Physiopathologie de la défaillance cardiaque

publicité
Physiopathologie de la défaillance cardiaque
C. Rabuel, B. Tavernier et A. Mebazaa
La dysfonction myocardique au cours du sepsis est une entité maintenant
largement reconnue. Elle débute dans les vingt-quatre heures ou dans les
premiers jours du début du sepsis. Elle atteint les deux ventricules et se caractérise classiquement par une dépression de la fonction systolique (diminution
de la fraction d’éjection) et une dilatation bi-ventriculaire surtout en cas d’apports liquidiens excessifs. Son expression clinique est variable d’un sujet à
l’autre et d’un moment à l’autre de l’évolution du choc septique. Chez les
survivants, la dysfonction cardiaque évolue vers une restitution ad integrum au
bout de cinq à sept jours. Son diagnostic reste difficile, bien que l’apport de
l’échocardiographie, surtout par voie transœsophagienne, le facilite.
Ses mécanismes physiopathologiques demeurent encore mal connus car ils
sont complexes, souvent intriqués. On peut tout de même distinguer des mécanismes extrinsèques aux myocytes cardiaques (surtout plasmatiques et/ou
endothéliaux) à effet immédiat, et d’autres purement intramyocytaires à effet
plus retardé.
Ce chapitre tente de faire le point sur des concepts proposés il y a déjà
plusieurs années, mais aussi sur des données très récentes abordant la
complexité des mécanismes impliqués dans la myocardiopathie septique.
Certaines données ouvrent la voie au développement de nouvelles thérapeutiques spécifiques de la dysfonction myocardique au cours du choc septique.
Fonction cardiaque au cours du choc septique
De nombreuses études expérimentales animales ont clairement démontré que
la contractilité myocardique était altérée au cours du sepsis. Cependant, en
clinique humaine, cette dysfonction est plus difficile à montrer, car le débit
cardiaque est souvent, après remplissage, normal ou augmenté. Si le patient est
porteur d’un cathéter artériel pulmonaire de type Swan-Ganz, l’évaluation de
la contractilité ventriculaire gauche reste difficile mais possible par l’étude de la
relation pression capillaire pulmonaire (PCAP)-Travail indexé du ventricule
gauche (VG) au cours d’un remplissage (1, 2). Cependant, le travail cardiaque
52
Sepsis sévère et choc septique
n’est pas un bon indicateur de la performance cardiaque car il dépend de la
pression artérielle ; de plus, la PAPO (pression artérielle pulmonaire d’occlusion) est un indice assez médiocre de précharge. Finalement, l’évaluation
hémodynamique par cathéter de Swan-Ganz permet essentiellement le
diagnostic des atteintes myocardiques sévères (débit cardiaque effondré,
réponse au remplissage altérée) qui ne touchent finalement qu’une faible part
des patients en choc septique. Par contre, l’échocardiographie, surtout par voie
transœsophagienne, est un outil précieux pour l’évaluation et le diagnostic de
la dysfonction myocardique au cours du choc septique (3, 4). Elle permet l’évaluation de la fonction systolique et de la fonction diastolique, la mesure des
surfaces des cavités cardiaques et celle du débit cardiaque ; elle permet aussi
d’apprécier plus précisément la précharge, surtout au cours de la ventilation
mécanique (5) et, enfin, d’étudier la fonction ventriculaire droite.
Typiquement, la dysfonction myocardique, selon les résultats expérimentaux obtenus chez le chien septique (fig. 1) et confirmés chez l’homme (6), se
caractérise par :
– une réduction de la fraction d’éjection des deux ventricules ;
– une dilatation télédiastolique bi-ventriculaire ;
Fig. 1 – Chronologie de la défaillance myocardique au cours du sepsis.
La dysfonction myocardique survient dans les quarante-huit heures suivant le début du choc
septique. Elle se caractérise par une diminution de la fraction d’éjection et une dilatation
ventriculaire, surtout en cas de remplissage important. Elle évolue vers une récupération
complète de la fonction cardiaque en cinq à sept jours. D’après Natanson (2) (avec permission).
Physiopathologie de la défaillance cardiaque
53
– une augmentation de la fréquence cardiaque et du débit cardiaque ;
– une baisse des résistances systémiques.
Le plus souvent, cette dysfonction myocardique débute précocement dans
l’histoire du sepsis (dans les vingt-quatre à quarante-huit premières heures) et
est réversible en cinq à dix jours chez les patients qui survivent (7).
L’association d’une diminution de la fraction d’éjection du VG et d’une diminution des résistances vasculaires systémiques suggère fortement la présence
d’une véritable dépression myocardique intrinsèque. La dépression systolique a
été retrouvée, qu’elle soit évaluée par techniques isotopiques, par la relation
pression capillaire pulmonaire-travail indexé du VG ou par fraction d’éjection
mesurée par échocardiographie, chez de nombreux patients (tableau I).
Tableau I – Fonction ventriculaire gauche dans le choc septique chez l’homme.
Étude
Méthodes
Patients (n)
PAPO
(mm Hg)
Index
cardiaque
(l min/m2)
FEVG
(%)
VTDVG
(ml/m2)
Parker et
Shelhamer, 1984
TI + TD
S = 13
NS = 7
13,7 ± 1,6
10,6 ± 1,5
4,1 ± 0,4
5,4 ± 0,7
32 ± 4
55 ± 5
156 ± 29
81 ± 9
TI + EV
S = 33
NS = 21
11,7 ± 0,8
12,8 ± 1,0
4,4 ± 0,3
5,4 ± 0,4
40 ± 3
47 ± 4
124 ± 8
99 ± 9
TI + EV
35 dont 15
avec maladie
cardiaque
16 ± 6
3,2 ± 1,2
44 ± 15
84 ± 50
TI + EV
18
ETT + TD
32
ETT
S = 34
NS = 56
ETT + TD
15
(valeur : m ± SEM)
Parker, 1989
(valeur : m ± SEM)
Ellrodt, 1985
(valeur : m ± SD)
Schneider, 1988
(valeur : m ± SEM)
Jardin, 1994
10,0 ± 0,9
5,4 ± 0,4
+500 mla : 13,6 ± 0,9 5,9 ± 0,5
13 ± 3
4,4 ± 1,6
53 ± 3 95 ± 5,8
53 ± 3 107 ± 6,8
50 ± 17
66 ± 18
42 ± 11
46 ± 16
80 ± 21
62 ± 15
(valeurs : m ± SD)
Jardin, 1999
(valeursb : m ± SD)
Tavernier, 1998
(valeurs m ± SD)
Basal : 9 ± 4
EVc : 15 ± 3
3,7 ± 1,1
4,9 ± 1,6
74 ± 33
106 ± 36
PAPO : pression artérielle pulmonaire occluse ; FEVG : fraction d’éjection du ventricule gauche ; VTDVG : volume télédiastolique du ventricule gauche ; m : moyenne ; TI : techniques isotopiques ; EV : expansion volémique ; TD : thermodilution ; ETT : échocardiographie transthoracique ; S : survivants ; NS : non survivants ; a expansion volémique avec 500 ml
de plasma ; b mesuré à J2 ; c débit cardiaque optimisé par expansion volémique.
La dilatation aiguë bi-ventriculaire au cours du choc septique reste controversée. Ainsi, Jardin et al. (4, 8-9) n’ont pas retrouvé cette dilatation aiguë,
évaluée en échocardiographie, chez leurs patients en choc septique dont le
débit cardiaque n’était pas optimisé. En revanche, ils confirmaient une diminution importante de la fonction systolique du VG à la phase initiale du choc
septique. Il semble bien que le rôle du remplissage soit majeur pour démasquer
la dilatation du VG, et probablement du ventricule droit (VD). En effet, dans
l’étude de Tavernier (5), où la surface télédiastolique du VG a été mesurée par
54
Sepsis sévère et choc septique
échocardiographie transœsophagienne, le remplissage (optimisation du débit
cardiaque) a permis d’augmenter la surface télédiastolique du VG de
9,6 ± 3,6 cm2/m2 à 12,8 ± 3,7 cm2/m2, suggérant une augmentation de 30 à
40 % de la surface télédiastolique du VG au cours du choc septique.
