Kant, les sciences et l`épistémologie

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Angèle Kremer Marietti
(Groupe d’Études et de Recherches Épistémologiques, Paris)
Kant, les sciences et l'épistémologie
Ou la conjugaison créatrice de la science et de la
philosophie chez kant et ce qu'il en reste aujourd'hui
(Colloque « Kant et la modernité » - Tunis, 17-19 mars 2004)
Certes, on peut dire que Kant est dépassé puisque Newton l’a
été, mais on peut reconnaître néanmoins que l’esprit
scientifique analysé par Kant demeure la base incontournable
de la science contemporaine et que, ne serait-ce que de ce
point de vue, Kant a un rapport indiscutable à notre
modernité. J’irai encore plus loin, j’affirmerai qu’au-delà et
même indépendamment de Newton, Kant était déjà notre
contemporain, ou du moins qu’il a anticipé de manière très
estimable notre esprit scientifique, et cela en développant sa
philosophie. Je vais d’abord présenter ce que j’appelle la
conjugaison créatrice de la science et de la philosophie,
ensuite montrer en quoi l’épistémologie de Kant est
anticipatrice, situer son épistémologie entre jugement
réfléchissant et jugement déterminant, et conclure en
indiquant, à partir de Kant, deux processus fondamentaux de
symbolisation.
1.La conjugaison créatrice de la science et de la
philosophie
Après la distinction établie par Kant entre le jugement
réfléchissant et le jugement déterminant[1], on peut dire
aujourd’hui que l’épistémologie « réfléchit » ou pense la
connaissance scientifique, tandis que les sciences la
« déterminent » ou l’édifient.
Il est clair, en effet, qu’actuellement l’épistémologie ne se
reconnaît plus la vocation de produire la science ni même de la
contrôler, bien qu’il y ait eu encore une dernière entreprise
comme celle de Karl R. Popper qui se soit posée parfois (un
peu abusivement à mon avis) [2] en juge suprême de la
science. Aujourd’hui, ce que peut faire l’épistémologie sans
sortir de ses prérogatives, c’est examiner la science, l’étudier
sous ses aspects logiques et sémantiques. Toutefois, il n’en
demeure pas moins qu’on peut dire que, pour Descartes,
Leibniz et Kant (auxquels on peut certes ajouter Platon,
Aristote, Hobbes, Bacon et quelques autres), science et
philosophie se sont toujours conjuguées, tout comme d’ailleurs
chez les grands mathématiciens et physiciens, tels Boscovitch
et Newton. D’ailleurs Popper a très justement remarqué
l’authentique conjugaison de la physique et de la
philosophie[3] en soulignant l’effet créateur de la philosophie
sur la science, tandis que la science s‘est montrée capable de
trouver la solution de certains problèmes philosophiques.
En particulier, dans l’œuvre de Kant il a été convenu d’appeler
« précritiques » les travaux qui ont été dès lors minimisés
parce qu’ils dataient d’avant l’étape des trois Critiques. Mais il
faut bien convenir qu’on trouve dans cette période des travaux
scientifiques aussi intéressants que l’écrit intitulé Pensées sur
la véritable évaluation des forces vives[4] qui montre Kant au
cœur du débat entre Descartes et Leibniz. Alors que tous les
changements physiques conçus par Descartes s’expliquent en
termes de mécanismes d’horlogerie ou de vortex, la quantité
de mouvement demeure, pour Descartes, constante dans le
monde (mv) avec le choc pour principe de l’explication
mécanique. Mais Leibniz, qui critique le système de mécanique
spéculative propre à Descartes, propose son propre système
de dynamique spéculative, et s’il accepte l’équation
cartésienne fondamentale corps=étendue ne la croit pas
évidente par elle-même ni claire et distincte. C’est ainsi que
Leibniz est amené à expliquer la résistance à la pénétration
par le moyen de la force inhérente à tout corps, étant donné
qu’il conçoit l’espace comme rempli de forces vives, la seule
quantité se conservant étant la force vive (mv²). Kant
intervient pour montrer que toute force tend à devenir
« vive », à partir de quoi il conçoit deux mesures possibles de
la force : soit la force « morte » (mv) résultant de l’action
externe d’une autre substance, soit la force « vive » (mv²),
fondée dans la nature de la substance.
Le texte consacré à l’évaluation des forces vives illustre une
tendance que Kant partage avec Leibniz, et qui consiste à
chercher le fondement métaphysique des problèmes
physiques. Ce texte confirme également quel a été le
traitement philosophique complémentaire que Descartes,
Leibniz et Kant donnèrent à un même problème de physique :
il est en tout cas un exemple intéressant de ce traitement.
