microfinance market outlook

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MICROFINANCE
MARKET OUTLOOK
Développements, prévisions, tendances
« Microfinance Market Outlook 2016 de
responsAbility vise à donner une vue
d’ensemble concise et en profondeur des
développements attendus dans ce secteur
au cours de l’année prochaine. »
10 – 15 % DE CROISSANCE
attendue en 2016 sur le marché mondial de la microfinance.
Il s’agit certes d’une décélération par rapport à l’année dernière, mais
la microfinance reste résiliente grâce à des fondamentaux solides.
Opportunités et challenges
varient considérablement
d’une région à l’autre. Les
perspectives sont meilleures pour les marchés
d’Asie-Pacifique et d’Afrique
subsaharienne, qui s’attendent à une croissance
supérieure à la moyenne
en 2016.
4%
de croissance du PIB, en moyenne,
sont attendus en 2016 par le Fonds
monétaire international pour les
quinze principaux marchés de la
microfinance. Alors qu’à 2,2 %,
le rythme de croissance du PIB des
pays développés n’atteindra que la
moitié sur cette période.
36 experts
40 %
ont été interviewés. Ce sont des
praticiens du monde entier, tels que
des décisionnaires dans des IMF,
des agences de notation ainsi que
des investisseurs et des conseillers.
Microfinance Market Outlook 2016
est basé sur la consolidation de leurs
opinions.
des experts sont d’avis que le
contexte de réglementation et de surveillance de leur marché « s’améliore
nettement ». Une réglementation
saine et prudente est un catalyseur
du développement du secteur
financier.
50 %
des experts interrogés ont déclaré
que les véhicules de placement
internationaux resteront parmi les
principales sources de financement
de la microfinance pour les trois prochaines années au moins.
3
71 %
des experts considèrent que la technologie est très importante pour le
secteur de la microfinance.
TENDANCES DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA
CROISSANCE DANS LES PRINCIPAUX MARCHÉS
DE LA MICROFINANCE EN 2016
0–10 %
Asie centrale
et Caucase
5–10 %
Amérique latine
Env. 10 %
Europe de l’Est
ø Monde
10–15 %
10–15 %
Moyen-Orient et
Afrique du Nord
15–20 %
Afrique subsaharienne
Autour de 30 %
Asie-Pacifique
4
SOMMAIRE
Perspective
7
Microfinance, comment elle fonctionne
8
Introduction et méthodologie
11
Les marchés de la microfinance
12
Résultats globaux de l'étude
18
Tendances du développement et de la croissance
dans les principaux marchés de la microfinance, en 2016
20
Investissements dans la microfinance : de quoi demain sera-t-il fait ?
27
Le secteur financier de l’Inde : un grand pas vers l’inclusion financière
28
Le portefeuille modèle de responsAbility
33
Les experts de responsAbility
38
5
ACCESS (ACCÈS)
700 MIOS
Le nombre d’adultes qui, selon
une étude de la Banque mondiale,
ont gagné, ces trois dernières
années, accès au secteur financier
conventionnel. C’est la différence
entre le nombre de détenteurs
d’un compte d’épargne en 2011 et
en 2014. La grande majorité d’entre
eux habitent dans un pays en
développement1.
31,8 MIOS
Le nombre d’emprunteurs
qui sont servis par les 100 institutions de microfinance (IMF)
figurant dans le portefeuille
modèle de responsAbility.
e
financ
Micro
« Les besoins des clients évoluent rapidement et,
avec eux, les services que les IMF doivent offrir.
Outre un accès au crédit, ces clients souhaitent
pouvoir placer des dépôts, obtenir une assurance
ou louer des locaux. » p. 19
*MICROFINANCE =
1
Banque mondiale (2015): The Global Findex Database
6
La microfinance offre des services financiers à des gens qui
n’ont pas, ou insuffisamment, accès au secteur financier.
Ceux-ci obtiennent des crédits pour démarrer ou développer
une activité commerciale et la possibilité de déposer leur
épargne.
PERSPECTIVE
Bienvenue à la sixième édition de Microfinance Market
Outlook, qui marque le sixième chapitre de l’histoire de
notre réussite. Quand les spécialistes de la recherche de
responsAbility se sont attelés, en 2010, à rechercher des données fiables sur le secteur de la microfinance à l’échelle mondiale, ils sont tombés sur un os. En effet, il y avait partout des
institutions de microfinance dont certaines opéraient avec
succès et d’autres, moins. Mais il n’y avait aucune étude sur
la performance du marché au niveau global.
Microfinance Market Outlook est né de cette lacune. Depuis
2010, il éclaire l’évolution mondiale du secteur et présente
ses prévisions pour les douze à quatorze mois à venir. Pour
ce faire, il invite un grand nombre d’experts des principaux
marchés à s’exprimer et combine leurs estimations avec des
chiffres macroéconomiques et avec les innombrables données que nous récoltons par nos activités. La grande précision de nos prévisions témoigne de la solidité des travaux de
nos spécialistes.
A quel titre responsAbility réalise-t-il cette publication de référence ? Douze ans d’expériences acquises grâce au succès
des investissements1, près de 3 milliards USD d’actifs sous
gestion, dont 1,8 milliard investis dans 349 établissements
financiers de 77 pays, font indubitablement de responsAbility
le leader du marché des placements du secteur privé dans la
microfinance2.Grâce à des bureaux répartis sur quatre continents, nous pouvons nous appuyer sur un vaste réseau international. Cette organisation, conjuguée à une collecte de
données exhaustive, permet à nos spécialistes de cristalliser
quantité d’informations sur les développements à l’échelle
mondiale et locale puis d’en tirer un rapport.
je rencontre lors de nombreuses manifestations et entretiens en tête à tête démontre l’utilité de cette publication.
Ce n’est donc pas un hasard si Microfinance Market Outlook
a gagné la deuxième place des publications les plus lues du
domaine de la microfinance3 et si sa lecture est devenue
indispensable à ses acteurs, aux investisseurs et aux spécialistes. On estime à 10 milliards USD le montant des investissements dans la microfinance réalisés uniquement par le
secteur privé4. responsAbility enregistre, depuis des années,
des taux de croissance à deux chiffres sur les actifs investis,
dont une part grandissante provient du segment très exigeant des investisseurs institutionnels. Ceux-ci sont bien sûr
intéressés à voir ce marché se développer encore.
Enfin, Microfinance Market Outlook donne aux IMF du
monde entier l’occasion de comparer leur propre évolution
à celle du marché mondial dans son ensemble. Ce qui incite
nombre d’entre elles à ralentir une croissance par trop agressive en faveur d’une expansion plus équilibrée. A son tour,
cette prise de conscience s’oppose notamment au surendettement des emprunteurs.
Cette sixième édition de Microfinance Market Outlook présente quelques nouveautés. Cette étude est en effet complétée par une évaluation du marché établie par Rochus Mommartz, membre de notre Direction et certainement l’un des
spécialistes les plus écoutés du domaine de la microfinance
et de l’évolution du secteur financier. En outre, un graphique
donne une vue d’ensemble du secteur en décrivant ses différents acteurs.
Je vous souhaite bonne lecture.
Nous estimons que notre position de force sur le marché
implique aussi une responsabilité. Nous souhaitons en effet
contribuer à l’essor de la microfinance, en lui apportant nos
connaissances et notre savoir-faire. Le grand intérêt manifesté par les acteurs du marché, et aussi par les journalistes, que
KLAUS TISCHHAUSER
Cofondateur et Directeur général
[email protected]
Tous les investissements sont effectués par le biais de véhicules de placement gérés par responsAbility
Symbiotics, 2015 Microfinance Investment Vehicles Survey. Market Data & Peer Group Analysis, septembre 2015
3
Comparaisons : microfinancegateway.org / library / top-10-most-popular-publications-2014
4
Symbiotics, 2015 Microfinance Investment Vehicles Survey. Market Data & Peer Group Analysis, septembre 2015
1
2
7
MICROFINANCE, COMMENT
ELLE FONCTIONNE
2
4, 6, 7
Capitaux
1
Investisseurs
Capitaux
5
Investissements en microfinance
dans le monde entier
Véhicules de placement en microfinance
Financement d’institutions
de microfinance
Inv
les
esti
b
a
t
ssements ren
Capitaux 3
et intérêts
1. Mix d’investisseurs
Les actifs gérés par responsAbility proviennent à hauteur de 42 % d’investisseurs institutionnels, de 40 % de particuliers et de 18 % d’investisseurs
publics.
2. Investissements en microfinance dans le monde
Dans le monde entier, les investissements privés se sont élevés à 10 milliards USD en 2014, dont 1,8 milliard USD ou 17 % sont redevables à des
véhicules de placement de responsAbility.
3. Performance
Les fonds de microfinance gérés par responsAbility ont atteint, en 2014,
un rendement, exprimé en dollars, situé entre 2,9 % et 4,5 %. Depuis
leur lancement en 2003, le rendement cumulé des plus grands fonds en
microfinance s’élève à 50 %.
4. Les plus gros marchés de la microfinance du monde
Inde, Cambodge, Kenya, Bolivie, Azerbaïdjan, Ghana, Mongolie, Paraguay,
Costa Rica, Tadjikistan, Arménie, Pérou, Kirghizstan, Géorgie, Équateur.
* 2014
8 Symbiotics MIV Survey
Capitaux
et intérêts
5. Classes d’actifs
L’univers de placement de la microfinance comprend des véhicules de
placement à taux fixes, mixtes et en capital.
6. Financement des institutions de microfinance
par responsAbility en 2014 : 1,8 mrd USD, 77 pays, 349 institutions.
