Trame de cours sur la Méditerranée au XII ° siècle

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Chapitre 2 : La Méditerranée au XIIème siècle,
carrefour de trois civilisations
I. La Méditerranée : une mer , 3 civilisations
Tableau comparatif de l’occident chrétien, de l’empire byzantin et du monde musulman
II. La Méditerranée une mer d’affrontements
1. L’occident à l’assaut des autres civilisations
2. Des guerres au nom de dieu
3. Une rupture durable entre les civilisations
III. La Méditerranée, une mer de rencontres
1. Un nouveau rapport à l’autre
2. Des influences culturelles
3. Des échanges commerciaux
Mots à connaître : Croisade, croisés, Empire Byzantin, Califat, Saint Empire, basileus,
calife, pape, clergé, ordres, orthodoxie, Coran, Islam, mosquée, seigneurie, fief, féodalité,
vassal, lieux saint, djihad, reconquista, syncrétisme, comptoir.
Personnages : Urbain II, Saladin
Dates : 1095, 1124, 1174, 1204, 1224
Repères spatiaux : occident chrétien, empire byzantin, monde musulman, Rome, Venise,
Bagdad, Jérusalem, Etats latins d’orient, Constantinople, Al-Andalus, Sicile, Palerme,
Alexandrie, Tolède
Introduction :
Au XIIème siècle, autour de la Méditerranée, trois ensembles politiques et religieux se côtoient.
Au Nord-Ouest, l’Occident chrétien est installé sur un territoire hérité de l’Empire romain
d’Occident et sur des terres marquées par le christianisme romain. Au Nord-est, l’Empire byzantin
se situe sur un territoire hérité de l’Empire romain d’Orient et sur des terres marquées par le
christianisme orthodoxe. Au Sud, le monde musulman occupe un vaste espace (allant de la
péninsule ibérique au Moyen-Orient) construit par des conquêtes et teinté d’islam.
Problématiques :
-
Quelles sont ces trois civilisations ?
Ce carrefour maritime est-il dangereux ou est-il un lieu de contacts pacifiques et
enrichissants ?
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Forces et faiblesses
Organisation religieuse
Organisation politique
I. La Méditerranée : une mer , 3 civilisations
1. L’Occident chrétien
Doc « forteresse de Najac »
Un château domine le village en
contrebas, ce qui symbolise la
domination du seigneur sur ses
hommes. Ce mode d’organisation
politique et social propre à l’Europe
est appelé féodalité.
Doc 1 p73
Le pouvoir est détenu par un
seigneur (local, national ou
continental) qui doit diriger ses
subordonnés mais aussi les
protéger.
L’Occident est un ensemble de
royaumes.
Doc 4 p 73
Cette religion s’appuie sur le
message d’un seul homme, le
Christ. Ses pratiques religieuses
s’appuient sur un livre saint, la
Bible.
On trouve à la tête de l’Eglise
romaine un chef qui siège à Rome,
le pape. Il est considéré comme
supérieur aux monarques et comme
l’homme le plus puissant de la
chrétienté.
La religion chrétienne est un
monothéisme.
Doc « La forteresse de Najac »
Le château illustre la volonté de se
défendre contre des menaces, ce qui
montre que l’Occident est secoué
par des guerres (dans un même
pays ou entre deux Etats).
La construction de ces châteaux
témoigne d’une grande capacité à
encadrer des terres et des hommes.
De plus, elle laisse supposer que les
seigneurs sont très riches.
La chevalerie lourde est enfin une
unité militaire particulièrement
redoutable au 12eme siècle.
L’Occident chrétien est puissant.
2. L’Empire byzantin
Doc 2 p 73
L’Empereur ou basileus est le
chef de l’Empire byzantin : il
dirige
l’Etat,
commande
l’armée, guide son peuple. Il a
d’importants pouvoirs.
Il porte le titre d’Empereur et
tire son pouvoir de Dieu qui en
a fait son représentant sur
Terre.
L’Empereur
doit
également défendre la religion
et veiller à protéger le droit
romain.
Donc, l’Empire byzantin est
une théocratie.
Doc 1 p 74
La religion byzantine, le
christianisme orthodoxe, ne
reconnaît pas l’autorité du Pape
qui siège à Rome. Elle s’est
séparée de l’Eglise romaine en
1054 lors d’un schisme. Elle
est dirigée par le patriarche de
Constantinople.
Le Saint-Esprit à un rôle plus
important que pour les
catholiques et les icones sont
vénérées.
La religion byzantine est un
monothéisme.
Doc 3 p 73, doc 4 p 75
Constantinople, la capitale
byzantine, est protégée par une
double muraille, ce qui montre
qu’elle
est
fréquemment
attaquée (notamment par les
Seldjoukides, venus de l’Est).
Cependant, des installations
commerciales sont visibles et
témoignent de la vitalité
économique
de
l’Empire
byzantin. Il multiplie les
échanges avec les Italiens,
maîtres du commerce.
L’Empire
byzantin
est
fragilisé.
3. Le monde musulman
Carte p.69
Le monde musulman est divisé
en trois vastes entités politiques :
califat
fatimide,
sultanat
almoravide
et
sultanat
seldjoukide.
