actualité, info point de vue Avec internet le patient est plus savant : c’est un (mauvais) conte pour enfants imprimés sur du papier. Et ces mêmes citoyens commencent déjà à témoigner, avec leurs moyens, de leur besoin de classements, de distances éclairées, de séparations des commentaires et des faits. Besoin de journalisme. Et, parallèlement, besoin de médecine. Le tout non pas «à l’ancienne», mais bel et bien dégagé de l’émotion générée par l’illusion de la communication immédiate. Ne pas se voiler la face : la période actuelle est plus que troublée. On frôle le divorce et la relation est à réinventer entre les journalistes et table aigu. L’espérance de vie augmente dans des proportions considérables et la prévention commence à porter ses fruits. Restent la fin de vie et les menaces épidémiques. Psychanalyse ou pas, il en va bien différemment pour ce qui est de la transformation du regard du patient sur son propre corps. Qui oserait, du moins parmi les médecins, raisonnablement soutenir que l’accès gratuit à l’empire «Internet-Wikipédia-Doctissimo» a transformé le patient en savant ? On pourrait aisément soutenir le contraire. C’est que le foisonnement est, comme toujours, un obstacle au raisonnement. On le mesure dans l’exercice de la médecine comme dans celui du journalisme. L’accès (gratuit ou presque) de chaque citoyen à l’intégralité des dépêches d’agences «bâtonnées» dans l’urgence ne rend pas ces citoyens plus éclairés qu’ils ne l’étaient au temps des journaux celles et ceux qui ont besoin d’eux dans les espaces démocratiques. Il en va de même dans la relation entre les médecins et celles et ceux qui continuent de faire appel à eux. Jean-Michel Chabot écrit ceci dans La Revue du Praticien : «La relation médecin-malade (qui continue fondamentalement d’être établie sur le colloque singulier) s’en trouve modifiée. Ainsi le mode de relation habituel évolue progressivement vers une relation de type contractuel, où les décisions sont davantage expliquées, au point que le vocable de décision médicale… partagée s’en est trouvé consacré. (…) Pour autant, il ne faut pas ignorer que cette évolution connaît ses propres limites, assez bien précisées par l’auteur B. Schwartz, quand il affirme dans les colonnes du New York Times : "De fait, le point où le choix tyrannise les patients plus qu’il ne les libère pourrait bien exister"». Bel exemple d’understatement. LDD Aphorisme : pas si éloigné qu’on le dit du lieu commun ; apprendre à s’en méfier.a Jean-Michel Chabot est professeur de santé publique. Dans le dernier numéro de La Revue du Praticien (Vol. 64, juin 2014), il signe un papier intitulé «Trois aphorismes». Ne retenons que le premier : «Les malades sont devenus savants et les maladies chroniques». Voilà bien un aphorisme en passe de devenir un lieu commun. C’est acquis pour ce qui est de la chronicité. L’aigu disparaît sous nos yeux. Du moins le grand, le véri- 1478 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 16 juillet 2014 C’est sans doute là un point essentiel de notre époque : la réapparition du tyran. Mais un tyran ayant emprunté le costume démocratique et les outils de l’informatique. Un tyran qui vous laisserait faire votre choix. Qui n’imposerait pas le novlangue d’Orwell mais qui vous laisserait parler comme on nous parle à la télévision. Pour l’heure, il est préférable, en société, de faire comme si ce point (le point où le choix tyrannise les patients) n’existait pas. Il faudra pourtant bien en revenir prochainement à quelques évidences vieilles comme la pratique de la médecine. Et revenir au «colloque singulier». «Le "colloque singulier" est une expression française née sous la plume de l’écrivain Georges Duhamel, en 1934. Ce médecin défendait, dans La Revue des deux Mondes, la médecine libérale contre "l’étatisme" et la médecine sociale au lendemain des premières assurances sociales. Il y décrivit la relation entre le médecin et le malade comme un duo se jouant dans un espace clos. L’expression a été reprise par Louis Portes, président du Conseil national de l’Ordre des médecins de 1943 à 1949. Il lui a associé la formule célèbre d’une "confiance qui rejoint librement une conscience", qui promeut une relation ouvertement déséquilibrée. De plus, il l’ancre dans le secret : "Il n’y a pas de médecine sans confiance, de confiance sans confidence et de confidence sans secret." Dire que le colloque singulier est un mythe signifie qu’il condense des représentations qui tiennent de l’évidence pour les médecins français, autour d’un concept perçu comme un principe moral plus que politique. Lors d’une rencontre, des généralistes suédois nous ont raconté leur journée de travail qui commence par une réunion pluridisciplinaire, en