La fonction diastolique est aussi affectée au cours du sepsis. Ainsi, les altérations de la relaxation du VG sont courantes, voire plus fréquentes que les
altérations de la fonction systolique (10). De plus, il semble que, chez un
certain nombre de patients, il y ait un continuum entre une dysfonction diastolique isolée et une insuffisance ventriculaire à la fois systolique et diastolique
(3). Ces anomalies de la relaxation pourraient être un facteur pronostique
majeur du choc septique (3, 11).
L’évaluation de la dysfonction cardiaque au cours du choc septique pourrait
bénéficier du dosage de marqueurs sériques comme la troponine I cardiaque
(TnIc). La TnIc semble être un marqueur très spécifique de lésions des cardiomyocytes. De nombreuses études ont montré que le taux sérique de TnIc était
augmenté chez plus de la moitié des patients en choc septique (12-13). De
plus, l’augmentation du taux de TnIc est reliée à la dysfonction ventriculaire
gauche, à la mortalité, au score APACHE II, et au besoin en inotropes (12-14).
Les lésions des cardiomyocytes semblent donc fréquentes au cours du sepsis et
sont plus marquées encore en cas de maladie coronarienne préexistante (15).
Bien que les taux de TnIc soient reliés positivement avec la dysfonction du VG
(évaluée par la fraction d’éjection du VG en échocardiographie) (13), l’augmentation des taux de TnIc au cours du sepsis reste modérée et
l’électrocardiogramme, la coronarographie ou les constatations autopsiques
révèlent rarement la présence concomitante d’une ischémie myocardique (3).
Cette élévation des taux de TnIc pourrait cependant, au moins partiellement,
avoir une origine ischémique. En effet, au cours du choc septique, il existe une
dysfonction micro-vasculaire qui pourrait entraîner une oxygénation tissulaire
insuffisante et des foyers de micronécrose. De plus, des épisodes d’hypotension
prolongés, une diminution de la perfusion coronarienne et une diminution du
transport myocardique en oxygène peuvent survenir au cours du sepsis, ce qui
peut favoriser et aggraver ces lésions ischémiques, surtout en cas d’anomalies
microvasculaires. Ver Elst a retrouvé sur des biopsies de cœur de patients
décédés de choc septique une nécrose de certaines bandes de contraction (14).
Bien qu’une origine ischémique soit possible, d’autres phénomènes, comme
une augmentation de la concentration des catécholamines endogènes et/ou
exogènes ou des phénomènes d’ischémie-reperfusion, peuvent également être
impliqués dans le développement de telles lésions. En effet, la dysfonction
micro-vasculaire liée au sepsis et l’utilisation dans le traitement du choc
septique de thérapeutiques qui augmentent la consommation d’oxygène du
myocarde peuvent induire des lésions d’ischémie-reperfusion. Le processus
infectieux lui-même, en activant les leucocytes, les macrophages et les cellules
endothéliales qui libèrent alors des espèces radicalaires de l’oxygène (anion
superoxyde, hydroxide, peroxyde d’hydrogène), peut induire des phénomènes
d’ischémie-reperfusion (16). La sécrétion de cytokines, comme le tumor
Physiopathologie de la défaillance cardiaque
55
necrosis factor α (TNFα), par les cellules de l’inflammation, pourrait aussi
induire la libération par les cardiomyocytes de TnIc. En effet, le TNFα est
connu pour augmenter la perméabilité membranaire des cellules endothéliales
(17, 18) et pourrait augmenter aussi celle des cardiomyocytes permettant la
libération de macromolécules comme la TnIc (19) ou de fragments de TnIc
dégradés in situ dans le cardiomyocyte en cas d’hypoxie (20). Ainsi, la libération de TnIc au cours du choc septique semble plus être secondaire à des
phénomènes inflammatoires voire toxiques pour le cardiomyocyte qu’à des
phénomènes ischémiques bien que l’implication de ces derniers ne puisse être
totalement écartée, surtout en cas de maladie coronarienne sous-jacente.
D’autres études sont nécessaires pour préciser l’implication exacte de ces différents phénomènes.
Des études récentes semblent indiquer une élévation de la concentration
plasmatique de brain natriuretic peptide (BNP) dans le sepsis ; ceci demande à
être confirmé.
Facteurs extrinsèques aux myocytes cardiaques
Facteurs circulants
Depuis les années 70, la participation de facteurs circulants et de cytokines à la
dysfonction myocardique induite par le sepsis a été évoqué (21). Ainsi, la perfusion de sérum de patients en choc septique à des cardiomyocytes de rat entraîne
une diminution de leurs performances contractiles (22). Cet effet inotrope
négatif était supposé être médié par un peptide circulant de faible poids moléculaire (< 2 000 daltons) nommé myocardial depressant factor (MDF).
L’endotoxine, constituant de la membrane des bactéries à Gram négatif
lysées par les leucocytes, peut mimer à elle seule l’ensemble des manifestations
cardio-vasculaires du choc septique, mais sans être toutefois indispensable à la
genèse de celles-ci. Le délai d’apparition de ces anomalies suggère qu’elles ne
résultent pas de l’effet instantané de l’endotoxine elle-même, à moins qu’elle
soit en quantité extrêmement importante, ce qui est peu probable en clinique
humaine (23). Ceci suggère que l’endotoxine agirait le plus souvent de façon
indirecte sur la contractilité myocardique par l’intermédiaire des cytokines
sécrétées par les macrophages. Néanmoins, récemment, une action directe du
LPS sur le myocarde a été suggérée. En effet, la présence de récepteurs Toll,
particulièrement le récepteur Toll-4 (TLR-4), qui est considéré comme le
récepteur du LPS, a été décrite à la surface du cardiomyocyte (24). L’utilisation
de souris déficiente en TLR-4 permet d’appréhender ses rôles. Chez ces souris,
l’injection d’endotoxine entraîne une sécrétion de TNF moindre et retardée,
une diminution de l’expression et de l’activité de la NO synthase inductible,
par non-activation de NFκB, suggérant que la voie de TLR-4 est en partie
responsable de l’induction de la synthèse de médiateurs pro-inflammatoires
56
Sepsis sévère et choc septique
dans le cœur au cours du choc septique (24). Dans un modèle in vivo, Nemoto
(25) a rapporté que l’injection de LPS chez des souris ne possédant pas de
TLR-4 n’entraînait pas de diminution des paramètres de contractilité, suggérant fortement que TLR-4 active toute une voie de signalisation responsable de
la dysfonction ventriculaire induite par le LPS.
Malgré cette récente observation, il est maintenant bien admis que la majorité des effets de l’endotoxine sur le myocarde passe par l’action des cytokines
secrétées par les leucocytes en réponse à l’agression infectieuse et à la libération
d’endotoxine. Ainsi, cette activité « MDF » serait due aux effets conjugués de
cytokines, en particulier le tumor necrosis factor α (TNFα) et l’interleukine 1β
(IL-1β) (26). En effet, les cytokines agissent directement sur les myocytes
cardiaques en se fixant sur des récepteurs membranaires et activent ainsi des
voies de signalisation cellulaire.
Les cytokines peuvent ainsi entraîner une baisse de la contractilité cardiaque
en stimulant la voie du monoxyde d’azote (NO) (26-28). Mais cette voie n’est
pas unique. Ainsi, le TNFα peut entraîner une baisse rapide de la contractilité
des myocytes cardiaques isolés en diminuant la concentration intracellulaire de
Ca2+ par activation de la voie de la sphingosine (29). Les cytokines sont en effet
capables d’activer rapidement une sphingomyélinase qui hydrolyse la sphingomyéline en céramide. Dans le cœur, la céramide est métabolisée en sphingosine
qui altère le fonctionnement du réticulum sarcoplasmique (29) et/ou qui
inhibe le courant calcique trans-sarcolemmique (30), ce qui diminue l’amplitude du transitoire calcique.
Les cytokines peuvent aussi activer le complexe transcriptionnel NFκB.
