collaboration;
diversité culturelle;
professionnalisme;
atténuation de la violence au travail.
L’AIIC et la RNAO ont toutes deux intégré le thème de la fatigue des infirmières dans la majeure
partie de leurs travaux et ont abordé de grands dossiers comme les milieux de travail sains
(QVTCSSQ, 2007; Scarrow, 2008), la dotation sécuritaire (AIIC, 2005; Ellis et al., 2006; RNAO,
2007a), les ressources humaines de la santé (AIIC, 2006b; RNAO, 2009), les pénuries d’infirmières
(AIIC, 2009a, 2009b) et la sécurité des patients (AIIC, 2009a; RNAO, 2004). Les publications ont
traité de la fatigue en soins de santé – en grande partie dans l’optique du médecin résident – mais
ni ces documents ni d’autres ne comportent de définition claire et uniforme de la « fatigue des
fournisseurs de soins de santé » (AIIC et RNAO, 2009).
En 2006, la Saskatchewan Registered Nurses’ Association (SRNA) a transmis à l’AIIC une résolution
pour lui demander de produire un énoncé de position sur le nombre maximal d’heures de travail par
jour et par semaine qu’une infirmière autorisée devrait faire dans l’optique de la sécurité des patients.
La SRNA a aussi demandé à l’AIIC de se pencher, dans le cadre d’un exercice de consultation, sur les
responsabilités des infirmières autorisées en ce qui a trait à la fatigue et sur l’obligation de fournir des
soins compétents et conformes à l’éthique (AIIC, 2006a). Il existe un besoin croissant de recherche et
de politiques claires au sujet de l’effet négatif que la fatigue des infirmières peut avoir sur la sécurité
des patients. La recherche décrite dans ce document a été produite dans le contexte de l’évolution des
systèmes de soins de santé (provinciaux, territoriaux, fédéral), de la vision et de la mission de l’AIIC qui
prévoit un système de soins de santé financé par le secteur public comportant les principes des soins
de santé primaires et l’infrastructure en expansion de la santé au Canada.
La méthodologie du projet comportait trois stratégies :
contribution générale des intervenants au projet par la création d’un comité consultatif
national chargé de surveiller le projet et de contribuer à son orientation;
2
moyens de collecte de données comportant des entrevues réalisées auprès de personnesressource clés, des groupes de discussion ciblés et une analyse de publications et de
documents;
3
deux sondages nationaux sur la fatigue – un qui s’adressait à toutes les infirmières et un,
plus court, destiné aux associations provinciales, territoriales et nationales d’infirmières,
aux organisations et aux organismes de réglementation, de même qu’aux organismes
chargés de la sécurité des patients et de l’agrément au Canada.
Toutes les données ont été résumées dans un document de recherche détaillé qui contenait une série
de solutions recommandées.
Comité consultatif national
Le comité consultatif national (voir l’Annexe A) était constitué de membres de groupes
d’intervenants clés représentatifs des régions géographiques du Canada, des secteurs, des
domaines des soins infirmiers et des rôles en soins infirmiers, y compris les organismes de
réglementation des soins infirmiers et les étudiantes. Les membres du comité consultatif .
ont formulé des commentaires sur toutes les méthodologies de collecte de données, sur .
l’analyse des données et sur les solutions recommandées.
Au début, le comité a défini le projet sous forme d’une série de messages clés qui ont servi à le
décrire et à faire mieux connaître l’importance de la fatigue chez les infirmières pour la sécurité des
soins prodigués aux patients et un milieu de travail sain. Afin de guider la création des instruments
de collecte de données et la recherche documentaire, le comité a rédigé la définition pratique
suivante de la « fatigue » :
La fatigue s’entend d’une sensation écrasante, invalidante et soutenue d’épuisement qui réduit
la capacité de se livrer à ses activités quotidiennes, y compris celle de travailler efficacement et
de fonctionner à son niveau habituel dans ses rôles familiaux et sociaux. Sur le plan conceptuel,
la fatigue est répartie en ces éléments : le vécu de la fatigue (comme son intensité, sa fréquence
et sa durée) et son effet sur les activités physiques, cognitives, psychologiques et sociales. (Glaus,
1998; North American Nursing Diagnosis Association, 1996; Stewart, Hays et Ware, 1992).
Avec l’apport du comité, l’équipe chargée du projet a conçu une première entrevue auprès de
personnes-ressources clés et en a fait l’essai pilote avec certains membres du comité avant de
l’étendre à des infirmières ciblées dont les rôles, les secteurs et les domaines différaient. Le comité
consultatif a aussi appuyé le projet pendant toute sa durée en recrutant des participants pour
toutes les méthodologies de collecte de données. Les membres du comité ont de plus aidé à
sélectionner les publications et les documents à inclure dans l’analyse en fonction d’une série de
critères d’inclusion et d’exclusion.
L’équipe chargée du projet a réalisé 12 entrevues auprès de personnes-ressources clés provenant
de tout un éventail de secteurs des soins de santé, de secteurs de responsabilité et de régions
géographiques au Canada. L’échantillon comportait deux administrateurs, six cliniciens et quatre
personnes-ressource représentant les secteurs des politiques, de la recherche, des syndicats, de
l’éducation et de la réglementation des soins infirmiers.
Les résultats des entrevues réalisées auprès de personnes-ressources clés ont été analysés au .
moyen d’une méthodologie qualitative et l’on a organisé davantage les données et les a classées .
en catégories basées sur le « Modèle conceptuel des milieux de travail sains des infirmières » .
Méthodologie du projet
1
7
Méthodologie du projet
8
de la RNAO (voir l’Annexe B). Le modèle conceptuel décrit un milieu de travail sain qui a des
répercussions sur les résultats pour les infirmières, les patients/clients, l’organisation et la
société. Il est constitué d’éléments physiques, structurels/stratégiques, cognitivopsychosocioculturels et professionnels dont chacun comporte des facteurs individuels, organisationnels et
environnementaux (Griffin et al., 2006).
Pour confirmer et étendre les résultats des entrevues menées auprès de personnes-ressources clés,
un résumé des constatations a été communiqué à des infirmières de trois groupes de discussion
différents constitués d’infirmières auto-sélectionnées provenant d’événements nationaux qui .
se sont produits en février et mars 2009, soit la Conférence sur le leadership infirmier de l’AIIC
(le 9 février), la troisième séance d’apprentissage du Collectif national de la RNAO et de l’Institut
canadien pour la sécurité des patients en matière de prévention des chutes dans les CHSLD .
(le 10 février) et la réunion du Conseil d’administration de l’AIIC (le 4 mars).
Un sondage en ligne constitué de questions quantitatives et qualitatives visait à demander aux
infirmières canadiennes en particulier d’indiquer leurs opinions et leur vécu face à la fatigue en
soins infirmiers, y compris ses causes, ses facteurs, ses répercussions et les solutions recommandées.
Les entrevues réalisées auprès de personnes-ressources clés ont constitué la base des questions du
sondage, rédigées à l’origine par l’équipe chargée du projet avec l’aide du comité consultatif. Les
questionnaires remplis ont documenté les opinions de 6 312 infirmières de tous les secteurs des
soins de santé du Canada, de tous les groupes d’âge et représentant des rôles en soins infirmiers,
des postes et des antécédents scolaires divers.
Un deuxième questionnaire en direct plus court a été rempli par 927 infirmières œuvrant dans des
associations provinciales, territoriales et nationales d’infirmières, des organisations et des entités
de réglementation, des établissements d’enseignement et des organisations chargées de la sécurité
des patients et de l’agrément. Les questions, dont le format ressemblait à celui du questionnaire
destiné aux infirmières en particulier, portaient avant tout sur les expériences de la fatigue chez
les infirmières comme facteurs de la sécurité des patients et du milieu de travail, ainsi que sur des
solutions recommandées. Les réponses reçues de l’ensemble des provinces et des territoires, à
l’exception du Québec, ont produit une riche base de données sur les répercussions de la fatigue et
sur la meilleure façon de s’y attaquer.
L’analyse documentaire a comporté une évaluation, l’extraction et l’analyse de données portant .
sur six publications qualitatives et 47 documents quantitatifs, trois critiques systématiques, .
115 articles ne portant pas sur la recherche et 18 énoncés de position. Même si la grande question
de la fatigue des infirmières et de la sécurité des patients n’a pas fait l’objet de recherches .
poussées, et même s’il n’y a pas de définition claire et uniforme de la « fatigue des infirmières », .
les publications comportaient beaucoup de renseignements permettant de décrire clairement .
les causes et les conséquences de la fatigue (AIIC et RNAO, 2009).
Les écrits comportaient aussi des recommandations portant sur les solutions auxquelles peuvent
donner suite des personnes, des organisations et des systèmes de soins de santé. Dérivées de l’étude
des causes et de l’avis d’expert d’infirmières, ces solutions ont été renforcées par les résultats tirés
de l’éventail des autres méthodes de collecte de données utilisées.
L’éventail divers de stratégies de collecte de données a offert aux infirmières canadiennes de tous
les secteurs des soins de santé, rôles et domaines de pratique la possibilité de contribuer et de
fournir des données au cours de la période de novembre 2008 à mai 2009.
Tous les participants à la recherche et les publications ont en outre formulé de nombreuses
recommandations et suggestions qui, si elles étaient mises en œuvre, auraient un effet marqué sur
la réduction et la meilleure gestion de la fatigue dans le travail des infirmières, ce qui contribuerait à
accroître la sécurité des patients.
Entrevues menées auprès de personnes-ressource clés et
groupes de discussion
Les infirmières interviewées et celles qui ont participé aux délibérations des groupes de discussion
ont signalé que la fatigue des infirmières et la sécurité des patients constituaient un enjeu
important et opportun de plus en plus prévalent qui transcende les secteurs des soins de santé .
et les régions géographiques. Leurs commentaires constituent une alerte lancée au sujet de la
nature de la fatigue qui pourrait être dangereuse pour les patients et les infirmières dans tous .
les contextes.
Pour citer une infirmière œuvrant dans le milieu des politiques et une clinicienne des .
premières lignes :
« Je pense que toute la question est tout simplement d’une importance incroyable et
qu’elle est balayée sous le tapis. Il faut se pencher directement sur le lien entre la fatigue
des infirmières et la sécurité des patients. Je pense que ce lien compromet le soin
de patients. »
« En fin de compte, notre personnel est tellement épuisé, tellement fatigué, qu’il devient
un peu plus difficile de prendre des décisions basées sur le jugement, ce qui a finalement
un effet sur la sécurité des patients. La situation ne s’est pas améliorée du tout : elle s’est
en fait détériorée. »
« La grande question de la fatigue des infirmières et de la sécurité des patients devient de
plus en plus prévalente. Je dirais que depuis deux ou trois ans, j’ai vraiment remarqué
dans notre secteur [des soins à domicile] que les changements sont nombreux…
La situation se détériore. »
« Je pense que nous commençons seulement à voir la pointe de l’iceberg et je ne veux
pas provoquer la panique, [mais] nous devons nous concentrer sur les solutions…
Je pense vraiment que les gens n’ont pas réfléchi vraiment à la question. Je constate
personnellement que lorsqu’il n’y a pas d’autres ressources auxquelles il est possible de
puiser dans la communauté, on réutilise simplement ce que l’on a – ce qui a tendance à
se produire dans les communautés plus petites et plus rurales ou éloignées. »
Résultats
Les résultats tirés de toutes les données réunies reflètent une similarité frappante entre les
principales constatations relatives aux causes de la fatigue et à son effet sur les patients et les
infirmières qui ont été dégagées de l’analyse documentaire portant sur l’information tirée de la
recherche et des documents stratégiques.
9
Résultats
10
Les participantes ont parlé de la fatigue des infirmières comme d’un concept multidimensionnel
mettant en cause des composantes physiques, psychologiques, émotionnelles et sociales qui
causent un manque d’énergie, l’épuisement physique, le sentiment d’être débordé et un recul de
la compassion – qui peuvent tous contribuer à entraver les aptitudes à la réflexion, à la prise de
décision et à la solution de problèmes.
Les commentaires formulés ont reflété de façon imagée la définition ci-dessus de la « fatigue
des infirmières » et ont renforcé continuellement les répercussions sur la mobilisation, la prise
de décision, la créativité et les techniques de solution de problèmes chez les infirmières – ce sont
toutes des composantes critiques de la réussite et de la sécurité des soins dans le système de santé
d’aujourd’hui où tout est très difficile et se déroule rapidement.