Financement en USD, en EUR et en 36 monnaies locales
7. Marché de la microfinance éligible à l’investissement
Les quelque 10 000 IMF du monde entier comptent des entreprises à
différents stades de maturité, allant d’organisations non gouvernementales à des banques dotées d’une licence complète. Sur ce nombre,
seules 500 institutions satisfont à nos critères de qualité et sont éligibles
à l’investissement par responsAbility
8. Possibilités de développement pour les institutions de microfinance
La plupart des IMF ne cessent de mûrir et de se développer. Elles
croissent en pénétrant dans de nouvelles régions, en offrant des services
supplémentaires à leurs clients, comme de l’épargne, et / ou en étendant
leur base de clientèle aux PME.
Dans la microfinance, capitaux et intérêts circulent dans trois circuits différents.
Pour servir leurs clients, les IMF ont besoin de financement. Elles l’obtiennent de
véhicules d’investissement en microfinance, dont les gérants mobilisent des capitaux privés pour les placer dans ce secteur. Ils forment ainsi le lien entre investisseurs et IMF. Avec une part de marché de 17 % des investissements mondiaux en
microfinance, les véhicules d’investissement gérés par responsAbility coopèrent
avec 349 IMF soigneusement sélectionnées.
11, 12
Capitaux
8, 9, 10
14, 15
Institutions de
microfinance
Services de la microfinance, microcrédits, produits d’épargne, etc.
Clients de la
microfinance
Dé
é
ve
rit
lop
é
sp
per
pour plus de pro
Capitaux 13
et intérêts
9. Qualité du portefeuille
responsAbility opère de manière hautement professionnelle et détient
un portefeuille de très grande qualité, comme le montrent des abandons
de créance inférieurs à 2 % par an.
10. Accès essentiel au financement
Le financement par la dette et en capital est à la base de l’exploitation,
de l’expansion du portefeuille et de la croissance des IMF, car il leur
permet de servir plus de clients de manière plus efficiente.
11. Les services de la microfinance dans les marchés
Les institutions de microfinance financées directement par responsAbility servent 32,4 millions d’emprunteurs, 32,4 millions de comptes
d’épargne, 49 % de clients en zone rurale et 77 % de femmes.
12. Conditions-cadres réglementaires
La réussite durable de la microfinance nécessite une législation adéquate, une autorité de surveillance efficace et l’utilisation systématique
de centres d’information sur les crédits par tous les acteurs du marché.
13. Taux d’intérêt appliqués aux microcrédits
Les emprunteurs de microcrédits paient en moyenne un taux d’intérêt de
29 %. Celui-ci est déterminé essentiellement par les coûts d’exploitation
élevés des IMF (17 %). Plus ces coûts diminuent, plus l’institution est efficiente. Comparés à d’autres formes de financement, comme les usuriers
(120 % et plus), les taux de la microfinance sont très raisonnables.
14. Eviter le surendettement
Octroyer le crédit de manière professionnelle et responsable,
en s’appuyant sur des informations sur l’emprunteur.
15. La microfinance = développement du secteur financier
Les institutions de microfinance touchent aussi des couches de la
population qui n’ont pas accès à des services bancaires. En mettant à
leur disposition une infrastructure de base importante, elles contribuent
au développement du secteur financier local.
9
GROWTH (CROISSANCE)
10–15 %
Taux de croissance annuel
moyen du marché mondial de la
microfinance selon les experts
interrogés par responsAbility.
ASIE-PACIFIQUE
devrait rester le marché
de la microfinance affichant
la croissance la plus forte, éstimée autour de 30 % en 2016.
« Au point de vue structurel, le potentiel de
croissance de la plupart des marchés de la
microfinance est considérable, tant l’exclusion financière demeure importante. Même
si l’inclusion a progressé rapidement ces
dernières années, il existe encore un vaste
fossé entre les pays développés et ceux en
développement. » p. 18
* LES CLIENTS DE LA MICROFINANCE =
Personnes et entreprises qui ont un revenu régulier, provenant souvent d’une activité indépendante (petits agriculteurs,
petits commerçants ou artisans), mais qui ne peuvent pas fournir les garanties usuelles pour obtenir un crédit bancaire.
10
ÉPINE DORSALE DE LA PUBLICATION
INTRODUCTION ET MÉTHODOLOGIE
Microfinance Market Outlook 2016 de responsAbility vise à
donner une vue d’ensemble concise et en profondeur des développements attendus dans ce secteur au cours de l’année
prochaine. On estime qu’il existe quelque 10 000 institutions
de microfinance (IMF) dans le monde. Toutefois, environ 500
d’entre elles seulement répondent aux critères de responsAbility en termes de durabilité de leur modèle d’affaires,
de rigueur de leurs analyses et de leur impact global sur le
développement. C’est au sujet de ces 500 IMF que cette publication entend tirer des conclusions valables.
Un indicateur important est la croissance de ce secteur, c.-à-d.
globalement le progrès et l’expansion de l’inclusion financière
dans le monde entier. Cependant, intégrer uniquement des
chiffres de la croissance donne souvent une idée incomplète,
voire erronée de l’évolution. Par conséquent, il faut inclure
d’autres paramètres, tels que la qualité du portefeuille des IMF,
la santé globale du contexte réglementaire, les tendances de
la technologie, les nouvelles frontières du secteur et l’impact
de l’environnement politique et macroéconomique.
L’étude est divisée en trois parties principales qui se
complètent pour former une image exhaustive, sur les
plans qualitatif et quantitatif, du marché de la microfinance en 2016.
PRÉVISIONS
MACROÉCONOMIQUES
(PAGES 12–15)
INTERVIEWS
QUALITATIVES
(PAGES 16–31)
EXTRAPOLATION
QUANTITATIVE
(PAGES 32–35)
Les prévisions quantitatives de la
croissance économique sont publiées, chaque année en octobre,
par le Fonds monétaire international (FMI), servant de fondation
à l’évaluation. Le marché de la
microfinance est encore relativement protégé des fluctuations de
l’économie dans son ensemble, pourtant certains modes de croissance
peuvent être considérés comme des
manifestations de changements de
la demande de crédit par les clients
et d’autres dynamiques du marché.
Grâce à notre vaste réseau d’experts
en microfinance, nous avons pu
conduire 36 entretiens avec des praticiens du monde entier, tels que des
décisionnaires d’IMF et d’agences de
notation ainsi que des investisseurs
et des conseillers. Le guide de l’interview comprenait 28 questions sur
huit sujets (comme la croissance du
marché, l’environnement réglementaire, etc.).
Pour détecter les tendances du marché, responsAbility peut s’appuyer
sur les données fournies régulièrement par 349 IMF. A partir de ces
dernières, nous avons constitué un
sous-groupe de 100 IMF, que nous
considérons comme un « portefeuille modèle », globalement représentatif du marché. En nous basant
sur ce marqueur du marché de la
microfinance ainsi que sur les données collectées lors des interviews,
nous pouvons estimer le développement des indicateurs clés, tels que la
croissance , la qualité du portefeuille
et la profitabilité pour 2016.
11
LES MARCHÉS DE LA MICROFINANCE
DEMEURENT RÉSILIENTS ET
ROBUSTES
Plusieurs nouvelles déstabilisantes ont fait la une des médias cette année. Les turbulences de la Bourse chinoise et
la correction des prix des matières premières ne sont que
deux de ces nouvelles qui ont conduit les investisseurs à
se retirer des marchés en développement. Ces événements
sont certes importants, mais ils sont loin de refléter la réalité
tout entière. C’est ainsi que les mouvements des marchés
des actions et des obligations tendent à n’avoir qu’un impact
limité sur l’économie réelle d’un pays. Car à tout exportateur
de matières de base qui essuie des pertes de revenus causées
par la baisse des prix de l’énergie répond un importateur qui
en bénéficie. Cette approche nuancée souligne une grande
divergence. En effet, tandis que les économies avancées
ne vont connaître qu’une faible croissance dans un proche
avenir, celles qui possèdent les principaux marchés de la
microfinance enregistreront une robuste progression de leur
PIB cette année et la suivante. Le taux de cette progression
sera plus du double de celui prévu pour le monde développé
(figure 1). De surcroît, les économies en développement dont
les perspectives économiques sont les plus mauvaises –
Venezuela, Brésil et Russie – n’ont pas de marché important
de microfinance. Cela dit, le ralentissement de l'économie
de ces pays peut se répercuter dans les pays voisins qui ont
eux-mêmes un secteur de microfinance important, comme
dans le cas de la Russie. Pour que ces différentes tendances
fassent sens, cette section traite des fondamentaux macroéconomiques des marchés de la microfinance dans lesquels
responsAbility est le plus actif.
« Tandis que les économies avancées ne vont
connaître qu’une faible croissance dans un
proche avenir, celles qui possèdent les principaux marchés de la microfinance enregistreront
une robuste progression de leur PIB cette année
et la suivante. »
12
Figure 1 : Croissance du PIB réel à long terme
Les taux de croissance du PIB des économies avancées et de celles qui abritent les marchés
de la microfinance les plus importants continueront de diverger.
10
8
6
Variation en %
4
2
0
–2
–4
–6
Année
1980
1985
1990
Les 15 principaux pays de la microfinance
1995
2000
2005
2010
2015
2020
Economies avancées
Source : FMI, responsAbility Research
13
• Revers de fortune pour les exportateurs de matières premières. Selon qu’un pays est exportateur de matières premières ou non, ses prévisions économiques seront largement différentes en 2016. Alors qu’au cours d’un passé
récent, les exportateurs nets de matières de base enregistraient constamment des taux de croissance plus élevés
que les importateurs nets, cette tendance devrait s’inverser.
En effet, les prix du pétrole sont à leur plus bas et ne devraient pas remonter avant longtemps, tandis que les prix
des métaux et des minerais resteront au plancher tant que
l’économie chinoise ralentira et se réorientera. La fin du super cycle des matières de base entraînera des ajustements
structurels et une baisse de la croissance dans plusieurs
pays – dont certains comprennent pourtant un marché
important de la microfinance – mais par ailleurs, ceux qui
sont fortement tributaires des importations pour alimenter
leur croissance en profiteront. La section « Tendances divergentes » explore plus en détails la manière dont cette dynamique pourrait affecter le secteur de la microfinance.
