MICROFINANCE MARKET OUTLOOK Développements, prévisions, tendances « Microfinance Market Outlook 2016 de responsAbility vise à donner une vue d’ensemble concise et en profondeur des développements attendus dans ce secteur au cours de l’année prochaine. » 10 – 15 % DE CROISSANCE attendue en 2016 sur le marché mondial de la microfinance. Il s’agit certes d’une décélération par rapport à l’année dernière, mais la microfinance reste résiliente grâce à des fondamentaux solides. Opportunités et challenges varient considérablement d’une région à l’autre. Les perspectives sont meilleures pour les marchés d’Asie-Pacifique et d’Afrique subsaharienne, qui s’attendent à une croissance supérieure à la moyenne en 2016. 4% de croissance du PIB, en moyenne, sont attendus en 2016 par le Fonds monétaire international pour les quinze principaux marchés de la microfinance. Alors qu’à 2,2 %, le rythme de croissance du PIB des pays développés n’atteindra que la moitié sur cette période. 36 experts 40 % ont été interviewés. Ce sont des praticiens du monde entier, tels que des décisionnaires dans des IMF, des agences de notation ainsi que des investisseurs et des conseillers. Microfinance Market Outlook 2016 est basé sur la consolidation de leurs opinions. des experts sont d’avis que le contexte de réglementation et de surveillance de leur marché « s’améliore nettement ». Une réglementation saine et prudente est un catalyseur du développement du secteur financier. 50 % des experts interrogés ont déclaré que les véhicules de placement internationaux resteront parmi les principales sources de financement de la microfinance pour les trois prochaines années au moins. 3 71 % des experts considèrent que la technologie est très importante pour le secteur de la microfinance. TENDANCES DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA CROISSANCE DANS LES PRINCIPAUX MARCHÉS DE LA MICROFINANCE EN 2016 0–10 % Asie centrale et Caucase 5–10 % Amérique latine Env. 10 % Europe de l’Est ø Monde 10–15 % 10–15 % Moyen-Orient et Afrique du Nord 15–20 % Afrique subsaharienne Autour de 30 % Asie-Pacifique 4 SOMMAIRE Perspective 7 Microfinance, comment elle fonctionne 8 Introduction et méthodologie 11 Les marchés de la microfinance 12 Résultats globaux de l'étude 18 Tendances du développement et de la croissance dans les principaux marchés de la microfinance, en 2016 20 Investissements dans la microfinance : de quoi demain sera-t-il fait ? 27 Le secteur financier de l’Inde : un grand pas vers l’inclusion financière 28 Le portefeuille modèle de responsAbility 33 Les experts de responsAbility 38 5 ACCESS (ACCÈS) 700 MIOS Le nombre d’adultes qui, selon une étude de la Banque mondiale, ont gagné, ces trois dernières années, accès au secteur financier conventionnel. C’est la différence entre le nombre de détenteurs d’un compte d’épargne en 2011 et en 2014. La grande majorité d’entre eux habitent dans un pays en développement1. 31,8 MIOS Le nombre d’emprunteurs qui sont servis par les 100 institutions de microfinance (IMF) figurant dans le portefeuille modèle de responsAbility. e financ Micro « Les besoins des clients évoluent rapidement et, avec eux, les services que les IMF doivent offrir. Outre un accès au crédit, ces clients souhaitent pouvoir placer des dépôts, obtenir une assurance ou louer des locaux. » p. 19 *MICROFINANCE = 1 Banque mondiale (2015): The Global Findex Database 6 La microfinance offre des services financiers à des gens qui n’ont pas, ou insuffisamment, accès au secteur financier. Ceux-ci obtiennent des crédits pour démarrer ou développer une activité commerciale et la possibilité de déposer leur épargne. PERSPECTIVE Bienvenue à la sixième édition de Microfinance Market Outlook, qui marque le sixième chapitre de l’histoire de notre réussite. Quand les spécialistes de la recherche de responsAbility se sont attelés, en 2010, à rechercher des données fiables sur le secteur de la microfinance à l’échelle mondiale, ils sont tombés sur un os. En effet, il y avait partout des institutions de microfinance dont certaines opéraient avec succès et d’autres, moins. Mais il n’y avait aucune étude sur la performance du marché au niveau global. Microfinance Market Outlook est né de cette lacune. Depuis 2010, il éclaire l’évolution mondiale du secteur et présente ses prévisions pour les douze à quatorze mois à venir. Pour ce faire, il invite un grand nombre d’experts des principaux marchés à s’exprimer et combine leurs estimations avec des chiffres macroéconomiques et avec les innombrables données que nous récoltons par nos activités. La grande précision de nos prévisions témoigne de la solidité des travaux de nos spécialistes. A quel titre responsAbility réalise-t-il cette publication de référence ? Douze ans d’expériences acquises grâce au succès des investissements1, près de 3 milliards USD d’actifs sous gestion, dont 1,8 milliard investis dans 349 établissements financiers de 77 pays, font indubitablement de responsAbility le leader du marché des placements du secteur privé dans la microfinance2.Grâce à des bureaux répartis sur quatre continents, nous pouvons nous appuyer sur un vaste réseau international. Cette organisation, conjuguée à une collecte de données exhaustive, permet à nos spécialistes de cristalliser quantité d’informations sur les développements à l’échelle mondiale et locale puis d’en tirer un rapport. je rencontre lors de nombreuses manifestations et entretiens en tête à tête démontre l’utilité de cette publication. Ce n’est donc pas un hasard si Microfinance Market Outlook a gagné la deuxième place des publications les plus lues du domaine de la microfinance3 et si sa lecture est devenue indispensable à ses acteurs, aux investisseurs et aux spécialistes. On estime à 10 milliards USD le montant des investissements dans la microfinance réalisés uniquement par le secteur privé4. responsAbility enregistre, depuis des années, des taux de croissance à deux chiffres sur les actifs investis, dont une part grandissante provient du segment très exigeant des investisseurs institutionnels. Ceux-ci sont bien sûr intéressés à voir ce marché se développer encore. Enfin, Microfinance Market Outlook donne aux IMF du monde entier l’occasion de comparer leur propre évolution à celle du marché mondial dans son ensemble. Ce qui incite nombre d’entre elles à ralentir une croissance par trop agressive en faveur d’une expansion plus équilibrée. A son tour, cette prise de conscience s’oppose notamment au surendettement des emprunteurs. Cette sixième édition de Microfinance Market Outlook présente quelques nouveautés. Cette étude est en effet complétée par une évaluation du marché établie par Rochus Mommartz, membre de notre Direction et certainement l’un des spécialistes les plus écoutés du domaine de la microfinance et de l’évolution du secteur financier. En outre, un graphique donne une vue d’ensemble du secteur en décrivant ses différents acteurs. Je vous souhaite bonne lecture. Nous estimons que notre position de force sur le marché implique aussi une responsabilité. Nous souhaitons en effet contribuer à l’essor de la microfinance, en lui apportant nos connaissances et notre savoir-faire. Le grand intérêt manifesté par les acteurs du marché, et aussi par les journalistes, que KLAUS TISCHHAUSER Cofondateur et Directeur général [email protected] Tous les investissements sont effectués par le biais de véhicules de placement gérés par responsAbility Symbiotics, 2015 Microfinance Investment Vehicles Survey. Market Data & Peer Group Analysis, septembre 2015 3 Comparaisons : microfinancegateway.org / library / top-10-most-popular-publications-2014 4 Symbiotics, 2015 Microfinance Investment Vehicles Survey. Market Data & Peer Group Analysis, septembre 2015 1 2 7 MICROFINANCE, COMMENT ELLE FONCTIONNE 2 4, 6, 7 Capitaux 1 Investisseurs Capitaux 5 Investissements en microfinance dans le monde entier Véhicules de placement en microfinance Financement d’institutions de microfinance Inv les esti b a t ssements ren Capitaux 3 et intérêts 1. Mix d’investisseurs Les actifs gérés par responsAbility proviennent à hauteur de 42 % d’investisseurs institutionnels, de 40 % de particuliers et de 18 % d’investisseurs publics. 2. Investissements en microfinance dans le monde Dans le monde entier, les investissements privés se sont élevés à 10 milliards USD en 2014, dont 1,8 milliard USD ou 17 % sont redevables à des véhicules de placement de responsAbility. 3. Performance Les fonds de microfinance gérés par responsAbility ont atteint, en 2014, un rendement, exprimé en dollars, situé entre 2,9 % et 4,5 %. Depuis leur lancement en 2003, le rendement cumulé des plus grands fonds en microfinance s’élève à 50 %. 4. Les plus gros marchés de la microfinance du monde Inde, Cambodge, Kenya, Bolivie, Azerbaïdjan, Ghana, Mongolie, Paraguay, Costa Rica, Tadjikistan, Arménie, Pérou, Kirghizstan, Géorgie, Équateur. * 2014 8 Symbiotics MIV Survey Capitaux et intérêts 5. Classes d’actifs L’univers de placement de la microfinance comprend des véhicules de placement à taux fixes, mixtes et en capital. 6. Financement des institutions de microfinance par responsAbility en 2014 : 1,8 mrd USD, 77 pays, 349 institutions. Financement en USD, en EUR et en 36 monnaies locales 7. Marché de la microfinance éligible à l’investissement Les quelque 10 000 IMF du monde entier comptent des entreprises à différents stades de maturité, allant d’organisations non gouvernementales à des banques dotées d’une licence complète. Sur ce nombre, seules 500 institutions satisfont à nos critères de qualité et sont éligibles à l’investissement par responsAbility 8. Possibilités de développement pour les institutions de microfinance La plupart des IMF ne cessent de mûrir et de se développer. Elles croissent en pénétrant dans de nouvelles régions, en offrant des services supplémentaires à leurs clients, comme de l’épargne, et / ou en étendant leur base de clientèle aux PME. Dans la microfinance, capitaux et intérêts circulent dans trois circuits différents. Pour servir leurs clients, les IMF ont besoin de financement. Elles l’obtiennent de véhicules d’investissement en microfinance, dont les gérants mobilisent des capitaux privés pour les placer dans ce secteur. Ils forment ainsi le lien entre investisseurs et IMF. Avec une part de marché de 17 % des investissements mondiaux en microfinance, les véhicules d’investissement gérés par responsAbility coopèrent avec 349 IMF soigneusement sélectionnées. 