N0 966 BIMENSUEL - SEPTEMBRE 2016 TOME 30 PAGES 573 À 616 LA REVUE DU PRATICIEN Refus vaccinal, psoriasis, Parkinson, burn out, diabète, contraception, asthme… 000_MG966_COUVERTURE.indd 1 21/09/2016 10:48 Pour les patients diabétiques de type 2 En complément du régime alimentaire et de l’exercice physique : • chez les patients insuffisamment contrôlés par la metformine seule à la dose maximale tolérée ou déjà traités par l’association sitagliptine/metformine. • En association à un sulfamide hypoglycémiant quand l’association metformine/sulfamide hypoglycémiant aux doses maximales tolérées ne permet pas d’obtenir un contrôle adéquat de la glycémie. • En association à l’insuline lorsque l’insuline et la metformine, seules, à doses stables, ne permettent pas d’obtenir un contrôle adéquat de la glycémie. 798227 - 03/2016 - 15/04/67935602/PM/001 sitagliptine & chlorhydrate de metformine Allier l’expérience et la performance Avant de prescrire, consultez la place de Velmetia® dans la stratégie médicamenteuse du contrôle glycémique du diabète de type 2 recommandée par la HAS (janvier 2013) www.has-sante.fr. P our une information complète, veuillez consulter le RCP de Velmetia® disponible sur la base de données publique des médicaments : http//base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr ou sur le site de l’Agence Européenne du Médicament : http://ema.europa.eu e 2016 Creative commons © 15 édition Sommaire ÉDITORIAL 100 000 votes contre le tabac ! PIQÛRE DE RAPPEL FMC 578. Marie Garrau. Valoriser les métiers du care BIMENSUEL - SEPTEMBRE 2016 TOME 30 PAGES 573 À 616 LA REVUE DU PRATICIEN DOSSIER FOCUS 21/09/2016 10:48 595. Contraception en 2016 Par Geneviève Plu-Bureau, Brigitte Raccah-Tebeka 602. Burn out : comprendre et agir Propos recueillis par Serge Cannasse Par Marie Pezé 581. Asthme et grossesse 606. Nouveaux animaux de compagnie Par Béatrice Quinet Par Camille Taillé 584. Maladie de Parkinson: quelle démarche diagnostique ? 575 Refus vaccinal, psoriasis, Parkinson, burn out, diabète, contraception, asthme… 000_MG966_COUVERTURE.indd 1 Par Jean Deleuze ENTRETIEN N0 966 x QUALITÉ DES SOINS 608. Hypnose médicale : pour qui ? Par Andrei Radtchenko Par Jean-Philippe Brandel FOCUS 588. Nouvelles thérapies du psoriasis DÉJEUNER-DÉBAT Cerin Par Édouard Begon 590. Transplantation de microbiote fécal Par Tatiana Galpérine 592. Dégénérescence maculaire liée à l’âge Par Pierre-Raphaël Rothschild 610. Patients en difficultés financières : quels conseils nutritionnels ? Par Christine Kavan PETIT-DÉJEUNER Puressentiel 612. Pourquoi devient-on médecin arométhérapeute ? Par Franck Gigon, Michel Le Faou ARRÊT SUR IMAGE 613. Alcool et tabac : quels dégâts ? Par Pierre Frances, et al. Ce numéro est assemblé avec un encart de librairie « Meilleures ventes » destiné aux abonnés et une offre d’abonnement pour les non abonnés. !575!_MG966 JNMG sommaire.indd 575 22/09/2016 16:40 Cutterguide: N/A Printing Process: Offset GD: SD428639 Size: 210 X 270 mm Pages: 1 Colors: C M Y K Native File: Indesign CC Windows Generated in: Acrobat Distiller XI • 15/09/62966063/PM/004 - FR/INFH/0020/16a - Avril 2016 © Laboratoire GlaxoSmithKline. Vaccin diphtérique, tétanique, coquelucheux (acellulaire, multicomposé), de l’hépatite B (ADNr), poliomyélitique (inactivé) et de l’Haemophilus influenzae type b conjugué (adsorbé) va recevoir sa 3e dose d’Infanrixhexa® à l’âge de 11 mois* déjà vaccinée avec Infanrixhexa® il y a 5 ans Primovaccination et rappel des nourrissons contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B, la poliomyélite et les infections à Haemophilus influenzae type b. Recommandations générales de la vaccination contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche et les infections invasives à Haemophilus influenzae de type b chez le nourrisson** : La vaccination contre la coqueluche est pratiquée avec le vaccin acellulaire combiné à d’autres valences. La vaccination des nourrissons comporte deux injections à deux mois d’intervalle, à l’âge de 2 mois (8 semaines) et 4 mois, suivies d’un rappel à l’âge de 11 mois. Recommandations générales de la vaccination contre l’hépatite B chez le nourrisson** : La politique de vaccination contre l’hépatite B en France repose sur deux stratégies : • l’identification et la vaccination des personnes à risque élevé d’exposition ; • et, dans la perspective de contrôle à plus long terme de l’hépatite B, la vaccination des nourrissons et le rattrapage des enfants et adolescents jusqu’à l’âge de 15 ans révolus. Recommandations générales : La vaccination contre l’hépatite B est recommandée chez tous les nourrissons. […] Pour les nourrissons, l’utilisation d’un vaccin combiné hexavalent contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche (vaccin acellulaire), la poliomyélite (vaccin inactivé), les infections à Haemophilus influenzae de type b et l’hépatite B permet d’immuniser contre ces maladies en une seule injection aux âges de 2, 4 et 11 mois, selon le nouveau schéma vaccinal introduit en 2013. Recommandations particulières : cf. Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2016 - www.social-sante.gouv.fr Schémas vaccinaux** : En population générale : le schéma préférentiel comporte trois injections : chez le nourrisson pour qui le vaccin hexavalent est utilisé, la vaccination sera ainsi effectuée à l’âge de 2 mois (8 semaines), 4 mois et 11 mois (intervalle de 0, 2, 7 mois). En cas d’utilisation d’un vaccin autre que l’hexavalent, un intervalle d’au moins 5 mois devra être respecté entre la deuxième et la troisième injection (intervalle de 0, 1 à 2 mois, 6 mois). Au-delà des trois injections de ce schéma initial, les rappels systématiques de vaccin contre l’hépatite B ne restent recommandés que dans des situations particulières. Pour les nouveau-nés de mère porteuse de l’antigène HBs, la vaccination doit être pratiquée impérativement à la naissance, selon un schéma en trois injections (une dose à la naissance, puis à 1 et 6 mois) et avec un vaccin autre que HBVAXPRO® 5 μg, la première dose étant associée à l’administration d’immunoglobulines anti-HBs. Un schéma à quatre doses (une dose à la naissance, puis à 1, 2 et 6 mois) est recommandé pour les prématurés de moins de 32 semaines ou de poids inférieur à 2 kg. Recommandations de la vaccination contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche acellulaire, la poliomyélite, les infections à Haemophilus influenzae b, et l’hépatite B chez les prématurés*** : La prématurité expose à un risque infectieux majoré (en termes d’incidence et de gravité) pour certaines maladies infectieuses du jeune nourrisson, et tout particulièrement pour la coqueluche. Le HCSP recommande de vacciner les nourrissons nés prématurés sans retard selon le calendrier vaccinal en vigueur, c’est-à-dire à l’âge de 8 semaines de vie. Le HCSP insiste sur l’importance de mettre en place une protection indirecte contre la coqueluche par la stratégie du cocooning, seul moyen de prévention pour les nouveau-nés et nourrissons nés prématurés. Il existe chez les nourrissons nés prématurés une immaturité immunologique et pour certains vaccins, une réponse immune post-vaccinale inférieure à celle observée chez les nourrissons nés à terme, en particulier vis-à-vis de l’Haemophilus influenzae b. En revanche, dans la situation actuelle d’immunité de groupe acquise grâce à un taux élevé de couverture vaccinale, ce défaut de réponse immune n’a pas été associé à un risque augmenté d’échec vaccinal quel que soit le schéma proposé (2+1 ou 3+1). Le HCSP estime qu’il n’existe pas à ce jour de données épidémiologiques justifiant de recommander un schéma vaccinal renforcé pour l’immunisation des nourrissons nés prématurés contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche et les infections à Haemophilus influenzae b. La priorité est de débuter la vaccination de ces nourrissons à l’âge de 8 semaines de vie. Pour les nouveau-nés prématurés de mère porteuse de l’antigène HBs, la recommandation d’un schéma renforcé de vaccination dès la naissance contre l’hépatite B est maintenue. * La vaccination des nourrissons comporte deux injections à 2 mois d’intervalle, à l’âge de 2 mois et 4 mois suivies d’un rappel à l’âge de 11 mois** ** Pour une information complète, cf. Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2016 - www.social-sante.gouv.fr *** Pour une information complète, cf. Avis du HCSP du 22 mai 2015 relatif à la vaccination contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche acellulaire, la poliomyélite, les infections à Haemophilus influenzae b, et l’hépatite B des prématurés - www.hcsp.fr Remb. Séc. Soc. à 65 % pour les populations recommandées par le CTV/HCSP. Pour une information complète sur ce médicament, veuillez consulter la base de données publique des médicaments (http://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr) Les Professionnels de Santé sont tenus de déclarer tout effet indésirable suspecté d’être dû à un médicament via l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) (site internet : www.ansm.sante.fr) et le réseau des Centres Régionaux de Pharmacovigilance. Infanrix_AD-210x270mm-GSKDC-PT-FRA-2016-32061-D1.indd 1 4/28/2016 3:51:16 PM 577 314 Bureaux de la Colline, 92213 Saint-Cloud Cedex Tél. : 01 55 62 68 00 Télécopie : 01 55 62 69 79 E-mail : [email protected] ÉDITO DIRECTION DES RÉDACTIONS MÉDICALES Jean Deleuze RÉDACTEUR EN CHEF Marie-Pierre Deleuze (6950) [email protected] Rédacteur en chef adjoint Cinzia Nobile (6942) [email protected] Secrétaire de rédaction Brigitte Bisson (6927) [email protected] Secrétariat Patricia Fabre (6971) [email protected] 100 000 votes contre le tabac ! C COMITÉ DE RÉDACTION SCIENTIFIQUE Jean-Noël Fiessinger, Jean-Michel Chabot, Jean-François Cordier, Richard Delarue, Jean Deleuze, Olivier Fain, Bernard Gavid, Alexandre Pariente, Alain Tenaillon A participé à ce numéro : Serge Cannasse RÉDACTION EN CHEF TECHNIQUE Chantal Trévoux (6806) [email protected] Directrice artistique Cécile Formel (6928) [email protected] Réalisation. Rédacteur-graphiste Philippe Govin Rédacteurs-réviseurs Jehanne Joly, Virginie Laforest La Revue du Praticien - Médecine Générale® est une publication de Global MÉDIA SANTÉ SAS Principal actionnaire : ATMED SAS www.globalmediasante.fr Capital de 4 289 852 € Durée de 99 ans à compter du 30.03.99 ISSN : 0989-2737 – Dépôt légal à parution N° commission paritaire : 0619 T 81576 Impression : SIEP, 77590 Bois-le-roi ROUTAGE : Emissaires 94192 Villeneuve-Saint-Georges Cedex DIRECTION GÉNÉRALE, DIRECTION DES PUBLICATIONS Alain Trébucq (6903) [email protected] DIRECTRICE FINANCIÈRE Corine Vandenbroucke (6852) [email protected] DIRECTRICE DU DÉVELOPPEMENT Tatiana de Francqueville (6904) [email protected] DIRECTRICE MARKETING ET DIGITAL Solange Quina (6945) [email protected] MEDICAL EDUCATION Valériane Cariou (6818) [email protected] Chef de publicité Nadia Belehssen (6808) [email protected] DIRECTION COMMERCIALE Maxime Clément (6913) [email protected] Directeurs de clientèle Eric Durand (6886) [email protected] Elodie Gauchet (6917) [email protected] Chefs de publicité Agnès Chaminand (6962) [email protected] Maria Costa (6881) [email protected] Muriel Del Castillo (6864) [email protected] Directrice de projets Cécile Jallas (6915) [email protected] Chef de projet Digital Karine Huchery (6811) [email protected] ABONNEMENTS : Tarif France 184 €/an (20 numéros) Tél. : 01 55 62 69 75 Fax : 01 55 62 69 56 e-mail : [email protected] La revue adhère à la charte de formation médicale continue par l’écrit du Syndicat national de la presse médicale et des professions de santé (SNPM) et en respecte les règles (charte disponible sur demande). Reproduction interdite de tous les articles sauf accord avec la direction. Agissez pour le recyclage des papiers avec Global Média Santé et Ecofolio. !577!_MG966_edito.indd 577 Jean Deleuze e numéro accompagne la 15e édition des JNMG dont vous êtes nombreux à assurer le succès. Allergies de l enfant, dépendance du sujet âgé, diabète, grossesse, contraception, asthme, fibrillation atriale, insuffisance rénale, refus vaccinal… les thèmes choisis et leurs angles d approche se veulent utiles à votre exercice quotidien. Le nombre d ateliers pratiques est augmenté et un débat porte sur la nouvelle loi Claeys-Leonetti, qu il est crucial de comprendre pour informer nos patients. Cet éditorial est aussi l’occasion d’annoncer un événement important sur le front du combat contre le tabagisme. Tous les jours, les médecins traitants luttent contre cette mortelle addiction mais la puissance du lobby des industriels du tabac est telle que ces derniers sont les seuls in fine à se faire entendre des pouvoirs publics. Cela explique que les dispositions de la loi Evin soient quotidiennement remises en cause, que la hausse significative en une seule fois du prix du paquet de cigarettes a été stoppée et qu en 10 ans, seules 2 mesures importantes ont été adoptées : l interdiction de fumer dans les lieux publics et le paquet neutre (voté d extrême justesse par les députés…). Ce lobbysme intensif des cigarettiers et des buralistes, l oreille complaisante que lui prêtent nombre de parlementaires de droite comme de gauche, ainsi que la politique à courte vue des ministres du Budget qui ne veulent considérer que les taxes que rapportent le tabac, expliquent le désastre actuel : 78 000 décès annuels et un coût phénoménal tant sur le plan individuel que sociétal. Un tiers des 45-75 ans fument encore en France contre seulement 14 % aux États-Unis ! C’est pourquoi dans la séquence électorale qui s’ouvre, la santé publique ne doit pas être la grande absente des débats comme en 2012. Sur la question du tabac, un signal fort doit être adressé. Dans ce but, l Alliance contre le tabac (www.alliancecontreletabac.org) qui regroupe l ensemble des structures engagées dans cette lutte, va lancer en octobre, avec le soutien de tous les Conseils de l ordre des professions de santé et de nombreuses structures et sociétés savantes, l Appel des 100 000 contre le tabac. Ce texte qu’il sera possible, le moment venu, de signer sur un site dédié* rappelle les méfaits du tabagisme, l engagement des professionnels à le combattre et interpelle les élus et les futurs élus pour qu une impulsion nouvelle soit donnée à cette lutte. Si des milliers de médecins mais aussi de pharmaciens, dentistes, infirmiers, kinésithérapeutes, sages-femmes… le signent et que cette mobilisation massive rencontre un écho national, quel parlementaire, quel ministre demain pourra se dérober aux exigences qu impose le combat contre le plus meurtrier des scandales sanitaires ? ● * Le lien sera communiqué prochainement. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 22/09/2016 16:41 578 E N T R E T IE N Marie Garrau Maîtresse de conférences en philosophie, elle a publié Care et attention (PUF, 2014) et, en collaboration avec Alice Le Goff, Care, justice et dépendance. Introduction aux théories du care (PUF, 2010). Valoriser les métiers du care Comment traduire le mot « care » ? C est difficile. « Soin » a eu tendance à s imposer, mais il renvoie aux professions de santé, ce qui est très restrictif. On a proposé : souci, attention (à l autre, au monde), sollicitude. En fait, la traduction varie avec le contexte, l enjeu étant de trouver un terme qui indique aussi bien une certaine manière d être avec quelqu un que des activités indispensables à la vie collective. La solution la plus simple est de conserver le mot anglais. Pour ma part, je lui donne une définition précise, celle d une de ses principales théoriciennes, Joan Tronto : « Le care désigne une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre " monde ", de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible ». donnée par la raison et valable universellement, et suppose de traiter autrui comme une fin, non comme un moyen. Cette conception de la morale est encore dominante aujourd hui. En faisant ses propres enquêtes, Gilligan s est rendue compte que pour beaucoup de gens, en particulier pour les femmes, la morale ne consistait pas d abord à envisager autrui comme un être rationnel et autonome, mais à répondre à ses besoins, à se préoccuper de sa singularité, à se sentir responsable de lui. Dans cette perspective, l action morale ne se laisse pas définir a priori ; elle dépend des circonstances et des situations. C est pourquoi ce que décrit Gilligan sous le nom d éthique du care peut être considéré comme contextuel. Pourquoi ses principaux théoriciens sont des femmes et même des féministes ? L auteur qui a initié les travaux sur l éthique du care , Carol Gilligan, était l élève d un célèbre professeur de psychologie, Lawrence Kohlberg. Il avait élaboré une théorie du développement moral à partir de l observation d une quinzaine de petits garçons pendant une trentaine d années. Il soutenait que, pour l enfant, le bien est d abord ce qui sert ses intérêts, puis ce que la communauté définit comme étant bien, enfin ce qu énoncent des principes susceptibles d être acceptés par tous ‒ en particulier le respect des droits d autrui, pensé comme un être autonome. Kohlberg donnait en quelque sorte une dimension psychologique à la philosophie de Kant, selon laquelle la moralité consiste dans l obéissance à une loi Comme elle se retrouve plus souvent chez des femmes, Gilligan a d abord présenté son travail comme une manière de les revaloriser. Certaines théoriciennes sont ensuite allées plus loin en évoquant une prédisposition innée des femmes à se soucier