« Sur fond d’atonie de la croissance et d’affaiblissement des taux de change, il est important
de souligner que les marchés en développement n’ont jamais été aussi bien préparés
qu’aujourd’hui à affronter la crise de l’économie
mondiale. »
14
• La Russie en est une bonne illustration. Déjà sous pression
auparavant, l’économie russe a vu ses déséquilibres s’accentuer par la chute des prix du pétrole qui l’a enfoncée
dans la crise. Son économie aux abois devrait se contracter
de près de 4 % en 2016 pour stagner ensuite. Pour le marché
de la microfinance, la Russie n’est pas importante, pourtant
l’effondrement de son économie aura des répercussions
sur les marchés de la microfinance du Caucase et de l’Asie
centrale. Les taux de change des devises de la région contre
le dollar se sont nettement affaiblis. La baisse des exportations ainsi que des transferts de paiement provenant des
migrants travaillant en Russie se traduira par un ralentissement de la croissance. On s’attend à une amélioration des
conditions en 2016, quand la Russie affichera une reprise
modeste, contribuant à stabiliser les monnaies locales.
• Il n’empêche que, de manière générale, les fondamentaux
des marchés en développement sont robustes. Sur fond
d’atonie de la croissance et d’affaiblissement des taux de
change, il est important de souligner que ces marchés n’ont
jamais été aussi bien préparés qu’aujourd’hui à affronter
la crise de l’économie mondiale. Au cours des décennies
écoulées, ces pays ont renforcé leur bilan, mis en place des
régimes de taux de change flottants et augmenté leurs
réserves de devises étrangères. Ils sont de surcroît bien
moins endettés que les pays développés et leur dette est de
plus en plus libellée en monnaie locale, ce qui est vital en
période de grande volatilité.
• Cette évolution contribuera à atténuer l’impact des crises
extérieures. Dopées par de tels fondamentaux, les économies en développement devraient continuer de croître, à
des taux cependant inférieurs à ceux des années précédentes. Le taux de croissance moyen2 du PIB des quinze
marchés principaux de la microfinance se situera à 3,5 % en
2015 et à 4 % en 2016 (figure 2)3. Ces chiffres masquent toutefois de grandes disparités. Importateur net de pétrole,
l’Inde bénéficiera en effet de la baisse des prix du pétrole,
boostant la demande intérieure et poussant les taux de
croissance à respectivement 7,3 % et 7,5 %. A l’autre bout,
l’Équateur, exportateur net de pétrole, subira une contraction modérée.
• Les taux de croissance de ces pays dépasseront toujours
plus ceux des économies développées, qui devraient croître
en moyenne de 2,0 % en 2015 et de 2,2 % en 2016. A moyen et
à long terme, la différence entre les pays en développement
et les nations développées se creusera toujours plus. Le
FMI prévoit qu’en 2020, la croissance du PIB des pays développés s’inscrira à 1,9 %, soit moins de la moitié du taux de
5,0 % prédit aux économies dont les marchés de la microfinance sont les plus importants.
Figure 2 : Prévisions de croissance du PIB réel des quinze
marchés principaux de la microfinance1
2015
2016
Inde
7,3 %
7,5 %
Cambodge
7,0 %
7,2 %
Kenya
6,5 %
6,8 %
Bolivie*
4,1 %
3,5 %
Azerbaïdjan*
4,0 %
2,5 %
Ghana*
3,5 %
5,7 %
Mongolie*
3,5 %
3,6 %
Paraguay
3,0 %
3,8 %
Costa Rica
3,0 %
4,0 %
Tadjikistan
3,0 %
3,4 %
Arménie
2,5 %
2,2 %
Pérou*
2,4 %
3,3 %
République kirghize*
2,0 %
3,6 %
Géorgie
2,0 %
3,0 %
Équateur*
–0,6 %
0,1 %
Moyenne
3,5 %
4,0 %
* Exportateurs de matières premières
Source : FMI, responsAbility Research
FMI (octobre 2015) : Perspectives économiques
mondiales
2
L’utilisation de simples moyennes aux fins
d’agrégation des données s’écarte de la
méthodologie appliquée par le FMI. En effet,
celui-ci pondère les chiffres de la croissance
d’un pays en fonction du pouvoir d’achat
absolu de ce pays, corrigé du PIB. Nous avons
décidé de recourir à une autre méthode, car
le résultat aurait été trop influencé par l’Inde
(ensemble, les 14 autres marchés ne représentent que 20 % du PIB de l’Inde, à la parité
du pouvoir d’achat). En appliquant la méthodologie du FMI, le taux de croissance moyen
des 15 marchés principaux de la microfinance
s’inscrirait à 6,6 % en 2015 et à 6,9 % en 2016.
3
FMI (octobre 2015) : Perspectives économiques
mondiales
1
15
MICROFINANCE ET
CYCLES ÉCONOMIQUES
SONT-ILS LIÉS ?
De précédentes éditions de Microfinance Market Outlook soutenaient
que les soubresauts financiers mondiaux, tels que l’effondrement des
marchés boursiers ou le resserrement
de la politique monétaire des EtatsUnis, n’avaient qu’un impact limité sur
les clients de la microfinance, dès lors
que ceux-ci sont plus affectés par les
fluctuations de l’économie « réelle » de
leur pays.
Cependant, certains événements se
produisant à l’échelle mondiale ou
régionale, comme la chute des prix des
matières premières ou la récente crise en
Russie, ont souvent un effet direct sur les
clients de la microfinance. De fait, plus
de 90 % des 36 experts interrogés pour
cette étude trouvent que la corrélation
entre l’environnement macroéconomique d’un pays et son marché de la microfinance est pour le moins « modérée ».
Figure 3 : Corrélation entre l’environnement
macroéconomique et la microfinance
Corrélation forte 45 %
Corrélation modérée 45 %
Corrélation faible 10 %
Source : experts interrogés, responsAbility Research
POURQUOI CES DIVERGENCES ?
Tout se résume à la nature de la crise
et à ses conséquences. Par exemple, un
événement extérieur qui altère la valeur
de la monnaie d’un pays par rapport au
dollar ou qui freine la demande de biens
et services intérieurs est susceptible
d’affecter les clients de la microfinance.
En revanche, tel n’est pas le cas d’un événement n’ayant qu’un impact limité sur
l’économie réelle, comme une augmentation de la volatilité sur des marchés
financiers matures.
Les effets de la dépréciation d’une
monnaie illustrent le premier exemple.
L’affaiblissement d’une monnaie contre
le dollar entraîne une hausse du coût de
la vie de tous les emprunteurs du pays.
Ceux-ci réduisent alors leur consomma-
16
tion de biens et services, y compris ceux
offerts par de micro-entrepreneurs. De
surcroît, les clients dont les crédits sont
libellés en monnaie étrangère subissent
des effets particulièrement pernicieux,
car une monnaie plus faible se traduit
par des frais de remboursements plus
élevés. Ce qui diminue encore plus les
revenus de l’emprunteur et restreint sa
demande de prêts supplémentaires.
Autre exemple, la crise économique et
politique qui frappe la Russie. Celle-ci
emploie un grand nombre de migrants
provenant des pays voisins qui envoient
régulièrement une partie de leurs revenus à la maison. Ces transferts constituent une source importante de liquidités pour les micro-entrepreneurs du pays
d’origine. Cependant, nombreux sont
les migrants qui ont perdu leur emploi à
cause de cette crise. De plus, l’argent envoyé au pays a moins de valeur en raison
de l’effondrement du rouble. Il s’ensuit,
que bien que ce marasme se produise en
Russie, il provoque la chute des revenus
réels des micro-entrepreneurs de plusieurs économies limitrophes.
QUELLES CONSÉQUENCES POUR LES
INSTITUTIONS DE MICROFINANCE ?
Scène de rue à
Nairobi : les importateurs nets de matières
Les IMF des marchés exposés à ces aléas
pourraient être impactées de mille façons. Tout d’abord, elles pourraient subir
une diminution de la demande de crédits
résultant de l’ajustement des micro-entreprises à leur nouvel environnement,
par exemple en repoussant des plans
d’expansion. Ensuite, leur profitabilité
pourrait souffrir de l’augmentation de
prêts non productifs ou de leurs coûts
par rapport aux revenus. Enfin, ces IMF
pourraient devoir absorber une hausse
des coûts de financement, en particulier
si les prêts qui leur sont consentis sont
libellés en monnaie étrangère et doivent
être couverts par rapport à la monnaie
locale.
Certes, ces défis sont importants, pourtant les IMF sont bien armées pour
absorber leur impact et continuer
d’opérer durablement. Leurs modèles
d’affaires légers leur permettent de détecter les problèmes dès le début ; leurs
procédures rigoureuses d’évaluation
des risques contribuent à s’assurer que
les emprunteurs les plus susceptibles
d’avoir des difficultés ne figurent pas
dans leurs livres ; et leur base diversifiée de clients et d’investisseurs atténue la concentration des risques. Par
conséquent, même si les marchés de la
microfinance sont touchés par certains
incidents d’envergure mondiale ou régionale, responsAbility est convaincu que
les facteurs d’atténuation l’emportent
largement sur les risques.
L’INVERSE FONCTIONNE ÉGALEMENT !
Il va sans dire que les marchés de la microfinance peuvent aussi bénéficier de
développements extérieurs. C’est ainsi
que la reprise économique aux EtatsUnis et la forte appréciation du dollar
ont boosté la demande sur les marchés
du Mexique et d’Amérique centrale et
augmenté la valeur (exprimée en monnaie locale) des sommes transférées à
la maison. Cette évolution génère des
occasions supplémentaires sur le marché pour les micro-entrepreneurs et les
institutions qui les servent. Quand des
problèmes surgissent dans une région,
des opportunités se présentent alors
dans une autre.
17
premières comme le
Kenya seront moins
affectés par les vents
contraires. Leurs
marchés de la microfinance devraient
afficher une robuste
croissance (voir p. 18).
