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Le brahmanisme
et
l’essence sacrée des plantes
Rachel Fournier
Voyage d’étude en Inde du18 mars au 3 avril 2005
Plan
1.
Introduction
2.
Le brahmanisme
3.
Les brahmanes
3.1
Identité et fonction
3.2
Les quatre stades de vie
3.3
Entre science sacrée et spiritualité
4.
Le sacré par l’essence des plantes
4.1
Du rituel à l’art de soigner
4.2
La nature au cœur des veda
4.3
L’ayurvéda par le corps, l’esprit et l’âme
5
Lier l’âme des plantes à celle des hommes
et des Dieux
5.1
Les hindous et les essences naturelles
5.2
Répertoire des plantes liant l’homme au « sacré »
6.
Conclusion
7.
Bibliographie
1. Introduction
Lors de notre 1er séminaire préparatoire pour notre voyage d’étude en Inde, à la recherche de
réponses couvrant les aspects spirituels et culturels de ce pays, notre professeur, Anand Nayak,
nous a invité à découvrir l’Inde, non sous l’angle de la raison, mais de la sensibilité, le voyage
faisant d’abord appel à nos sens.
Cette approche me plut particulièrement car l’Inde reflète une terre de lumière par la beauté des
couleurs, la douceur des regards, l’enchantement des sons, la force des senteurs et toute la
grandeur que ce peuple véhicule par un état de bien-être, de contentement intérieur qui rayonne
au fil des rencontres. Cet état de bhakti, je me réjouis de le découvrir et particulièrement de le
ressentir en allant à la découverte de l’ensemble de cette culture qui est profondément attachée à
l’essence des êtres (du cosmos, monde végétal, minéral, animal à l’être humain).
Dans ce travail, j’ai donné une grande priorité au monde végétal car, trop souvent oublié dans le
quotidien des occidentaux, il conditionne cependant notre évolution physique, psychique et
spirituelle. Les Indiens sont en lien permanent avec lui (nourritures, rites, etc.) et se basent
notamment sur les veda (textes sacrés) afin de connaître les vertus que ce monde végétal nous
offre.
J’ai lié ce thème à celui de la tradition des brahmanes car ils sont porteurs de la pérennité des
textes védiques.
2. Le brahmanisme
La religion brahmanique correspond à la deuxième des trois phases historiques qu’on distingue
habituellement dans le développement de la spiritualité indienne. Elle se situe après le védisme
(env. 1500-900 av. J-C.) et avant l’hindouisme (VIème siècle av. J-C.). le terme
« brahmanisme » est dérivé de « brahmane », tout comme celui de « christianisme » fait
référence au «chrétien », c’est-à-dire à celui qui professe la foi en Jésus-Christ. Toutefois, le
parallèle ne présente pas le même degré d’équivalence. Est brahmane celui qui dispose du
brahman, c’est-à-dire d’une formule qui possède à la fois un pouvoir religieux et un caractère
magique, d’une formule qui agrandit, valorise et amplifie. Ainsi, le terme brahmane n’indique
pas le fidèle qui vénère le dieu Brahmâ (tardive personnification védique), mais plutôt celui qui
appartient à la caste des prêtres. La structure des Varna prend naissance dans le corps géant d’un
être Purusha qui possédait les plus puissantes essences qui sont les mots du Veda. 1 De ses
membres sortir les quatre castes dont les brahmanes (caste sacerdotale) qui naquirent de sa
bouche. Les brahmanes représentent donc une caste supérieure de la société indienne exerçant
une fonction de gardiens de la parole sacrée transmise par les Veda. Ces prêtres enseignants se
portent donc garants de la conservation et de la transmission des Veda (corpus littéraire rédigé en
sanskrit dont la composition s’étend sur plus d’un millénaire entre 1400 et 500 av. J-C.). Ces
écrits, structurés en 4 recueils (veda) ont été élaborés au sein des familles sacerdotales aryenne et
sont un ensemble de textes représentant la connaissance ou le savoir sacré. Chaque rite est
célébré avec des mantras védiques.
Avec le brahmanisme, le monde des dieux déclina grandement par rapport à ce qu’il fut à
l’époque védique, et ce, au profit des rites sacrificiels accomplis par les prêtres, les brahmanes.
En effet, les deva védiques dépendirent de plus en plus des sacrifices et de la caste des prêtres
qui en possédait les secrets rituels.
Une caractéristique du brahmanisme est l’extrême complexité de ses rites, grâce auxquels les
brahmanes pouvaient disposer des forces de la nature, voire obliger les dieux à exaucer leurs
prières. Une grande importance était ainsi attribuée aux rites sacrificiels (yajna), qui signifient
avant tout la réintégration d’une dimension spirituelle et cosmique, la remise en activité d’une
1
Le Grand guide de l’Inde, P. Cox, Ed. Gallimard, Singapour, 1995
plénitude originelle perdue, à tel point que « le soleil ne renaîtrait plus le matin, si le brahmane
n’avait fait l’offrande du « sacrifice ». Par le sacrifice, on peut se concilier les dieux et bannir les
démons ; dans le sacrifice, on fait entrer le « Tout ». Les rites caractéris tiques étaient ceux qu’on
célébrait en relation avec le cycle lunaire, à l’occasion de la pleine lune et de la nouvelle lune, et
qui consistaient en l’offrande de mets sacrificiels aux dieux. Au printemps, lors du premier
sacrifice, on faisait aux dieux une oblation d’orge ; à l’automne, une oblation de riz. Quand
venait la saison des pluies, c’était le sacrifice quadrimestriel, destiné à faire prospérer les
troupeaux. Dans le culte solennel, le rite se fait sous trois feux : d’abord, le feu du maître de
maison pour la cuisson des offrandes de forme ronde. Puis le feu d’oblation de forme carrée qui
reçoit des oblations cuites. Et enfin, le feu du sud qui affecte la forme d’une demi- lune.
L’efficacité des sacrifices était strictement tributaire de l’exécution la plus exacte possible du
rituel et de toutes les cérémonies qui le composaient. Ces dernières devaient, par exemple, être
accompagnée d’une formule sacrificielle appelée yajus, alors que les prières devaient précéder
les formules par lesquelles on invitait les dieux à descendre sur le lieu du sacrifice. Le rite devait
se terminer par la formulation de la syllabe mystique OM. Le son, produit d’une façon
prolongée, résultant de la combinaison des trois sons A-U-M (de la triade à l’unité), signifie « ce
qui a été, est et sera » et possédait pour ceux qui se vouaient à la méditation une force à la fois
magique et religieuse.
Les textes littéraires du brahmanisme, outre les Veda et les Brâhmana, sont constitués des
Âranyaka et des Upanishad. Les Upanishad constituent l’ensemble des textes religieux
brahmaniques, dont le thème fondamental est la poursuite de l’entrée dans cet Au-delà compris
comme une délivrance des renaissances. Ils relatent les expériences individuelles des mystiques,
leurs méditations et leurs visions.
3. Les brahmanes
3.1 Identité et fonction
Nous avons vu que la caste la plus élevée parmi les quatre principales est celle des brahmanes
(aujourd’hui ils représentent le 6 % de la population) ; ceux-ci incarnant les pouvoirs spirituels,
ont le devoir de célébrer les sacrifices et d’assurer la fonction d’intermédiaire entre la doctrine et
le peuple. Néanmoins, en contrepartie de leurs prérogatives, on leur impose des obligations plus
strictes et des punitions plus sévères. Les brahmanes ont le devoir de respecter le précepte de
non-violence (ahimsâ), c’est-à-dire l’interdiction absolue de supprimer quelque forme de vie que
ce soit ou de lui porter atteinte. Ils ne peuvent inclure dans leur régime alimentaire ni viande ni
œufs (qui pourraie nt contenir une nouvelle vie). Ils n’ont le droit de se marier qu’avec un
membre de leur caste, divisée comme les autres en de multiples sous-castes. La vie d’un
brahmane comporte quatre stades, ou états de vie (âshrama), dont chacun est caractérisé par des
règles précises : étudiant, père de famille, ermite, enfin sannyâsin ou renonçant.
L’observance la plus connue des brahmanes est celle des trois hommages qu’ils rendent aux trois
articulations (samdhyâ) de la journée. Ils s’ouvrent avec des rites de purification au moyen de
cendre, d’eau ou des produits de la vache, se poursuivent par des récitations de mantras et les
invocations au soleil. Autres devoirs quotidiens : l’oblation au feu ainsi que, comme en témoigne
le Mahâbhârata, le culte aux mânes, issu du védisme. 2
3.2 Les quatre stades de vie
1ère étape (stade)/ étudiant brahmanique (brahmacârin) : après la petite enfance où il est
assimilé à un çudra, le jeune garçon est admis à devenir brahmacârin, c’est-à-dire étudiant chez
un maître. Cette période qui commence à l’âge de huit ans pour les jeunes brahmanes et qui se
prolonge jusqu’à seize ans, est marquée par des observances qui font de l’enfant, puis adolescent,
un véritable ascète.
Tôt levé le matin, il doit servir son maître, en particulier entretenir le feu sacrificiel avec du bois.
Il est soumis à des pratiques de pureté rituelle particulièrement exigeante : il est vêtu d’une peau
d’antilope noire (qu’il a reçu lors de la cérémonie d’initiation), il mendie sa nourriture, doit
observer une cha steté rigoureuse. Plusieurs heures par jour sont consacrées à la mémorisation de
textes védiques qu’il devra par la suite réciter quotidiennement, suivant le Veda et l’école
védique auxquels il appartient par filiation. Quand ses études sont terminées, qu’il a pris le bain
rituel final et donné les honoraires à son gourou (dakshinâ), il retourne chez son père où il est
considéré comme bon à marier.
2ème étape / maître de maison (grihastha) : dès 16 ans, il doit accepter toutes les obligations
rituelles, engendrer des fils et au moins une fille (à cause de l’alliance avec une autre lignée).
Seul le grihastha peut être sacrifiant (yajamâna). Le jeune brahmane qui retourne à la maison de
son père après avoir pris le bain rituel qui met un terme à ses études védiques ne peut pas encore
offrir des sacrifices quotidiens et périodiques. C’est le mariage, dont le rituel comprend un feu à
titre principal, qui inaugure sa vie de maître de maison, le feu du mariage devenant le feu
sacrificiel du jeune couple.