2. L’épistémologie anticipatrice de Kant
Il est vrai qu’on constate chez Kant une tension perpétuelle
entre science et philosophie. En évitant aussi bien scepticisme
que dogmatisme, Kant a fait la synthèse entre l’empirisme de
Hume et le rationalisme de Leibniz. Mais on peut voir chez lui
un scepticisme se convertissant en certitude et un dogmatisme
aidant à la connaissance. En effet, comme les empiristes, Kant
admettait que la connaissance provient de l’expérience ;
cependant, pour lui, toute la connaissance ne venait pas de
l’expérience. Cette pensée ouvre l’Introduction de la Critique
de la raison pure où il écrit : « si toutes nos connaissances
commencent avec l’expérience, il n’en résulte pas qu’elles
dérivent toutes de l’expérience »[5] . En particulier, par la
distinction qu’il discerne dans le cogito cartésien entre le « je
pense » transcendantal et le « je suis » empirique, Kant a jugé
que l’activité formelle de la pensée ne pouvait être connue
qu’à travers les produits de son activité effective. Une telle
position se retrouve également chez Auguste Comte quand
celui-ci veut analyser les processus de l’entendement humain,
à travers ses modes théologique, métaphysique ou
scientifique. C’est aussi pourquoi Kant a mieux apprécié que
les empiristes et que les rationalistes l’hétérogénéité complexe
de la perception et de la pensée. Si c’est à la sensibilité que
Kant réserve la réceptivité[6] ou la capacité de recevoir des
représentations, c’est à l’entendement qu’il réserve la
spontanéité[7] ou l’acte de composition de la diversité. Alors
que Leibniz considérait tous les jugements comme analytiques
et que Hume prétendait que tous les jugements nonanalytiques étaient a posteriori, pour Kant se fait jour une
possibilité nouvelle car il est désormais possible qu’il y ait des
jugements synthétiques a priori[8] qui permettent de construire
l’expérience[9]. Tout en voyant la source de la connaissance
dans les données des sens, Kant pense que celles-ci sont
soumises aux formes a priori de l’espace et du temps en même
temps qu’aux concepts a priori ou catégories de
l’entendement (celui-ci étant empirique ou lié à des
sensations [10] et sceptique ou lié à une méthode progressant
vers la certitude[11]) ; mais le tout étant systématiquement
organisé selon les idées régulatrices de la raison,
dogmatique[12] au moins dans cette fonction régulatrice. Mais
l’hétérogénéité a, pour lui, ses limites puisque, heureusement,
Kant conçoit un point de jonction entre l’activité spontanée de
l’entendement et la réceptivité de l’expérience sensible,
jonction permettant une certaine homogénéité ; tel est le rôle
de l’activité formelle qu’il assigne au schématisme produisant
l’image, puisque le schème est l’analogue de la sensibilité[13] et
donne justement à un concept son image[14].Ainsi, il existe pour
Kant des concepts empiriques[15] ou a posteriori qui sont bien
tirés de l’expérience sensible, tandis qu’il y a également des
concepts a priori[16], c’est-à-dire indépendants de toute donnée
sensible mais cependant applicables à l’expérience sensible ;
toutefois il existe aussi pour Kant des idées qui ne sont ni
tirées de l’expérience sensible ni directement applicables à
cette expérience : ces idées ont un pouvoir de régulation sur
notre activité discursive. Pour ainsi dire, d’une part, la raison
fixe le but de la science et, d’autre part, l’entendement en
détermine la forme générale, tandis que l’expérience sensible
fournit le contenu empirique de la connaissance. Ce qui signifie
que l’expérience nous devient intelligible à travers les formes
de l’espace et du temps et simultanément à travers les
schèmes des catégories. Forme de l’activité synthétique du
jugement et « règle de la synthèse des perceptions »[17], le
concept n’est donc plus l’universel abstrait de la sensation, il
est au contraire la forme que l’entendement impose à la
matière et dont il fait un objet soumis à des lois universelles et
nécessaires.Sous le mécanisme cartésien de la nature, sévit
son dynamisme caché. Alors que Leibniz conçoit ce dualisme,
on en trouve un tout autre chez Kant entre les phénomènes
(naturels), seuls connaissables, et les noumènes (non
naturels) par définition inconnaissables : nous pensons les
noumènes ainsi que la chose en soi, mais nous ne pouvons les
connaître. Notre connaissance est bien objective, dans la
mesure où elle se réduit aux phénomènes. Ce qui fait que la
fameuse « révolution copernicienne » du sujet connaissant va
de pair avec l’idéalisme transcendantal de la connaissance de
ce sujet ; ils sont comme l’envers et l’endroit. Cette position
épistémologique éloigne de la spéculation métaphysique qui
n’est selon Kant qu’une source d’illusions, car elle nous porte
au-delà de ce qu’il nous est possible de saisir objectivement.
Toutefois, la pensée de la nouménalité de l’humain (c’est-àdire l’idée du sujet comme noumène[18]) n’est pas incohérente
avec la connaissance de sa phénoménalité[19] : en tant que
phénomène l’être humain fait partie du déterminisme de la
nature, mais en tant que noumène libre il en est exclu. C’est
pourquoi Kant a sapé l’argument du dessein divin qui se tient à
la base de la théologie naturelle.Dès lors, on comprendra que
Kant déclare le principe de finalité comme non cohérent avec
l’idée même d’un système de la nature. La Critique du
jugement montre en effet que si le jugement téléologique n’est
pas constitutif, toutefois le principe de finalité peut néanmoins
nous apparaître comme un principe régulateur de la nature,
analogue au principe de liberté opérant dans le domaine
moral. Le concept de fin ou d’intention a sa place au sein des
facutés de connaître quant à une compréhension de la nature
d’après la conformité avec un principe subjectif de liaison des
représentations[20]. S’il est vrai que le principe de finalité peut
rendre plus aisée la formulation des causes mécaniques, il ne
convient guère en biologie, car ce qui joue dans ce domaine,
c’est l’interdépendance du tout et des parties permettant leur
l’action réciproque.Ainsi Kant avancera que les principes
synthétiques a priori des catégories de relation sont à l’origine
des trois principes newtoniens : conservation de la matière,
inertie, enfin égalité de l’action et de la réaction : c’est en quoi
il est possible de dire que le synthétique a priori est thétique et
donc existentiel. Cette position a été vue comme une façon
nuancée de répondre à la question du réalisme scientifique. En
général, Kant a été fortement influencé par Newton : une
preuve magistrale en a été donnée par l’explication de
l’idéalisme kantien à partir de Newton[21].Mais, au cœur de
l’histoire des sciences, Kant a aussi laissé son empreinte dans
divers domaines ; en particulier on peut noter quelques points
essentiels que nous indiquons ci-dessous.
