Travail géographie TS2 semaine du 16 au 20 novembre

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Travail géographie TS2 semaine du 16 au 20 novembre
Pour éviter les pertes de temps que nous ne pourrons compenser par la suite, je vous transmets
le cours que nous aurions dû commencer cette semaine. Je le joins intégralement, mais je
comptais faire au moins les parties I et II. Mais si vous pouviez le travailler intégralement, ce
serait parfait.
Travaillez-le et si vous avez la moindre question ou le moindre doute joignez-moi par mail:
[email protected], ou par téléphone au 0625890916.
La semaine prochaine en classe, je me contenterai de reprendre les grandes lignes du cours,
d'apporter quelques explications uniquement. Donc, il est important que vous fassiez ce
travail sérieusement.
Vos devoirs seront corrigés pour mardi. Je vous prépare un corrigé que je vous enverrai par le
même moyen dans la semaine. Je peux également communiquer les notes à ceux qui le
souhaitent et qui me le demanderont.
Bon courage et bon travail à tous dans cette situation inattendue et exceptionnelle. N'hésitez
pas à me contacter si vous avez le moindre souci. A bientôt.
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LES CENTRES D’IMPULSION ET LES INEGALITES DE
DEVELOPPEMENT
Depuis la fin de la 2° GM, on assiste à une intensification des échanges à l’échelle de la
planète, quelle que soit la nature de ces échanges (hommes, marchandises, capitaux,
informations, trafics…). C’est le renforcement du phénomène de « mondialisation »
qu’évoquaient déjà les historiens à partir du XV° siècle.
Ainsi, la mondialisation apparaît comme un processus d’organisation des échanges et de la
production transcendant les frontières. Elle constitue une mise en relation des différentes
composantes du monde, d'ensembles géographiques et d'acteurs différents qui s'articulent en
systèmes. Elle se déploie sur la planète, à la fois dans le champ de l'international (cad des
relations entre Etats) et du transnational qui à l'inverse, se joue des frontières.
Les interventions des différents acteurs se croisent, se combattent, s'additionnent et un
forment des réseaux. Ces réseaux associent des axes (routes, lignes téléphoniques…) et des
éléments nodaux (villes) nécessaires à l'organisation des flux (personnes, marchandises,
capitaux, informations…).
Mais loin de conduire à une homogénéisation du monde, ce processus s’accompagne
d’inégalités. Des lieux, des acteurs, des pôles se détachent, jouant un rôle majeur, alors que
d’autres espaces restent totalement marginalisés ou même à l’écart.
Comment s’organise le monde d’aujourd’hui ?
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I : Un espace mondialisé :
A : L’explosion des flux mondiaux :
* flux migratoires :
Les migrations internationales, d’un Etat vers un autre, sont devenues massives surtout à
partir du XIX° siècle (de l’Europe vers le reste du monde). Mais depuis la fin de la 2° GM ces
migrations se sont intensifiées. Les hommes circulent de plus en plus que ce soit à la
recherche d’un emploi, d’une vie meilleure, ou bien seulement pour le temps de vacances.
Le nombre de personnes vivant hors de leur pays d’origine est passé de 75 à 175 millions de
1965 à 2003. Les difficultés économiques et sociales constituent une cause majeure de départ.
La 2° grande cause de migration est d’ordre politique: les guerres, les persécutions et les
conflits internes ont provoqué une augmentation du nombre de demandeurs d’asile et de
réfugiés politiques, qui est passé de 2,5 millions en 1970 à environ 20 millions en 2000.
80% des migrants se dirigent vers les pays riches et 20% vers le Sud. La plupart proviennent
des régions les moins développées à forte pression démographique et affluent vers les grandes
villes des pays d’accueil.
L’Europe est devenue un grand pôle d’accueil des migrants internationaux, au même titre que
l’Amérique du Nord (EU, Canada), qui demeure le principal. Après la chute des régimes
communistes, les flux en provenance d’Europe centrale et balkanique se sont dirigés vers
l’Europe occidentale. Les régions les plus développées du Sud attirent aussi les migrants:
Singapour, la Malaisie, les Etats du Golfe persique, l’Afrique du Sud, le Venezuela,
l’Argentine...
Les flux touristiques sont également en constante augmentation. Le tourisme de masse a
remplacé le tourisme de classe. Il est né de la conjoncture des congés payés, de la hausse du
niveau de vie, de la révolution des transports et de la société des loisirs dans les pays
développés. Il y a aujourd’hui dans le monde 750 millions de touristes, mais ce phénomène ne
concerne pour l’instant que 8% de la population mondiale, ce qui laisse une marge de
progression considérable.
L’Europe et les EU sont à la fois les principaux émetteurs et récepteurs de touristes (80% des
mouvements).
* des échanges de biens et services en continuelle expansion :
Le commerce international s’est considérablement accru depuis le milieu du XX° siècle, après
une brutale contraction entre les 2 guerres mondiales. Les échanges de biens et de services ont
augmenté plus rapidement que la production de richesses. En 1970, 14% de la production
étaient échangés, en 2000, les flux internationaux portaient sur 28% d’une production
mondiale de biens et de services. La libéralisation des échanges, la révolution des transports et
des communications ainsi que l’interdépendance de plus en plus poussée entre les différents
pays du globe en sont les moteurs essentiels.
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La structure des échanges a longtemps été marquée par la prépondérance des matières 1° et
des sources d’énergie. Ces flux sont toujours aussi importants en volume, mais en valeur, ils
ne réalisent plus aujourd’hui qu’environ 10% du commerce international. Ce sont les flux de
produits manufacturés qui progressent le plus pour représenter les 3/4 des échanges
mondiaux.
Les échanges de services progressent très rapidement depuis 1/4 de siècle, augmentant plus
vite que ceux des biens. Ils représentent désormais 20% de la valeur du commerce mondial.
Cela s’explique par le développement des transports et du tourisme, et de plus en plus par
celui des services financiers, technologiques et culturels (logiciels, brevets...).
La géographie des flux reste très différenciée selon les produits concernés. Les pays
développés sont spécialisés dans les produits à très haute valeur ajoutée qu’ils exportent
surtout entre eux. Ainsi, un petit groupe de pays, les pays riches et développés, réalise 75 %
du commerce mondial. La part de l’Asie Pacifique s’accroît, en particulier celle de la Chine.
En revanche, un grand nombre de pays pauvres, notamment en Afrique et Asie du Sud, restent
en marge des grands flux internationaux de biens et de services.
* la circulation de l’information, nouvel enjeu planétaire:
L’information est devenue un outil de travail, un facteur de production aussi important que la
main-d’œuvre et les capitaux, notamment pour les firmes multinationales ou les grands
organismes bancaires internationaux. Mais elle influence aussi très largement la stabilité des
gouvernements et des états-majors militaires ainsi que les sociétés du monde entier. Le
secteur des télécommunications (satellites et câbles à très haut débit), maîtrisé par la Triade,
est un enjeu stratégique géopolitique, géoéconomique et culturel mondial au même titre que la
filière informationnelle (médias, informations économiques et politiques, financières et
culturelles).
La filière informations-médias intègre la production de l’information (collecte, tri et
traitement), sa circulation (diffusion, stockage) et sa vente (textes, sons, vidéos, données).
L’information, soutenue par l’extraordinaire foisonnement technologique (satellites de
communications, téléphonie mobile, Internet, mise en réseau de banques de données), reste
toutefois contrôlée par un oligopole de grandes entreprises de la Triade (Microsoft, AOLTime Warner, Sony, Philips...).
