Le pape François consulte son « G8 » pour réformer l`Eglise

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d Le pape a institué
hier le « Conseil
des huit cardinaux »
qui se réunit pour
la première fois,
à partir d’aujourd’hui
et jusqu’à jeudi,
pour l’éclairer dans
la réforme de la Curie.
d Parmi les chantiers
qui s’ouvrent,
un meilleur exercice
de la responsabilité
collective constitue
l’un des défis majeurs.
ALESSIA GIULIANI/CPP/CIRIC
d Le pape, qui a déjà
procédé à plusieurs
nominations
ces dernières
semaines,
veut impulser
un nouveau mode
de gouvernement
dans l’Église.
Au cours d’une messe, place Saint-Pierre à Rome. Le pape François entame, en ce début octobre, un processus de réforme de l’Église.
Le pape François consulte
son « G8 » pour réformer l’Eglise
d Aujourd’hui
et jusqu’au 3 octobre,
le pape réunit le groupe
de huit cardinaux institué
pour l’« aider
dans le gouvernement
de l’Église universelle ».
d Cette première rencontre
devrait lancer
des chantiers ouvrant
de profonds changements.
d Les réformes ne concernent
pas seulement la réorganisation
de la Curie romaine,
mais aussi la manière d’être
de l’Église et des questions
sensibles pour les laïcs.
ROME
De notre envoyé spécial permanent
« Est-ce bien le temps d’être installés dans vos maisons luxueuses, alors
que ma Maison est en ruine ? » demande Dieu, par le prophète Aggée,
poursuivant : « Réfléchissez à votre
situation (…). Réfléchissez à ce que
vous devez faire » (Ag 1, 4-7).
C’est ce que commence aujourd’hui, et pour trois jours, le pape
François avec les huit cardinaux qu’il
avait choisis à travers le monde, un
mois après son élection, pour enga-
ger une profonde réforme de la Curie
romaine en particulier et du gouvernement de l’Église universelle en
général. Ce groupe inédit, institué le
28 septembre en « Conseil des cardinaux », et surnommé « le G8 du
pape », tiendra sa première réunion
à huis clos au Vatican dans la bibliothèque privée du Palais apostolique,
sans autres collaborateurs. Ce
Conseil, institutionnalisé hier par
un chirographe (document écrit de
la main du pape), pourra se réunir
sous formes diverses. Et le nombre
de ses membres, être modifié. Le
groupe, seulement consultatif, accompagnera le pape vendredi à Assise, au jour de la fête de saint François – celui précisément à qui le
Christ dit : « Va et répare ma Maison »,
et dont le pape a pris le nom, évocateur de la radicalité de sa mission.
Le redressement du gouvernement
de l’Église, qu’il a reçu tel un mandat
pour son pontificat, implique un
processus long. La rencontre de ces
jours-ci devrait être suivie d’autres.
« Sous Paul VI, dans les années 1970,
il a fallu cinq années de préparation
avant de réformer la Curie », rappelle
le vaticaniste Marco Tosatti.
En amont de leur réunion, les huit
cardinaux ont déjà commencé leurs
consultations, entre eux et auprès
des dirigeants de la Curie, transmettant chacun un rapport au pape.
Lundi, le groupe avait déjà reçu 80
documents contenant des suggestions de réforme de l’Église. Oscar
Rodriguez Maradiaga, l’un des huit,
a décrit un « travail de tranchée » ;
un autre, Oswald Gracias, une responsabilité « écrasante » pour des
décisions « cruciales », « vitales ».
Celles-ci portent sur trois niveaux :
1. Un changement
d’attitude
« La première réforme doit être
celle de la manière d’être », a indiqué
le pape François dans son entretien
aux revues jésuites publié le 19 septembre (lire La Croix du 20 septembre), situant « les réformes structurelles ou organisationnelles (…)
dans un deuxième temps ». Cette
première étape, le pape l’a commencée dès le soir et les jours suivant son élection du 13 mars, à
travers une multitude de gestes de
simplicité et d’humilité, d’emblée
très remarqués pour leur authenticité et inébranlablement répétés
depuis. Tel le 17 septembre, où, assistant à une messe d’ordination
dans la basilique Saint-Pierre sans
la présider ni concélébrer, le pape
se fait petit pour donner un modèle
de comportement pastoral. « La
manière de vivre doit traduire la
spiritualité de l’Église », comprend
le P. Patrick Valdrini, vice-recteur
de l’Université pontificale du Latran,
pour qui le nouveau pape pose
d’abord un « modèle en interne ».
L’attention manifestée en priorité
aux plus démunis au cours de ses
premiers déplacements, au Brésil et
en Italie (Lampedusa et la Sardaigne),
comme encore vendredi prochain à
Assise, concourt aussi à diffuser ce
changement d’attitude.
Une Église présentée
d’abord comme
Mère pleine
de miséricorde,
se faisant proche
sans arrogance.
Tout comme l’accent mis, à travers
ses interventions, sur la présentation
de l’Église d’abord comme Mère pleine
de miséricorde, se faisant proche sans
arrogance et, telle une maison chaleureuse, dialoguant avec tous.
Avec une insistance sur la place
du « peuple de Dieu » et sur « l’égalité, aux yeux de Dieu, du dernier
baptisé au pape ». À ce titre, selon
une source italienne proche du Vatican, un abandon de l’usage des
termes « Sa Sainteté », « Éminence »
ou « Excellence » pourrait être annoncé à Assise, en guise de symbole
d’une autre manière d’être.
L’idée traduit, en tout cas, l’état
d’esprit que cherche à insuffler le
pape François, d’abord à l’intérieur
du Vatican. Par petites touches, ou
plutôt piques, glissées dans ses homélies matinales, dont de larges
extraits sont relayés au quotidien.
« On ne fait pas la connaissance de
Jésus en première classe », a-t-il lancé
mercredi dernier, après avoir, une
semaine auparavant, tancé les
« évêques-voyageurs ». Plusieurs
homélies récentes ont dénoncé les
méfaits des commérages et de la
médisance, comme encore samedi
dernier devant les gendarmes du
Vatican.
« Ceci est clairement destiné au
personnel, qui assiste à tour de rôle
à sa messe du matin », a bien compris un membre de la Curie, observant les craintes et les résistances au sein du Vatican. ppp
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