des autres, due au fait qu elles portent des enfants. Mais c est très contestable : toutes les femmes ne sont pas mères et certains hommes savent se montrer attentifs aux autres. Joan Tronto a montré que cette image de la femme naturellement attentionnée s est construite au XVIIIe siècle parallèlement à la distinction des sphères publique et privée à laquelle les femmes ont été assignées … Auparavant, la « sensibilité » n était pas une qualité spécifiquement féminine. Si les femmes ont davantage tendance à parler le langage du care , c est sans doute parce que les pratiques sociales qui reposent sur l attention aux autres ‒ le maternage, le soin, les tâches domestiques, le travail social ou éducatif ‒ leur sont traditionnellement dévolues dans les sociétés occidentales. Défendre l éthique du care est féministe au sens où cela permet de mettre en lumière les savoir-faire de celles qui exercent ces activités et d en montrer l importance cruciale pour chacun d entre nous. Ça l est d autant plus que ce travail est disqualifié, comme en témoignent le peu de prestige et les faibles rémunérations qui lui sont attachées. Les théoriciennes du care se battent pour le revaloriser et faire en sorte qu il soit réparti de manière plus égalitaire, entre hommes et femmes, mais aussi entre « nationaux » et « immigrés », classes aisées et classes populaires. En effet, le genre n est pas le seul rapport de pouvoir à structurer les pratiques de care au niveau social… Le care est associé à la notion de vulnérabilité La morale dominante et la philosophie politique libérale partent du présupposé que les individus sont des êtres rationnels et autonomes. Pour les philosophes du care, ils sont vulnérables et relationnels : ils n existent que dans leur interdépendance avec les autres. C est pourquoi la manière dont autrui les considère (ou non) est décisive : elle peut leur permettre de mener une vie « réussie » ou au contraire les détruire. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE - TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !578!_MG966_JNMG-ENT-garrau.indd 578 22/09/2016 16:55 ENTRETI EN “ 579 SERGE CANNASSE Nous dépendons tous du care des autres. Cependant, la morale kantienne et celle du care ne s opposent pas. Pour la première, bien agir, c est respecter autrui comme un sujet de droit, lui rendre justice. Kant explique très bien que ce respect se manifeste dans la retenue : je me retiens d interférer dans la sphère d action de l autre. C est une manière de lui signifier qu il est un agent et non une chose utilisable. Pour les théoriciennes du care, autrui apparaît d abord comme quelqu un avec qui je suis en relation, que je peux affecter, dont je suis responsable. Mais le souci d autrui peut aussi se manifester dans le respect à son égard, dans une forme de tact ou de délicatesse, par laquelle mon intervention évitera d être intrusive. Tronto souligne que la justesse morale des activités de care se vérifie dans la manière dont réagit celui qui en est le destinataire. Mais pour savoir comment j affecte l autre, il faut bien que je me mette temporairement en retrait, que je me retienne d agir. Il ne faut donc pas opposer « éthique du care » et « éthique de la justice » : qu ils soient destinataires ou dispensateurs de care, les gens doivent être considérés à la fois comme des sujets de droits et comme des sujets de besoins, nécessitant respect et attention. Comment évaluer les activités de care ? C est une question difficile, à laquelle Pascale Molinier, professeure de psychologie sociale, a apporté une très belle réponse : elles sont inestimables. D une part, elles défient la mesure car elles peuvent difficilement être rapportées à des standards, étant toujours singulières, propres à une situation et à des individus particuliers. Il n y a pas de recette miracle à appliquer dans tous les cas pour bien prendre soin de quelqu un. D autre part, elles sont absolument essentielles à la vie et, en ce sens, elles sont sans prix (que l on songe aux personnes qui s occupent de nos petits-enfants ou de nos parents âgés). Je ne suis donc pas sûre qu on puisse les évaluer. Mais on peut faire deux choses. D une part, on peut les valoriser, en mettant en lumière leur importance, en soulignant que nous dépendons tous du care des autres et en montrant qu il n est pas uniquement là où on pense le trouver. Il y a des métiers qui lui sont dévolus, mais il n en est pas où il ne soit pas présent, même ceux qui sont très techniques ou théoriques. D autre part, il faut changer les conditions sociales et organisationnelles des ” activités de care , dont les groupes sociaux privilégiés tendent à transférer la responsabilité sur des personnes subalternes. Les statuts et les conditions de travail de celles et ceux qui assurent la majeure partie de ces activités ne reflètent en rien leur importance pour la collectivité. Dans certains pays, des coalitions de travailleurs de care se sont créées pour renforcer leurs droits. C est d ailleurs un des aspects intéressants du mot. Il permet de réaliser que des problèmes communs se posent à des professions en apparence très différentes : soignants, travailleurs sociaux, éducateurs, professionnels du nettoyage mais aussi femmes au foyer, etc. Ainsi, il peut favoriser la recherche collective de solutions. Mais si l on veut que ces activités aient leur importance reconnue au niveau social et qu elles soient réparties de manière plus égalitaire, on ne peut compter uniquement sur la mobilisation de ceux qui les exercent. Ne serait-ce que parce qu ils ne peuvent pas facilement les suspendre pour se mobiliser. Il suffit de songer à la difficulté qu ont les infirmières à faire grève. Comme le souligne Tronto, il faut commencer par transformer la perception que nous avons de nous-mêmes et réaliser que nous sommes tous vulnérables, dépendants du care des autres. Si nous opérions cette conversion du regard, ce pourrait être le début d une révolution sociale impactant la valorisation et la qualification des métiers du care, et plus largement la place du travail dans nos vies. Mais il y a du chemin à faire ! En France, le livre de Carol Gilligan a été traduit 15 ans après sa parution. Il a ensuite fallu du temps pour que le concept soit compris et accepté. Il nous faut à présent passer à sa dimension opératoire. Propos recueillis par Serge Cannasse journaliste et animateur du site carnetsdesante.fr M. Garrau déclare n’avoir aucun lien d’intérêts. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE - TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !578!_MG966_JNMG-ENT-garrau.indd 579 22/09/2016 16:55 Topiscab 5% Crème ® Perméthrine Traitement de la gale due à l’infestation par Sarcoptes scabiei chez les adultes et les enfants âgés de 2 mois et plus ENFIN LE BOUT DU TUNNEL ! Médicament remboursé à 65% et agréé aux collectivités en date du 01/2015 Prix : 18.44€ (hors honoraires de dispensation) Les mentions légales sont disponibles sur la base de données publique des médicaments (http://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr) COM/2015/010v2 – Septembre 2016 - 15/07/61712553/PM/003 – Conception : agence-berlioz.com 581 Retour sur l’article de Camille Taillé*, paru dans La Revue du Praticien de mars 2011. * Service de pneumologie A, hôpital Bichat-Claude-Bernard, AP-HP, 75877 Paris Cedex 18. [email protected] à La plus fréquente des maladies responsables de complications potentiellement graves au cours de la grossesse (environ 8 % des femmes enceintes sont asthmatiques). à Objectif de la prise en charge : maintenir un contrôle optimal afin d éviter l hypoxie fœtale. à Éviter les arrêts intempestifs des anti-asthmatiques, délétères pour l équilibre de la maladie et l enfant à naître. à Effet de la grossesse sur l’asthme à Pas de modification de l asthme chez environ de corticoïdes oraux à la sortie (contre 64 % des patientes non enceintes) et près de 35 % d entre elles ont une nouvelle exacerbation dans les 15 jours. de l’asthme sur la grossesse à Effet ou le fœtus à Risque accru de : ‒ retard de croissance intra-utérin et de petit poids de naissance (significatif) ; ‒ prématurité, hypertension gravidique, césarienne, hémorragie de la délivrance : suggérés par diverses études. un tiers des femmes, amélioration pour un autre tiers, aggravation dans les autres cas. à Légère hausse du risque de fentes labio-palatines à 20 % des femmes enceintes asthmatiques ont une à Taux de ces complications : d autant plus exacerbation nécessitant une prise en charge médicale, et 6 % sont hospitalisées. à Risque d aggravation lié à la sévérité et/ou au non-contrôle de la maladie avant la grossesse : plus de 50 % des asthmes sévères se dégradent, contre 8 % des formes légères. à Exacerbations plus fréquentes entre 24 