* les flux de capitaux irriguent toute la planète:
Le marché financier est devenu réellement planétaire grâce à la création d’un système de
communication qui relie les places financières 24h/24. La déréglementation permet aux
banques et aux fonds de pensions et d’investissement d’organiser la mobilité des capitaux audelà de leurs frontières, à la recherche du meilleur profit pour leurs placements.
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La logique financière et spéculative domine la mondialisation : l’exigence de rentabilité des
fonds placés s’impose comme une priorité aux chefs d’entreprises au détriment d’objectifs
économiques, sociaux et environnementaux. Les Etats sont soucieux d’attirer et de retenir des
capitaux dont le départ brutal peut déstabiliser des économies fragiles.
Les capitaux circulent essentiellement entre les pays riches : les investisseurs internationaux
évitent la moitié de la planète jugée trop pauvre, instable, bref risquée. Moins du ¼ des IDE
(investissements directs à l’étranger) parviennent aux pays du Sud, en fait un 10 de pays qui
en concentrent 70% dont 25% pour la Chine seule.
Les flux financiers s’articulent ainsi autour de quelques grandes places financières à l’échelle
internationale (New York, Tokyo, Londres, Paris...), interdépendantes et fonctionnant de
manière quasi permanente.
Mais la mondialisation qui se caractérise donc par l’accentuation des échanges à l’échelle de
la planète repose surtout sur 3 pôles.
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B : …dominé par 3 pôles :
La Triade (Amérique du Nord, Asie du sud-est et Europe occidentale) constitue le centre
d’impulsion de la mondialisation, l’oligopole qui domine le monde.
Elle regroupe les pays les plus avancés sur le plan technologique, les plus riches, les pays aux
sociétés postindustrielles. Ces pays cumulent de nombreux atouts majeurs: lieux de naissance
des principales FMN, lieux d’innovations technologiques, lieux d’exercice des grandes
bourses mondiales (Wall Street à New York, Kabuto Cho à Tokyo), lieux d’implantation des
organismes internationaux (ONU, OMC, G8, Banque mondiale...). Tout ceci leur permet de
contrôler l’essentiel du pouvoir politique et économique du monde: les 4/5° de la production
industrielle mondiale, 80% des échanges. Ils possèdent les capitaux (86 % de la capitalisation
boursière, 95 % du marché des dettes), maîtrisent les technologies et l’information (85 % de la
recherche et de l’enseignement).
La force de la Triade réside aussi dans sa capacité à produire des modèles qui s’imposent au
reste du monde, qu’il s’agisse de l’organisation du travail et de la production dans les
entreprises, de l’urbanisme et de l’architecture, de l’équipement domestique des ménages, de
l’alimentation, du sport, de la culture ou des loisirs en général.
Cette puissance est liée à des héritages anciens : l’emprise mondiale de l’Europe s’est
construite à partir des XV°- XVI° siècles, des grandes découvertes, pour culminer au début du
XX° siècle. C’est la révolution industrielle et technique, née en Europe, diffusée rapidement
aux EU par les migrations massives originaires du vieux continent et importée en 1868 lors de
l’ère Meiji au Japon, qui a imposé durablement ces 3 centres. Les pôles de la Triade sont donc
à l’origine du processus de mondialisation contemporaine.
Le phénomène est aujourd’hui piloté par les EU, mais les 2 autres centres contribuent aussi
fortement à la globalisation du monde actuel et se posent, dans divers domaines, en
concurrents sérieux de la puissance américaine.
Globalement, la Triade fonctionne comme un ensemble relativement cohérent et solidaire. Ses
entreprises délocalisent leurs unités de production partout où les marchés sont attractifs et la
main-d’œuvre salariée abondante et peu coûteuse. La majorité des échanges commerciaux,
financiers, scientifiques, culturels, humains, s’opère entre les pôles eux-mêmes, laissant de
côté les autres territoires considérés comme des périphéries.
La Triade est pourtant hiérarchisée et nettement dominée par les EU, seule puissance globale
de l’ensemble .Leur domination est manifeste dans les domaines politique, économique,
financier, militaire et technologique. Leur capacité d’intervention militaire et le rôle joué par
le dollar leur confère une hégémonie certaine, sans oublier le contrôle des réseaux et de
l’information. Après la 2° GM leur modèle s’est imposé sans entraves, renforcé par la faillite
du modèle soviétique. Avec 291 millions d’hbts, ils disposent de plus de 32 % du RNB
mondial. L’UE et le Japon peuvent concurrencer les EU dans des domaines aussi variés que
l’aérospatiale, les constructions navales, les jeux vidéo ou la recherche médicale, mais ils
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n’ont pas la possibilité de projeter partout leur vision politique du monde et d’un ordre
planétaire global.
Le Japon est un ensemble de petite taille, avec un marché intérieur exigu. Il a connu après
1945 une réussite économique, financière et technologique éclatante. Il réalisait 3 % du RNB
mondial en 1960, 13,5 % en 2002, et ce malgré 128 millions d’hbts disposant de peu d’espace
et de maigres richesses naturelles. Mais si son poids économique et financier reste
considérable, il a perdu beaucoup de l’agressivité qui faisait sa force en matière de production
et de commerce dans les années 1980. Ce géant économique demeure de plus, un “nain”
politique et militaire, sans siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.
Quant à l’UE, ensemble continental aux ressources humaines, culturelles, financières et
techniques considérables, elle est sans doute le seul vrai rival potentiel des EU (près de 27%
du RNB mondial).
Mais ces espaces de la Triade sont à la fois interdépendants et concurrents. Interdépendants,
car la mondialisation structure la planète en réseaux constitués par des pôles (nœuds ou
centres) reliés par des axes sur lesquels circulent en permanence des flux matériels et
immatériels qui nécessitent des réseaux de communications, une confluence de voies routières
et ferroviaires à grande vitesse, la présence d'aéroports et souvent, l'accès à un grand port.
Mais ces espaces sont aussi concurrents. En effet, les échanges qu’ils effectuent entre eux se
réalisent dans le cadre d’une vive concurrence. Les différends commerciaux qui opposent les
3 pôles en témoignent. Chacun cherche à préserver ses particularismes, à défendre sa culture,
ses valeurs, ses formes d’organisation sociale. Chaque centre d’impulsion possède son aire de
puissance et des zones d’influence privilégiées.
Les EU ont depuis longtemps intégré le Canada et le Mexique à leur espace économique. La
création de l’ALENA en 1992 a renforcé cette intégration. Les EU ont aussi noué des liens
étroits avec le reste de l’Amérique latine, avec laquelle ils comptent constituer une vaste zone
de libre-échange.
Le Japon a développé d’intenses relations économiques et financières en Asie orientale, où
ont émergé de puissants partenaires comme la Chine et la Corée du Sud.
L’UE a vu le nombre de ses membres passer de 15 à 25, notamment par l’intégration des
PECO. De nombreux échanges l’associent aux autres Etats d’Europe. Elle entretient
également des relations privilégiées avec l’Afrique et le Moyen-Orient.
Mais à l’intérieur de ces pôles moteurs, les villes jouent un rôle majeur.
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C : Les métropoles, centres névralgiques de l’espace mondial :
Mégapole: ville géante comportant plusieurs millions d'hbts.
Métropole: aire urbaine de taille variable, dotée de fonctions de commandement, ayant un
rayonnement étendu international, voire mondial.
Mégalopole: ensemble urbain de plusieurs millions d'habitants s'étendant en ruban quasi
continu sur plusieurs centaines de km et exerçant une influence mondiale.
Métropolisation: processus de concentration des fonctions de commandement dans quelques
grandes villes.