3ème étape / retraite religieuse : dès le moment où l’on commence à avoir des petits enfants on
est vânaprastha. Le maître de maison vieillissant, ayant vu sa descendance assurée par la
naissance d’un fils de son fils, a la possibilité de se dégager de ses obligations rituelles en
passant au troisième stade de la vie, le vânaprastha. Il se retire dans la forêt avec sa femme. Il y
garde encore provisoirement ses obligations rituelles, et il a donc des feux, qui ne sont cependant
pas les mêmes que ceux de la période précédente. En même temps, il pratique des austérités qui
lui valent un accroissement de ses pouvoirs spirituels. Cette période est une transition entre l’état
de maître et celui de renonçant complet.
4ème étape / renonçant complet (samnyâsin) : le renonçant est solitaire. Il n’a plus de feux, plus
d’obligations rituelles, plus de statut social, plus de demeure fixe. On entre dans l’état de
renonçant après une grandiose cérémonie d’inhalation des trois feux, signifiant par là que le
sacrifice sera désormais intérieur. Il se nourrira, soit de nourriture sauvage et crue (puisqu’il n’a
plus de feu), soit, et c’est le cas le plus habituel, de nourriture reçue en aumône. En principe, seul
l’ancien maître de maison (donc des trois premières classes) a droit au nom de samnyâsin. Aux
autres, qui peuvent être issus de basses castes, on donnera le nom de yogin, dans cette période de
renoncement.
Ainsi, à la pente déclinante des quatre âges du monde s’oppose la pente ascendante des quatre
stades de la vie du brahmane (voire ce de toute personne cherchant à purifier son existence) ou
2
Encyclopédie des religions, Gerhard J. Bellinger, Librairie générale française, Paris, 2000
âshrama, terme désignant un lieu de méditation. Dans sa jeunesse ou brahmâchârya (celui qui
étudie le brahman), il s’initie à la vie religieuse et doit demeurer chaste et non marié une
association entre célibat et condition étudiante. Il devient ensuite « maître de maison », fonde
une famille et accomplit les rites domestiques. Puis vient le stade du « séjour dans la forêt » où le
brahmane se retire dans la solitude de la forêt (l’équivalent du désert pour les ermites procheorientaux) pour étudier les textes sacrés et méditer. Enfin, vient l’âge du « renoncement » qui est
celui du détachement des choses terrestres et de la préparation de la délivrance finale par l’union
avec Dieu : en principe, un homme ne peut y accéder qu’après la naissance d’un petit- fils,
lorsque sa descendance est assurée. Cette division de la vie assure, à la fois, la perpétuation de
l’espèce, la gestion de la vie sociale et le progrès de la conscience religieuse : on ne se consacre à
l’essentiel (l’apprivoisement de la mort) qu’après un long parcours existentiel.
3.3 Entre science sacrée et spiritualité
Le brahmane, est donc un personnage dont le svadharma est de mener une vie pure et frugale,
austère et pauvre. Un brahmane ne mangera qu’avec ses égaux pour éviter toute souillure. Il est
monogame. Le brahmane non seulement étudiera le Veda, mais surtout l’enseignera. Il est le seul
à être autorisé à enseigner le Veda. Il sacrifiera non seulement pour lui- même, mais également
pour les deux autres castes (Ksatriyas et vaiçyas). Les brahmane est végétarien. C’est un nonviolent absolu. Nous avons là un cas unique dans l’histoire d’une classe sacerdotale qui a réussi à
se maintenir au pouvoir uniquement par la science sacrée.
La science sacrée, par la littérature védique, fait appel aux trois piliers de notre être : le corps,
l’esprit et l’âme. La relation corps-esprit (body- mind) varie selon la constitution, les énergies
(dosha), la nature (guna) de chacun. C’est pourquoi, il est important de se connaître soi- même :
gnothi seauton, disait Socrate. Dans toute société traditionnelle, indienne, tibétaine, chinoise,
amérindienne ou africaine, la médecine, l’art de guérir comme de prévenir, n’est jamais séparé
de la vie intérieure, du spirituel : de la réalité de l’être. La « santé » c’est avant tout être en
harmonie et équilibre, en « correspondance » avec le monde et le cosmos. Les aspects physiques,
émotionnels, intellectuels et spirituels sont en harmonie et parfaitement intégrés à l’Ordre
cosmique : au dharma. Voilà ce qu’on entend également par être en yoga ou pratiquer le yoga
(intégration intérieure). Il s’agit de tendre au contrôle des perceptions sensorielles et des
fonctions mentales qui peut conduire à la reconnais sance de sa propre réalité en tant qu’esprit.
Par cette reconnaissance, on peut atteindre la paix. Le yoga, comme forme d’évolution spirituelle
en général, implique la présence d’un maître (guru). 3
4. Le sacré par l’essence des plantes
4.1 Du rituel à l’art de soigner
Liés aux pratiques de méditations et à un grand nombre de rituels, les plantes, par leur essence,
jouent un rôle prépondérant dans le quotidien de la vie indienne. En effet, en Orient, depuis des
millénaires, l’huile essentielle et l’essence aromatique font partie des rituels d’offrandes aux
divinités et des médecines. Leurs parfums évocateurs plaisent aux divinités. Les déités, apaisent
3
Traditions indiennes, Patrick Mandala, Ed. Dangles, St-Jean-de-Braye, 2004
les forces de la Nature. Elles accompagnent l’âme dans son long voyage vers l’Autre Monde,
purifient les lieux sacrés, les villages, les maisons et les temples. Elles protègent des forces
obscures, des sorts et des sortilèges formant un bouclier invisible de très haute vibration.
Senteurs, parfums, fragrances évoquent tout un univers de charme teinté de él gendes et de
symbolisme. Incontestable acte sacré, leur vocation traditionnelle était d’intercéder entre le
monde humain et celui des Dieux. Emanation du céleste, l’arôme a un immense pouvoir de
séduction et de purification. Encens, fumées aromatiques, fumigation de bois odoriférant étaient
le moyen de manifester l’esprit divin et d’entrer en contact avec lui : ils en devenaient
l’expression incarnée, « l’essence » même.
Utilisées à des fins thérapeutiques, les épices et aromates qui donnent ces huiles et essences sont
également des plantes alimentaires. Consommées chaque jour dans l’alimentation, elles
apportent leurs richesses nutritives et renforcent ainsi l’action thérapeutique des huiles
essentielles données en soin. Elles viennent modifier ou intensifier les saveurs gustatives. Elles
stimulent les forces naturelles du corps en l’accompagnant sur son chemin de guérison. Elles
harmonisent l’esprit, le détachant de ses pensées obscures. Elles libèrent l’âme de son carcan
cérébral, lui redonnant souffle et envol. Elles prodiguent un soin qui touche l’être dans sa
globalité : corps, esprit, âme, car les trois se répondent. En Inde, cela est devenu un art de vie
appelé ayurvéda (« science de la vie »).
En résumé, il y a quelque 5000 ans déjà que l’usage des essences aromatiques est connu en Inde.
Les plantes étaient donc utilisées pour la guérison et les rituels. Par leurs effluves et senteurs,
l’homme se mettait en relation avec le divin. Dans l’acte de guérir, il était essentiel de relier
l’âme de l’homme à celle de l’univers. Le parfum s’est ainsi révélé le meilleur intercesseur entre
le monde terrestre et le monde céleste. Les rites liturgiques aidaient le thérapeute (chaman,
guérisseur, prêtre…) à accéder à l’Autre Monde où il fallait chercher l’information nécessaire
pour comprendre la maladie et trouver la plante pour soigner. L’art du soin n’était pas une
fantaisie ni d’ailleurs une façon de gagner de l’argent. Il demandait désintéressement,
engage ment bénévole (faire le bien par nature), humilité et sincérité. Car le thérapeute savait
parfaitement que cette aptitude à soigner était un « cadeau » qui lui venait des Dieux. Les règles
étaient claires, sans l’aide de la Nature tout entière, il n’y a pas de guérison possible, les
animaux, les éléments naturels (air, feu, eau, terre qui habitaient le corps humain comme celui de
la nature), les déités propriatoires (Agni, Vishnu, Shiva, Brahmâ…) à invoquer par la prière et
les hymnes : les charmes curatifs font appel à l’âme des plantes pour soulager l’être atteint de
mal. Ces formules poétiques sont récitées lors du soin, elle ordonne à l’organe atteint de
« s’apaiser », de reprendre sa fonction normale. (le Veda, traduction Jean Varenne)
L’ayurveda est l’art de guérir indien. Médecine sacrée, elle a été « vue » par les rishis (ascètes
omniscients), qui à force d’observer la Nature et de réfléchir sur les fondements de la vie, ont
ainsi créé un système thérapeutique intégrant corps, âme et esprit dont les principes seraient
applicables dans la vie de chaque jour. 4
L’ayurveda est une science sacrée de guérison dont les enseignements ont été rassemblés sous
forme de sûtras, de courts verts poétiques en sanskrit contenant l’essence d’un sujet et servant
d’aide- mémoire aux étudiants. Le sanskrit, langue classique de l’Inde, reflète la philosophie que
renferme l’ayurvéda et la profondeur qui est en elle. Il dispose d’une grande richesse de mots
pour évoquer les aspects qui se trouvent dans la conscience et au-delà. Nous perdons une
certaine profondeur de signification en traduisant les mots sanskrits dans nos langues
occidentales, qui ne peuvent retranscrire efficacement tous les concepts de l’ayurvéda. « Ce n’est
4
Associer plantes et huiles essentielles selon la tradition indienne, Sylvie Verbois, Ed. Trajectoire, Paris, 2004
que lorsque des concepts, des idées et des inventions pénètrent une culture que l’on crée les mots
et le langage pour eux. » déclare Judith H. Morrison. 5
4.2 La nature au cœur des veda
Les brahmanes, garants de la transmission des veda, se voient d’office liés à leurs préceptes.
C’est pourquoi, j’ai tenu à préciser en quelques paragraphes les relations entre les différents
facteurs influençant l’équilibre intérieur de chaque être, processus d’harmonisation à travailler
sans cesse, sans lequel, notre esprit peinera à se libérer des tourments du quotidien et par là
même ne connaîtra pas la moksha (libération du cycle de la vie humaine, but ultime). Référonsnous donc aux veda pour mieux saisir ce réseau d’énergies vitales.
La création est lumière. Dans les Veda, les anciennes écritures sacrées de l’Inde, le grand dieu
Agni, principe du Feu et Volonté Divine des Sages, construit les mondes et fait de toute création
une série d’auto transformation.