Les infirmières ont été très claires et constantes au sujet des causes de la fatigue croissance des
infirmières. Ces facteurs ont reflété les éléments constituants du « Modèle conceptuel des milieux
de travail sains des infirmières » aux échelons du système, de l’organisation et de la personne.
Ces facteurs comprenaient la charge de travail, les quarts de travail de 12 heures et le travail
par quarts, la lourdeur du cas des patients, le peu de temps à consacrer au perfectionnement
professionnel et au mentorat, le recul du leadership organisationnel et des processus décisionnels,
sans oublier le manque de temps pour « récupérer » pendant et après les quarts de travail.
Ces facteurs à l’origine de la fatigue des infirmières ont eu des répercussions très graves pour
les infirmières mêmes, les organisations, les systèmes et, ce qui est peut-être le plus crucial, les
patients et leur famille. Au niveau du système, les infirmières ont décrit le « cycle de la pénurie »
dans la profession, dans le contexte duquel des membres de la profession partent, sont malades ou
découragés – ce qui donne une image négative de la profession et pourrait causer des difficultés
de recrutement et exacerber les problèmes liés à la pénurie et à la charge de travail. À l’échelon de
l’organisation, des personnes-ressources clés ont affirmé que les infirmières fatiguées ont le moral
bas, sont aux prises avec le désarroi éthique, prennent davantage de congés de maladie et risquent
davantage des blessures. Tous ces facteurs entraînent un coût énorme pour l’organisation. Il en
découle bien entendu des répercussions sur la sécurité des patients : le risque d’erreur augmente,
tout comme le nombre des chutes et des blessures physiques, la surveillance et l’évaluation
irrégulières. Il n’y a pas de continuité au niveau des soins et des soignants et la communication
n’est pas claire.
Beaucoup d’infirmières ont décrit avec éloquence ce qui aiderait à préparer le terrain pour
des solutions sur lesquelles il faut se pencher selon elles en suivant une approche basée sur la
collaboration. Elles ont indiqué que les solutions devraient mettre à contribution les infirmières
depuis le point de soin jusqu’aux échelons des politiques, des chercheurs, des organismes
subventionnaires de l’État, des responsables des politiques, des entités infirmières, professionnelles,
réglementaires et syndicales, sans oublier les organisations qui établissent et surveillent les normes
en soins de santé.
« Selon moi, [la solution] devait émaner d’une collaboration entre les syndicats
d’infirmières, les associations professionnelles et les milieux universitaires et
entraîner l’élaboration de politiques appropriées… On peut diffuser des idées et
les gens peuvent avoir les meilleures intentions du monde, mais… [il faut] des
politiques… pour appuyer les administrateurs sur les plans de la prise de décision… .
de la dotation et des ratios, [et] différents moyens d’appuyer les infirmières… »
Les infirmières ont défini d’autres solutions précises mettant à contribution le gouvernement à
tous les échelons, ce qui aiderait les infirmières à se joindre à la population active – et répondrait
au besoin croissant d’infirmières découlant des départs à la retraite prévus, ainsi que de problèmes
reliés à la charge de travail, au travail par quarts et aux cas de plus en plus lourds. Les associations
professionnelles sont considérées comme des représentants clés pour faire comprendre le grand
dossier de la fatigue, collaborer avec tous les paliers de gouvernement et favoriser la convergence
« Ça pourrait certainement s’inscrire dans le contexte de la pratique basée sur la réflexion.
…en réalité, il n’y a rien dans l’évaluation qui traite de la question de s’occuper de
soi-même. »
D’autres participantes ont affirmé que les organismes de réglementation ont abordé la question
d’une façon ou d’une autre.
« Les [organismes de réglementation] ont déjà abordé, dans leurs lignes directrices sur
l’éthique, des questions comme celle de ne pas dépasser son niveau de connaissance, de
ne pas travailler dans certaines circonstances que l’on ne juge pas sécuritaire, [dans des
situations] où la demande dépasse les ressources, d’aborder le soin des patients selon
la priorité… Les organismes ont produit une foule de lignes directrices sur la façon de
prendre les décisions. »
Les infirmières professionnelles sont toujours toutefois aux prises avec le désarroi moral en ce qui
concerne leurs responsabilités professionnelles envers leurs patients et envers elles-mêmes. C’est
particulièrement évident dans les contextes de soins de santé d’aujourd’hui où la culture n’appuie pas
habituellement la reconnaissance franche de la fatigue comme élément de la sécurité des patients et
du personnel, et où la gestion de la charge de travail oblige à utiliser le personnel à fond – et souvent
excessivement – pour répondre aux besoins des patients. Cela devient un problème de désarroi moral
pour les infirmières qui savent ce qu’elles devraient faire en ce qui concerne le travail lorsqu’elles sont
fatiguées et ressentent souvent une obligation morale plus importante envers leurs patients et leurs
collègues qu’envers elles-mêmes.
Analyse documentaire
Une analyse documentaire générale portant sur presque 250 publications, y compris des études
qualitatives, des thèses, des critiques systématiques, des études quantitatives, des articles ne
portant pas sur la recherche et des énoncés de position, a permis de dégager des aspects clés de la
fatigue chez les infirmières – façons de la vivre, ses causes et ses conséquences.
La fatigue a été définie clairement comme un facteur qui peut avoir un effet sur la capacité des
infirmières à maintenir la norme de soin la plus élevée. La grande majorité des documents recensés
ne contenaient toutefois pas de définition opérationnelle ou de conceptualisation apparente de
l’expression « fatigue des infirmières ». Quelques études contenaient des définitions semblables de
la « fatigue », tandis que d’autres décrivaient des expressions comme « mesures de compassion », «
fatigue accumulée », « gestion de la fatigue » et « fatigue chronique ».
Dans la majorité des études, la fatigue est définie comme une sensation subjective de fatigue
(Ruggiero, 2002; Schaffner, 2006). Des sensations corporelles totales variant de la simple fatigue à
l’épuisement créent un état général implacable nuisant à la capacité des infirmières de fonctionner
à leur niveau normal (Ellis, 2008; Ream et Richardson, 1996) et qui peut les rendre incapables
d’effectuer leur travail avec efficacité (Johnson, 2008). Même si l’on utilise le terme de façon
interchangeable avec « simple fatigue » ou « faiblesse », la « fatigue » est beaucoup plus complexe
11
Résultats
des efforts entre les infirmières et les organisations de soins infirmiers. En ce qui concerne les
organismes de réglementation, la plupart des participantes ont déclaré que ces entités étaient
nécessaires pour assurer une pratique basée sur la réflexion afin d’aider les infirmières à régler
les problèmes de fatigue chez elles et chez des collègues et d’aider à créer des environnements
sécuritaires pour les patients.
Résultats
12
et entrave le fonctionnement à la fois physique et cognitif (Ream et Richardson, 1996; Rogers,
2008; Ross, 2008). Selon Piper, Lindsey et Dodd (1987, p. 19), elle « peut varier par son caractère
désagréable, sa durée et son intensité. Lorsqu’elle est aiguë, elle agit comme fonction de protection,
[mais] lorsqu’elle devient inhabituelle, excessive ou constante (chronique), elle ne joue plus ce rôle ».
Comme caractéristique de l’épuisement, la fatigue est en outre vécue comme un phénomène
totalement pénétrant sur les plans physique et mental, différente de tous les autres types de fatigue
simple, et impossible à faire disparaître « en dormant ». C’est aussi l’aboutissement d’un processus
de longue durée qui réussit à épuiser l’énergie (Ekstedt et Fagerberg, 2005). La fatigue est souvent
mesurée en fonction de l’épuisement physique et mental (Dorrian et al., 2006), de la capacité de
demeurer éveillé et du fait de tomber endormi (Scott, Rogers, Hwang et Zhang, 2006), ainsi que
de l’état de veille, du stress et de la somnolence (McClelland, 2007). Les symptômes de la fatigue
comprennent l’anxiété accrue, la dégradation de la mémoire à court terme, le ralentissement du
temps de réaction, la baisse de l’efficience au travail, la variabilité accrue du rendement au travail et
l’augmentation des erreurs d’omission (Kenyon, Gluesing, White, Dunkel et Burlingame, 2007).
Un facteur de fatigue accumulée a été décrit comme le manque de temps libre au travail pour se
rafraîchir, ce qui entraîne la fatigue physique, la tendance à dormir et la fatigue mentale (Kudo et al.,
2008). On a dit que « gérer la fatigue », c’est reconnaître les signes, les symptômes et les causes de
la fatigue, connaître la physiologie du sommeil et le rythme circadien, l’hygiène du sommeil et des
stratégies de prévention pour lutter contre la fatigue (Grogan et al., 2004).
La fatigue chronique chez les travailleurs de quarts s’entend d’un « état général de fatigue et de
manque d’énergie, que la personne ait ou non dormi suffisamment ou qu’elle ait ou non travaillé
fort, qui persiste même pendant les jours de repos et de congés » (Verhaegen, Maasen et Meers,
1981, cités dans Barton et al., 1995, p. 11). Contrairement à la sensation localisée de fatigue aiguë,
la fatigue chronique s’entend d’une sensation globale esprit-corps perçue sans égard à l’activité ou à
l’épuisement, qui se manifeste graduellement et insidieusement et qui dure un mois ou plus.
À la suite de l’analyse documentaire, diverses descriptions et expériences de la fatigue ont été
résumées en une définition détaillée :
La fatigue des infirmières est un sentiment subjectif de fatigue (ressentie par les infirmières)
qui pénètre physiquement et mentalement. Elle varie de la simple fatigue à l’épuisement,
causant un état général tenace qui nuit à la capacité physique et cognitive de la personne
de fonctionner normalement. Elle est multidimensionnelle à la fois par ses causes et par ses
manifestations, et influencée par des facteurs physiologiques (p. ex., rythmes circadiens),
psychologiques (p. ex., stress, éveil, somnolence), comportementaux (p. ex., habitudes .
de travail, habitudes de sommeil) et environnementaux (p. ex., exigences du travail). .
La fatigue combine des caractéristiques physiques (p. ex., somnolence) et psychologiques .
(p. ex., usure de compassion, épuisement émotionnel). Elle peut nuire considérablement au
fonctionnement et peut persister en dépit des périodes de repos.
Facteurs qui contribuent à la fatigue : analyse documentaire
Plusieurs études recensées ont analysé les facteurs qui contribuent à la fatigue. Au cours d’une
étude portant sur les antécédents et les conséquences de la fatigue perçue, 809 infirmières ont
indiqué que les facteurs suivants contribuaient à la fatigue : trouble du sommeil (ronflement, sueurs
nocturnes), manque d’exercice, environnement à la maison (toiles, surface du lit), soutien (des pairs,
des membres de la famille), horaire de travail (le fait de travailler plus de 40 heures par semaine,
périodes de garde), milieu de travail (quarts de travail de 12 heures, travailler plus de 12 heures par
jour, effectuer plus de trois quarts de travail de 12 heures consécutifs, quarts de travail en rotation,
quarts de travail de 8 heures, travailler debout 85 % du temps) (Schaffner, 2006).
Au cours d’une étude portant sur le lien entre la santé mentale et les résultats du travail à laquelle
ont participé 4 279 infirmières au Japon, Suzuki et al. (2004) ont constaté l’existence d’un lien entre
les infirmières du quart de nuit et celles qui faisaient des quarts de travail irréguliers : elles étaient
toutes plus susceptibles de commettre des erreurs médicales.
Se fondant sur une théorie à base empirique pour définir les structures et les processus qui
facilitent et contraignent la tâche des infirmières et des agences sur le plan de la sécurité dans
les services périnataux internes, Lyndon (2007) a signalé que les 12 infirmières, les cinq médecins
et les deux infirmières sages-femmes participant à l’étude ont attribué leur fatigue physique à la
longueur des quarts de travail, à la rotation et aux quarts de nuit. Ils ont attribué la fatigue mentale
à une stimulation débordante en milieu de travail, particulièrement durant le quart de jour. Les
participants ont aussi signalé que la fatigue était de plus en plus difficile à gérer avec l’âge. Au cours
d’une étude portant sur 41 infirmières, Dorrian et al. (2008) ont analysé les liens entre le sommeil,
les heures de travail, la somnolence, le stress, les erreurs, les quasi-erreurs et les erreurs observées
chez quelqu’un d’autre. Ils ont constaté que les efforts déployés pour demeurer éveillé constitue le
principal prédicteur d’erreurs.