11, 12 Capitaux 8, 9, 10 14, 15 Institutions de microfinance Services de la microfinance, microcrédits, produits d’épargne, etc. Clients de la microfinance Dé é ve rit lop é sp per pour plus de pro Capitaux 13 et intérêts 9. Qualité du portefeuille responsAbility opère de manière hautement professionnelle et détient un portefeuille de très grande qualité, comme le montrent des abandons de créance inférieurs à 2 % par an. 10. Accès essentiel au financement Le financement par la dette et en capital est à la base de l’exploitation, de l’expansion du portefeuille et de la croissance des IMF, car il leur permet de servir plus de clients de manière plus efficiente. 11. Les services de la microfinance dans les marchés Les institutions de microfinance financées directement par responsAbility servent 32,4 millions d’emprunteurs, 32,4 millions de comptes d’épargne, 49 % de clients en zone rurale et 77 % de femmes. 12. Conditions-cadres réglementaires La réussite durable de la microfinance nécessite une législation adéquate, une autorité de surveillance efficace et l’utilisation systématique de centres d’information sur les crédits par tous les acteurs du marché. 13. Taux d’intérêt appliqués aux microcrédits Les emprunteurs de microcrédits paient en moyenne un taux d’intérêt de 29 %. Celui-ci est déterminé essentiellement par les coûts d’exploitation élevés des IMF (17 %). Plus ces coûts diminuent, plus l’institution est efficiente. Comparés à d’autres formes de financement, comme les usuriers (120 % et plus), les taux de la microfinance sont très raisonnables. 14. Eviter le surendettement Octroyer le crédit de manière professionnelle et responsable, en s’appuyant sur des informations sur l’emprunteur. 15. La microfinance = développement du secteur financier Les institutions de microfinance touchent aussi des couches de la population qui n’ont pas accès à des services bancaires. En mettant à leur disposition une infrastructure de base importante, elles contribuent au développement du secteur financier local. 9 GROWTH (CROISSANCE) 10–15 % Taux de croissance annuel moyen du marché mondial de la microfinance selon les experts interrogés par responsAbility. ASIE-PACIFIQUE devrait rester le marché de la microfinance affichant la croissance la plus forte, éstimée autour de 30 % en 2016. « Au point de vue structurel, le potentiel de croissance de la plupart des marchés de la microfinance est considérable, tant l’exclusion financière demeure importante. Même si l’inclusion a progressé rapidement ces dernières années, il existe encore un vaste fossé entre les pays développés et ceux en développement. » p. 18 * LES CLIENTS DE LA MICROFINANCE = Personnes et entreprises qui ont un revenu régulier, provenant souvent d’une activité indépendante (petits agriculteurs, petits commerçants ou artisans), mais qui ne peuvent pas fournir les garanties usuelles pour obtenir un crédit bancaire. 10 ÉPINE DORSALE DE LA PUBLICATION INTRODUCTION ET MÉTHODOLOGIE Microfinance Market Outlook 2016 de responsAbility vise à donner une vue d’ensemble concise et en profondeur des développements attendus dans ce secteur au cours de l’année prochaine. On estime qu’il existe quelque 10 000 institutions de microfinance (IMF) dans le monde. Toutefois, environ 500 d’entre elles seulement répondent aux critères de responsAbility en termes de durabilité de leur modèle d’affaires, de rigueur de leurs analyses et de leur impact global sur le développement. C’est au sujet de ces 500 IMF que cette publication entend tirer des conclusions valables. Un indicateur important est la croissance de ce secteur, c.-à-d. globalement le progrès et l’expansion de l’inclusion financière dans le monde entier. Cependant, intégrer uniquement des chiffres de la croissance donne souvent une idée incomplète, voire erronée de l’évolution. Par conséquent, il faut inclure d’autres paramètres, tels que la qualité du portefeuille des IMF, la santé globale du contexte réglementaire, les tendances de la technologie, les nouvelles frontières du secteur et l’impact de l’environnement politique et macroéconomique. L’étude est divisée en trois parties principales qui se complètent pour former une image exhaustive, sur les plans qualitatif et quantitatif, du marché de la microfinance en 2016. PRÉVISIONS MACROÉCONOMIQUES (PAGES 12–15) INTERVIEWS QUALITATIVES (PAGES 16–31) EXTRAPOLATION QUANTITATIVE (PAGES 32–35) Les prévisions quantitatives de la croissance économique sont publiées, chaque année en octobre, par le Fonds monétaire international (FMI), servant de fondation à l’évaluation. Le marché de la microfinance est encore relativement protégé des fluctuations de l’économie dans son ensemble, pourtant certains modes de croissance peuvent être considérés comme des manifestations de changements de la demande de crédit par les clients et d’autres dynamiques du marché. Grâce à notre vaste réseau d’experts en microfinance, nous avons pu conduire 36 entretiens avec des praticiens du monde entier, tels que des décisionnaires d’IMF et d’agences de notation ainsi que des investisseurs et des conseillers. Le guide de l’interview comprenait 28 questions sur huit sujets (comme la croissance du marché, l’environnement réglementaire, etc.). Pour détecter les tendances du marché, responsAbility peut s’appuyer sur les données fournies régulièrement par 349 IMF. A partir de ces dernières, nous avons constitué un sous-groupe de 100 IMF, que nous considérons comme un « portefeuille modèle », globalement représentatif du marché. En nous basant sur ce marqueur du marché de la microfinance ainsi que sur les données collectées lors des interviews, nous pouvons estimer le développement des indicateurs clés, tels que la croissance , la qualité du portefeuille et la profitabilité pour 2016. 11 LES MARCHÉS DE LA MICROFINANCE DEMEURENT RÉSILIENTS ET ROBUSTES Plusieurs nouvelles déstabilisantes ont fait la une des médias cette année. Les turbulences de la Bourse chinoise et la correction des prix des matières premières ne sont que deux de ces nouvelles qui ont conduit les investisseurs à se retirer des marchés en développement. Ces événements sont certes importants, mais ils sont loin de refléter la réalité tout entière. C’est ainsi que les mouvements des marchés des actions et des obligations tendent à n’avoir qu’un impact limité sur l’économie réelle d’un pays. Car à tout exportateur de matières de base qui essuie des pertes de revenus causées par la baisse des prix de l’énergie répond un importateur qui en bénéficie. Cette approche nuancée souligne une grande divergence. En effet, tandis que les économies avancées ne vont connaître qu’une faible croissance dans un proche avenir, celles qui possèdent les principaux marchés de la microfinance enregistreront une robuste progression de leur PIB cette année et la suivante. Le taux de cette progression sera plus du double de celui prévu pour le monde développé (figure 1). De surcroît, les économies en développement dont les perspectives économiques sont les plus mauvaises – Venezuela, Brésil et Russie – n’ont pas de marché important de microfinance. Cela dit, le ralentissement de l'économie de ces pays peut se répercuter dans les pays voisins qui ont eux-mêmes un secteur de microfinance important, comme dans le cas de la Russie. Pour que ces différentes tendances fassent sens, cette section traite des fondamentaux macroéconomiques des marchés de la microfinance dans lesquels responsAbility est le plus actif. « Tandis que les économies avancées ne vont connaître qu’une faible croissance dans un proche avenir, celles qui possèdent les principaux marchés de la microfinance enregistreront une robuste progression de leur PIB cette année et la suivante. » 12 Figure 1 : Croissance du PIB réel à long terme Les taux de croissance du PIB des économies avancées et de celles qui abritent les marchés de la microfinance les plus importants continueront de diverger. 10 8 6 Variation en % 4 2 0 –2 –4 –6 Année 1980 1985 1990 Les 15 principaux pays de la microfinance 1995 2000 2005 2010 2015 2020 Economies avancées Source : FMI, responsAbility Research 13 • Revers de fortune pour les exportateurs de matières premières. Selon qu’un pays est exportateur de matières premières ou non, ses prévisions économiques seront largement différentes en 2016. Alors qu’au cours d’un passé récent, les exportateurs nets de matières de base enregistraient constamment des taux de croissance plus élevés que les importateurs nets, cette tendance devrait s’inverser. En effet, les prix du pétrole sont à leur plus bas et ne devraient pas remonter avant longtemps, tandis que les prix des métaux et des minerais resteront au plancher tant que l’économie chinoise ralentira et se réorientera. La fin du super cycle des matières de base entraînera des ajustements structurels et une baisse de la croissance dans plusieurs pays – dont certains comprennent pourtant un marché important de la microfinance – mais par ailleurs, ceux qui sont fortement tributaires des importations pour alimenter leur croissance en profiteront. La section « Tendances divergentes » explore plus en détails la manière dont cette dynamique pourrait affecter le secteur de la microfinance. « Sur fond d’atonie de la croissance et d’affaiblissement des taux de change, il est important de souligner que les marchés en développement n’ont jamais été aussi bien préparés qu’aujourd’hui à affronter la crise de l’économie mondiale. » 14 • La Russie en est une bonne illustration. Déjà sous pression auparavant, l’économie russe a vu ses déséquilibres s’accentuer