Les plantes ont pour but de transmuter la lumière en vie. L’être humain existe pour transmuter la
vie en conscience et en amour. Ces trois éléments, la lumière, la vie et l’amour, sont un, chacun
étant une expression de l’autre et les trois dimensions de la même existence. Les plantes
transforment la lumière en vie par la photosynthèse. Les êtres humains transmutent la vie en
conscience à travers la perception. Par la perception directe, celui qui perçoit est celui qui est
perçu, l’observateur est celui qui est observé. Le mot sanskrit pour plante osadhi signifie
littéralement réceptacle ou esprit, dhi, contenant une transformation, osa. Dans les Veda, ce
terme se réfère non seulement aux plantes mais à toute entité de la création.
L’être humain est la plante de la conscience. La plante effectuant un processus similaire au
niveau inférieur de l’évolution, nourrit notre esprit et notre système nerveux pour favoriser ce
processus. Ce qui existe dans les mondes supérieurs existe aussi dans les mondes inférieurs ; tout
l’univers est une métamorphose de la lumière.
Dans le monde extérieur, un soleil est la source de la lumière et de vie. Dans le monde intérieur,
un soleil est aussi la source de vie. Ce soleil est notre véritable Soi, que les anciens appelaient
Purusha ou Atman. Les plantes nous mettent en communion avec l’énergie du soleil extérieur,
tandis que notre plante intérieure, notre système nerveux, nous met en communion avec le soleil
intérieur.
Cela implique de considérer les plantes comme sacrées, comme moyen de communier avec la
nature entière. Chaque plante, telle un mantra, aidera alors à actualiser le potentiel de vie
cosmique qu’elle représente. C’est la raison pour laquelle, de nombreux peuples anciens avaient
du respect pour le règne végétal. Cela ne signifiait pas qu’ils avaient une crainte superstitieuse, ni
une simple sensibilité envers la beauté, mais qu’ils étaient réceptifs au pouvoir conféré par les
plantes. La force ne nous est pas transmise par simple absorption, mais lorsque nous sommes
dans un état d’entière communion avec elle.
Les sages de l’Inde ancienne abordaient les soins et les plantes médicinales avec une telle
conscience. Leur science n’était pas empirique mais était une forme de participation directe.
L’expérimentation implique une distance, une séparation entre l’observateur et l’observé, le sujet
5
Le livre de l’ayurveda, Judith H. Morrison, Ed. Le Courrier du Livre, Paris, 1995
et l’objet donnant lieu à un intermédiaire, à des mesures et à des interprétations. La perception
directe, ou méditation, est la science du yoga. Le yoga favorise la révélation de l’essence et la
chose en soi. Quand cela a lieu, il se produit une entière révélation du potentiel matériel et
spirituel. A travers le yoga de la perception, les sages ont compris le langages des plantes.
Celles-ci leur ont dévoilé leurs secrets dont nombreux sont beaucoup plus subtils que les
découvertes provenant des analyses biochimiques.
4.3 L’ayurvéda par le corps, l’esprit et l’âme
Afin de comprendre la façon dont l’ayurvéda aborde les plantes, on doit pénétrer son système de
base qui constitue une science globale de guérison incluant les aspects physiques,
psychologiques et spirituels de la vie. Les anciens sages de l’Inde envisageaient deux principes
fondamentaux à l’origine de l’existence : Purusha, l’esprit primordial, le principe doué de
sensations et de conscience, et Prakriti ou la Grande Nature, le principe de créativité. L’union de
ces deux principes, l’Esprit et la Matière, donne naissance à tout.
A l’intérieur de chaque chose, se trouve l’essence, l’individualité, la conscience, le Purusha. A
l’intérieur de chaque chose se trouve aussi le pouvoir de manifestation, la capacité de
développement de la création, Prakriti.
De l’union initiale de ces deux grandes forces est née l’Intelligence Cosmique, Mahat, qui
contient les semences de toute manifestation. Toues les lois de la nature sont inhérentes à Mahat.
L’intelligence cosmique existe aussi chez l’être humain, en tant qu’intelligence individuelle. Elle
est ainsi appelée Buddhi, permettant d’éveiller, de développer pleinement celui qui devient
illuminé. Buddhi est notre capacité de perception, notre aptitude à discerner le réel de l’irréel.
Mais cette intelligence, dans son évolution vers les formes matérielles, peut donner naissance à
l’ego, le sens du soi séparé, ou Ahamkara. Il est le principe de division car seul notre sens de
l’ego séparé nous sépare de l’unité de la vie. A son tour, l’ego donne naissance à l’esprit
conditionné ou conscience conditionnée appelée Manas qui, telle notre sensation de conscience
de soi, crée un champ de pensées protectrices autour de lui, dans lequel nous sommes
prisonniers.
Cela nous lie finalement avec l’inconscient collectif appelé Chitta, le réservoir de pensées de tout
mental limité. A travers Chitta, nous restons sous l’influence de latences, de compulsions et de
pulsions provenant des premiers stades de l’évolution remontant au domaine animal et
antérieurs. L’ayurvéda aspire à une vie en harmonie avec l’Intelligence Cosmique, dans laquelle
notre intelligence se perfectionne afin de nous unir à nouveau avec la nature et à travers la nature
pour nous unir à notre soi véritable et à l’esprit, le Purusha. Ceci est le fondement spirituel de
l’Ayurvéda, qui est identique à celui du yoga et le fondement de la psychologie ayurvédique.
Cela requiert l’éveil de l’intelligence, au-delà des règles de l’ego. L’ego est la base de toutes les
déviations de la nature. La santé est naturelle, Prakriti. La maladie est artificielle, Vikriti. Ainsi,
la plupart des maladies, à part celles provenant du cours du temps, proviennent du déséquilibre
psychologique né de la conscience superflue du soi.
Les trois gunas
Prakriti consiste en trois qualités basiques, les trois attributs premiers (appelés gunas en
sanskrit) : Sattva, principe de la lumière de perception, d’intelligence et d’harmonie ; Rajas,
principe d’énergie, d’activité, d’émotion et de turbulence ; Tamas, principe d’inertie, d’obscurité,
de lourdeur d’esprit et de résistance. Alors que chacune de ces trois qualités est nécessaire dans
la nature, Sattva est la qualité correcte de l’esprit. Rajas et Tamas, dans l’esprit, deviennent des
impuretés affaiblissant notre pouvoir de perception.
Comme ces trois qualités existent dans toute la nature, il est important d’utiliser des aliments et
des plantes qui sont principalement de nature sattvique (pure). Les plantes sont donc classées
selon les trois gunas. Les plantes sattviques ont des valeurs en elles-mêmes pour promouvoir le
développement de l’esprit.
Les trois gounas (sérénité, activité, obscurité) sont des qualités contraires dont le mélange
instable pousse l’action renaissante et l’équilibre parfait au repos éternel.
Le corps, le vêtement de l’âme
Celui qui demeure au sein du monde changeant où règnent les trois gounas, agit dans le seul
but de récolter les fruits de l’action, et ces mêmes fruits le contraignent à agir encore.
Existence après existence, l’âme revêt de nouvelles formes selon ses qualités propres et ainsi
incarnée récolte ce qui lui est dû.
Enchaînée à l’ego et au monde des désirs, l’âme n’est qu’une lueur de la taille d’un pouce.
Mais une fois en contact avec le Soi, apte à la discrimination, elle brille telle une tête
d’épingle.
Sache que l’âme n’est jamais que le centième du centième de la pointe d’un cheveu. Et
pourtant, l’infini réside en elle. Elle n’est ni mâle, ni femelle, ni neutre. Pourtant, en revêtant
un corps, l’âme prend l’une de ces formes. Sous l’effet de la magie de la vue, du désir, du
toucher et de l’union, une âme vient au monde. Par la nourriture et par la boisson, elle
grandit. Puis, en fonction de ses actions, elle renaît.
Selon l’équilibre des gounas en elle, l’âme peut revêtir bien des formes, parfois grossières,
parfois subtiles. Ce sont les désirs qu’elle éprouve qui modèlent son nouveau corps.
Les Upanishads
Trad. Et commenté par Alistair Sheareer et Peter RusselTrad., de l’anglais par Gilles Farcet 6
Les cinq éléments
Les cinq éléments émergent de ces trois Gunas. De Sattva, la clarté, apparaît l’élément éther. De
Rajas, l’énergie, jaillit le feu. De Tamas, l’inertie, paraît la terre. Entre Sattva et Rajas, paraît
l’élément air subtil et mobile. Entre Rajas et Tamas, naît l’eau associant la mobilité et l’inertie.
Les trois doshas
Au cœur de l’ayurvéda se trouve le concept des trois Doshas, ou les trois différents types
fondamentaux de la constitution humaine. De l’éther et de l’air provient Vata. Du feu et d’un
aspect de l’eau provient Pitta, de l’eau et de la terre provient Kapha. Par les éléments et les
6
Les spiritualités indiennes, Odon Vallet, Gallimard, 1999
Doshas, il est possible de cerner la constitution individuelle de chacun et de cibler la nature des
éléments qui y sont bénéfiques (nourriture, etc.). 7
L’individu, en tant que microcosme, contient en lui les vies minérales, végétales et animales du
monde. Nous avons vu que le mot sanskrit pour « plante » est osadhî. Littéralement, il signifie un
réceptacle ou esprit, dhî, mais aussi méditation, sagesse, art, disposition et osa, transformation.
Pour les Indiens, il s’agit d’avoir conscience de participer à la vie du monde, mais non plus
comme une entité séparée, basée sur les mécanismes et rigidités de l’ego. Le sage démontre que
l’unité du Soi, donc de la Nature, est le fondement même de toute expérience. En ce sens, on
peut dire que le véritable humanisme est bien ce sentiment viscéral d’unité envers toute vie, au
cœur du visible comme de l’invisible. 8
7
8
La divinité des plantes, Dr D. Frawley et Dr V. Lad, Ed. Turiya, Monoblet, 2004
Le Yoga des plantes, C. et P. Mandala, Le Courrier du Livre, Paris, 2002
5. Lier l’âme des plantes à celle des hommes et des Dieux
5.1 Les hindous et les essences naturelles
Comme nous l’avons vu précédemment, les Hindous, grands amateurs de substances
odoriférantes (benjoin, mais aussi toutes sortes de gommes-résines, de graines, de racines, de
fleurs séchées et de bois), cultivaient l’art des senteurs pour un usage aussi bien collectif que
privé. Ainsi, le bois de Santal fut de tout temps l’arôme le plus exploité.
La divination hindoue (Kush, Dainyal) s’aide des plantes sacrées pour accéder à l’inspiration
divine. Très tôt, les cultes de Shiva et de Krishna recommandèrent de brûler quotidie nnement de
l’encens et du camphre devant l’image des dieux.
