bulletin2005 6/28/05 6:52 PM Page 10 Des poissons indicateurs de la qualité du lac Saint-François Inventaire du brout de l’orignal Par Paule Fortin, garde-parc naturaliste, parc national de la Pointe-Taillon Autres réalisations : Suivi de l'érosion des berges du parc; Inventaire de la dune littorale. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le parc national de la Pointe-Taillon, avec ses quelque 90 km2, héberge une population d’orignal qui varie de 30 à 40 individus! C’est un nombre considérable si l’on tient compte que plus de 50 % du territoire est constitué de tourbière, milieu inhospitalier pour ce grand cervidé. L’observateur averti constatera, qu’à première vue, la végétation disponible est visiblement consommée, la strate arbustive se trouvant broutée année après année. C’est à la suite de ces observations que la direction du parc et le secteur Faune Québec du ministère des Ressources naturelles et de la Faune ont décidé, d’un commun accord, de procéder à un inventaire du brout de l’orignal. Cet inventaire consistait à compter, selon des parcelles prédéterminées, le nombre de tiges broutées par l’orignal en comparaison au nombre de tiges disponibles. Les résultats obtenus permettent de vérifier si la capacité de support du milieu est atteinte et d’évaluer les secteurs propices pour l’orignal. Une première cueillette de données a eu lieu au printemps 2003. Le rapport préliminaire indique qu’il ne manque pas de zones d’abri, mais que les secteurs d’alimentation semblent limités par rapport à la superficie, et que les tiges disponibles font l’objet d’une forte consommation. En d’autres termes, les orignaux ont probablement atteint la capacité de support du parc. Afin d’augmenter la précision de cette analyse et de connaître davantage l’utilisation du territoire en périphérie, une seconde prise de données s’est effectuée au printemps 2004. De prime abord, ces nouveaux résultats viennent confirmer que le parc national de la Pointe-Taillon ne peut supporter davantage d’orignaux. Entre-temps, à l’hiver 2003-2004, un inventaire aérien, couvrant le territoire du parc et ses environs, a été effectué par Faune Québec. Plus de 80 individus ont été dénombrés. Les données corrigées suggèrent une population de 109 orignaux dans la zone inventoriée, dont 34 à l’intérieur des limites du parc et 75 sur les terres boisées adjacentes. Toujours selon ces résultats, la population semble en santé puisque la productivité (nombre de faons / femelle) est bonne. L’étude d’analyse du brout menée dans le parc national de la Pointe-Taillon aura également permis de déterminer les espèces végétales préférées par l’orignal et d’identifier les secteurs les plus utilisés par ceux-ci. Bref, autant de renseignements qui viennent enrichir nos connaissances du territoire, orienter nos décisions de gestion et bonifier notre programme éducatif. Autres réalisations : Inventaire des Saturnidæ; Inventaire ornithologique en collaboration avec le club CORAS; Suivi d'une frayère à doré jaune. Par René Charest, responsable du Service de la conservation et de l’éducation, parc national de Frontenac Le lac Saint-François est le troisième plus grand lac québécois au sud du Saint-Laurent. Bien que 55 % de ses berges soient situées à l’intérieur du parc, il subit beaucoup de pression. Lac réservoir, son niveau d’eau varie de 6 m à 8 m annuellement. Une étude a démontré que le marnage a eu, certaines années, des impacts non négligeables sur les populations de doré. Le lac subit aussi des pressions des milieux agricoles, du bassin versant, de la navigation nautique et de l’abondance des aménagements de villégiature occupant l’ensemble des berges hors parc. Afin de suivre l’évolution écologique du lac, nous avons implanté un indicateur environnemental traitant de la répartition des poissons. Pour développer cet indicateur, nous devions tenir compte de plusieurs conditions. Nous souhaitions obtenir un indicateur simple et facile à réaliser afin d’en assurer la pérennité. Nous devions aussi prendre en compte divers paramètres biologiques tout en évitant le piège de vouloir répondre à trop de questions. Un « indice de la qualité ichtyologique » (IQI) du lac a été défini, en considérant la notion d’espèces tolérantes, intermédiaires et intolérantes à la pollution. Quatre stations ont été visitées à deux reprises au cours de l’été 2004. Elles seront aussi inventoriées en 2005 afin de valider nos résultats. Par la suite, une fréquence d’inventaires sera déterminée. En 2004, 364 poissons ont été capturés à l’aide d’une seine de rivage. Ils se répartissent en dix espèces différentes dont trois sont intolérantes à la pollution, six intermédiaires et une tolérante. L’IQI est calculé en considérant le pourcentage des espèces intolérantes, intermédiaires et tolérantes au niveau de la diversité spécifique (nombre d’espèces capturées), de la répartition des espèces (nombre d’espèces – stations) et de l’abondance des individus (nombre total d’individus). Afin d’intégrer la notion de tolérance, nous avons accordé un poids deux fois plus grand à une espèce intolérante (A) par rapport à une espèce intermédiaire (B) et un poids négatif pour une espèce tolérante (C). L’IQI pour l’année 2004 est donc de 82,9. Tolérance à la pollution Nombre d’espèces capturées Nombre d’espèces – stations Nombre total d’individus Importance relative1 Intolérante 30 % 14,3 % 12,9 % 19,1 % (A) Intermédiaire 60 % 69,0 % 59,3 % 62,8 % (B) Tolérante 10 % 16,7 % 27,7 % 18,1 % (C) Indice de la qualité ichtyologique (2A + B – C) Tiges broutées, Dominique Crépin, Sépaq 20 82,9 Les données recueillies pour mesurer cet indicateur sont aussi intéressantes à suivre pour chacune des stations et pour chacune des espèces. Combiné avec un second indicateur traitant de la qualité physico-chimique de l’eau du lac, l’IQI saura, nous sommes convaincus, allumer une lumière rouge advenant une détérioration du milieu naturel et, ainsi, nous permettra de réagir pour mieux protéger les richesses naturelles du parc national de Frontenac. 1 Moyenne des trois catégories précédentes 5