Les grandes métropoles des pays développés sont les espaces moteurs de la mondialisation.
Près de la 1/2 de la population mondiale est constituée de citadins. La mondialisation a donné
un véritable coup de fouet à l’urbanisation et à la métropolisation, avec la montée en
puissance des très grandes villes.
72 agglomérations comptaient plus d’un million d’hbts en 1950, 350 en 2003. 55 dépassent 5
millions d’hbts en 2003 (et 23 le seuil des 10 millions).
Ainsi, les villes mondiales sont les métropoles qui concentrent les impulsions: pôles de
commandement et de gestion politiques, économiques, industriels et financiers (CBD), nœuds
privilégiés de la concentration et de la circulation des richesses, des hommes, des savoirs, des
informations, et espaces directs de la production. Elles concentrent les sièges sociaux des
grandes entreprises et d’organismes internationaux, les services financiers de haut niveau, les
pôles de recherche et d’innovation. Elles accaparent l’essentiel de la création culturelle à
finalité marchande, engendrent et collectent les principaux flux d’information. Elles
rassemblent aussi les emplois les plus productifs et fournissent un produit brut équivalent ou
supérieur à celui de nombreux Etats.
La mondialisation a pour effet l’organisation d’un système de villes appelé archipel
métropolitain mondial. Il est formé de l’ensemble des agglomérations qui contribuent à la
direction du monde: les villes globales, dont on estime le nombre à 32 dans le monde, dont 24
dans la Triade.
Ce système est hiérarchisé: à sa tête, des mégalopoles qui sont des villes au rayonnement
mondial et un ensemble de villes dont les liaisons et le pouvoir de commandement présentent
un caractère mondial plus ou moins affirmé. Les métropoles qui le composent fonctionnent en
réseaux, polarisent l’essentiel des flux: 20 d’entre elles gèrent 85 % des flux financiers
mondiaux alors que 25 aéroports polarisent 70 % du trafic aérien.
Cette organisation aboutit à des "corridors métropolitains": la Mégalopolis du nord-est des
EU (45 millions d'hbts), la mégalopole japonaise (100 millions) et la dorsale européenne (55
millions).
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D'autres corridors se constituent progressivement sans atteindre la même importance: de
Séoul à Canton en Asie, de Buenos Aires à Sao Paulo en Amérique du sud, ou de San
Francisco à Tijuana sur la côte pacifique de l’Amérique du nord.
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II : Trois pôles, parmi lesquels l’UE :
A : Une puissance majeure de la Triade :
Avec un peu plus de 7% de la population mondiale et 4 millions de km2, l’UE produit environ
30% du PNB planétaire. Le poids de son économie est comparable à celui des EU dont le
territoire est 2,5 fois plus vaste et la population inférieure de 30%. Elle finance 36% du
budget de l’ONU, 39% de celui des programmes de maintien de la paix.
L’agriculture représente moins de 5% des actifs et 2% du RNB, mais sa place reste
considérable dans l’espace et la société européennes. Elle occupe la 1/2 du territoire et de
plus, la longue histoire agraire de l’Europe et le fait que les sociétés rurales aient été
longtemps dominantes, expliquent que les agriculteurs constituent un lobby politique puissant.
Si l’on se réfère à la valeur et à la diversité des produits ainsi qu’aux exportations,
l’agriculture de l’UE est au 2° rang mondial, derrière celle des EU. Elle est en tête pour le lait
et la viande, ainsi que pour des produits à haute valeur ajoutée, comme le vin, les fleurs et de
nombreux fruits. L’UE est aussi le 2° exportateur mondial de céréales avec les rendements les
plus élevés au monde.
Ces bons résultats ont été réalisés grâce à la politique agricole commune. L’édification d’un
marché agricole commun et la solidarité financière des Etats ont permis le maintien d’une
production de grande qualité servant une industrie agro-alimentaire très dynamique. Mais ces
résultats s’expliquent aussi par d’importantes subventions: 35% du chiffre d’affaires et plus
de 15 000 € /agriculteur et /an, contre 20% du chiffre d’affaires et plus de 20 000 €
/agriculteur et /an aux EU. La PAC est pourtant en crise: elle produit des excédents et son
financement est lourd. Jugée trop coûteuse, elle est l’objet de multiples réformes destinées à
réduire et à mieux répartir les subventions. La dernière a eu lieu en juin 2003.
La somme des industries nationales au sein de l’UE en fait la 1° puissance industrielle du
monde. Berceau de la révolution industrielle, l’Europe conserve de cet héritage des positions
fortes dans les industries qui ont été les moteurs de la croissance jusqu’aux années 1970.
L’UE reste un géant de l’acier, des métaux, de la chimie, des matériaux de construction, du
matériel de transport, la construction automobile. Elle a cédé beaucoup de terrain dans les
industries à faible contenu technique: textile, chaussure, jouets, meubles, appareils
électroménagers.
Si l’UE est l’égale des EU dans des branches de haute technologie comme l’aéronautique et
l’espace, elle affiche des retards notables sur ce rival et sur le Japon dans des industries
électroniques et informatiques ainsi que dans les nouvelles technologies de l’information et de
la communication.
Le dynamisme des services. L’UE est une puissance tertiaire: 7 pays européens sont parmi
les 10 1° exportateurs de services dans le monde (avec une balance globalement
excédentaire). Le RU, l’Allemagne et la France arrivent en 2°, 3° et 4° position après les EU
devant le Japon.
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Les fonctions tertiaires occupent une part écrasante dans l’économie européenne, employant
7 salariés/10 et produisant plus de 70% du RNB. Une fraction importante de ces activités reste
liée à l’industrie et à la production de biens matériels, notamment dans la recherche, les
transports, le conditionnement et la distribution.
Cette situation caractérise une économie postindustrielle: les services de la distribution, de la
banque, des opérateurs de télécommunications ou la sphère des loisirs connaissent un essor
continu dans des sociétés à haut niveau de vie, où la consommation et la quête du temps libre
sont devenues des valeurs centrales de l’existence.
L’UE est d’autre part le 1° pôle touristique mondial. Cette activité est une source majeure
d’entrée de devises et entretient un nombre croissant d’emplois directs, particulièrement dans
les pays du sud de l’UE (10% des emplois en Espagne).
En parallèle, les activités juridiques, de conseil, de placements financiers, d’assurance, de
gestion enregistrent une forte croissance dans un contexte de mondialisation.
Mais les positions sont cependant contrastées, entre des pays comme le RU où l’économie est
tertiaire à près de 80%, et des périphéries de l’UE, comme le Portugal, la Slovénie ou la
République tchèque, où elle ne l’est qu’à un peu plus de 60%.
D’où une puissance commerciale et financière:
L’UE est le 1° pôle commercial et financier du monde : elle réalise près de 40% du commerce
mondial. Ses principaux partenaires sont les EU, la Suisse, la Chine et le Japon.
Néanmoins, les échanges entre Etats de l’UE sont encore plus actifs: les échanges entre
France et Allemagne sont les 1° du monde.
L’UE est d’autre part, le 1° émetteur mondial d’investissements directs à l’étranger: elle
détient plus de la ½ des stocks de capitaux placés à l’étranger. Grâce à un taux d’épargne
élevé, les grands investisseurs européens, principalement la France et le RU (ainsi que le
Japon), financent assez largement les déficits financiers étasuniens en souscrivant
massivement aux emprunts émis par ce pays.