La médecine indienne s’appuyait sur les végétaux. De nombreux écrits religieux contiennent des
prescriptions et des formules qui, mêlées à des prières et à des invocations, sont adressées aux
plantes elles-mêmes.
De l’Inde, proviennent un grand nombre d’épices et de produis médicaux de premières
importance : le carvi, le poivre, la girofle, la consoude, le bois de santal, l’huile de ricin, la canne
à sucre, etc. Ces ingrédients entraient couramment dans la composition de formules magiques
autant destinées à soigner l’homme qu’à le soumettre aux forces occultes de la nature.
L’Inde est le pays d’origine du basilic, plante sacrée, dans le Rig-Veda, on trouve des
formulaires de bains et de massages à base de cannelle, de cardamome, de coriandre et de
gingembre. Les plantes y sont considérées comme nées des dieux (les herbes, les racines et les
fruits étant les poils de Brahmâ, le dieu créateur).
De nombreux rituels d’offrande aux divinités sont nommés Gandha ce qui signifie : parfums. 9
Il est donc connu, depuis le nuits des temps, que les parfums lient le ciel et la terre, les hommes
et les dieux, les vivants et les morts, l’obscurité et la lumière. Ils sont une partie essentielle de la
pharmacopée car ils aident avec les prières à la vitalisation du remède. En relation avec le
Souffle Energie (Vâta) et avec l’Esprit, ils en sont les guides, les guides de la vie. ils mettent en
harmonie avec l’univers. Traditionnellement, chaque divinité a un parfum propice lui servant de
signe de reconnaissance.
Le parfum est d’origine céleste, c’est l’odeur de la divinité et met en émoi celui qui offre le
parfum. Dans les jardins à proximité des lieux de culte, sont cultivés de multiples variétés
d’arbres, de fleurs et de substances aromatique s dont les composant s s’harmonisent en un parfum
subtil et divin. Les parfums, arômes, senteurs montrent l’intense besoin de communication entre
le ciel et la terre que l’être humain exprime dans un panthéisme, notamment à travers les
offrandes. Nous avons ainsi Shiva et son épouse Uma qui forment un ensemble indissociable et
symbolisent l’énergie créatrice (la fusion de la fumée des parfums et l’essence première qui a fait
l’odeur). Uma est la lumière, fille d’Agni le Feu : sans le feu il ne pourrait y avoir fumigation.
Shiva, rattaché au feu et à la montagne, médiateur entre le ciel et la terre, est le Parfum dans
9
B.A.-B.A. aromathérapie, Bernard Bériguand, Pradès, Puiseaux, 2000
toute sa splendeur. Il entête, rend ivre ceux qui osent venir au cœur des effluves lourdes des
encens. Il brûle, il détruit comme le feu, mais libère des forces obscures. Il purifie, assainit,
protège, donne vie et vigueur, au même titre que les parfums. Il dispense lumière et sagesse.
C’est le dieu de l’amour, de l’ultime réalité où se mêlent le parfum et le feu.
Les parfums sont geste traditionnellement sacré. Parfumer un lieu, respirer les effluves des
encens et des résines odorantes symbolisaient le souffle de vie qui allait parler aux divinités et
unir l’homme à son dieu. Le parfum est celui qui fait approcher ce que l’homme cherche depuis
toujours : la divinité et surtout vaincre sa peur de l’immensité qui l’entoure. La contenance de
certains parfums en substances narcotiques ou hypnotiques, notamment en terpènes, agissent sur
le cerveau, au même titre que l’huile de cannabis. Aussi, en respirant les fumées, l’homme
trouvait un apaisement. Les parfums sont un art de la transformation, ils donnent une âme à la
matière, ils ont la capacité de faire vivre des odeurs individuelles, secrètes, en senteurs
perceptibles, visibles. Les parfums sont des sèves sacrées : en se parfumant, en faisant brûler des
résines, des encens, l’homme effectue un geste sacré.
5.2 Répertoire des plantes liant l’homme au « sacré »
Les plantes utilisées par les Indiens sont considérables et abondent dans toutes les régions du
pays. J’ai limité la liste qui suit en sélectionnant les plantes qui démontraient un lien avec le
« sacré ». La liste n’est probablement pas exhaustive, mais elle met déjà en évidence la riche
culture que représente celle de l’utilisation des végétaux en Inde. Ces derniers sont classés par
ordre alphabétique en langue française et sont inscrits en sanskrit et en hindi pour les plantes
dont j’ai pu retrouver la terminologie exacte. Cette lecture est à prendre comme un moment de
découverte, où l’on savoure quantité de senteurs et de parfums, où les sens prennent place sur la
raison.
Aquilaire, bois d’aloès (sanskrit : agaru, krishna garu ; hindi : agar)
Selon la tradition, tous les arbres seraient issus de la même pousse, celle prise par Adam dans le
Jardin d’Eden. L’aloès serait celui de la Bible. Le cœur de l’arbre, du nom d’agallochum,
contient une résine sombre et parfumée : chuwar ou agar attar à la senteur chaude et sensuelle,
proche du musc humide et du santal. Son nom d’agar désigne encens : l’agarbhati, bois d’aloès
allumé. L’agar forme aussi la base de nombreux autres encens de qualité, mélangé de plantes et
de fleurs comme le champâ, la rose, le jasmin. Il rentre aussi dans la composition de certains
encens aux propriétés médicinales comprenant le camphre, le musc, genévrier, santal, pin, cèdre
d’atlas. Il est offert aux dieux dans les temples et dans les petits autels domestiques. La force
pénétrante de son parfum comble autant les sens que le corps et l’esprit.
Arbre à coton (sanskrit : yamadruma, shalmali ; hindi : semul, raktasimul)
Le coton, c’est l’âme de l’Inde. Ses fleurs soyeuses sont chères à Shiva. Quand l’arbre est en
fleur, il est semblable à Lakshmî, déesse de la propsérité. Les textes disent que le Créateur se
reposa sous un semul. L’arbre à coton habille et protège l’homme dans tous les sens du terme, en
douceur et en profondeur. Il enseigne l’humilité, la patience et l’équanimité.
Arbre à coton (sanskrit : pârijâta ; hindi : parjâ)
Avec l’arbre divin pârijâta, nous plongeons au cœur même de la mythologie et de la cosmogonie
hindoue. Il fait partie des cinq arbres divins qui exaucent les désirs. Pârijâta signifie « qui vient
de l’océan ». avant l’ambroisie d’immortalité, remonta à la surface la pârijâta avec la vache
Kâma-denu, de là leur caractère sacré à tous les deux. Des guirlandes de fleurs de pârijâta ornent
le cou des dieux lors des rituels. Si le pârijâta était au cœur de la création, il est aussi une source
de vie précieuse.
Arjuna (sanskrit : arjuna ; hindi : arjun, kâhû)
L’arbre arjuna prend ses racines dans la mythologie et la vie indiennes. Il est dit combiner toutes
les vertus et essences de toutes les plantes. Selon les textes et Epiques, «le Roi des Trois
Mondes avait deux fils. Un jour, sous l’effet de l’alcool, ils importunèrent des apsaras, des
nymphes célestes qui se baignaient. Ignorant les remontrances d’un sage qui se trouvait là, ils
furent changés en arbre par le rishi. Depuis, l’arjuna est vénéré. Un bûcheron ne le coupera pas
sans lui avoir fait des offrandes de lait, de miel et de fleurs. Une fois abattu, il sculptera en tout
premier la statue d’un dieu, et ensuite utilisera le bois selon ses besoins. L’arjuna, de par ses
légendes, est dit l’ « arbre du cœur ».
Asperge sauvage (sanskrit : shatâvarî, shavîrya)
Son nom sanskrit est explicite : shatâ, cent et varî, époux – shatâvarî, celle qui a, ou qui peut
satisfaire 100 époux. C’est une plante de santé. Son action profonde donne jeunesse, beauté et
santé, prévient les effets du vieillissement. Elle donne prâna-shakti, une grande énergie vitale.
Source de vie, elle est citée dans les veda. Les Indiennes utilisent la shatâvarî de la puberté à la
ménopause. De plus, sa nature sattvique élève les sentiments d’amour et de compassion. On dit
qu’elle est puissante et douce comme la femme.
Arec (sanskrit : pûga ; hindi : supâri)
La noix d’arec ou supâri tient une place importante dans la vie sociale indienne car l’Indien
mâche à toute heure la pân, une noix d’arec pilée, mélangée à de la chaux douce ou chuna, du
katechu noir, des feuilles de bétel et parfois du curcuma et des feuilles de tabac. Mâcher un pân
repose l’esprit. Il est vashya, il attire les gens à vous. L’arec est donc un mélange subtil de
sagesse et de sensualité.
Badamier chebule (sanskrit : harîtakî, abhayâ ; hindi : harâ, harad)
Cette plante est sacrée et vénérée par les sages. Son nom est explicite : Harîtakî, qui écarte les
maladies ou qui est chère à Vishnou. Un de ses noms est Pathya, qui écarte les obstacles
(maladies) sur son chemin. Une très grande et noble plante.
Bananier (sanskrit : kadalî, vâna Lakhsmî ; hindi : kêlâ)
Son nom sanskrit est Vâna Lakshmî, forêt de Lakshmî. La déesse Lakshmî donne l’abondance, la
prospérité, et il en est de même avec le bananier. En retour, la banane est offerte aux dieux lors
du rituel de pûjâ. C’est un fruit sacré, comme la noix de coco, le bêl. Il fait partie de la vie
sociale et religieuse indienne. Les jeunes mariés passent sous une arche faite de feuilles de
bananier, symbole auspicieux de la prospérité et de fécondité. Dans les peintures, le marié est
symbolisé par les fleurs pourpres du bananiers et la mariée est bénie en recevant des bananes. En
signe de bienvenue, la banane est donnée dans les âshram, comme dans les demeures.
Banian (sanskrit : vata, nyagrôdha ; hindi : bat)
Le banian, le Gange et les Himâlaya symbolisent le sacré suprême pour les Indiens : Vishnou est
l’écorce, Brahmâ les racines et Shiva les branches. C’est l’arbre cher à Lakshmî, donc sacré par
excellence. Prenant ses racines dans le ciel, on le prend pour un arbre céleste et divin. Les
nombreuses racines aériennes qui pendent de cet arbre gigantesque (de 20 à 40 m. de haut), du
tronc ou des branches, descendent de haut en bas et forment comme une mini- forêt autour de lui.