et 36 semaines. à Facteurs en jeu : ‒ plus grande susceptibilité des voies aériennes aux infections virales ; ‒ obésité ; ‒ tabagisme ; ‒ changements hormonaux provoqués par la grossesse (les prostaglandines semblent aggraver l asthme ; la progestérone et le cortisol l améliorer) ; ‒ sexe du fœtus. à Souvent liées à un traitement insuffisant : ‒ au premier trimestre, les femmes enceintes réduisent significativement leur consommation de corticoïdes inhalés (23 %) et oraux lors des exacerbations (50 %) ; ‒ corticophobie partagée par les médecins : sur 51 femmes enceintes consultant aux urgences pour exacerbation, seules 38 % avaient une prescription PIQÛRE DE RAPPEL Asthme et grossesse liée à la maladie. important que l asthme est sévère ou incontrôlé, indépendamment de la prise de corticoïdes oraux ou autres facteurs. à En cause : hypoxémie, stress oxydant, anomalies morphologiques du placenta ? à Sous traitement « agressif », visant à limiter les hospitalisations, aucune complication fœtale n a été observée. = > on recommande une prise en charge active en vue d un contrôle optimal (tableau) tout au long de la grossesse, pour limiter les exacerbations et les complications maternofœtales. TABLEAU DÉFINITION DU CONTRÔLE (GINA 2014) Contrôlé Tous les critères Partiellement contrôlé 1-2 critères Non contrôlé 3 critères Symptômes diurnes 2 x/sem 2 x/sem > 2 x/sem Limitation des activités aucune oui oui Symptômes nocturnes aucun présents présents Traitement de secours 2 x/sem 2 x/sem 2 x/sem Sur les 4 dernières semaines SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !581!_MG966_JNMG_PR_Taille.indd 581 22/09/2016 16:44 PIQÛRE DE RAPPEL 582 à Adapter le traitement à La plupart des molécules peuvent être utilisées. En cas de doute, se référer au site du centre de référence sur les agents tératogènes : www.lecrat.org. à Dans l asthme sévère, un avis pneumologique spécialisé est indispensable. à Médicaments : ‒ corticoïdes inhalés +++, mais à la dose minimale nécessaire pour un contrôle acceptable ; ‒ bêta-2 mimétiques, de courte ou de longue durée d action : peuvent être utilisés sans risque ; ‒ montélukast : possible, comme les antihistaminiques de 2e génération ; prudence si allaitement ; ‒ théophylline : peut être poursuivie si elle a montré un bénéfice avant la grossesse. Pas durant l allaitement ; ‒ tiotropium envisageable dans l asthme sévère en l absence d alternative (par le pneumologue) ; ‒ omalizumab : maintien possible si efficace avant la grossesse ; ne pas l interrompre sans avis spécialisé. ‒ comme chez tout asthmatique, changer la posologie ou ajouter d autres médicaments en fonction des symptômes (figure) ; ‒ traiter le reflux gastro-œsophagien et la rhinite, fréquents au cours de la grossesse ; ‒ suivi pneumologique : mesure régulière du DEP ou du VEMS ; ‒ arrêt du tabac : fondamental ; ‒ la grossesse est un temps privilégié pour l éducation thérapeutique. à En cas d exacerbation : ‒ traitement « agressif » (éviter l hypoxémie fœtale) ; ‒ associer corticoïdes systémiques (0,5 mg/kg de prednisone per os pendant 7 jours) et bronchodilatateurs par voie nébulisée ; ‒ pas de bêta-2 mimétiques par voie intraveineuse (risque d œdème pulmonaire) ; ‒ anticholinergiques nébulisés : possibles ; ‒ hydratation et oxygénothérapie +++. ● à Stratégie : ‒ ne pas modifier le traitement de fond si asthme équilibré avant la grossesse ; L’auteur déclare participer ou avoir participé à des interventions ponctuelles pour AstraZeneca, Roche, Novartis, Teva, GSK, Boehringer. ÉV NT E NS PO É AR R UE AL Symptômes Exacerbations Effets secondaires Satisfaction du patient Fonction pulmonaire SURVEILLER L Figure – Paliers thérapeutiques fondés sur le niveau de contrôle (GINA 2016). E AJ U ST EM ER LE TRAIT Diagnostic Contrôle des symptômes et des facteurs de risque Bonne utilisation du dispositif et observance Préférence du patient Traitement de l’asthme Stratégies non pharmacologiques Prise en charge des facteurs de risque PALIER 5 PALIER 4 TRAITEMENT PALIER 1 DE FOND DE CHOIX PALIER 2 CSI faible dose Autres options TRAITEMENT DE SECOURS CSI faible dose Antileucotriènes Théophylline LP faible dose BDCA à la demande PALIER 3 CSI faible dose + BDLA CSI moyenne/ forte dose CSI faible dose + AL ou théoph Ajouter tiotropium ou CSI anti-IgE moyenne/ Avis forte dose spécialisé + BDLA +++ tiotropium CSI forte dose + AL ou théoph Ajouter CSO faible dose BDCA à la demande ou CSI faible dose/formotérol AL : antileucotriènes ; BDCA : bronchodilatateurs de courte durée d’action ; BDLA : bronchodilatateurs de longue durée d’action ; CSI : corticoïdes inhalés ; CSO : corticostéroïdes oraux ; théoph : théophylline. Il est recommandé d'apprécier le contrôle à chaque consultation. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !581!_MG966_JNMG_PR_Taille.indd 582 22/09/2016 16:44 Sanofi Pasteur MSD - SNC au capital de 60 000 000 euros - RCS Lyon B 392 032 934 - FR01286 - 15/10/60956323/PM/008 - FRAN000000761 - Septembre 2015 Ne laissez pas le zona perturber leur vie Une vaccination est désormais possible pour la prévention du zona et des Douleurs Post-Zostériennes (DPZ) Indications thérapeutiques : Zostavax® est indiqué pour la prévention du zona et des douleurs postzostériennes. Zostavax® est indiqué pour la vaccination des sujets de 50 ans et plus. Administration selon les recommandations vaccinales officielles. Seul vaccin indiqué dans la prévention du Zona et des DPZ Avis du Haut Conseil de la santé publique relatif à la vaccination des adultes contre le zona avec le vaccin Zostavax du 25 octobre 2013 : Le Haut Conseil de la santé publique recommande la vaccination contre le zona chez les adultes âgés de 65 à 74 ans révolus avec un schéma vaccinal à une dose. Durant la première année suivant l’inscription du vaccin au calendrier vaccinal, les personnes âgées de 75 à 79 ans révolus pourront être vaccinées dans le cadre d’un rattrapage. Ce vaccin vivant, composé d’une souche virale atténuée du virus varicelle-zona, est contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées. La nécessité d’une dose de rappel n’est actuellement pas connue. Les mentions légales de Zostavax® sont disponibles sur la base de données publiques des médicaments : http://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr Vaccin remboursable 30% sec soc dans le cadre des recommandations vaccinales officielles. Pour les personnes âgées de 75 à 79 ans, le remboursement est assuré jusqu’au 28 février 2017. AP Zostavax 09-2015 210x270 v1.indd 1 07/09/2016 15:40 FMC 584 Maladie de Parkinson : quelle démarche diagnostique ? Le diagnostic est clinique dans la majorité des cas. Jean-Philippe Brandel Unité James Parkinson, Fondation Rothschild, 75019 Paris. [email protected] L a maladie de Parkinson (MP) idiopathique, qui représente deux tiers des syndromes parkinsoniens, est habituellement évoquée lors de l apparition de la triade classique : tremblement, akinésie, hypertonie. SIGNES CLINIQUES Le tremblement inaugure la maladie dans 70 % des cas. Survenant au repos, il est lent, régulier, de fréquence comprise entre 3 et 6 cycles par seconde ; il touche les extrémités et débute souvent aux membres supérieurs (le patient semble « compter sa monnaie, rouler de la mie de pain ou une cigarette »). Il disparaît lors des mouvements volontaires et du sommeil. Unilatéral ou très asymétrique, il respecte en règle générale le cou et le chef, mais il peut toucher le menton ou les lèvres. Il est augmenté par le stress, la fatigue ou les efforts de concentration. Cependant, environ 30 % des parkinsoniens ne tremblent pas. L akinésie (difficulté pour initier le mouvement) s accompagne de bradykinésie (exécution des mouvements ralentie) et d hypokinésie (réduction de leur amplitude). Ces troubles sont constants et peuvent être révélateurs de la maladie. L akinésie peut toucher : ‒ l écriture, qui devient plus difficile, lente et surtout plus petite au fil de la ligne et d une ligne à l autre (micrographie) ; ‒ l expression faciale, moins expressive et figée, avec parfois un regard fixe associé à une diminution du réflexe de clignement ; ‒ la marche, ralentie avec une réduction d amplitude du pas et une perte du ballant passif des bras volontiers asymétrique ; ‒ la parole, qui peut devenir plus monotone et moins bien articulée (rarement en début de maladie). Le malade se plaint d une gêne dans la réalisation des actes de la vie quotidienne avec des difficultés pour : ‒ s habiller (mettre des chaussettes, boutonner un vêtement, enfiler une manche…) ou se déshabiller ; ‒ faire sa toilette (se brosser les dents) ; ‒ s alimenter (manipuler les couverts, couper les aliments…) ; ‒ se retourner dans le lit, sortir d une voiture ou d un siège. L hypertonie lui donne un sentiment de raideur et