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B : …qui repose sur de multiples fondements :
Un centre du monde au XVI° siècle:
Dès l’an mil, l’Europe a connu une expansion urbaine, commerciale et monétaire nouvelle
qui aboutit à la fin du MA, au développement d’un système bipolaire: en bordure de la mer du
Nord, les villes de Flandres (Bruges et Anvers en tête) complétées par celles de la Hanse
(Allemagne du Nord), s’imposèrent comme de très grands centres commerciaux appuyés sur
une puissante industrie textile. L’Italie du Nord (Gênes, Venise, Milan) était l’autre grand
centre qui s’enrichissait par l’importation des épices, des plantes tinctoriales et des étoffes
venues d’Orient
Avec la découverte du Nouveau Monde, les ports de l’Atlantique se développèrent grâce au
commerce triangulaire.
Le rôle décisif de la Révolution industrielle:
L’Europe devint au cours du XIX° siècle, l’usine du monde. Les capitaux accumulés
précédemment s’investirent dans l’industrie qui profita de l’invention de la machine à vapeur,
entraînant l’exploitation des gisements de charbon. La sidérurgie et l’industrie chimique ont
transformé à la fois la géographie de l’Europe (développement des grands bassins industriels
d’Angleterre, de Wallonie, de France et de la Ruhr) et ont donné à l’Europe une avance
décisive sur le reste du monde.
Au même moment, les puissances européennes colonisèrent une grande partie du monde,
principalement en Afrique, en Asie et en Océanie. Confrontée à une forte croissance
démographique, l’Europe alimenta une intense émigration vers les autres continents (départ
de 50 millions d’Européens au XIX° siècle), en particulier aux EU, favorisant ainsi la
conquête de marchés lointains.
L’UE:
En instituant la CECA (1951) puis la CEE (1957), les pères fondateurs de l’Europe
entendaient créer les conditions du maintien de la paix et de la consolidation de la prospérité.
La création d’un marché économique unique protégé a dynamisé l’Europe, d’autant que
l’ouverture intérieure a généré une modernisation des structures de production. Les bassins
industriels en difficultés, les régions les moins développées ont bénéficié d’importantes aides
financières de l’UE. La dernière étape, l’euro, dote l’Europe d’une monnaie de référence
internationale.
L’espace européen, bien drainé, s’articule aisément à l’espace économique mondial. De
grandes métropoles politiques et financières, de grands centres culturels et patrimoniaux le
structurent. Un chapelet de ports actifs l’ouvre sur trois façades maritimes.
Entre ces lieux, des réseaux de communication et de transport rapides (autoroutes, voies
ferrées) assurent la fluidité, la cohérence et l’attraction de l’espace économique européen:
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aéroports, grands ports de conteneurs, plates-formes multimodales (Roissy), couloirs de
communications rapides.
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C : Un ensemble très structuré :
Cet ensemble fonctionne à partir de « centres ».
Un centre en géographie, est un pôle qui domine un espace plus ou moins vaste dont il
détermine les évolutions et organise les relations. Dans le cas d’organisation des territoires, le
centre est souvent une ville. D’autre part ces « centres » peuvent être localisés en n’importe
quel endroit du territoire et pas forcément en son « milieu ».
Les espaces centraux de 1° plan de l’UE sont constitués par la « dorsale européenne » qui
s’étend de l’Angleterre à l’Italie du nord et forme l’une des 3 mégalopoles mondiales. Elle est
directement issue des principales voies des marchands reliant la Méditerranée et l’Orient au
principal foyer d’activités de la mer du Nord (Pays-Bas et Angleterre) par les pays rhénans.
C’est là que se sont accumulés capitaux et savoir-faire, que sont apparus la révolution
industrielle et le capitalisme moderne.
Cette dorsale concentre une grande partie de la puissance économique de l’UE. On y trouve
la Banque européenne de Francfort et des Bourses internationales (Francfort, Londres, Milan),
le port de Rotterdam 1° port au monde pour le fret, 60% de la production industrielle de l’UE
et quantité de services, dont de nombreux sièges de FMN. Elle est le cadre des principales
institutions européennes à Strasbourg, Bruxelles et Luxembourg. Là se concentre environ la ½
du RNB européen, soit l’équivalent de celui du Japon.
On y ajoute, bien qu’un peu excentrés Paris et sa région.
Mais en dehors de cet espace, des métropoles comme Madrid, Rome, Berlin… dont beaucoup
ont des fonctions internationales, constituent des centres organisateurs essentiels.
L’inégale intégration des périphéries :
Les espaces hors du centre n’ont pas son poids économique, son pouvoir de commandement
et son rayonnement mondial : ils constituent des périphéries et ont des positions différentes
selon les relations plus ou moins fortes qu’ils entretiennent avec les centres.
Les périphéries riches sont solidement et anciennement intégrées à la dorsale mais restent
sous sa dépendance, leurs métropoles ne jouant qu’un rôle limité dans la mondialisation. Il
s’agit de la France, le NE de l’Espagne jusqu’à Madrid, le RU, Allemagne, Autriche,
Danemark et Sud de Suède, Finlande.
Les périphéries dynamiques, plus récemment intégrées, ont connu des progrès rapides depuis
leur adhésion à l’UE. On y classe l’Irlande, le Portugal et le reste de l’Espagne, le Grèce, tous
pauvres lors de leur entrée dans l’UE. Ils ont connu une forte croissance économique au point
qu’ils sont devenus aujourd’hui des pôles d’immigration attractifs, alors que leurs habitants
les quittaient depuis des décennies.
Ce sont aujourd’hui les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) qui présentent les retards
structurels les plus importants. Bien qu’entrés dans l’UE depuis 2004 (ou 2007), ils ne sont
encore que des « périphéries associées », même si les liens avec le centre se sont déjà
considérablement renforcés.
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Il faut aussi noter que les pays n’appartenant pas à l’UE, comme la Norvège et la Suisse,
n’échappent pas pour autant à son influence. Leur poids est trop faible pour qu’ils disposent
d’une réelle autonomie.
Une analyse plus fine montrerait que, de même qu’il y a de grandes métropoles qui animent
les périphéries et jouent un rôle de relais du centre, il y a des espaces en crise et marginalisés
dans la dorsale elle-même.
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D : Mais une puissance qui présente des limites :
Des ressources humaines à revaloriser:
Si l’UE à 25, avec ses 500 millions d’hbts (2007), constitue le 3° foyer de population de la
terre, loin devant ses concurrents directs de la Triade, sa part dans la population active
mondiale ne cesse de baisser. Son taux d’accroissement naturel (+ 0,5% /an) est devenu l’un
des plus bas du monde, en raison d’une faible natalité (9,5 à 10 °/oo /an).
De plus, le potentiel de travail est mal utilisé. La croissance est pauvre en emplois, et le
chômage demeure un fléau. Il tient en partie à ce que les femmes occupent plus d’emplois
salariés que sur les autres continents, et à une insuffisante mobilité de la main-d’œuvre. Il est
aussi dû aux entreprises, qui pour échapper aux salaires élevés, transfèrent hors d’Europe
leurs fabrications, compromettant ainsi les efforts qui sont faits pour développer les activités
sur le territoire même de l’UE.
L’UE accuse les difficultés de sa politique sociale. Entre modèle libéral et attachement au
service public et au dialogue social, elle se cherche encore bien qu’elle soit souvent tentée
davantage par le 1°. Il existe ainsi dans les faits une Europe sociale à plusieurs vitesses,
hétérogène par la diversité des législations du travail, des protections sociales, des systèmes
de santé, des régimes de retraites. L’absence d’harmonisation empêche de trouver des
solutions collectives au problème commun du chômage.
Des carences d’investissement limitent la croissance:
A la base du dynamisme industriel et des services se trouve l’innovation technologique.