C’est l’arbre qui donne sa connaissance aux humains comme le chante un hymne rig- veda. Sa
sève laiteuse, semblable à un rayon de lumière, était bue par les rishis védiques, leur donnant
force, connaissance et immortalité. Ils s’enduisent leur chevelure de sève en signe de
renoncement, tout comme Râma dans son exil. Si cet arbre est celui de la connaissance, il a aussi
une fonction sociale importante au sein des villages : autour de lui se regroupent les anciens, les
sages y devisent, enseignent, les sâdhus méditent, les enfants jouent avec les singes dans ses
branches, les amoureux sous le couvert de la nuis, s’y rencontrent.
Basilic (sanskrit : tulasî ; hindi : tulsî, kâlâtulsî)
Avec le basilic (tulsî), comme avec le lotus, l’hibiscus, le santal et la graine de rudrâ, nous
sommes au cœur du sacré et de l’Inde. La tulsî, étant sacré en Inde, il est non soumis au feu de la
cuisson, mais plus utilisé en âyurveda. Son nom sanskrit signifie « incomparable ». La tulsî est
identifiée à Vishnou, à Krishna. On dit que Yama, le dieu de la Mort, s’incline quand il passe
devant la tulsî. A l’entrée, dans la cour des maisons hindoues, elle est plantée dans une urne de
pierre et un culte lui est rendu. La demeure devient ainsi sanctifiée et purifiée par sa seule
présence. Il a été scientifiquement prouvé qu’elle absorbe les ions positifs, énergise les négatifs
et libère l’ozone des rayons du soleil. Si les shivaïtes portent en chapelet les graines de rudrâ, les
vishnouistes portent autour du cou les graines de tulsî, amenant sur eux protection de la divinité,
purifiant l’aura (tejas), renforçant ainsi le système immunitaire. En yoga, elle ouvre le chakra du
cœur, en rapport avec l’élément Air amenant l’ « intelligence du cœur », la clarté. En huile
essentielle, elle permet de réduire les tensions nerveuses et émotionnelles. Le tulsi renforce la
foi, la capacité de s’enthousiasmer, la compassion et la clarté spirituelle. Les Indiens vénèrent
tout particulièrement le basilic qui est consacré à Vishnu et à Krishna. L’amante de Krishna,
transformée en plante, s’appelait Tulsi, c’est-à-dire « incomparable » dans la langue sanskrit. En
cas de décès, ne feuillle de basilic est souvent apposée sur le torse des défunts. Les Indiens
arborent autour du cou des colliers de tulsi afin d’attirer à eux la protection divine. Pour cette
même raison, ils plantent fréquemment des arbustes de basilic saint devant l’entrée de leurs
maisons ou de leurs temples.
Berce commune (sanskrit : punarnavâ ; hindi : sânt)
Le punarnavâ fleurit à la saison des pluies. Après l’été brûlant, cette plante est signe de vie et de
nouveau. Elle est également appelée « née de la plulie » ou « plante du renouveau ». les sâdhus,
lors de leur retraite dans la solitude des Himâlaya, portent autour du cou des racines de
punarnavâ afin d’éloigner les fièvres et la jaunisse. Son nom hindî est sânt, sainte.
Bétel (sanskrti : tâmbûla, tâmbûlavallî ; hindi : pân, tâmbûlî)
Le bétel est cité dans les anciennes écritures védiques. Il est étroitement associé à la culture
indienne. Depuis des siècles, les femmes se servent de son jus rouge pour aviver la couleur de
leurs lèvres. Durant le rituel de dévotion, dieux et déesses sont invoqués avec le pân-supâri,
feuille de bétel et noix d’arec. Le jour des noces, les époux s’offrent un pân : puisse leur union et
vie commune en avoir la douceur. On place un pân dans la bouche du défunt, afin qu’un dernier
plaisir mortel l’accompagne dans l’au-delà. Un invité ne repartira jamais sans avoir reçu un pân.
De ce fait, il fait sienne cette devise védique « puisse votre hôte être honoré comme un Dieu ».
Brâhmi (en sanskrit ou mandûkaparnî, famille des Apiacées)
Le nom féminin de brâhmi signifie sagesse, connaissance. Elle est buddhi- vardak, celle qui
amène la connaissance de l’absolu Brahman. Brâhmi désigne aussi l’énergie de Brahmâ le
Créateur, et aussi la Parole, le Verbe sacré : Sarasvatî, la shakti de Brahmâ. Il y a une vingtaine
de variétés que l’on trouve en Afrique, en Inde, à Ceylan et dans les régions tropicales. L’espèce
indienne est proche de l’Hydrocotyle européenne des marais, dite aussi Bevilacque. Poussant
surtout dans les Himâlaya, la brahmî est utilisée par les ascètes afin d’amener une meilleure
vigilance et discernement et soutenir de longues méditations. Son action agit particulièrement sur
le cerveau, le tonifiant et équilibrant ses hémisphères. En yoga, la brâhmi aide à la montée de
l’énergie subtile de la kundalinî, jusqu’au chakra ultime du lotus aux mille pétales, au somment
du crâne. C’est dire combien la brâhmi est sacrée, tant pour ses vertus médicinales que
spirituelles. Elle est tenue pour la plus puissante des plantes réjuvénantes des cellules du cerveau
et des nerfs. Elle est considérée comme une sagesse suprême qui apaise le corps et l’esprit.
Camphre (sanskrit : karpûram ; hindi : kâpur)
Comme le santal, le camphre est on ne peut plus sattvique. Il participe à toutes les étapes de la
vie indienne : naissance, prise du cordon brahmanique, mariage, mort, offrandes védiques au feu,
etc. En yoga, le camphre accroît l’énergie vitale du prâna et ouvre les sens à travers les chakras,
purifiant les canaux subtils des nâdis. Il éclaircit les perceptions et affine la vigilance, stabilise la
méditation. Sa nature fondamentale est très équilibrante.
Cannelle, bois de chine (sanskrit : tvak, taj ; hindi : dâlchîni)
En âyurveda, elle est reconnue pour aider à faire circuler l’énergie vitale du prâna. Elle est
utilisée régulièrement comme offrande parfumée… pour le plaisir des dieux.
Cerise d’hiver (sanskrit : ashwagandhâ ; hindi : asgandh, punîr)
Cette plante sauvage pousse surtout sur les contreforts des Himâlaya et était déjà bien connue
dans l’Antiquité, représentant un puissant réjuvénant, stimulant et aphrodisiaque. Il est très
utilisé en Orient et peu connu en Occident. Ce que le ginseng est à la médecine chinoise,
l’ashwagandhâ l’est à l’âyurveda.
Champac (sanskrit : champaka ; hindi : champâ)
Le champaka doré est une fleur superbe, aux multiples et longs pétales pointus, très parfumés,
allant du jaune d’or à l’orange vif. Il symbolise la sensualité de la femme. Le champaka, de par
sa couleur d’or, est identifié à Lakshmi, déesse de la Prospérité. Le champaka est l’une des
offrandes favorites pour parer le cou des dieux.
Chanvre (sanskrit : bhangâ, vijaya ; hindi : bhang, ganjâ, charas)
Le Mahâbhârata parle de lui comme de la « boisson des dieux », semblable au soma ou
ambroisie chantée par Kabîr, il s’agit d’un breuvage védique d’immortalité permettant aux rishis
d’accéder à des états seconds. Cette plante narcotique fait partie des « choses précieuses » volées
aux dieux par les démons asura, lors de la naissance de l’univers et tombées dans l’océan
primordial (sâgara). Les sâdhus disent que cette boisson au bhang est acceptée par Shiva appelée
familièrement bhangeri bâbâ. Elle est consommée par certains sâdhus utilisée dans des rituels
tantriques. Dans les cours mogholes, les fleurs séchées du chanvre étaient tamisées et mises dans
un pochon qui était trempé dans un lait épais si avec des herbes aromatiques, du sucre de canne.
Le bhang est bu aussi durant les fêtes parfois licencieuse du Holî au début du printemps. Au
début, le chanvre fut un stimulant, une boisson hallucinogène à des fins mystiques et un
aphrodisiaque des cours mogholes. La toxicité du chanvre est dans sa résine. Par la suite, il
devint sédatif et narcotique.
Citronnier (sanskrit : jambîra ; hindi : nimbû)
Le citron, et particulièrement le citron vert, est très utilisé dans le yoga des plantes et l’âyurveda.
Il aiguise l’appétit, stimule la digestion et l’assimilation, éveille l’esprit. On dit aussi qu’il calme
et soulage, prévient et guérit. Les yogis prennent à jeun, au lever du soleil, un peu de jus de
citron vert et d’eau tiède avec (quand cela est possible) un peu de miel ; de même pour de longs
jeûnes. Le citron est le soleil de la santé.
Cocotier (sanskrit : nârikela, tranarâj ; hindi : nârîyal)
Les veda lui donnent le nom de Kalpa-vrikshâ, l’Arbre céleste : « Si on ne peut atteindre le ciel
par son tronc tordu comme le dit le proverbe, si tu en vois un tu verras Dieu – on peut l’atteindre
en offrant aux dieux sa noix de coco ». la briser implique d’abandonner à Dieu notre ego. C’est
l’offrande par excellence, que ce soit pour la première d’un film, comme pou un rituel religieux
ou un mariage. Pour ce dernier, elle symbolise la naissance, la matrice universelle. Quand
Vishnu s’incarna sur terre, il amena le cocotier, l’Arbre de l’Abondance. Sur les côtes de Goa, du
Kérala, les pêcheurs offrent toujours des noix de coco à Varuna, le dieu védique des Eaux afin de
faire un bonne pêche et de revoir les siens.
Coing du Bengale (sanskrit : vilva ; hindi : bêl)
Le bêl tient une place importante parmi les plantes sacrées et médicinales de l’Inde. C’est la
plante de Shiva, comme la tûlsi l’est de Krishna. Cette plante est l’image de Shiva : grande,
austère avec des feuilles et des fruits sombres. Les textes disent que l’arbre bêl est la demeure de
Lakshrnî. Cette arbre, d’environ huit mètres de haut, pousse surtout près des temples shivaïtes.
Ses feuilles sombres sont offertes au lingam lors du rituel. Il est vénéré comme Dieu lui- même
par les tribus santhal des forêts de l’Est. Il est appelé l’ « Arbre de l’abondance ». s’il symbolise
l’ascèse et l’austère yogî qu’est Shiva, il est amusant de noter que les seins des femmes sont
comparées à la rondeur et à la fermeté du bêl. Cette plante fait bel et bien partie de la vie
indienne sous tous ses aspects, symbole de l’ascèse comme de la beauté.
