N 137-EXE - L`essentiel vet

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NAC
CONGRÈS
Stérilisation des NAC
Des techniques qui varient selon les espèces
Lors du congrès VetoAlp consacré à la chirurgie des NAC, le Dr Gersende DOUMERC a présenté les techniques
actuelles de stérilisation du furet, du lapin, des caviomorphes (cobaye, chinchilla et octodon), et des myomorphes
(rat, souris, hamster, gerbille). Des techniques bien spécifiques à chaque type d'animal, de plus en plus présents
dans nos cliniques.
Pour chaque espèce, la stérilisation est le moyen de
maîtriser de façon définitive la reproduction. Il existe
néanmoins des spécificités et des limites propres à chaque
espèce.
Il est possible de suturer le scrotum. L'antibioprévention
est poursuivie quelques jours, il est inutile de mettre
un pansement ou une collerette mais il est conseillé de
séparer le furet de ses congénères quelques jours. Chez
la furette, le Dr Doumerc recommande de pratiquer
systématiquement une ovariohystérectomie, car les métrites
sont possibles chez les furettes ayant subi une ovariectomie
simple (lors de maladie surrénalienne). De plus, l'OVH
limite les risques de rémanence ovarienne. L'abord chirurgical est abdominal, par la ligne blanche. La technique
chirurgicale est classique, mais les ovaires, qui se trouvent
dans une importante bourse graisseuse, sont parfois plus
difficiles à visualiser que chez la chatte. Les soins postopératoires sont les mêmes que pour le mâle. La stérilisation chirurgicale prédispose les furets et les furettes à
la maladie surrénalienne, liée à une hyperplasie ou une
néoplasie des glandes surrénales.
Stérilisation du furet
La stérilisation médicale est dorénavant possible, chez le
mâle comme chez la femelle, grâce aux implants de desloréline (Suprélorin® Virbac, hors AMM) (photo 2).
La castration des furets mâles permet la diminution de
l'odeur corporelle, des agressions sexuelles et de la séborrhée
et prévient les tumeurs testiculaires. Chez la femelle, la
stérilisation prévient les tumeurs ovariennes et les métrites
(à condition de réaliser une ovariohystérectomie) et diminue
l'odeur corporelle. Elle prévient également l'apparition d'un
hyperœstrogénisme chez les femelles non reproductrices.
La diète pré-opératoire est courte, 6 heures maximum.
L'analgésie (morphine, AINS) est primordiale chez le mâle
et la femelle. Chez le mâle, la technique chirurgicale est
identique à celle des chats : castration à testicules découverts,
en pratiquant des nœuds entre le canal spermatique et
les vaisseaux sanguins ou en posant des ligatures (photo 1).
2
© Caroline Siméon
Conférencier
Gersende DOUMERC
DMV
Docteur vétérinaire
Quimper (29)
La puberté des mâles survient entre 8 et 12 mois, celle
des femelles entre 7 et 10 mois. La reproduction est saisonnière : le rut débute en décembre-janvier. Le cycle de
la femelle est monœstrien, il dure 120 jours. L'ovulation
étant provoquée par l'accouplement, en l'absence de ce
dernier, les chaleurs perdurent durant toute la durée du
cycle et l'hyperœstrogénisme induit peut devenir toxique et engendrer une aplasie médullaire. La gestation dure
42 jours et aboutit à 8 furetons par portée en moyenne. Les
petits naissent nus et aveugles, ils sont dits « nidicoles ».
La lactation dure deux mois.
La pose (hors AMM) d'un implant de Suprélorin® permet la castration chimique
temporaire des furets mâles et femelles.
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Castration à testicules découverts avec pose de ligatures chez un furet.
© G. Doumerc.
Sa durée d'action est en moyenne de deux ans. Après la
pose de l'implant, les hormones sexuelles sont temporairement stimulées pendant deux semaines et il convient
de prévenir les propriétaires d'un éventuel retour de la
libido ou des chaleurs.
Chez la femelle, il est préférable de poser l'implant en
dehors des chaleurs ou après avoir fait ovuler la furette
(injection d'hCG).
N°137 du 14 au 20 mai 2009
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NAC
CONGRÈS
Stérilisation du lapin
l'abord chirurgical sera donc plus caudal que chez les
autres mammifères. Il faut faire attention à ne pas ponctionner le tube digestif, très développé, lors de l'ouverture
de la cavité abdominale. La technique est classique mais
il est conseillé de poser une suture transfixante sur le col
utérin. L'analgésie post-opératoire est poursuivie trois
jours, l'antibioprévention sept jours. Pour limiter l'iléus
intestinal, du métoclopramide (0,5 mg/kg/8h) peut être
administrer préventivement, ou si les crottes se raréfient
et/ou deviennent petites et sèches.
La puberté est précoce : trois mois pour la femelle, quatre mois pour le mâle. Il n'y a pas de saison de reproduction ni de cycle œstral. L'ovulation est provoquée par le
coït. La gestation est rapide (31-32 jours) et aboutit à
des petits lapereaux nidicoles. La prolificité est variable,
elle est plus faible chez les espèces naines. La lactation
dure un mois, les petits ne tètent qu'une à deux fois par jour
seulement.
