Chapitre 7 : Etude énergétique d’un système quelconque CHAPITRE 7 Etude énergétique d’un système quelconque I. Transferts énergétiques 1) Transfert mécanique Définitions du transfert mécanique et du travail d’une force Le transfert mécanique est un transfert d’énergie provoqué par l’action d’une force extérieure sur le système étudié. On appelle travail de cette force la valeur d’énergie ainsi transférée. Il se note W et s’exprime en joules. Remarque Pour une force donnée, énergie potentielle et travail recouvrent la même notion, donc on utilise l’un ou l’autre, mais jamais les deux en même temps (ce lien entre les deux notions sera précisé en terminale). Exemple : ou bien l’on considère que sous l’action du poids, l’énergie potentielle de pesanteur du système varie et on ne parle pas du travail du poids, ou bien on considère que sous l’action du poids, le système échange un travail et on n’introduit pas l’énergie potentielle de pesanteur dans l’énergie mécanique. 2) Transfert thermique Définitions du transfert thermique et de la chaleur Le transfert thermique est un transfert d’énergie provoqué par une inhomogénéité de température : le corps le plus chaud cède spontanément de l’énergie au corps le plus froid. Cette énergie est appelée chaleur. Elle se note Q et s’exprime en joules. Remarques Quand les deux corps atteignent une température identique, alors le transfert thermique cesse. On est alors à l’équilibre thermique. Cette température est appelée température d’équilibre. Un système thermiquement isolé est un système n’échangeant pas de chaleur avec l’extérieur : Q 0 Ne pas confondre température et chaleur. La chaleur est une énergie transférée, alors que la température est un indicateur direct de l’agitation thermique, donc de l’énergie interne. 3) Puissance moyenne d’un transfert énergétique Définition de la puissance thermique moyenne On définit la puissance thermique moyenne entre deux instants t1 et t2, correspondant respectivement aux états 1 et 2, par : P12 Q12 t 2 t1 1 Chapitre 7 : Etude énergétique d’un système quelconque Définition de la puissance mécanique moyenne On définit la puissance mécanique moyenne entre deux instants t1 et t2, correspondant respectivement aux états 1 et 2, par : P12 W12 t 2 t1 Remarque La puissance représente la rapidité d’un transfert énergétique. Son unité SI est le watt (W). II. Bilan d’énergie 1) Premier principe de la thermodynamique En 1847, Helmholtz énonce le concept de conservation d’énergie : tout système voyant son énergie évoluer échange de l’énergie avec l’extérieur ; la variation de son énergie est égale à l’énergie échangée avec l’extérieur. Cette loi est devenue un pilier fondamental de la physique moderne. Premier principe de la thermodynamique Dans un référentiel galiléen, la variation de l’énergie d’un système fermé passant d’un état 1 à un état 2 est égale à la somme des transferts énergétiques avec l’extérieur entre ces deux états : E 2 E1 W12 Q12 Remarques Si le système est énergétiquement isolé, on retrouve la loi du chapitre précédent : E2 - E1 = 0. Travail et chaleur sont comptés négativement dans cette formule si l’énergie est fournie à l’extérieur. Exemple Si le système a cédé à l’extérieur une énergie de 3 J par transfert thermique, on écrira alors Q12 3J . En effet, on aura dans ce cas E2 - E1 = -3 J. ce qui signifie que l’énergie du système a baissé de 3 J (ce que l’on attendait d’après la conservation de l’énergie) : Ainsi, si E1 = 10 J, on a bien E 2 E1 Q12 10J 3J 7J . 2) Rappels et compléments d’électricité Remarque Dans tout ce chapitre, tension électrique et intensité du courant électrique sont supposées positives. Ainsi, le sens du courant sera pris de la borne + vers la borne – du générateur et la flèche de tension aux bornes d’un n’importe quel dipôle du circuit sera orientée de la borne – vers la borne + du générateur. Définition d’un générateur On appelle générateur tout dipôle électrique fournissant de l’énergie au circuit. Définition d’un récepteur On appelle récepteur tout dipôle électrique recevant de l’énergie du circuit. 2 Chapitre 7 : Etude énergétique d’un système quelconque Loi d’Ohm La tension électrique aux bornes d’un conducteur ohmique est proportionnelle à l’intensité du courant qui le traverse : U RI Cette constante de proportionnalité R est positive et appelée résistance électrique. Son unité SI est l’ohm (). Remarque Un conducteur ohmique est souvent appelé résistance électrique. C’est un récepteur. On appelle loi de fonctionnement d’un dipôle la relation donnant la tension aux bornes de ce dipôle en fonction de l’intensité du courant qui le traverse. Ainsi la loi d’Ohm est la loi de fonctionnement du conducteur ohmique. Loi de de fonctionnement d’un générateur de tension continue Pour un générateur de tension continue, la tension U à ses bornes est une fonction affine de l’intensité I du courant qui le traverse : U E rI avec E et r deux constantes positives. E est appelée force électromotrice (fem) ; r est appelée résistante interne. Remarque La résistance interne du générateur modélise sa propension à chauffer en fonctionnement. On cherche à la minimiser afin d’optimiser la production d’énergie utile. Propriété La puissance électrique qu’échange un dipôle avec le reste du circuit est : Pe UI Où U désigne la tension électrique aux bornes du dipôle et I l’intensité du courant électrique qui le traverse. 