entraîne une modification de l allure générale en flexion avec une accentuation de la cyphose dorsale et une demi-flexion des membres supérieurs. Ce signe est bien mis en évidence à l examen : rigidité plastique en tuyau de plomb, perceptible lors de la mobilisation passive du membre, qui cède par à-coups (phénomène de la roue dentée). Elle est augmentée par la manœuvre de Froment qui consiste, lors de l examen d un membre, à demander au patient de faire de grands mouvements avec le bras opposé. Elle persiste en décubitus, donnant le signe de l oreiller psychique. L hypertonie est responsable de douleurs, parfois intriquées avec celles d une pathologie rhumatismale des épaules, pouvant être à l origine d une véritable périarthrite scapulohumérale, ou du rachis lombaire, occasionnant des lombalgies ou des sciatalgies. Les éléments en faveur du diagnostic d une MP idiopathique ont été définis par l UKPDSBB1 (encadré 1). DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS Tremblement essentiel Parfois difficile à différencier d une MP débutante, il a les caractéristiques suivantes : ‒ il disparaît au repos, touche l extrémité distale des membres supérieurs mais aussi parfois la tête et la voix qui devient chevrotante ; ‒ il est volontiers bilatéral ; ‒ il existe souvent des antécédents familiaux. En cas de doute, une scintigraphie au DaT-Scan est préconisée (figure). 1. Éléments en faveur d’une MP • Début unilatéral ou en tout cas asymétrique, avec persistance de cette asymétrie au cours de l’évolution. • Tremblement de repos. • Évolution progressive. • Amélioration significative par les traitements dopaminergiques et en particulier la lévodopa. • Émergence de dyskinésies induites par la lévodopa. • Maintien d’une sensibilité au médicament pendant 5 ans au moins. • Durée d’évolution > 10 ans. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE - TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !584!_MG966_JNMG_FMC-Brandel verso.indd 584 22/09/2016 16:57 FM C A A 585 B B Figure‒ DaT-Scan. A : scintigraphie normale : fixation bilatérale et symétrique du traceur sur les striata. B : maladie de Parkinson : hypofixation du traceur plus marquée sur le striatum gauche. Syndromes parkinsoniens secondaires Devant des signes atypiques, il faut évoquer un syndrome parkinsonien secondaire ou lié à une autre maladie neurodégénérative. L imagerie cérébrale aide au diagnostic (encadré 2). Il faut d abord rechercher une cause iatrogène, notamment la prise de neuroleptiques typiques tels que fluphénazine, halopéridol, chlorpromazine… ou atypiques (amisulpride, olanzapine, rispéridone), de certains antiémétiques (métopimazine et métoclopramide) ou antivertigineux (flunarizine). Toutes ces molécules bloquent les récepteurs dopaminergiques. D autres médicaments sont incriminés : diltiazem, lithium, valproate de sodium… Si possible, il faut arrêter le traitement en sachant qu une éventuelle amélioration peut prendre souvent plusieurs mois. Certains toxiques peuvent être en cause : métaux lourds (mercure, plomb, cadmium), manganèse, solvants organiques, pesticides (chez les agriculteurs, la MP est reconnue comme maladie professionnelle). En dernier lieu, une origine métabolique ou post-infectieuse peut être évoquée et, chez un patient jeune, une étiologie génétique (maladie de Wilson). Syndromes parkinsoniens liés à une autre maladie dégénérative Les syndromes parkinsoniens « plus » ou « atypiques » incluent la paralysie supranucléaire progressive (PSP), la dégénérescence cortico-basale (DCB), l atrophie multisystématisée de forme parkinsonienne (MSA-P) et la démence à corps de Lewy (DCL). Ces maladies doivent être suspectées en cas d apparition, dès le début de la maladie ou au cours de l évolution, de signes inhabituels qualifiés de « drapeaux rouges » (encadrés 3 et 4). L IRM peut aider au diagnostic : atrophie pariétale pour une DCB, atrophie mésencéphalique avec signe du colibri (amincissement du tectum et de la région péri-aqueducale) pour une PSP, hyposignal putaminal ou hypersignal en croix de la protubérance en cas de MSA. DIAGNOSTIC PRÉCOCE : QUEL INTÉRÊT ? Actuellement, le diagnostic de la MP est fait lors de l apparition des symptômes moteurs. Un dépistage plus précoce n est pas encore réalisé en routine bien que des signes prémoteurs soient identifiés. L anosmie touche plus de 90 % des parkinsoniens, mais ces derniers s en plaignent rarement spontanément. Ce signe, peu recherché en pratique courante, est mis en évidence au moyen d un test de reconnaissance de 40 odeurs (UPSIT, University of Pennsylvania Smell Identification Test). 2. Imagerie cérébrale : quel apport ? Le scanner ou l’IRM cérébrale peut révéler : – des lésions vasculaires diffuses qui sont le plus souvent responsables d’un tableau clinique de « lower limb parkinsonism » avec un syndrome parkinsonien plus net aux membres inférieurs, à l’origine de troubles de la marche et de l’équilibre précoces ; – une dilatation ventriculaire en faveur du diagnostic d’hydrocéphalie à pression normale, les signes parkinsoniens pouvant alors s’améliorer après ponction lombaire évacuatrice ou dérivation ventriculo-péritonéale ou atriale ; – plus rarement, une tumeur, un hématome sousdural ou des séquelles de traumatisme ; – des signes en faveur d’un autre syndrome parkinsonien. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE - TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !584!_MG966_JNMG_FMC-Brandel verso.indd 585 22/09/2016 16:57 FMC L auteur déclare participer ou avoir participé à des interventions ponctuelles pour Aguettant, Novartis, Lundbeck, Teva et UCB, et avoir été pris en charge lors de congrès par Novartis, Lundbeck et Teva. 586 La constipation, liée à une perte dopaminergique centrale et périphérique, est très fréquente, mais elle est très peu spécifique. La dépression n est pas rare avant ou au tout début de la phase motrice ; en effet, outre l atteinte dopaminergique, les systèmes noradrénergiques et sérotoninergiques sont touchés. Enfin, les troubles du comportement en sommeil paradoxal (TCSP) peuvent se manifester plusieurs années avant l apparition de la maladie. Une étude récente a montré, à partir du suivi de 174 patients ayant de tels troubles, que le risque de développer une synucléinopathie (maladie de Parkinson et DCL plus souvent que MSA) est de 33,1 % à 5 ans, 75,7 % à 10 ans et 90,9 % à 14 ans.3 Certains arguments comme l hyperéchogénicité de la substance noire à l échographie, la dénervation dopaminergique au DaT-Scan, l irrégularité de la substance noire sur l IRM 7 teslas sont en faveur du risque d apparition de la MP au stade prémoteur ou préclinique. Ces examens sont surtout utilisés en recherche. Enfin, des marqueurs biologiques sont en cours de développement. Toutefois, l absence de neuroprotecteurs pouvant empêcher l apparition et le développement de la maladie fait que le dépistage au stade prémoteur n est pas justifié. Un seul médicament, la rasagiline, semble en ralentir le cours évolutif, sans avoir toutefois d action neuroprotectrice prouvée. Il est souvent utilisé dès le début de la phase motrice.4 COMMENT ANNONCER LA MALADIE ? La représentation que les patients ont de la MP est différente de celle des médecins : pour les premiers, il s agit d une maladie de la sénescence « entraînant un tremblement et pouvant conduire à la paralysie » ; pour le neurologue, elle est certes invalidante mais accessible à un traitement symptomatique efficace et bien connu depuis plusieurs années. Pour cela, les annonces sont parfois trop brutales et mal comprises. Il faut essayer, par l interrogatoire, d évaluer si le patient se doute ou non du diagnostic et si quelqu un l a déjà évoqué devant lui. Lors de l examen, il est utile de décrire chaque étape et le résultat obtenu : « Il y a de la raideur, les gestes sont plus lents de ce côté, vous tremblez surtout au repos ». Ainsi, le patient peut prendre conscience, petit à petit, de ses troubles. Il est important de nommer la maladie clairement, de ne pas laisser le sujet dans le doute, source d angoisse. c L’essentiel ■ Le diagnostic est avant tout clinique, fondé sur l’examen et sur la réponse au traitement dopaminergique. ■ En cas de doute, orienter le patient vers un expert de la maladie de Parkinson. ■ Le DaT-Scan, très coûteux, doit rester exceptionnel (pour distinguer la MP d’un tremblement essentiel ou si suspicion d’une démence à corps de Lewy). ■ Le scanner ou l’IRM cérébral est indiqué en cas de signes atypiques. 