Dans les cardiomyocytes, l’activation de NFκB induit notamment l’expression
de nombreux gènes comme celui de la NO synthase inductible (NOS-2) ou
ceux de plusieurs cytokines dont celui du TNFα. Le TNFα ainsi sécrété de
façon autocrine/pararine semble avoir un effet inotrope négatif sur le myocarde
(31). Des études animales ont montré qu’en empêchant l’activation de NFκB,
par exemple en surexprimant son inhibiteur IκB, on réduisait la dysfonction
contractile induite par le sepsis in vivo et aussi la synthèse de TNFα (32).
Ainsi, les cytokines initient des phénomènes cellulaires qui ont pour conséquence l’altération de la fonction contractile du myocarde, ce qui permet
d’expliquer que la cardiopathie continue d’évoluer sur plus d’une semaine,
alors que la concentration plasmatique de la plupart des cytokines diminue
rapidement après le début du sepsis et que les anomalies de la contraction
persistent ex vivo.
Facteurs paracrines
Outre l’influence de médiateurs généraux sécrétés à distance, les cardiomyocytes sont aussi sensibles à des facteurs sécrétés par les autres cellules de leur
proche environnement. Les myocytes cardiaques sont, en effet, entourés de
nombreuses cellules non contractiles parmi lesquelles les cellules endothéliales
Physiopathologie de la défaillance cardiaque
57
qui pourraient avoir un rôle déterminant dans la régulation de la fonction
contractile par une action paracrine (33-35). Les cellules endothéliales coronaires et de l’endocarde libèrent ainsi de nombreux médiateurs comme les
prostaglandines (PGs), l’endothéline-1 (ET-1), et le NO qui modifient la fonction du cardiomyocyte (35-37).
Le choc septique est associé à une diminution des résistances vasculaires
et à une altération de la fonction myocardique. La baisse des résistances
vasculaires peut être attribuée en partie au relarguage de NO en grande
quantité, par la NOS-2 des cellules endothéliales, vers les cellules musculaires lisses. De la même manière, au niveau de la circulation coronaire,
Balligand et al. ont montré la présence de la NOS-2 dans les cellules endothéliales du lit micro-vasculaire coronaire (38). L’effluent de culture de
cellules endothéliales stimulées à l’IL-1 diminue la réponse contractile de
cardiomyocytes de rat à l’isoprotérénol. Cet effet est aboli par l’adjonction
de LMMA (39), un inhibiteur des NO synthases, suggérant que les cellules
endothéliales peuvent transmettre ou amplifier les signaux inflammatoires et
modifier la fonction des cardiomyocytes adjacents. En retour, les cardiomyocytes réguleraient aussi l’expression endothéliale de la NOS-2 en
libérant du TGF-β en réponse à l’activation de la NOS-2 endothéliale, ce
qui limiterait son activation (39).
Au cours du sepsis, il a été récemment montré que l’endothélium des artères
coronaires et de l’endocarde était précocement activé et qu’il intervenait dans
le contrôle des performances myocardiques, notamment par la voie des prostaglandines et celle de l’ET-1 (37).
Facteurs intrinsèques
La voie du NO
NO et cœur normal
Le NO a des effets à la fois sur la fonction systolique et sur la fonction diastolique du cœur (40-41). Le NO à faible concentration (< 1 µM/l) a un effet
inotrope positif sur des cardiomyocytes de rat et humains par activation de
l’adénylate cyclase (42). En revanche, ces résultats n’ont pas été retrouvé in vivo
chez l’homme (43). De plus fortes doses de NO (> 1 µM/l) auraient plutôt un
effet inotrope négatif par réduction de la réponse au Ca2+ des myofilaments et
par l’activation de protéine kinase G.
Le NO aurait en fait un effet plus marqué sur la relaxation que sur la
contraction du myocarde. Chez l’animal, le NO entraîne une relaxation plus
précoce et une distensibilité diastolique du VG plus grande (44), ce qui peut
expliquer que le NO favorise la réponse de Frank-Starling (45). Shah et al. ont
récemment montré que l’augmentation de l’étirement du VG augmentait la
58
Sepsis sévère et choc septique
libération intracardiaque de NO, ce qui facilitait l’augmentation du débit
cardiaque en augmentant la distensibilité diastolique et le remplissage (40).
NO et cœur septique
Dans le cœur normal, le NO est principalement produit par la NO synthase
(NOS), la NO synthase endothéliale constitutive (NOS-3) des vaisseaux coronaires et de l’endocarde. Au cours du sepsis, sous l’influence des cytokines, la
NOS inductible (NOS-2) est exprimée dans les cellules endothéliales microvasculaires, les fibroblastes, les cellules musculaires lisses et les cardiomyocytes
de rat (46). Nous avons récemment montré que la NOS-2 était aussi exprimée
dans les quatre cavités cardiaques, à un niveau similaire, au cours du choc
septique chez l’homme (47).
Plusieurs arguments plaident en faveur d’un rôle de l’hyperproduction du
NO dans la dysfonction myocardique au cours du sepsis :
– l’hyperproduction de NO est contemporaine de la dysfonction myocardique ;
– les donneurs de NO administrés sur cœur sain entraînent des altérations
semblables à celles observées au cours du sepsis ;
– la dysfonction vasculaire observée au cours du sepsis est liée à une hyperproduction de NO par la NOS-2.
Expérimentalement, la production de NO par la NOS-2 réduirait la
réponse contractile à l’isoprotérénol de cardiomyocytes exposés au LPS ou à
diverses cytokines (41). Brady et al. ont suggéré que l’expression de la NOS-2
dans les cardiomyocytes pouvait contribuer à la diminution de la contraction
observée en réponse au LPS (48). Cependant, l’utilisation d’inhibiteurs de la
NOS n’a pas permis de restaurer la contractilité de cardiomyocytes, de muscle
papillaire, ou de cœur isolé traité au LPS, dans plusieurs modèles animaux (4950). De même, l’utilisation en clinique humaine d’un inhibiteur non
spécifique des NOS (L-NMMA) augmente la pression artérielle, mais réduit le
débit cardiaque (51). Tous ces arguments plaident pour une participation du
NO et de la NOS-2 dans la dysfonction myocardique au cours du sepsis, mais
plutôt sous une forme indirecte et irréversible.
Le NO, surtout quand il est produit en grande quantité, peut réagir avec
l’anion superoxide (O2-.) pour donner du peroxynitrite (ONOO-) qui est un
puissant agent oxydant ayant plusieurs cibles dont la chaîne respiratoire de la
mitochondrie, la membrane cellulaire lipidique, les protéines, l’ADN. L’anion
superoxyde peut provenir de la chaîne respiratoire mitochondriale, surtout
quand son fonctionnement est perturbé, ce qui est fréquent au cours du sepsis,
ou du système xanthine oxido-réductase (52).
Il a été montré récemment que la combinaison de cytokines pro-inflammatoires (IL-1β, TNFα, IFN γ) induisait la production de peroxynitrite qui
contribuait à la dépression myocardique observée (41). L’étude de Khadour
(52) confirme que la dysfonction myocardique est associée à un stress oxydatif
Physiopathologie de la défaillance cardiaque
59
Force
(pourcentage de la valeur de base)
cellulaire important et à la présence de peroxynitrite, ce qui concourt à la diminution de contractilité. De même, Ferdinandy a retrouvé que la dysfonction
myocardique au cours du sepsis était contemporaine de la production de
peroxynitrite et que l’inhibition de la synthèse du peroxynitrite s’accompagnait
d’une restitution des performances contractiles du myocarde (53). De plus, il
existe une relation négative entre les taux myocardiques de nitrotyrosine et la
fraction d’éjection du VG chez l’animal (54). Cependant, le mécanisme exact
de l’altération de la fonction cardiaque par le peroxynitrite n’est pas clair. Le
peroxynitrite pourrait modifier la fonction contractile en dénaturant les
protéines contractiles (55). En effet, Lanone et al. ont montré que la contractilité des fibres musculaires squelettiques de patients septiques était diminuée
et que le peroxynitrite, et non pas directement le NO, pouvait être à l’origine
de cette dysfonction (fig. 2) (56). Ceci pourrait expliquer le paradoxe observé
dans la cardiomyopathie septique : l’altération de la performance myocardique
est liée à l’augmentation de l’expression de la NOS-2 mais non au NO luimême. Progressivement, la fonction myocardique récupérerait quand les
protéines contractiles oxydées par le ONOO- et donc altérées seraient dégradées et remplacées par de nouvelles protéines fonctionnelles synthétisées de
novo. Nous avons récemment validé cette théorie en montrant que le peroxynitrite et la NOS-2 sont présents dans toutes les cavités cardiaques et que la
voie de l’ubiquitine connue pour dégrader les protéines nitrées par le peroxynitrite est également stimulée dans les quatre cavités cardiaques chez des
patients décédés de choc septique (47, 57).