Curcuma (sanskrit : haridrâ, varavarninî ; hindi : haldî, haldâ)
Le curcuma est jaune d’or. Son nom d’origine indienne, curcuma, est dérivé du persan et de
l’arabe. Dit safran indien de par sa couleur, il donne l’énergie de la shakti et la pureté comme le
camphre et le santal. Le curcuma est utilisé dans tous les rituels, surtout tantriques et shaktas. Il
est utilisé par les yogî, car il purifie les canaux subtils des nâdis et des chakras. De plus, il
améliore la souplesse du corps, donc bénéfique pour les méditants et hatha- yogî. C’est l’une des
grandes plantes miracles, purifiant le corps comme l’esprit, pure comme l’or et resplendissant
comme la shakti.
Encens (résine du boswellia)
Substance sacrée entre toutes, l’encens est probablement l’essence la plus connue dans le monde
pour ses vertus en matière de préparation aux méditations et rituels. L’encens est perçu comme le
lien de communication par excellence entre les humains et les puissances célestes. Dans le rituel
hindou, l’encens se rapporte à l’élément air et représente la conscience partout présente. Comme
le nuage, la fumée de l’encens serait une émanation de l’esprit divin.
Faux arbre à soie (sanskrit : arka ; hindi : madâr, ak)
Dans les rituels d’oblations védiques, ses feuilles sont offertes au soleil et jetées dans le feu
purificateur. Un rituel du nom des «sept jours de l’arka » marque la fin de l’hiver. Durant ce
rituel, les feuilles sont non seulement célébrées, mais aussi utilisées en pâte pour calmer les
inflammations dues à l’hiver.
Figuier sacré, arbre divin (sanskrit : ashvattha ; hindi : pîppal)
L’Inde vénère le figuier sacré en tant qu’arbre de vie. Il est dit figuier-banian, car il prend,
comme le banian, ses racines vers le haut, dans le ciel : de là son caractère divin. D’une manière
générale, il est appelé « pîppal ». Ce sont sous ses feuillages que les rishis et les yogî réalisèrent
la plénitude en Brahman l’Absolu. Arbre sacré par excellence, car c’est près de lui qu’un
homme devint bouddha, le Parfait et atteignit l’illumination. Depuis, le figuier est connu aussi
sous le nom de bodhi, l’Arbre d’Eveil.
Flamme de la forêt, butée touffue (sanskrit : palâsha ; hindi : dhâk)
Avec ses fleurs semblables à des ailes de papillons, cet arbre sacré participe étroitement à la vie
indienne. La couleur rouge orangée de ses fleurs est symbole de vie et d’énergie. Ainsi pour le
festival de printemps et de Krishna du holî, comme le chante Keshavdâs, on se jette à la figure de
l’eau teintée de rouge (gulâl) par les fleurs séchées. Il s’agit d’un très ancien symbole érotique et
de fécondité, lié au culte de la shakti. Les veda disent que ses feuilles triples symbolisent
Brahmâ, Vishnou et Shiva. Leur jus rouge sert à teindre les robes des yogî et renonçants, quand
ils prennent leurs vœux, ils mangent une feuille et leur bâton est en bois de palâsha. La cendre du
bois sacré orne leurs fronts. Les bûchers funéraires sont souvent allumés par ce même bois. Ce
dernier est vraiment sacré et aussi pour les bouddhistes car la mère de Bouddha se saisit d’une de
ses branc hes lors de sa naissance.
Frangipanier (sanskirt : kshîracampakâ ; hindi : camelî, gôlêncî)
Cet arbre aurait également pu être classé dans le chapitre des Arbres sacrés ou de sagesse. Même
déraciné, ses fleurs s’épanouissent. Il est symbole d’immortalité. Les bouddhistes comme les
musulmans le plantent près des stûpas et des tombes. On sculpte beaucoup l’image du Bouddha
dans son bois. Cet arbre sacré entre tous est planté près des temples et ses fleurs sont offertes aux
déités ; ce sont les fleurs de l’amour, chères à Kamadeva. Le frangipanier, appelé aussi Arbre
Pagode ou Arbre Temple en anglais, près de lui s’épanouit le parfum de ses bienfaits et de sa
sagesse.
Garance (sanskrit : manjishthâ, yojanavallî ; hindi : mamjîth, majîth)
Cette plante, rouge comme les flots cosmiques de l’Atharva-veda, est aussi symbole de sang et
de fertilité pour la femme lors des premières menstruations, de son statut sacré de femme mariée
par la marque rouge du tikâ sur le front, et la marque divine sur tous les êtres. Le manjishthâ est
bien source de vie, balayant toutes les impuretés de ses « flots rouges comme le cuivre ».
Groseillier d’Inde, myrobolan (sanskrit : âmlakî, dhâtrî ; hindi : âmlikâ, âmla)
On pourrait l’appeler l’âmla, l’arbre de vie à lui tout seul. Il s’agit d’une plante quasi
miraculeuse, aux fantastiques propriétés. Elle joue un rôle sur toutes les parties du corps et de
l’esprit. Un de ses noms est dhâtrî, nourrice, car elle soulage comme une mère aimante et
attentive. Cette « plante d’or pur » comme le chantent les Tamoules, réjuvène le corps et l’esprit.
En yoga, sa nature sattivique accroît l’énergie du prâna et apaise le mental. Les yogî disent que
« l’âmla est la plante des dieux ». Elle amène la paix du cœur et de l’esprit, amour et longévité.
Dans le bouddhisme tibétain du vajrâyana, l’âmla ou mänlha en tibétain est le remède universel.
Le Bouddha de Médecine au cops bleu, Bhaishajyaguru, tient une racine du myrobolan, l’âmla
de la main droite, dans un geste de compassion suprême. La couleur bleue de son corps
symbolise la guérison de toutes les souffrances.
Henné, alcana d’Orient (sanskrit : mêdhinî, madayantikâ ; hindi : mêhanti, mehendi)
Il y a des plantes qui reflètent plus particulièrement les coutumes d’une société, ainsi pour l’Inde,
l’Orient, ce sera le lotus, la rose, le santal, le basilic, le safran, le camphre, la manque et le henné,
symbole religieux du feu et de la Terre. A travers le henné, on peut suivre l’histoire de l’Orient
du Maroc au Vietnam, en passant par tout le Moyen-Orient et l’Inde. Le henné est symbole de
fécondité et de beauté, d’amour et de sensualité. En Inde, la nuit avant le mariage est appelée
« Nuit du Henné », quand les paumes des mains et des pieds de la mariée sont décorés de henné.
Quand il est lavé, ne reste que sa trace rouge : celle de l’amour. Le henné est tel un bijou que
l’on a aussi dans la peau.
Hibiscus, rose de Chine (sanskrit : japâ ; hindi : jasûm, javâ)
Si l’hibiscus est la fleur sacrée de Ganesha, le dieu éléphant de la sagesse et du discerne ment, il
est aussi celle de Kâlî la déesse-Mère louée par Râmakrishna et Râmprasâd, et de la femme, qui
la porte dans sa chevelure ou derrière l’oreille comme la plus belle et la plus naturelle des
parures. En yoga, l’hibiscus donne toute sa dynamique aux mantra, son nom de japâ (récitation
du nom de Dieu), qui affermit la dévotion, est explicite. Il apporte la perfection yogique, affermit
l’attention et la méditation. L’hibiscus est dit purifier le sang et le cœur. C’est un fleur chère à
Shiva et à Ganesh, à Kâlî et aux tântrika. L’hibiscus pourrait être la fleur féminine par
excellence, de par sa beauté, sa force et son mystère.
Indigotier (sanskrit : nîlinî ; hindi : nîl)
Indigo, ta mère la terre est noire, ton père la graine est noir, comme le chant de cet hymne
védique de l’ayur- veda (texte exposant les premiers principes de la médecine et de la
pharmacologie. Nîla, le bleu (qui en aide va du pastel au noir – comme dit l’ayur- veda) est
symbole de paix, de sagesse et de connaissance. C’est aussi la couleur bleu-azur de Vishnou –
symbole d’infinité ; aussi celle de Krishna « sombre comme un saphir ou un lotus bleu ». il y a
tout un symbolisme sur cette couleur d’espace, qui va du bleu azur en passant par le bleu profond
violacé, jusqu’au bleu nuit presque noir : shyâm, sombre (nom de Krishna). Le nom générique
latin « indigofera » signifie «couleur de l’Inde ». Bien avant l’ère chrétienne, d’après les marins
grecs, l’Inde exportait l’indigo vers l’Egypte.
Jambol, jamblongue (sanskrit : jambû ; hindi : jamûn)
Le Mahâbhârata dit que « à l’approche de l’été, lorsque se répand sur terre le jus pourpre de ses
baies avec tant d’abondance, il devient une rivière (Yamunâ, Gange) délimitant les frontières
d’un pays connu sous le nom de Jambû dvîpa, le Continent de l’arbre jambû : l’Inde. C’est dire
l’importance donnée au jamûn. Il est également considéré comme l’axe mystique de l’univers du
Monde Meru. Près de lui Râma s’abrita lors de son exil. Planté près des temples, il est associé à
Krishna et Ganesh. Il est vé néré aussi par les bouddhistes. La Jamûn est donc associé à l’axe
mystique de notre corps comme de l’univers.
Jambosier (sanskrit : ashôkâ, gatasôkâ ; hindi : ashôk)
Ashôkâ signifie «qui écarte la souffrance ». quand Mahâmâyâ, la mère de Bouddha, sentit le
moment propice, elle alla au cœur de la forêt de Lumbini, monta dans un arbre ashôkâ, s’adossa
à la fourche d’une branche et, calmement, mit au monde son enfant : le Parfait. Depuis la nuit
des temps, l’arbre est lié à la femme, à sa fertilité et féminité. Les cultes rendus à l’arbre sont
souvent des cultes rendus, à travers lui, à la shakti, la divine énergie, à la Mère divine. Au
printemps, les fleurs de l’ashôkâ sacré sont rouges, couleur sensuelle, symbole de vie et donc
associée à la femme ; tout comme la marque rouge du tilâka qu’elle porte entre les sourcils et
celle du sindur, rouge aussi, dans la raie médiane et frontale de sa chevelure, comme symbole de
son statut de femme mariée, respectée. Pour être mère, les femmes vont rendre un culte à
l’ashôkâ, lui offrant des fleurs, de l’encens, du camphre, du kumkum rouge.