1. Dans la communication « Physics and Philosophy », que
nous avons citée, Popper montre que les idées de Kant et
de Boscovich (1711-87), sont la synthèse des idées de
Leibniz, de Démocrite et de Newton. Il en est
manifestement ainsi à la fois dans la Monadologia Physica
(1756) de Kant et dans la Theoria Philosophiae Naturalis
(1758) de Boscovich. Les deux textes expliquent la
matière étendue par autre chose qu’elle-même, à savoir
par des entités inétendues telles que les forces et les
monades, qui sont des points inétendus d’où émanent les
forces. Leur théorie commune de la matière va plus loin
que celle de Descartes car, si elle explique l’étendue
cartésienne de la matière, par le fait qu’elle est aussi une
théorie dynamique de l’étendue, elle explique non
seulement l’étendue d’un corps quand toutes les forces
d’attraction et de répulsion sont en équilibre, mais encore
l’étendue changeant sous la pression extérieure, ou
l’impact ou le choc[22]. Encore dans la continuité de la
théorie cartésienne de la matière et du programme
leibnizien d’une explication dynamique de la matière, une
autre théorie de Kant-Boscovich a tenté de remplacer les
qualités premières par des puissances et les atomes par
des sources d’influence mutuelle, ainsi que cela
apparaîtra plus tard dans la théorie des champs de
Faraday-Maxwell[23]. Pour aboutir à cela, Kant a dû
répudier sa précédente doctrine de la monadologie : ce
qu’il a fait dans les Premiers principes métaphysiques de
la science de la nature (1786) en s’opposant à l’atomisme
et en admettant l’existence d’un espace vide ainsi que
d’une matière, non en soi mais apparente, pourvue d’une
continuité dynamique[24]. Pour Popper, il est clair que la
théorie de Boscovich et les deux théories de Kant
représentent les ancêtres de toutes les théories
modernes de la structure de la matière depuis FaradayMaxwell jusqu’à Einstein, de Broglie, et Schrödinger.
Popper signale même que la théorie atomique moderne a
pu commencer grâce à la réfutation expérimentale de
Rutherford du fameux modèle d’atome de Lord Kelvin qui
était issu de la tradition cartésienne ainsi que de la
tradition
kantienne
via
Helmholz,
théories
qui
expliquèrent les atomes comme s’ils étaient des vortex
de l’éther.
2. Dans le domaine de la cosmologie, Kant a anticipé
l’hypothèse nébuleuse de Laplace (1749-1827) quant à
l’origine du système solaire. Il a également conçu
l’hypothèse de l’existence d’univers-îles, avancée plus
tard par Edwin P. Hubble (1889-1953)[25] : Hubble a
remarqué que Kant avait découvert, par la pratique
actuellement reconnue de l’expérience de pensée, que
des univers pouvaient infiniment surgir et se créer dans
une sorte de dérive infinie[26].
3. Dans le domaine du raisonnement, Kant a manifestement
anticipé sur l’idée qu’un raisonnement alternatif peut
prendre
deux
formes
valides
séparément
mais
simultanément incompatibles entre elles[27]. En effet, audelà de l’opposition disjonctive, Kant a introduit
l’opposition
alternative
entre
deux
prédicats
objectivement fondés. C’est ce qu’on peut appeler une
modalité de la représentation du sujet, le sujet devenant
le référent en relation duquel un indéterminé dépendait
de deux prédicats objectivement équivalents. Il semble
bien que ce soit l’utilité du jugement alternatif qui
apparaisse en mécanique quantique avec le concept de
complémentarité permettant d’éviter la contradiction et
d’exprimer, ainsi que l’écrivait Niels Bohr, « la relation qui
existe entre des faits d’expérience obtenus par des
montages différents et ne pouvant être décrits
intuitivement que par des images mutuellement
exclusives les unes des autres »[28]
4. Kant a, de même, anticipé sur le cognitivisme avec le
processus cognitif qui se dégage de l’ensemble de
l’esthétique et de l’analytique transcendantales. Du point
de vue des sciences cognitives nouvelles, on peut
reconnaître chez Kant un schéma d’élucidation qui a
permis, en particulier à Jean-Pierre Changeux, d’expliciter
la notion de niveau d’organisation mettant en liaison une
fonction avec une organisation. Changeux a eu recours à
la philosophie kantienne en. rappelant, dans L’homme
neuronal[29], que Kant distingue, dans la Critique de la
raison pure, entre la sensibilité qui reçoit les impressions
des organes des sens, l’entendement qui procède à la
synthèse des impressions sensibles, et la raison
génératrice des principes. En effet, cette analogie permet
de mieux comprendre les trois niveaux d’opérations
abstraites en neurophysiologie, car il s’y produit
progressivement, selon Changeux, «1) l’élaboration de
représentations à partir des objets du monde extérieur ;
2) leur abstraction en concepts ; puis 3) l’organisation de
ces concepts en abstractions d’ordre plus élevé »[30] . En
définitive, on pourrait parler de l’hypothèse KantChangeux.