TENDANCES DIVERGENTES
RÉSULTATS GLOBAUX DE L’ÉTUDE
Microfinance Market Outlook ne se contente pas seulement
de prévoir le potentiel de croissance des marchés de la
microfinance, mais encore cherche à découvrir les moteurs
et les tendances sous-jacents. Pour obtenir un état des lieux
précis et complet, responsAbility a interrogé 36 experts, leaders de leur domaine, répartis dans les principales régions de
la microfinance.
Le marché mondial de la microfinance devrait croître de 10 %
à 15 % en 2016. Ce taux de progression témoigne de la résilience des marchés de la microfinance, pourtant son rythme
a ralenti par rapport à celui qui a été observé dans les années
précédentes. Il est en outre difficile de qualifier le marché
mondial en une seule phrase, tant les défis et les opportunités varient entre les régions. Par exemple, alors que dans
le passé, les marchés d’Amérique centrale et d’Asie centrale
ont stimulé la croissance de ce secteur, ils devraient ralentir
cette année. En revanche, les perspectives sont meilleures
pour les marchés d’Asie-Pacifique et de l’Afrique subsaharienne, qui devraient enregistrer, en 2016, des taux de croissance supérieurs à la moyenne.
Cette décélération générale est due en partie à une série
d’événements macroéconomiques épineux qui, bien que
transitoires, se sont propagés à l’économie réelle. Dans certains pays, ils ont provoqué une baisse de la monnaie locale
et des transferts de fonds, laquelle a à son tour affaibli la
demande de fonds des emprunteurs locaux et leur capacité
de remboursement. En les coupant d’une importante source
de revenus supplémentaires, la chute des transferts a été
particulièrement dure pour les micro-entrepreneurs.
Cependant, du point de vue structurel, le potentiel de croissance de la plupart des marchés de la microfinance est à la
mesure d’une exclusion financière toujours très importante.
Même si le taux d’inclusion financière a progressé rapidement ces dernières années, il existe encore un large fossé
entre les pays en développement et les nations développées.
Alors que le crédit privé tourne autour de 40 % du PIB dans
les pays possédant un important marché de la microfinance, dans les pays développés, cet indicateur se situe bien
au-dessus de 100 %1. Cet écart signifie que le secteur de la
microfinance a encore beaucoup de marge de « rattrapage ».
Ce qui lui permettra de dépasser, dans un avenir prévisible,
les niveaux de croissance affichés par les segments plus
matures de l’économie.
Pourtant, tous les marchés de microfinance ne sont pas
logés à la même enseigne. Dans certains pays, comme le
Pérou, les marchés financiers ont progressé à un rythme
impressionnant, de sorte que l’accès à des services financiers
de base est désormais relativement facile. Les experts interrogés s’attendent à ce que ces marchés de la microfinance
enregistrent des taux de croissance plus faibles à l’avenir,
cela ne signifie pas pour autant que la demande de services financiers soit maintenant pleinement satisfaite. Cela
indique plutôt qu’elle s’est déplacée vers de nouveaux segments plus avancés, tels que le financement de PME ou le
leasing, dont les besoins restent inassouvis.
Les pages suivantes résument les tendances et dynamiques
de croissance clés qui prédominent dans les régions où
responsAbility investit. Fondées sur les 36 interviews en
profondeur réalisées avec des experts du secteur, celles-là
fournissent un aperçu qualitatif des différents marchés,
s’agissant de leur potentiel de croissance, de la qualité de
leur environnement réglementaire, de leur développement
en termes de sources de financement et de tout autre tendance pertinente pour leur avenir.
TENDANCES MAJEURES
LA TECHNOLOGIE EN
POINT DE MIRE
Quelle est la valeur du progrès technologique ? Pour la majorité des experts, la réponse est claire : la technologie a le
pouvoir de révolutionner la manière dont les marchés de la
microfinance opèrent. En permettant à des IMF d’accéder à
des micro-entrepreneurs situés dans des zones isolées et de
mettre en place des TIC et des outils plus puissants d’évaluation des risques, la technologie offre d’immenses possibilités
aux IMF du monde entier.
1
Banque mondiale (2015) : Indicateurs du développement dans le monde
18
« Les progrès de la technologie mobile sont révolutionnaires. A l’avenir, chaque téléphone mobile
sera un GAB (guichet automatique de banque). »
Eric Savage (Unitus Capital, India)
Dans la perspective du développement du marché, des révolutions technologiques, comme l’argent mobile et la banque
sans guichets, permettent au secteur de la microfinance de
sauter les étapes qu’il aurait dû franchir sans elles (pour en
savoir plus sur ce sujet, consulter responsAbility Research
Insight2). En outre, les IMF peuvent adapter leurs produits à
l’environnement et au cycle des affaires particuliers de chacun de leurs clients. Cela explique pourquoi, quand on leur
demande quelle est l’innovation majeure de la microfinance,
quatre experts sur cinq citent la « banque sans guichets » et
l’« argent mobile ». Il est symptomatique de constater que
les experts de toutes les régions ont mentionné cette innovation et pas seulement ceux qui travaillent dans la « Silicon
Savannah » d’Afrique orientale. En parlant des marchés matures d’Amérique latine et d’Asie centrale, par exemple, les experts ont déclaré que les avancées technologiques doperont
l’efficience des IMF et leur rayon d’action, en leur permettant
d’offrir de meilleurs services à moindres coûts. Dans des
marchés toujours plus concurrentiels, les améliorations de
l’efficience sont cruciales pour gagner des parts de marché.
Figure 4 : L’importance de la technologie
pour le secteur de la microfinance
Après l’argent mobile et la banque sans guichets, les experts
ont cité « un élargissement de la gamme des services »
comme étant la deuxième des principales tendances du
secteur de la microfinance. Les services proposés par les IMF
doivent répondre à l’évolution rapide des besoins de leurs
clients. Outre l’accès au crédit, ces derniers veulent pouvoir
placer des dépôts, obtenir des assurances ou louer des locaux. Grâce aux nouvelles technologies, les IMF pourront
concevoir des produits élargissant, de manière efficace et
durable, cette gamme de services.
Importance limitée 29 %
Grande importance 71 %
Pas d’importance 0 %
Source : experts interrogés, responsAbility Resesarch
Figure 5 : Les tendances qui transformeront le marché de la microfinance
80 %
70 %
60 %
50 %
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
Banques sans
guichets/argent
mobile
Gamme plus
large de services
Evaluation de
la solvabilité
Expansion d’IMF
conventionnelles
Pénétration
de banques
Source : experts interrogés, responsAbility Resesarch
2
responsAbility (2013) : Révolution du secteur de la microfinance en Afrique orientale (2013).
19
TENDANCES DU DÉVELOPPEMENT
ET DE LA CROISSANCE DANS LES
PRINCIPAUX MARCHÉS DE LA
MICROFINANCE, EN 2016
Env. 10 %
Europe de l’Est
10–15 %
Moyen-Orient et
Afrique du Nord
5–10 %
15–20 %
Amérique latine
Afrique
subsaharienne
Amérique latine | 5–10 %
Après des années d’expansion vigoureuse,
les marchés sud-américains sont devenus
progressivement matures, offrant désormais des occasions de croissance limitées
au secteur de la microfinance traditionelle.
De surcroît, les ajustements macroéconomiques auxquels les exportateurs de matières premières doivent procéder en raison
de la baisse des prix freineront également la
progression des crédits. Dans les économies
d’Amérique centrale, les tendances sont différentes. La plupart d’entre elles bénéficient
en effet de la chute des prix du pétrole, car
elles sont importatrices nettes d’énergie,
et la reprise de l’économie américaine leur
donne un sérieux coup de pouce par le biais
d’une hausse du négoce et des transferts de
fonds. Toutefois, le phénomène climatique
connu sous le nom d’El Niño représente un
risque majeur pour la majorité des marchés
de la microfinance, à cause de son fort impact sur la production agricole. Dans cette
situation, la croissance de l’Amérique latine
devrait osciller entre 5 % et 10 %.
20
Afrique subsaharienne | 15–20 %
Les marchés subsahariens de la microfinance devraient poursuivre leur croissance,
car leur pénétration demeure encore relativement faible. Les marchés d’exportations
nettes de matières premières, comme le
Ghana et le Nigeria, connaîtront un ralentissement de leur progression, dû en partie
à une diminution des exportations et à la
volatilité de leur monnaie qui en découle.
En revanche, les importateurs nets de matières de base, comme le Kenya et la Tanzanie, seront moins affectés par les difficultés
économiques mondiales, permettant ainsi
à leurs marchés de la microfinance d’afficher
une robuste expansion. L’extension de solutions issues de la technologie contribuera
à soutenir le développement de ces marchés
dans cette région, en particulier en Afrique
de l’Est. Les marchés de la microfinance
d’Afrique subsaharienne devraient enregistrer une croissance de 15 % à 20 % en
moyenne.
Moyen-Orient et Afrique du Nord | 10–15 %
Tandis que la guerre civile en Syrie et que les
risques sécuritaires grandissants posés par
des groupes tels que DAECH provoquent de
l’incertitude et de l’instabilité, les marchés
les plus exposés du Moyen-Orient, Liban
et Jordanie, se sont montrés résilients. Par
contre, le marché turque de la microfinance
réalisera une croissance molle, en raison
d’une série de difficultés politiques et économiques qui auront un impact sur l’économie
réelle. Quant à l’Afrique du Nord, le Maroc
et l’Egypte devraient être les principaux
moteurs de la croissance, grâce à la reprise
de leur économie et à l’instauration d’un
contexte réglementaire plus favorable.
Globalement, la croissance de la région
MOAN devrait se situer à un taux de 10 %
à 15 %.
