Soins WONCA Varsovie Quand l’outil d’évaluation est mal utilisé Évaluation en fin de consultation de médecine générale en Finlande Evaluation at the end of GP’s consultation in Finland Kuusela M, Anttila A, Vainiomäki P. (Finlande) exercer 2012;100(suppl1):48S-9S. Mots-clés Consultation Rappel Information médicale Communication Contexte Chaque consultation de médecine générale devrait se clôturer par une évaluation en trois séquences1,2 : •un rappel des procédures effectuées pendant la consultation et des données recueillies ; •un exposé des décisions concertées sur lesquelles la consultation a débouché ; •une interrogation sur la satisfaction des attentes du patient. Cette évaluation doit permettre au patient de bien mémoriser les décisions qui ont été prises et les problèmes et attentes qui ont été satisfaits. Lorsque les demandes sont trop nombreuses pour être résolues au cours d’une même séance, il est important d’énoncer les sujets qui seront traités lors d’une consultation ultérieure. Le patient note ainsi que le médecin l’a bien entendu, mais que des questions techniques et pratiques n’ont pas permis la résolution de tout en une seule fois. Objectif [email protected] •évaluation qualitative par une MAAS Global Scale (MGS)2 dans laquelle la note attribuée pour chaque item est comprise entre 1 et 6. La fiabilité de l’évaluation était vérifiée par la variance intra- et interévaluateur sur plusieurs grilles remplies pour la même consultation. Résultats Les auteurs ont observé que la synthèse de fin de consultation manquait le plus souvent, ou était largement amputée. Deux fins de consultation sur trois ne dépassaient pas la note de 3/6. L’évaluation faite par l’étudiant ne différait pas de celle établie par les médecins expérimentés. Résultat principal Les médecins devraient être plus attentifs à réaliser une synthèse de fin de consultation soignée et centrée sur le patient. Évaluer la réalisation et la qualité d’une évaluation de fin de consultation en médecine générale. Population étudiée 4 médecins généralistes seniors, hommes et femmes, installés à Turku (Finlande), volontaires et informés des critères de jugement. Méthode Enregistrement filmé de 5 consultations par médecin, soit 20 consultations. Analyse de l’atteinte des objectifs par 2 généralistes expérimentés et un étudiant à partir de l’enregistrement. Critères de jugement : •présence ou non d’une synthèse de fin de consultation ; 48 e x e r c e r la revue française de médecine générale Commentaires Il y a une corrélation étroite entre la mémorisation d’une consultation par un patient et son appropriation du projet thérapeutique 3. Dans un entretien en face-à-face, les éléments les mieux mémorisés sont ceux qui se situent en début et en fin d’entretien1. C’est pourquoi les enseignants de médecine générale des pays d’Europe du Nord insistent beaucoup sur la structuration de la consultation en 7 séquences2 : •recueil d’information au cours duquel le patient peut pleinement exprimer ses attentes ; •éventuellement, retour sur les rencontres antérieures et recueil d’informations sur l’évolution des plaintes ; Vo l u m e 2 3 N ° 1 0 0 ( s u p p l 1 ) •reformulation des attentes du patient et éléments à l’origine de la décision de consulter ; •examen physique respectueux et explication des procédures utilisées ; •résultat de consultation : information sur les constats de l’entretien, de l’examen physique et les conclusions médicales qui en découlent ; •procédure décisionnelle partagée ; •évaluation de fin de consultation. En plus de ces 7 séquences, l’échelle MGS évalue 6 habiletés transversales de communication : capacités d’exploration, gestion des émotions, transmission d’informations, capacités de synthèse, adaptation à la progression du patient et empathie. Pour chacun de ces 13 items, la MGS accorde une note allant de 1 à 6, rapporté sur 18 échelles visuelles analogiques (EVA) disposées en étoile (certains items sont décomposés en 2, voire 3 EVA). Les consultations sont filmées et évaluées à l’aide de cet outil. Plus l’apprenant progresse dans ses capacités de communication, plus le périmètre reliant les notes obtenues pour chaque item s’élargit. Cette échelle a été validée aux Pays-Bas pour l’évaluation des consultations en médecine générale. Sa variance intra- et interindividuelle est connue2. Dans cette étude, les consultations ont fait l’objet d’une évaluation globale, mais seule la 7e séquence, l’évaluation de fin de consultation, a fait l’objet d’une analyse. Ni la taille de l’échantillon ni la seule utilisation de l’item 7 de la MGS ne permettent de donner de valeur à ce travail. Il faut donc y voir une étude de faisabilité, permettant l’appropriation d’un outil d’évaluation des compétences en communication sur consultations filmées et sa validation en Finlande. Le résultat principal, c’est-à-dire le peu d’attention que les généralistes finlandais portaient à la synthèse de fin de consultation, peut néanmoins paraître décevant. Il reste à se poser la question de la validité d’un tel séquençage d’une consultation en médecine générale. En d’autres mots, cette technique cognitive permetelle une meilleure mémorisation des résultats et une meilleure appropriation des décisions par le patient ? Les études réalisées en milieu hospitalier, et notamment en rhumatologie et en médecine interne, vont dans ce sens3. Cependant, il y a de nombreux facteurs confondants dans la communication (diminution du volume d’informations, vérification de la compréhension du patient, adaptation du langage au patient, évitement des termes techniques, etc.), et l’état émotionnel du patient joue un grand rôle dans sa réceptivité1,3,4. La très belle étude de McKinstry4, publiée récemment, Vo l u m e 2 3 N ° 1 0 0 ( s u p p l 1 ) Soins © Foto sapiens – Fotolia.com WONCA Varsovie a confirmé la rareté en pratique du séquençage des consultations par les généralistes. Elle n’a cependant pas pu démontrer son efficacité pour améliorer la mémorisation et l’appropriation des résultats de la consultation par les patients. En revanche, les auteurs ont mis en évidence la nécessité de limiter le volume d’information transmis lors de chaque épisode de soins. Les patients qui ont plusieurs plaintes sont ceux qui profitent le moins de l’épisode de soins tout en rallongeant excessivement ce dernier. Il est de l’intérêt du patient de ne prendre en charge qu’une ou deux plaintes qu’il juge prioritaires à chaque fois, et de remettre les autres à une rencontre ultérieure. Christophe Berkhout – UFR Lille Marie Barais – UFR Brest Références 1. Peterson LR, Peterson MJ. Short-term retention of individual verbal items. J Exp Psychol 1959;58:193-8. 2. Hobma SO, Ram P, Grol R, Muijtjens A, van der Vleuten C. Effective improvement of doctor-patient communication: a randomized control trial. Brit J Gen Pract 2006;56:580-6. 3. Watson P, McKinstry B. A systematic review of interventions to improve recall of medical advice in healthcare consultations. J R Soc Med 2009:102:235-43. 4. McKinstry B, Watson P, Elton RA, et al. Comparison of the accuracy of patients’ recall of the content of telephone and face to face consultations: an exploratory study. Postgrad Med J 2011;87:394-9. e x e r c e r la revue française de médecine générale 49