5. À la base du principe de la schématisation de la
connaissance, on retrouve la théorie du schématisme
kantien développée autour d’une théorie contemporaine
du schème, ou des recherches contemporaines sur le
schème qui ont cours actuellement soit dans le domaine
des sciences cognitives, soit dans celui des examens
cliniques qui relèvent de la psychiatrie[31]. Le schème est
alors défini, d’après Thorndyke et Hayes Roth (1979,
1982)[32], comme une organisation d’éléments reliés,
représentant l’abstraction prototypique d’un concept
complexe qu’un schéma développe graduellement à partir
d’une expérience passée et qu’un schéma oriente vers
une information nouvelle. Dans la description de la
dynamique de la mémorisation d’une séquence de
mouvements morphocinétiques – alors que le modèle
n’est plus présent perceptiblement – une représentation
visuo-motrice se construit qui guide l’action quand on a
présenté successivement le modèle et ainsi déclenché un
processus automatique inconscient de réorganisation des
informations se rapportant au patron mémorisé[33].
Il s’agit notamment de recherches concernant les
phénomènes du moi, la représentation de l’émotion et
également celle du cadre propice aux questions posées
relatives aux structurations permettant la représentation,
ou à leur fondement biologique, à leur développement et
à leur évolution, enfin à la prise en compte d’une variété
de phénomènes psychologiques. Pour Kant, en effet, les
schèmes ont un rôle efficace entre les catégories et les
sensations brutes. À partir de là, les théoriciens
contemporains s’appuient sur un fondement biologique
depuis les travaux de Head et Holmes[34]. Les études
psychiatriques prennent pour bases les perceptions
spatiales de leurs patients ; d’où le rapport fréquent au
concept de schème corporel.
6. Il faut ajouter que, dans l’Opus postumum[35], Kant a
travaillé[36] à surmonter les apories cosmologiques qu’il
avait découvertes dans la Critique de la raison pure. Les
questions dont il débat alors sont celles que se posent les
spécialistes
actuels
de
la
cosmologie.
a) La question du rôle de l’observateur se pose à partir
du processus de connaissance qui le concerne : « Faire
une expérience sur un objet [Objekt] des sens est une
opération de l’entendement, qui présuppose un principe a
priori de cette expérience. Mais elle contient 1. des
représentations empiriques avec conscience (des
perceptions) qui ont pour fondement une influence sur le
sujet (sensation), qui sont une représentation de la façon
dont le sujet de l’intuition est affecté par l’objet [Objekt].
2. pour que l’agrégat de ces perceptions passe à l’unité
synthétique de l’expérience, ce divers des représentations
de l’objet [Objekt], en tant que lié dans un système (des
perceptions), au moyen d’un principe, doit recevoir cette
unité »[37].
b) La question de sens concerne les horizons
d’observabilité et la saisie d’événements car nous ne
retirons de nos représentations sensibles qu’un système,
« une connaissance de l’objet [Objekt] sensible externe
comme phénomène au profit de la possibilité de
l’expérience, c’est-à-dire pour la recherche physique, par
la composition du divers des forces motrices de la
matière dans le phénomène ; cette composition est le
schème d’un concept, ce qui rend possible a priori,
comme simple phénomène, cette forme du composé dans
l’objet [Objekt] et le fondement d’expérience de sa
connaissance – car seul le phénomène permet une
connaissance
a
priori »[38].
c) Enfin est soulevée la question de l’interprétation du
commencement, qui n’est plus pour Kant celle du
commencement absolu, mais qui se place « dans
l’attraction interne de l’éther même et dans le
mouvement accéléré pour confluer dans un espace plus
étroit, avec la répulsion qui s’ensuit, portant à une
extension, de s’étendre au-delà de la mesure moyenne
de sa densité au repos, c’est-à-dire dans de telles
secousses et ébranlements »[39].
3. L’épistémologie entre
jugement déterminant
jugement
réfléchissant
et
En effet, si l’on considère les textes de la Critique de la raison
pure, on voit le concept de réflexion (Reflexion ou Überlegung)
renvoyer à la prise de conscience de la relation des
représentations aux diverses sources de notre connaissance,
qui sont relatives à l’entendement et à la sensibilité. Kant y
procède à un retour subjectif sur les modes propres à notre
connaissance : c’est ce que l’on peut voir surtout dans
l’Appendice précédant la Remarque sur l’amphibolie des
concepts de réflexion[40]. Le lieu transcendantal d’un concept
dans la sensibilité ou dans l’entendement ne permet pas de
présager à quoi se rattache son objet qui peut appartenir à
l’entendement comme noumène ou à la sensibilité comme
phénomène.