0–10 %
Asie centrale
et Caucase
Autour de 30 %
Asie Pacifique
Europe de l’Est | autour de 10 %
Les économies est-européennes qui ne sont
pas étroitement liées à la Russie enregistreront leurs taux de croissance les plus élevés
depuis la crise financière de 2008. Ils seront
en effet stimulés par la baisse des prix des
matières premières, par une amélioration
du marché du travail et par une hausse de
la demande à l’exportation. Cependant, le
secteur bancaire continuera de ressentir
les effets de la crise financière. Tandis que
le marché de la microfinance demeure
relativement petit dans la plupart des pays,
il devrait croître au taux sain de 10 %. Sauf
dans certains pays comme la Moldavie, où la
crise russe aura un impact important.
Asie centrale et Caucase | 0–10 %
En raison de ses liens étroits avec une Russie
dont l’économie stagne, cette région devrait
afficher des taux de croissance relativement
bas pendant la majeure partie de 2016. Les
exportateurs de pétrole, comme l’Azerbaïdjan et le Kazakhstan, sont également affectés par le recul des prix des matières de base.
Il en résulte une dépréciation des monnaies,
un ralentissement de la progression du PIB
et une chute des transferts de fonds provenant des émigrants travaillant en Russie, qui
touchent le secteur de la microfinance. Dans
cette situation, les autorités de réglementation ont commencé à resserrer les règles
en imposant des exigences prudentielles ou
d’autres restrictions (voir Climat des affaires,
p. suivante). Leur impact s’est déjà fait sentir
en 2015, mais 2016 promet d’être une année
difficile dans cette région. La plupart des
IMF sont bien armées pour affronter les
difficultés à venir, cependant la croissance
devrait ralentir à entre 0 % et 10 %, avec un
redémarrage attendu en fin d’année.
Asie-Pacifique | autour de 30 %
Dans l’Asie-Pacifique, les fondamentaux de
la croissance des principaux marchés de
la microfinance sont relativement solides.
A l’exception de la Mongolie, qui sera profondément affectée par la fin du super cycle des
matières premières et par le coup de frein de
la Chine. Les marchés de la microfinance de
l’Inde et du Cambodge devraient poursuivre
leur expansion au rythme actuel. En particulier, l’Inde bénéficiera d’un potentiel de croissance plus élevé et de conditions-cadres
réglementaires plus favorables. Certes, la
décélération de la Mongolie pèsera d’un
léger poids sur les perspectives globales
de croissance de cette région, mais l’AsiePacifique devrait progresser à un taux oscillant autour de 30 % en 2016.
Croissance mondiale | 10 – 15 %
21
CONDITIONS-CADRES, LA CLÉ ?
UNE RÉGLEMENTATION SAINE
Outre les progrès technologiques, une réglementation
saine et prudente est un moteur clé du développement d’un
secteur financier universel. Cette affirmation est illustrée
par l’étude de cas sur l’Inde (page 28). En effet, les nouvelles
conditions-cadres, améliorées par rapport aux précédentes,
permettent aux institutions de microfinance de devenir
des banques spécialisées en étendant les services qu’elles
peuvent offrir. Pour de nombreux clients, cette palette
étendue de produits et services – comprenant des produits
d’épargne et des services de paiement en ligne – est sans
précédent et n’aurait certainement pas été possible sans un
engagement déterminé de l’autorité réglementaire.
« En octroyant des licences de petite banque de
financement (Small Finance Bank) à huit IMF sur
dix, la Banque de réserve de l’Inde (Reserve Bank
of India – RBI) a manifesté sa confiance dans
la capacité de la microfinance de faire avancer
l’inclusion financière. Ce secteur a désormais
une grande responsabilité et aussi une belle
opportunité. »
Mona Kachhwaha (Caspian Impact Investment Advisers, Inde)
Figure 6 : Changements des conditions-cadres en général
Nette amélioration 42 %
Sans changement 36 %
Détérioration 22 %
Source : experts interrogés, responsAbility Resesarch
Même s’il est rare de voir mettre en place des conditionscadres susceptibles de booster le secteur financier, une
tendance positive générale apparaît. Plus de 40 % des experts estiment en effet que le contexte réglementaire et de
surveillance de leur marché présente une « nette amélioration ». C’est notamment le cas des experts situés en Afrique
subsaharienne et en Asie-Pacifique. Ces deux régions sont
aussi – et ce n’est sans doute pas une coïncidence – celles qui
devraient enregistrer la croissance la plus forte en 2016.
Si une réglementation prudente peut apporter de l’ordre
et de la transparence dans un marché, une réglementation
motivée par des intentions populistes ou malavisées produit souvent l’effet contraire, faussant les incitations et
détruisant le climat commercial. Plus de 20 % des experts
considèrent que les changements intervenus dans la réglementation ont entravé leurs marchés. L’Asie centrale, et particulièrement l’Azerbaïdjan, ont été cités comme exemples
d’interventions règlementaires ayant échoué.
3
Des taux d’intérêt plafonnés sont un exemple classique d’interventions ayant un effet de distorsion. La logique qui les
sous-tend est compréhensible. Comme les IMF fournissent
des services à des populations à faibles revenus qui sont vulnérables, il est impératif de les protéger en tant que consommateurs. En plafonnant les taux d’intérêt, les autorités ont
l’impression d’avoir un moyen rapide et efficace de s’assurer
que les micro-entrepreneurs ne soient pas exploités. Or, ce
moyen a souvent des effets indésirables qui empêchent une
IMF de fournir tout service. Par exemple, un tel plafonnement pourrait obliger une IMF à réduire ou à cesser ses activités, dès lors que la taille des microcrédits ou des charges
d’exploitation trop élevées les rendraient non rentables
(pour en savoir plus sur ce sujet, consulter responsAbility
Research Insight3).
responsAbility (2014) : L’efficacité, clé pour l’obtention de taux d’intérêt plus faibles dans la microfinance.
22
FINANCER LES IMF :
CHERCHER DES SOURCES
DIVERSIFIÉES
En termes de mix de financement global des institutions de
microfinance, la tendance à privilégier des sources locales
de financement va continuer. Les deux éditions précédentes
de Microfinance Market Outlook ont souligné le fait que
les dépôts des clients et la dette locale ont gagné en importance, les premiers étant particulièrement recherchés.
Outre qu’ils permettent à une IMF de diversifier ses sources
de financement en monnaie locale, les dépôts représentent
un service supplémentaire qu’elle offre à ses clients. La forte
demande de solutions d’épargne se reflète dans leur croissance rapide. Ils ont progressé de plus de 20 % ces deux dernières années4 et, selon la majorité des experts, deviendront
une source de financement des IMF encore plus importante
à l’avenir. Cependant, même si cette évolution intéresse les
IMF et leurs clients, la progression de l’épargne est freinée
par des exigences prudentielles soumettant les institutions
qui acceptent les dépôts à une réglementation plus stricte.
De fait, certains pays les interdisent. Pourtant, comme on
l’a vu dernièrement en Inde, la reconnaissance du rôle de
la microfinance dans la promotion de l’inclusion financière
peut catalyser la transformation de ce secteur, et étendre les
services que les IMF peuvent fournir.
4
Quand on les interroge pour connaître les motifs qui incitent
les IMF à se tourner vers des sources locales de financement,
les experts ont cité une « meilleure disponibilité » et un
« meilleur prix » comme étant les deux raisons principales.
L’accès à ces sources est particulièrement important dans
les pays dont la monnaie s’est considérablement affaiblie
par rapport au dollar. Dans ces périodes en effet, les fournisseurs de dette locaux ont un avantage certain s’agissant du
prix, dès lors qu’ils n’ont pas besoin de couvrir le risque de
change.
Au T2 / 2015, selon le portefeuille modèle de responsAbility (pour plus de
détails, voir la section « Portefeuille modèle de responsAbility »).
23
Figure 7 : Types de financement qui joueront un rôle plus important au cours des trois années à venir
80 %
70 %
Sources locales de financement
29 experts ont cité une ou plusieurs
sources locales de financement
Sources internationales de financement
18 experts ont cité une ou plusieurs
sources internationales de financement
60 %
50 %
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
Financement locale
en dette
Dépôts d'épargne
Financement locale
en capital
Source: experts interrogés, responsAbility Research
Les sources internationales de financement resteront cependant importantes à l’avenir, car elles offrent aux IMF une
expertise spéciale et un moyen de diversifier leurs financements. Même si les sources locales « rattrapent » les internationales, elles ne progressent pas suffisamment vite pour
répondre aux besoins grandissants du secteur. Cela explique
pourquoi 50 % des experts ont déclaré que les véhicules internationaux d’investissement dans la microfinance demeureront une source majeure de financement pour les trois prochaines années au moins. C’est une bonne nouvelle, car elle
signifie que les gérants d’actifs comme responsAbility sont
bien positionnés pour continuer à fournir du financement en
dette et en capital aux institutions de microfinance du monde
entier.
.
24
Financement
internationale en dette
Financement
internationale en capital
« L’année prochaine, l’efficience sera très importante. Les institutions qui réussiront à réduire
intelligemment leurs coûts prospéreront ; les
autres auront des difficultés. »
Roberto Andrade (Banco Solidario et PUCE, Équateur)
LES CINQ PROCHAINES ANNÉES :
OÙ ALLONS-NOUS ?
Rétrospectivement, la grande majorité des experts avait dit
que ces dernières années, le secteur de la microfinance avait
trouvé une assise plus solide. En revanche, quand on les a
interrogés pour savoir quels seraient les prochains développements majeurs de leurs marchés, les réponses ont été
plus variées. Certains ont mentionné la transition vers des
marchés matures, comme le Pérou, où il s’agira d’améliorer
l’efficience et de réduire les coûts. D’autres se sont focalisés
sur les progrès technologiques et leur capacité de dégager
des gains de productivité visant l’efficience et d’étendre le
rayon d’action des IMF.
Les progrès technologiques ont été le plus souvent cités
dans les marchés jeunes de l’Afrique subsaharienne ou de
l’Asie-Pacifique, où ils représentent le principal moyen de
gagner des parts de marché. En outre, les experts de ces
régions ont souligné que la transformation des institutions
de microfinance en véritables banques figurait en haut de
leur liste des priorités.