Malgré quelques initiatives (Eurêka, programme de coopération industrielle et technologique
devant déboucher sur la commercialisation de produits nouveaux ; Galileo, programme de
lancement de 30 satellites permettant la mise en service d’un système européen de
positionnement et de navigation en 2008. Galileo concurrence directement le système
américain GPS et offre ainsi à l’Europe son indépendance), l’enseignement supérieur et la
recherche scientifique et technologique restent les parents pauvres de l’UE, de ses Etats, de
ses entreprises qui leur consacrent moins de moyens et obtiennent moins de brevets que les
EU ou le Japon. La modestie des crédits et des rémunérations favorise une “fuite des
cerveaux” vers les EU. La situation est inquiétante pour l’avenir.
Le manque d’unité:
Dans de nombreux secteurs d’activité, les intérêts nationaux l’emportent sur la logique
communautaire. Il en est ainsi dans les domaines de l’énergie (utilisation du nucléaire,
systèmes d’électrification), des transports aériens et maritimes, de la défense, de
l’environnement ou de la culture. La multiplication des acteurs (institutions européennes,
systèmes politiques nationaux, partenaires sociaux, syndicats, entreprises...) rend les
législations difficiles et longues à mettre en place.
Face à des marchés unis et cohérents, l’UE oppose un ensemble disparate: des marchés
atomisés, concurrents plus que complémentaires, des entreprises encore perçues de manière
16
nationale, une absence de réelle politique de relance publique. La mise en route des
programmes communs est lente, notamment dans le domaine de la défense.
De surcroît, l’UE n’a pas encore accompli l’intégration de ses systèmes de transport. Ceux-ci
ont été élaborés à l’échelle des Etats et en dépit de quelques réalisations comme le tunnel sous
la Manche, les raccordements sont encore en projet. Les “maillons manquants” accentuent le
morcellement des marchés et la lenteur des transports. La Commission européenne a depuis
longtemps proposé un programme de “grands travaux” à travers Alpes, Pyrénées, Baltique et
Carpates, mais très peu ont encore été financés et engagés.
Il apparaît que l’UE ne peut devenir une réelle puissance économique qu’à condition de
former d’abord une union politique cohérente. Or, elle est incapable d’adopter une position
commune sur les grands problèmes d’équilibre, de sécurité et de paix à l’échelle mondiale,
comme l’a montré la guerre d’Irak en 2003: tandis que la Frce et l’Allemagne étaient
associées à la Russie et à la Chine dans leur soutien aux positions modérées de l’ONU, le RU,
l’Espagne, l’Italie et la Pologne soutenaient l’intervention directe des EU.
La mise en place de l’euro est aujourd’hui le symbole le plus évident d’une réussite
commune de l’UE. Il est pour les Européens le signe concret d’appartenance à une
communauté, mais il est aussi créateur de puissance dans la mesure où il fait disparaître les
risques de fluctuation des monnaies, stabilise les échanges qui ne dépendent plus des
fluctuations de la monnaie, offre une meilleure transparence des prix et des coûts aux
Européens et facilite les voyages. Néanmoins, plusieurs pays de l’UE ont refusé d’abandonner
leur monnaie traditionnelle au profit de l’euro: le RU, le Danemark, la Suède.
De grandes dissymétries dans le développement:
Le développement économique de l’UE n’est pas homogène: à certaines régions très actives
ou en transformation rapide s’opposent des espaces restés en marge de la croissance. De son
passé, l’UE a hérité 3 grandes sources de disparités régionales. Une dissymétrie Est-Ouest du
fait de l’opposition des territoires prospères de l’ouest européen et de ceux qui, à l’Est, ont
subi pendant 50 ans la domination soviétique, ses impasses économiques et ses échanges
inégaux.
Une dissymétrie Nord-Sud, moins nette que la précédente, distingue les territoires peuplés et
industrialisés du Nord et ceux du Sud, moins actifs, moins riches et entrés plus tard dans
l’industrialisation: la façade méditerranéenne, quoiqu’attractive, reste en retard.
La dissymétrie centre-périphérie, qui recoupe en partie les précédentes.
Les aides européennes au développement (FEDER) ont joué un grand rôle. Certains pays
comme l’Espagne, puis le Portugal et l’Irlande, ont fait des progrès spectaculaires. Mais des
aires de grandes difficultés subsistent en Italie du Sud ou au sein d’anciens bassins industriels
d’Allemagne, du RU ou de Frce. L’intégration des nouveaux pays en 2004 et 2007 a accru ces
inégalités.
17
III : Mais un monde inégal :
A : Un Nord aux multiples atouts :
Les pays développés sont des pays dont la majorité de la population accède à tous les besoins
vitaux ainsi qu'à un certain confort et à l'éducation.
Le développement se définit comme « la capacité d’un pays à satisfaire les besoins essentiels
de sa population et à permettre à cette dernière d’acquérir un mieux-être nécessaire à son
épanouissement » selon S. Brunel.
Ainsi, ces pays développés se situant en majorité dans l’hémisphère nord, sont désignés par le
terme de Nord, terme géographique désignant une réalité socio-économique. C’est pourquoi
on précise parfois, « Nord économique ».
On utilise plusieurs critères pour mesurer ce développement : des critères économiques (PNB/
hbt ppa, PIB/hbt ppa, RNB…), des critères démographiques (place dans la transition
démographique, taux d’accroissement naturel…) ou des critères plus qualitatifs (IDH :
espérance de vie + taux d’alphabétisation des adultes et taux de scolarisation + revenu/hbt ;
ISDH indicateur sexospécifique de développement humain, cad IDH tempéré par la
comparaison hommes/femmes ; IPH : part de la population risquant de mourir avant 40 ans +
taux d’alphabétisation des adultes + accès à l’eau et aux services de santé, part des enfants
souffrant de sous-nutrition)…
Ces pays ont un IDH > 0,850, ce qui représente un petit nombre d’Etats rassemblant 20% de
la population mondiale mais produisant 80% des richesses mondiales.
Ces PID ont des productions variées, quels que soient le secteur d’activité et conséquentes, ce
qui leur permet d’exporter en masse et de dominer le commerce mondial.
Ils détiennent un niveau technologique avancé, maîtrisant les techniques les plus pointues,
disposant de matériel sophistiqué et impulsent la recherche. Ils sont ainsi détenteurs des
principaux brevets de fabrication qu’ils s’échangent.
Leur économie est définie comme une économie postindustrielle, dans laquelle le secteur
tertiaire rassemble 60 à 70% des actifs.
Ces PID concentrent entre leurs mains les principaux pouvoirs de décisions : économique
avec les sièges sociaux des principales FTN, financier à partir des grandes bourses mondiales,
culturel à travers les universités les plus prestigieuses, géopolitique avec les sièges des
grandes instances internationales et des armées bien équipées et entraînées, disposant d’un
armement complet et sophistiqué.
De ce fait, leur population dispose de revenus décents souvent élevés, bénéficie de conditions
de vie agréables, est entourée de confort, présente une espérance de vie longue (entre 75 et 80
ans en moyenne, 81 ans pour le Japon), des taux de mortalité infantile bas, <10°/oo, des taux
d’alphabétisation élevés (autour de 98%). C’est dans ces pays que l’on trouve les IDH les plus
élevés (Norvège 0,971, Frce 0,961).
18
B : Des difficultés communes aux pays du Sud :
A ces pays du Nord riches et développés, on oppose des pays dits du Sud rassemblant des
pays présentant handicaps et retards, désignés par les sigles PED ou PVD. Ces pays, bien que
dans des situations très diverses, ont en commun certaines caractéristiques.