Ensuite, dans la Critique du jugement – qui est pensée en
complément de la fameuse teleologia rationis humanae
annoncée dans l’avant-dernier chapitre de la Critique de la
raison pure – Kant poursuit son enquête cognitive sur la
pensée pensant son objet : c’est ce que j’ai explicité dans
l’article intitulé « Vérité kantienne et science lacanienne »[41] en
montrant comment la Critique du jugement explicite la réalité
des processus cognitifs nécessaires à l’édification de la science.
Mais, dès le cours de 1772, publié en 1798 sous le titre
Anthropologie du point de vue pragmatique[42], Kant avait déjà
travaillé à préciser quelle est la participation de la réflexion à
la détermination du concept : c’est-à-dire à un élément décisif
de l’objectivité de la connaissance. Alors, il attribue trois
facultés à l’entendement qui est chargé de l’opération du
jugement. Les trois facultés sont : 1° attentio, la faculté de
saisir les représentations données pour reproduire l’intuition de
l’objet ; 2° abstractio, la faculté d’isoler ce qui est commun à
plusieurs représentations pour produire le concept de cet
objet ; 3° enfin reflexio, la faculté de réflexion qui achève le
processus cognitif.
Quant à la détermination (Bestimmung), elle concerne
nécessairement tout existant objectif sans lequel la
connaissance serait sans objet réel et ne serait donc pas
accomplie, étant donné le réalisme empirique de Kant, souvent
perdu de vue par les commentateurs ; le réalisme empirique
implique, en effet, pour le connaissant la croyance dans la
réalité de l’objet à connaître. Car tout concept est indéterminé
pour ce qu’il ne contient pas et il doit obéir d’abord au principe
de déterminabilité reposant sur le principe de contradiction, et
il doit obéir ensuite au principe de détermination
complète[43] concernant cette fois le contenu du concept
formant « la notion parfaite d’une chose »[44], s’agissant non
seulement du rapport de deux prédicats mais encore de la
possibilité impliquant cette fois l’ensemble des prédicats qui
implique une comparaison avec la chose et l’ensemble des
prédicats ; c’est en quoi « tout existant est complètement
déterminé »[45].
D’où les distinctions développées dans la Préface de la seconde
édition de la Critique de la raison pure entre « penser » et
« connaître », ou bien entre « croire » et « savoir ». Ce qui
permettra à Kant de substituer la croyance à la connaissance
dans tout ce qui touche à l’ancienne métaphysique qu’il veut
dépasser. Penser devient une fonction purement logique et
peut faire abstraction de toute relation avec des objets
d’expérience possible : je peux tenter de penser ce que je ne
connais pas. Mais la détermination, qui concerne tout existant,
implique le réalisme empirique : ce que certains
commentateurs de Kant perdent de vue.
Aussi l’objet au sens général est-il toute représentation même
purement poétique. C’est la loi de causalité à laquelle nous
soumettons tout changement qui rend possible l’expérience[46] :
ainsi la maison n’est qu’un phénomène, non un objet en soi,
mais le phénomène, qui est un ensemble de représentations,
est aussi l’objet de ces représentations. L’objet est ce qui dans
le phénomène contient la condition de la règle nécessaire de
l’appréhension : la vérité étant l’accord de la connaissance
avec l’objet[47]. Et en vérité il n’y a pas, dit Kant, d’autres
objets que ceux qui sont dans les sens : « il n’y a que les
objets des sens qui puissent nous être donnés » ; « ils ne
peuvent l’être que dans le contexte d’une expérience
possible » ; ce qui veut dire que « rien n’est objet pour nous
sans supposer l’ensemble de toute réalité empirique comme
condition de sa possibilité »[48]. C’est du point de vue d’une
entière possession de la réalité que nous avons la
représentation totalement déterminée d’une chose en soi : un
idéal transcendantal est au fondement de la complète
détermination de tout ce qui existe ; ce qui entraîne que toute
possibilité des choses peut être considérée comme en étant
dérivée[49].
Pour nous représenter le mouvement de synthèse de ce
processus cognitif mis en lumière par Kant, nous pouvons en
expliciter la phénoménologie. Ainsi, l’intuition sensible nous
donne un quelque chose, mais nous ne le percevons qu’en
référence à un objet en général (Gegenstand überhaupt) ou à
l’objet transcendantal. Ainsi, « nous pensons quelque chose en
général » et, tout à la fois, « nous le déterminons par ailleurs
d’une manière sensible »[50], sans perdre de vue l’objet en
général (Gegenstand überhaupt). Dès lors nous pouvons le
« déterminer uniquement par la pensée », formellement et
sans matière, indépendamment de l’intuition sensible. Pour
penser cet « objet en général », il faut que nous ayons le
concept de toutes les choses de l’expérience complète de tous
les objets dans leur variété et dans leur totalité : c’ est aussi le
grand X ou l’objet inconnu de notre représentation. Or, toute
notre connaissance expérimentale repose que des concepts
d’objets en général qui lui servent de conditions a priori[51].
