GUIDEPEDAGOGIQUE « Flamboyant » La rentrée dans l’atmosphère de météorites ou d’engins spatiaux se produit avec de tels échauffements que souvent ils en deviennent flamboyants, au point parfois de se désintégrer. Ces moments font donc l’objet d’observations, d’études et de rapports considérables transmis entre divers spécialistes. A l’instar des autres domaines, il en existe sûrement de très originaux ! Chaque année, à la mi-novembre, notre planète traverse dans sa course le nuage de poussières engendré par la comète Temple-Tuttle. Ce sont les Léonides : un spectacle de 15 étoiles filantes par heure en moyenne. © D.R. Les retours de navettes spatiales sont toujours un spectacle visible depuis le sol, tel le retour de Columbia au dessus du Kennedy Space Center lors du vol STS-93. © NASA Cette trace flamboyante, visible même en plein jour, est la dernière vision de la station spatiale soviétique Mir, détruite lors de sa rentrée dans l’atmosphère le 23 mars 2001. © D.R. GUIDEPEDAGOGIQUE Suggestions d’écriture Suite de procès verbaux de la gendarmerie consécutifs à l’observation d’une lueur dans l’espace... Un journaliste rend compte de la rentrée de la station spatiale Mir dans l’atmosphère terrestre. Il envoie télex sur télex à sa rédaction... Sources documentaires PROCEDURE A SUIVRE en cas d’observation de chute : La section satellites artificiels « du Royal Aircraft Establishment ne prévoit qu’une dizaine de chutes intéressantes (de gros objets) chaque trimestre. Quant aux chances de les observer, elles restent très faibles. Il ne faut pas oublier que la première condition d’observation est que le phénomène doit avoir lieu de nuit pour l’observateur. De plus, ce phénomène est bref : il n’excède pas deux à trois minutes et commence à moins de 100 km d’altitude. L’observation n’est donc possible que pour une région très limitée de la Terre. Mais si cela se produit, il ne faut pas oublier d’être un témoin utile et suivre ces conseils, qui sont également valables pour un météore ou tout autre objet inhabituel ; il faut noter : - date, heure et lieu d’observation ; - trajectoire : apparition, disparition (par rapport à des repères terrestres ou stellaires) ; - culmination : hauteur et azimut ; - durée de l’observation ; - brève description du phénomène observé (visuel et sonore) ; - nom et adresse des observateurs. Pour que votre observation soit utile à des spécialistes, le mieux est de la transmettre à la Société d’astronomie populaire qui, après un premier traitement, se chargera de la communiquer à des centres spécialisés (ESRU, SAO, BAA). L’éclat enregistré lors de la désintégration des fusées porteuses atteint couramment des magnitudes de -6 à -10. La boule de feu qui peut mesurer plusieurs degrés s’entoure de nombreux fragments incandescents et laisse derrière elle une traînée lumineuse qui atteint parfois 10° à 20° de longueur. Les couleurs très variées, notées par les observateurs, reflètent la composition chimique des matériaux de construction utilisés. L’éclat maximum se produit vers 80 km d’altitude, c’est sans conteste un spectacle unique auquel on assiste. Simulation de la rentrée et de la combustion de Mir dans l’atmosphère : 1 : les modifications de trajectoire effectuées depuis le centre de contrôle ont fait plonger les 135 tonnes de la station Mir dans les hautes couches de l’atmosphère... 2 : les panneaux solaires sont les premiers éléments détruits... 3 : les modules pressurisés sont à leur tour consumés... 4 : les éléments non détruits disparaissent dans l’Océan Pacifique. © Analytical Graphics, inc. LA DESORBITATION DE LA STATION MIR : Jeudi 22 mars 2001 : Vers 2h35 (heure de Moscou), les contrôleurs reprennent en mains les ordinateurs de bord et mettent en marche les systèmes d’orientation de l’engin spatial. Jeudi 22 mars : Vers 4h00, stabilisation du mouvement de rotation de la station en mettant en marche les moteurs-fusées de la station. Vendredi 23 mars : A 3h32 du matin, premier allumage du moteur principal du vaisseau Progress M1-5 (arrimé à Mir le 27 janvier 2001), durant 21 minutes et 34 secondes afin d’amorcer le plongeon final. Le complexe orbital survole l’océan Indien (à l’Est de l’île de Madagascar). Plus que trois orbites à réaliser en moins de cinq heures de vol. Vendredi 23 mars : A 5h du matin, deuxième allumage du moteur, d’une durée de 24 minutes et 4 secondes afin de LA COULEUR DES BOLIDES : Un bolide est un corps extraterrestre ou météoroïde émettant une luminosité intense (magnitude inférieure à -4, plus brillant que Vénus) lors de sa rentrée dans l’atmosphère terrestre. Ce phénomène se produisant à moyenne altitude (entre 80 et 10 km), est causé par le frottement entre la matière et l’air qui s’échauffe, se vaporise, s’ionise et entraîne l’émission d’une traînée lumineuse. Tracés au sol de la trajectoire finale de la station Mir avant sa rentrée dans l’Océan Pacifique poursuivre la descente. Ne restent plus que deux orbites à réaliser. Vendredi 23 mars : A 8h07, dernier allumage des moteurs du Progress durant 23 minutes afin de précipiter Mir audessus du Pacifique. A 8h45, les restes de la station touchent l’océan. Des témoins aux Iles Fidji aperçoivent dans le ciel plusieurs gros objets incandescents qui traversent le ciel. au rouge. La couleur du météore