par la chute des prix du pétrole qui l’a enfoncée dans la crise. Son économie aux abois devrait se contracter de près de 4 % en 2016 pour stagner ensuite. Pour le marché de la microfinance, la Russie n’est pas importante, pourtant l’effondrement de son économie aura des répercussions sur les marchés de la microfinance du Caucase et de l’Asie centrale. Les taux de change des devises de la région contre le dollar se sont nettement affaiblis. La baisse des exportations ainsi que des transferts de paiement provenant des migrants travaillant en Russie se traduira par un ralentissement de la croissance. On s’attend à une amélioration des conditions en 2016, quand la Russie affichera une reprise modeste, contribuant à stabiliser les monnaies locales. • Il n’empêche que, de manière générale, les fondamentaux des marchés en développement sont robustes. Sur fond d’atonie de la croissance et d’affaiblissement des taux de change, il est important de souligner que ces marchés n’ont jamais été aussi bien préparés qu’aujourd’hui à affronter la crise de l’économie mondiale. Au cours des décennies écoulées, ces pays ont renforcé leur bilan, mis en place des régimes de taux de change flottants et augmenté leurs réserves de devises étrangères. Ils sont de surcroît bien moins endettés que les pays développés et leur dette est de plus en plus libellée en monnaie locale, ce qui est vital en période de grande volatilité. • Cette évolution contribuera à atténuer l’impact des crises extérieures. Dopées par de tels fondamentaux, les économies en développement devraient continuer de croître, à des taux cependant inférieurs à ceux des années précédentes. Le taux de croissance moyen2 du PIB des quinze marchés principaux de la microfinance se situera à 3,5 % en 2015 et à 4 % en 2016 (figure 2)3. Ces chiffres masquent toutefois de grandes disparités. Importateur net de pétrole, l’Inde bénéficiera en effet de la baisse des prix du pétrole, boostant la demande intérieure et poussant les taux de croissance à respectivement 7,3 % et 7,5 %. A l’autre bout, l’Équateur, exportateur net de pétrole, subira une contraction modérée. • Les taux de croissance de ces pays dépasseront toujours plus ceux des économies développées, qui devraient croître en moyenne de 2,0 % en 2015 et de 2,2 % en 2016. A moyen et à long terme, la différence entre les pays en développement et les nations développées se creusera toujours plus. Le FMI prévoit qu’en 2020, la croissance du PIB des pays développés s’inscrira à 1,9 %, soit moins de la moitié du taux de 5,0 % prédit aux économies dont les marchés de la microfinance sont les plus importants. Figure 2 : Prévisions de croissance du PIB réel des quinze marchés principaux de la microfinance1 2015 2016 Inde 7,3 % 7,5 % Cambodge 7,0 % 7,2 % Kenya 6,5 % 6,8 % Bolivie* 4,1 % 3,5 % Azerbaïdjan* 4,0 % 2,5 % Ghana* 3,5 % 5,7 % Mongolie* 3,5 % 3,6 % Paraguay 3,0 % 3,8 % Costa Rica 3,0 % 4,0 % Tadjikistan 3,0 % 3,4 % Arménie 2,5 % 2,2 % Pérou* 2,4 % 3,3 % République kirghize* 2,0 % 3,6 % Géorgie 2,0 % 3,0 % Équateur* –0,6 % 0,1 % Moyenne 3,5 % 4,0 % * Exportateurs de matières premières Source : FMI, responsAbility Research FMI (octobre 2015) : Perspectives économiques mondiales 2 L’utilisation de simples moyennes aux fins d’agrégation des données s’écarte de la méthodologie appliquée par le FMI. En effet, celui-ci pondère les chiffres de la croissance d’un pays en fonction du pouvoir d’achat absolu de ce pays, corrigé du PIB. Nous avons décidé de recourir à une autre méthode, car le résultat aurait été trop influencé par l’Inde (ensemble, les 14 autres marchés ne représentent que 20 % du PIB de l’Inde, à la parité du pouvoir d’achat). En appliquant la méthodologie du FMI, le taux de croissance moyen des 15 marchés principaux de la microfinance s’inscrirait à 6,6 % en 2015 et à 6,9 % en 2016. 3 FMI (octobre 2015) : Perspectives économiques mondiales 1 15 MICROFINANCE ET CYCLES ÉCONOMIQUES SONT-ILS LIÉS ? De précédentes éditions de Microfinance Market Outlook soutenaient que les soubresauts financiers mondiaux, tels que l’effondrement des marchés boursiers ou le resserrement de la politique monétaire des EtatsUnis, n’avaient qu’un impact limité sur les clients de la microfinance, dès lors que ceux-ci sont plus affectés par les fluctuations de l’économie « réelle » de leur pays. Cependant, certains événements se produisant à l’échelle mondiale ou régionale, comme la chute des prix des matières premières ou la récente crise en Russie, ont souvent un effet direct sur les clients de la microfinance. De fait, plus de 90 % des 36 experts interrogés pour cette étude trouvent que la corrélation entre l’environnement macroéconomique d’un pays et son marché de la microfinance est pour le moins « modérée ». Figure 3 : Corrélation entre l’environnement macroéconomique et la microfinance Corrélation forte 45 % Corrélation modérée 45 % Corrélation faible 10 % Source : experts interrogés, responsAbility Research POURQUOI CES DIVERGENCES ? Tout se résume à la nature de la crise et à ses conséquences. Par exemple, un événement extérieur qui altère la valeur de la monnaie d’un pays par rapport au dollar ou qui freine la demande de biens et services intérieurs est susceptible d’affecter les clients de la microfinance. En revanche, tel n’est pas le cas d’un événement n’ayant qu’un impact limité sur l’économie réelle, comme une augmentation de la volatilité sur des marchés financiers matures. Les effets de la dépréciation d’une monnaie illustrent le premier exemple. L’affaiblissement d’une monnaie contre le dollar entraîne une hausse du coût de la vie de tous les emprunteurs du pays. Ceux-ci réduisent alors leur consomma- 16 tion de biens et services, y compris ceux offerts par de micro-entrepreneurs. De surcroît, les clients dont les crédits sont libellés en monnaie étrangère subissent des effets particulièrement pernicieux, car une monnaie plus faible se traduit par des frais de remboursements plus élevés. Ce qui diminue encore plus les revenus de l’emprunteur et restreint sa demande de prêts supplémentaires. Autre exemple, la crise économique et politique qui frappe la Russie. Celle-ci emploie un grand nombre de migrants provenant des pays voisins qui envoient régulièrement une partie de leurs revenus à la maison. Ces transferts constituent une source importante de liquidités pour les micro-entrepreneurs du pays d’origine. Cependant, nombreux sont les migrants qui ont perdu leur emploi à cause de cette crise. De plus, l’argent envoyé au pays a moins de valeur en raison de l’effondrement du rouble. Il s’ensuit, que bien que ce marasme se produise en Russie, il provoque la chute des revenus réels des micro-entrepreneurs de plusieurs économies limitrophes. QUELLES CONSÉQUENCES POUR LES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE ? Scène de rue à Nairobi : les importateurs nets de matières Les IMF des marchés exposés à ces aléas pourraient être impactées de mille façons. Tout d’abord, elles pourraient subir une diminution de la demande de crédits résultant de l’ajustement des micro-entreprises à leur nouvel environnement, par exemple en repoussant des plans d’expansion. Ensuite, leur profitabilité pourrait souffrir de l’augmentation de prêts non productifs ou de leurs coûts par rapport aux revenus. Enfin, ces IMF pourraient devoir absorber une hausse des coûts de financement, en particulier si les prêts qui leur sont consentis sont libellés en monnaie étrangère et doivent être couverts par rapport à la monnaie locale. Certes, ces défis sont importants, pourtant les IMF sont bien armées pour absorber leur impact et continuer d’opérer durablement. Leurs modèles d’affaires légers leur permettent de détecter les problèmes dès le début ; leurs procédures rigoureuses d’évaluation des risques contribuent à s’assurer que les emprunteurs les plus susceptibles d’avoir des difficultés ne figurent pas dans leurs livres ; et leur base diversifiée de clients et d’investisseurs atténue la concentration des risques. Par conséquent, même si les marchés de la microfinance sont touchés par certains incidents d’envergure mondiale ou régionale, responsAbility est convaincu que les facteurs d’atténuation l’emportent largement sur les risques. L’INVERSE FONCTIONNE ÉGALEMENT ! Il va sans dire que les marchés de la microfinance peuvent aussi bénéficier de développements extérieurs. C’est ainsi que la reprise économique aux EtatsUnis et la forte appréciation du dollar ont boosté la demande sur les marchés du Mexique et d’Amérique centrale et augmenté la valeur (exprimée en monnaie locale) des sommes transférées à la maison. Cette évolution génère des occasions supplémentaires sur le marché pour les micro-entrepreneurs et les institutions qui les servent. Quand des problèmes surgissent dans une région, des opportunités se présentent alors dans une autre. 