Il n’y a donc de fait objectif pour Kant – mais aussi pour
Cassirer[52], pour Peirce[53] et pour Wittgenstein[54] – que
« médiatisé » par un concept et le discours conceptuel au
point que, comme il l’affirme dans l’Opus postumum,
l’observation n’est pas preuve[55]. Einstein lui-même se méfiait
de ce qu’il appelait les « expériences élémentaires » pures et
simples : « tout essai pour déduire logiquement, à partir
d’expériences élémentaires, les concepts fondamentaux et les
lois fondamentales de la mécanique, reste condamné à
l’échec »[56]. Déjà Comte, dans la 1ère leçon de son Cours de
philosophie positive, affirmait n’observer un fait qu’à travers
une théorie quelconque, fût-elle fausse[57].
De manière analogique, on peut comparer cette disposition
face à la réalité pure et simple avec ce que Wittgenstein
affirme expressément dans le Tractatus, 3.221 : « les objets
ne peuvent être que nommés » ; ce qui veut dire qu’ils sont
toujours représentés dans une proposition, même si elle est
tacite ou implicite. Si l’on considère, de ce point de vue la
définition nominale de la vérité, on voit que la vérité n’est
autre que la correspondance d’une représentation énoncée
avec son propre objet. ; ce qui peut se ramener
analogiquement à la position kantienne qui fait de la vérité
l’accord de la connaissance (non pas seulement du langage)
avec l’objet, mais chez Kant, tout est représenté ou
représentation. Et si la représentation implique la proximité de
l’objet pensé, elle n’implique pas un statut particulier qui reste
à déterminer[58].
4. Conclusion : Les deux processus de symbolisation
Tout le problème épistémologique de Kant réside dans le fait
de savoir comment je peux connaître. C’est d’ailleurs pourquoi
il a inventé les « jugements synthétiques a priori » comme la
condition sine qua non de la science et même de tout discours
véridique. La perspective de Kant vise la manière qu’a l’esprit
d’aborder ses objets, que ce soit les objets de l’intuition, les
objets de l’expérience, l’objet en général ou l’objet comme
représentation.
Le processus de cognition reconstitué par Kant est globalement
le suivant :
1° phase fondamentale de départ, l’intuition pure ;
2° phase de la synthèse du divers sensible par l’imagination ;
3° phase du concept produisant l’unité de la synthèse.
Par conséquent, à toute intuition sensible s’ajoute au même
moment le concept de l’entendement, c’est pourquoi l’
Esthétique transcendantale ne peut être comprise si on l’isole
du processus global de connaissance et avant tout du
processus de symbolisation. En réalité, l’Esthétique
transcendantale ne se produit pas en un temps séparé : jamais
nous ne nous arrêtons au niveau de l’intuition de l’espace et du
temps, mais notre perception et notre conception s’y fondent
toujours.. En même temps que l’Esthétique et au cœur même
de l’Esthétique, opère déjà l’Analytique dans la mesure où les
fonctions de l’esprit sont déjà à l’œuvre.
Poursuivant personnellement une recherche sur notre origine
épistémologique ayant pour base les formations de
structuration[59], j’ai conçu, sur la base des analyses
kantiennes, deux processus schématiques : un premier
processus de symbolisation[60] et un second processus de
symbolisation[61]. Par le premier j’ai figuré comment, sur un
fond de réalité transcendantale qui pourrait être un Réel en soi
qui nous échappe, surgit un latent imaginaire, qui est à la fois
l’idéalité transcendantale dans le Symbolique et la réalité
empirique dans le Réel pour nous : cette orientation possible
vers le scientifique et la détermination de la nature est ensuite
contrariée par le mouvement inverse d’une symbolisation dont
le processus est celui de la liberté, partant du symbolique de la
loi inconditionnelle pour passer par le focus imaginaire de
l’idée créant l’ens imaginarium de la sensibilité aboutissant au
Réel empirique. En fait, ce « second » processus de
symbolisation est essentiellement prioritaire sur le premier car
c’est à partir du Symbolique de la loi originaire qu’est rendu
possible le Schématique de la production scientifique[62].
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 316 : „Von der Amphibolie
der Refflexionsbegriffe“ (De l’amphibolie des concepts de
réflexion).,
[2]
J’ai critiqué cet aspect de l’épistémologie de Popper : A.
Kremer Marietti, « L’épistémologie de Karl Popper est-elle
irrésistible ? », Conférence donnée au Centre Universitaire de
Luxembourg, le 19 décembre 2002, à l'invitation de la Société
luxembourgeoise de Philosophie, dans Dogma :
voir http://www.dogma.lu Autre article dans Scipolicy Journal
“Popper, the Postmodern, and the Future of Falsification in
Research” (2002) : voir www.scipolicy.net
[3]
Karl R. Popper, „Physics and Philosophy“, in Atti del XII
Congresso Internationale di Filosofia , Venezia, 12-18
Settembre 1958, Vol. Secondo, L’uomo e la natura, pp. 367374. G. C. Sansoni, Firenze, 1960.
[4]
Gedanken von der wahren Schätzung der lebendigen Kräfte
und Beurteilung der Beweise, deren sich Herr von Leibniz und
andere Mechaniker in dieser Streitsache bedient haben (...)
(1746-1749), édition Ak vol. 1, 1-182.
[5]
Introduction de la Critique de la raison pure, traduction
Barni, Paris 1943, Gibert, 37 ; Kritik der reinen Vernunft,
1787, 1.