Fig. 2 – Le peroxynitrite réduit la contractilité musculaire.
(A) La contractilité musculaire est diminuée chez les patients septiques par rapport aux patients
contrôles. L’adjonction d’un inhibiteur des NO synthases (L-NMMA) ne modifie pas la
contractilité.
(B) Par contre, l’adjonction d’un donneur de peroxynitrite (SIN-1) ou le peroxynitrite luimême entraîne une diminution de la contractilité musculaire. D’après Lanone et al. (avec
permission) (56).
60
Sepsis sévère et choc septique
Les lésions myocardiques induites par le peroxynitrite pourraient aussi être
liées à l’activation des métalloprotéases. Le peroxynitrite peut en effet activer
les pro-métalloprotéases en métalloprotéases. Wang (58) a récemment montré
que le peroxynitrite pouvait activer la métalloprotéase 2 dans des cardiomyocytes, conduisant à une altération des performances myocardiques, retardée,
mais durable. Les cibles de ces protéases sont encore mal identifiées, mais les
chaînes lourdes de la myosine, la matrice extracellulaire, la troponine I pourraient être ainsi dégradées.
La dépression myocardique pourrait aussi résulter d’un déséquilibre entre
voies pro- et antioxydantes. Récemment, Iqbal a montré qu’au moment de la
dysfonction myocardique septique maximale, le contenu en glutathion et l’activité de la glutathion peroxydase, principale enzyme antioxydante du
cardiomyocyte, étaient diminués alors que l’activité de la superoxyde dismutase
était élevée (59). Malgré l’augmentation de cette dernière, le peroxynitrite était
toujours produit en fortes quantités, suggérant que sa formation serait plus
déterminée par le contenu en NO de la cellule que par l’activité de la superoxyde dismutase (SOD).
Homéostasie calcique (fig. 3)
L’amplitude, la force de contraction ainsi que la relaxation sont principalement
déterminées par la variation de la concentration intramyocytaire de Ca2+. Ainsi,
les modifications de la contractilité myocardique sont principalement dus à :
– la régulation de la mobilisation du Ca2+ intracellulaire ;
– la liaison du Ca2+ à la troponine C, initiant la liaison de l’actine à la myosine
et donc la contraction ;
– la réponse des myofilaments à un niveau d’occupation donné du Ca2+ fixé sur
la troponine C.
Au cours de la myocardiopathie septique, deux principales modifications de
l’homéostasie calcique peuvent survenir : les anomalies du courant calcique et
la diminution de la sensibilité au calcium des myofilaments.
De nombreuses données suggèrent que l’afflux de calcium est diminué au
cours du sepsis. La densité des canaux calciques de type L semble diminuée
dans les cardiomyocytes d’animaux soumis à une injection d’endotoxine (60).
Dans un modèle d’endotoxinémie chez le rat, la réduction dans le temps du
nombre de canaux de type L était parallèle à la sévérité in vivo de la dysfonction cardiaque (61).
Le phénomène de calcium induced-calcium release est aussi affecté lors du
sepsis. Dans l’étude de Dong (62), il est surtout altéré à la phase tardive du
sepsis car le nombre de canaux libérant le calcium du réticulum sarcoplasmique
(canaux récepteurs à la ryanodine, Ryr) y est diminué, ce qui diminue la quantité de calcium libéré et donc la contraction. Cette diminution du nombre de
Ryr semble secondaire à des modifications de la composition en phospholipides de la membrane qui pourraient être secondaires à l’activation de la
Physiopathologie de la défaillance cardiaque
61
Fig. 3 – Altération du couplage excitation-contraction-relaxation dans la cardiomyopathie
septique.
(A) Dans les conditions physiologiques, sous l’influence de la dépolarisation membranaire, le
canal calcique lent s’ouvre, laissant entrer une faible quantité de calcium. Le calcium va ensuite
se fixer sur le récepteur-canal à la ryanodine (Ryr) situé en regard du canal calcique lent. Une
grande quantité de calcium est alors libérée à partir du réticulum sarcoplasmique (phénomène
du calcium induced-calcium release). Le calcium va se fixer sur la troponine C, permettant de
démasquer les sites de fixation de la myosine avec l’actine. En présence de calcium et d’ATP, la
contraction se produit. Sous l’effet de la Ca2+ ATPase du réticulum sarcoplasmique (SERCA),
le calcium est repompé dans le réticulum sarcoplasmique ou rejeté hors du cardiomyocyte par
la mise en jeu de la Ca2+ ATPase du sarcolemne ou l’échangeur Na/Ca. La diminution de la
concentration de calcium qui s’ensuit aboutit à la relaxation du myocyte cardiaque.
(B) Par contre, au cours du sepsis sévère, le courant calcique est diminué (raréfaction des
canaux calciques de type L), la concentration intracellulaire en calcium est aussi diminuée
(diminution du nombre de Ryr, altération du Ryr, perturbation du fonctionnement de la
SERCA, de la Ca2+ ATPase du sarcolemne et de l’échangeur Na/Ca) et la contraction est diminuée, du fait de la désensibilisation des myofilaments au calcium (50), ce qui conduit à une
diminution marquée de la force de contraction des cardiomyocytes.
62
Sepsis sévère et choc septique
phospholipase A2 lors du sepsis (62). Le fonctionnement du Ryr, en particulier lors de la stimulation β-adrénergique, pourrait aussi être perturbé
probablement par des modifications redox induites par le NO ou le peroxynitrite (63).
Dans un modèle de chien endotoxinique (64), la recapture du Ca2+ par la
SERCA (enzyme recaptant le Ca2+ dans le reticulum sarcoplasmique en utilisant de l’ATP) semble diminuée. L’activité de la SERCA était aussi diminuée à
la phase tardive du sepsis (65), entraînant une diminution du repompage du
calcium dans le RS. Ceci altère la relaxation, mais diminue aussi la contraction,
car le courant calcique lors de la contraction suivante sera moindre (moins de
calcium stocké dans le RS). Cet effet semble dû à la diminution de la phosphorylation du phospholamban qui est une protéine régulatrice très
importante de la SERCA (66).
D’autres travaux ont montré que le transport du Ca2+ hors du cardiomyocyte par la pompe calcique ATP-dépendante du sarcolemme (67) ou par
l’échangeur Na+-Ca2+ (68) était aussi diminué au cours du sepsis.
Outre les anomalies des courants calciques, des études ont rapporté que la
sensibilité des myofilaments au Ca2+ était diminuée, de manière dose et tempsdépendant et réversible dans le temps (fig. 4) (69). Cette diminution de la
sensibilité des myofilaments au Ca2+ a été confirmée sur des fibres pelées de VG
dans un modèle de lapin endotoxinique non léthal (50). Le mécanisme exact
Fig. 4 – Désensibilisation des myofilaments au calcium.
Le sepsis cause un déplacement vers la droite de la relation fluorescence-raccourcissement,
suggérant fortement une diminution de la réponse des myofilaments cardiaques au calcium.
D’après Tavernier (49) (avec permission).
Physiopathologie de la défaillance cardiaque
63
de la réduction de la réponse des myofilaments au Ca2+ n’est pas clair, mais des
phénomènes de phosphorylation des protéines pourraient être impliqués (50).