Stérilisation des caviomorphes
Chez le mâle, la castration permet de maîtriser la reproduction, de diminuer les agressions territoriales et les
agressions entre congénères, de diminuer les comportements
sexuels sur les propriétaires et le marquage urinaire. Elle
prévient également les tumeurs testiculaires. Les effets
secondaires néfastes sont liés à la sédentarité et à l'obésité : maux de pattes et problème de transit intestinal. L'âge
recommandé pour la stérilisation est de 5-6 mois. La
diète pré-opératoire est inutile (retrait des granulés le
matin, foin à disposition), l'analgésie est primordiale et
l'antibioprévention conseillée. Pendant la chirurgie, la
température corporelle doit être maintenue grâce à un tapis
chauffant ou des bouillottes.
La castration des mâles est le plus souvent pratiquée car
elle est techniquement plus facile et les complications sont
moins nombreuses.
La puberté du chinchilla et de l'octodon est plutôt tardive ;
elle survient respectivement à 9 et 15 mois. La gestation
est longue (deux mois chez le cobaye, trois mois chez
l'octodon et quatre mois chez le chinchilla) et aboutit à des
petits nidifuges. La prolificité est moyenne, on parle de
reproduction qualitative. Les indications de la stérilisation
sont la maîtrise de la reproduction et la prévention des
affections du tractus génital.
© G. Doumerc.
Trois techniques chirurgicales sont possibles : à testicules couverts ou à testicules découverts avec suture de la
vaginale (photo 3) et fermeture du scrotum avec un point
en U ou de la colle chirurgicale. La castration à testicules découverts par voie abdominale est possible et facile.
La réalimentation post-opératoire est précoce pour éviter un iléus intestinal (foin au réveil, granulés quelques
heures plus tard).
4
3
© G. Doumerc.
Ovariohystérectomie chez une femelle cobaye présentant des kystes ovariens.
Chez la lapine, la stérilisation diminue les risques de
tumeur utérine. En effet, 50 % des lapines entières de
cinq ans développent un adénocarcinome utérin. La
stérilisation diminue également le risque de tumeur
mammaire et l'agressivité territoriale ou liée à une lactation
de pseudogestation. L'utérus et les ovaires sont très caudaux,
© G. Doumerc.
Castration à testicules découverts avec sutures de la vaginale chez un lapin.
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Les caviomorphes mâles ne présentent pas de scrotum individualisé (ici, un octodon mâle).
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NAC
CONGRÈS
Chez la femelle cobaye, elle prévient l'apparition des
kystes et des tumeurs de l'ovaire (photo 4) et évite les
dystocies par disproportion fœto-maternelle en cas de
reproduction tardive. Chez le mâle, le scrotum n'est pas
différentié, on parle de sac anal (photo 5).
Chez le mâle, elle prévient la séborrhée et les tumeurs
testiculaires.
Les effets secondaires indésirables sont l'obésité, les maux
de pattes et la mésentente entre congénères dans les jours
suivant la chirurgie. Il faut donc souvent isoler les individus opérés.
Chez la femelle, les cornes utérines et les pédicules ovariens
sont très fragiles et le tube digestif très développé.
Chez le rat, la castration s'effectue à testicules couverts,
à testicules découverts avec suture de la vaginale ou par
voie abdominale.
La castration se pratique à testicules découverts avec suture
de la vaginale et du scrotum ou à testicules couverts.
L'ovariectomie est généralement suffisante chez la ratte
(photo 7), pour qui la stérilisation de convenance devrait
être mise en avant. La diète pré-opératoire est inutile,
l'analgésie et l'antibioprévention sont indispensables.
Les risques d'ostéoporose secondaire existent lorsque la
stérilisation des rattes est pratiquée avant l'âge de quatre
mois.
La méthode recommandée par le Dr Doumerc est la
castration par voie abdominale.
Chez la femelle, l'OVH est le plus souvent thérapeutique
car les complications ne sont pas rares. Le Dr Doumerc
utilise des cotons tiges stériles pour isoler et repérer les
cornes utérines.
L'analgésie et l'antibioprévention sont poursuivies quelques
jours après la chirurgie. Selon l'hygiène de la cage, un
pansement peut être posé. Les copeaux sont remplacés
temporairement par une alèse ou une serviette. Le suivi du
transit est indispensable, du métoclopramide peut être
prescrit au besoin.
La puberté est très précoce, il n'y a pas de saison de reproduction, les cycles sont courts (3 à 5 jours) et la gestation rapide. La prolificité est importante, les petits sont
nidicoles (photo 6). On parle de reproduction quantitative.
Outre la maîtrise de la reproduction, la stérilisation permet la prévention de nombreuses affections : tumeurs
mammaires (rattes, souris), métrites (rattes), tumeurs
hypophysaires (rattes) et tumeurs ovariennes (gerbilles).
© G. Doumerc.
Stérilisation des myomorphes
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Vue rapprochée de l'ovaire d'une ratte pendant son ovariectomie.
Les stérilisations de convenance sont souvent demandées
par les propriétaires de NAC qui en possèdent généralement
plusieurs. Techniquement, ces interventions ne posent
aucun problème (sauf pour les femelles caviomorphes),
mais les soins pré et post-opératoires, en particulier
l'analgésie et le suivi du transit, sont primordiaux chez ces
espèces. I
6
© G. Doumerc.
Dr Caroline Siméon
Docteur vétérinaire
Lagny sur Marne (77)
Remerciements au
Dr Gersende Doumerc
pour la relecture attentive
et le prêt des illustrations.
Les ratons sont nus et aveugles à la naissance : il sont dits nidicoles. Le lait contenu
dans l'estomac est visible par transparence.
N°137 du 14 au 20 mai 2009
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