17 premières comme le Kenya seront moins affectés par les vents contraires. Leurs marchés de la microfinance devraient afficher une robuste croissance (voir p. 18). TENDANCES DIVERGENTES RÉSULTATS GLOBAUX DE L’ÉTUDE Microfinance Market Outlook ne se contente pas seulement de prévoir le potentiel de croissance des marchés de la microfinance, mais encore cherche à découvrir les moteurs et les tendances sous-jacents. Pour obtenir un état des lieux précis et complet, responsAbility a interrogé 36 experts, leaders de leur domaine, répartis dans les principales régions de la microfinance. Le marché mondial de la microfinance devrait croître de 10 % à 15 % en 2016. Ce taux de progression témoigne de la résilience des marchés de la microfinance, pourtant son rythme a ralenti par rapport à celui qui a été observé dans les années précédentes. Il est en outre difficile de qualifier le marché mondial en une seule phrase, tant les défis et les opportunités varient entre les régions. Par exemple, alors que dans le passé, les marchés d’Amérique centrale et d’Asie centrale ont stimulé la croissance de ce secteur, ils devraient ralentir cette année. En revanche, les perspectives sont meilleures pour les marchés d’Asie-Pacifique et de l’Afrique subsaharienne, qui devraient enregistrer, en 2016, des taux de croissance supérieurs à la moyenne. Cette décélération générale est due en partie à une série d’événements macroéconomiques épineux qui, bien que transitoires, se sont propagés à l’économie réelle. Dans certains pays, ils ont provoqué une baisse de la monnaie locale et des transferts de fonds, laquelle a à son tour affaibli la demande de fonds des emprunteurs locaux et leur capacité de remboursement. En les coupant d’une importante source de revenus supplémentaires, la chute des transferts a été particulièrement dure pour les micro-entrepreneurs. Cependant, du point de vue structurel, le potentiel de croissance de la plupart des marchés de la microfinance est à la mesure d’une exclusion financière toujours très importante. Même si le taux d’inclusion financière a progressé rapidement ces dernières années, il existe encore un large fossé entre les pays en développement et les nations développées. Alors que le crédit privé tourne autour de 40 % du PIB dans les pays possédant un important marché de la microfinance, dans les pays développés, cet indicateur se situe bien au-dessus de 100 %1. Cet écart signifie que le secteur de la microfinance a encore beaucoup de marge de « rattrapage ». Ce qui lui permettra de dépasser, dans un avenir prévisible, les niveaux de croissance affichés par les segments plus matures de l’économie. Pourtant, tous les marchés de microfinance ne sont pas logés à la même enseigne. Dans certains pays, comme le Pérou, les marchés financiers ont progressé à un rythme impressionnant, de sorte que l’accès à des services financiers de base est désormais relativement facile. Les experts interrogés s’attendent à ce que ces marchés de la microfinance enregistrent des taux de croissance plus faibles à l’avenir, cela ne signifie pas pour autant que la demande de services financiers soit maintenant pleinement satisfaite. Cela indique plutôt qu’elle s’est déplacée vers de nouveaux segments plus avancés, tels que le financement de PME ou le leasing, dont les besoins restent inassouvis. Les pages suivantes résument les tendances et dynamiques de croissance clés qui prédominent dans les régions où responsAbility investit. Fondées sur les 36 interviews en profondeur réalisées avec des experts du secteur, celles-là fournissent un aperçu qualitatif des différents marchés, s’agissant de leur potentiel de croissance, de la qualité de leur environnement réglementaire, de leur développement en termes de sources de financement et de tout autre tendance pertinente pour leur avenir. TENDANCES MAJEURES LA TECHNOLOGIE EN POINT DE MIRE Quelle est la valeur du progrès technologique ? Pour la majorité des experts, la réponse est claire : la technologie a le pouvoir de révolutionner la manière dont les marchés de la microfinance opèrent. En permettant à des IMF d’accéder à des micro-entrepreneurs situés dans des zones isolées et de mettre en place des TIC et des outils plus puissants d’évaluation des risques, la technologie offre d’immenses possibilités aux IMF du monde entier. 1 Banque mondiale (2015) : Indicateurs du développement dans le monde 18 « Les progrès de la technologie mobile sont révolutionnaires. A l’avenir, chaque téléphone mobile sera un GAB (guichet automatique de banque). » Eric Savage (Unitus Capital, India) Dans la perspective du développement du marché, des révolutions technologiques, comme l’argent mobile et la banque sans guichets, permettent au secteur de la microfinance de sauter les étapes qu’il aurait dû franchir sans elles (pour en savoir plus sur ce sujet, consulter responsAbility Research Insight2). En outre, les IMF peuvent adapter leurs produits à l’environnement et au cycle des affaires particuliers de chacun de leurs clients. Cela explique pourquoi, quand on leur demande quelle est l’innovation majeure de la microfinance, quatre experts sur cinq citent la « banque sans guichets » et l’« argent mobile ». Il est symptomatique de constater que les experts de toutes les régions ont mentionné cette innovation et pas seulement ceux qui travaillent dans la « Silicon Savannah » d’Afrique orientale. En parlant des marchés matures d’Amérique latine et d’Asie centrale, par exemple, les experts ont déclaré que les avancées technologiques doperont l’efficience des IMF et leur rayon d’action, en leur permettant d’offrir de meilleurs services à moindres coûts. Dans des marchés toujours plus concurrentiels, les améliorations de l’efficience sont cruciales pour gagner des parts de marché. Figure 4 : L’importance de la technologie pour le secteur de la microfinance Après l’argent mobile et la banque sans guichets, les experts ont cité « un élargissement de la gamme des services » comme étant la deuxième des principales tendances du secteur de la microfinance. Les services proposés par les IMF doivent répondre à l’évolution rapide des besoins de leurs clients. Outre l’accès au crédit, ces derniers veulent pouvoir placer des dépôts, obtenir des assurances ou louer des locaux. Grâce aux nouvelles technologies, les IMF pourront concevoir des produits élargissant, de manière efficace et durable, cette gamme de services. Importance limitée 29 % Grande importance 71 % Pas d’importance 0 % Source : experts interrogés, responsAbility Resesarch Figure 5 : Les tendances qui transformeront le marché de la microfinance 80 % 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0% Banques sans guichets/argent mobile Gamme plus large de services Evaluation de la solvabilité Expansion d’IMF conventionnelles Pénétration de banques Source : experts interrogés, responsAbility Resesarch 2 responsAbility (2013) : Révolution du secteur de la microfinance en Afrique orientale (2013). 19 TENDANCES DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA CROISSANCE DANS LES PRINCIPAUX MARCHÉS DE LA MICROFINANCE, EN 2016 Env. 10 % Europe de l’Est 10–15 % Moyen-Orient et Afrique du Nord 5–10 % 15–20 % Amérique latine Afrique subsaharienne Amérique latine | 5–10 % Après des années d’expansion vigoureuse, les marchés sud-américains sont devenus progressivement matures, offrant désormais des occasions de croissance limitées au secteur de la microfinance traditionelle. De surcroît, les ajustements macroéconomiques auxquels les exportateurs de matières premières doivent procéder en raison de la baisse des prix freineront également la progression des crédits. Dans les économies d’Amérique centrale, les tendances sont différentes. La plupart d’entre elles bénéficient en effet de la chute des prix du pétrole, car elles sont importatrices nettes d’énergie, et la reprise de l’économie américaine leur donne un sérieux coup de pouce par le biais d’une hausse du négoce et des transferts de fonds. Toutefois, le phénomène climatique connu sous le nom d’El Niño représente un risque majeur pour la majorité des marchés de la microfinance, à cause de son fort impact sur la production agricole. Dans cette situation, la croissance de l’Amérique latine devrait osciller entre 5 % et 10 %. 20 Afrique subsaharienne | 15–20 % Les marchés subsahariens de la microfinance devraient poursuivre leur croissance, car leur pénétration demeure encore relativement faible. Les marchés d’exportations nettes de matières premières, comme le Ghana et le Nigeria, connaîtront un ralentissement de leur progression, dû en partie à une diminution des exportations et à la volatilité de leur monnaie qui en découle. En revanche, les importateurs nets de matières de base, comme le Kenya et la Tanzanie, seront moins affectés par les difficultés économiques mondiales, permettant ainsi à leurs marchés de la microfinance d’afficher une robuste expansion. L’extension de solutions issues de la technologie contribuera à soutenir le développement de ces marchés dans cette région, en particulier en Afrique de l’Est. Les marchés de la microfinance d’Afrique subsaharienne devraient enregistrer une croissance de 15 % à 20 % en moyenne. Moyen-Orient et Afrique du Nord | 10–15 % Tandis que la guerre civile en Syrie et que les risques sécuritaires grandissants posés par des groupes tels que DAECH provoquent de l’incertitude et de l’instabilité, les marchés les plus exposés du Moyen-Orient, Liban et Jordanie, se sont montrés résilients. Par contre, le marché turque de la microfinance réalisera une croissance molle, en raison d’une série de difficultés politiques et économiques qui auront un impact sur l’économie réelle. Quant à l’Afrique du Nord, le Maroc et l’Egypte devraient être les principaux moteurs de la croissance, grâce à la reprise de leur économie et à l’instauration d’un contexte réglementaire plus favorable. Globalement, la croissance de la région MOAN devrait se situer à un taux de 10 % à 15 %. 