Jasmin (sanskrit : jâtî (naissance, nature) ; hindi : mogra, chamêlî)
Il s’agit là, peut-être, de la fleur indienne de l’été par excellence. Le blanc jasmin est offert à
Shiva qui, dans les poèmes, porte le nom de Mallik-arjuna, Seigneur blanc comme le jasmin ; il
est offert aussi au lingam lors du rituel. Les femmes, les enfants le tressent dans leur chevelure,
le portent comme un bracelet autour des poignets ou le passent dans le lobe de l’oreille, et à la
tombée du jour, le jasmin dégage tout son arôme dans la chaleur du soir. Son action est
rafraîchissante et apaisante, tant pour le corps que l’esprit.
Jujubier (sanskrit : badara, kôla ; hindi : bêr, bêri)
Le jujubier a donné son nom à Badrinaâth, l’un des plus grands lieux de pèlerinage vishnouïte du
nord de l’Inde. Il est cité dans le Râmâyana et dans de nombreuses légendes, surtout au Penjâb. Il
a d’ailleurs été planté dans le Temple d’Or des Sikhs à Amritsar où il est véné ré. Il s’agit d’un
arbre ascètique mais aux multiples bienfaits, comme ceux donnés par les ascètes pour qui
viennent les voir en quête de sagesse.
Kadamba ( en sanskrit ; hindi : kadamb, famille des rubiacées)
Le Kadamba est considéré comme un arbre sacré et protecteur des enfants. Son parfum est si
enivrant (les pétales distillés produisent un léger alcool), qu’ayant bu le jus de ses fruits jaunes,
un démon oublia de détruire le monde. Il est associé à la mousson et à ses amours, la brise qui
accompagne la mousson est dite kadambanila, senteur de kadamba. L’eau de pluie recueillie près
de l’arbre, est dite kadambara car elle a la saveur du miel. Il est cité dans la littérature sanskrite.
Garuda, la Monture de Shiva, s’y percha après avoir bu l’élixir d’immortalité. Depuis, l’arbre est
considéré comme immortel, cher à Shiva. On dit qu’à l’ombre de ses feuilles parvient l’appel
divin et de lui pouvons-nous recevoir l’apaisement des souffrances.
Kamalâ indien, arbre à face de singe (sanskrit : kampillaka ; hindi : sindûr, kamalâ)
Le sindûr est certainement le symbole de la femme mariée, comme le henné celui de sa
sensualité. Sa couleur vermillon est éclatante et toute de shakti. Elle se porte traditionnellement
dans la raie médiane et frontale de la chevelure, mais aussi d’une manière plus moderne en une
marque ronde ou tilaka entre les deux sourcils. C’est aussi un symbole d’éveil et de
connaissance, dit le «troisième œil ». En principe c’est le mari qui pose le sindûr rouge sur le
front de sa femme, en signe de respect et afin d’honorer la shakti, la Mère divine qui est en elle.
Le sindûr, semblable à un œil frontal, est rouge, couleur de sang et symbole de fécondité. En
donnant la vie et en la maintenant, la femme accède au rang de devî (déesse). Ces coutumes sont
ainsi énoncées dans les textes védiques. Le sindûr, symbole de la femme et du Divin en elle,
symbole de sa force et de celle de la plante : pure shakti, pure beauté.
Litsée citronnée (litsea)
On dit que le parfum du litsée attire les anges. Lorsque la vie semble triste et difficile, que la
protection divine nous a quittés, le litsée aurait la vertu de rappeler à soi les anges.
Lotus (sanskrit : padma ; hindi : kamal)
Le lotus est le symbole de l’Inde, de l’éveil et de la beauté. Il l’est aussi de la sagesse, de la
pureté et du développement spirituel. Dans le yoga tantrique, le chakra du coeur est symbolisé
par un lotus à douze pétales. Le lotus est identifié à Laksmî ou Kamalâ, déesse de Prospérité et
épouse de Vishnou. Il est cher aussi à Krishna et à Ganesha, disent les textes hindous. Dans
l’hindouisme, il représente la matrice ou yoni de la shakti, la déesse- mère. Aussi dans le
bouddhisme et le jainisme, il évoque le développement progressif de la sagesse, dans son
éclosion des pétales. Le lotus nourrit autant le corps que l’esprit : il est source de vie.
Mangue (sanskrit : âmra ; hindi : âm, âmb)
Fruit sacré, elle symbolise la matrice originelle et la sensualité féminine dont elle a la forme, la
douceur et la couleur dorée comme son yoni (pubis). Cet arbre sacré est dit exaucer les désirs, il
est symbole d’amour et de dévotion, identifié à Krishna. Les arches nuptiales ont aussi de
feuilles de manguier, car l’on dit que Shiva et Pârvatî se marièrent sous son feuillage. Lors d’une
naissance, on suspend des guirlandes de feuilles à l’entrée des maisons.
Margousier, lilas des Indes ( sanskrit : nimbâ, hindi : nîm)
Le margousier est appelé l’ « Arbre des souhaits de la terre ». Il symbolise une plante
« miracle », tant rapide et puissante est son action sur le corps et l’esprit. Dans les temps anciens,
cette plante était utilisée en rituel pour apaiser l’âme des défunts. Des guirlandes de ses feuilles
parent le cou de Sîtâla, la déesse de la petite vérole, de la malaria, qui faisaient des ravages dans
la population. Il est intéressant de relever que son huile servait de pesticide naturel utilisée pour
protéger les autres arbres.
Mimusope elengi (sanskrit : bakula ; hindi : bakul, maulsirî)
Ce grand arbre ornemental est aussi cultivé dans les jardins pour l’arôme particulièrement
puissant de ses petites fleurs blanches. Le parfum du bakula saisit vos sens, dit l’Inde, tellement
son odeur est pénétrante, fraîche et âcre à la fois. Comme sa fleur s’ouvre au coucher du soleil,
comme certains lotus ou le vétiver, elle parfume les nuits, mêlant son parfum à celui du jasmin,
de la tubéreuse. Au matin, on cueille les fleurs pour les offrir aux temples. On compare ses fleurs
à la crinière des lions, aussi elles ornent la chevelure des dieux comme des belles. La bakula
comble et saisit les sens de son parfum, comme il apaise les maux du corps et de l’esprit.
Myrrhe (sanskrit : guggulu ; hindi : guggul)
La résine est l’une des plus anciennes et célèbres substance aromatiques : mélangée à l’oliban,
elle était utilisée dans les rituels religieux, huiles saintes. Le guggul qui nous vient du fond des
âges agit avec sagesse sur tous les fronts, en profondeur et dans la durée.
Nard de l’Himalaya (narde)
Cette graminée croît sur les pentes du « Toit du Monde » à une altitude comprise entre 3500 et
5600 mètre.Issue du « siège des dieux », l’Himalaya, la nard fait, depuis l’Antiquité, partie des
essences les plus sacrées tant d’un point de vue spirituel que médicinal. En Inde, il est appelé
« jatamansi » ou encore « akashamansi », ce qui signifie « esprit incarné ». La médecine
ayurvédique conseille cette plante pour développer la conscience et renforcer l’esprit et la
considère comme « sattvique », c’est-à-dire harmonisante pour les trois constitutions. La nard est
à l’Himalaya ce que l’edelweiss est aux Alpes.
Palma christi (sanskrit : êranda ; hindi : êrandî)
Au Vème siècle avant J-C., on rapporte que l’huile de palma christi (ricin) était brûlée dans les
temples. Les Indiens l’utilisent pour l’offrande. Elle illumine le visage caché des dieux et du Soi
qui réside en tout.
Palmier (sanskrit : tâla ; hindi : tâl)
Depuis les temps anciens, le palmier est sacré, il est le gardien de la connaissance : l’Arbre de
vie. Les textes hindous et bouddhistes étaient consignés sur de lisses feuilles de palme, de même
les premières miniatures jains étaient tracées à l’encre. Les couronnes des râja du sud e l’Inde
étaient tressées dans de fines tiges de palme. Ses larges feuilles, comme du bananier, forment
une arche auspicieuse à l’entrée des temples et mandapa du Kerala et du Sud, aussi lors des
cérémonies de mariage, les feuilles de palme, auspicieuses, sont toujours présentes : un symbole
d’abondance, de fertilité et de plénitude.
Patchouli
En Inde, les épouses des brahmanes, la caste supérieure hindoue, étaient identifiées par les fins
tracés qu’elles se dessinaient au patchouli sur les bras et sur le 3ème œil. La peinture rituelle au
patchouli signifiait aussi que les femmes étaient prêtes à enfanter.
Peuplier (sanskrit : haripuchha ; hindi : pârsipû, bhendi)
L’arbre sacré fut nommé Thespesia car il signifie « divin » en grec. Il est d’ailleurs souvent
planté près des temples et lieux saints. Son large feuillage à la forme d’une ombrelle protectrice
ou populnea, dû à la forme large et en forme de cœur de ses feuilles. C’est l’arbre sous lequel on
prend refuge, où l’on prie et médite : qui protège et accueille. Les feuilles larges enveloppent la
nourriture, les offrandes comme celles du bananier ou du pîppal. Comme un sage, le peuplier
comble de bienfaits ceux qui prennent refuge en lui.
Réglisse ( sanskrit : yashtîmadhu ; hindi : sêtimâd)
Comme le ginseng, elle est la plante de longévité. En yoga, sa nature sattvique calme les vrittis,
les agitations du mental et nourrit l’esprit comme une mère son enfant. Elle accroît le fluide
crânien et cérébro-spinal, amenant contentement et harmonie. La réglisse, à la douceur du miel,
est considérée comme une grande et noble plante qui adoucit la vie.
Rose (sanskrit : shatapatrî (six pétales) ; hindi : gulâb)
La rose est la fleur de l’amour : celle que l’on offre à Dieu ou à l’aimée. L’Inde dit que le lotus
du cœur est une rose et qu’elle ouvre autant le cœur que l’esprit. La rose est à l’islâm ce que le
lotus sacré est à l’hindouisme et au bouddhisme. La rose sacrée originale était la Damascena de
Damas, aux six pétales blanc s et au cœur rouge.