Kenyon et al. (2007) ont présenté un rapport sur un groupe de travail formé par l’Association of
periOperative Registered Nurses (AORN) des États-Unis, qui a étudié les effets des périodes de
garde et de la charge de travail sur la fatigue des infirmières de salle d’opération. Un sondage
en direct a révélé que 67,7 % des 1 013 infirmières en soins périopératoires qui ont répondu
signalaient les effets du manque de sommeil (irritabilité à la maison et au travail, lenteur du
temps de réaction, problèmes familiaux, difficultés à dormir, endormissement au travail). Les
facteurs contribuant à la fatigue incluaient le fait de travailler 34 heures consécutives, de passer
1,5 jour sans dormir et de travailler de nombreuses heures en fin de semaine sans pause ni
période de repos.
Il a été souvent question dans les publications de l’attitude des infirmières à l’égard de la fatigue
et des facteurs qui y contribuent, ou de leur perception à cet égard. Beyea (2004) a déclaré
que des infirmières se considèrent comme « invincibles » et lorsqu’on leur demande d’en faire
davantage, elles croient pouvoir le faire en toute sécurité. Gaffney (2007) a noté que même si les
infirmières savent qu’il existe un lien entre la fatigue et les erreurs, elles ont tendance à penser que
« cela ne leur arrivera jamais ». Une étude réalisée en Écosse portant sur 352 membres d’équipes
chirurgicales (138 chirurgiens-conseils, 93 chirurgiens en formation et 121 infirmières de théâtre
opératoire) de 17 hôpitaux a révélé que « même si 79 % des chirurgiens et 73 % des infirmières ont
reconnu qu’ils étaient moins efficaces lorsqu’ils étaient stressés ou fatigués, 52 % des chirurgiens et
13
Résultats
Les infirmières qui ont participé aux entrevues réalisées auprès de personnes-ressources clés et
aux groupes de discussion considéraient aussi les quarts de travail de 12 heures et le travail par
quarts comme les principaux facteurs qui contribuent à la fatigue des infirmières. Une étude
de Stone et al. (2006) a révélé que les infirmières qui faisaient des quarts de 12 heures étaient
moins épuisées émotionnellement que celles qui font des quarts de 8 heures. Par ailleurs,
d’autres recherches portant sur les infirmières travaillant aux soins intensifs ont révélé que la
somnolence et les épisodes de sommeil étaient plus prévalents chez les infirmières qui travaillent
plus de 12,5 heures consécutives. L’étude a aussi révélé que le « risque de s’endormir au travail
double presque lorsque les quarts de travail dépassent 8 heures… et augmente encore davantage
lorsqu’ils dépassent 12 heures consécutives » (Scott et al., 2006, p. 34). Ces constatations
concordaient avec celles qu’ont tirée d’une étude plus générale menée sur les infirmières de chevet
en milieu hospitalier Rogers, Hwang, Scott, Aiken et Dinges (2004), qui voulaient déterminer s’il
y avait un lien entre les heures de travail et la fréquence des erreurs. Les infirmières qui faisaient
des quarts de travail de 12,5 heures ou plus étaient plus susceptibles de commettre trois fois plus
d’erreurs. Les quarts de travail de 12,5 heures ou plus avaient d’autres conséquences, notamment
les suivantes : tendance accrue à s’endormir, défaillances de la vigilance, baisse de l’état d’alerte,
incapacité de garder sa concentration, baisse de la motivation, techniques de solutions de
problèmes compromises, irritabilité, tension inhabituelle, pertes de mémoire, mauvais traitement de
l’information, ralentissement du temps de réaction, indifférence et perte d’empathie, et tendance à
commettre des erreurs dans l’exécution de tâches répétitives (Kenyon, Gluesing, White, Dunkel et
Burlingame, 2007; McClelland, 2007; Scott et al., 2006).
Résultats
14
63 % des infirmières croyaient toujours que « même fatigués, ils sont efficaces au cours des étapes
cruciales d’interventions » » (Flin et al., 2006, p. 148). L’American Nurses Association (ANA) (2006a)
a écrit que peu importe le nombre d’heures de travail, une infirmière a l’obligation éthique de tenir
attentivement compte de son niveau de fatigue avant d’accepter toute affectation qui dépasse une
journée de travail prévue à l’horaire régulier. De plus, dans un énoncé de position connexe portant
sur le rôle de l’employeur lorsqu’il s’agit de faciliter l’établissement d’horaires de travail sains pour les
infirmières, l’ANA a aussi signalé que les employeurs doivent établir des politiques et des processus
de dotation qui maintiennent l’effectif à des niveaux sécuritaires pour assurer la qualité des soins et
reconnaissent les droits et les obligations des infirmières autorisées de refuser une affectation si elles
sont fatiguées (ANA, 2006b).
« Alors que dans de nombreux pays, des règlements fédéraux définissent le nombre maximum
d’heures travaillées dans les secteurs ayant un impact direct sur la santé publique (par exemple
l’aviation, les transports), les infirmières et les autres travailleurs de santé sont rarement protégés »
(Conseil international des infirmières, 2009, p. 1). Les normes de pratique des organismes de
réglementation du Canada contiennent des énoncés qui indiquent comment gérer des situations où
les infirmières ne se sentent pas aptes à pratiquer à cause de la fatigue et beaucoup d’organismes se
sont concentrés récemment sur la question dans des publications de premier plan ou des énoncés
de politique (Association of Registered Nurses of Newfoundland and Labrador, 2008; Association
of Registered Nurses of Prince Edward Island, 2009; College and Association of Registered Nurses
of Alberta, 2006; Association des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick et Syndicat des
infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick, 2007; Saskatchewan Registered Nurses’ Association
[SRNA], 2009).
La culture des soins infirmiers a toutefois tendance à « encourager à travailler pour répondre
aux besoins des patients plutôt qu’à tenir compte des conséquences possibles de l’obligation de
travailler en dépit de la fatigue » (Ross, 2008, p. 58). La présidente de l’American Association of
Critical-Care Nurses a décrit la fatigue chez les infirmières comme « un problème énorme et qui
passe parfois sous silence » (Trossman, 2007, p. 36).
Conséquences de la fatigue : analyse documentaire
En général, la plupart des études recensées ont traité des conséquences de la fatigue des infirmières.
En suivant une approche phénoménologique, Ekstedt et Fagerberg (2005) ont interviewé huit
personnes (qui n’étaient pas infirmières) à une clinique de traitement du stress. Les participants
ont signalé que la fatigue avait eu un effet sur leur rendement, limité leur vie quotidienne et réduit
leur capacité de s’occuper d’elles-mêmes et de se débrouiller face aux exigences de tous les jours.
Les participants ont décrit la fatigue comme s’ils vivaient dans un vide ou dans un état de « nonexistence ». Slavin (2007) a déclaré que les chercheurs ont trouvé que les incapacités attribuables à
la fatigue étaient comparables à celles qui découlent de l’intoxication alcoolique.
La multitude de conséquences de la fatigue décrites dans les publications comprend les suivantes :
(a) émoussement de l’anticipation habile et diminution de la sécurité des patients (Lyndon, 2007);
(b) baisse du jugement, dégradation de la prise de décision, ralentissement du temps de réaction et
manque de concentration (Gaffney, 2007; McClelland, 2007); (c) absentéisme (Zboril-Benson, 2002);
(d) erreurs cliniques, non-sauvetage, endormissement au volant pendant le retour à la maison;
(e) conséquences interpersonnelles, y compris baisse de la qualité des contacts avec les collègues et
les patients (Schaffner, 2006).
Plusieurs études ont en outre analysé spécifiquement l’effet de la fatigue sur les erreurs et dégagé
les constatations suivantes :
•
La fatigue des infirmières est une des trois principales causes d’erreurs portant sur les
médicaments mentionnées par les infirmières, avec l’écriture des médecins et la distraction
des infirmières (Mayo et Duncan, 2004).
•
Au cours d’une étude réalisée par Deans (2005), 16,5 % des infirmières ont mentionné la
fatigue comme cause d’erreurs de médication.
Tous les groupes de l’équipe de soins de santé reconnaissaient mal l’effet possible que le
stress et la fatigue peuvent avoir sur les erreurs et le rendement au travail, lorsque Grant,
Donaldson et Larsen (2006) ont évalué la culture de la sécurité dans un hôpital pour enfants.
•
Au cours d’une étude portant sur 23 infirmières à temps plein, les participantes ont signalé
un niveau beaucoup moins élevé d’alerte et beaucoup plus élevé d’épuisement physique,
d’épuisement mental et de stress pendant les jours de travail que pendant les jours de
congé. Elles avaient dormi beaucoup moins les jours où l’on a enregistré une erreur ou une
quasi-erreur et beaucoup plus les jours de travail lorsque l’on a consigné l’erreur d’une
autre infirmière. La durée du sommeil constituait un prédicteur important d’erreur ou de
quasi-erreur : la probabilité d’une erreur diminue de 27,3 % avec chaque heure de sommeil.
Le pourcentage le plus élevé d’erreur s’est produit le matin (14 %) (Dorrian et al., 2006).
•
Sur les 686 participantes infirmières qui ont signalé avoir vécu les effets de la privation de
sommeil au cours d’une enquête réalisée par l’AORN, 58 % ne se sentaient pas sécuritaires
pendant qu’elles dispensaient des soins aux patients, 13 % ont déclaré avoir fait des
erreurs en soignant des patients à cause de fatigue et 38 % ont signalé des quasi-erreurs
reliées à la fatigue. Ces incidents ont inclus des problèmes de documentation, le choix
du mauvais implant, l’incapacité de se concentrer en comptant et des questions oubliées
durant l’évaluation du patient (Kenyon et al., 2007).
Solutions visant à atténuer et gérer la fatigue des infirmières : analyse documentaire
Les publications qui incluaient des énoncés de position et des directives d’associations ont
orienté un peu vers des solutions possibles. Certaines de ces solutions visaient l’infirmière même
en renforçant ses obligations éthiques, professionnelles et sanitaires. Les solutions proposées
comprenaient les suivantes :
•
Respecter leur responsabilité éthique envers leurs patients et elles-mêmes en arrivant
au travail bien reposées et préparées (Banerjee, 2003; Brugne, 1994; Kenyon et al., 2007;
National Association of Neonatal Nurses [NANN], 2008).
•
Reconnaître leurs limites personnelles et refuser de faire du temps supplémentaire si elles
sont fatiguées (Balas, Casey, Scott et Rogers, 2008; Dean, Scott et Rogers, 2006; La Pine,
Malcomson, Torrance et Marsh, 2006), ne pas travailler lorsqu’elles sont trop fatiguées
(ANA, 2000) et ne pas travailler plus de 12 heures par jour ni plus de 60 heures par
semaine (NANN, 2008).
•
Trouver du temps pour se reposer et se divertir afin de minimiser les effets du décalage
horaire lié au quart de travail (La Pine et al., 2006).
•
Faciliter l’élaboration de stratégies afin d’atténuer les effets négatifs du stress (Wagner et
Jason, 1997).
•
Contrôler son sommeil et en faire une priorité (Balas et al., 2008; Beyea, 2004; Bodin, 2008;
Cady, 2008; Dean et al., 2006; Ellis, 2008; Hughes et Rogers, 2004; NANN, 2008; Scott,
2008; Slavin, 2007; Windle, Mamaril et Fossum, 2008).
•
Prendre des pauses ininterrompues et prévoir des périodes de repos comme de petites
siestes au travail (Balas et al., 2008; Beyea, 2004; Cady, 2008; Dean et al., 2006; Ellis, 2008;
Hughes et Rogers, 2004; NANN, 2008; Scott, 2008; Windle et al., 2008).
•
S’engager personnellement à établir un équilibre travail-vie et à faire régulièrement
de l’exercice, ce qui inclut limiter la caféine, s’alimenter de façon nutritive et boire
suffisamment (Balas et al., 2008; Bodin, 2008; Cady, 2008; Dean et al., 2006; Hughes et
Rogers, 2004; La Pine et al., 2006; Scott, 2008; Slavin, 2007; SRNA, 2009).
15
Résultats
•
Résultats
16
•
S’informer au sujet de la fatigue et de son effet possible (Beyea, 2004; Ellis, 2008). Au
cours d’une étude portant sur l’effet que la formation au travail d’équipe basée sur
l’aviation avait sur les attitudes de 463 professionnels de la santé, Grogan et al. (2004)
ont constaté que la formation améliorerait l’attitude des participants à l’égard de la
gestion de la fatigue.
•
Reconnaître quand on est personnellement à risque, tenir compte de l’impact du fait
d’occuper de multiples emplois, documenter les conditions de dotation dangereuses et,
peut-être, confronter une collègue infirmière trop fatiguée pour travailler (Sullivan, 2007;
Wisconsin Nurses Association [WNA], 2007).