0–10 % Asie centrale et Caucase Autour de 30 % Asie Pacifique Europe de l’Est | autour de 10 % Les économies est-européennes qui ne sont pas étroitement liées à la Russie enregistreront leurs taux de croissance les plus élevés depuis la crise financière de 2008. Ils seront en effet stimulés par la baisse des prix des matières premières, par une amélioration du marché du travail et par une hausse de la demande à l’exportation. Cependant, le secteur bancaire continuera de ressentir les effets de la crise financière. Tandis que le marché de la microfinance demeure relativement petit dans la plupart des pays, il devrait croître au taux sain de 10 %. Sauf dans certains pays comme la Moldavie, où la crise russe aura un impact important. Asie centrale et Caucase | 0–10 % En raison de ses liens étroits avec une Russie dont l’économie stagne, cette région devrait afficher des taux de croissance relativement bas pendant la majeure partie de 2016. Les exportateurs de pétrole, comme l’Azerbaïdjan et le Kazakhstan, sont également affectés par le recul des prix des matières de base. Il en résulte une dépréciation des monnaies, un ralentissement de la progression du PIB et une chute des transferts de fonds provenant des émigrants travaillant en Russie, qui touchent le secteur de la microfinance. Dans cette situation, les autorités de réglementation ont commencé à resserrer les règles en imposant des exigences prudentielles ou d’autres restrictions (voir Climat des affaires, p. suivante). Leur impact s’est déjà fait sentir en 2015, mais 2016 promet d’être une année difficile dans cette région. La plupart des IMF sont bien armées pour affronter les difficultés à venir, cependant la croissance devrait ralentir à entre 0 % et 10 %, avec un redémarrage attendu en fin d’année. Asie-Pacifique | autour de 30 % Dans l’Asie-Pacifique, les fondamentaux de la croissance des principaux marchés de la microfinance sont relativement solides. A l’exception de la Mongolie, qui sera profondément affectée par la fin du super cycle des matières premières et par le coup de frein de la Chine. Les marchés de la microfinance de l’Inde et du Cambodge devraient poursuivre leur expansion au rythme actuel. En particulier, l’Inde bénéficiera d’un potentiel de croissance plus élevé et de conditions-cadres réglementaires plus favorables. Certes, la décélération de la Mongolie pèsera d’un léger poids sur les perspectives globales de croissance de cette région, mais l’AsiePacifique devrait progresser à un taux oscillant autour de 30 % en 2016. Croissance mondiale | 10 – 15 % 21 CONDITIONS-CADRES, LA CLÉ ? UNE RÉGLEMENTATION SAINE Outre les progrès technologiques, une réglementation saine et prudente est un moteur clé du développement d’un secteur financier universel. Cette affirmation est illustrée par l’étude de cas sur l’Inde (page 28). En effet, les nouvelles conditions-cadres, améliorées par rapport aux précédentes, permettent aux institutions de microfinance de devenir des banques spécialisées en étendant les services qu’elles peuvent offrir. Pour de nombreux clients, cette palette étendue de produits et services – comprenant des produits d’épargne et des services de paiement en ligne – est sans précédent et n’aurait certainement pas été possible sans un engagement déterminé de l’autorité réglementaire. « En octroyant des licences de petite banque de financement (Small Finance Bank) à huit IMF sur dix, la Banque de réserve de l’Inde (Reserve Bank of India – RBI) a manifesté sa confiance dans la capacité de la microfinance de faire avancer l’inclusion financière. Ce secteur a désormais une grande responsabilité et aussi une belle opportunité. » Mona Kachhwaha (Caspian Impact Investment Advisers, Inde) Figure 6 : Changements des conditions-cadres en général Nette amélioration 42 % Sans changement 36 % Détérioration 22 % Source : experts interrogés, responsAbility Resesarch Même s’il est rare de voir mettre en place des conditionscadres susceptibles de booster le secteur financier, une tendance positive générale apparaît. Plus de 40 % des experts estiment en effet que le contexte réglementaire et de surveillance de leur marché présente une « nette amélioration ». C’est notamment le cas des experts situés en Afrique subsaharienne et en Asie-Pacifique. Ces deux régions sont aussi – et ce n’est sans doute pas une coïncidence – celles qui devraient enregistrer la croissance la plus forte en 2016. Si une réglementation prudente peut apporter de l’ordre et de la transparence dans un marché, une réglementation motivée par des intentions populistes ou malavisées produit souvent l’effet contraire, faussant les incitations et détruisant le climat commercial. Plus de 20 % des experts considèrent que les changements intervenus dans la réglementation ont entravé leurs marchés. L’Asie centrale, et particulièrement l’Azerbaïdjan, ont été cités comme exemples d’interventions règlementaires ayant échoué. 3 Des taux d’intérêt plafonnés sont un exemple classique d’interventions ayant un effet de distorsion. La logique qui les sous-tend est compréhensible. Comme les IMF fournissent des services à des populations à faibles revenus qui sont vulnérables, il est impératif de les protéger en tant que consommateurs. En plafonnant les taux d’intérêt, les autorités ont l’impression d’avoir un moyen rapide et efficace de s’assurer que les micro-entrepreneurs ne soient pas exploités. Or, ce moyen a souvent des effets indésirables qui empêchent une IMF de fournir tout service. Par exemple, un tel plafonnement pourrait obliger une IMF à réduire ou à cesser ses activités, dès lors que la taille des microcrédits ou des charges d’exploitation trop élevées les rendraient non rentables (pour en savoir plus sur ce sujet, consulter responsAbility Research Insight3). responsAbility (2014) : L’efficacité, clé pour l’obtention de taux d’intérêt plus faibles dans la microfinance. 22 FINANCER LES IMF : CHERCHER DES SOURCES DIVERSIFIÉES En termes de mix de financement global des institutions de microfinance, la tendance à privilégier des sources locales de financement va continuer. Les deux éditions précédentes de Microfinance Market Outlook ont souligné le fait que les dépôts des clients et la dette locale ont gagné en importance, les premiers étant particulièrement recherchés. Outre qu’ils permettent à une IMF de diversifier ses sources de financement en monnaie locale, les dépôts représentent un service supplémentaire qu’elle offre à ses clients. La forte demande de solutions d’épargne se reflète dans leur croissance rapide. Ils ont progressé de plus de 20 % ces deux dernières années4 et, selon la majorité des experts, deviendront une source de financement des IMF encore plus importante à l’avenir. Cependant, même si cette évolution intéresse les IMF et leurs clients, la progression de l’épargne est freinée par des exigences prudentielles soumettant les institutions qui acceptent les dépôts à une réglementation plus stricte. De fait, certains pays les interdisent. Pourtant, comme on l’a vu dernièrement en Inde, la reconnaissance du rôle de la microfinance dans la promotion de l’inclusion financière peut catalyser la transformation de ce secteur, et étendre les services que les IMF peuvent fournir. 4 Quand on les interroge pour connaître les motifs qui incitent les IMF à se tourner vers des sources locales de financement, les experts ont cité une « meilleure disponibilité » et un « meilleur prix » comme étant les deux raisons principales. L’accès à ces sources est particulièrement important dans les pays dont la monnaie s’est considérablement affaiblie par rapport au dollar. Dans ces périodes en effet, les fournisseurs de dette locaux ont un avantage certain s’agissant du prix, dès lors qu’ils n’ont pas besoin de couvrir le risque de change. Au T2 / 2015, selon le portefeuille modèle de responsAbility (pour plus de détails, voir la section « Portefeuille modèle de responsAbility »). 23 Figure 7 : Types de financement qui joueront un rôle plus important au cours des trois années à venir 80 % 70 % Sources locales de financement 29 experts ont cité une ou plusieurs sources locales de financement Sources internationales de financement 18 experts ont cité une ou plusieurs sources internationales de financement 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0% Financement locale en dette Dépôts d'épargne Financement locale en capital Source: experts interrogés, responsAbility Research Les sources internationales de financement resteront cependant importantes à l’avenir, car elles offrent aux IMF une expertise spéciale et un moyen de diversifier leurs financements. Même si les sources locales « rattrapent » les internationales, elles ne progressent pas suffisamment vite pour répondre aux besoins grandissants du secteur. Cela explique pourquoi 50 % des experts ont déclaré que les véhicules internationaux d’investissement dans la microfinance demeureront une source majeure de financement pour les trois prochaines années au moins. C’est une bonne nouvelle, car elle signifie que les gérants d’actifs comme responsAbility sont bien positionnés pour continuer à fournir du financement en dette et en capital aux institutions de microfinance du monde entier. . 24 Financement internationale en dette Financement internationale en capital « L’année prochaine, l’efficience sera très importante. Les institutions qui réussiront à réduire intelligemment leurs coûts prospéreront ; les autres auront des difficultés. » Roberto Andrade (Banco Solidario et PUCE, Équateur) LES CINQ PROCHAINES ANNÉES : OÙ ALLONS-NOUS ? Rétrospectivement, la grande majorité des experts avait dit que ces dernières années, le secteur de la microfinance avait trouvé une assise plus solide. En revanche, quand on les a interrogés pour savoir quels seraient les prochains développements majeurs de leurs marchés, les réponses ont été plus variées. Certains ont mentionné la transition vers des marchés matures, comme le Pérou, où il s’agira d’améliorer l’efficience et de réduire les coûts. D’autres se sont focalisés sur les progrès technologiques et leur capacité de dégager des gains de productivité visant l’efficience et d’étendre le rayon d’action des IMF. Les progrès technologiques ont été le plus souvent cités dans les marchés jeunes de l’Afrique subsaharienne ou de l’Asie-Pacifique, où ils représentent le principal moyen de gagner des parts de marché. En outre, les experts de ces régions ont souligné que la transformation des institutions de microfinance en véritables banques figurait en haut de leur liste des priorités. 25 FINANCIAL SECTOR DEVELOPMENT (DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR FINANCIER) 133 institutions de microfinance du portefeuille de responsAbility se sont transformées ces quinze dernières années. Ces transformations leur permettent d’accéder à un niveau supérieur, en offrant une gamme plus vaste de services, comme des dépôts d’épargne. Ce faisant, elles jouent un rôle essentiel dans le développement du secteur financier. 