Notre groupe a montré que, dans des cardiomyocytes intacts isolés douze
heures après une injection d’endotoxine à des rats conscients (reproduisant in
vivo le profil « hyperdynamique » du choc septique), la réponse des myofilaments au Ca2+ était un déterminant majeur de la dépression cardiaque
intrinsèque (fig. 4). Une augmentation de la phosphorylation de la troponine I
était aussi observée (49). Bien que les étude in vitro suggèrent que le NO, via
la phosphorylation de la troponine I par une protéine kinase GMPc-dépendante, pourrait réduire la sensibilité des myofilaments au Ca2+, celle-ci ne
semble pas résulter d’un effet direct de l’activation de la voie du NO GMPcdépendante car les inhibiteurs de la NOS n’ont pas d’effet ex vivo sur la
dysfonction myocardique. Cette augmentation de la phosphorylation de la
troponine I pourrait être expliquée par une inhibition spécifique de phosphatases, le niveau de phophorylation de la plupart des protéines dépendant d’une
balance entre l’activité de protéines kinases et phosphatases (50).
Ces altérations des propriétés des myofilaments pourraient également
constituer la base cellulaire de la dilatation ventriculaire aiguë fréquemment
observée chez les patients en choc septique en réponse au remplissage. En effet,
une diminution de la réponse des myofilaments au Ca2+ est associée à une
augmentation de la longueur des cardiomyocytes et à une augmentation de la
distensibilité ventriculaire (35). De plus, la phosphorylation des myofilaments
pourrait amplifier l’importance de la longueur des sarcomères (c’est-à-dire la
précharge ventriculaire) dans la réponse des myofilaments au calcium (70).
Cette relation semble être la base cellulaire de la loi de Frank-Starling et pourrait contribuer à la réponse au remplissage fréquemment observée chez les
patients septiques, malgré la dépression myocardique.
Finalement, la part relative de la réponse diminuée des myofibrilles au Ca2+
par rapport à la perturbation du courant calcique intracellulaire n’a pas été
déterminée. Durant les premières heures de l’endotoxinémie, l’altération
prédominante pourrait être une diminution de la réponse des myofilaments au
Ca2+ (49). Dans les formes les plus sévères, la diminution du courant calcique
et les altérations des propriétés des myofilaments pourraient être impliquées.
Dans ce cas, la diminution de la réponse des myofilaments au Ca2+ pourrait
aggraver les conséquences de la diminution de l’influx calcique dans les cardiomyocytes durant le sepsis.
Système adrénergique
Au cours du sepsis, plusieurs études animales et humaines ont montré que la
concentration des catécholamines était augmentée (71). De plus, le turnover de
la noradrénaline est augmenté dans le cœur après injection d’endotoxine (72).
Ainsi, au cours du sepsis, la stimulation sympathique semble élevée et
64
Sepsis sévère et choc septique
soutenue. Cependant, plusieurs études ont montré que la réponse aux catécholamines du cœur au cours du sepsis était altérée, bien que dans la plupart
des modèles les animaux étaient sous anesthésie générale.
Les résultats concernant la voie β-adrénergique/AMPc sont contradictoires.
Une étude (73) a en effet retrouvé que les cytokines pro-inflammatoires
ou l’endotoxine pouvaient stimuler l’activité de l’adénylate cyclase par la voie
β-adrénergique, alors que d’autres rapportent qu’elle est diminuée (74-75).
Dans la plupart des études où des myocytes isolés sont exposés à l’endotoxine
ou à des cytokines, il a été observé une dépression marquée de leur réponse
contractile à l’isoprotérénol, probablement par induction de la voie du NO
GMPc-dépendante. Cependant, ces données n’ont pas toujours été confirmées
sur des myocytes provenant d’animaux septiques.
Dans un modèle de péritonite expérimentale, le nombre total des récepteurs
adrénergiques (α et β) subit un changement biphasique in vivo ; initialement,
la densité de récepteurs augmente, puis elle diminue par internalisation des
récepteurs (76-77). Par ailleurs, l’effet inhibiteur du système parasympathique
sur l’adénylate cyclase et sur la contractilité semble être potentialisé au cours du
sepsis (78-79).
L’étude de Silverman (80) suggère que, chez les patients en choc septique,
la voie de signalisation du récepteur β-adrénergique est altérée, ce qui pourrait
participer à la diminution de la performance du myocarde. Cependant,
presque tous les patients en choc septique reçoivent des catécholamines.
L’évaluation de la voie β-adrénergique basée sur l’évaluation de l’AMP sur les
lymphocytes est donc difficile (problème de l’extrapolation des résultats
obtenus aux cardiomyocytes). Néanmoins, elle montre que l’accumulation
d’AMPc n’est pas différente entre les patients septiques et les patients non
septiques, suggérant que ces altérations ne sont probablement pas spécifiques
au sepsis.
Reithman (81) et al. ont cultivé des cardiomyocytes de rats nouveau-nés
avec du plasma de patients en choc septique traités par noradrénaline pendant
quarante-huit heures. Ils ont observé une internalisation de 35 % des récepteurs β, une augmentation de 60 % du taux de la sous-unité Gia et une
diminution de 50 % de l’activité de l’adénylate cyclase stimulée par l’isoprotérénol. L’exposition de cardiomyocytes au plasma de patients en choc septique
recevant de la dopamine n’entraîne pas de modification de l’activité de l’adénylate cyclase, suggérant un rôle direct de la noradrénaline dans la
désensibilisation de la réponse β-adrénergique (82). Chez des patients décédés
de choc septique réfractaire, l’expression de la sous-unité Gia est très élevée, les
catécholamines administrés, souvent à fortes doses, pouvant être un des mécanismes expliquant l’augmentation de l’expression de cette sous-unité.
Cependant, ces altérations ne semblent être observées que chez les patients
décédant de choc septique réfractaire.
Les résultats parfois contradictoires peuvent s’expliquer par l’hétérogénéité
des modèles étudiés, de leur chronologie, de la dose souvent très élevée d’endotoxine administrée. Dans une étude récente, notre groupe a montré que la
Physiopathologie de la défaillance cardiaque
65
stimulation maximale β-adrénergique du courant calcique était très augmentée
au bout de douze heures, alors que le courant calcique lui-même était diminué
(61). Par contre, à la trente-sixième heure, elle était diminuée par une réduction de la sensibilité des cardiomyocytes aux agonistes β-adrénergiques. Cette
réponse biphasique pourrait être due à des changements d’activité de l’adénylate cyclase.
Au total, les études tant humaines qu’animales montrent une altération de
la voie de signalisation β-adrénergique dans le cœur septique, probablement
par changement des propriétés du récepteur β-adrénergique, par surexpression
des protéines Gi, ce qui conduit à une altération du courant calcique, ellemême associée à la diminution de la réponse des myofilaments au Ca2+.
Anomalies structurales, mitochondriales, apoptose
Ces anomalies ont en commun de pouvoir conduire à une altération de la fonction contractile par diminution du nombre de cardiomyocytes fonctionnels.
Outre la diminution du courant calcique et la diminution de la sensibilité
des myofilaments au Ca2+, l’inactivation des myofilaments pourrait participer
à la dysfonction myocardique au cours du sepsis. Ainsi, le ONOO- produit à
partir du NO pourrait nitrer ces protéines et conduire à une perte de leur fonction. Ces protéines nitrées sont probablement détruites par le système
ubiquitine-protéasome (83). Ainsi, Gao et al. ont montré que la protéolyse de
la troponine I était impliquée dans la physiopathologie du « stunned »
myocarde (84). Dans un modèle d’ischémie-reperfusion chez le porc, modèle
assez proche du stress oxydatif observé au cours du choc septique, Sharma et al.
ont montré que l’expression de l’ARNm de l’ubiquitine était augmentée, parallèlement à l’expression de l’ARNm de l’hème oxygénase inductible (HO-1) qui
est un puissant système antioxydant (85). La voie de l’ubiquitine est connue
pour dégrader les protéines anormales. Cette synergie entre ces deux voies
suggère un effet cardioprotecteur, ce qui pourrait concourir à la récupération
de la fonction myocardique. En outre, la synthèse protéique myocardique est
probablement modifiée par l’activation précoce de facteurs transcriptionnels
comme NFκB.
La diminution de la contraction myocardique, observée surtout à la phase
tardive du sepsis, pourrait aussi être liée à une diminution de l’activité des
ATPases de la myosine (86).
