Fiche expert Mémoire et Musique

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 FICHE EXPERTS MEMOIRE ET MUSIQUE Compte rendu de la table ronde du 19 juin 2013 MEMOIRE ARTIFICIELLE ET MUSICOTHÉRAPIE. Dialogue entre Jean-­‐Gabriel Ganascia et Cécilia Jourt-­‐Pineau Cécilia Jourt-­‐Pineau -­‐ Musicothérapeute. H.I.A du Val de Grâce, Service d’oncologie et Radiothérapie. Membre de la Confédération Européenne et Mondiale de musicothérapie. Professeur Jean-­‐Gabriel Ganascia -­‐ Informaticien spécialiste en intelligence artificielle, Philosophe et Professeur à l’Université Pierre et Marie Curie Paris VI -­‐ Membre du Conseil Scientifique de l’Observatoire B2V des Mémoires. Explorer la mémoire sous toutes ses formes, c’est le défi relevé par l’Observatoire B2V des Mémoires, cet observatoire sociétal est une première, il réunit les plus éminents spécialistes en neurosciences et sciences humaines pour une approche pluridisciplinaire. Parmi les thèmes abordés, la musique au cœur de la mémoire, comment peut-­‐elle la préserver, comment peut-­‐elle soulager la mémoire ? Jean-­‐Gabriel Ganascia, spécialiste de la mémoire artificielle et Cécilia Jourt-­‐Pineau, musicothérapeute, confrontent leurs points de vue. Qu’est-­‐ce que la musicothérapie ? CJP : Selon la définition de l’OMS, la musicothérapie utilise la musique comme un outil thérapeutique pour restaurer, maintenir ou même améliorer la santé sur différents plans à la fois physique, psychologique, cognitif, social et spirituel. Il existe la musicothérapie active, qui consiste à faire jouer de la musique au patient, mais la simple écoute musicale peut déjà avoir de effets impressionnants. Comment musique et mémoire sont-­‐elles liées ? CJP : Grâce aux techniques d’IRM fonctionnelle, on peut enfin voir ce qui se passe dans un cerveau quand on écoute de la musique. C’est une véritable symphonie neuronale ! Herve Platel, qui est neuropsychologue et spécialisé dans la musique à l’université de Caen, a mis en lumière plusieurs mémoires musicales : -­‐ Tout d’abord la mémoire sémantique musicale : c’est celle qui va vous permettre d'avoir un sentiment de familiarité. Si je vous chante quelques notes, tout de suite, vous serez peut-­‐
être capable de reconnaître le morceau, de le fredonner. Contact Presse : Agence REVOLUTIONR
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-­‐ Ensuite, il y a la mémoire épisodique : c’est le contexte. Peut-­‐être que cette musique vous rappelle un contexte particulier par rapport à votre histoire, vous vous souvenez dans quel contexte vous l’avez entendue, ou jouée. -­‐ Enfin, la mémoire procédurale est celle qui est la plus utilisée par les musiciens : c’est le savoir faire, mais sans y penser. Comme le vélo, il y a un temps d’apprentissage, puis un savoir faire qui devient presque instinctif. Ces mémoires peuvent-­‐elles être simulées par les nouvelles technologies ? JGG : Tout à fait, et ces trois types de mémoire (sémantique, épisodique et procédurale) sont à l'œuvre dans le musicien artificiel que nous avons développé . En tant que Spécialistes d’intelligence artificielle, on essaye de décomposer l’intelligence et puis de reproduire chacun de ses aspects. Il y a des aspects assez ordinaires, en tout cas facile à reproduire par un ordinateur, avec des limites bien sûr : le fait de raisonner, de faire du calcul, de mémoriser, de reconnaître la parole. Mais il y a toujours une limite à l’intelligence artificielle, du moins c’est ce que dit un certain nombre de gens qui s’oppose à l’idée que l’on fasse de l’intelligence artificielle. Et l'une des limites, l’une des choses que certains pensent que l’intelligence artificielle ne pourra jamais faire, c'est la création. Donc, on s’est dit qu’on pourrait peut-­‐être prendre une activité créatrice comme la musique, et regarder dans quelle mesure il serait possible de la simuler. Comment le musicien artificiel fonctionne-­‐t-­‐il ? JGG : On a fait appel à un modèle de créativité. Ce modèle est fondé sur une modélisation de la mémoire, avec cette hypothèse de base, assez ancienne d’ailleurs, que l'imagination est à la source de la créativité et que c’est une réutilisation d'éléments de mémoire. On a donc pris des joueurs de jazz, un trio rythmique avec un piano, une percussion, et une basse et puis on s'est intéressés à la génération de la ligne de basse. En jazz, il y a une partition mais ce qui fait le caractère créatif c’est que la partition n’est pas complète : c'est juste une grille d'accords et ensuite le jazzman improvise. C’est cela qui nous intéressait, de voir dans quelle mesure on pouvait improviser. La musicothérapie pourrait utiliser les recherches dans le domaine des nouvelles technologies ? CJP : C’est déjà le cas ! Cela a modifié profondément notre profession. A présent nous venons travailler dans la chambre du patient avec une clé USB… et plus avec une valise de 33 tours ! Il y a même des musicothérapeutes, surtout aux Etats-­‐Unis, qui utilisent les IPAD, plus particulièrement avec les patients autistes parce que c'est un support ludique qui permet de faire écran, avec des enfants qui ont des difficultés à entrer en communication. On peut Contact Presse : Agence REVOLUTIONR
