Pascal Dague La Première Guerre mondiale Les Coquelicots... 2 Du même auteur : PRESIDENTIELLE 2012 TUEURS EN SERIE… Tome I TUEURS EN SERIE… Tome II L’AFFAIRE MESRINE OBSCURES REALITES L’AFFAIRE REY-MAUPIN A L’ENCRE DE MON CŒUR… Tome I A L’ENCRE DE MON CŒUR… Tome II A L’ENCRE DE MON CŒUR… Tome III A L’ENCRE DE MON CŒUR… Tome IV MARILYN MONROE LE TROU DE MEMOIRE DEBRIS D’INNOCENCE 2 Contre la guerre, à ses victimes, à la fraternité des peuples. Que l’avenir console la douleur. A Vince Denis… 2 3 42 Avant-propos Quelques fois en France, mais surtout dans les pays anglo-saxons, les citoyens portent des coquelicots sur le revers de leurs vestes. Le coquelicot symbolise en effet les soldats morts au combat, car, après un combat, les champs, nus auparavant, se recouvrent de ces fleurs rouges sous l’effet de la poussière de chaux laissée par les bombardements. En France, le bleuet est aussi utilisé car il rappelle la couleur des uniformes des soldats français pendant la grande guerre. Par cet ouvrage, je souhaite rendre hommage à tous ses hommes, morts pour la France. C’est aussi l’occasion pour moi, de rendre hommage au soldat inconnu « un corps non identifié », tué pendant la Première Guerre mondiale et, enterré sous l’Arc de Triomphe à Paris. Nous avons tous vécu cette période d’une manière ou d’une autre par la transmission de nos instituteurs et de nos professeurs, par nos parents et nos grands-parents qui avaient à cœur de faire de nous, leurs enfants, des adultes qui se souviennent de cette page d’Histoire. 2 5 62 La première guerre mondiale, est un conflit militaire qui s’est déroulé dans les faits en Europe de 1914 à 1918, (bien que durant officiellement jusqu’en 1923 pour certains pays, le temps de signer les traités de paix). Considérée comme un des événements marquants du XXe siècle, cette guerre parfois qualifiée de totale a atteint une échelle et une intensité inconnues jusqu’alors. Elle a mis en jeu plus de soldats, provoqué plus de morts et causé plus de destructions matérielles que toute autre guerre, environ 9 millions de personnes sont mortes et, environ 20 millions ont été blessées. D’autres événements survenus pendant cette période : le génocide arménien (1915-1916), la première bataille de l’Atlantique (1917), la révolution russe (1917) et la grippe de 1918 ont augmenté la détresse des populations. Pour toutes ces raisons, cette époque a marqué profondément ceux qui l’ont vécue. Cette guerre a amené de profonds changements géopolitiques, lesquels ont profondément modifié le cours du XXe siècle. Elle a causé l’effondrement ou la 2 7 fragmentation des empires austro-hongrois, russe et ottoman. L’Empire allemand a disparu et, l’Allemagne a vu son territoire réduit. Conséquemment, les cartes de l’Europe et du Moyen-Orient ont été redessinées. Des monarchies ont été remplacées par des États communistes ou par des républiques démocratiques. Pour la première fois, une institution, internationale a été créée dans le but de prévenir les guerres : la société des Nations. L’étincelle qui provoqua la guerre survint le 28 juin 1914, lorsque des Serbes de Bosnie parvinrent à assassiner l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône austro-hongrois. Les exigences de vengeance de l’Autriche-Hongrie, (fortement encouragée par l’Allemagne) à l’encontre du Royaume de Serbie menèrent à l’activation d’une série d’alliances qui obligèrent plusieurs puissances européennes à s’engager sur la voie de la guerre. Plusieurs de ces nations étaient à la tête d’empires s’étendant sur plusieurs continents, ce qui explique la portée mondiale du conflit. Cette guerre fut surtout le fait de deux grandes alliances : la TripleEntente et la Triple Alliance ou la Triplice. La TripleEntente était composée de la France, du Royaume-Uni, de la Russie et, des empires qu’elles contrôlaient en tant que grandes puissances coloniales. Plusieurs États se joignirent à cette coalition, dont la Belgique, envahie par l’Allemagne, qui fit appel à la France et à l’Angleterre garantes de son indépendance. Le Japon rejoignit la coalition en août 1914, l’Italie en avril 1915, le Portugal 82 en mars 1916 et, les États-Unis en avril 1917. La coalition de la Triple Alliance était initialement constituée de l’Allemagne, de l’Autriche-Hongrie et, des empires qu’elles contrôlaient. L’Empire ottoman les rejoignit en octobre 1914, suivi un an plus tard du Royaume de Bulgarie. A la fin des hostilités, seuls les Pays-Bas, le Luxembourg, la Suisse, l’Espagne, les États scandinaves (excepté la Finlande), le Liechtenstein et Monaco étaient demeurés officiellement neutres parmi les nations européennes, mais certaines avaient participé financièrement ou matériellement aux efforts de guerre des protagonistes. Les combats se déroulèrent sur différents fronts qui se situèrent surtout en Europe, mais une petite partie de l’Asie et de l’Afrique, ainsi que l’Atlantique Nord subirent des conflits. Le front de l’Ouest était caractérisé par un ensemble de tranchées