25
FINANCIAL SECTOR DEVELOPMENT
(DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR
FINANCIER)
133
institutions de microfinance du portefeuille de responsAbility se sont transformées ces quinze dernières années. Ces
transformations leur permettent d’accéder à un niveau supérieur, en offrant une
gamme plus vaste de services, comme
des dépôts d’épargne. Ce faisant, elles
jouent un rôle essentiel dans le développement du secteur financier.
30–40 %
« Dans la perspective du développement du
marché, des révolutions technologiques, comme
l’argent mobile et la banque sans guichets, permettent au secteur de la microfinance de sauter
les étapes qu’il aurait dû franchir sans elles. » p. 19
Part du PIB représentée en 2014 par les crédits
intérieurs au secteur privé dans les 15 principaux marchés de la microfinance. En 2010, ce
ratio était inférieur d’au moins 10 points de
pourcentage dans la plupart des pays. Ce qui
témoigne de la progression du secteur financier
dans les pays de la microfinance au cours des
cinq dernières années.
*LES MARCHÉS DE LA MICROFINANCE =
sont, pour la plupart, des pays en développement et des économies émergentes dans lesquels le secteur financier reste
sous-développé. L’Inde, le Cambodge et le Kenya font partie des principaux marchés de la microfinance du monde.
26
INVESTISSEMENTS DANS LA
MICROFINANCE : DE QUOI DEMAIN
SERA-T-IL FAIT ?
La microfinance est devenue, ces dernières années, un thème de placement attrayant.
Quel sera l’impact des développements décrits dans cette étude sur les investissements dans la microfinance ? Rochus Mommartz, membre de la Direction de responsAbility répond à cinq questions.
Quelle est la portée des prévisions de Microfinance Market
Outlook sur les investissements dans la microfinance ?
Pour les placements à taux fixes, qui constituent la majeure
partie des investissements dans la microfinance, le message
est clair : le marché continuera de croître avec toutefois de
grandes disparités entre les régions. Quoi qu’il en soit,
une croissance de mondiale de 10 % à 15 % signifie que la
demande de financement continuera d’augmenter.
En va-t-il de même pour les investissements en capital ?
Les investissements en capital seront moins influencés par
les facteurs macroéconomiques actuels. La question est
plutôt de savoir comment la demande de services fournis
par les établissements financiers évoluera dans les années
à venir. La plupart des marchés de la microfinance n’ont pas
encore atteint, tant s’en faut, la même couverture financière
que les pays industrialisés (voir p. 20 – 21). Le besoin de rattrapage se maintiendra donc au cours des prochaines années
également.
« La plupart des marchés de la microfinance n’ont pas encore
atteint, tant s’en faut, la même couverture financière que les
pays industrialisés. Le marché va donc continuer de croître. »
Quelle est l’influence du contexte macroéconomique
sur l’évaluation de ces investissements ?
Même si les établissements financiers ne sont pas cotés,
ils n’échappent pas aux développements du marché. Leur
évaluation peut être influencée par la valorisation d'entreprises similaires qui sont cotées ainsi que par une hausse
de la volatilité de la monnaie. De manière générale, grâce à
leur croissance dans les pays en développement, les institutions de microfinance créent de la valeur à long terme et
cette plus-value doit servir à dédommager les investisseurs
de manière adéquate pour les risques encourus. Les cycles
macroéconomiques courts déterminent plutôt le bon moment pour entrer sur ce marché.
Quel est le rôle des investissements en capital
dans les marchés de la microfinance arrivés à maturité ?
Au stade initial, de nombreuses institutions de microfinance
sont généralement détenues par des entités non commerciales, comme les institutions de financement du développe-
ment ou les organisations non gouvernementales. Dès que
ces institutions deviennent capables de pérenniser leurs activités, leurs actionnaires considèrent souvent avoir accompli leur tâche. Pour pouvoir franchir la prochaine étape de
leur développement – fréquemment une transformation en
une banque – celles-là ont besoin de nouveaux actionnaires.
Or, dans de nombreux pays, le marché des capitaux n’est pas
encore à même de proposer des solutions appropriées. Dès
lors, des opportunités d’investissement à long terme dans
le domaine de la microfinance s’ouvrent au secteur privé,
notamment aux investissements en capital.
Quelle est l’influence des modifications
de la réglementation sur les investissements en capital ?
Permettez-moi de vous donner un exemple concret. Les
modifications réglementaires annoncées en 2015 en Inde
ont d’abord stoppé les investissements. Puis, l’attribution de
nouvelles licences bancaires a mis un terme aux incertitudes,
et cela va se traduire par une série de changements dans la
structure de l’actionnariat des établissements financiers.
Dans la pratique, différentes institutions de microfinance
vont vouloir se transformer en banques. Ce processus prendra plusieurs années. Pour le financer, elles auront besoin
d’investisseurs orientés sur le long terme, qui les accompagneront dans leur développement et participeront également à la plus-value qu’elles dégageront.
« Les institutions de microfinance des pays en
développement créent de la valeur à long terme
et cette plus-value doit servir à dédommager
les investisseurs de manière adéquate pour les
risques encourus. »
ROCHUS MOMMARTZ
Membre de la Direction
de responsAbility
27
LE SECTEUR FINANCIER INDIEN
UN GRAND PAS VERS
L’INCLUSION FINANCIÈRE
Ces six dernières années, le secteur de
la microfinance d’Inde a vécu une période de soubresauts qui s’est terminée
par des résultats remarquables. Une
croissance prometteuse a été brutalement interrompue en 2010 par l’une des
plus grandes crises que la microfinance
n’ait jamais connue. Le gouvernement
d’Andhra Pradesh, qui compte autant
d’habitants que l’Allemagne, a fermé
le secteur local de la microfinance,
avec des conséquences dramatiques.
Non seulement ce secteur s’est complètement arrêté dans tout l’Etat, mais
encore cette décision a déclenché une
crise identitaire et asséché le financement du secteur entier de la microfinance en Inde.
L’histoire de l’Inde souligne
l’importance d’une réglementation saine, d’organismes sectoriels efficaces et d’un corps
politique à l’esprit ouvert.
Un géant s’éveille :
la Banque mondiale
prévoit une croissance de l’économie
indienne de 7,5 % en
2016.
28
Exemple concret de financement : une petite
entreprise de taxis.
Depuis lors, les autorités réglementaires, les politiciens et les praticiens
ont passé la situation en revue pour
finalement transformer le secteur financier indien. responsAbility a suivi et
résumé ces développements dans une
étude dédiée1.Un rapport consacré à
ce sujet est également disponible dans
chaque édition de Microfinance Market
Outlook depuis 2011. Les impressions
collectées racontent l’histoire de ce
qui est aujourd’hui l’un des principaux
marchés de la microfinance du monde,
permettant également de retenir un
certain nombre de leçons.
COMMENT ACCÉDER À 400 MILLIONS
D’ADULTES ?
responsAbility 2014,
Grandeur, déclin et
regain de dynamisme
du marché indien de la
microfinance.
2
Banque mondiale 2015,
Global Financial Inclusion Database (FINDEX)
1
De nos jours, l’inclusion financière est
devenue une priorité du gouvernement
et de la banque centrale (Reserve Bank
of India, RBI). En août 2014, Narendra
Modi, le Premier ministre indien, a
formellement lancé son programme
d’inclusion financière, dont l’objectif ambitieux est que chaque Indien
puisse détenir un compte en banque.
La réaction fut incroyable, 15 millions
de comptes ont été ouverts le premier
jour dans toute l’Inde. Alors que selon
la Banque mondiale, seuls 35 % des
Indiens adultes détenaient en 2011 un
compte dans un établissement financier, ils étaient déjà 53 % en 20142.Seul
bémol, la plupart de ces comptes sont
à zéro. Par conséquent, si le soutien
politique a clairement sensibilisé la
population, il appartient désormais au
secteur financier de transformer durablement ce coup de pouce en activant
ces comptes dormants.
29
Cette sensibilisation se reflète dans le
fait que Bandhan, une institution de
microfinance centrée sur la population
rurale, a obtenu l’une des deux seules
licences bancaires généralistes émises
en 2014 par la RBI. Ce fait est d’autant
plus remarquable que ces deux licences
ont été les premières à avoir été
octroyées depuis une décennie. Inaugurée en 2015 après avoir passé avec
succès sa période probatoire, Bandhan
Bank continue de se consacrer aux
micro, petites et moyennes entreprises
(MPME) et est désormais aussi autorisée à proposer des solutions d’épargne
à ses clients.
>>
Une nouvelle ère s’ouvre sur le sous-continent : des couches toujours plus larges de la population
Toute activité commerciale, quelle qu’elle soit,
cherchent à accéder à des services financiers.
a besoin de financement.
BANDHAN OUVRE LA MARCHE
le feu des projecteurs, car huit des dix
nouvelles petites banques sont des IMF.
EN TÊTE
La microfinance joue un rôle
essentiel dans ce changement.
Il semble que la Banque centrale de l’Inde ait enfin reconnu
l’importance de ce secteur pour
l’inclusion financière.
Heureusement que le cas de Bandhan
n’est pas resté isolé, dans l’aspiration
de la RBI à étendre encore les services
financiers à de vastes couches de
la population. En automne 2015, la
Banque centrale de l’Inde a accordé des
licences bancaires spécifiques à onze
établissements de paiement et à dix
petites banques de financement (voir
encadré). Une fois de plus, le secteur
de la microfinance s’est retrouvé sous
Reserve Bank of India
2015, Rapport du Committee on Comprehensive Financial Services
for Small Businesses
and Low Income
Households
4
Banque mondiale
2015, Global Financial
Inclusion Database
(FINDEX)
3
En même temps, la RBI a reconnu qu’il
n’y avait pas de solution de « taille
unique » pour fournir des services
financiers dans un pays aussi vaste et
fédéraliste que l’Inde3. Au contraire, il
faut recourir à une série complète de
différents prestataires de services financiers pour réaliser les objectifs prévus d’inclusion financière. A cet égard,
les institutions privées peuvent offrir
une solution alternative attrayante à
un secteur bancaire essentiellement
en main des pouvoirs publics. La RBI
a appris sa leçon et émis de nouvelles
licences bancaires généralistes. Elle a
également créé de nouveaux types de
licence dans l’unique but de répondre
aux besoins de plus de 400 millions
d’adultes qui ne détiennent pas encore
de compte en banque4.