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également utiliser les IPAD pour retrouver les partitions, quand un patient en chambre d’hôpital nous demande de jouer un morceau en particulier. C’est un formidable outil. Est-­‐ce qu‘il existe un risque de perdre notre capacité à retenir ? JGG : Dans un monde où les mémoires numériques se développent considérablement, le risque est grand de ne plus faire l'effort de mémorisation. En termes d’éducation notamment : qu’on n’astreigne plus les enfants à apprendre des poésies, ou à apprendre des choses par cœur, puisqu’ils pourront toujours le retrouver sur Internet.. Je crois qu’il faudra un jour qu’il y ait une réflexion vraiment sérieuse sur les questions d'éducation liées au développement des technologies d'information. Mémoire et imagination sont liées : qu’est-­‐ce qu'il faut faire pour essayer de rester fécond, continuer à créer ? Sur la musique, je ne crains pas trop parce que si les gens écoutent de la musique, ils vont automatiquement retenir quelque chose. Il faut de toutes façons distinguer deux types de mémoire, qui sont la mémoire liée à la connaissance, c’est-­‐à-­‐dire le fait d’être capable, lorsque vous avez lu quelque chose, de le redire ou de le reproduire, et la mémoire de reconnaissance. Les deux mémoires sont importantes, mais elles ne sont pas exactement identiques. C’est la mémoire de reconnaissance qui pourra éventuellement poser un problème. Comment la musique aide à protéger la mémoire ? JGG : Aujourd’hui avec les techniques d’imagerie fonctionnelle cérébrale, on est capable d’accéder directement aux zones du cerveau qui sont activées par la musique. Ce qu’on sait aussi, c’est que l’écoute musicale est transformée par la compétence musicale : quand quelqu’un a une formation, qu’il a passé des heures à jouer, il va activer des zones du cerveau qui seront différentes et beaucoup plus développées que quelqu’un qui n’aurait pas eu cette formation. CJP : Mais pour rassurer ceux qui n’auront pas la patience d’en faire sur plusieurs années, les études ont montré qu’au bout d’un mois de pratique de musique votre cerveau avait déjà des modifications. Donc ça c’est extrêmement encourageant : au bout d’un mois de pratique on voit déjà les effets d’une pratique musicale. En réalité cela commence dès l’école maternelle avec des comptines, les jeux de doigts, la musique aussi. C’est très important, c’est un patrimoine musical et culturel qui reste toute la vie. D’ailleurs on le voit au niveau des patients Alzheimer, ce sont des chants qui restent en mémoire. Un malade Alzheimer peut tout de même se souvenir de ces chants de l’enfance. Contact Presse : Agence REVOLUTIONR
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Un patient Alzheimer peut-­‐il apprendre de nouveaux chants ? Comment l’explique-­‐t-­‐on ? CJP : Oui, des chants nouveaux peuvent être appris avec des patients Alzheimer, ça c’est une ouverture extraordinaire. Pour le moment, on ne sait pas encore expliquer ce phénomène, mais on le voit au niveau expérimental. Par exemple on a fait écouter à des patients Alzheimer des morceaux tous les jours pendant une semaine. On a attendu un mois, et on leur a fait écouter des extraits musicaux dont cette musique qu'ils avaient écoutée. Et bien à l’écoute de cette musique ils ont ce sentiment de familiarité, cette mémoire sémantique qui a été activée et qui fonctionne toujours. Il y a énormément de zones du cerveau qui sont impliquées dans l’écoute et aussi dans le jeu musical. On suppose que ce sont justement toutes ces traces qui vont un petit peu partout dans le cerveau et qui vont permettre au patient Alzheimer d’enregistrer quelque chose, contrairement au langage qui est extrêmement spécifique et qui concerne une petite zone du cerveau. Deux experts, deux points de vue, mais un même constat, la musique est une porte d’entrée à une partie de notre mémoire primitive, voilà qui permet d’entrer en contact avec les patients victimes d’Alzheimer. Des études et des expériences sont en cours et bien sur l’Observatoire B2V des mémoires les suit de près. FICHE EXPERTS (TEXTES & VIDEOS) ¿ DISPOSITION SUR SIMPLE DEMANDE
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EXPERT OBSERVATOIRE B2V DES MÉMOIRES. Jean-Gabriel GANASCIA, Membre du Conseil scientifique de l’Observatoire B2V des
Mémoires. Professeur à l’Université Pierre et Marie Curie – Sorbonne Paris VI,
informaticien, philosophe, spécialiste de la mémoire artificielle, il éclaire cet échange
avec son expérience et ses recherches en lien avec la création musicale.
Le site Internet
observatoireB2Vdesmemoires.fr
La page Facebook
Observatoire-B2V-des-Mémoires
Le compte Twitter
@obsB2VMemoires
A propos de l’Observatoire B2V des Mémoires :
L'Observatoire B2V des Mémoires est un outil innovant, présidé par le Professeur Eustache et encadré
par un collège d’experts pluridisciplinaires de renommée mondiale. Il vise à explorer toutes les
mémoires : mémoire individuelle, mémoire collective, mémoire d’entreprise, mémoire numérique, …
L'Observatoire B2V des Mémoires poursuit trois objectifs majeurs : la recherche et l’innovation,
l’information et la diffusion de la connaissance et la prévention.
A propos de B2V :
B2V est un groupe paritaire de protection sociale multi-professionnel au service des entreprises de
l’assurance, de l’enseignement privé et de nombreux autres secteurs d’activité. B2V exerce dans trois
pôles d’activité principaux : la retraite, la prévoyance et la santé. B2V gère la protection sociale de 30
000 entreprises et 960 000 actifs et retraités. B2V est un organisme privé à but non lucratif, qui ne fait
aucun bénéfice et ne rétribue aucun actionnaire. Contact Presse : Agence REVOLUTIONR
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