3. Drapeaux rouges évoquant une autre maladie neurodégénérative • Signes apparaissant trop tôt dans l’évolution habituelle d’une MP : instabilité posturale, chutes, dysarthrie ou dysphagie, syndrome pseudobulbaire, dysautonomie sévère, détérioration intellectuelle. • Symptômes inhabituels : signes cérébelleux ou pyramidaux, troubles sensitifs, apraxie, phénomène de la main étrangère (un membre semble avoir sa propre volonté, et parfois nuit activement aux mouvements planifiés), troubles de l’oculomotricité. • Progression rapide, absence de réponse prolongée à la lévodopa ou perte rapide de la marche ou de la station debout. 4. Formes atypiques • Dans la PSP, le syndrome parkinsonien est surtout axial avec chutes précoces, syndrome souscortico-frontal et paralysie ou parésie oculomotrice dominant sur la verticalité. • Dans la DCB, il est très asymétrique et s’accompagne d’une apraxie. • Dans la DCL, l’atteinte intellectuelle fluctuante avec hallucinations peut apparaître avant les signes moteurs ou dans les premières années d’évolution. • Dans la MSA-P, un syndrome cérébelleux peut être associé ; il existe une dysautonomie précoce et sévère se manifestant par une hypotension orthostatique et des troubles urinaires ou sexuels. Il faut prendre le temps, lui demander s il a des questions. Les réponses apportées doivent être courtes et précises. Il ne faut pas hésiter à reformuler. En raison de la sidération déclenchée par l annonce, on propose au malade de faire une mise au point dans les jours ou les semaines suivant(e)s, soit en prenant rendez-vous pour une deuxième consultation, soit en donnant les coordonnées d une association de patients. Il est possible aussi de l orienter vers un centre expert où commencent à se développer des « consultations d annonce ». ● Références 1. Hughes AJ, Daniel SE, Kilford L, Lees AJ. Accuracy of clinical diagnosis of idiopathic Parkinson’s disease: a clinico-pathological study of 100 cases. J Neurol Neurosurg Psychiatry 1992;55:181-4. 2. Doty RL, Bromley SM, Stern MB. Olfactory testing as an aid in the diagnosis of Parkinson’s disease: development of optimal discrimination criteria. Neurodegeneration 1995;4:93-7. 3. Iranzo A, Fernández-Arcos A, Tolosa E, et al. Neurodegenerative disorder risk in idiopathic REM sleep behavior disorder: study in 174 patients. PLoS One 2014;9:e89741. 4. Olanow CW, Hauser RA, Jankovic J, et al. A randomized, doubleblind, placebo-controlled, delayed start study to assess rasagiline as a disease modifying therapy in Parkinson’s disease (the ADAGIO study): rationale, design, and baseline characteristics. Mov Disord 2008;23: 2194-201. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE - TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !584!_MG966_JNMG_FMC-Brandel verso.indd 586 22/09/2016 16:57 ESSAYEZ DE DEVINER QUEL EST LE PROFIL COMPORTEMENTAL DE CHACUN DE CES PATIENTS. 1 2 3 4 A-LE CRITIQUE C-LE SENSIBLE B-L’ANXIEUX D-L’IMPULSIF « MIEUX OBSERVER VOS PATIENTS POUR UNE MEILLEURE OBSERVANCE. » Symposium animé par Jean-Luc Kastner, expert en communication certifié Herrmann. PO5289 - 08/16 Inscrivez-vous vite aux Journées Nationales de Médecine Générale le 30 septembre 2016. www.jnmg.org CHAQUE JOUR, AGIR POUR LA SANTÉ. 9838_AP_210x270_JNMG_BIOGARAN_08-2016.indd 1 31/08/2016 12:39 FOCUS 588 Nouvelles thérapies du psoriasis C’est la pathologie inflammatoire cutanée qui bénéficie le plus des progrès de l’immunothérapie. Édouard Begon Service de dermatologie, hôpital de Pontoise, 95300 Pontoise ; association ResoPso. Q uatre biothérapies ont déjà l AMM : trois anti-TNF (étanercept, Enbrel ; adalimumab, Humira ; infliximab, Remicade) et un Ac monoclonal antiIL12/23 (ustékinumab, Stelara). La machinerie de l inflammation, complexe, implique de nombreuses cytokines et des agents transcriptionnels. De nouvelles molécules ciblant ces voies, notamment la cytokine IL17 et la phosphodiestérase 4, ont été développées et sont déjà disponibles. Ces immunomodulateurs viennent compléter l arsenal thérapeutique du psoriasis et du rhumatisme psoriasique. AC monoclonaux anti-IL17 Les interleukines IL17 activent la prolifération kératinocytaire et induisent la sécrétion d autres cytokines pro-inflammatoires tel le TNF. Les cytokines IL17A et IL17F sont produites par les lymphocytes Th-17. Les Ac monoclonaux ciblant l IL17 sont 3 molécules d administration sous-cutanée selon un rythme bimensuel à mensuel : le sécukinumab (Cosentyx) et l ixekizumab (Taltz) ciblent spécifiquement l IL17A, tandis que le brodalumab est dirigé contre l IL17RA. Toutes ces molécules sont délivrées en ambulatoire en seringues préconditionnées. Efficacité Pour le psoriasis modéré à sévère, les antiIL17 sont supérieurs en capacité de blanchiment à toutes les molécules existantes. En ne prenant en compte que l objectif thérapeutique le plus exigeant (quasi-blanchiment ou score PASI 90), les résultats à la 12e semaine sont respectivement de 70 % pour le sécukinumab,1 71 % pour l ixekizumab2 et 75 % pour le brodalumab. Environ 4 patients sur 5 atteignent le PASI 75 (nette amélioration). La réponse est rapide : dès le premier mois. Le brodalumab permet un blanchiment (ou quasi) chez un tiers des patients (38 %) dès la 2e semaine. Cette efficacité est donc supérieure à celle des anti-TNF et anti-IL12/23, gain prouvé par plusieurs études comparant les molécules face à face dans un même essai randomisé.1 Tous les anti-IL17 ont montré une efficacité assez proche de celle des anti-TNF dans le rhumatisme psoriasique et la spondylarthropathie. Tolérance Elle a été évaluée chez plusieurs milliers de patients versus placebo dans des études randomisées prospectives. Des données à long terme (2 à 3 ans) ont été publiées. Elle est globalement satisfaisante, et le nombre d effets secondaires majeurs est similaire à celui du placebo dans la période comparative. Mais les patients concernés ont moins de comorbidités que ceux traités « en vie réelle ». Le recul est bien plus faible que pour les anti-TNF utilisés depuis plus de 15 ans. Aucun cas d infection opportuniste sévère ni de tuberculose n a été détecté. Les IL17 sont impliquées dans l immunité anti-Candida. Il a été observé une incidence discrètement supérieure d infections candidosiques non sévères orales mais aussi parfois œsophagiennes avec tous les anti-IL17. Les espoirs des gastroentérologues ont été déçus. Les anti-IL17 sont non seulement inefficaces dans la maladie de Crohn (MC) mais tendent à l aggraver. Une MC connue est logiquement une contre-indication. Quelques cas d induction de MC parfois sévères (moins de 2 patients pour 1 000 patients année-traitement) ont été observés avec le sécukinumab. Cet effet inattendu pourrait reposer sur la modification du microbiote intestinal induit par les anti-IL17 dans la MC.3 Sur le plan hématologique, des neutropénies réversibles ont été signalées avec tous les anti-IL17. Plusieurs travaux suggèrent que l IL17 stabilise la plaque athéromateuse, notamment en réduisant l activation endothéliale et plus spécifiquement l expression de VCAM-1, molécule importante pour le recrutement des cellules inflammatoires dans la paroi vasculaire. Dans toutes les études randomisées, aucun signal d alerte fort concernant le risque ischémique n est observé sous anti-IL17. La prudence reste de mise chez des patients aux facteurs de risque cardiovasculaire non contrôlés. Ces biothérapies marquent une évolution mais non une révolution. Elles renforcent notre capacité à améliorer des patients sévères, réfractaires à plusieurs lignes thérapeutiques et/ou nécessitant un traitement rapidement efficace. Immunomodulateurs oraux Deux ont été développés dans le psoriasis ainsi que dans le rhumatisme psoriasique : un inhibiteur de phosphodiestérase 4, l aprémilast ou Otezla et une molécule inhibant la voie des JAK kinases, le tofacitinib ou Xeljanz. Ces petites molécules de synthèse inhibent des messagers de la transcription cellulaire impliqués dans la promotion de l inflammation. Efficacité L aprémilast a été évalué dans le psoriasis en plaques à la posologie de 30 mg x 2/j au cours de 2 études de phase III versus placebo ayant inclus au total 1 257 patients (ESTEEM 1 et 2).4 Une réponse PASI 75 (nette amélioration) est observée chez 28-33 % des patients avec un quasi-blanchiment/blanchiment obtenu chez 20 % à la semaine 16. Son efficacité est donc similaire à celle de l acitrétine et inférieure au méthotrexate et biologiques. Il est un peu moins efficace notamment que l étanercept (Enbrel) prescrit à la posologie de 50 mg/semaine dans un essai comparatif. Le tofacitinib a une efficacité similaire à celle des biothérapies actuelles avec deux tiers des patients atteignant l objectif PASI 75 à S12 et un tiers quasi-blanchi à blanchi. Ces deux molécules sont efficaces dans le rhumatisme psoriasique. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !588!