Les sultans et les califes
dominent le monde musulman :
en tant que chefs militaires,
politiques et religieux, ils
administrent leur territoire et
leur population.
Donc, le monde musulman est
morcelé en califats et sultanats.
Doc : « Les cinq piliers de
l’islam »
L’Islam ne reconnaît qu’un
Dieu, Allah. Son message –
solidarité et respect – se fonde
sur un livre saint commun à tous
les fidèles, le Coran.
L’Islam impose des pratiques
religieuses
assez
strictes
appelées cinq piliers de l’Islam
(profession de foi, prière, jeûne,
pèlerinage et aumône) et ne
possède pas de clergé.
L’Islam est un monothéisme.
Carte : « La division du monde
musulman »
Le morcellement de cette
civilisation est une de ses
faiblesses : les entités qui la
composent ne sont pas unies
(opposition entre sunnites et
chiites) et se combattent parfois.
Cependant, l’immensité du
monde musulman montre qu’il
s’agit
d’une
civilisation
puissante qui a su s’imposer
durablement dans les domaines
militaires et culturels.
Le monde
puissant.
musulman
est
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II. La Méditerranée, une mer d’affrontements
1. L’Occident à l’assaut des autres civilisations
Doc1 et 2 p79
Au XIIème siècle, la péninsule ibérique est politiquement morcelée en une trentaine d’Etats. D’autre part, deux
civilisations se partagent la péninsule ibérique : au Nord, sont présents les chrétiens et au Sud se trouvent les
musulmans.
Tout au long du XIIème siècle, le rapport de force tourne à l’avantage des chrétiens. Au début du XIIIème
siècle, ils ne possèdent que le tiers Nord de la péninsule. Progressivement, la guerre leur permet de pénétrer de
plus en plus profondément dans le territoire ibérique, décalant la frontière avec les musulmans vers le Sud. Au
début du XIIIème siècle, avec la victoire chrétienne de Las Navas de Tolosa, en 1212, les chrétiens contrôlent les
deux tiers Nord de la péninsule. La poussée des chrétiens vers le Sud révèle bien leur volonté de chasser les
musulmans d’Europe : c’est la Reconquista.
Doc 2 p80 et doc 1 p 82
L’Orient est un autre théâtre d’affrontements. En 1095, Urbain II appelle les chrétiens à délivrer la Terre sainte,
aux mains des musulmans. Les deux premières croisades (1095-1102 et 1146-1148) permettent aux chrétiens de
prendre Jérusalem et de s’installer politiquement en Terre sainte où ils créent les Etats latins d’Orient. Lors de la
troisième croisade (1187-1192), les musulmans, menés par Saladin, reconquièrent la région. Les chrétiens
veulent réagir lors de la quatrième croisade (1204) mais préfèrent, pour des raisons économiques, piller Byzance
que reprendre Jérusalem.
2. Des guerres au nom de Dieu ?
Doc 3 p 83
Face à la Reconquista – dont le but est de débarrasser la péninsule ibérique de la présence musulmane –, les
musulmans d’Espagne réagissent eux aussi par la violence. Ils ont le sentiment que la réalisation de leur devoir
de fidèle – et notamment le pèlerinage à La Mecque – est rendue impossible à cause de l’instabilité qui règne en
Espagne. Pour réagir face aux chrétiens, les musulmans font appel à un vieux principe guerrier et religieux
remontant à Mahomet, le djihad. C’est une expédition militaire lancée contre ceux que les musulmans
considèrent comme des infidèles.
En Terre sainte, les croisades que mènent les chrétiens répondent également à l’argument religieux. Il s’agit
avant toute chose de libérer le tombeau du Christ pour continuer les pèlerinages, que la présence musulmane
avait récemment interrompus. Cependant, il ne faut pas perdre de vue non plus que la guerre, au Moyen-âge, est
avant tout un moyen de s’enrichir en pillant des terres et d’accroître sa puissance en conquérant de nouvelles
terres. Les arguments religieux ne sont donc pas seuls.
3. Une rupture durable entre civilisations
Doc 3 p 94
D’une manière générale, les affrontements militaires ont été à l’origine d’une profonde coupure entre les trois
civilisations. En 1204, lors de ce qui aurait dû être la quatrième croisade, les chrétiens ont préféré dévier leur
chemin vers Byzance – qui est leur allié et leur protégé traditionnels – plutôt que de retourner vers Jérusalem
déloger les musulmans. Dès lors, les byzantins comme les musulmans portent un regard négatif sur les chrétiens :
pour les uns, ce sont des traîtres ; pour les autres, ce sont des lâches.
La quatrième croisade, au début du XIIIème siècle, marque une grande distance entre ces trois mondes qui se
sont côtoyés tout au long du XIIème siècle. En effet, le pillage de Byzance entraîne la rupture définitive entre le
monde byzantin entre l’Occident chrétien. De plus, la poursuite des conflits entre chrétiens et musulmans ne