[6]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 33 („L’esthétique
transcendantale“), 42 („Exposition transcendantale du concept
de l’epace“).
[7]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 68 („Du temps“), 130 („De
la possibilité d’une composition en général »).
[8]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 11-13 („Introduction IV°,
188 (Analytique des principes, Chapitre II), 363. (Dialectique
transcendantale, De l’usage pur de la raison).
[9]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 766 („La discipline de la
raison pure par rapport à son usage polémique“).
[10]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 74 („De la logique en
général“).
[11]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 451 („Antithétique de la
[1]
raison pure“).
[12]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 789 ( „Le premier pas de
la raison pur est dogmatique, le second sceptique, le troisième
critique.“) Aussi 780 (« La discipline de la raison pure par
rapport à son usage polémique ».)
[13]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 693 („De l“usage
régulateur des idées de la raison pure“).
[14]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 179 („Du schématisme des
concepts purs de l’entendement“).
[15]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 377 („Des idées en
général“).
[16]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 117 („Des principes d’une
déduction tarnscendantale en général“).
[17]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 751 („De la discipline de la
raison pure dans l’usage dogmatique“).
[18]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 430 („Remarque générale
sur le passage de la psychologie rationnelle à la cosmologie »).
[19]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 574 („Éclaircissement de
l’idée cosmologique d’une liberté unie à la loi générale de la
nécessité naturelle“).
[20]
Kant, Critique de la faculté de juger (1790), Traduction A.
Philonenko, Paris, Vrin, 1986, §. 61.
[21]
Voir la thèse développée par Abdelkader Bachta, de
l’Université de Tunis, L’espace et le temps chez Newton et chez
Kant (1991), Paris, L’Harmattan, 2002, Collection
« Épistémologie et Philosophie des Sciences ».
[22]
Karl R. Popper, „Physics and Philosophy“, op. cit., p. 370371.
[23]
Voir Karl R. Popper, „Physics and Philosophy“, op. cit., p.
372.
[24]
Cf. Kant, Premiers principes métaphysiques de la nature,
traduction J. Gibelin, Paris, Vrin, 1971: 2è chapitre, théorème
4, 1er §. de la note 1 et note 2.
[25]
Voir A. Kremer Marietti, La raison créatrice moderne ou
postmoderne, Paris, Éditions Kimé, VII « Contingence et
nécessité », pp. 133- 137. De même, A. Kremer Marietti,
Philosophie des sciences de la nature, Paris, PUF, 1999,
Chapitre V « Philosophies scientifiques du XXè siècle », 5 :
« Le problème du temps de Hawking à Kant », 2 : « Une
cinquième approche kantienne du temps », voir pp. 254-257.
[26]
Ce faisant, il anticipait sur l’hypothèse de la pluralité des
mondes : c’est une remarque de M..Ben Sassi au colloque Kant
de Tunis (18 mars 2004).
[27]
Voir A. Kremer Marietti, Philosophie des sciences de la
nature, op. cit., Chapitre V, « Philosophies scientifiques du
XXè siècle », p. 185-186.
[28]
Niels Bohr, « Le problème de la connaissance en physique
et les cultures humaines », in Physique atomique et
connaissance humaine (1957), trad. E. Bauer et R. Omnès,
Paris, É. Gonthier, 1961, p. 52.
[29]
Voir Jean-Pierre Changeux, L’homme neuronal, Paris,
Fayard, 1983, p.121.Cf. Angèle Kremer Marietti, La philosophie
cognitive (1974), Paris, L’Harmattan, 2001, p. 45.
[30]
Jean-Pierre Changeux, ibid.
[31]
Cf. Dan J. Stein, “Schemas in the Cognitive and Clinical
Science. An
Integrative”:http://cogprints.ecs.soton.ac.uk/archive/0000111
4:00/Schema.3htm Cf. Neural Networks & Psychopathology:
Connectionist Models in Practice & Research by Dan J. Stein,
Jacques Ludik Cambridge University Press, 1998. Cf. Robert
Estivals, Théorie générale de la schématisation, Paris
L’Harmattan, tome 1, 2002 ; tome 2, 2003.
[32]
Thorndyke PW & Hayes-Roth B (1982), Differences in
Spatial Knowledge acquired from maps and navigations.
Cognitive Psychol , 14: 560-589.
[33]
L. Delcor, M. Cadopi, D. Delignières & S. Mesure,
Laboratoire “Sport, Performance, Santé”, Université
Montpellier I, France : « Dynamique de la mémorisation d’une
séquence de mouvements morphocinétiques »
http://www.ujfgrenoble.fr/ufraps/acaps/Actes/Poster/Delcor.pdf
[34]
Il s’agit de Sir Henry Head et de Gordon Morgan Holmes :
cf. H. Head, G. Holmes:Sensory disturbances from cerebral
lesions. Brain, Oxford, 1911; 34: 102. [35] Kant, Opus
postumum , traduction François Marty, Paris, Presses
Universitaires de France, 1986.
[36]
Comme l’a justement remarqué Pierre Kerszberg (Université
de Toulouse II ; CREA de l'Ecole Polytechnique) dans sa
communication: "De Kant aux apories de la cosmologie
contemporaine" au colloque « La cosmologie comme science.