_MG966-JNMG-FOC_begon.indd 588 22/09/2016 16:57 FOCUS cÀ 589 retenir ■ Les nouvelles biothérapies anti-IL17 ont une nette efficacité dans le psoriasis cutané et le rhumatisme psoriasique. ■ Elles sont supérieures en capacité de blanchiment à toutes les molécules existantes pour le psoriasis modéré à sévère, mais sont inefficaces dans la maladie de Crohn (qu’elles peuvent aggraver, voire induire). ■ L’immunomodulateur oral Otezla inhibant la phosphodiestérase 4 est efficace dans le psoriasis cutané et le rhumatisme psoriasique. ■ Cosentyx (anti-IL17) est commercialisé depuis juillet 2016 et Otezla le sera à l’automne 2016. Tolérance AMM et commercialisation Cosentyx a obtenu son AMM française dans le psoriasis en plaques modéré à sévère chez les adultes candidats à un traitement systémique en cas d échec, de contre-indication ou d intolérance à au moins deux thérapies conventionnelles parmi le méthotrexate, la ciclosporine, la photothérapie ou l acitrétine. La dose recommandée est de 300 mg (soit 2 injections SC de 150 mg en stylo ou seringue préremplie car seule cette formulation posologique existe actuellement) à J0, S1, S2, S3, S4 puis toutes les 4 semaines. L AMM est donc légèrement et subtilement différente de celle des autres biothérapies actuelles. En y intégrant l acitrétine (Soriatane) ‒ qui n y figurait pas jusqu à présent ‒ le législateur donne la possibilité d utiliser Cosentyx directement en première ligne dans le psoriasis modéré à sévère de l adulte en échec/intolérance de photothérapie et acitrétine, et ce sans passer par d autres immunomodulateurs conventionnels tel le méthotrexate. Le médicament est disponible en officine depuis juillet 2016 au prix de 1 139,74 euros pour 300 mg. Otezla est indiqué depuis 2015 dans le psoriasis en plaques modéré à sévère en échec, intolérance ou contre-indication aux autres traitements systémiques conventionnels dont la ciclosporine, le méthotrexate ou la puvathérapie. Fait important, il peut être initié directement par tout dermatologue en ville et n est donc pas soumis à une prescription initiale hospitalière comme les biothérapies. La HAS insiste sur le fait que « bien qu ayant une efficacité modeste et du fait de sa bonne tolérance, Otezla peut être utile pour retarder la mise sous traitement par biothérapie ». Il devrait être commercialisé cet automne. Son prix est en attente. Autre Des médicaments réservés au psoriasis et au rhumatisme psoriasique Les biologiques ciblant les cytokines TNF et IL12/23 sont actifs dans 3 grands groupes de maladies inflammatoires que sont le psoriasis, les rhumatismes inflammatoires et les colites inflammatoires (MICI). Ce pléomorphisme d’action n’est pas celui des anti-IL17 qui peuvent induire ou aggraver une maladie de Crohn et sont décevants dans la polyarthrite rhumatoïde. L’aprémilast n’est pas actif dans la polyarthrite rhumatoïde, à la différence du tofacitinib. Des études en cours évaluent l’efficacité des immunomodulateurs de synthèse dans la MC et la rectocolite hémorragique. AMM : rhumatisme psoriasique actif chez l adulte ayant eu une réponse insuffisante ou une intolérance à un traitement de fond antérieur, en association avec un traitement de fond rhumatismal, lorsqu une biothérapie n est pas envisagée. Autre anti-IL17, Taltz a été approuvé par l Agence européenne du médicament. Avec le brodalumab, dans les études de phase III, ont été constatés quelques cas d idées suicidaires et même de suicide. Cette alerte de tolérance, nouvelle et inattendue, dans l environnement très concurrentiel des biothérapies freine logiquement son développement. Vers une nouvelle ère 2016 a vu l arrivée de 2 nouvelles thérapeutiques. L une, Cosentyx, rapidement efficace est supérieure en gain de blanchiment aux biothérapies existantes. L autre, Otezla, davantage destinée aux psoriasis légers/ modérés dont l originalité est la dispensation orale, la mise à disposition directe en dermatologie de ville et la bonne tolérance. Déjà le mélanome et l urticaire chronique, bientôt la dermatite atopique sévère et ‒ on peut l espérer un jour ‒ le vitiligo ont ou auront leur biologique. S ouvre une nouvelle ère thérapeutique fondée sur la connaissance physiopathologique précise des pathologies cutanées. ● Références 1. Thaçi D, Blauvelt A, Reich K, et al. Secukinumab is superior to ustekinumab in clearing skin of subjects with moderate to severe plaque psoriasis: CLEAR, a randomized controlled trial. J Am Acad Dermatol 2015;73:400-9. 2. Leonardi C, Matheson R, Zachariae C, et al. Anti-interleukin-17 monoclonal antibody ixekizumab in chronic plaque psoriasis. N Engl J Med 2012;366:1190-9. 3. Kaser A. Not all monoclonals are created equal - lessons from failed drug trials in Crohn’s disease. Best Pract Res Clin Gastroenterol 2014; 28:437-49. 4. Paul C, Cather J, Gooderham M, et al. Efficacy and safety of apremilast, an oral phosphodiesterase 4 inhibitor, in patients with moderate-tosevere plaque psoriasis over 52 weeks: a phase III, randomized controlled trial (ESTEEM 2). Br J Dermatol 2015 ;173:1387-99. L’auteur déclare participer ou avoir participé à des interventions ponctuelles pour Pfizer, AbbVie, Janssen, Novartis et avoir été pris en charge lors de congrès par ces mêmes entreprises. D efficacité modeste, l aprémilast se distingue par une excellente tolérance, l absence de toxicité d organe, de complications infectieuses ou d anomalie biologique. Cette molécule est commercialisée aux États-Unis, en Italie et en Allemagne, et 100 000 patients environ ont déjà été traités sans nouveau signal d alerte concernant sa sécurité. La principale complication est digestive (diarrhée/nausées). Des céphalées surviennent généralement en début de traitement dans 15 % des cas. Une perte de poids est également rapportée chez 15 % des patients. Aucune investigation préthérapeutique ni surveillance biologique ne sont nécessaires. Dans l arsenal thérapeutique, il est donc positionné en amont des biologiques. Avec le tofacitinib, une incidence accrue de réactivation des virus du groupe Herpes est notée. Du fait d incertitudes sur sa sécurité d emploi (risque infectieux notamment), l AMM dans le psoriasis n a pour l instant pas été approuvée par les autorités sanitaires américaines et européennes. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !588!_MG966-JNMG-FOC_begon.indd 589 22/09/2016 16:57 FOCUS 590 Transplantation de microbiote fécal À ce jour, sa seule indication est l’infection à Clostridium difficile multirécidivante. Tatiana Galpérine Service des maladies infectieuses, CHU, 59000 Lille ; Groupe français de transplantation de microbiote fécal. [email protected] L e microbiote intestinal, anciennement flore digestive, est constitué par des milliards de micro-organismes (bactéries, virus, levures, parasites, archéobactéries...) non pathogènes qui colonisent le tube digestif. Il s agit d un écosystème complexe, spécifique à chaque individu. Son altération quantitative et/ou qualitative et fonctionnelle, appelée dysbiose, a été observée dans certaines situations pathologiques (maladies digestives notamment). La transplantation de microbiote fécal (TMF) consiste à transférer des selles d un donneur sain dans le tube digestif d un patient receveur pour rééquilibrer sa flore intestinale. Contexte règlementaire en France Le microbiote intestinal n a pas de statut juridique en droit français. En mars 2014, l Ansm a retenu celui de médicament. Cela implique que la préparation des selles doit être effectuée sous la responsabilité d une pharmacie à usage intérieur (PUI) d un établissement de santé. Le texte de L Ansm précise uniquement les modalités de réalisation pour la recherche clinique. En ce qui concerne les soins courants, le Groupe français de transplantation de microbiote fécal (GFTF) a été créé en octobre 2014, pour harmoniser, sécuriser et évaluer les pratiques (http://www.gftf.fr).1 Quelles indications ? Selon les dernières recommandations européennes, la TMF est officiellement considérée comme la seule option thérapeutique de grade A-I (meilleur niveau de preuve scientifique, forte recommandation) en cas d infection à Clostridium difficile (ICD) multirécidivante.2 En effet, une étude randomisée récente a montré un taux de guérison de 94 % chez les sujets ayant reçu 1 ou 2 TMF versus 31 % dans le groupe traité par vancomycine seule.3 La TMF peut dont être proposée à tout patient atteint d ICD multirécidivante après confirmation diagnostique (au moins trois épisodes, encadré 1), à visée préventive. Pour les autres indications, la TMF demeure expérimentale et doit s effectuer dans le strict respect des règles de la recherche clinique. De nombreux essais sont en cours dans les maladies inflammatoires chroniques intestinales, l obésité, le diabète. Modalités Donner ses selles : pas si simple Le donneur peut être soit un membre de la famille ou de l entourage (donneur dirigé), soit un volontaire anonyme bénéficiant d une prise en charge par la Sécurité sociale. Il doit dans un premier temps répondre à un questionnaire de présélection. L encadré 2 résume les caractéristiques idéales d un donneur. En l absence de critères de non-sélection, il doit effectuer un examen clinique et un bilan de dépistage biologique (non consensuel) par prélèvement sanguin et fécal (encadré 3). En recevoir : quelles conditions ? Une antibiothérapie préalable active sur Clostridium difficile est indispensable chez le malade receveur (par exemple vancomycine pendant 4-7 jours arrêtée avant la TMF). La veille de la transplantation, on administre 4 L d une solution de préparation colique à base de macrogol (pratique non consensuelle). La TMF est faite sous contrôle médical, après signature d un consentement éclairé lors d une hospitalisation conventionnelle ou en ambulatoire. Plusieurs voies d administration possibles : par sonde naso-duodénale ou gastrique, par lavement (nécessitant un contrôle sphinctérien) ou coloscopie. Une forme par voie orale (gélules ou lyophilisats) est actuellement en cours d étude. À ce jour, il n y a pas de supériorité démontrée d une voie par rapport à une autre. 