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Cabinet de la Secrétaire d’État, chargée de la
Biodiversité
Paris, le 1er mars 2017
Discours Barbara POMPILI
Remise de la Légion d’Honneur à Philippe GRANDCOLAS
Mercredi, 1er mars 2017
Je voudrai tout d’abord vous dire mon plaisir à venir, une nouvelle fois dans cette noble institution,
pour décorer deux chercheurs de réputation mondiale et qui contribuent, par des voies différentes,
à mieux faire connaître la diversité biologique et donc être mieux armé pour la sauvegarder.
Tout d’abord, Philippe GRANDCOLAS. Vous êtes directeur de recherche au CNRS mais surtout
directeur de l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité. Cette unité de recherche est la plus
importante du Muséum puisqu’elle regroupe 128 personnes et 45 doctorants mais surtout, et c’est
important pour moi, votre centre de préoccupation est une espèce en voie de disparition : le
taxonomiste.
Non seulement votre unité assure la survie de quelques spécimens mais vous faites de la
reproduction.
Beaucoup sont sceptiques qu’on accorde de l’importance à des chercheurs dont l’activité
principale est de donner des noms à des êtres vivants et à séparer des espèces qui différent sur
le nombre de poils de la cuisse arrière gauche.
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Il faut reconnaître que le taxonomiste d’abord fait beaucoup de voyages pour trouver des espèces,
passe beaucoup de temps dans des boites à naphtaline et utilise beaucoup ses yeux. Pas très
sérieux de nos jours.
Mais pourtant la taxonomie a beaucoup évolué et prend en compte le séquençage génétique ou,
comme dans votre cas, l’analyse phylogénétique de l’évolution et vous utilisez des machines
sophistiquées. Ce qui fait plus sérieux.
Pourtant la science dont vous êtes l’étendard est absolument fondamentale. Elle est la base de
toutes les autres recherches sur les êtres vivants. Comment les étudier sans savoir de quoi on
parle ?
Si je me permets cette introduction, c’est que nous vivons une grave crise. Le nombre de
taxonomiste diminue de façon alarmante. On n’enseigne plus la taxonomie dans la plupart des
universités.
Les publications dans ce domaine n’ont pas la plus haute côte et n’attirent donc pas les chercheurs
soucieux d’une belle carrière. Le Muséum National, et votre unité en particulier, est pratiquement
le dernier bastion de cette science mais fort heureusement, à travers votre unité qui associe
UPMC, EPME, et le CNRS, l’aire de répartition du taxonomiste est en passe de s’agrandir.
A travers la distinction qui vous est décernée aujourd’hui, c’est donc aussi la taxonomie en tant
que discipline que nous célébrons.
Mais bien évidemment, une légion d’honneur reconnaît une œuvre personnelle et c’est bien votre
personne qui est distinguée.
Parce que, non seulement vous êtes un chercheur de grand renom mais aussi parce que votre
implication personnelle dans la problématique générale de la biodiversité est importante.
Tout jeune, vous vous êtes passionné pour la nature. Si mes renseignements sont exacts, dès
l’âge de 9 ans, vous avez entrepris l’élevage de criquets et autres sauterelles. A 13 ans, vous
avez entrepris de les dessiner. Et puis la vocation : à l’âge de 18 ans, à l’instar de nombre de
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personnes ici, vous annoncez à votre professeur d’université que vous voulez aller travailler au
Muséum. Bravo, c’est réussi.
Vous parcourez la planète avec, si j’ai bien compris, une prédilection pour le Brésil, où vous avez
rencontré votre épouse et la Nouvelle Calédonie. Mais la Guyane, le Gabon, l’Argentine, la
République Centrafricaine, l’Algérie, l’Arabie Saoudite, le Laos et quelques autres, on vu passer
le philipus Grandcolasis. Grandcolas-Huttes 1964. Vous avez décrit plus d’une centaine d’espèces
nouvelles et une dizaine de genres nouveaux. Pour le livre des records, vous avez trouvé 120
nouvelles espèces en 4 mois en Guyane.
Cela représente des milliers d’heures à cheminer dans les bois tropicaux.
En introduction, je signalais l’importance de la taxonomie. On n’imagine pas assez l’importance
de cette science et vous l’avez très bien démontré en changeant le paradigme géographique de
la Nouvelle Calédonie qui était considérée comme un petit morceau qui s’était détaché de
l’Australie. Vous avez démontré que la faune et la flore de cette île est arrivée par dispersion et
qu’elles n’ont pas été héritées d’une continuité continentale d’il y a 80 millions d’années. Grâce à
vos travaux, on sait maintenant que la Nouvelle Calédonie est la plus vieille île océanique du
Monde.
Vous êtes un spécialiste de la biodiversité. Vos dernières publications concernent, c’est le cas de
le dire une grande diversité : Pixibinthus, le criquet de Nouvelle-Calédonie, les mantes religieuses
et les termites, les blattes, les oiseaux (et même leur chant !). Les amphibiens, les reptiles etc.
Votre ouvrage « biodiversity conservation and phylogenetic systematics » est une référence.
Malgré son titre un peu rébarbatif, il contient une analyse remarquable de la crise d’extinction des
espèces.
Ce travail de recherche s’accompagne aussi de la conservation des collections nationales de
dictyoptera (les blattes et termites).
Mais, et vous vous en doutez, j’apprécie beaucoup, vous ne faites pas que la science. Vous êtes
un acteur stratégique vous pouvez être fier de la réussite d’avoir pu créer une unité mixte de
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recherche avec 4 tutelles et dont les personnels sont extrêmement actifs et visibles sur la
biodiversité. Vous avez su convaincre des adeptes de la biologie moléculaire universitaire de
travailler sur la faune et la flore de notre planète.
Vous assurez la présidence du comité scientifique de Sud expert plante, ce programme phare de
la coopération française vers les pays du Sud.
Tout le monde, ici, connaît le GBIF (Global Biodiversity Information Facility) c’est l’organisme
mondial qui recense l’information sur 1 643 948 espèces connues et la rend accessible à toute la
communauté scientifique de la planète.
Eh bien, vous en êtes le vice-président du comité scientifique.
Vous êtes le point focal français de l’initiative taxonomique mondiale de la convention sur la
biodiversité biologique.
Mais à côté de la diversité biologique, il y a une vie.
J’ai appris que vous étiez un fana des films d’action, que vous fréquentiez les vides greniers et
adorez les pâtes à la bolognaise.
Je ne vais pas être plus longue. Vous êtes un grand scientifique, vous assurez le renom mondial
du Muséum et à travers lui, de la France.
Au-delà de votre activité, vous vous impliquez pour conserver la diversité biologique de notre
planète notamment pour les générations futures. C’est pour toutes ces raisons que vous est
accordée la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur.
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Contact presse :
Eric FALLOURD : 01 40 81 88 60 – 06 34 17 59 75
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