et de fortifications séparées par une aire surnommée le no man’s land. Ces fortifications s’étendaient sur plus de 600 kilomètres, incitant à une forme de combats dénommée guerre des tranchées. Sur le front de l’Est, l’étendue des plaines et la faible densité ferroviaire ont empêché une stabilisation des champs de bataille, mais le conflit était tout aussi étendu. Il y a eu d’importants combats dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Italie. La guerre s’est aussi déroulée dans les airs, mais de façon rudimentaire comparativement à la seconde guerre mondiale. Si en effet, la première guerre mondiale est déclenchée par l’assassinat, à Sarajevo, de l’archiduc 2 9 François-Ferdinand, héritier du trône d’AutricheHongrie, cet événement ne fait que cristalliser des tensions issues de contentieux antérieurs, (rivalités économiques, politiques et coloniales). C’est le détonateur d’une guerre préparée de longue date, aux origines plus profondes. On compte parmi les raisons structurelles un nationalisme fort, la montée des impérialismes et, les volontés expansionnistes qui y sont associées, comme l’irrédentisme italien, des confits précédents non résolus, (perte de l’Alsace-Lorraine par la France, guerre balkaniques), auxquelles s’ajoutent des rivalités économiques, un système d’alliances militaires complexe développé entre les différents pays européens au cours du XIXe siècle après la défaite napoléonienne de 1815, le Congrès de Vienne qui s’en est suivi en 1815 et l’indépendance belge de 1830 entraînant la France et l’Angleterre à se porter garantes de celle-ci. Des malentendus diplomatiques s’ensuivirent, l’Allemagne croyant notamment que le Royaume-Uni resterait neutre devant l’invasion de la Belgique. Le climat de tension régnant avait poussé les grandes puissances européennes à une course aux armements et, chaque état-major s’était activement préparé au conflit. L’attentat de Sarajevo va déclencher un mécanisme, qui va entraîner presque malgré eux les protagonistes vers une guerre totale. Pour certains, la guerre était souhaitée par les dirigeants allemands… L’impérialisme des nations européennes est rendu visible à travers la question coloniale. La conférence de Berlin de 1885, 10 2 avait permis le partage de l’Afrique entre les puissances européennes. Une noble partie de l’Afrique centrale, le Congo était octroyé au roi des Belges Léopold II qui avait habilement utilisé les rivalités entre la France, l’Angleterre et l’Allemagne pour neutraliser ainsi le centre de l’Afrique. Mais les différents coloniaux ne vont cesser de s’accroître, entretenant par la même occasion les tensions entre les métropoles. Tensions d’abord entre Français et Anglais en Égypte et, surtout, au Soudan avec la crise de Fachoda en 1898 puis tensions entre la France et l’Italie sur la Tunisie en 1881, qui vont entraîner l’adhésion de l’Italie à la Triplice. Les tensions entre la France et l’Allemagne apparaissent dès 1905 au Maroc. Depuis 1871, l’Allemagne unifiée a rattrapé, en quelques décennies, son retard économique sur le reste de l’Europe occidentale en se dotant par exemple d’une industrie très concentrée. L’Allemagne regarde donc outre-mer et vers l’Afrique ou elle espère trouver des matières premières à bon marché ou même fonder des comptoirs pour écouler ses produits manufacturés. Cependant, la France, l’Angleterre et la Belgique se partagent l’Afrique. L’Asie aussi est sous la coupe européenne. L’Allemagne, sauf en de rares endroits comme au Cameroun, Namibie et Togo ne peut obtenir de zones d’influence dans les colonies. Aussi ressent-elle comme une injustice que son industrie de plus en plus compétitive se heurte à la crainte ou à l’égoïsme des autres puissances européennes. Ne disposant pas de colonies de peuplement, Guillaume II souhaite prendre 2 11 pied au Maroc au nom de la Weltpolitik. Les deux crises, en 1905 avec le Coup de Tanger et en 1911 avec le Coup d’Agadir, qui l’opposent à la France conduisent à une multiplication des incidents diplomatiques. Cette situation est l’une des principales causes du déclenchement du conflit. Dès 1905, le conflit semble inévitable entre la France et l’Allemagne. Toutefois, les rivalités coloniales entre Français et Anglais en Afrique n’ont entraîné aucune guerre entre ces deux pays à l’époque contemporaine. Ce fait montre les limites d’une explication de la Grande Guerre par l’impérialisme. En général les rivalités coloniales se réglaient par des transactions. Les inquiétudes sont aussi d’ordre économique. Même si chaque pays développe son économie, la rivalité économique entre l’Allemagne et la France s’accroît à partir de 1912. La grande puissance industrielle allemande inquiète les États européens, car les produits allemands inondent les marchés français et britanniques. Cette rivalité économique, a contribué à alourdir le climat général entre les deux États et, par la même occasion à faciliter la rupture. Quant aux Allemands, ils s’inquiètent de la croissance