* une contrainte démographique toujours forte :
Les pays du Sud comptent aujourd’hui plus de 5 milliards d’hbts, soit plus de 80% de
l’humanité. Leur population s’accroît de 80 millions/an, ce qui représente 98% de la
croissance démographique mondiale annuelle. Bien que ces taux de croissance
démographique aient reculé, le Sud doit encore gérer une explosion démographique qui dure
depuis les années 1950.
La natalité reste importante (25°/oo en moyenne), car il y a beaucoup de couples en âge de
procréer et la fécondité est encore forte, bien qu’en baisse (3 à 4 enfants/femme). La mortalité
a atteint des niveaux faibles (8°/oo en moyenne) plus bas que ceux des PID (10°/oo en
moyenne) du fait de la jeunesse des populations. 33% des habitants du Sud ont moins de 15
ans, contre 18% dans les PID.
Pendant longtemps, ces pays ont vu dans la croissance démographique un facteur de
renforcement de leur puissance (« un homme égale deux bras » disait Mao). Mais il est apparu
que, face à une augmentation annuelle de 2 à 3% de la population, la croissance économique
était insuffisante pour satisfaire les besoins, scolariser correctement les jeunes et assurer un
emploi aux actifs. La pression démographique a mis d’autre part en péril les milieux et les
ressources : déforestation, surpâturage, érosion des sols, prélèvements excessifs d’eau et
pollutions de toute nature ont largement compromis le développement durable.
Une croissance démographique forte est ainsi apparue comme un frein au développement et
face aux difficultés des politiques de contrôle des naissances ont été adoptées dans de
nombreux pays. Certaines ont été précoces et efficaces, comme en Chine ou en Thaïlande,
mais beaucoup ont été tardives et limitées, ou inexistantes, comme dans la plupart des pays
d’Afrique subsaharienne.
Ce défi démographique s’accompagne d’un défi urbain. Les villes des PED attirent la
population des campagnes, l’exode rural est massif. On estime que les villes des PED vont
devoir absorber 2 milliards de personnes en moins de 3 décennies ! 1 milliard de citadins
vivent déjà dans des bidonvilles et la plupart de ceux qui accèdent au logement le font dans
des conditions médiocres. Même si elle représente un progrès (la ville est mieux équipée que
la campagne) et constitue une étape obligée du développement, l’urbanisation du Sud apparaît
aujourd’hui encore comme un transfert de pauvreté des campagnes vers les villes.
19
* des conditions de vie difficiles :
La pauvreté est aujourd’hui loin d’être vaincue et la production des richesses reste très
concentrée. Les PID (20% de la population mondiale) représentent plus de 80% du PIB
mondial. A l’inverse, le PIB cumulé des 49 PMA équivaut à celui de la seule Autriche.
L’ampleur des inégalités de revenus est donc considérable : le PIB-PPA varie de 53 800 $/hbt
au Luxembourg à 470 $ en Sierra Leone. De plus, ces inégalités se creusent : dans les années
1990, le revenu moyen/hbt a diminué dans 54 pays.
Mais la croissance économique n’engendre pas forcément le développement qui suppose un
mieux-être généralisé, délicat à mesurer car il est d’abord qualitatif. L’IDH, qui synthétise 3
données (PIB réel/hbt, espérance de vie et niveau d’éducation, évalué par le taux
d’alphabétisation des adultes et le nombre moyen d’années d’études) oscille de 0,944 en
Norvège à 0,275 en Sierra Leone. Seuls 55 pays connaissent un IDH élevé, supérieur à 0,88
ou plus.
La grande pauvreté touche une part importante de la population mondiale : près de 1,2
milliard de personnes vivent en-dessous du seuil de pauvreté (moins de 1$/jour). 2,8 milliards
d’hommes vivent avec moins de 2$/jour, y compris dans les pays du Nord.
L’IPH identifie le nombre d’individus souffrant des manques les plus élémentaires : il est
supérieur à 30% dans 46 pays. Il mesure les déficits élémentaires : faible longévité (risque de
décéder avant 40 ans), manque d’éducation de base (% d’analphabètes), non accès aux
ressources de santé et à l’eau potable, nombre d’enfants de moins de 5 ans victimes de
malnutrition.
La faim est encore une réalité pour 800 millions d’hbts des PED, en particulier plus de ¼ des
Africains et 1/5 des Asiatiques. La sous-nutrition a augmenté dans 25 pays et à l’insuffisance
calorique s’ajoutent la malnutrition et son cortège de maladies associées.
Les inégalités sanitaires, d’encadrement médical et de dépenses de santé sont tout aussi
criantes.
Les infrastructures de santé sont insuffisantes : le Sud, qui regroupe 80% de la population
mondiale, ne possède que 15% des lits d’hôpitaux et 25% des médecins du monde. Ces
infrastructures se concentrent surtout dans les villes alors que les populations sont souvent
rurales. Chaque année, 97% des 17 millions de personnes qui meurent d’une maladie
infectieuse résident dans le Sud : tuberculose (2 millions de morts/an), paludisme (1 million),
sida dont 92% des victimes habitent un PED. Cette vulnérabilité est accrue par le manque
d’hygiène, d’eau potable et surtout par le manque de médicaments : seulement 11% des
ventes mondiales de médicaments sont réalisées dans le Sud.
34 pays ont même une espérance de vie plus faible en 2000 qu’en 1990.
L’instruction demeure un enjeu majeur : malgré des progrès significatifs, l’alphabétisation des
adultes est loin d’être générale : on compte encore 880 millions d’analphabètes dont 2/3 des
femmes. 115 millions d’enfants ne vont pas à l’école primaire.
20
Compte tenu de ces difficultés, le faible effectif de la classe moyenne réduit le marché de
consommation intérieur et freine les investissements productifs.
Ces pays ont en commun ces difficultés, mais à des degrés divers et avec des écarts
importants.
La période 1960-1980 a été positive pour le Sud : hausse des prix du pétrole et des matières
1°, qui a permis aux pays producteurs, notamment les pétromonarchies de financer des
équipements et d’enclencher une croissance économique rapide. De nombreux pays
exportateurs ont ainsi connu de nets progrès, comme la Côte d’Ivoire, « vitrine du
développement africain » et le Brésil.
La période 1980-2000 a été plus sombre : la faible croissance du Nord, la baisse des cours des
matières 1° et le contre-choc pétrolier ont révélé la fragilité du Sud. Les PED s’étaient
endettés pour financer leur développement et la hausse du $ a rendu leur dette écrasante.
L’ampleur de la dette a contraint beaucoup de pays à pratiquer des politiques d’ajustement
structurel imposées par le FMI, l’assainissement des économies ayant un coût social très
lourd.
L’implosion de l’URSS en 1991 a d’autre part privé nombre de pays du Sud des aides que ce
pays leur apportait.
Le Sud a donc changé en profondeur, connaissant de ce fait une grande variété de situations et
de profondes recompositions.
Ces différentes évolutions ont entraîné une aggravation des inégalités dans le Sud. Les Dragons
d’Asie orientale ont pu poursuivre leur développement au point qu’ils ont fini par intégrer le groupe
des pays développés, alors que la hausse des prix du pétrole permettait aux grands Etats producteurs
du Sud de financer un développement rapide. Dans le même temps, l’Amérique latine, peu ouverte
aux échanges, a dû gérer une insertion difficile dans la mondialisation, l’Afrique subsaharienne
s’enfonçant à partir des années 1980, dans des crises dont elle n’est toujours pas sortie.