Histoire et Critique » qu’il a organisé en mai 2002.
[37]
Opus postumum, p. 99.
[38]
Op. cit., p. 85.
[39]
Op. cit., p. 22.
[40]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 316-349 („De l’amphibolie
des concepts de réflexion résultant de la confusion de l’usage
empirique de l’entendement avec son usage transcendantal’).
[41]
Revue Internationale de Philosophie, N°180, 1992/1, pp. 629 : le rapprochement Kant/Lacan que je développe dans cet
article est une autre preuve de la fertilité de la philosophie
kantienne dans une science contemporaine, en l’occurrence la
psychanalyse de Lacan. Lors du colloque à Tunis, M. Meddeb
Bechir m’a rappelé ce rapport de Kant à la psychanalyse : en
effet, les notions lacaniennes de Réel, Symbolique et
Imaginaire, propres à Lacan, proviennent analogiquement de
Kant.
[42]
Anthropologie du point de vue pragmatique (1798),
traduction de Michel Foucault, Vrin, 1991.
[43]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 599-601 („De l’idéal
transcendantal“).
[44]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 600 („De l’idéal
transcendantal“).
[45]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 601 („De l’idéal
transcendantal“).
[46]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 234 („Deuxième analogie,
Principe de la succession dans le temps suivant la loi de
causalité“).
[47]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 235.
[48]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 610 („De l’idéal
transcendantal“).
[49]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 604-607 („De l’idéal
transcendantal“).
[50]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 345-346 („De l’amphibolie
des concepts de réflexion“)
[51]
Kritik der reinen Vernunft, 1787, 126 („Passage conduisant
à la déduction transcendantale des catégories“).
[52]
Ernst Cassirer continue la philosophie critique kantienne.
Voir La philosophie des formes symboliques (1923, 1925 et
1929), traduction O. Hansen-Love, J. Lacoste, C. Fronty, 3
tomes, Paris, Éditions de minuit, 1972.
[53]
Charles Sanders Peirce relie son épistémologie à celle de
Kant pour sa propre recherche des « conditions de possibilité
de la science ». Voir de Peirce « D’une nouvelle liste de
catégories », in Charles Sanders Peirce, Textes fondamentaux
de sémiotique, traduction Berthe Fouchier-Axelsen et Clara
Foz, Paris, Méridiens Klincksieck, 1987, pp. 21-41.
[54]
Pour Witgenstein, la pensée est la proposition ayant un
sens, selon la corrélation du langage et du monde. Voir le
Tractatus logico-philosoophicus (1921) , traduction P.
Klossowski, Paris, Gallimard, 1986.
[55]
Kant, Opus postumum, p. 126.
[56]
Albert Einstein, Comment je vois le monde (1934), trad. de
l’allemand par Régis Hanrion, Paris, Minuit, 1989, p. 143.
[57]
Auguste Comte, Cours de philosophie positive, Philosophie
première, Présentation et notes par Michel Serres, François
Dagognet, Allal Sinaceur, Paris, Hermann, 1975 ; voir la
Leçon, p. 23 : « si, d'un côté, toute théorie positive doit
nécessairement être fondée sur des observations ; il est
également sensible, d'un autre côté, que, pour se livrer à
l'observation, notre esprit a besoin d'une théorie quelconque ».
[58]
Cf. Josette Lanteigne, La question du jugement, Paris,
L’Harmattan, 1993 ; chapitre II « Étude comparative de Kant
et de Wittgenstein » : « Le terme le plus fréquemment
employé par Wittgenstein pour "représenter" est darstellen et
non vorstellen. La proposition-tableau n'est pas tant une
"image" qu'une mise en image de quelque chose, ce qui
implique une construction logique. Encore une fois,
Wittgenstein est plus proche de l'esthétique kantienne que de
la logique: c'est au sujet des mathématiques que Kant parle de
présentation (Darstellung) et de construction. Et l'"intuition du
symbole" dont Wittgenstein veut bien admettre qu'elle se
trouve à la base des mathématiques, est également à l'œuvre
dans le langage en général. Chez Wittgenstein, la proposition
donne des choses à voir : on peut voir, à l'examen du symbole
seul, que la proposition logique ne dit plus rien; on peut
également voir que la proposition pourvue de sens n'est pas
vraie (ou fausse) à partir du symbole seul. Chez Kant,
l'intuition est sensible sans être liée aux cinq sens (c'est plutôt
l'inverse qui est vrai); chez Wittgenstein, elle est symbolique,
sans être finie: l'intuition du symbole n'est pas finie mais
symbolique, il n'y a donc rien d'autre à faire que de "décrire" »
[59]
Angèle Kremer Marietti, La symbolicité ou. Le problème de
la symbolisation (1982), Paris L’Harmattan, 2001 ; également,
La philosophie cognitive, Paris, L’Harmattan, 2001 ; La raison
créatrice moderne ou postmoderne, Paris, Kimé, 1996 ; « Le
problème de la symbolisation chez Cassirer », in Ernst Cassirer
Geist und Leben, Ouvrage collectif coordonné par François
Lartillot, L’Harmattan, 2003, pp. 115-130.
[60]
Cf. La symbolicité, p. 73.
[61]
Cf. La symbolicité, p. 91.
[62]
Op. cit., pp. 71-91.
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