économique et démographique de la puissance russe qui les amène à penser qu’ils seraient incapables de lui résister dans quelques années, de telle sorte qu’ils ont peut-être intérêt à provoquer un conflit avant qu’il ne soit trop tard. Du reste, l’interpénétration des économies européennes était 12 2 déjà si forte que la plupart des milieux industriels et financiers avaient tout intérêt au maintien de la paix. Le principal débouché des industries métallurgiques, par exemple, n’était pas l’armement mais les chemins de fer. L’antagonisme franco-allemand puise-t-il également sa force dans l’idée de revanche et le retour à la mère patrie des provinces perdues d’AlsaceLorraine, comme on a pu le croire !? Si la résistance à l’Allemagne reste forte en Alsace-Lorraine, cette sensibilité a beaucoup évolué dans le temps. L’idée de revanche, obsessionnelle en France après la défaite de 1870, s’est estompée dès les années 1880, aucun parti politique, après la crise boulangiste, ne revendique le retour à la mère patrie des provinces perdues, pour la plupart des Français de 1914, ce n’est plus qu’une vieille histoire. L’antagonisme se nourrit aussi de la crainte qu’éprouvent les Français devant la poussée démographique de l’Allemagne alors que la France connaît un déclin démographique durable. Enfin, l’empereur Guillaume II est très influencé par le milieu des officiers prussiens, garant de la solidité de l’empire, tout auréolé de ses succès du milieu du XIXe siècle et, qui a forgé l’unité allemande face à l’Autriche et à la France. Pour l’empereur, la guerre, un conflit localisé dans les Balkans notamment, peut être une solution pour résoudre les problèmes territoriaux de l’Allemagne et de l’Autriche, l’armée allemande, la plus puissante du monde, semble être un instrument si parfait qu’il est tentant de s’en servir. 2 13 Dans l’empire austro-hongrois, ou pas moins de quarante peuples cohabitent, les velléités séparatistes sont nombreuses, liée à l’éveil des minorités nationales, (Bohême, Croatie, Slavonie, Galicie, etc). Qui se manifestent depuis 1848. L’Empire ottoman, déjà très affaibli, est ébranlé par la révolution des Jeunes-Turcs en 1908. L’Autriche-Hongrie en profite pour mettre la main sur la Bosnie-Herzégovine voisine et désire continuer son expansion dans la vallée du Danube, jusqu’à la mer Noire, ou, du moins, maintenir le « statu quo » hérité du traité de San Stefano et du traité de Berlin. En Serbie, le nouveau roi, Pierre Ier envisage la formation d’une grande Yougoslavie, regroupant les nations qui appartiennent à l’empire austro-hongrois. Dans les Balkans, la Russie trouve un allié de poids en la Serbie, qui a l’ambition d’unifier les Slaves du sud. Le nationalisme serbe se teinte donc d’une volonté impérialiste, le panserbisme et rejoint le panslavisme russe, récoltant l’appui du tsar à ces mêmes Slaves du sud. Les Balkans, soustraits de l’Empire ottoman, sont en effet l’objet de rivalités entre les grandes puissances européennes. En 1878, à la suite d’une révolte des Bulgares et à une intervention des Russes puis des Autrichiens, la partie nord des Balkans est détachée de l’Empire ottoman. La rivalité entre Russes et Autrichiens dans les Balkans s’accentue. En 1912 et 1913, deux guerres affectent la région : la première est tournée contre l’Empire ottoman qui perd tous ses territoires en Europe à l’exception de la Thrace orientale, la seconde 14 2 est un conflit entre la Bulgarie et les autres pays balkaniques. Elle se traduit par une importante extension du territoire et du nationalisme de la Serbie, un mécontentement de la Bulgarie, dépossédée d’une partie de son territoire et par la création, sous la pression autrichienne, d’une Albanie indépendante qui empêche la Serbie d’avoir une façade maritime. Depuis longtemps, la Russie nourrit des appétits face à l’Empire ottoman : posséder un accès à une mer chaude, (mer Méditerranée). Cette politique passe par le contrôle des détroits. Dans cet Empire russe, les Polonais sont privés d’État souverain et se trouvent partagés entre les empires russe, allemands et austro-hongrois. En Allemagne et en Angleterre, dès le début du XXe siècle, l’essor industriel et la remilitarisation se sont accentués et l’Allemagne a des intérêts dans l’Empire ottoman. L’Italie, unifiée depuis 1860, a donné à la France, à la suite de la victoire de la France sur l’Autriche, la Savoie et le comté de Nice. Malgré un fort courant pacifiste, l’Italie veut prendre au voisin autrichien, avec lequel elle a un vieux contentieux, des territoires qu’elle considère comme italiens, les Terres irrédentes, car majoritairement italophones. Elle désire s’étendre en Dalmatie, liée historiquement à l’Italie et, ou l’on parle aussi italien et, contrôler la mer Adriatique, à l’instar de ce qu’a fait la République de Venise, et ce, d’autant plus que ses tentatives de conquête d’un empire colonial africain ont échoué après la débâcle d’Adoua en Abyssinie en 1896. Seule une partie du Tigré a été 2 15