Des lésions de nécrose myocytaire, d’œdème capillaire, interstitiel ou cellulaire, des dépôts de fibrine intravasculaire, des agrégats leucocytaires
intracapillaires ont été observés lors de l’examen de cœur d’animaux ayant reçu
de l’endotoxine, suggérant que la dysfonction contractile pourrait être directement liée à des lésions tissulaires spécifiques ou non du sepsis. Dans une série
autopsique de 71 patients, Fernandes et al. (87) ont mis en évidence des lésions
de myocardite interstitielle, d’œdème interstitiel et plus rarement de nécrose
myocytaire. Cependant des lésions semblables peuvent être observées en dehors
66
Sepsis sévère et choc septique
de tout contexte septique, chez des patients recevant de fortes doses de catécholamines. Ces données suggèrent donc que des anomalies de structure sont
fréquemment présentes au cours du choc septique, mais qu’elles ne sont ni
nécessaires à l’apparition de la dysfonction myocardique ni spécifiques du
sepsis.
Des anomalies portant sur la respiration mitochondriale pourraient intervenir dans la dysfonction myocardique du choc septique. Le NO directement
ou via la production de peroxynitrite pourrait jouer un rôle. En effet, le NO
entre en compétition avec l’oxygène au niveau de la cytochrome oxydase et
entraîne une inhibition réversible de ce complexe. À des concentrations plus
fortes, il est capable d’inhiber d’autres complexes de la chaîne respiratoire. Le
peroxynitrite, dont la formation est favorisée par la synthèse de l’anion superoxyde via l’oxygène fourni par le complexe IV, peut bloquer de façon
irréversible les complexes I, II et III de la chaîne respiratoire. Au cours du choc
septique, Brealey et al. (88) ont montré que le complexe I de la chaîne respiratoire était inhibé au niveau du muscle squelettique, parallèlement à la
production de nitrates/nitrites, suggérant l’implication du NO et de la NOS-2
dans ces phénomènes (89). Chez le lapin endotoxinique, l’activité des
complexes I et III est diminuée et cette dépression de la chaîne respiratoire est
encore plus marquée dans le cœur que dans le muscle squelettique (90).
Le rendement cardiaque peut aussi être affecté au cours du choc septique.
En effet, une altération entre la production d’ATP (qui reste normal) et le
travail cardiaque (qui est diminué) a été décrite (91). Plusieurs travaux ont
aussi montré que de faibles concentrations de NO et de ONOO- pouvaient
inhiber l’isoforme MM de la créatine-kinase myocardique et l’isoforme située
à la surface externe de la membrane interne de la mitochondrie (mi-CK) (50).
La CK est une enzyme clé dans le métabolisme énergétique de la cellule
myocardique. Elle assure la courroie de transmission de l’ATP entre son lieu de
production, la mitochondrie, et son lieu d’utilisation, les myofilaments, et
permet une adaptation fine de la production d’énergie à la demande au niveau
des protéines contractiles. Ainsi, l’atteinte des CK par le NO ou le ONOOpourrait conduire à une dysfonction énergétique et mécanique au cours du
sepsis.
Les phénomènes de mort cellulaire programmée ou apoptose semblent
aussi jouer un rôle dans la dysfonction myocardique au cours du sepsis. Les
voies de signalisation font intervenir des protéases appelées caspases qui jouent
un rôle majeur dans l’initiation et le déroulement des phénomènes d’apoptose.
Ces protéases sont initiées à partir de récepteurs membranaires (dont le récepteur au TNFα) ou des mitochondries (cytochrome c). Plusieurs études ont
montré que les phénomènes apoptotiques pouvaient être initiés dans le cœur
d’animaux ayant reçu de l’endotoxine et que l’inhibition de l’activité de
certaines caspases, en particulier la caspase 3, pouvait prévenir l’altération de la
dysfonction myocardique (92-93). Cet effet bénéfique sur la fonction contractile peut s’expliquer par la diminution du nombre de cellules apoptotiques (93)
ou par un mécanisme indépendant de la mort cellulaire. En effet, les caspases
Physiopathologie de la défaillance cardiaque
67
jouent aussi un rôle dans la production de certaines cytokines et pourraient
directement ou indirectement influencer la régulation du calcium intramyocytaire. L’utilisation d’inhibiteurs de l’apoptose pourrait constituer une arme
thérapeutique dans le traitement de la dysfonction myocardique au cours du
sepsis. Ainsi, récemment, Fauvel et al. ont montré que l’utilisation de ciclosporine A prévenait l’apparition de cette dysfonction myocardique en inhibant
les phénomènes apoptotiques, probablement en fermant le pore de transition
mitochondrial, empêchant ainsi la libération dans le cytoplasme du cytochrome c, pro-apoptotique (94).
Enfin, nous avons récemment montré que l’ubiquitine-protéasome est
stimulée dans le muscle squelettique de patients septiques et que cela entraîne
une augmentation du catabolisme des protéines nitrées (95). Cela demande à
être confirmé dans le muscle cardiaque.
Conclusion
La dysfonction myocardique au cours du choc septique est fréquente.
Cependant, elle reste souvent méconnue car elle est de diagnostic difficile, à
moins d’utiliser l’échocardiographie, et il n’y a pas encore à ce jour de
marqueurs biologiques suffisamment spécifiques pour en faire le diagnostic
aisément. Sa physiopathologie reste complexe malgré l’avancée des connaissances sur les mécanismes impliqués, probablement du fait de la complexité des
mécanismes physiopathologiques du choc septique et de leur intrication, mais
aussi par ses conséquences sur tous les organes. Cette complexité pourrait aussi
expliquer la difficulté de traitement de cette atteinte myocardique.
La meilleure connaissance des différents mécanismes impliqués pourrait
aboutir au développement et à l’utilisation parfois proche de nouvelles thérapeutiques dans la dysfonction myocardique au cours du sepsis.
Références
1. Rackow E, Kaujman B, Falk J et al. (1987) Hemodynamic response to fluid repletion in
patients with septic shock: evidence for early depression of cardiac performance. Circ Shock
22: 11-22
2. Ognibene F, Parker M, Natanson C et al. (1988) Depressed left ventricular performance.
Response to volume infusion in patients with septic shock. Chest 93: 903-10
3. Poelaert J, Declerck C, Vogalaers D et al. (1997) Left ventricular systolic and diastolic function in septic shock. Intensive Care Med 23: 553-60
4. Jardin F, Fourme T, Page B et al. (1999) Persistent preload defect in severe sepsis despite
fluid loading: a longitudinal echocardiographic study in patients with septic shock. Chest
116: 135-9
5. Tavernier B, Makhotine O, Lebuffe G et al. (1998) Systolic pressure variation as a guide to
fluid therapy in patients with sepsis-induced hypotension. Anesthesiology 89: 1313-21
68
Sepsis sévère et choc septique
6. Parker M, Shelhamer JSB (1984) Profound but reversible myocardial depression in patients
with septic shock. Ann Int Med 100: 483-90
7. Parillo J (1990) Myocardial depression during septic shock in humans. Crit Care Med 18:
1183-4
8. Jardin F, Brun-Ney D, Auvert B et al. (1990) Sepsis-related cardiogenic shock. Crit Care
Med 18: 1055-60
9. Jardin F, Valtier B, Beauchet A et al. (1994) Invasive monitoring combined with twodimensional echocardiographic study in septic shock. Intensive Care Med 20: 550-4
10. Jafri S, Lavine S, Field B et al. (1990) Left ventricular function in sepsis. Crit Care Med 18:
709-14
11. Munt B, Jue J, Gin K et al. (1998) Diastolic filling in human severe sepsis: an echocardiographic study. Crit Care Med 26: 1829-33
12. Fernandes Jr C, Akamine N, Knobel E (1999). Cardiac troponin: a new serum marker of
myocardial injury in sepsis. Intensive Care Med 25: 1165-8
13. Turner A, Tsamitros M, Bellomo R (1999) Myocardial cell injury in septic shock. Crit Care
Med 27: 1775-80
14. Ver Elst K, Spapen H, Nguyen D et al. (2000) Cardiac Troponin I and T are biological
markers of left ventricular dysfunction in septic shock. Clin Chem 46: 650-7
15. Kern H, Wittich R, Rohr U et al. (2001) Increased endothelial injury in septic patients with
coronary artery disease. Chest 119: 874-83
16. Grocott-Mason R, Shah A (1998) Cardiac dysfunction in sepsis: new theories and clinical
implications. Intensive Care Med 24: 286-95
17. Brett J, Gewrlach H, Nawroth P et al.(1989) Tumor necrosis factor/cachectin increases
permeability of endothelial cell monolayer by a mechanism involving regulatory G proteins.