•
Créer un système de partenariat où chacun des partenaires vérifie la vigilance de l’autre
au travail, aide des collègues fatiguées et se laisse aider (Balas et al., 2008; Cady, 2008;
Scott, 2008).
D’autres solutions visant le niveau organisationnel comportaient des politiques et des mesures que
les organisations pourraient adopter pour démontrer leur engagement envers des milieux de travail
sécuritaires pour les infirmières et les patients. Ces solutions comprenaient les suivantes :
•
Promouvoir des rotations des quarts de travail sur une ou deux semaines afin de permettre
au rythme circadien de s’adapter (SRNA, 2009).
•
Promouvoir les horaires de travail qui prévoient une période suffisante de repos et de
récupération entre les quarts de travail prévus. Veiller à ce que les infirmières ne travaillent
pas plus de 12 heures par période de 24 heures et pas plus de 60 heures par période de 7
jours (Scott et al., 2006; SRNA, 2009).
•
Veiller à ce qu’il y ait des systèmes de dotation et élaborer des politiques et des procédures
favorisant un milieu de travail sain et sécuritaire (p. ex., composition appropriée du
personnel et conception du travail qui tient compte de la lourdeur des cas, horaires de
travail flexibles, politiques qui favorisent la loyauté institutionnelle et la fidélisation)
(Aiken, Clarke, Sloane et Sochalski, 2001; Aiken, Clarke, Sloane, Sochalski, Busse et al, 2001;
Berland, Natvig et Gundersen, 2008; Hughes et Rogers, 2004; Marjanovic, Greenglass et
Coffey, 2007; UVTCSSQ, 2007; Ruggerio, 2002; SRNA, 2009; Ulrich, Buerhaus, Donelan,
Norman et Dittus, 2005).
•
Établir, dans les organisations de soins de santé, une approche systèmes qui limite les
causes de la fatigue de l’effectif et réduit les possibilités d’erreur humaine. La stratégie à
volets multiples devrait porter notamment sur les facteurs qui poussent la fatigue au-delà
de la somnolence, comme le stress au travail (Carlton et Blegen, 2006; Dawson et Fletcher,
2001; QVTCSSQ, 2007; SRNA, 2009).
•
Établir des programmes d’éducation et d’orientation du personnel infirmier qui incluent de
l’information sur la science du sommeil, les risques associés à la fatigue, les mécanismes
de la fatigue et les troubles du sommeil, les troubles du rythme circadien et des façons
d’optimiser le rendement (Dean et al., 2006; Ekstedt et Fagerberg, 2005; Ellis, 2008; Gaffney,
2007; Hemme Froslie, 2007; La Pine et al., 2006; QVTCSSQ, 2007; Schaffner, 2006).
•
Adopter un solide leadership transformationnel qui met l’accent sur la sécurité des
patients et en fait une priorité pour l’organisation, ainsi qu’un effectif capable qui reflète
des niveaux de dotation, de connaissances générales et spécialisées et de collaboration
interdisciplinaire sécuritaires (Hinshaw, 2006).
•
Évaluer la culture de sensibilisation à la fatigue dans l’organisation. « Entreprendre une
discussion éclairée sur la question » (Ross, 2008, p. 59). Poser des questions perspicaces
comme les suivantes : Qu’est-ce que vous constatez pendant votre journée de travail en
ce qui a trait à la fatigue? Manque-t-il du personnel? À quelle fréquence? Arrivez-vous au
travail fatigué? Vos collègues? (Windle et al., 2008).
•
Enfin, les solutions documentées au niveau du système qui aideraient les infirmières et les
organisations à s’attaquer à la fatigue comprenaient les suivantes :
•
« Les responsables des politiques doivent tenir compte de l’effet du vieillissement de l’effectif
infirmier… [et en particulier du] nombre croissant d’infirmières âgées qui doivent faire des
quarts de travail en rotation » (Admi, Tzischinsky, Epstein, Herer et Lavie, 2008, p. 256);
•
« Les études sur l’avenir doivent continuer d’analyser les effets du travail par quarts au
moyen d’indicateurs objectifs qui mesurent les troubles du sommeil, l’adaptation au travail
par quarts et les marqueurs biologiques des problèmes de santé » (Admi et al., 2008,
p. 257). Les chercheurs doivent se concentrer sur la compréhension de l’effet du travail
par quarts et du total des heures de travail et relier cette grande question au Code de
déontologie des infirmières (WNA, 2007);
•
Les chercheurs doivent accorder davantage d’attention aux interactions systématiques
dans les milieux de travail (des recherches en dehors du secteur des soins de santé peuvent
produire des réponses) (Montgomery, 2007);
•
Les écoles de sciences infirmières doivent ajouter la question de la fatigue des infirmières
et de la sécurité des patients à leur programme d’études et il faut relier ces grands dossiers
au Code de déontologie des infirmières (WNA, 2007)..
Sondage national auprès des infirmières
Caractéristiques démographiques
Le sondage national réalisé auprès de 6 312 infirmières autorisées de toutes les régions du Canada
a corroboré davantage les constatations tirées des écrits au sujet du vécu de la fatigue chez les
infirmières et de leur perception des conséquences, ainsi que d’un grand nombre des solutions. Les
constatations n’ont révélé aucune différence applicable entre les infirmières travaillant dans des
provinces et territoires, des rôles et des secteurs différents pour ce qui est de leur comportement lié
à la fatigue, ni de leurs idées au sujet des solutions qu’il faudrait appliquer pour réduire la fatigue.
Les différences existant entre infirmières à différents endroits étaient évidentes seulement dans les
opinions qu’elles avaient des facteurs les plus importants qui contribuent à la fatigue. Les infirmières
du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard, des Territoires du Nord-Ouest, du Nunavut et du
Yukon croient que de nombreux facteurs contribuent à la fatigue des infirmières. Par ailleurs, celles
de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et du Québec considèrent seulement l’augmentation de
la charge de travail et le manque de personnel comme les causes les plus importantes de la fatigue.
L’alourdissement de la charge de travail est toutefois considérée, d’un bout à l’autre du Canada,
comme le facteur le plus important qui contribue à la fatigue des infirmières.
Les femmes âgées de 45 à 54 ans constituaient la majorité des participantes (35 %), suivies des 55 à
64 ans (20,9 %) et des 25 à 34 ans (20,4 %). Les 24 ans et moins et les 65 ans et plus représentaient
3,6 % et 1,3 % respectivement du total. La majorité d’entre elles n’avaient pas d’enfants à la maison
et dans le cas de celles qui en avaient, l’âge des enfants variait de la fin du niveau élémentaire à
l’adolescence et 79 % n’avaient pas d’autre personne à charge vivant avec elles. Un peu plus de la
17
Résultats
Élaborer des politiques sur les horaires de travail (Kenyon et al., 2007) qui limitent le
nombre d’heures de travail par semaine et par période de 24 heures. Le calcul doit inclure
les heures de garde, prévoir durant le quart de travail du temps pour transférer les patients
de façon appropriée, prévoir la durée minimale des périodes de repos pour le sommeil, les
activités de la vie quotidienne et les pauses qui dégagent des responsabilités personnelles
continues, et adopter une culture de sécurité des travailleurs et des patients afin que
la fatigue soit reconnue comme un risque inacceptable plutôt que comme un signe de
dévouement au travail d’un employé.
Résultats
18
moitié (50,9 %) étaient titulaires d’un baccalauréat, d’une maîtrise ou d’un doctorat et la moitié était
constituée d’infirmières autorisées ou diplômées (42 %), dont certaines avaient aussi des certificats
supplémentaires.
La plupart des participantes travaillaient en milieu hospitalier, dont 31,9 % dans des hôpitaux
d’enseignement de soins actifs et 25,8 % dans des hôpitaux communautaires. Les autres participantes
représentaient les secteurs des soins de longue durée (8,4 %), des soins de santé à domicile (5,5 %),
de la santé publique (5,4 %), de la santé mentale (4,2 %), de l’éducation (3,1 %), des soins primaires
ou de la médecine familiale (2,6 %) et des associations ou organismes de réglementation des
infirmières des provinces (0,5 %), ce qui reflète l’éventail des secteurs des soins de santé où œuvrent
des infirmières. Comme presque 70 % des participantes travaillaient comme infirmières de chevet
et 7,5 %, comme infirmières gestionnaires, les résultats décrivent en grande partie les opinions des
infirmières qui pratiquent activement les soins cliniques et la gestion au point de soin.
Un peu plus de la moitié des participantes ont mentionné que la cause la plus fréquente
d’absentéisme était liée à une maladie physique : 15,9 % ont manqué du travail à cause d’une
maladie reliée au stress. Presque les deux tiers occupaient un poste seulement et 64,4 % avaient
un poste permanent à temps plein, 3,1 %, un poste temporaire à temps plein, 23,7 %, un poste
permanent à temps partiel et 7,1 % occupaient un poste occasionnel ou travaillaient pour une
agence. Les participantes ont révélé par une majorité importante (91,4 %) qu’elles avaient choisi
leur situation d’emploi et 8,6 % ont déclaré que ce n’était pas le cas. Un peu plus de la moitié
des participantes ont déclaré faire des heures de travail non rémunérées toutes les semaines,
la moyenne variant d’une à cinq heures par semaine (38,9 %), de 6 à 15 heures (14,2 %) et
de 16 à 25 heures (3,2 %). Lorsqu’on leur a demandé si elles choisissaient de faire du temps
supplémentaire, rémunéré ou non, les infirmières ont eu de la difficulté à expliquer la question
du choix. Beaucoup ont signalé qu’elles n’avaient pas le choix, mais celles qui l’ont fait par choix
ont indiqué qu’elles se sentaient moralement et éthiquement obligées de le faire afin d’assurer la
qualité des soins aux patients. Leurs propos révèlent la complexité de la question :
« [Je] fais beaucoup d’heures… [et]… sur mon temps. C’est mon choix seulement parce
que la vie au travail est tellement occupée qu’il est impossible de répondre à toutes les
attentes. Plus j’y consacre de temps, plus cela rend seulement ma vie professionnelle
gérable. Il y a certainement quelque chose qui ne va pas dans ce tableau. »
« Je fais des heures non rémunérés parce qu’afin d’être prête à m’occuper de mes patients
et d’être sur l’étage le plus tôt possible, je dois arriver 15 à 30 minutes plus tôt le matin
ou avant n’importe quel quart de travail. Ma gestionnaire parle aussi de « culture » :
autrement dit, on s’attend à ce que nous arrivions tôt, mais pas à ce que nous soyons
payées, même s’il est reconnu que c’est nécessaire pour la sécurité des soins fournis aux
patients. En outre, on nous demande souvent de rester de 15 à 30 minutes de plus pour
pouvoir terminer des choses comme nos dossiers, habituellement parce que nous n’avons
pas eu le temps de le faire durant le quart de travail (habituellement le jour). Parfois,
l’état des patients se détériore, ce qui alourdit la charge de travail et oblige à reporter
d’autres responsabilités dont il faut s’acquitter avant de partir. C’est mon sens des
responsabilités qui me pousse à rester plus longtemps. C’est aussi [ma] décision. »
« Dans un rôle de gestion, il n’est pas toujours possible de respecter les délais au cours
d’une journée normale de 7,5 heures. J’ai choisi de faire des heures supplémentaires pour
contrôler ma charge de travail. Le temps qu’il faut pour se rendre en auto à des réunions à
l’extérieur de l’établissement est aussi considéré comme des heures de travail. »
Dans l’ensemble, le profil des répondantes décrit des infirmières en début, en milieu et en fin de
carrière, qui ont des enfants relativement plus âgés à la maison et peu d’autres personnes à charge,
qui ont choisi leur situation d’emploi : elles occupent principalement un poste permanent à temps
plein ou à temps partiel. Toute fatigue signalée peut ainsi être attribuée à la nature du travail
infirmier qu’elles accomplissent dans leur rôle principal plutôt qu’aux nombreuses responsabilités
familiales et professionnelles.
Les résultats du sondage dégagent des tendances intéressantes qui aident à décrire la nature du
travail en soins infirmiers et sa contribution à la fatigue des infirmières :
•
Les infirmières travaillent le plus souvent le jour, mais 32 % travaillent la nuit, 25,6 % le soir, et
26,2 % par rotation.
•
25,5 % occupaient un deuxième poste par choix, qu’il soit occasionnel, permanent à temps
partiel ou temporaire.