3) Etude de conversions énergétiques Définition du rendement d’une conversion énergétique On appelle rendement d’une conversion énergétique le rapport entre la valeur du transfert énergétique utile et la valeur du transfert énergétique apporté. Remarques Les énergies sont ici comptées positivement : le rendement est un nombre compris entre 0 et 1. On peut aussi faire le rapport des puissances correspondantes pour calculer le rendement d’une conversion. Sauf indication contraire, on supposera que le système qui convertit l’énergie voit sa propre énergie rester constante. Dans ce cas, l’application du premier principe de la thermodynamique montre que les transferts énergétiques avec l’extérieur se compensent (somme des transferts nulle). Les symboles E et U sont sujets à confusion dans les exercices sur l’énergie électrique. On pourra avantageusement noter E l’énergie et E la force électromotrice ainsi que U l’énergie interne et U la tension. 3 Chapitre 7 : Etude énergétique d’un système quelconque Définition de l’effet Joule Le passage d’un courant électrique dans un dipôle électrique provoque un transfert thermique du dipôle vers l’extérieur. Ce phénomène est appelé l’effet Joule. Effet Joule au niveau d’un conducteur ohmique On considère qu’un conducteur ohmique cède par transfert thermique toute l’énergie qu’il reçoit du circuit. Démonstration Bilan énergétique au niveau d’un conducteur ohmique (1er principe de la thermodynamique) : E = U = QJ + We Un conducteur ohmique a une capacité thermique suffisamment faible pour que la variation de son énergie interne provoquée par son échauffement soit toujours négligeable devant les transferts d’énergie mis en jeu. On obtient donc : ≈ QJ + We D’où QJ ≈ – We Ainsi, l’énergie cédée par effet Joule est bien égale au travail électrique reçu du circuit. Exemples avec chaînes énergétiques Cas 1 : résistance chauffante plongée dans un liquide (ou dans l’air pour un radiateur) L’énergie We que la résistance reçoit du circuit par travail électrique est intégralement cédée au liquide par transfert thermique (QJ), c’est ce qu’on a appelé l’effet Joule : QJ = - We. Remarquons que 𝑊𝑒 = 𝑈. 𝐼. ∆𝑡 = 𝑅. 𝐼 2 . ∆𝑡 = 𝑈2 𝑅 . ∆𝑡 d’après la loi d’Ohm. RESISTANCE CHAUFFANTE QJ < 0 We > 0 CIRCUIT ELECTRIQUE LIQUIDE CHAUFFE Rendement de la conversion : 𝜂= |𝑄𝐽 | é𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒 𝑢𝑡𝑖𝑙𝑒 = =1 é𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒 𝑎𝑝𝑝𝑜𝑟𝑡é𝑒 𝑊𝑒 Cas 2 : ampoule On est quasiment dans le même cas que précédemment. La seule différence est qu’ici l’effet Joule (QJ) est un ensemble de deux transferts thermiques : chauffage de l’environnement (Q1) et rayonnement lumineux (Q2). L’énergie utile est Q2. On a QJ = Q1 + Q2 et We = - QJ = - Q1 - Q2 = |Q1| + |Q2| 4 Chapitre 7 : Etude énergétique d’un système quelconque par conduction thermique Q1 < 0 AMPOULE We > 0 Q2 < 0 ENVIRONNEMENT CIRCUIT ELECTRIQUE par rayonnement Rendement de la conversion : |𝑄2 | |𝑄2 | é𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒 𝑢𝑡𝑖𝑙𝑒 𝜂= = = <1 |𝑄1 | + |𝑄2 | é𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒 𝑎𝑝𝑝𝑜𝑟𝑡é𝑒 W𝑒 Cas 3 : pile Multiplions sa loi de fonctionnement (U = E – r.I) par I.t, on obtient : U.I.t = E.I.t – r.I².t (*) Autrement dit, la pile produit l’énergie E.I.t pendant t via la transformation chimique dont elle est le siège. Une partie de cette énergie (r.I².t) est perdue et le reste (U.I.t) est transmis au circuit électrique. On peut remarquer la similitude d’écriture du terme de perte d’énergie avec l’énergie échangée par le conducteur ohmique (voir remarque du cas 1) : c’est aussi de l’effet Joule. Contrairement au conducteur ohmique, l’effet Joule n’est que partiel dans la pile. C’est pourquoi on modélise la pile comme l’association en série d’un générateur de tension dit idéal (ayant une tension constante E à ses bornes) et d’un conducteur ohmique de résistance interne r, mais cela sort du cadre du programme. PILE 2 We = - U.I.t QJ = - r.I .t CIRCUIT ELECTRIQUE ENVIRONNEMENT Le 1er principe de la thermodynamique appliquée à la pile indiquerait : EU = QJ + We = – r.I².t – U.I.t La variation d’énergie interne de la pile est donc égale à – E.I.t d’après (*). Elle est négative, donc l’énergie interne de la pile baisse au fur et à mesure que cette dernière débite. Rendement de la conversion : é𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒 𝑢𝑡𝑖𝑙𝑒 𝑈. I. Δt 𝑈 𝐸 − 𝑟. 𝐼 𝑟 𝜂= = = = = 1− 𝐼 é𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒 𝑎𝑝𝑝𝑜𝑟𝑡é𝑒 E. I. Δt 𝐸 𝐸 𝐸 Le rendement est donc strictement inférieur à 1 (I > 0 quand la pile fonctionne) et d’autant plus que la résistance interne est grande. 5