30–40 % « Dans la perspective du développement du marché, des révolutions technologiques, comme l’argent mobile et la banque sans guichets, permettent au secteur de la microfinance de sauter les étapes qu’il aurait dû franchir sans elles. » p. 19 Part du PIB représentée en 2014 par les crédits intérieurs au secteur privé dans les 15 principaux marchés de la microfinance. En 2010, ce ratio était inférieur d’au moins 10 points de pourcentage dans la plupart des pays. Ce qui témoigne de la progression du secteur financier dans les pays de la microfinance au cours des cinq dernières années. *LES MARCHÉS DE LA MICROFINANCE = sont, pour la plupart, des pays en développement et des économies émergentes dans lesquels le secteur financier reste sous-développé. L’Inde, le Cambodge et le Kenya font partie des principaux marchés de la microfinance du monde. 26 INVESTISSEMENTS DANS LA MICROFINANCE : DE QUOI DEMAIN SERA-T-IL FAIT ? La microfinance est devenue, ces dernières années, un thème de placement attrayant. Quel sera l’impact des développements décrits dans cette étude sur les investissements dans la microfinance ? Rochus Mommartz, membre de la Direction de responsAbility répond à cinq questions. Quelle est la portée des prévisions de Microfinance Market Outlook sur les investissements dans la microfinance ? Pour les placements à taux fixes, qui constituent la majeure partie des investissements dans la microfinance, le message est clair : le marché continuera de croître avec toutefois de grandes disparités entre les régions. Quoi qu’il en soit, une croissance de mondiale de 10 % à 15 % signifie que la demande de financement continuera d’augmenter. En va-t-il de même pour les investissements en capital ? Les investissements en capital seront moins influencés par les facteurs macroéconomiques actuels. La question est plutôt de savoir comment la demande de services fournis par les établissements financiers évoluera dans les années à venir. La plupart des marchés de la microfinance n’ont pas encore atteint, tant s’en faut, la même couverture financière que les pays industrialisés (voir p. 20 – 21). Le besoin de rattrapage se maintiendra donc au cours des prochaines années également. « La plupart des marchés de la microfinance n’ont pas encore atteint, tant s’en faut, la même couverture financière que les pays industrialisés. Le marché va donc continuer de croître. » Quelle est l’influence du contexte macroéconomique sur l’évaluation de ces investissements ? Même si les établissements financiers ne sont pas cotés, ils n’échappent pas aux développements du marché. Leur évaluation peut être influencée par la valorisation d'entreprises similaires qui sont cotées ainsi que par une hausse de la volatilité de la monnaie. De manière générale, grâce à leur croissance dans les pays en développement, les institutions de microfinance créent de la valeur à long terme et cette plus-value doit servir à dédommager les investisseurs de manière adéquate pour les risques encourus. Les cycles macroéconomiques courts déterminent plutôt le bon moment pour entrer sur ce marché. Quel est le rôle des investissements en capital dans les marchés de la microfinance arrivés à maturité ? Au stade initial, de nombreuses institutions de microfinance sont généralement détenues par des entités non commerciales, comme les institutions de financement du développe- ment ou les organisations non gouvernementales. Dès que ces institutions deviennent capables de pérenniser leurs activités, leurs actionnaires considèrent souvent avoir accompli leur tâche. Pour pouvoir franchir la prochaine étape de leur développement – fréquemment une transformation en une banque – celles-là ont besoin de nouveaux actionnaires. Or, dans de nombreux pays, le marché des capitaux n’est pas encore à même de proposer des solutions appropriées. Dès lors, des opportunités d’investissement à long terme dans le domaine de la microfinance s’ouvrent au secteur privé, notamment aux investissements en capital. Quelle est l’influence des modifications de la réglementation sur les investissements en capital ? Permettez-moi de vous donner un exemple concret. Les modifications réglementaires annoncées en 2015 en Inde ont d’abord stoppé les investissements. Puis, l’attribution de nouvelles licences bancaires a mis un terme aux incertitudes, et cela va se traduire par une série de changements dans la structure de l’actionnariat des établissements financiers. Dans la pratique, différentes institutions de microfinance vont vouloir se transformer en banques. Ce processus prendra plusieurs années. Pour le financer, elles auront besoin d’investisseurs orientés sur le long terme, qui les accompagneront dans leur développement et participeront également à la plus-value qu’elles dégageront. « Les institutions de microfinance des pays en développement créent de la valeur à long terme et cette plus-value doit servir à dédommager les investisseurs de manière adéquate pour les risques encourus. » ROCHUS MOMMARTZ Membre de la Direction de responsAbility 27 LE SECTEUR FINANCIER INDIEN UN GRAND PAS VERS L’INCLUSION FINANCIÈRE Ces six dernières années, le secteur de la microfinance d’Inde a vécu une période de soubresauts qui s’est terminée par des résultats remarquables. Une croissance prometteuse a été brutalement interrompue en 2010 par l’une des plus grandes crises que la microfinance n’ait jamais connue. Le gouvernement d’Andhra Pradesh, qui compte autant d’habitants que l’Allemagne, a fermé le secteur local de la microfinance, avec des conséquences dramatiques. Non seulement ce secteur s’est complètement arrêté dans tout l’Etat, mais encore cette décision a déclenché une crise identitaire et asséché le financement du secteur entier de la microfinance en Inde. L’histoire de l’Inde souligne l’importance d’une réglementation saine, d’organismes sectoriels efficaces et d’un corps politique à l’esprit ouvert. Un géant s’éveille : la Banque mondiale prévoit une croissance de l’économie indienne de 7,5 % en 2016. 28 Exemple concret de financement : une petite entreprise de taxis. Depuis lors, les autorités réglementaires, les politiciens et les praticiens ont passé la situation en revue pour finalement transformer le secteur financier indien. responsAbility a suivi et résumé ces développements dans une étude dédiée1.Un rapport consacré à ce sujet est également disponible dans chaque édition de Microfinance Market Outlook depuis 2011. Les impressions collectées racontent l’histoire de ce qui est aujourd’hui l’un des principaux marchés de la microfinance du monde, permettant également de retenir un certain nombre de leçons. COMMENT ACCÉDER À 400 MILLIONS D’ADULTES ? responsAbility 2014, Grandeur, déclin et regain de dynamisme du marché indien de la microfinance. 2 Banque mondiale 2015, Global Financial Inclusion Database (FINDEX) 1 De nos jours, l’inclusion financière est devenue une priorité du gouvernement et de la banque centrale (Reserve Bank of India, RBI). En août 2014, Narendra Modi, le Premier ministre indien, a formellement lancé son programme d’inclusion financière, dont l’objectif ambitieux est que chaque Indien puisse détenir un compte en banque. La réaction fut incroyable, 15 millions de comptes ont été ouverts le premier jour dans toute l’Inde. Alors que selon la Banque mondiale, seuls 35 % des Indiens adultes détenaient en 2011 un compte dans un établissement financier, ils étaient déjà 53 % en 20142.Seul bémol, la plupart de ces comptes sont à zéro. Par conséquent, si le soutien politique a clairement sensibilisé la population, il appartient désormais au secteur financier de transformer durablement ce coup de pouce en activant ces comptes dormants. 29 Cette sensibilisation se reflète dans le fait que Bandhan, une institution de microfinance centrée sur la population rurale, a obtenu l’une des deux seules licences bancaires généralistes émises en 2014 par la RBI. Ce fait est d’autant plus remarquable que ces deux licences ont été les premières à avoir été octroyées depuis une décennie. Inaugurée en 2015 après avoir passé avec succès sa période probatoire, Bandhan Bank continue de se consacrer aux micro, petites et moyennes entreprises (MPME) et est désormais aussi autorisée à proposer des solutions d’épargne à ses clients. >> Une nouvelle ère s’ouvre sur le sous-continent : des couches toujours plus larges de la population Toute activité commerciale, quelle qu’elle soit, cherchent à accéder à des services financiers. a besoin de financement. BANDHAN OUVRE LA MARCHE le feu des projecteurs, car huit des dix nouvelles petites banques sont des IMF. EN TÊTE La microfinance joue un rôle essentiel dans ce changement. Il semble que la Banque centrale de l’Inde ait enfin reconnu l’importance de ce secteur pour l’inclusion financière. Heureusement que le cas de Bandhan n’est pas resté isolé, dans l’aspiration de la RBI à étendre encore les services financiers à de vastes couches de la population. En automne 2015, la Banque centrale de l’Inde a accordé des licences bancaires spécifiques à onze établissements de paiement et à dix petites banques de financement (voir encadré). Une fois de plus, le secteur de la microfinance s’est retrouvé sous Reserve Bank of India 2015, Rapport du Committee on Comprehensive Financial Services for Small Businesses and Low Income Households 4 Banque mondiale 2015, Global Financial Inclusion Database (FINDEX) 3 En même temps, la RBI a reconnu qu’il n’y avait pas de solution de « taille unique » pour fournir des services financiers dans un pays aussi vaste et fédéraliste que l’Inde3. Au contraire, il faut recourir à une série complète de différents prestataires de services financiers pour réaliser les objectifs prévus d’inclusion financière. A cet égard, les institutions privées peuvent offrir une solution alternative attrayante à un secteur bancaire essentiellement en main des pouvoirs publics. La RBI a appris sa leçon et émis de nouvelles licences bancaires généralistes. Elle a également créé de nouveaux types de licence dans l’unique but de répondre aux besoins de plus de 400 millions d’adultes qui ne détiennent pas encore de compte en banque4. DÉFINITION DE « SMALL FINANCE BANK » Les institutions de microfinance ayant obtenu une licence dite « small finance bank » (petite banque de financement) peuvent offrir des services bancaires de base, telles que les prêts et la collecte de dépôts. Le but de ces banques est de fournir un meilleur service à des régions et populations qui ne disposent pas d’un bon accès au système financier. Ces banques se concentrent donc sur des zones rurales et / ou sur des micro ou petites entreprises ou sur des petits agriculteurs. De plus la RBI a accordé des licences de principe à onze banques de paiement pour faciliter l’accès à l’épargne ou certaines transactions (tels que les transferts de fonds provenant des migrants). Afin que ces licences deviennent définitives, les institutions sélectionnées ont dix-huit mois pour transformer leurs opérations. 