•
Dans le cas de ces deuxièmes postes, les infirmières ont signalé travailler d’une à 40 heures
en moyenne par semaine et 27,9 % travaillaient de 5 à 10 heures (le nombre d’heures le .
plus courant).
•
Dans leur deuxième poste, presque 71 % des infirmières ne faisaient aucune heure non
rémunérée, mais 20 % en faisaient d’une à cinq en moyenne par semaine et celles de la
tranche restante de presque 10 % faisaient en moyenne de 6 à plus de 35 heures de travail non
rémunéré par semaine.
•
17,9 % occupaient un troisième poste par choix, auquel la grande majorité a déclaré ne pas
consacrer plus de 10 heures par semaine.
•
Dans leur troisième poste, presque 17 % ont déclaré faire en moyenne jusqu’à 5 heures de
travail non rémunéré par semaine.
•
Presque 30 % des participantes ont signalé changer de quart de travail une fois par semaine.
•
11,4 % ont déclaré disposer de 8 heures ou moins entre les quarts de travail et considéraient
qu’elles « se faisaient rouler ».
« Je n’ai pas suffisamment de temps d’arrêt entre le temps supplémentaire et la journée de
travail ordinaire… [Je suis] appelée tout au long de la nuit. »
19
Résultats
Il peut certes sembler raisonnable pour un professionnel d’arriver au travail à l’avance et de rester
un peu de temps après les heures pour conclure la journée, mais ces citations d’infirmières indiquent
qu’elles ne croyaient pas avoir le choix en la matière, mais qu’elles pensaient plutôt devoir passer ce
temps supplémentaire au travail afin de répondre aux besoins de leurs patients.
Résultats
20
•
41,4 % des infirmières ont déclaré disposer de 9 à 12 heures entre leurs quarts de travail.
•
28,9 % des infirmières travaillaient « sur appel » pendant d’une à cinq heures jusqu’à plus de
70 heures par semaine. Environ le tiers choisissaient de travailler sur appel et un peu plus de .
50 % choisissaient le nombre d’heures de travail sur appel qu’elles faisaient. Des infirmières ont
déclaré être sur appel « en permanence ».
•
Un peu moins de 20 % étaient affectées à des secteurs où elles avaient peu d’expérience. Pour
la plupart de ces infirmières, cela se produisait d’une à cinq fois par semaine en moyenne.
•
Même si 60 % n’étaient pas tenues de s’occuper de patients qui avaient un problème de santé
dont elles avaient une connaissance ou une expérience limitées, environ 25 % ont indiqué que
c’est ce qu’elles faisaient de 16 à 20 fois par semaine en moyenne.
•
La grande majorité a déclaré prendre des vacances au moins une fois par année et beaucoup en
prennent de deux à trois fois, mais 6,4 % n’ont pu prendre de vacances annuelles et 5 % n’ont
jamais pris de vacances.
Facteurs qui contribuent à la fatigue : sondage auprès des infirmières
On a aussi demandé aux infirmières de fournir de l’information sur la fatigue dans la profession
infirmière – d’en indiquer l’omniprésence et les causes. La réponse montre que beaucoup
d’infirmières dans tous les cas ressentent des effets importants de la fatigue qui est reliée en
grande partie à la charge de travail, au manque de personnel, mais aussi à tout un éventail d’autres
problèmes de l’organisation comme le changement inéluctable, un lieu de travail désorganisé sur le
plan fonctionnel et l’hypertension sensorielle ressentie.
•
50 % ont indiqué qu’elles manquaient des quarts de travail à cause de la fatigue, le plus
souvent d’un à cinq quarts au cours de l’année précédente. Ce comportement était le plus
prévalent chez les infirmières les plus âgées.
•
60 % des infirmières ont indiqué qu’elles se sentaient rarement ou à l’occasion seulement
fatiguées avant de commencer à travailler; 55,5 % ressentaient de la fatigue au travail
presque en permanence; 80 % des infirmières se sentaient fatiguées après le travail presque
toujours ou constamment; et 80,8 % ont déclaré avoir entendu leurs collègues parler de
fatigue presque toujours ou constamment.
•
41,7 % ont indiqué qu’elles remarquaient de la fatigue chez leurs étudiantes.
•
Environ 90 % des infirmières ont trouvé leur travail presque toujours ou toujours exigeant
sur le plan cognitif au cours de l’année écoulée; 90 % étaient d’avis que le travail était
psychologiquement exigeant et 60 %, qu’il l’était sur le plan physique.
•
Les cinq principales causes de la fatigue des infirmières étaient l’augmentation de la charge
de travail, le manque de personnel, des attentes à la hausse chez les patients et les membres
de leur famille, la gravité des cas des patients, les urgences inattendues touchant l’effectif
ou les patients. Les infirmières ont aussi affirmé que l’hypertension sensorielle ressentie, les
milieux de travail désorganisés sur le plan fonctionnel et le changement inéluctable au travail
contribuent à leur fatigue.
•
Lorsqu’on leur a demandé d’indiquer le facteur le plus important qui contribuait à la fatigue,
presque 22 % des infirmières de tous les groupes d’âge ont répondu le plus souvent que
c’était « l’augmentation de la charge de travail ». Des infirmières ont affirmé que leur charge
de travail était lourde, stressante, de plus en plus intense, et qu’elle contribuait aux heures
supplémentaires.
Même si les infirmières ont déclaré ressentir de la fatigue au travail, elles ont indiqué par une
majorité de 85,1 % qu’elles ne manquaient presque jamais de travail à cause de la fatigue.
Cinquante-six pour cent (56 %) des infirmières n’avaient jamais ou presque jamais refusé de
faire du temps supplémentaire parce qu’elles se sentaient fatiguées.
•
Presque 95 % des participantes ont déclaré croire qu’elles n’avaient jamais posé un acte non
sécuritaire à l’origine d’un événement indésirable à cause de la fatigue.
•
La fatigue a des répercussions sur les infirmières : 25,8 % envisagent de démissionner, 20,2 %
songent à prendre leur retraite et 25,6 % pensent à quitter la profession à cause de la fatigue.
Des interventions portant sur le problème de la fatigue pourraient avoir une incidence
majeure sur la fidélisation de l’effectif infirmier.
•
En dépit de la fatigue que les infirmières connaissent à cause du contexte du travail, 90,4
% des répondantes ont indiqué que leur organisation n’avait pas élaboré de politique ni de
procédure au sujet de la fatigue.
Beaucoup d’infirmières ont formulé de nombreux commentaires reflétant l’opinion prédominante
: les infirmières sont fatiguées, elles travaillent même fatiguées, elles pensent que la direction
les aide peu à déterminer les niveaux de fatigue personnelle et à y réagir, mais qu’elle les pousse
plutôt directement ou indirectement à travailler davantage; elles choisissent de faire du temps
supplémentaire même non rémunéré parce qu’elles pensent que le travail doit être fait pour
les patients et pour leurs collègues; et l’horaire de travail leur pose de nombreux problèmes, en
particulier les quarts de 12 heures.
La culture de l’« héroïsme » qui peut renforcer « le stoïcisme et le martyre » face à la fatigue fait
partie des descriptions de la culture organisationnelle liée à la fatigue.
« La culture de l’« héroïsme » signifie que l’infirmière doit toujours s’assurer que tout se
déroule bien pour le patient, les membres de sa famille et les autres professionnels de la
santé, tout en se plaçant elle-même tout au bas de la liste ».
« En tant qu’infirmières communautaires, nous sommes considérées comme l’infirmière
complète… qui a beaucoup de connaissances générales et spécialisées dans le domaine
des soins infirmiers. Il semble tout simplement qu’on nous impose de plus en plus de
responsabilités et si nous ne faisons pas le travail, on pense que nous négligeons notre
rôle d’infirmière communautaire. Je pense qu’une personne peut seulement se pousser
jusqu’à un certain point avant que la fatigue, l’apathie et la frustration s’installent, ce qui
rend en retour la personne en cause très malheureuse dans une profession où nous nous
sommes lancées parce que nous adorons [les soins infirmiers] et que nous voulions être
infirmières. Jusqu’où faut-il toutefois nous pousser avant l’effondrement émotionnel,
physique et mental, sans oublier le spirituel? »
Plusieurs infirmières ont décrit comment les autres aspects de la culture et de l’organisation
renforçaient le travail lié à la fatigue. Beaucoup d’infirmières ne prennent pas de pause au travail –
ce qui est particulièrement difficile lorsqu’elles font des quarts de 12 heures. Des participantes ont
décrit une culture au travail de « pauses ratées », ce qui laisse entendre que la direction ne fait
rien pour veiller à ce que les infirmières prennent leurs pauses. À certains égards, les infirmières se
retrouvent dans une « impasse », car elles savent qu’elles ne devraient pas travailler fatiguées – et la
réglementation des soins infirmiers les appuie à cet égard – mais comme soignantes professionnelles
qui possèdent les connaissances générales et spécialisées nécessaires, elles pensent qu’elles ne
peuvent se retirer de la situation si elles veulent se conformer à l’éthique.
21
Résultats
•
Résultats
22
« La culture de la direction est celle d’une époque où il fallait simplement « faire ce qu’il
faut avec ce qu’il y a. » La direction investit peu de temps ou d’énergie pour régler les
problèmes une fois pour toutes… Peu de femmes de notre époque savent comment
prendre soins d’elles et beaucoup pensent qu’elles n’en « valent pas la peine » et se font
toujours passer en dernier. Celles qui pratiquent l’autosoin deviennent une cible pour
celles qui sont incapables de le faire et ressentent activement de l’amertume à l’égard de
celles qui cherchent à établir un équilibre entre leurs espaces personnel et professionnel. »
Les infirmières des premières lignes peuvent certes considérer que leur supérieur immédiat ne les
appuie pas, mais il importe que la direction à tous les échelons, et dans tout le système de soins
de santé, cherche à alléger le fardeau éthique imposé aux infirmières qui alourdit leur fatigue. Les
cadres peuvent aider en s’abstenant de demander aux infirmières de faire du temps supplémentaire,
en encourageant les pauses et les rendant possibles, et en s’assurant que les infirmières quittent
leur travail à temps. De telles mesures reflètent une compréhension plus générale d’une culture de
sécurité qu’il faut adopter dans notre système de soins de santé, ainsi que d’autres changements
clés portant sur les relations interpersonnelles, la structure et les processus.
Les commentaires des participantes indiquent clairement que l’appui de la direction fait partie
intégrante de la fatigue que les infirmières ressentent et de leur réponse aux signes de fatigue
chez elles mêmes et chez leurs collègues. Elles ont décrit de diverses façons une direction qui
les appuie, mais chacune de ces façons joue un rôle essentiel dans l’atténuation de la fatigue
chez les infirmières. Des participantes ont indiqué que les cadres devraient faire en sorte que les
infirmières prennent toutes les pauses auxquelles elles ont droit, reconnaître les charges de travail
dangereuses et ne pas obliger les infirmières à travailler fatiguées.
« Les gestionnaires des premières lignes doivent agir proactivement pour faire en sorte
que leur personnel prenne toutes les pauses nécessaires… »
« [Une direction qui appuie les infirmières, c’est]… une direction qui reconnaît les charges
de travail dangereuses et ne se contente pas de s’y attaquer rétroactivement… »
« La direction ne devrait pas obliger les infirmières à travailler si elles se sentent trop
fatiguées pour le faire. On exerce des pressions excessives sur les infirmières de chevet à
cause des pénuries d’infirmières. »
Les participantes ont aussi indiqué qu’il faudrait obliger la direction à rendre compte de ses
décisions et de ses comportements par une évaluation périodique.
« L’évaluation périodique de la direction fondée aussi sur sa façon de gérer les besoins en
personnel et non seulement le budget [s’impose] et il faut l’obliger à rendre du comptes. »
« Nous avons besoin d’une direction qui rend des comptes et qui doit fournir aux
infirmières et aux professionnels de la santé des milieux de travail sécuritaires et sans
fatigue. Le problème, c’est que la direction n’est pas tenue de rendre des comptes. La
direction est récompensée seulement pour avoir réduit les coûts et non pour avoir fidélisé
les infirmières. Dans presque toute organisation, le principal problème réside dans le
clivage entre l’expérience de la direction et la réalité de l’hôpital. »
« Nous manquons de personnel et je remplace lorsqu’il n’y a personne d’autre. Lorsqu’il
nous manque du monde, je remplace aussi pour les quarts de travail qui ne peuvent être
couverts dans notre service interne de soins actifs en psychiatrie. »
« Les quarts de nuit sont très durs sur le corps et je préfère ne pas en faire. Mon employeur
manque toutefois toujours de personnel et l’on finit par m’appeler à la dernière minute
pour me demander de remplacer quelqu’un. »
Enfin, on a soulevé comme facteur critique de la fatigue la question de l’établissement des horaires
de travail, le manque de flexibilité au niveau du nombre d’heures de travail par quart et le quart
de 12 heures lui-même – en particulier les rotations deux jours deux nuits. Comme le disait une
infirmière, « c’est comme être constamment en décalage horaire ».