J Exp Med 169: 1977-91
18. Ogawa S, Gerlach C, Esposito C et al. (1990) Hypoxia modulates the barrier and coagulant
function of cultured bovine endothelium. J Clin Invest 85: 1090-8
19. Ammann P, Fehr T, Minder E et al. (2001) Elevation of troponin I in sepsis and septic
shock. Intensive Care Med 27
20. Wu A (2001) Increased troponin in patients with sepsis and septic shock: myocardial
necrosis or reversible myocardial depression? Intensive Care Med 27: 959-61
21. Parillo J (1989) The cardiovascular pathophysiology of sepsis. Ann Rev Med 40: 469-85
22. Lefer A (1970) Role of a myocardial depressant factor in the pathogenesis of circulatory
shock. Fed Proc 29: 1836-47
23. Starr R, Lader A, Phillips G et al. (1995) Direct action of endotoxin on cardiac muscle.
Shock 3: 380-4
24. Knuefermann P, Nemoto S, Baumgarten G et al. (2002) Cardiac inflammation and innate
immunity in septic shock: is there a role for toll-like receptors? Chest 121: 1329-36
25. Nemoto S, Vallejo J, Knuefermann P et al. (1996) Escherichia coli LPS-induced LV
dysfunction: role of toll-like receptor-4 in the adult heart. Am J Physiol 282: H2316-23
26. Kumar A, Thota V, Dee L et al. (1996) Tumor necrosis factor alpha and interleukin 1 beta
are responsible for in vitro myocardial cell depression induced by human septic shock
serum. J Exp Med 183: 949-58
27. Finkel M, Oddis C, Jacob T et al. (1992) negative inotropic effects of cytokines on the heart
mediated by nitric oxide. Science 257: 387-89
28. Kelly R, Balligand J, Smith T (1996) Nitric oxide and cardiac function. Circ Res 79: 36380
29. Oral H, Dorn GW, Mann D (1997) Sphingosine mediates the immediate negative
inotropic effects of tumor necrosis factor-alpha in adult mammalian cardiac myocyte. J Biol
Chem 272: 4836-42
30. Schreur K, Liu S (1997) Involvement of ceramide in inhibitory effect of IL-1beta on L-type
Ca2+ current in adult rat ventricular myocytes. Am J Physiol 272: H2591-8
Physiopathologie de la défaillance cardiaque
69
31. Kadokami T, McTiernan C, Kubota T et al. (2001) Effects of soluble TNF receptor treatment on lipopolysaccharide-induced myocardial cytokine expression. Am J Physiol 280:
H2281-91
32. Haudek S, Spencer E, Bryant D et al. (1992) Overexpression of cardiac I-kB alpha prevents
endotoxin-induced myocardial dysfunction. Am J Physiol 280: H962-8
33. Ramaciotti C, Sharkey A, McClellan G, Winegrad S (1992) Endothelial cells regulate
cardiac contractility. Proc Natl Acad Sci 89: 471-80
34. Brutsaert D, Andries L (1992) The endocardial endothelium. Am J Physiol 263: H9851002
35. Shah A (1998) Paracrine modulation of heart cell function by endothelial cells.
Cardivascular Res 31: 847-67
36. Mebazaa A, Mayoux E, Maeda K et al. (1993) Paracrine effects of endocardial endothelial
cells on myocyte contraction mediated via endothelin. Am J Physiol 265: H1841-6
37. Mebazaa A, De Keulenaer G, Paqueron X et al. (2001) Activation of cardiac endothelium
as a compensatory component in endotoxin-induced cardiomyopathy: role of endothelin,
prostaglandins and nitric oxide. Circulation 104: 3137-44
38. Balligand J, Ungureanu-Longrois D, Simmons W et al. (1995) Induction of NO synthase
in rat cardiac microvascular endothelium cells by IL-1beta and IFN-gamma. Am J Physiol
268: H1293-1303
39. Ungureanu-Longrois D, Balligand J, Okada J et al. (1995) Contractile responsiveness of
ventricular myocytes to isoproterenol is regulate by induction of nitric oxide synthase activity in cardiac microvascular endothelial cells in heterotypic primary culture. Circ Res 77:
486-93
40. Shah A, MacCarthy P (2000) Paracrine and autocrine effects of nitric oxide on myocardial
function. Pharmacology & Therapeutics 86: 49-86
41. Kelly R, Balligand JL, Smith TW (1996) Nitric oxide and cardiac function. Circ Res 79:
363-80
42. Kirstein M, Rivet-Bastide M, Hatem S et al. (1995) Nitric oxide regulates the calcium
current in isolated human atrial myocytes. J Clin Invest 95: 794-802
43. Flesch M, Kilter H, Cremers B et al. (1997) Acute effect of nitric oxide and cyclic GMP on
human myocardial contractility. J Pharmacol Exp 281: 1340-9
44. Paulus W, Vantrimpont P, Shah A (1994) Acute effects of nitric oxide on left ventricular
relaxation and diastolic distensibility in man. Circulation 89: 2070-8
45. Prendergast B, Sagach V, Shah A (1997) Basal release of nitric oxide augments the FrankStarling response in isolated heart. Circulation 96: 1320-9
46. Corda S, Mebazaa A, Tavernier B et al. (1998) Paracrine regulation of cardiac myocytes in
normal and septic heart. J Crit Care 13: 39-47
47. Rabuel C, Renaud E, Ratajzak P et al. (2003) Les protéines cardiaques sont nitrées par le
peroxynitrite puis dégradées par l'ubiquitine chez les patients septiques. Ann Fr Anesth
Réanim 22: S348
48. Brady A, Poole-Wilson P, Harding S, Warren JB (1992) Nitric oxide production within
cardiac myocytes reduces their contractility in endotoxemia. Am J Physiol 263: H1963-6
49. Tavernier B, Li J, El-Omar M et al. (2001) Cardiac contractile impairment associated with
increased phophorylation of troponin I in endotoxemic rats. FASEB J 15: 294-6
50. Tavernier B, Mebazaa A, Mateo P et al. (2001) Phosphorylation-dependent alteration in
myofilament calcium sensitivity but normal mitochondrial function in septic heart. Am J
Resp Crit Care Med 163: 362-7
51. Grover R, Zaccardelli D, Colice G et al. (1999) An open-label dose escalation study of the
nitric oxide synthase inhibitor, N(G)-methyl-L-arginine hypochloride (546C88), in
patients with septic shock. Glaxo Wellcome International Septic Shock Study Group. Crit
Care Med 27: 913-22
52. Khadour F, Panas D, Ferdinandy P et al. (2002) Enhanced NO and superoxide generation
in dysfunctional hearts from endotoxemic rats. Am J Physiol 283: H1108-15
70
Sepsis sévère et choc septique
53. Ferdinandy P, Danial H, Ambrus I et al. (2000) Peroxynitrite is a major contributor to cytokine-induced myocardial contractile failure. Circ Res 87: 241-7
54. Oyama J, Shimokawa H, Momii H et al. (1998) Role of nitric oxide and peroxynitrite in
cytokine-induced sustained myocardial dysfunction in dogs in vivo. J Clin Invest 101:
2207-14
55. Ishida H, Ichimori K, Hirota Y et al. (1996) Peroxynitrite-induced cardiac myocytes injury.
Free Radic Biol Med 20: 343-50
56. Lanone S, Mebazaa A, Heymes C et al. (2000) Muscular contractile failure in septic
patients: role of the inductible nitric oxide synthase pathway. Am J Resp Crit Care Med
162: 2308-15
57. Rabuel C, Renaud E, Riche F et al. (2003) Cardiac proteins are nitrated and metabolised
by ubiquitin pathway in septic patients. Intensive Care Med, in press
58. Wang W, Sawicki G, Schulz R (2002) Peroxynitrite-induced myocardial injury is mediated
through matrix metalloproteinase-2. Cardiovascular Res 53: 165-74
59. Iqbal M, Cohen R, Marzouk K, Liu S (2002) Time course of nitric oxide, peroxynitrite, and
antioxidants in the endotoxemic heart. Crit Care Med 30: 1291-6
60. Lew W, Yasuda S, Yuan T, Hammond HK (1996) Endotoxin-induced cardiac depression is
associated with decreased cardiac dihydropyridine receptors in rabbits. J Mol Cell Cardiol
28: 1367-71
61. Abi Gerges N, Tavernier B, Mebazaa A et al. (1999) Sequential changes in autonomic regulation of cardiac myocytes after in vivo endotoxin injection in rat. Am J Resp Crit Care Med
160: 1196-1204
62. Dong L, Wu L, Ji Y, Liu M (2001) Impairment of the ryanodine-sensitive calcium release
channels in the cardiac sarcoplasmic reticulum and it underlying mechanism during the
hypodynamic phase of sepsis. Shock 16: 33-9
63. Ziolo M, Katoh H, Bers D (2001) Expression of inducible nitric oxide synthase depresses
beta-adrenergic-stimulated calcium release from the sarcoplasmic reticulum in intact ventricular myocytes. Circulation 104: 2961-6
64. Liu M, Wu L (1991) Reduction in the calcium-induced calcium release from canine cardiac
sarcoplasmic reticulum following endotoxin administration. Biochem Biophys Res
Commun 174: 1248-54
65. Wu L, Ji Y, Dong L, Liu M (2001) Calcium uptake by sarcoplasmic reticlum is impaired
during the hypodynamic phase of sepsis in the rat heart. Shock 15: 49-55
66. Wu L, Tang C, Dong L, Liu M (2002) Altered phospholamban-calcium ATPase interaction
in cardiac sarcoplasmic reticulum during the progression of sepsis. Shock 17: 389-93
67. Wu L, Liu M (1992) Heart sarcolemmal calcium transport in endotoxinic shock: I impairment of ATP-dependent calcium transport. Biochem Biophys Res Commun 112: 125-33
68. Kustsky P and Parker J (1990) Calcium fluxes in cardiac sarcolemma and sarcoplasmic reticulum isolated from endotoxin-shocked guinea-pigs. Circ Shock 30: 349-64
69. Tavernier B, Garrigue D, Boulle C et al. (1998) Myofilament calcium sensitivity is
decreased in skinned cardiac fibers of endotoxinic-treated rabbits. Cardivascular Res 38:
472-9
70. Komukai K and Kurihara S (1997) Length-dependence of calcium-tension relationship in
aequorin-injected ferret papillary muscles. Am J Physiol 273: H1068-74
71. Jones S, Romano F (1990) Myocardial beta adrenergic receptor coupling to adenylate
cyclase during developing septic shock. Circ Shock 30: 51-61
72. Jones S, Kovrik M, Romano F (1986) Cardiac and splenic norepinephrine turnover during
septic peritonitis. Am J Physiol 250: R892-7
73. Reithmann C, Gierschik P, Werdan K, Jacobs K (1991) Tumor necrosis factor-alpha upregulates Gi and G proteins and adenylate cyclase responsiveness in rat cardiomyocytes. Eur
J Pharmacol 206: 53-60
74. Chung M, Gullick T, Rotondo R et al. (1990) Mechanism of cytokine inhibition of betaadrenergic agonist stimulation of cyclic AMP on rat cardiac myocytes - impairment of signal
transduction. Circ Res 67: 753-63
Physiopathologie de la défaillance cardiaque
71
75. Gullick T, Chung M, Pieper S, Lange L and Schreiner R (1989) Interleukin-1 and tumor
necrosis factor inhibit cardiac myocyte β-adrenergic responsiveness. Proc Natl Acad Sci 86:
6753-7
76. Tang C, Liu M (1996) Initial externalization followed by internalization of beta-adrenergic
receptors in rat heart during sepsis. Am J Physiol 270: R254-63
77. Wu L, Tang C, Liu M (1997) Hyper- and hypocardiodynamic states are associated with
externalization and internalization, respectively, of alpha-adrenergic receptors in rat heart
during sepsis. Shock 7: 318-22
78. Sulakhe P, Sandirasegrarane L, Davis J et al. (1996) Alterations in inotropy, nitric oxide and
cyclic GMP synthesis, protein phosphorylation and ADP-ribosylation in the endotoxintreated rat myocardium and cardiomyocytes. Mol Cell Biochem 163/164: 305-18
79. Ashorobi R, Kpohraror B (1995) Effects of calcium ions and atropine on endotoxininduced contractility deficit in rat atrial muscle. East Afr Med J 72: 263-6
80. Silverman H, Penaranda R, Orens J, Lee N (1993) Impaired beta-adrenergic receptor
stimulation of cyclic adenosine monophosphate in human septic shock: association with
myocardial hyporesponsiveness to catecholamines. Crit Care Med 21: 31-9
81. Reithmann C, Hallström S, Pilz G et al.(1993) Desensitization of rat cardiomyocyte
adenylyl cyclase stimulation by plasma of noradrenaline-treated patients with septic shock.
Circ Shock 41: 48-59
82. Reithmann C, Gierschik P, Sidiropoulos D et al. (1989) Mechanism of noradrenalineinduced heterologous desensitization of adenylate cyclase stimulation in rat heart muscles
cells: increase the level of inhibitory G-protein alpha-subunits. Eur J Pharmacol 172: 211-21
83. Lee M, Hyun D, Jenner P, Halliwell B (2001) Effect of proteasome inhibition on cellular
oxidative damage, antioxidant defences and nitric oxide production. J Neurochem 78: 32-41
84. Gao W, Atar D, Liu Y et al. (1997) Role of troponin I proteolysis in the pathogenesis of
stunned myocardium. Circ Res 80: 393-9
85. Sharma H, Maulik N, Gho B et al. (1996) Coordinated expression of heme oxygenase-1
and ubiquitin in the porcine heart subjected to ischemia and reperfusion. Mol Cell Biochem
157: 111-6
86. Wu L, Tang C, Liu M (2001) Altered phosphorylation and calcium sensitivity of cardiac
myofibrillar proteins during sepsis. Am J Physiol 281: R408-16
87. Fernandes Jr C, Iervolino M et al. (1994) Interstitial myocarditis in sepsis. Am J Cardio 74:
958
88. Brealey D, Brand M, Hargreaves I et al. (2002) Association between mitochondrial dysfunction and severity and outcome of septic shock. Lancet 360: 219-23
89. Brealey D, Rabuel C, Mebazaa A et al. (2002) iNOS expression and peroxynitrite productions is associated with mitochondrial dysfunction in skeletal muscle of patients with severe
sepsis. Intensive Care Med 28: S17
90. Trumbeckaite S, Opalka J, Neuhof C et al. (2001) Different sensitivity of rabbit heart and
skeletal muscle to endotoxin-induced impairment of mitochondrial function. Eur J
Biochem 268: 1422-9
91. Panas D, Khadour F, Szabo C, Schulz R (1998) Proinflammatory cytokines depress cardiac
efficiency by a nitric oxide-dependent mechanism. Am J Physiol 275: H1016-23
92. Nevière R, Fauvel H, Chopin C et al. (2001) Caspase inhibition prevents cardiac dysfunction and heart apoptosis in rat model of sepsis. Am J Resp Crit Care Med 163: 218-25
93. Fauvel H, Marchetti P, Chopin C et al. (2001) Differential effects of caspase inhibitors on
endotoxin-induced myocardial dysfunction and heart apoptosis. Am J Physiol 280: H160814
94. Fauvel H, Marchetti P, Obert G et al. (2002) Protective effects of cyclosporin A from endotoxin-induced myocardial dysfunction and apoptosis in rats. Am J Resp Crit Care Med 165:
449-55
95. Rabuel C, Renaud E, Brealey D et al. (2004) Human Septic myopathy: induction of
cyclooxygenase, heme oxygenase and activation of the ubiquitin proteolytic pathway.
Anesthesiology 101: 583-90
Téléchargement