DÉFINITION DE « SMALL FINANCE BANK »
Les institutions de microfinance ayant obtenu une licence dite « small finance
bank » (petite banque de financement) peuvent offrir des services bancaires
de base, telles que les prêts et la collecte de dépôts. Le but de ces banques est
de fournir un meilleur service à des régions et populations qui ne disposent
pas d’un bon accès au système financier. Ces banques se concentrent donc sur
des zones rurales et / ou sur des micro ou petites entreprises ou sur des petits
agriculteurs. De plus la RBI a accordé des licences de principe à onze banques
de paiement pour faciliter l’accès à l’épargne ou certaines transactions (tels
que les transferts de fonds provenant des migrants). Afin que ces licences
deviennent définitives, les institutions sélectionnées ont dix-huit mois pour
transformer leurs opérations.
30
En 2014, 53 %
d’Indiens adultes
détenaient un compte
en banque. Pourtant,
nombreux sont ceux
qui ne les ont jamais
DIX-HUIT MOIS POUR LANCER
LE PROCESSUS
La RBI a ainsi posé les bases de la
transformation du secteur de la
microfinance et du secteur financier tout entier pour réaliser des
objectifs politiques ambitieux.
Cependant, le travail est loin d’être
achevé. En effet, les bénéficiaires de ces
licences de principe ont maintenant
dix-huit mois pour prouver leur capacité à respecter les exigences accrues
inhérentes aux opérations bancaires.
Ils doivent en outre professionnaliser
leurs procédures, mettre sur pied une
unité de collecte des dépôts et adapter
leurs techniques de souscription en
passant de simples prêts groupés à
des solutions de crédit individuelles. Il
est à prévoir que tout le secteur devra
répondre simultanément à une forte
demande des consommateurs finals.
Alors qu’il est en pleine transformation,
ce secteur devra la traiter de manière
durable.
Par conséquent, l’histoire de la microfinance en Inde n’est pas terminée, ni
délivrée des défis et incertitudes qui
jalonneront l’avenir. Mais, longtemps
attendu, le soutien politique et réglementaire a mis toutes les cartes en
main du secteur, à lui de jouer.
31
utilisés.
QUALITY (QUALITÉ)
18 %
Telle est la hausse en deux ans
des dépôts d’épargne gérés par
les 100 institutions financières du
portefeuille modèle de responsAbility. L’épargne déposée auprès
d’établissements financiers bien
réglementés constitue un complément important au microcrédit
et une source intéressante de
financement.
« Outre les progrès technologiques,
une réglementation saine et prudente
est un moteur clé du développement
d’un secteur financier universel. » p. 22
86 %
des experts interrogés observent
que les agences d’évaluation du
crédit ont un rayon d’action étendu
ou en forte expansion dans leurs
marchés de la microfinance. Une
réglementation efficace et des
organisations spécifiques au secteur
comme les agences d’évaluation du
crédit sont garantes de la qualité des
institutions de microfinance.
SERVICE
*INSTITUTIONS DE MICROFINANCE PROFESSIONNELLES =
Environ 500 sur les 10 000 institutions de microfinance du monde appliquent les procédures
nécessaires pour opérer de manière professionnelle et économique. Seules celles-là sont éligibles
à l’investissement privé.
32
LE PORTEFEUILLE MODÈLE
DE RESPONSABILITY
QUANTIFIER LES RÉSULTATS
Les interviews des 36 experts, leaders du secteur de la microfinance, résumées sous « Tendances divergentes » (p. 18)
sont au cœur de l’évaluation qualitative de ce secteur par
responsAbility. Leurs connaissances, acquises par des années
d’immersion dans la microfinance, fournissent un « instantané » global de sa situation actuelle et des prévisions fiables
de son évolution future.
Conformément aux avis des experts, la croissance
du portefeuille ralentit.
En phase avec l’évaluation qualitative générale, la croissance
des prêts dans le portefeuille modèle de responsAbility a
ralenti au premier semestre 2015, s’inscrivant, au deuxième
trimestre 2015, à un taux de 12 % (par rapport à la même période en 2014, figure 8). Une légère dégradation de la qualité
du portefeuille – décrite plus loin – a aussi contribué à ce
ralentissement, dans la mesure où les IMF ont adopté des
stratégies de prêts plus conservatrices. Selon les experts,
le second semestre connaîtra une faible accélération, puis
poursuivra une ascension en légère pente en 2016. Etant
donné que ces taux se fondent sur des chiffres exprimés en
dollar, ils masquent les fortes dépréciations des monnaies
essuyées en 2015 et susceptibles de continuer en 2016. Par
conséquent, les taux de croissance en dollar sont nettement
inférieurs à leurs équivalents en monnaies locales. La modeste reprise de la progression du portefeuille des crédits
sera soutenue par une croissance supérieure à la moyenne
en Asie-Pacifique et en Afrique subsaharienne ainsi que par
des perspectives s’améliorant progressivement en Russie.
Cette section met en relation l’évaluation qualitative avec
une série d’indicateurs quantitatifs qui la complètent. La
base de l’analyse quantitative réalisée par responsAbility
est un portefeuille modèle de cent institutions clés (immuables) censées représenter l’univers de la microfinance
éligible à l'investissement. La valeur globale du portefeuille
de crédit combiné géré par ces IMF, considérées comme des
prestataires essentiels de leurs marchés respectifs, s’élève à
43,1 milliards USD. Cette analyse est présentée ci-après.
Figure 8 : Portefeuille de prêts bruts du portefeuille modèle de responsAbility
25
60 000
50 000
20
40 000
15
30 000
10
20 000
5
10 000
0
0
Q4 12
Q1 13
Q2 13
Q3 13
Q4 13
Q1 14
Q2 14
Croissance comparée à l’année précédente (axe de g.)
Q3 14
Q4 14
Q1 15
Q2 15
Q3 15
Q4 15
Q1 16
Q2 16
Q3 16
Q4 16
Croissance du portefeuille de prêts bruts, en millions USD (axe de dr.)
Source : responsAbility Research
33
La qualité du portefeuille reflète également une modeste
dégradation.
Comme prévu, le ralentissement de la croissance du portefeuille et la chute des taux de change enregistrée dans
plusieurs régions ont aussi eu un effet sur sa qualité. Au
deuxième trimestre 2015, PAR 301, prêts refinancés et abandons de créances ont augmenté à 7,4 %, contre 5,1 % un an
auparavant. Les experts sont d’avis que la qualité du portefeuille conservera cette tendance entre fin 2015 et début
2016, tant que l’impact du freinage de l’économie et de l’affaiblissement des taux de change continuera de se manifester.
Néanmoins, ils s’attendent à ce que la tendance s’inverse
plus tard en 2016 avec une amélioration des perspectives
économiques, une stabilisation des taux de change et une
restructuration d’une partie importante des prêts pour tenir
compte des dépréciations monétaires.
Trois points méritent d’être cités ici. Premièrement, alors que
le ratio de 7,4 % précité est légèrement supérieur à la norme
de la microfinance, il demeure très en dessous des niveaux
observés dans le secteur bancaire de plusieurs marchés de la
microfinance, voire dans certaines économies avancées d’Europe. Deuxièmement, la dégradation résulte largement de la
restructuration de prêts ou de leur remboursement partiel et
non de l’arrêt total des remboursements. Ce résultat reflète
la volonté et la capacité des institutions de microfinance de
s’adapter à un environnement difficile et augmente la probabilité que des prêts non productifs soient en fin de compte
entièrement remboursés. Troisièmement, dans la microfinance, la qualité du portefeuille est mesurée de manière
très conservatrice. En effet, la mesure de référence est le
portefeuille à risque à plus de 30 jours (PAR 30), ce qui signifie
que si le paiement du client a un retard supérieur à 30 jours,
le prêt est déjà signalé comme étant à risque.
Figure 9 : Qualité du portefeuille modèle de responsAbility
12 %
10 %
8%
6%
4%
2%
0%
Q4 12
Q1 13
Q2 13
Q3 13
PAR > 30 (échus)
Q4 13
Q1 14
Refinancés
Q2 14
Q3 14
Q4 14
Q1 15
Irrécouvrables
Source: responsAbility Research
Les structures d’évaluation des risques sont adéquates ou en
rapide amélioration, limitant ainsi le risque systémique.
Finalement, même si les ratios du portefeuille à risque ont
grimpé, le risque systémique demeure bas, car les marchés
de la microfinance bénéficient de services de recouvrement
améliorés. La possibilité pour les institutions de microfinance de pouvoir vérifier, de manière fiable, la solvabilité
d’un client est cruciale pour prévenir la multiplicité des
emprunts et le surendettement. De nos jours, la majorité
des marchés de la microfinance peuvent s’appuyer sur des
agences d'évaluation du crédit adéquates ou s’améliorant
rapidement, comme en témoignent plus de 90 % des experts.
Cette couverture toujours plus robuste et fiable contribuera,
à l’avenir, à une bonne qualité des crédits dans tout ce
secteur.
1
Le portefeuille à risque (PAR 30) représente la partie des prêts impayés depuis plus de 30 jours.