Pour d’autres infirmières, le quart de 12 heures est tout simplement épuisant :
« Les quarts de nuit de 12 heures comportant 1 heure 30 (90 minutes) de pauses sont trop
épuisants. Comme nous faisons habituellement une petite sieste pendant nos pauses,
lorsque nous nous réveillons 90 minutes plus tard, cela signifie que nous sortons du
début du sommeil paradoxal : c’est pourquoi nous sommes encore plus fatiguées. Les
infirmières autorisées prennent donc une demi-heure de plus (deux heures au total) pour
dormir plus profondément et se reposer davantage. Notre chef des opérations décourage
toutefois fortement cette pratique. »
« Je travaille par quarts de 12 heures, jour et nuit, quatre quarts consécutifs. Plus je vieillis,
plus je trouve les quarts de nuit difficiles. »
« J’ai constaté personnellement que les quarts de 12 heures, le travail de nuit et les
responsabilités familiales m’épuisent. Je perds la mémoire à court terme et [je suis]
incapable de faire face aux événements de la vie sans difficulté comme auparavant. »
« J’adore les soins infirmiers, mais je déteste le travail par quarts… je n’ai pas le choix :
je dois faire deux jours de 12 heures et ensuite deux quarts de nuit de 12 heures. C’est un
horaire de travail de fou! »
23
Résultats
Par ailleurs, des infirmières ont expliqué qu’elles acceptaient des quarts de travail supplémentaires
ou occupaient un autre poste pour des raisons professionnelles, de façon à pouvoir effectuer
davantage de travail clinique et garder leurs connaissances spécialisées à jour. Comme le disait une
infirmière, « tous ces quarts de travail sont du temps supplémentaire au chevet; [c’est] un choix que
je fais pour maintenir mes connaissances spécialisées à jour ». D’autres commentaires ont renforcé
le fait que les infirmières étaient conscientes de problèmes organisationnels systématiques et
pensaient qu’elles devaient répondre aux demandes d’aide :
Résultats
24
Conséquences de la fatigue : sondage auprès des infirmières
Il est clair que les niveaux de fatigue chez les infirmières, tels que décrits dans les publications et
exprimés par les personnes-ressources clés qui ont participé au projet, ont un effet sur le jugement
des infirmières, leurs techniques de prise de décision et de solution de problème. On a établi un lien
entre la fatigue et l’augmentation du nombre des erreurs et des quasi-erreurs.
Dans le cadre du sondage pancanadien, les infirmières ont certes affirmé que leur niveau de fatigue
était relié à l’augmentation de la charge de travail, mais elles ont aussi indiqué que le manque de
personnel constituait la deuxième raison en importance. C’est peut-être pourquoi 56,6 % de ces
infirmières ont indiqué qu’elles ne refusaient presque jamais de faire du temps supplémentaire et
qu’elles se sentaient fatiguées. Ce comportement était le plus prévalent chez les infirmières de 18 à
34 ans. Même si les participantes se sentaient fatiguées, leurs collègues les encourageaient rarement
à arrêter de travailler lorsqu’elles étaient visiblement fatiguées. Un peu plus de 25 % ont indiqué
qu’elles avaient observé des pratiques non sécuritaires reliées à la fatigue chez les professionnels de
la santé et un peu moins de 20 % ont signalé croire que la fatigue avait un effet sur leur capacité
de fournir des soins sécuritaires, compatissants, compétents et conformes à l’éthique. Presque 95
% des participantes ont toutefois signalé qu’elles ne posent jamais ou presque jamais un acte non
sécuritaire à l’origine d’un événement indésirable à cause de la fatigue.
Facteurs qui aident à réagir à la fatigue et qui empêchent de le faire
On a demandé aux participantes d’indiquer quels facteurs organisationnels les aidaient à réagir
aux signes de fatigue chez elles ou chez des collègues. Environ 47 % des infirmières n’ont pu en
décrire aucun. Chez 42 % des participantes, les responsabilités professionnelles constituent un
facteur qui aide à réagir aux signes de fatigue. Une culture organisationnelle de sécurité, l’appui
des gestionnaires, l’espace physique nécessaire pour récupérer et des politiques organisationnelles
précises constituent des facteurs qui aident les infirmières et leurs collègues à réagir aux signes
de fatigue (21,1 %, 19,6 %, 8,9 % et 6,4 % respectivement). Cinq pour cent des répondantes
ont formulé des commentaires supplémentaires portant notamment sur les possibilités de
perfectionnement professionnel et l’appui de collègues. Ces commentaires ont été analysés et
sont présentés dans la partie qualitative du rapport. La Figure 1 décrit ces résultats.
25
Figure 1.
Facteurs du lieu de travail qui aident à réagir à la fatigue
Résultats
47 %
42.3 %
21.1 %
19.6 %
8.9 %
6.4 %
Politiques précises de
notre organisation
Culture de sécurité
dans notre organisation
5.3 %
Appui de la direction
Responsabilité
professionnelle
Espace physique
pour permettre
aux infirmières de
récupérer
Aucun auquel
je peux penser
Autre
(veuillez préciser)
Résultats
26
Le Tableau 1 résume les facteurs organisationnels qui, selon les participantes, les empêchent de
réagir aux sensations de fatigue chez elles-mêmes et chez quelqu’un d’autre.
Tableau 1.
Facteurs organisationnels qui empêchent de réagir à la fatigue
FACTEUR ORGANISATIONNEL
FRÉQUENCE
DE LA
RÉPONSE
Charge de travail
72,6 %
Responsabilité professionnelle qui oblige à être là pour les patients
70,2 %
Désir de ne pas laisser tomber l’équipe
66,4 %
Culture qui oblige à faire plus avec moins
59,5 %
Attentes perçues de la direction
45,5 %
Manque d’appui pour prendre des pauses et pour se faire remplacer comme il se
doit pendant cette période
36,7 %
Aucun temps prévu dans le quart de travail pour une période de récupération
36,4 %
Attentes confirmées de la direction
33,1 %
Aucun endroit dans l’organisation où récupérer
27,7 %
Non-application des politiques sur les pauses
24,5 %
Aucune politique sur les pauses
13,9 %
Aucun auquel je peux penser
5,5 %
Autre (veuillez préciser
4,9 %
Plusieurs des facteurs figurent assez souvent dans les réponses, ce qui indique que les participantes
croyaient que plusieurs facteurs organisationnels les empêchaient de réagir à la fatigue chez
elles-mêmes ou chez quelqu’un d’autre. La charge de travail est le facteur organisationnel le plus
prévalent qui empêche les infirmières de réagir à des sensations de fatigue. La responsabilité
professionnelle qui les oblige à être là pour les patients empêche 70,2 % des infirmières de réagir
à la fatigue chez elles-mêmes et chez quelqu’un d’autre.
Un peu plus de soixante-six pour cent (66,4 %) sont d’avis que le désir de ne pas laisser tomber
l’équipe les empêche de réagir aux sensations de fatigue. Ce que les participantes ressentaient
précisément n’est toutefois pas clair. Les participantes parlaient peut-être de reconnaître la fatigue
chez elles-mêmes et chez quelqu’un d’autre, ce qui est interprété comme de la faiblesse et de la
non-résilience et, par conséquent, comme si elles laissaient tomber l’équipe. Si c’est la raison pour
laquelle le désir de ne pas laisser tomber l’équipe les empêche de réagir adéquatement à la fatigue,
il peut être utile d’expliquer pourquoi 59,5 % ont indiqué que la culture qui les oblige à faire plus
avec moins les empêche de réagir à la fatigue.
Il est clair que les participantes ont vu leur charge de travail augmenter. Cette augmentation
importante a atteint le point où les infirmières croient qu’il existe une culture organisationnelle
qui les oblige à « faire plus avec moins » sans se plaindre. C’est pourquoi il est sous-entendu que la
culture de l’organisation qui pousse à « travailler davantage » peut limiter la capacité de reconnaître
la fatigue chez soi et chez quelqu’un et d’y réagir, car ce serait contreproductif dans une culture qui
oblige à « faire plus avec moins ».
Solutions visant à atténuer et gérer la fatigue : sondage long
Les répondantes ont proposé de nombreuses solutions pour s’attaquer à la fatigue au travail
aux échelons de la personne, de l’organisation et des systèmes. La majorité des solutions
recommandées visaient toutefois le niveau organisationnel et les composantes physiques,
structurelles et stratégiques, les composantes cognitivopsychosocioculturelles et les composantes
professionnelles d’un milieu de travail sain dans le contexte du Modèle conceptuel des milieux de
travail sains des infirmières.
Les commentaires sur les composantes physiques, structurelles et stratégiques ont dégagé les
principaux thèmes suivants :
•
observation des lois du travail et augmentation du financement;
•
facteurs de la santé comme le milieu de travail physique et un endroit où récupérer;
•
programmes de santé et de mieux-être offrant des possibilités de manger sainement
au travail;
•
pratiques et politiques de dotation;
•
diminution de la violence horizontale.
« Les employeurs du secteur hospitalier devraient se conformer à la Loi sur les normes
d’emploi, selon laquelle aucun employé ne peut être obligé de travailler plus de
45 heures par semaine ou ne peut travailler volontairement plus de 60 heures par
semaine. Les hôpitaux n’en tiennent toutefois par compte. Beaucoup d’infirmières
[font] six ou sept quarts prolongés consécutifs ou plus de 12 heures qui totalisent plus
de 60 heures. On continue de les appeler et elles continuent d’accepter de se présenter
au travail. »
« Il faut accroître le financement afin d’augmenter le nombre des infirmières aux premières
lignes et d’améliorer le contexte physique du lieu de travail. »
« Une salle tranquille (pas de télévision) où les membres du personnel peuvent s’étendre
ou se détendre dans des fauteuils au cours de leur pause… comme les salles qui
permettent aux médecins de dormir. Un endroit où se libérer du stress. »
« Fournir un bon service d’alimentation nutritive après les heures. »
« Examiner la sécurité des quarts de travail de 12 heures, celle des infirmières qui
travaillent, ainsi que celle des patients. »
« Une ergonomiste pour aider à évaluer la charge de travail, la surface de travail et rendre
le milieu de travail plus convivial. »
27
Résultats
La direction avait un effet important sur la réaction des infirmières à la fatigue. Plus précisément,
45,5 % des répondantes ont indiqué que les attentes perçues de la direction les empêchent de réagir
aux sensations de fatigue chez elles-mêmes et chez quelqu’un d’autre, tandis que 33,1 % ont
indiqué que les attentes confirmées de la direction les en empêchent. À cause de ces réponses,
on pose en hypothèse que les attentes de la direction peuvent inclure la gestion de charges de
travail accrues et les cas plus lourds, ainsi que l’acceptation d’une culture qui pousse à faire .
plus avec moins.
Résultats
28
Les commentaires sur les composantes cognitivopsychosocioculturelles ont dégagé les principaux
thèmes suivants :
•
pratiques de la direction;
•
culture du milieu de travail qui pousse à faire plus avec moins.
« Une direction qui doit rendre des comptes et fournir des milieux de travail sécuritaires
et sans fatigue aux infirmières et aux professionnels de la santé. La cause profonde
du problème, c’est que la direction n’est pas tenue de rendre des comptes. Elle est
récompensée seulement pour avoir réduit les coûts et non pour avoir fidélisé les
infirmières. Dans presque toute organisation, le principal problème réside dans le clivage
entre l’expérience de la direction et la réalité de l’hôpital. »
« Il faut remplacer la culture du martyre – qui pousse à travailler jusqu’à l’épuisement
ou l’effondrement – par une autre qui impose le respect et un effectif approprié, un
débreffage adéquat et approprié, la solution de problèmes par des efforts collégiaux et
une formation en leadership. Les infirmières ont besoin de plus de temps pour réfléchir et
de participer à l’établissement de leur infrastructure et des politiques. »
« Le changement d’attitude doit commencer au sommet de la pyramide organisationnelle
et il faut démontrer la valeur pour les infirmières. Il ne doit pas s’agir seulement de
belles paroles. »
Les commentaires sur les composantes professionnelles ont dégagé des thèmes clés et les solutions
suggérées suivantes :
•
inclure des normes d’agrément qui portent sur la fatigue des infirmières et d’autres
problèmes connexes;
•
donner aux étudiantes en sciences infirmières une formation qui reflète la réalité du
travail en soins infirmiers et les aide à prévenir, reconnaître et gérer la fatigue;
•
les employeurs doivent s’abstenir de s’en remettre aux infirmières pour des activités non
infirmières, qui réduisent le temps consacré aux patients, contribuent à faire baisser le
moral et alourdissent la fatigue.