dépend de la composition de la matière et de l’air. Les météorites sont composées de métaux tels que le sodium, le nickel, le magnésium qui produisent respectivement une couleur jaune, vert et bleublanc. L’azote et l’oxygène de l’air ionisé, comme dans une aurore polaire, émettent de la lumière dans le rouge (N2) et le vert (O2). La lumière d’un bolide est produite par deux mécanismes différents, la roche en fusion et l’atmosphère autour qui rentre en incandescence. Au dessus de 80 km d’altitude, l’atmosphère terrestre n’est pas assez dense pour s’opposer à l’entrée de corps de masse importante. En dessous l’énergie thermique des frottements chauffe le bolide à 1700°C, la matière qui se détache de la surface du rocher est littéralement liquéfiée et immédiatement vaporisée. La chaleur s’intensifiant, l’air autour du corps incandescent s’ionise, ce qui est à l’origine de source de lumière. Un corps de 1 m de diamètre produit un embrasement de l’air jusqu’a 100 m autour, c’est ce que vu de la Terre on appelle un bolide. Un bolide peut être de différentes couleurs, les témoins parlent de lumière allant du bleu Photo d’un bolide visible en plein jour. © Brad Gledhill, 2001 Réflexions LA CHASSE AU METEORE : Extrait du roman de Jules Verne La chasse au météore « Depuis le commencement de l’ère chrétienne, que d’aérolithes décrits avec les circonstances qui accompagnèrent leur chute : une pierre de deux cent soixante livres tombée à Ensisheim, en Alsace ; [...] une pierre tombée à Lucé, près de Chartres, en 1763, et brûlante à ce point qu’il fut impossible de la toucher. N’y aurait-il pas lieu de citer également ce bolide qui, en 1803, atteignit la ville normande de Laigle et dont Humboldt parle en ces termes : «A une heure de l’après-midi, par un ciel très pur, on vit un grand bolide se mouvant du sud-est au nord-ouest. Quelques minutes après, on entendit, durant cinq ou six minutes, une explosion partant d’un LE CAILLOU ET L’ORIONIDE : Extrait de la nouvelle de Dominique Sigaud publié dans la revue Espace(s) N°1. « Il faisait déjà nuit, étoiles partout, la pleine campagne du Sud, nous roulions, João cousin du Brésil à mes côtés, enfants derrière. Nous parlions peut-être. Comment ai-je su ce qui allait venir ? Quelle attraction a joué, quel instinct ? Entre les arbres très noirs, j’ai levé les yeux, j’ai crié. Là devant, très haut, une boule de feu traversait le ciel, une déflagration verte, un mirage d’un bleu qu’aucun autre bleu ne possédait, riche, brûlant ; à nouveau j’ai crié, João a regardé. J’ai entendu son cri. Puis, aussitôt après, une deuxième inflammation, le bleu-vert à nouveau, une boule, et derrière peutêtre une traînée, de l’or. J’ai regardé l’heure. Vingt heures dix-sept. Le mercredi premier décembre deux mille quatre ; le ciel en métamorphose, feu en suspension dans l’air, retournement de tout. Une matière dans l’immatériel, la pure beauté ; le diamantaire éternel. Incroyable. […] Le feu de nuit restait dans ma mémoire, mon ignorance me travaillait. Qu’est-ce que j’avais vu ? A qui demander ? Nulle trace sur Internet de l’éclat du premier décembre. « Appelez donc un observatoire », conseilla un ami ; ce que je fis. […]Bingo, ils savaient tout. « C’était un orionide, déclara, enthousiaste la jeune femme au téléphone. — Un quoi, demandai-je, interloquée ; j’avais peut-être vu passer un être astral, un dieu d’Olympe. — Un orionide, venu de la nébuleuse d’Orion. […] petit nuage noir presque immobile, explosion qui fut suivie de trois ou quatre autres détonations et d’un bruit que l’on aurait pu comparer à des décharges de mousqueterie, auxquelles se serait mêlé le roulement d’un grand nombre de tambours. Chaque détonation détachait du nuage noir une partie des vapeurs qui le formaient. On ne remarqua en cet endroit aucun phénomène lumineux. Plus de mille pierres météoriques tombèrent sur une surface elliptique dont le grand axe, dirigé du sud-est au nordouest, mesurait onze kilomètres de longueur. Ces pierres fumaient et elles étaient brûlantes sans être enflammées, et l’on constata qu’elles étaient plus faciles à briser quelques jours après leur chute que plus tard.» Elle me passa alors le directeur de l’Observatoire. Le directeur, juste pour moi ? À la voix, je compris ; l’homme aimait ça, offrait à qui voulait l’entendre étoiles, poussières et vertus de ce monde très haut, qu’il connaissait comme moi ma poche. […] — Mais la boule de feu, dis-je. — Ce n’en était pas une. En arrivant dans l’atmosphère, la matière du bolide crée un vide derrière lui. L’image à nouveau me plut, l’idée de ce vide, encore un absolu, lui aussi découvert par Newton, premier penseur des trous noirs. — Ce vide est comblé par l’atmosphère, cela entraîne une ionisation, c’est ce que vous avez vu, continua le directeur. Ionisation ; je fis répéter le mot, il ne me disait rien. Il rit encore, décidément je n’y connaissais rien, lui non plus autrefois. — J’ai appris sur le tard et sur le tas, dit-il. D’où sa bienveillance. Et il m’expliqua. — En circulant autour de l’atome de matière, les électrons excités émettent des photons, de la lumière. Selon l’état de l’atmosphère et le métal de la météorite, son entrée engendre des couleurs très différentes, du pur orange au bleu, au vert.» Ecoutez la suite enregistrée sur le CD audio