permet pas un rapprochement durable des deux civilisations : la combats se poursuivent en Terre sainte jusqu’à la
fin du XIIIème siècle et en Espagne jusqu’à la fin du XVème siècle.
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III. La Méditerranée, une mer de rencontres
1. Un nouveau rapport à l’autre
A la suite de la Reconquista, des régions peuplées par des musulmans passent sous domination chrétienne.
Les rois prennent des mesures sur la place des musulmans. A Tudèle par exemple, les musulmans
conservent leurs propriétés et leur mosquée. De plus, ils sont jugés selon leur droit et ne peuvent pas être
forcés à se battre. Cette bienveillance de la part du roi traduit une certaine tolérance et une volonté d’intégrer
les musulmans.
Même si les musulmans sont protégés par une législation qui leur est propre, ils ne sont pas les égaux des
chrétiens. Chaque communauté est jugée selon son droit – le droit canon pour les chrétiens et la charia pour
les musulmans. De plus, à terme, les musulmans doivent quitter le centre de Tudèle, ce qui traduit une
volonté d’exclusion.
Doc2 p91
Au XIIème siècle, la Sicile est aux mains des chrétiens alors qu’elle était, dans le passé, sous domination
byzantine puis musulmane. Les élites musulmanes sont associées au gouvernement du roi mais ne sont pas
sur un même pied d’égalité que les chrétiens.
2. Des influences culturelles
Doc 2 p 95
Cette photo du clocher minaret de Teruel est un témoignage des mélanges culturels, et plus particulièrement
architecturaux entre chrétiens et musulmans en Espagne.
Architecture chrétienne
- au sommet, des créneaux qui rappellent l’architecture
militaires des châteaux ;
- au centre, des arcs en plein cintre qui rappellent les
églises romanes ;
- en bas, des contrefort qui rappellent ceux qu’on trouve
sur les églises romanes.
Architecture musulmane
- sur toute la tour, la décoration par faïence
est une spécialité musulmane ;
- au centre, des arcatures aveugles que l’on
retrouve dans de nombreuses mosquées ;
- en bas, les formes géométriques décorent
car l’islam interdit les autres motifs.
La tour San Martin de Teruel montre le syncrétisme architectural espagnol au XIIème siècle. L’art mêle les
influences chrétiennes et musulmanes pour créer un style nouveau, l’art mudéjar. La tour San Martin fait
d’abord fonction de clocher avant l’installation des musulmans en Espagne puis de minaret pendant leur
domination. Après la Reconquista, elle redevient un clocher mais l’architecture n’est pas modifiée.
Les contacts scientifiques sont nombreux et profitent surtout aux chrétiens, moins avancés dans ce domaine.
Grâce aux voyages, les ouvrages et les connaissances circulent : des textes antiques ou médiévaux,
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entreposés dans les bibliothèques byzantines et musulmanes, parviennent en Europe, via les grands centres
universitaires.
3. Des échanges commerciaux
Doc 1 p 86
Le commerce maritime rapproche les peuples. En effet, les flux en Méditerranée sont orientés d’Est en
Ouest, reliant les trois civilisations. Chaque civilisation vend ainsi aux deux autres les produits dont elles ont
besoin. Dans ce domaine, les musulmans et les byzantins occupent une position charnière pour distribuer les
produits venus d’Orient.
Les cités italiennes sont les plus actives dans le commerce: elles disposent d’un grand nombre de comptoirs
leur assurant le contrôle de toute la Méditerranée. Grâce aux échanges, elles s’enrichissent, ce qui leur
permet s’embellir et de devenir des puissances politiques et militaires (ils défendent les byzantins) : ce sont
des thalassocraties.
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Annexe : documents complémentaires
Carte du monde musulman dans la première moitié du XIIè
Les 5 piliers de l'Islam :
Parallèlement aux six articles de la profession de foi, les cinq piliers de l'Islam sont cinq obligations
importantes qui doivent être respectées par toute personne responsable.

Le premier pilier, la Chahada, est l'attestation de foi de la croyance en Dieu et de la prophétie de
Mahomet, c'est la plus importante.

Les cinq prières quotidiennes

L'aumône aux plus pauvres dans les proportions prescrites.

Le jeûne du mois de ramadan : (saoum, As-siyam) du lever du soleil à son coucher, le jeûne est
prescrit. Il est recommandé de lire le Coran dans son intégralité durant ce mois, ainsi que l'a fait
Mahomet.

Le pèlerinage à La Mecque : (hadjj, Al hajj) au moins une fois dans sa vie si le croyant ou la
croyante en a les moyens physiques et matériels.
Dessin du château de Narjac :
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