« Exercer sur le gouvernement des pressions pour qu’il réglemente les heures de travail.
Il y a longtemps que le travail par quarts qui contribue à la fatigue des travailleurs fait
l’objet d’études. »
D’autres solutions portent avant tout sur des activités que le gouvernement devraient entreprendre :
convergence des efforts sur la fidélisation et le recrutement, financement pour assurer des niveaux
de dotation sécuritaires, augmentation du nombre de places dans les programmes de formation,
documentation de la recherche sur l’effet de la fatigue et la sécurité des patients, notamment.
Les infirmières ont aussi insisté sur le besoin de changements organisationnels dans une optique
physique, structurelle et stratégique. Elles cherchent plus précisément quelqu’un dans le système
qui préconiserait les activités suivantes et verrait à ce qu’elles soient réalisées :
•
augmentation du financement provenant des gouvernements;
•
charges de travail raisonnables;
•
ratios infirmière:patients sécuritaires;
•
augmentation de l’offre d’infirmières;
•
limitation des heures supplémentaires;
•
milieux de travail sains;
•
pratiques sécuritaires et flexibles d’établissement des horaires de travail;
•
pauses et vacances obligatoires;
•
offre d’infirmières possédant des connaissances et une expérience adéquates;
•
stratégie de prévention et d’éducation portant sur la fatigue et le stress.
Les participantes ont décrit tout un éventail d’activités possibles que les associations
d’infirmières peuvent lancer selon elles pour réduire la fatigue. Le Tableau 2 présente les .
thèmes qui se sont dégagés.
29
Résultats
« Je pense qu’un programme de formation qui ferait partie du programme d’études aiderait
s’il portait sur les concepts du stress et de la fatigue reliés au travail, sur la façon de les
gérer, ainsi que sur la façon d’apprendre à établir un profil personnel d’habitudes de
vie saines. L’application pratique du programme pendant leur formation… les aiderait à
leur arrivée dans l’effectif. Elles devront y faire face. Elles peuvent devenir de meilleures
mentors ou formatrices pour d’autres personnes et des clients en préconisant des
habitudes de vie saines. »
30
Tableau 2.
Résultats
Activités des associations d’infirmières visant à réduire la fatigue
COMPOSANTE
Physique, structurelle et
stratégique
Cognitivopsychosocioculturelle
NIVEAU
ACTIVITÉ
Système
• financement gouvernemental
• charge de travail raisonnable
Organisation
•
•
•
•
ratios infirmière:patients sécuritaires
augmentation de l’offre d’infirmières
milieux de travail sains
pratiques sécuritaires et flexibles
d’établissement des horaires de travail
Personne
• S.O.
Système
• sensibilisation du public
Organisation
• S.O.
Personne
• S.O.
Système
• éducation sur la fatigue et le soutien
• augmentation de la recherche sur la
fatigue
• guide sur les pratiques exemplaires en
prévention de la fatigue
Organisation
• S.O.
Personne
• S.O.
Professionnelle
Selon les répondantes, les associations d’infirmières ont un rôle de représentation à jouer dans la
réduction de la fatigue au travail. Plusieurs thèmes ressemblent à ceux que les infirmières ont soulevés
tout au long du sondage. Les participantes étaient d’avis qu’il importe de mettre davantage le public à
contribution dans ces grands dossiers et de faire mieux connaître les conditions de travail de certaines
infirmières, qui peuvent être dangereuses et contribuent à leur fatigue. Les répondantes ont insisté
aussi sur le fait qu’il est crucial d’augmenter la recherche et l’éducation sur la fatigue, les facteurs
qui y contribuent et ses répercussions, et sur les façons de l’atténuer et de la gérer. Les infirmières
recommandaient plus particulièrement la production d’un guide sur les meilleures pratiques dans
ce domaine. De même, les syndicats d’infirmières sont considérés comme un groupe clé à mettre à
contribution dans l’intervention en collaboration qui vise à s’attaquer à la fatigue.
Des participantes ont affirmé aussi que leur expérience clinique et leur formation sur les soins autodirigés
et l’équilibre travail-vie comme infirmière préparent mieux les étudiantes au travail par quarts, ainsi
qu’aux exigences cognitives, psychologiques et physiques des soins infirmiers. Les participantes ont
indiqué en outre qu’il faut sensibiliser les étudiantes et les nouvelles diplômées aux répercussions de la
fatigue sur la sécurité des patients, la satisfaction d’infirmières, l’épuisement et la fidélisation.
« Il faut assurer que les étudiantes en sciences infirmières sont conscientes du risque réel
d’apparition de la fatigue et les doter des connaissances spécialisées dont elles ont besoin
pour maintenir un équilibre travail-vie et s’occuper d’elles-mêmes d’abord. Impossible d’être
bon soignant si l’on a besoin de soins soi-même! »
« Assurer que les soins autodirigés font partie du programme d’études. Apprendre aux
étudiantes l’importance de la fatigue et de la sécurité des patients. »
« Il ne faut pas faire plus de quarts de travail [en temps supplémentaire] que le corps peut
en tolérer. »
« Il faut persévérer et attirer l’attention sur le fait que… la fatigue des infirmières
attribuable à l’augmentation de la charge de travail, aux cas plus lourds et à la minceur
des niveaux de dotation.. a un effet sur les patients. »
« Comme infirmières, nous essayons de nous appuyer et de nous encourager
mutuellement. Cela aide. Parfois, il suffit de savoir que l’on n’est pas seul. »
« M’occuper de ma santé et faire de l’exercice. Si je mène une vie saine, je suis alors plus
apte à gérer mes propres niveaux de fatigue. »
« Reconnaître qu’elle [la fatigue] existe et faire des efforts pour reconnaître le stress et y
faire face avant qu’il devienne invalidant. »
« Connaître les signes de fatigue et savoir quand se réserver du temps. »
« Revoir les responsabilités professionnelles qui sont d’assurer la sécurité du public,
reconnaître ses limites et apprendre à dire non. »
« Remplir des formulaires sur la responsabilité professionnelle lorsque l’effectif demeure
inadéquat et le milieu de travail, non sécuritaire. »
Sondage national auprès des organisations
Le sondage en direct auprès des organisations a attiré des réponses de 927 professionnels de la
santé. Les provinces et les territoires étaient tous représentés sauf le Québec. Les répondantes ont
indiqué qu’elles travaillaient en soins actifs dans des hôpitaux communautaires ou d’enseignement,
des établissements de soins de longue durée, dans le secteur de la santé publique, dans des cliniques
de postes de soins infirmiers du Nord, dans des organisations du gouvernement fédéral, des services
ambulanciers aériens, des régies régionales de la santé, des centres de la santé mentale, des centres
de santé communautaires, des cliniques et des conseils de tribunaux.
Les résultats du sondage concordent avec ceux du sondage mené auprès des infirmières en
particulier. De nombreuses solutions qui se chevauchaient aux problèmes de la fatigue des
infirmières étaient reliées à des interventions recommandées du gouvernement, des associations
professionnelles, des organismes de réglementation et des syndicats d’infirmières.
Les répondants ont décrit clairement le problème prévalent de la fatigue des infirmières, qui a des
effets négatifs sur la sécurité des patients. De nombreuses solutions visant à prévenir la fatigue
au travail ont été proposées, ce qui est révélateur de la complexité du problème. Une stratégie
de gestion intégrée et à facettes multiples s’impose donc. La répétition des solutions provenant
31
Résultats
Beaucoup de participantes ont mis en évidence des domaines et des activités sur lesquels elles
pourraient se concentrer individuellement comme solutions au problème de la fatigue des
infirmières. Beaucoup d’activités s’inscrivent dans la composante professionnelle d’un milieu de
travail sain. Les commentaires sont le reflet d’une cohorte d’infirmières qui veulent vraiment
alléger le facteur fatigue à leur travail, que ce soit pour mieux faire connaître les niveaux de
fatigue au travail, aider leurs collègues à réduire la fatigue ou prendre des mesures personnelles et
professionnelles de façon à gérer leur propre fatigue.
Résultats
32
des deux sondages circonscrit de plus les croyances des répondants, soit que toutes les parties
doivent collaborer stratégiquement à l’atténuation et à la gestion de la fatigue des infirmières et
à la sécurité des patients.
Ces résultats indiquent fortement non seulement que la fatigue des infirmières constitue un
enjeu prévalent dans tout le système de soins de santé du Canada, mais aussi qu’il faut suivre une
stratégie intégrée et à facettes multiples pour la gérer efficacement. Les participants au sondage
mené auprès des organisations ont parlé de l’importance de la collaboration entre les employeurs,
les associations d’infirmières, les organismes de réglementation, les syndicats d’infirmières et
les établissements d’enseignement de façon à promouvoir une sensibilisation, un appui et un
changement généralisés et aussi à posséder un pouvoir collectif suffisant pour obtenir davantage
d’aide du gouvernement.
Recommandations au niveau du système
1
Tous les ordres du gouvernement doivent assurer un financement suffisant qui vise à prévenir
les pratiques dangereuses causées par la montée de la fatigue du personnel aggravée par les
charges de travail excessives, les pénuries d’effectifs et l’inattention accordée aux méthodes de
travail sécuritaires. Ce financement aiderait à :
•
augmenter le nombre d’infirmières autorisées (inf. aut.) afin de garantir des soins
sécuritaires pour les patients dont le cas est complexe ou instable;
•
appliquer les garanties qui visent à assurer que les nouvelles diplômées ont du travail à
temps plein (AIIAO, 2007b);
•
assurer que toutes les organisations du secteur de la santé ont 70 % d’infirmières
à temps plein afin de favoriser la continuité des soins et du service des soignants,
ce qui augmente la qualité des soins, la satisfaction des infirmières et la fidélisation
(AIIAO, 2005);
•
promouvoir d’autres solutions en ressources humaines comme celles que décrit
l’AIIC pour faire disparaître la pénurie d’infirmières autorisées au Canada (AIIC, 2009b).
2
Les gouvernements doivent fournir du financement pour accroître l’inscription en sciences
infirmières afin de garantir un effectif infirmier suffisant au moyen de stratégies canadiennes
de gestion des ressources humaines de la santé qui visent avant tout à augmenter le nombre
de formateurs qualifiés dans les programmes de sciences infirmières, à augmenter le nombre
de places d’infirmières autorisées en éducation, à fournir davantage de possibilités de stages
cliniques et à rejeter le recrutement à l’étranger qui est contraire à l’éthique.
3
Les groupes de recherche doivent appuyer de nouvelles recherches sur le lien entre la fatigue
des infirmières et les horaires de travail, les périodes suffisantes de repos et de récupération et la
sécurité des patients, qui seront exécutées dans tous les milieux où travaillent des infirmières.
4
Les chefs de file nationaux du secteur de la santé et de la sécurité des patients doivent intégrer
la grande question de la fatigue des infirmières dans le programme national de sécurité des
patients comme facteur critique qui a une incidence sur la sécurité des soins prodigués aux
patients. La stratégie d’implantation d’une culture de sécurité doit viser notamment à atténuer
et gérer la fatigue comme élément clé.
5
Les organismes d’agrément doivent explorer l’élaboration de normes stratégiques à l’intention
des organisations de soins de santé pour atténuer et gérer la fatigue des effectifs.
33
Solutions recommandées
Les données brossent un tableau d’infirmières qui veulent agir honorablement en faveur de
la qualité des soins aux patients, mais qui se retrouvent aux prises avec une série de priorités
divergentes elles doivent s’occuper d’elles-mêmes pour être membres productifs de l’équipe de
travail, répondre au besoin croissant de prolonger leur journée de travail, raccourcir leurs périodes
de congé, travailler plus fort à cause de la charge de travail excessive et faire face à des problèmes
continus de dotation et à des cas de plus en plus lourds. Cet enjeu est le même d’un bout à l’autre
du Canada, dans tous les rôles et tous les secteurs des soins infirmiers. Les publications démontrent
une convergence avec les suggestions des infirmières qui ont participé à cette recherche et
souhaitent un changement aux niveaux du système, de l’organisation et de la personne afin
d’atténuer la fatigue et de la gérer chez les infirmières.