lien régulier avec l’hôpital. "Mais alors, vous n’avez pas de vraie relation avec vos patients !", s’est exclamé un médecin français, condamnant ainsi par un jugement moral une prise en charge plus collective.»1 Un paradoxe veut que le développement de l’accessibilité des patients à internet survienne en pleine période de crise économique. Une période qui fait, selon les sociologues, que la profession médicale reste une «valeur sûre» car très attractive. Une profession caractérisée par une autonomie (relative), une reconnaissance (à géométrie variable) ainsi (généralement) que par une sécurité de l’emploi. «En dépit des protestations des médecins, c’est un des métiers qui jouissent d’un prestige important autant que d’une situation objectivement favorable, écrit encore la sociologue Anne-Chantal Hardy. Ce sont les médecins qui dévalorisent leur propre profession, pas les enseignants (dont les enfants y réussissent très bien) ni les milieux plus modestes, auxquels les facultés de médecine tournent le dos.» Et qu’en est-il des journalistes ? Du moins des journalistes de l’écrit et de la relation qu’ils entretiennent avec leurs patients lecteurs. Un lieu commun veut que l’on assiste, en ce début du troisième millénaire de l’ère chrétienne (et un peu plus d’un demi-millénaire après Johannes Gutenberg), à la mort de la presse écrite. C’est bien beau, mais c’est faux. La vérité est que nous assistons à la fin annoncée de pans entiers de la presse d’information générale, imprimée sur du papier journal. Pour le reste, le journalisme et ses écritures demeurent. De même que l’impression : elle abandonne l’encre et le papier pour gagner l’écran. Il reste au journaliste écartelé entre le print et le web à trouver le moyen de ne pas désespérer : il lui suffit de réinventer les liens avec son lectorat. Et au médecin de faire de même (colloques singuliers ou pas) avec sa patientèle éternelle. Jean-Yves Nau [email protected] a L’aphorisme, par définition, cherche à résumer un mot, une situation et se veut le contraire du lieu commun. Il constitue un énoncé autosuffisant et peut être lu, compris, interprété sans faire appel à un autre texte. Un aphorisme est une pensée qui autorise et provoque d’autres pensées et qui fraye un sentier vers de nouvelles perceptions et conceptions. Même si sa formulation semble prendre une apparence définitive, il ne prétend pas tout dire ni dire le tout d’une chose. Bibliographie 1 Extraits d’un entretien (publié sur le blog «Carnets de santé» avec Anne-Chantal Hardy , sociologue (chercheur CNRS au sein du laboratoire Droit et changement social, à Nantes). Cet entretien est basé sur son livre Travailler à guérir. Sociologie de l’objet du travail médical. (Presses de l’EHESP, Rennes, 2013. 304 pages, 26 euros). Cet entretien a d’abord été publié dans le numéro 902 de mai 2013 de la Revue du Praticien Médecine Générale. Physiothérapeutes en conflit avec quatre assureurs Entre les physiothérapeutes et certains assureurs, la guerre repart de plus belle. Au cœur du conflit : le remboursement des traitements. En avril, tarifsuisse et les physios s’étaient pourtant entendu pour augmenter la valeur du point de 8 centimes – soit une hausse d’environ 9% des tarifs, qui n’avaient pas été adaptés depuis 1998. Mais il y a un hic : cet accord n’a été accepté que par les membres de santésuisse, qui regroupent 65% des assurés helvétiques. Et les caisses réunies au sein de Curafutura (Helsana, Sanitas, CPT et CSS) n’y ont pas adhéré. Depuis avril, les physiothérapeutes présentent donc deux types de factures pour les soins dépendant de la LAMal. Pour les caisses affiliées à santésuisse, la valeur du point a été augmentée. Pour les autres, l’ancien tarif est appliqué – les praticiens se réservant la possibilité de demander par la suite un complément. Dans quatorze cantons, le conflit a en effet été porté devant le Tribunal administratif fédéral, dont on attend une première décision. (…) «Nous en avons ras le bol de nous faire mener en bateau», s’exclame Edmund Biason, président de l’Association genevoise de physiothérapie . A ses yeux, la qualité des prestations est en jeu. Selon Roland Paillex, président de Physioswiss, on risque aussi d’assister au développement d’une médecine à deux vitesses : «Je me bats pour que tous les patients soient traités de la même manière mais nous devons faire tourner une entreprise. (…) Si la situation perdure, estime pour sa part Thierry Smets, président des physiothérapeutes vaudois, le danger est que certains se tournent vers les pratiques facturées aux assurances complémentaires, qui rapportent davantage. (…) Huit centimes ? Pour les membres de Curafutura, «ce montant ne se justifie pas du point