Cet inégal développement hiérarchise les Etats du Sud et apparaît à différentes échelles : à l’échelle
régionale (dans le sens géographique), à l’échelle continentale, à l’échelle nationale, à l’échelle
locale (villes), d’où la difficulté d’établir des typologies.
21
C : D’où un espace différencié :
Mais que ce soit le Nord ou le Sud, il est cependant difficile de les présenter comme des ensembles
homogènes aux caractéristiques identiques. Il faut introduire des sous-ensembles.
Au sein des pays du Nord, il faut distinguer les Etats appartenant aux pôles de la Triade, soit un 20
d’Etats situés en Amérique du Nord, en Europe occidentale et en Asie de l’Est. Ce sont ces Etats qui
sont des concentrés de puissance (commandement politique, financier, commercial, technologique),
ils constituent l’oligopole mondial et se distinguent dans tous les domaines. Ils sont reliés par des
flux de toutes natures, c’est l’anneau de puissance.
D’autres pays sont moins puissants que les pays de la Triade : Australie, NZ, moins urbanisés,
Israël, les « dragons » : Corée du Sud, Singapour, Taiwan et HK jusqu’en 1997, au décollage
économique rapide mais récent (décennies 1970-1980). Ces pays sont des PID, aux technologies
avancées, aux économies postindustrielles, présentent des niveaux de vie élevés, des taux d’IDH
élevés également, mais ont un pouvoir de décision moindre, participent de façon moins manifeste
que les pôles de la Triade aux prises de décisions mondiales.
Il faut d’autre part distinguer dans le Nord un 3° groupe de pays : les pays d’Europe centrale et
orientale, dits en transition. Ce sont des pays dont la population a souffert de pénuries chroniques
dues aux choix faits par les dirigeants soviétiques (priorité aux industries lourdes au détriment des
industries de consommation). Le démantèlement du bloc soviétique à partir de 1989 a propulsé ces
pays dans le marché international dont le moteur est la libre concurrence et la recherche du profit,
conditions nouvelles pour eux. Cette nécessité de s’adapter aux règles nouvelles du libéralisme a
entraîné une paupérisation d’une partie de la population, et ce sont des pays qui présentent des
caractéristiques socio-économiques assez éloignées de celles des pays des groupes précédents (IDH
entre 0,840 et 0,880). L’entrée de ces pays dans l’UE, en 2004 ou 2007, représente un tremplin
économique.
Le groupe des pays du Nord est donc loin d’être homogène. Cependant la disparité de
développement est une caractéristique beaucoup plus saisissante au Sud. Le Sud est marqué par une
grande hétérogénéité.
Il est possible d’isoler différents sous-ensembles :
- un premier ensemble est formé de pays émergents : Chine, UI, Mexique, Brésil, Afrique du
Sud qui affichent des taux de croissance économique élevés. La réussite de ces pays repose sur leur
main-d’œuvre nombreuse répondant à des besoins variés : travailleurs peu coûteux (Chinois dans
les zones franches ou Mexicains des maquiladoras), mais aussi personnel hautement qualifiés
(ingénieurs indiens diplômés en informatique à Bangalore).
Ces Etats attirent de plus en plus les capitaux venant du monde entier : Chine, 1° récepteur d’IDE
au monde. Ils ont un effet dynamisant sur d’autres pays tels les « bébés tigres » d’Asie du Sud-est.
Le développement a réduit les inégalités sociales, l’élévation du revenu des ruraux a amené
l’émergence d’une classe moyenne, l’intérêt porté à l’éducation a permis de se doter d’une main-
22
d’œuvre qualifiée… Mais des problèmes subsistent : les inégalités sociales, bien que moins
importantes, demeurent, il n’y a pas de véritable système de protection sociale. L’IDH demeure
encore assez faible. Les crises financières de 2001 en Asie ont montré les dangers d’un
développement trop internationalisé, trop centré sur quelques secteurs et trop dépendants du marché
mondial.
- Un 2° groupe peut-être constitué des pays exportateurs de pétrole (pays de la péninsule
arabique, Nigeria, Algérie, Venezuela…), conservant un haut revenu issu de la vente de pétrole :
80% de leur revenu pour le Koweït ou le Qatar. Ces pays détiennent les 2/3 des réserves mondiales,
ce qui leur confère de puissants moyens d’influence, en particulier l’Arabie Saoudite (25% des
réserves mondiales).
Mais bien que le pétrole soit devenu un produit stratégique dont les pays du Nord ne peuvent se
passer, les pays producteurs sont dépendants des commandes du Nord. Ce sont d’autre part des pays
qui présentent de fortes inégalités sociales, la rente pétrolière étant mal répartie.
- Les pays intermédiaires forment la grande masse des Etats du Sud. Certains connaissent des
reculs, d’autres stagnent et quelques uns voient leur situation s’améliorer, mais tous présentent une
intégration à l’économie mondiale très incomplète, des conditions de vie encore difficiles pour une
grande partie de la population, un accès aux services de santé et à l’instruction variable. Leur
économie est peu tournée vers les industries, très centrée sur les produits agricoles et miniers, leur
démographie pas ou mal maîtrisée…
- Les pays les plus en difficulté, une cinquantaine, en grande majorité en Afrique subsaharienne,
forment les PMA (pays les mois avancés). Tous ces pays restent en marge des flux mondiaux de
capitaux et de marchandises.
L’expression « PMA » a été créée en 1964 par la CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le
commerce et le développement) et adoptée par l’ONU en 1970. 3 critères sont analysés : faible
revenu, cad PIB/PPA, insuffisance des ressources humaines (espérance de vie à la naissance, apport
calorique/hbt, taux de scolarisation dans l’enseignement primaire et secondaire, taux
d’alphabétisation des adultes), diversification économique.
Cette liste est révisée tous les 3 ans par le Conseil économique et social de l’ONU. Mais depuis
l’adoption de cette classification, aucun pays n’a pu sortir de ce groupe, par contre des nouveaux y
sont rentrés. Leur nombre ne cesse d’augmenter, ce qui témoigne d’une aggravation de la situation.
Actuellement, 49 pays sont qualifiés de PMA. La grande majorité, soit 34 sur 49, sont situés en
Afrique, en particulier subsaharienne, 9 se trouvent en Asie, dont le Moyen-Orient, 5 sont situés en
Océanie et un seul, Haïti appartient au continent américain.
Pris ensemble, les PMA, dont la population s’élève à environ 630 millions d’hbts, ont un PIB
moyen de 278$/hbt (25 000$ en moyenne pour les PID). Leur taux de croissance économique
demeure insuffisant pour répondre aux besoins vitaux des populations et leurs économies, très peu
diversifiées souffrent de nombreux déséquilibres.
23
L’espérance de vie y est en moyenne de 51 ans contre 78 ans pour les PID. Dans les PMA, un
enfant/10 meurt avant son 1° anniversaire et 40% des enfants de moins de 5 ans ont un poids
inférieur à la normale ou sont rachitiques. La moitié de la population est analphabète. Leur IDH est
bas : 0,350 (Niger 0,340, dernier classé 182)
Les PMA sont de plus exclus des échanges mondiaux. Avec 10% de la population mondiale, leur
part dans les importations et exportations mondiales est infime : 0,6 et 0,4%, d’où leur faible
capacité à attirer des investissements directs, en dépit de réelles potentialités. Cette pénurie de
capitaux privés accentue le retard et annihile de ce fait les possibilités d’une véritable intégration
dans l’économie mondiale. Ces pays sont pris dans ce que les économistes appellent une trappe à
pauvreté et sont de plus en plus marginalisés. Les 2/3 des PMA appartiennent à la catégorie des
pays pauvres très endettés.
