technique Le coup de foudre : risques et dégâts ? Dans notre édition précédente, nous avons appris à mieux connaître le phénomène de la foudre. Qu’en est-il des dangers pour les personnes et les équipements ? Pour le courant de foudre, qui est un animal furtif, le chemin le plus court n’est pas nécessairement la ligne droite. Il suit bien évidemment les autoroutes métalliques comme le mât, mais n’utilise pas seulement les voies de moindre résistance. Sans oublier que les effets électromagnétiques se manifestent à distance, ce que l’on oublie trop souvent. Photo et illus © Pierre Lang Tension de pas 38 Par « pas », il faut comprendre le « pas que l’on fait en marchant » ou plus précisé ment, la longueur de ce pas. L o r s qu’un coup de foudre tombe sur le sol, le courant électrique se disperse alentour sur une distance de plusieurs centaines de mètres. Il en résulte d’importantes variations de potentiel électrique dans et à la surface du sol. Si vous marchez, la distance entre vos pieds, tous deux périodiquement en contact avec le sol, est d’environ 0,8 mètres. La différence de potentiel entre vos deux pieds peut devenir importante et donner l’occasion au courant électrique de traverser votre corps, en parallèle avec le sol. Si vous marchez main dans la main avec votre amoureuse, la distance entre vos pieds extérieurs est plus grande (donc la différence de potentiel aussi). Si le courant passe à travers vos corps, le coup de foudre vous tuera probablement en passant par vos coeurs… Pour se protéger en cas d’orage, il faut se tenir à distance l’un de l’autre, loin des arbres et des pylônes isolés. Il faut se tenir racrapoté en boule les pieds joints, près du sol. C’est une position que les animaux à quatre pattes ne peuvent pas tenir ! Le courant peut passer à travers les corps d’un troupeau de vaches et les tuer instantanément. • Pour se déplacer, il vaut mieux courir (un pied à la fois sur le sol) ou faire de petits pas • Tension de contact Par « contact », il faut comprendre le « fait de toucher » un objet susceptible d’être parcouru par le courant de foudre. Si l’effet de pas existe sur le pont d’un bateau, la tension de contact est nettement plus préoccupante. Sur un bateau, tout équipier soucieux de sa propre sécurité applique le principe de base : une main pour soi, une main pour le bateau Il se déplace sur le pont en se tenant aux filières et aux haubans, conserve son équilibre en se tenant à la colonne de barre, au technique pataras et aux balcons, manoeuvre en se tenant au mât, à l’étai, à la barre métallique raccordée aux safrans, à toutes sortes d’objets mouillés, etc. Que le bateau soit protégé ou pas au moment d’un coup de foudre, une différence de potentiel électrique considérable peut apparaître entre ses mains et ses pieds : danger de mort ! • Il faut ne pas toucher les masses métalliques • Distance de séparation Par « séparation », il faut comprendre la « distance entre deux objets » ou entre soi et un objet susceptible d’être parcouru par le courant de foudre. On a vu que la tension de contact représente le plus grand danger à bord d’un bateau de plaisance. Se tenir à distance de tout objet susceptible de véhiculer le courant de foudre ne suffit pas. Il faut se tenir à une distance suffisante, supérieure à la distance de séparation. La foudre peut sauter à travers l’air et frapper l’équipier qui se tient trop près d’un objet dangereux. Dans la figure ci-contre, l’équipier se tient trop près du mât. La foudre cherchant à aller à la terre par tous les chemins possibles déclenchera un arc entre le mât et son corps comme second chemin, en plus du mât lui-même. Il sera foudroyé. La distance de séparation est définie comme « la distance entre deux parties conductrices telle qu’aucune étincelle dangereuse ne puisse apparaître en ces deux conducteurs ». Son ordre de grandeur, qui est de 50 centimètres, montre qu’il n’est pas facile de respecter cette distance à bord d’un petit voilier. • Il faut rester loin des masses métalliques • Risques pour les personnes Le foudroiement d’une personne, par courant induit, par « toucher d’un objet » sous haute tension ou par « effet de pas » peut avoir pour conséquences possibles : arrêt cardiaque, perte de connaissance, brûlures, troubles neurologiques, paralysies, troubles pulmonaires, problèmes auditifs (tonnerre) et oculaires, y compris la cécité (éclair). Risques pour les structures Le courant de foudre peut détériorer physiquement les matériaux de construction. Perforation par fusion des tôles métalliques, destruction par éclatement dû à la vaporisation instantanée de l’humidité contenue dans la structure, incendie, explosion de matières inflammable. Risques électriques, électromagnétiques et électrodynamiques Le courant de foudre peut détériorer physiquement le matériel électromécanique (contacteurs, tableaux électriques), électriques et électroniques par claquage (arc électrique) dû aux importantes différences de potentiel. Perturbations diverses et variées dans les appareils électroniques dues au couplages galvanique et inductif. Surtensions électriques. Les forces électromagnétiques prenant naissance entre deux conducteurs peuvent provoquer des ruptures mécaniques. Vieillissement prématuré de l’électronique (les dégâts peuvent ne pas être immédiats). Pour connaître des pistes de protection, il faudra attendre la prochaine édition ! • Pierre Lang Journal et eBook sur Internet : www.thoe.be 39