34
Q2 15
Q3 15
Q4 15
Q1 16
Q2 16
Q3 16
Q4 16
BILAN DE LA SITUATION
PERTINENCE DES
PRÉVISIONS DE CROISSANCE
Un client lisant régulièrement Microfinance Market Outlook
pourrait se demander si les précédentes prévisions de croissance ont été précises. De fait, après cinq années de publication, il serait bon de dresser un bilan et de regarder dans
le rétroviseur. Le diagramme ci-après compare les taux de
croissance effectifs1 avec les prévisions, enregistrés depuis
que responsAbility a commencé à publier ce rapport il y a
cinq ans. Comme ces moyennes dissimulent des disparités
régionales, elles ne doivent être considérées que comme des
indications du développement global.
Pour plusieurs raisons, il est difficile de prédire la croissance
des marchés de la microfinance. Tout d’abord, les points de
référence historiques sont rares, limitant ainsi la possibilité
de baser les prévisions sur des tendances passées. Ensuite,
les marchés sont influencés par une grande variété de facteurs, allant de la performance économique aux impératifs
politiques, en passant par le climat des affaires et les changements réglementaires. Enfin, nous avons affaire à un segment particulièrement dynamique de l’univers financier.
Sur cette toile de fond, il semble que nous ayons fait du bon
travail. Dans le sillage de la crise financière de 2008 – 2009,
on pensait en général qu’une nouvelle normalité s’était
instaurée et qu’il fallait donc s’attendre à une baisse des
taux de croissance. Ce qui nous a amenés à nous montrer
extrêmement prudents en 2012, alors que les marchés de la
microfinance ont fait preuve d’une résilience bien plus forte
qu’attendu. De sorte qu’en 2013, les prévisions ont été plus
proches des taux réels qui se trouvaient dans la fourchette
anticipée. Quant à 2014, alors que la croissance du portefeuille a dépassé 15 % au cours des neuf premiers mois de
l’année, elle s’est fortement ralentie au dernier trimestre,
sous l’effet de la crise en Russie et de la dépréciation des
monnaies des économies limitrophes (figure 10). De surcroît,
quand les monnaies des principaux marchés se déprécient
fortement, les estimations tendent à surpasser les taux réels,
car les experts se fondent sur la monnaie locale, alors que
nous les enregistrons en dollars.
Notre analyse quantitative et qualitative arrive à la conclusion que les marchés de la microfinance progresseront de
10 % à 15 % en 2016. Certes, cette prévision est inférieure à
celles des années précédentes, mais tout porte à croire que
ces marchés resteront robustes et résilients tout autour du
globe. Si bien que nous estimons qu’à long terme, la croissance de ce secteur se poursuivra durablement à un taux de
15 % à 20 % par an2. La microfinance pourrait mettre à profit
une baisse de régime pour corriger ses faiblesses, adapter
ses modèles d’affaires, accroître son efficience et, ce faisant,
poser les fondations d’un avenir prometteur.
Figure 10 : Taux de croissance prévus et réels du marché de la microfinance
25 %
22,7 %
20 %
18,0 %
15,2 %
13,4 %
15 %
12,0 %
10 %
5%
0%
2011
2012
Croissance réelle du marché en USD
2013
2014
2015
2016
Prévisions (Valeur haute, basse)
Source : responsAbility Research
1
2
Les taux de croissance « réels » sont issus du portefeuille modèle de responsAbility (voir plus haut).
Cette estimation se fonde sur une étude de capacité à moyen terme réalisée par responsAbility et expliquée dans Microfinance Market Outlook 2015.
35
PROSPERITY (PROSPÉRITÉ)
UNE ACCUMULATION DE PREUVES
confirme que l’accès aux services
financiers par le biais de comptes
bancaires peut permettre aux
personnes et aux entreprises de
lisser la consommation, de gérer
les risques ainsi que d’investir
dans l’éducation, la santé et les
entreprises. (Banque mondiale)
2 MRDS.
de personnes n’utilisent pas
de services financiers conventionnels et plus de 50 % des
adultes des ménages les plus
pauvres ne sont pas bancarisés. L’inclusion financière est
un moteur clé pour réduire la
pauvreté et booster la prospérité. (Banque mondiale)
BIENVENUE
« Dans certains pays, par
exemple au Pérou, les marchés
financiers se sont étendus à un
rythme impressionant, de sorte
que l’accès à des services financiers de base est aujourd’hui relativement facile. » p. 18
*L’IMPACT DE LA MICROFINANCE
SUR LE DÉVELOPPEMENT =
La microfinance contribue au développement d’un secteur financier efficace. L’accès au financement
permet à ses clients de développer leur commerce, ce qui favorise la croissance économique, l’extension de l’offre de produits et de services et la création d’emplois. Tous ces facteurs soutiennent le
développement de l’économie locale.
36
RESPONSABILITY
INVESTMENTS AG
responsAbility Investments AG est, dans l’investissement
servant au développement, l’un des principaux gestionnaires
d’actifs du monde. Il offre aux investisseurs, tant privés
qu’institutionnels, des solutions de placement gérées avec le
plus grand professionnalisme. Par le biais de ses produits de
placement, responsAbility Investments AG propose du financement sous forme de dette ou de prises de participation aux
entreprises non cotées des économies émergentes et des
pays en développement. Ce qui accroît la prospérité de ces
derniers à long terme.
responsAbility gère 2,9 milliards USD d’actifs investis dans
quelque 530 entreprises situées dans 93 pays. Fondée en
2003, la société, dont le siège est à Zurich, possède des
bureaux à Bangkok, Hongkong, Lima, Luxembourg, Mumbai,
Nairobi, Oslo et Paris. Parmi ses actionnaires, elle compte
de grands noms de la place financière suisse et ses propres
collaborateurs. responsAbility est soumise à la surveillance
de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers
FINMA.
37
LES EXPERTS DE
RESPONSABILITY
La composition de l’équipe chargée de la recherche et responsable du contenu de ce rapport est le reflet de la grande complexité du secteur de la microfinance. Grâce à l’expertise de ses spécialistes, l’équipe saisit les nouvelles tendances de la recherche,
de la finance et de l’investissement servant au développement en
général. Le vaste réseau mondial de ses auteurs est à la base de la
qualité de ce rapport.
CAROLA HUG
HENRY GONZÁLEZ
ROCHUS MOMMARTZ
Analyste de la recherche
au sein du département
Research de responsAbility et
auteure de la présente étude.
Dirige l’équipe Research
& Advisory, membre de la
Direction
Membre de la Direction,
supervise les départements
Financial Institutions Equity,
Ventures Equity, Research et
Legal & Compliance
PARCOURS PROFESSIONNEL
• Master en management & économie
et Bachelor en communications de
l’Université de Zurich
• Plus de 6 ans d’expérience dans le
secteur de la microfinance
PARCOURS PROFESSIONNEL
• MBA (Université d’Oxford), MPA (Université
d’Harvard) et BA en sciences politiques
(Université de Costa Rica)
• Plus de 18 ans d’expérience de la finance
dans les marchés émergents (responsAbility et Morgan Stanley), du développement international (Banque mondiale
et PNUD) et des politiques publiques
(gouvernement de Costa Rica).
• Expérience considérable de la recherche
et de l’investissement dans la finance
durable en tant que membre fondateur du
Microfinance Institutions Group à Morgan
Stanley, et consultant senior auprès du
Groupe Donors and Investors de CGAP.
• Membre associé de la Saïd Business
School de l’Université d’Oxford, membre
du Conseil et du Comité d’investissement
de la Wenner-Gren Foundation (USA)
PARCOURS PROFESSIONNEL
• Etudes en économie et mathématiques
à Francfort et Berlin
• Plus de 20 ans d’expérience dans le
développement du secteur financier
et de la microfinance
• Acteur clé de l’expansion de ProCredit
Holding en Amérique latine
• Consultance dans des questions spécifiques au secteur financier dans plus de
40 pays, conception de conditions-cadres
légales et réglementaires et pratiques
de surveillance de la microfinance dans
8 pays
• Membre du Conseil d’administration de
diverses banques de microfinance au
cours des 10 années écoulées
38
NOS VIFS REMERCIEMENTS POUR LEUR PRECIEUSE
CONTRIBUTION VONT AUX EXPERTS SUIVANTS :
Roberto Andrade
(Banco Solidario)
Jhale Hajiyeva
(Amfa)
Nahla El-Okdah
(IFC)
Pedro Arriola
(Consultant)
Maria Clara Hoyos
(Asomicrofinanzas)
Zaza Pirtskhelava
(Credo)
Yohan Assous
(SA Taxi)
Enrique Hurtado
(responsAbility)
Karlygash Raikhanova
(KMF)
Carlos Avalos
(Visión Banco)
Hout Ieng Tong
(HKL)
Daniel Rozas
(Consultant)
Jean-Gabriel Dayre
(Proparco)
Mejra Juzbasic
(Finance in Motion)
Norihiko Kato
(Khan Bank)
Nikolas Drude
(EBRD)
Mona Kachhwaha
(Caspian)
Eric Savage
(Unitus)
Sébastien Duquet
(responsAbility)
Jana Kadian
(Finca)
Maud Savary-Mornet
(responsAbility)
Michael Fabbroni
(responsAbility)
Evrim Kirimkam
(Microfinanza)
Sim Senacheert
(Prasac)
David Ferrand
(FSD Kenya)
Michaël Knaute
(OXUS Development Network)
Martin Spahr
(IFC)
Jeff Flowers
(Finca)
Timothy Lyman
(CGAP)
Guillaume Valence
(Advans)
Tony Fosu
(Sinapi Aba)
Roxana Mercado
(Siembra)
Bryan Wagner
(Creation Investment)
Ralph Guerra
(Compartamos Peru)
Clive Moody
(dfe Partners)
Styopa Zakinyan
(ACBA)
39
NOTES
40
IMPRESSUM
Equipe de projet de responsAbility :
Dr Nikodemus Herger, Carola Hug, Ulli Janett
Textes : Carola Hug , Ulli Janett
Photos : Jerry Riley (p. 17 ; 28–31)
Concept, design : Liebchen+Liebchen GmbH,
Francfort sur le Main
Commandes et souscriptions, Microfinance Market
Outlook 2016 : www. responsAbility.com
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responsAbility-investments
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41
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