On peut aussi lire ces inégalités de développement à l’échelle continentale, et voir ainsi un Sud
partagé entre 3 continents :
L’Amérique latine est incontestablement le continent le plus en avance, à la fois parce qu’elle est en
train d’achever sa transition démographique et son processus d’urbanisation, parce qu’elle a réussi à
assurer la satisfaction des besoins élémentaires des populations et parce qu’elle se préoccupe
maintenant de questions liées au renforcement de la démocratie, aux politiques urbaines, à la
gestion de l’environnement…
L’Asie en développement est en situation intermédiaire. Beaucoup plus dynamique que l’Amérique
latine depuis les années 1980, elle a amorcé son décollage plus tard et va devoir faire face à des
défis considérables. C’est un continent qui compte encore 60% de ruraux mais déjà le plus grand
nombre de citadins et de métropoles géantes à la croissance démesurée : la pression sur
l’environnement et les ressources est une menace durable dans ces pays où la place est comptée.
L’Afrique cumule de nombreux handicaps et reste le continent le plus pauvre au monde, où la
transition démographique n’est pas toujours entamée, où la sous-alimentation est préoccupante, où
l’instabilité politique, les luttes ethniques et la désorganisation économique placent certaines
populations dans des situations de famines aiguës, où le sida est la 1° cause de mortalité. Le
développement n’est pas à l’ordre du jour dans des pays qui subissent la fuite de capitaux et des
élites, dans lesquels le poids de la dette est lourd. La situation est particulièrement délicate en
Afrique subsaharienne qui n’est pas sortie du sous-développement. Continent à l’écart de la
mondialisation, des grands courants d’échanges internationaux, il semble que l’intégration de
l’Afrique à l’économie mondiale soit toujours compromise.
Les inégalités de développement apparaissent aussi à l’échelle nationale, à l’intérieur des
continents. Ainsi, l’Afrique du Sud, pays le plus développé de l’Afrique subsaharienne, affiche un
RNB/hbt 30 fois supérieur à celui des pays les plus pauvres, comme le Burundi ou l’Ethiopie.
24
Même en Amérique latine, aire la plus anciennement développée du Sud, on trouve des écarts allant
de 1 à 6 par exemple entre la Bolivie et l’Uruguay.
Enfin, les inégalités de développement peuvent se noter à l’échelle régionale, à l’intérieur même
des Etats. Dans la plupart des pays du Sud, les contrastes entre régions sont nettement plus forts
qu’au Nord, où le développement s’est diffusé de manière beaucoup plus large. Dans les pays du
Sud, les capitales politiques et économiques, ainsi que quelques régions-clés, tirant en général parti
de leur position littorale ou frontalière, concentrent les activités, les emplois, donc la population, les
infrastructures d’enseignement, de santé, le pouvoir politique, économique… cad concentrent le
développement au détriment des périphéries déshéritées. Au Mexique, par exemple, l’écart de
l’IDH entre la région de Mexico et les régions méridionales du pays, Chiapas et Oaxaca, est aussi
important que celui séparant Royaume-Uni et Laos. Cette situation semble être un passage obligé
dans le processus de développement : elle est assez proche de celle que les pays du Nord, comme la
France présentaient au lendemain de la 2°GM, lorsque J.F. Gravier résumait la géographie de
l’hexagone par sa célèbre formule : « Paris et le désert français ».
25
Conclusion :
Le monde actuel fonctionne à partir de la mondialisation, généralisation des échanges à l’échelle de
la planète, d’où l’expression de « village planétaire ».
La mondialisation est un processus qui met en relation des ensembles géographiques et des acteurs
différents s’articulant en systèmes. Elle crée de nouvelles interdépendances entre les acteurs et se
déploie sur la planète à la fois dans le champ de l’international (relations entre Etats) et dans celui
du transnational, qui à l’inverse, se joue des frontières.
Les interventions des différents acteurs se croisent, se complètent, s’additionnent ou même se
combattent, et forment des réseaux. Ces réseaux sont constitués d’axes (routes, lignes
téléphoniques…), de nœuds ou de pôles (villes) nécessaires à l’organisation des flux (personnes,
marchandises, capitaux, informations…). Des pôles et des lieux se détachent : on parle d’espace
polarisé dans lequel les métropoles mondiales jouent un rôle de 1° plan (métropolisation) et de
littoralisation des activités puisque les zones littorales ont pris une importance majeure, concentrant
les activités.
Mais la mondialisation, en privilégiant certains espaces en laisse d’autres en marge. L’espace
mondial est à l’heure actuelle très inégal, opposant un Nord riche et développé, mais abritant moins
de 20% de la population mondiale, à un Sud hétérogène rassemblant des pays dans des situations
très diverses mais ayant en commun des manques de développement.
26
E : … où interviennent plusieurs acteurs :
* les Etats au cœur de la mondialisation:
Après la 2° GM, les Etats ont facilité le renforcement de la mondialisation. Ils ont supprimé
progressivement les entraves à la circulation des marchandises. Les accords GATT (Accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce) de 1947 posent le principe de l’abaissement
des tarifs douaniers et de l’élimination des obstacles non tarifaires aux échanges (normes
nationales techniques et sanitaires...). En 1995, l’Organisation mondiale du commerce (OMC)
remplace les structures du GATT. Elle veille à l’application des accords conclus et entend
résoudre les différends commerciaux entre les Etats membres. Elle prépare aussi la
libéralisation des échanges de services (ouverture des marchés intérieurs des
télécommunications, produits culturels) et des flux de capitaux.
Les Etats restent d’autre part, des acteurs importants de la mondialisation en matière de
négociations commerciales et économiques avec les autres Etats, mais aussi avec les
organisations supranationales spécialisées (OMC, FMI, Banque mondiale).
L’Etat se doit également d’offrir un espace économique attractif. Pour attirer investissements
et emplois, il se doit de créer un environnement politique, économique, social, culturel
favorable (ex: les zones franches ou à l’extrême les paradis financiers).
Enfin, face à tous ces pouvoirs supranationaux (multinationales, décideurs...) de plus en plus
de citoyens réclament de l’Etat davantage de régulation, de transparence, de justice. La
mondialisation suscite le besoin accru d’un Etat protecteur.
* le rôle fondamental des firmes multinationales:
Les 63 000 firmes multinationales sont les principaux agents de la mondialisation. Avec 820
000 filiales à l’étranger, elles emploient 75 millions de salariés, réalisent les 3/4 de la
production mondiale et les 2/3 du commerce mondial. Sur les 100 premières firmes
multinationales, 57 sont américaines, 28 européennes et 7 japonaises. Leur production
représente 20% du PIB mondial.
Elles adoptent des stratégies industrielles pour s’adapter à toutes les formes de marché, pour
rechercher les meilleures conditions de conception et d’élaboration de leurs productions. Leur
puissance repose sur leur capacité à maîtriser et à gérer l’espace mondial à leur profit, comme
zone de fourniture, de production ou de vente. Elles contribuent à renforcer la métropolisation
et y concentrent leurs activités de recherche et de développement. Elles jouent ainsi un rôle
primordial dans la nouvelle géographie économique du monde et ses inégalités spatiales. Elles
gardent cependant un ancrage national décisif: si les 100 premières FMN réalisent 51 % de
leurs ventes à l’étranger, 60 % de leurs effectifs sont dans leur pays d’origine. Ceux-ci gardent
le cœur des centres décisionnels et productifs, la recherche et l’innovation, les productions à
haute valeur ajoutée.
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