Solutions recommandées
34
6
Les associations et les syndicats d’infirmières doivent collaborer pour établir des programmes
de représentation et d’intervention stratégique uniformes qui tiennent compte de la
fatigue comme facteur aux échelons national, provincial et territorial et qui s’adressent aux
gouvernements, aux organisations de soins de santé et au public. De tels programmes visent
avant tout à créer et maintenir des milieux de travail sains (Griffin et al., 2006) pour les
infirmières et à prodiguer aux patients des soins de qualité et sécuritaires.
7
Les associations d’infirmières doivent faire mieux connaître à tous les ordres de gouvernement,
au public et au milieu des soins infirmiers la fatigue des infirmières, ses causes et ses
conséquences en ce qui a trait à la sécurité des patients, à la satisfaction des infirmières,
à la fidélisation et au recrutement. Il faut collaborer avec l’AIIAO pour établir des guides
de pratiques exemplaires qui ont trait à l’atténuation et à la gestion de la fatigue dans la
profession infirmière.
8
Les organismes de réglementation de la profession infirmière doivent reconnaître les problèmes
posés par la fatigue des infirmières dans les règlements portant sur l’aptitude professionnelle et
la gestion des responsabilités des infirmières autorisées.
Recommandations au niveau des organisations
1
2
Les organisations de soins de santé doivent promouvoir une culture de sécurité en établissant
une politique et un programme de gestion de la fatigue (Coalition pour la qualité de vie au
travail et des soins de santé de qualité, 2007, p. 33).
•
Créer des politiques et des pratiques sur l’établissement des horaires de travail des
effectifs infirmiers.
•
Créer des processus à suivre pour documenter la fatigue au travail et son lien avec
le temps supplémentaire, le nombre maximal d’heures de travail par jour et par
semaine, les heures de garde et les données reliées à l’erreur chez les patients, les
niveaux de fidélisation du personnel et les résultats du recrutement.
•
Élaborer des politiques qui prévoient du temps et de l’espace pour des périodes de
repos, les repas et d’autres initiatives de promotion de la santé reliées à l’hygiène du
sommeil.
•
Apprendre aux membres du personnel infirmier et de la direction à reconnaître et
à gérer la fatigue chez eux-mêmes et chez autrui, et à comprendre la science du
sommeil, les risques associés à la fatigue et des façons d’aborder les troubles du
rythme circadien.
•
Doter les organisations de soins de santé d’endroits où dormir afin de permettre
aux infirmières de réduire au minimum les perturbations de leur rythme circadien
lorsqu’elles travaillent le soir et la nuit.
Les programmes de formation en sciences infirmières doivent intégrer, dans les cours de
formation clinique et de perfectionnement professionnel, de l’information au sujet de l’effet
que la fatigue a sur le travail clinique des infirmières et de celui des heures de soins sur les
habitudes de vie et la santé, ainsi que sur la façon de gérer cet aspect des soins infirmiers
comme carrière.
3
Les syndicats d’infirmières et infirmiers doivent chercher à atténuer la fatigue chez les
infirmières, c.-à-d. à :
Renforcer l’établissement d’horaires de travail sécuritaires en limitant les heures de
travail effectuées par une infirmière (1) à 12 heures par jour, y compris le transfert des
dossiers et les heures de garde et (2) à 48 heures par période de sept jours, y compris
les périodes de garde.
•
Promouvoir pour les infirmières le choix du type et de la durée du quart de travail
dans tous les milieux de soins de santé, dans le contexte d’une philosophie de
continuité des soins et des services des soignants et créer des milieux de travail sains
et sécuritaires qui appliquent les principes du rythme circadien à l’établissement des
horaires de travail.
•
Préconiser une étude de l’usage étendu des quarts de travail de 12 heures dans les
milieux de soins de santé au Canada afin de mettre en œuvre une durée plus propice à
la sécurité des patients et à l’équilibre travail-vie.
•
Lancer des campagnes publiques sur les conditions de travail des infirmières qui
reflètent les enjeux liés à la charge de travail, aux heures de travail par jour et par
semaine – y compris les exigences relatives aux périodes de garde et au temps
supplémentaire – et le lien entre ces grandes questions et la sécurité des patients.
Recommandations au niveau individuel
Les infirmières dans tous les rôles et tous les milieux de travail ont l’obligation professionnelle
d’atténuer et de gérer leur propre fatigue et de prodiguer des soins sécuritaires. Elles ont l’obligation
professionnelle d’agir de façon à maintenir la sécurité du patient et leur sécurité (AIIC, 2008).
1
Les infirmières doivent apprendre à être conscientes des symptômes de la fatigue personnelle
et à les reconnaître. Elles doivent également reconnaître comment elles réagissent à la fatigue
personnelle.
2
Les infirmières doivent comprendre et respecter les politiques portant sur la sécurité des soins
aux patients dans leur organisation et dans le contexte de leurs attentes relatives à la pratique
professionnelle.
3
Les infirmières doivent atténuer et gérer la fatigue au travail, et notamment refuser des
affectations d’une façon professionnelle. Lorsqu’elles décident de faire des quarts de travail
supplémentaires ou lorsqu’elles planifient du travail ou des activités non reliées au travail, .
les infirmières doivent se conformer à leur obligation éthique de maintenir leur aptitude .
à pratiquer.
4
Les infirmières doivent travailler par l’intermédiaire de leurs associations professionnelles, de
leurs syndicats et de leurs organismes de réglementation pour préconiser la sécurité des soins
dispensés aux patients au moyen de pratiques sécuritaires d’établissement des horaires de
travail dans le milieu de travail.
5
Les infirmières doivent appuyer les politiques, les procédures et les initiatives de promotion de
la santé qui permettent de gérer la fatigue au travail.
Solutions recommandées
•
35
Conclusion
36
Les données montrent que presque 50 % des infirmières ont déclaré avoir manqué d’un à dix
quarts de travail au cours de la dernière année à cause de la fatigue et 7 % en ont manqué de six
à dix. La fatigue a constitué un facteur chez environ 25 % des participantes qui ont déclaré songer
à démissionner de leur poste et 26 % qui envisageaient de quitter la profession. Les répondantes
ont signalé que la fatigue était attribuable non seulement aux exigences physiques du rôle (60
%), mais aussi aux exigences cognitives et psychosociales du travail en soins infirmiers (90 %), ce
qui contribue certainement à la constatation selon laquelle 80 % des infirmières ont déclaré se
sentir fatiguées après leur quart de travail, soit presque toujours, soit en permanence. Ces niveaux
élevés de fatigue constituent un risque pour la sécurité des patients, mais 95 % des infirmières
croient en général qu’elles ne commettent pas d’erreurs à cause de la fatigue. Dans plusieurs
études, les auteurs indiquent que la fatigue des infirmières est une cause d’erreurs cliniques, de
non-sauvetage et d’endormissement au volant pendant le retour à la maison. La vigilance constante
dont il faut faire preuve pour éviter les erreurs chez soi-même et chez d’autres personnes est un
autre facteur qui contribue à la fatigue. Les résultats obtenus des infirmières dans tous les rôles
et dans tous les groupes démographiques d’un bout à l’autre du Canada décrivent des charges de
travail constamment excessives comme la principale cause de la fatigue. Il est possible d’établir
un lien entre les charges de travail de plus en plus lourdes en soins infirmiers et la gravité des cas,
l’augmentation du nombre des patients et la complexité accrue des soins de santé en général et des
interventions infirmières en particulier.
En dépit des niveaux de fatigue que les infirmières vivent à cause du contexte où elles travaillent,
90,4 % des infirmières ont indiqué que leur organisation n’avait pas élaboré de politique ni
de procédure pour s’attaquer à la fatigue. Ces résultats provenant des infirmières du Canada
concordent avec les publications qui décrivent la fatigue des infirmières, ses causes et les risques
importants pour la sécurité des patients.
La fatigue des infirmières est certainement un problème important qui perturbe la santé
physique et mentale, met en danger la qualité de la prestation des soins aux patients et mine
finalement la qualité du système de santé du Canada. Il s’agit d’un enjeu crucial qu’il faut aborder
immédiatement en se penchant sur tout un éventail de décisions stratégiques aux niveaux du
système, de l’organisation et de la personne. En fait, tous les aspects du système de soins de santé
doivent jouer un rôle pour enrayer les niveaux dangereux de fatigue des infirmières au moment où
les organisations réagissent aux cas de plus en plus lourds et au manque chronique de personnel
en alourdissant la charge de travail des infirmières. La création de milieux de travail plus sains
et l’instauration d’une culture de la sécurité « sensibilisée davantage à la fatigue » auront une
incidence marquée sur la réduction et l’amélioration de la gestion de la fatigue dans le secteur des
soins infirmiers, ce qui contribuera à améliorer la sécurité des patients.
En braquant les projecteurs sur ce problème crucial et décrivant des solutions précises, l’Association
des infirmières et infirmiers du Canada veut éviter les situations dangereuses pour les patients
et enrayer un exode possible de la profession infirmière. Il est vital de maintenir les projecteurs
braqués fermement sur la fatigue des infirmières et la sécurité des patients si l’on veut prévenir
des effets durables.
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41
Annexe A
42
Comité consultatif national
Coprésidente : Lisa Ashley, inf. aut., MEd, ICS(C)
Infirmière conseillère, Politique des soins infirmiers
Association des infirmières et infirmiers du Canada
Coprésidente : Irmajean Bajnok, inf. aut., M.Sc.I., PhD
Directrice, Affaires internationales et programmes de lignes directrices sur les pratiques exemplaires
Codirectrice, Unité de recherche sur les pratiques exemplaires en soins infirmiers
Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario
Linda Banerjee, inf. aut., B.Sc.I., BScHE
Experte-conseil en pratique infirmière
Saskatchewan Registered Nurses’ Association
Shauna Figler, inf. aut., BN, CHE
Infirmière-conseillère en pratique infirmière
Association des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick
Doris Grinspun, inf. aut., MSN, PhD (c), O.ONT
Directrice générale
Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario
Janet Helmer, inf. aut. (SE), MEd
Coordonnatrice anglophone de la Région de l’Est
Programme de formation des infirmières praticiennes et infirmiers praticiens en soins primaires de
l’Ontario
Catherine Hodgins, Institut canadien pour la sécurité des patients
Sandra MacDonald-Rencz, inf. aut., MEd, CHE
Directrice exécutive, Bureau de la politique des soins infirmiers
Direction générale de la politique stratégique, Santé Canada
Linda McGillis Hall, Ph.D., FAAN
Professeure et doyenne associée de la recherche et des relations extérieures
Bourse de recherche du MSSLDO pour chercheuse ou chercheur expérimenté(e)
Faculté des soins infirmiers Lawrence S. Bloomberg
Université de Toronto
Debra McPherson, Fédération canadienne des syndicats d’infirmières/infirmiers
Modèle conceptuel des milieux de travail sains des infirmières
43
Annexe B
Annexe B
44
45
Annexe B
Annexe B
46
Pratiques et politiques d’établissement des horaires de travail
qui atténuent la fatigue
•
Promouvoir la flexibilité en ce qui concerne le choix du type et de la durée des quarts de
travail pour les infirmières dans tous les contextes de soins de santé, compte tenu d’une
philosophie de continuité des soins et des services des soignants.
•
Veiller à ce que les infirmières ne travaillent pas plus de 12 heures par période de 24
heures et pas plus de 60 heures par période de sept jours.
•
Permettre d’établir des rotations aux semaines ou aux deux semaines pour que le rythme
circadien puisse s’adapter.
•
Limiter le nombre de quarts sur appel au cours d’une période de sept jours selon le
type d’établissement et coordonner les heures avec le nombre d’heures de travail sans
interruption et de périodes adéquates de récupération.
•
Prévoir suffisamment de temps pour effectuer en toute sécurité le transfert des patients
dans le cadre du quart de travail régulier payé, et de préférence en personne.
•
Établir des horaires de travail d’une telle façon que les périodes de congé comprennent
un cycle de sommeil de huit heures sans interruption, une pause par rapport aux
responsabilités professionnelles continues et le temps de s’occuper d’activités
personnelles de la vie quotidienne.
Annexe C
Les pratiques et les politiques d’établissement des horaires de travail des infirmières qui
atténuent la fatigue veillent notamment à :
47
cna-aiic.ca • rnao.org
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