Rudrâksha (en sanskrit ; hindi : rudrâksh, famille des élaeocarpacées)
Rudra, le Terrible, est l’un des noms de Shiva sous son aspect destructeur. Voyant l’affrontement
des mondes, le Mahâbhârata dit que « shiva versa une larme, et que cette larme germa en
rudrâksha, en graine de rudrâ ». Ce qu’est le tulsî, le basilic sacré pour les vishnouistes, le rudrâ
l’est pour les shivaïtes. Cette baie de la taille d’une noisette, une fois séchée, a des sties
irréguières du nom de mukha, faces, qui la font ressembler au cerveau. Sa valeur, tant marchande
que spirituelle, est déterminée par la taille, la couleur du rudrâ et le nombre de mukha allant
d’une, la plus rare, symbole de l’unique réalité de Brahman, aussi le rudrâ à double face,
symbole d’infinité, serti d’or et de pierreries, jusqu’à celui à 21 faces, symbole des différents
concepts philosophiques. Il a en général cinq faces. Le rudrâ vaut son pesant d’or, comme le
santal. Il est porté en chapelet (mâlâ) de 108 graines (chiffre sacré). A un niveau subtil, le
rudrâksha a un effet puissant. Il protège des influences néfastes, donne force et inspiration. C’est
un puissant catalyseur d’énergie spirituelle, c’est pourquoi il est porté par les yogî, sâdhus et
tântrika. Dans le laya-yoga, il a une action puissante d’éveil sur l’âjnâ-chakra ou rudra- granthi,
l’œil de Shiva, centre subtil entre les deux sourcils, dit « troisième œil », celui de la connaissance
et de l’éveil. Il apporte la tranquilité.
Safran (sanskrit : kêsaram ; hindi : kêsar)
Dans le contexte du yoga, le safran éveille la pureté et la compassion. C’est la plante des dieux.
C’est aussi la couleur sainte de la robe des svâmis et des renonçants, le gerua : jaune safran ou
rose doré. La safran suprême est le shahi zaffran du Cachemire, l’or de la vallée des dieux. La
saveur du pur safran est inégalable, un avant-goût du paradis et de la sagesse. En Inde et au
Tibet, lorsqu’on voulait rendre hommage à son Maître (gourou),on lui offrait un sac de safran ce
qui, compte tenu de son prix, représentait un présent royal. Royal est l’adjectif qui qualifie bien
le safran. Il véhicule le plus hautes vibrations solaires et les serviteurs des temples portaient des
habits littéralement trempés dans un condensateur fluidique solaire. Les brahmanes bénéficiaient
de cette merveilleuse vibration, étant expliqué que le vêtement, avant d’être endossé pour la
première fois, était chargé selon le rite adéquat et qu’il se rechargeait à chaque cérémonie. Cette
présence divine, retenue
Santal blanc (sanskrit : chandana ; hindi : chandan)
Le santal est on ne peut plus sacré en Inde, au même titre que le lotus ou l’eau du Gange. Depuis
cinq mille ans, il est utilisé en médecine, encens et parfum, et même en cuisine. De par sa nature
particulièrement sattvique et purifiante (comme le camphre), le santal participe à tous les rites
sociaux et religieux de la vie indienne et hindoue : la naissance, la prise du cordon brahmanique,
les marques auspicieuses faites sur le corps lors des rituels, les marques frontales de vishnouistes
et des shivaïtes, les déités sont enduites de pâte de santal, les parsis brûlent du santal dans leurs
temples consacrés au Feu (rites d’origines iraniennes), les riches bûchers funéraires sont élevés
avec du bois de santal qui vaut son pesant d’or, les prêtres hindous le brûlent dans les rites
védiques de l’offrandes au Feu. Dans le contexte du yoga, le santal agit sur l’âjnâ-chakra, le
centre de la connaissance ou « œil de Shiva », dit aussi troisième œil, situé entre les sourcils. Les
yogî l’utilisent pour transmuer l’énergie sexuelle en énergie spirituelle. De par sa nature fraîche
et tonique, apaisante, le santal améliore la concentration, la méditation (encens, huile, pâte,
poudre), affine le discernement, éveille l’intelligence du cœur, purifie et apaise le mental de ses
vrittis ou agitations.
Le bois de santal a une longue histoire dans la vie culturelle et spirituelle en Asie. Exploité pour
la sculpture de meubles ou de statuettes, ou pour la construction des lieux saints, il est aussi brûlé
sous forme d’encens dans les temples hindous et bouddhistes. On l’utilise notamment lors des
mariages ainsi que pour embaumer les morts et permettre à leurs âmes d’intégrer une nouvelle
vie. Partie prenante des rituels spirituels en Inde, le bois de santal, traditionnellement associé aux
méditations, favorise la découverte de son moi intérieur et de son essence divine. Les Hindous
ont coutume d’appliquer de la pâte de bois de santal sur le 3ème œil. Dans le bouddhisme, il est
utilisé pour se protéger contre les démons et les parasites de tout genre.
Tamarin (sanskrit : cincâ, tintrinî ; hindi : amlî, imlî)
Le tamarin est particulièrement cher au cœur des chanteurs indiens car il donne un voix divine.
Teck (sanskrit : shâka ; hindi : sâgun)
Selon les textes hindous sur la cosmogonie, le monde fut divisé en dvîpa ou continents, entourés
par l’océan de lait qui renfermait l’amrita, l’élixir d’immortalité. Un de ces continents fut nommé
shâka, car là poussait un grand et noble arbre au feuillage protecteur. Il est cité dans de
nombreux Epiques, dans des légendes et paraboles tribales, particulièrement chez les Nagas en
Assam. Il fut loué aussi par les saints âlvâr tamouls dès les VIIème siècle, car l’arbre est cher à
Shiva et à sa shakti. Le teck donne un avant-goût d’immortalité et de sagesse.
Vétiver
Pendant des siècles, le parfum très terrien du vétiver lui a donné une large place dans les
demeures indiennes. Les fibres des racines de vétiver étaient tressées à la façon de rideaux
destinés à protéger les fenêtres. Constamment humidifiées avec de l’eau, elles transformaient les
bourrasques de vents secs en une légère brise humidifiante. Les textes sanskrits soulignent son
rôle majeur tant dans la composition de parfums que pour ses vertus culinaires ou médicinales.
Les futures mariées se voyaient offrir une sorte d’onguent fait à base de vétiver.
Ylang-ylang
En Inde, le mythe veut que les sept sages, les rishis, aient rapporté de l’univers la semence de
l’ylang- ylang pour la répandre sur terre. Dans les monastères hindouistes, on l’utilisait lors des
rituels destinés à s’attirer les « aides cosmiques ». L’ylang-ylang faisait aussi partie des
composants des baumes sacrés des brahmanes qui se l’appliquaient sur les bras, la nuque et le
visage afin d’augmenter leur charisme et leur capacité magnétique.
10 11
,
6. Conclusion
Brahmâ, l’énergie créatrice, connue aussi sous les noms de Mâyâ ou Shakti, est également
désigné, dans les Védas, comme le Seigneur suprême des mantras. Le mantra Ôm est le corps
mystique de Brahmâ, la révélation de l’Être suprême, le Dieu de l’Univers. Selon la mythologie
hindoue, Brahmâ est né de la Paix infinie pour créer l’Univers. Tout l’Univers et toute la
connaissance des Védas émanent de lui. Dans sa représentation, Brahmâ tient un objet dans
chacune de ses quatre mains : un bâton de yogi ou danda (symbolisant le contrôle des sens), une
cruche ou kamandalu (la pureté), un livre (la connaissance) et un chapelet (la concentration
intérieure). Ces quatre éléments reflètent parfaitement le sens que j’ai voulu donner à ce travail
et la nécessité de maintenir en éveil chacun d’eux afin de préserver le lien sacré à l’essence de
notre existence.
Comme le mentionne Shrî Mahesh dans son ouvrage « L’ Inde, notre héritage », la plus ancienne
religion du monde, émanant des Védas et des Upanishads, nous dévoile sa grandeur, sa
perfection et sa divinité. Toutes les voies religieuses dérivent de cette religion appelée Sanâtana
Dharma. Les Purânas insistent sur les trois points suivants : Dâna, Bhakti et Sangha, c’est-à-dire,
charité, dévotion et coopération.
La religion des Védas est un mode de vie qu’il est difficile de suivre dans sa totalité à notre
époque. Nous devrions toutefois essayer de lui rendre hommage en réalisant sa grandeur et en
suivant dans la mesure du possible son esprit et ses recommandations. La charité, c’est la justice
dans la distribution des biens terrestres. La dévotion, c’est la purification de l’esprit. La
coopération, c’est la maîtrise des difficultés ordinaires de la vie en société. 12
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L’arbre de vie : plantes sacrées, art sacré, P. Mandala, Librairie de Médicis, Paris, 2002
L’aromathérapie énergétique : guérir avec l’âme des plantes, L. Bosson et Guénolée Dietz, Ed. Amyris, Bruxelles,
2004
12
L’Inde, notre héritage, Shrî Mahesh, Ed. Carnot, Chatou, 2004
11
Ainsi, recevons cette connaissance et tentons de la faire vivre au plus profond de notre être,
comme une grâce reçue en don, et qui nous accompagne à chaque pas « ici bas ».
7. Bibliographie
•
Le livre de l’ayurveda, Judith H. Morrison, Le Courrier du Livre, Paris, 1995
•
Traditions indiennes, Patrick Mandala, Ed. Dangles, St-Jean-de-Broye, 2004
•
L’Inde éternelle, Richard Waterstone, Ed. Albin Michel SA, Paris, 1995
•
Le Yoga des plantes, Catherine et Patrick Mandala, Le Courrier du Livre, Paris, 2002
•
L’aromathérapie énergétique, guérir avec l’âme des plantes, Lydia Bosson et Guénolée
Dietz, Ed. Amyris, Bruxelles, 2004
•
Encyclopédie des religions, Gerhard J. Bellinger, Librairie générale française, 2000
•
La divinité des plantes, Dr David Frawley et Dr Vasant Lad, Ed. Turiya, Monoblet, 2004
•
L’arbre de vie, plante sacrée – art sacré, Patrick Mandala, Librairie de Médicis, Paris,
2002
•
B.-A.-B.-A. Aromathérapie, Bernard Bériguaud, Ed. Pradès, Puiseaux, 2000
•
Associer plantes et huiles essentielles, selon la tradition indienne, Sylvie Verbois, Ed.
Trajectoire, Paris, 2004
•
Les spiritualités indiennes, Odon Vallet, Ed. Gallimard, Paris, 1999
•
L’Inde, notre héritage, Shrî Mahesh, Ed. Carnot, Chatou, 2004
•
Ma vie chez les brahmanes, Lizelle Reymond, Ed. Flammarion, Paris, 1957
•
Cuire le Monde, Charles Malamoud, Ed. La Découverte, Paris, 1989
•
Le discours des remèdes au pays des épices, François Zimmermann, Ed. Payot, Paris,
1989
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