30 En 2014, 53 % d’Indiens adultes détenaient un compte en banque. Pourtant, nombreux sont ceux qui ne les ont jamais DIX-HUIT MOIS POUR LANCER LE PROCESSUS La RBI a ainsi posé les bases de la transformation du secteur de la microfinance et du secteur financier tout entier pour réaliser des objectifs politiques ambitieux. Cependant, le travail est loin d’être achevé. En effet, les bénéficiaires de ces licences de principe ont maintenant dix-huit mois pour prouver leur capacité à respecter les exigences accrues inhérentes aux opérations bancaires. Ils doivent en outre professionnaliser leurs procédures, mettre sur pied une unité de collecte des dépôts et adapter leurs techniques de souscription en passant de simples prêts groupés à des solutions de crédit individuelles. Il est à prévoir que tout le secteur devra répondre simultanément à une forte demande des consommateurs finals. Alors qu’il est en pleine transformation, ce secteur devra la traiter de manière durable. Par conséquent, l’histoire de la microfinance en Inde n’est pas terminée, ni délivrée des défis et incertitudes qui jalonneront l’avenir. Mais, longtemps attendu, le soutien politique et réglementaire a mis toutes les cartes en main du secteur, à lui de jouer. 31 utilisés. QUALITY (QUALITÉ) 18 % Telle est la hausse en deux ans des dépôts d’épargne gérés par les 100 institutions financières du portefeuille modèle de responsAbility. L’épargne déposée auprès d’établissements financiers bien réglementés constitue un complément important au microcrédit et une source intéressante de financement. « Outre les progrès technologiques, une réglementation saine et prudente est un moteur clé du développement d’un secteur financier universel. » p. 22 86 % des experts interrogés observent que les agences d’évaluation du crédit ont un rayon d’action étendu ou en forte expansion dans leurs marchés de la microfinance. Une réglementation efficace et des organisations spécifiques au secteur comme les agences d’évaluation du crédit sont garantes de la qualité des institutions de microfinance. SERVICE *INSTITUTIONS DE MICROFINANCE PROFESSIONNELLES = Environ 500 sur les 10 000 institutions de microfinance du monde appliquent les procédures nécessaires pour opérer de manière professionnelle et économique. Seules celles-là sont éligibles à l’investissement privé. 32 LE PORTEFEUILLE MODÈLE DE RESPONSABILITY QUANTIFIER LES RÉSULTATS Les interviews des 36 experts, leaders du secteur de la microfinance, résumées sous « Tendances divergentes » (p. 18) sont au cœur de l’évaluation qualitative de ce secteur par responsAbility. Leurs connaissances, acquises par des années d’immersion dans la microfinance, fournissent un « instantané » global de sa situation actuelle et des prévisions fiables de son évolution future. Conformément aux avis des experts, la croissance du portefeuille ralentit. En phase avec l’évaluation qualitative générale, la croissance des prêts dans le portefeuille modèle de responsAbility a ralenti au premier semestre 2015, s’inscrivant, au deuxième trimestre 2015, à un taux de 12 % (par rapport à la même période en 2014, figure 8). Une légère dégradation de la qualité du portefeuille – décrite plus loin – a aussi contribué à ce ralentissement, dans la mesure où les IMF ont adopté des stratégies de prêts plus conservatrices. Selon les experts, le second semestre connaîtra une faible accélération, puis poursuivra une ascension en légère pente en 2016. Etant donné que ces taux se fondent sur des chiffres exprimés en dollar, ils masquent les fortes dépréciations des monnaies essuyées en 2015 et susceptibles de continuer en 2016. Par conséquent, les taux de croissance en dollar sont nettement inférieurs à leurs équivalents en monnaies locales. La modeste reprise de la progression du portefeuille des crédits sera soutenue par une croissance supérieure à la moyenne en Asie-Pacifique et en Afrique subsaharienne ainsi que par des perspectives s’améliorant progressivement en Russie. Cette section met en relation l’évaluation qualitative avec une série d’indicateurs quantitatifs qui la complètent. La base de l’analyse quantitative réalisée par responsAbility est un portefeuille modèle de cent institutions clés (immuables) censées représenter l’univers de la microfinance éligible à l'investissement. La valeur globale du portefeuille de crédit combiné géré par ces IMF, considérées comme des prestataires essentiels de leurs marchés respectifs, s’élève à 43,1 milliards USD. Cette analyse est présentée ci-après. Figure 8 : Portefeuille de prêts bruts du portefeuille modèle de responsAbility 25 60 000 50 000 20 40 000 15 30 000 10 20 000 5 10 000 0 0 Q4 12 Q1 13 Q2 13 Q3 13 Q4 13 Q1 14 Q2 14 Croissance comparée à l’année précédente (axe de g.) Q3 14 Q4 14 Q1 15 Q2 15 Q3 15 Q4 15 Q1 16 Q2 16 Q3 16 Q4 16 Croissance du portefeuille de prêts bruts, en millions USD (axe de dr.) Source : responsAbility Research 33 La qualité du portefeuille reflète également une modeste dégradation. Comme prévu, le ralentissement de la croissance du portefeuille et la chute des taux de change enregistrée dans plusieurs régions ont aussi eu un effet sur sa qualité. Au deuxième trimestre 2015, PAR 301, prêts refinancés et abandons de créances ont augmenté à 7,4 %, contre 5,1 % un an auparavant. Les experts sont d’avis que la qualité du portefeuille conservera cette tendance entre fin 2015 et début 2016, tant que l’impact du freinage de l’économie et de l’affaiblissement des taux de change continuera de se manifester. Néanmoins, ils s’attendent à ce que la tendance s’inverse plus tard en 2016 avec une amélioration des perspectives économiques, une stabilisation des taux de change et une restructuration d’une partie importante des prêts pour tenir compte des dépréciations monétaires. Trois points méritent d’être cités ici. Premièrement, alors que le ratio de 7,4 % précité est légèrement supérieur à la norme de la microfinance, il demeure très en dessous des niveaux observés dans le secteur bancaire de plusieurs marchés de la microfinance, voire dans certaines économies avancées d’Europe. Deuxièmement, la dégradation résulte largement de la restructuration de prêts ou de leur remboursement partiel et non de l’arrêt total des remboursements. Ce résultat reflète la volonté et la capacité des institutions de microfinance de s’adapter à un environnement difficile et augmente la probabilité que des prêts non productifs soient en fin de compte entièrement remboursés. Troisièmement, dans la microfinance, la qualité du portefeuille est mesurée de manière très conservatrice. En effet, la mesure de référence est le portefeuille à risque à plus de 30 jours (PAR 30), ce qui signifie que si le paiement du client a un retard supérieur à 30 jours, le prêt est déjà signalé comme étant à risque. Figure 9 : Qualité du portefeuille modèle de responsAbility 12 % 10 % 8% 6% 4% 2% 0% Q4 12 Q1 13 Q2 13 Q3 13 PAR > 30 (échus) Q4 13 Q1 14 Refinancés Q2 14 Q3 14 Q4 14 Q1 15 Irrécouvrables Source: responsAbility Research Les structures d’évaluation des risques sont adéquates ou en rapide amélioration, limitant ainsi le risque systémique. Finalement, même si les ratios du portefeuille à risque ont grimpé, le risque systémique demeure bas, car les marchés de la microfinance bénéficient de services de recouvrement améliorés. La possibilité pour les institutions de microfinance de pouvoir vérifier, de manière fiable, la solvabilité d’un client est cruciale pour prévenir la multiplicité des emprunts et le surendettement. De nos jours, la majorité des marchés de la microfinance peuvent s’appuyer sur des agences d'évaluation du crédit adéquates ou s’améliorant rapidement, comme en témoignent plus de 90 % des experts. Cette couverture toujours plus robuste et fiable contribuera, à l’avenir, à une bonne qualité des crédits dans tout ce secteur. 1 Le portefeuille à risque (PAR 30) représente la partie des prêts impayés depuis plus de 30 jours. 