de vue de l’économicité». (…) Ils réfutent le risque d’une médecine à deux vitesses – ces prestations faisant partie des prestations de base de l’assurance maladie. (…) Caroline Zuercher Tribune de Genève du 8 juillet 2014 Primes 2015 : hausse prévue de 4,5% Les primes d’assurance maladie devraient augmenter de près de 4,5% en 2015, d’après santésuisse, l’une des faîtières des assureurs maladie. La hausse serait ainsi deux fois plus élevée que les trois années précédentes (+2,2%, en 2014 et en 2012, +1,5% en 2013). Cette annonce intervient alors que les Suisses devront se prononcer le 28 septembre sur l’initiative pour une caisse publique. Le nouveau financement hospitalier, en place depuis 2012, le vieillissement de la population et la hausse des soins ambulatoires ont fait grimper la facture, justifie santésuisse. Pour mémoire, les assureurs prennent en charge la totalité des coûts des soins ambulatoires, alors que pour les soins stationnaires, ils paient moins de la moitié. Mais ces chiffres sont à prendre avec des pincettes. Santésuisse base ses prévisions sur une étude de la Haute A découvrir sur la plateforme revmed.ch pour toute information : [email protected] Retrouvez la version audio et les diapositives du Colloque du mardi 3 juin du Département de médecine interne des HUG (www.medhyg.ch/mh/applications_medicales/colloques_hug) Filières lombalgies : du généraliste aux spécialistes, le patient au centre. Dr S. Genevay école en sciences appliquées de Zurich. Des écarts sont encore possibles, rappelle la faîtière.En effet, chaque assureur calcule ses primes avant de les faire approuver par l’Office fédéral de la santé publique. Selon l’expert en politique de la santé, Heinz Locher, le montant des primes individuelles diffère souvent beaucoup de la moyenne annoncée. (…) La publication définitive des primes est politiquement sensible cette année. En fixant le vote sur l’initiative pour une caisse publique au 28 septembre, le Conseil fédéral a évité que la campagne ne soit trop marquée par l’annonce des hausses de primes, qui ne devrait intervenir que quelques jours avant. Les défenseurs du système actuel soulignent que même si les primes ne cessent d’augmenter, les assurés peuvent influencer leur facture en choisissant une franchise plus ou moins élevée et un modèle alternatif. La concurrence entre les 61 assureurs maladie privés permet de développer des modèles novateurs et de contrôler les coûts, avait également souligné le ministre de la Santé, Alain Berset, lors du lancement de la campagne contre la caisse unique mi-juin. L’initiative pour une caisse publique, lancée par les socialistes, les Verts et d’autres organisations, prévoit la création d’une institution nationale, avec des agences cantonales qui établiront les primes et les encaisseront. Une prime uniforme serait fixée pour chaque canton. D’après Heinz Locher, l’annonce des primes 2015 constituera un désavantage pour les opposants. Les gens auront leur police d’assurance en tête et les assureurs devront faire plus d’efforts en matière de communication, conclut-il. Tribune de Genève du 7 juillet 2014 Postulez ant ! mainten Afin de renforcer les activités liées aux évaluations médicales à Genève, nous cherchons pour notre Cellule Médicale (entrée immédiate ou à convenir), un/une Medical Assistant Officer (50%) Tâches principales – Prise en charge des appels « médicaux » de la Cellule Médicale (assistance sanitaire et terrestre pour nos membres en voyage) – Etablissement d‘un diagnostic médical et proposition de mesures d‘accompagnement et de rapatriements – Suivi des demandes d‘assistance en lien avec les prestataires et les services médicaux – Coordination des différentes actions avec les autres interlocuteurs internes – Renseignements et suivi médical de nos membres Profil – Formation reconnue en qualité de médecin (médecine interne ou générale de préférence) – Exercice d‘une pratique d‘au minimum 3 ans en milieu hospitalier – Expérience du rapatriement sanitaire (un atout) ou médecine d’urgence – Langue maternelle suisse-allemande, bonnes connaissances du français, de l’italien et de l’anglais (oral et écrit) – Capacité de négociation avec les divers interlocuteurs et de communication en situation d‘urgence – Aptitude à travailler en équipe avec des horaires irréguliers – Esprit positif et dynamique Intéressé/e ? Merci de nous faire parvenir votre dossier de candidature : [email protected] Touring Club Suisse Fabienne Delucinges, Ressources Humaines Réf.: 830 Chemin de Blandonnet 4, CP 820 1214 Vernier Tél +41 58 827 27 57 Nos activités & offres d’emploi sous www.tcs.ch Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 16 juillet 2014 1007133 revue de presse 1479