34 Q2 15 Q3 15 Q4 15 Q1 16 Q2 16 Q3 16 Q4 16 BILAN DE LA SITUATION PERTINENCE DES PRÉVISIONS DE CROISSANCE Un client lisant régulièrement Microfinance Market Outlook pourrait se demander si les précédentes prévisions de croissance ont été précises. De fait, après cinq années de publication, il serait bon de dresser un bilan et de regarder dans le rétroviseur. Le diagramme ci-après compare les taux de croissance effectifs1 avec les prévisions, enregistrés depuis que responsAbility a commencé à publier ce rapport il y a cinq ans. Comme ces moyennes dissimulent des disparités régionales, elles ne doivent être considérées que comme des indications du développement global. Pour plusieurs raisons, il est difficile de prédire la croissance des marchés de la microfinance. Tout d’abord, les points de référence historiques sont rares, limitant ainsi la possibilité de baser les prévisions sur des tendances passées. Ensuite, les marchés sont influencés par une grande variété de facteurs, allant de la performance économique aux impératifs politiques, en passant par le climat des affaires et les changements réglementaires. Enfin, nous avons affaire à un segment particulièrement dynamique de l’univers financier. Sur cette toile de fond, il semble que nous ayons fait du bon travail. Dans le sillage de la crise financière de 2008 – 2009, on pensait en général qu’une nouvelle normalité s’était instaurée et qu’il fallait donc s’attendre à une baisse des taux de croissance. Ce qui nous a amenés à nous montrer extrêmement prudents en 2012, alors que les marchés de la microfinance ont fait preuve d’une résilience bien plus forte qu’attendu. De sorte qu’en 2013, les prévisions ont été plus proches des taux réels qui se trouvaient dans la fourchette anticipée. Quant à 2014, alors que la croissance du portefeuille a dépassé 15 % au cours des neuf premiers mois de l’année, elle s’est fortement ralentie au dernier trimestre, sous l’effet de la crise en Russie et de la dépréciation des monnaies des économies limitrophes (figure 10). De surcroît, quand les monnaies des principaux marchés se déprécient fortement, les estimations tendent à surpasser les taux réels, car les experts se fondent sur la monnaie locale, alors que nous les enregistrons en dollars. Notre analyse quantitative et qualitative arrive à la conclusion que les marchés de la microfinance progresseront de 10 % à 15 % en 2016. Certes, cette prévision est inférieure à celles des années précédentes, mais tout porte à croire que ces marchés resteront robustes et résilients tout autour du globe. Si bien que nous estimons qu’à long terme, la croissance de ce secteur se poursuivra durablement à un taux de 15 % à 20 % par an2. La microfinance pourrait mettre à profit une baisse de régime pour corriger ses faiblesses, adapter ses modèles d’affaires, accroître son efficience et, ce faisant, poser les fondations d’un avenir prometteur. Figure 10 : Taux de croissance prévus et réels du marché de la microfinance 25 % 22,7 % 20 % 18,0 % 15,2 % 13,4 % 15 % 12,0 % 10 % 5% 0% 2011 2012 Croissance réelle du marché en USD 2013 2014 2015 2016 Prévisions (Valeur haute, basse) Source : responsAbility Research 1 2 Les taux de croissance « réels » sont issus du portefeuille modèle de responsAbility (voir plus haut). Cette estimation se fonde sur une étude de capacité à moyen terme réalisée par responsAbility et expliquée dans Microfinance Market Outlook 2015. 35 PROSPERITY (PROSPÉRITÉ) UNE ACCUMULATION DE PREUVES confirme que l’accès aux services financiers par le biais de comptes bancaires peut permettre aux personnes et aux entreprises de lisser la consommation, de gérer les risques ainsi que d’investir dans l’éducation, la santé et les entreprises. (Banque mondiale) 2 MRDS. de personnes n’utilisent pas de services financiers conventionnels et plus de 50 % des adultes des ménages les plus pauvres ne sont pas bancarisés. L’inclusion financière est un moteur clé pour réduire la pauvreté et booster la prospérité. (Banque mondiale) BIENVENUE « Dans certains pays, par exemple au Pérou, les marchés financiers se sont étendus à un rythme impressionant, de sorte que l’accès à des services financiers de base est aujourd’hui relativement facile. » p. 18 *L’IMPACT DE LA MICROFINANCE SUR LE DÉVELOPPEMENT = La microfinance contribue au développement d’un secteur financier efficace. L’accès au financement permet à ses clients de développer leur commerce, ce qui favorise la croissance économique, l’extension de l’offre de produits et de services et la création d’emplois. Tous ces facteurs soutiennent le développement de l’économie locale. 36 RESPONSABILITY INVESTMENTS AG responsAbility Investments AG est, dans l’investissement servant au développement, l’un des principaux gestionnaires d’actifs du monde. Il offre aux investisseurs, tant privés qu’institutionnels, des solutions de placement gérées avec le plus grand professionnalisme. Par le biais de ses produits de placement, responsAbility Investments AG propose du financement sous forme de dette ou de prises de participation aux entreprises non cotées des économies émergentes et des pays en développement. Ce qui accroît la prospérité de ces derniers à long terme. responsAbility gère 2,9 milliards USD d’actifs investis dans quelque 530 entreprises situées dans 93 pays. Fondée en 2003, la société, dont le siège est à Zurich, possède des bureaux à Bangkok, Hongkong, Lima, Luxembourg, Mumbai, Nairobi, Oslo et Paris. Parmi ses actionnaires, elle compte de grands noms de la place financière suisse et ses propres collaborateurs. responsAbility est soumise à la surveillance de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA. 37 LES EXPERTS DE RESPONSABILITY La composition de l’équipe chargée de la recherche et responsable du contenu de ce rapport est le reflet de la grande complexité du secteur de la microfinance. Grâce à l’expertise de ses spécialistes, l’équipe saisit les nouvelles tendances de la recherche, de la finance et de l’investissement servant au développement en général. Le vaste réseau mondial de ses auteurs est à la base de la qualité de ce rapport. CAROLA HUG HENRY GONZÁLEZ ROCHUS MOMMARTZ Analyste de la recherche au sein du département Research de responsAbility et auteure de la présente étude. Dirige l’équipe Research & Advisory, membre de la Direction Membre de la Direction, supervise les départements Financial Institutions Equity, Ventures Equity, Research et Legal & Compliance PARCOURS PROFESSIONNEL • Master en management & économie et Bachelor en communications de l’Université de Zurich • Plus de 6 ans d’expérience dans le secteur de la microfinance PARCOURS PROFESSIONNEL • MBA (Université d’Oxford), MPA (Université d’Harvard) et BA en sciences politiques (Université de Costa Rica) • Plus de 18 ans d’expérience de la finance dans les marchés émergents (responsAbility et Morgan Stanley), du développement international (Banque mondiale et PNUD) et des politiques publiques (gouvernement de Costa Rica). • Expérience considérable de la recherche et de l’investissement dans la finance durable en tant que membre fondateur du Microfinance Institutions Group à Morgan Stanley, et consultant senior auprès du Groupe Donors and Investors de CGAP. • Membre associé de la Saïd Business School de l’Université d’Oxford, membre du Conseil et du Comité d’investissement de la Wenner-Gren Foundation (USA) PARCOURS PROFESSIONNEL • Etudes en économie et mathématiques à Francfort et Berlin • Plus de 20 ans d’expérience dans le développement du secteur financier et de la microfinance • Acteur clé de l’expansion de ProCredit Holding en Amérique latine • Consultance dans des questions spécifiques au secteur financier dans plus de 40 pays, conception de conditions-cadres légales et réglementaires et pratiques de surveillance de la microfinance dans 8 pays • Membre du Conseil d’administration de diverses banques de microfinance au cours des 10 années écoulées 38 NOS VIFS REMERCIEMENTS POUR LEUR PRECIEUSE CONTRIBUTION VONT AUX EXPERTS SUIVANTS : Roberto Andrade (Banco Solidario) Jhale Hajiyeva (Amfa) Nahla El-Okdah (IFC) Pedro Arriola (Consultant) Maria Clara Hoyos (Asomicrofinanzas) Zaza Pirtskhelava (Credo) Yohan Assous (SA Taxi) Enrique Hurtado (responsAbility) Karlygash Raikhanova (KMF) Carlos Avalos (Visión Banco) Hout Ieng Tong (HKL) Daniel Rozas (Consultant) Jean-Gabriel Dayre (Proparco) Mejra Juzbasic (Finance in Motion) Norihiko Kato (Khan Bank) Nikolas Drude (EBRD) Mona Kachhwaha (Caspian) Eric Savage (Unitus) Sébastien Duquet (responsAbility) Jana Kadian (Finca) Maud Savary-Mornet (responsAbility) Michael Fabbroni (responsAbility) Evrim Kirimkam (Microfinanza) Sim Senacheert (Prasac) David Ferrand (FSD Kenya) Michaël Knaute (OXUS Development Network) Martin Spahr (IFC) Jeff Flowers (Finca) Timothy Lyman (CGAP) Guillaume Valence (Advans) Tony Fosu (Sinapi Aba) Roxana Mercado (Siembra) Bryan Wagner (Creation Investment) Ralph Guerra (Compartamos Peru) Clive Moody (dfe Partners) Styopa Zakinyan (ACBA) 39 NOTES 40 IMPRESSUM Equipe de projet de responsAbility : Dr Nikodemus Herger, Carola Hug, Ulli Janett Textes : Carola Hug , Ulli Janett Photos : Jerry Riley (p. 17 ; 28–31) Concept, design : Liebchen+Liebchen GmbH, Francfort sur le Main Commandes et souscriptions, Microfinance Market Outlook 2016 : www. responsAbility.com Rejoignez-nous sur www.linkedin.com/company/ responsAbility-investments DÉCLARATION DE NON-RESPONSABILITÉ Ce document a été élaboré par responsAbility Investments AG. Les informations contenues dans le présent document (ci-après « informations ») se basent sur des sources considérées comme fiables ; toutefois, il n’existe aucune garantie quant à l’exactitude et à l’exhaustivité de ces dernières. Les informations peuvent être modifiées à tout moment sans obligation d’en informer le destinataire. Sauf mention contraire, les chiffres ne sont ni vérifiés ni garantis. L’ensemble des actions entreprises sur la base de ces informations s’effectue sous la responsabilité et au risque du destinataire seul. Ce document est fourni exclusivement à titre d’information. Ces informations ne sauraient délier le destinataire de la nécessité de former son propre jugement. © 2015, responsAbility Investments AG. Tous droits réservés. Pour en savoir plus : www.responsAbility.com 41 NOS BUREAUX SUISSE Siège responsAbility Investments AG Josefstrasse 59 8005 Zurich Téléphone +41 44 250 99 30 [email protected] responsAbility Investments AG Cours de Rive 6 1204 Genève Téléphone +41 22 707 82 48 [email protected] FRANCE responsAbility France SAS 44, rue de Prony 75017 Paris Téléphone +33 1 49 21 29 89 [email protected] HONGKONG responsAbility Hong Kong Limited Centrazur Serviced Office 8 / E Shing Hing Commercial Building 21–27 Wing Kut Street Central Hongkong Téléphone +852 2544 94 24 [email protected] INDE responsAbility India Business Advisors Pvt. Ltd. Green Acre, 1st Floor 31 Union Park Road #5, Khar West Mumbai 400 052 Téléphone +91 22 30 77 03 00 NORVÈGE responsAbility Nordics AS Sehesteds Gate 6 0164 Oslo Téléphone +47 977 48 835 [email protected] PÉROU responsAbility America Latina S. A. C. Calle Recavarren 111, Oficina 202 Miraflores Lima 18 Téléphone +51 1 255 92 92 KENYA responsAbility Africa Ltd. 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