1. Infections à Clostridium difficile C. difficile est une bactérie anaérobie, sporulée et toxinogène, responsable de 20-25 % des diarrhées associées à l’antibiothérapie, de 10 % des diarrhées liées aux soins, et des colites pseudomembraneuses. Les récidives sont fréquentes (25 % après un 1er épisode, 40 % à partir du 2e). Elles sont définies par la réapparition de la symptomatologie clinique dans les 8 semaines (diarrhée avec au moins 3 selles liquides/j) en l’absence d’une autre étiologie expliquant les troubles digestifs (prise médicamenteuse, autres infections…). On parle de récidives multiples à partir de la 2e récidive (et donc du 3e épisode). Le diagnostic est confirmé par un test microbiologique (une colite pseudomembraneuse est recherchée à l’examen endoscopique seulement en cas de doute diagnostique). SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !590!_MG966-JNMG-FOC_Galperine v2.indd 590 22/09/2016 16:58 FOCUS 591 c L’essentiel ■ La TMF est considérée comme un médicament en France. ■ Sa seule indication en 2016 est l’infection à Clostridium difficile multirécidivante. ■ À ce jour, il n’y a pas de contre-indication à sa réalisation. ■ Les effets à long terme sont mal connus. 2. Donneur « idéal » 3. Bilan biologique non consensuel chez les donneurs • Âge : 18-65 ans. • IMC < 30. • Absence de : – pathologies chroniques ; – traitement curatif au long cours ; – séjour à l’étranger dans les 3 mois précédant le don ; – hospitalisation à l’étranger dans les 12 mois précédant le don. • Aspect macroscopique normal des selles. • Dépistage négatif d’agents infectieux (encadré 3). Prélèvement sanguin : • NFP ; • CRP ; • ionogramme sanguin, urée, créatinine, glycémie à jeun ; • ASAT, ALAT, GGT, phosphatases alcalines, bilirubine ; • bilan de coagulation : TP, TCA, fibrinogène ; • sérologies : TPHA-VDRL, VIH, HTLV, CMV et hépatites A, B, C et E ; • si consommation de gibier : sérologie Trichinella ; • si séjour en zone à risque : sérologie Strongyloides stercoralis/ amibiase. Transplantation Afin de faciliter leur administration, les selles (au minimum 50 g) sont diluées dans du chlorure de sodium (NaCl) 0,9 % puis filtrées. Selon la voie utilisée, la suspension de microbiote fécal peut être conditionnée en seringue (administration par voie haute : sonde naso-duodénale ou naso-jéjunale ; par voie basse : coloscope) ou en poche à lavement (par voie basse). Une traçabilité est nécessaire. Si le transfert ne peut pas être réalisé dans l immédiat (dans les 6 heures après l émission des selles), la préparation peut être conservée jusqu à 6 mois à ‒ 80 ° C sans modification de son efficacité thérapeutique. Risques À ce jour, les effets indésirables observés à la suite d une TMF sont mineurs. Il s agit essentiellement de diarrhée, constipation, ballonnements, voire de douleurs abdominales apparaissant dans les heures suivant la transplantation et ne durant pas plus de 48 heures. Des épisodes infectieux sans gravité notamment à norovirus ont été rapportés, mais le lien de causalité avec la TMF est incertain.4 À ces effets directement Sur prélèvements de selles : • coproculture standard avec détection de Salmonella, Shigella, Yersinia, Campylobacter + recherche de Clostridium difficile ; • examen parasitologique sur 3 échantillons différents : – incluant les recherches spécifiques de Cyclospora, Entamoeba histolytica, Strongyloides, Isospora, Giardia intestinalis et microsporidies ; – si patient immunodéprimé : Cryptosporidium sp ; – si séjour en zone d’endémie : PCR Entamoeba histolytica ; • examen virologique des selles : – norovirus ; – rotavirus (ce dernier uniquement si le donneur a moins de 8 ans) ; • -identification de bactéries multirésistantes par écouvillon sur échantillon de selles : – entérobactéries productrices de bêtalactamases à spectre élargi ; – entérobactéries productrices de carbapénémase ; – entérocoques résistants aux glycopeptides. imputables à la transplantation, il faut ajouter ceux liés au mode d administration (sonde naso-gastrique ou coloscopie). Les éventuelles complications à long terme ne sont pas connues, mais un registre français est en cours de création par le GFTF. ● Ré fé re nce s 1. Sokol H, Galperine T, Kapel N, et al.; Groupe français de transplantation fécale. Transplantation de microbiote fécal dans le cadre des infections à Clostridium difficile récidivantes : recommandations pour la pratique courante. Hepato-Gastro & Oncologie Digestive 2015;22: 278-90. 2. Debast SB, Bauer MP, Kuijper EJ; European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases. European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases: update of the treatment guidance document for Clostridium difficile infection. Clin Microbiol Infect 2014;20 (Suppl 2):1-26. 3. van Nood E, Vrieze A, Nieuwdorp M, et al. Duodenal infusion of donor feces for recurrent Clostridium difficile. N Engl J Med 2013;368:407-15. 4. Schwartz M, Gluck M, Koon S. Norovirus gastroenteritis after fecal microbiota transplantation for treatment of Clostridium difficile infection despite asymptomatic donors and lack of sick contacts. Am J Gastroenterol 2013;108:1367-7. Pou r e n s avoi r plu s – Pariente A. Microbiote et système digestif. Rev Prat Med Gen 2015;29:248-9. – Tattevin P. Ce qui est nouveau en... infectiologie. Rev Prat 2015;65:1296-7. T. Galpérine déclare participer ou avoir participé à des interventions ponctuelles pour MSD, Astellas, AstraZeneca et avoir été prise en charge lors de congrès par ces mêmes entreprises. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !590!_MG966-JNMG-FOC_Galperine v2.indd 591 22/09/2016 16:58 FOCUS 592 Dégénérescence maculaire liée à l’âge C’est la première cause de cécité chez le sujet de plus de 65 ans dans les pays occidentaux.1 Pierre-Raphaël Rothschild Service d’ophtalmologie, maladies et chirurgie de la rétine, Hôtel-Dieu, AP-HP, 75004 Paris. [email protected] L a dégénérescence maculaire liée à l âge (DMLA) est caractérisée par des signes spécifiques au fond d œil : les drusens (petits cailloux en allemand), dus à une accumulation de matériel protéique et lipidique sous la rétine (fig. 1), et par des modifications de la pigmentation de celle-ci, liées à l altération de l épithélium pigmentaire (fig. 2). Les stades précoces de la maladie ne s accompagnent pas de baisse de l acuité visuelle (BAV) ; plus tardivement, l atrophie de la macula (forme atrophique ou sèche) ou l apparition de néovaisseaux choroïdiens (forme néovasculaire ou exsudative) sont responsables d une BAV. Physiopathologie Elle n est pas encore parfaitement comprise. Les lésions touchent la rétine externe, et notamment (de l extérieur vers l intérieur du globe oculaire) : ‒ la choriocapillaire : réseau vasculaire très dense sous l épithélium pigmentaire et appartenant à la couche choroïde (dont dépendent les apports en nutriments et en oxygène de la rétine externe) ; ‒ l épithélium pigmentaire rétinien (EPR) ; ‒ les photorécepteurs, notamment leur partie externe, siège de la phototransduction. Dans la DMLA, une accumulation de matériel protéique et lipidique hydrophobe (drusens ; fig. 3) entre la choriocapillaire et les photorécepteurs d une part perturberait le support nutritif de ces derniers conduisant à leur dégénérescence ainsi qu à celle de l EPR (forme atrophique) ; d autre part, elle diminuerait leur apport en oxygène, générant une ischémie et donc une production de facteurs de croissance pro-angiogéniques dont le VEGF, responsable à son tour du développement de néovaisseaux choroïdiens (NVC), dans la DMLA néovasculaire. Signes exsudatifs : liquide entre la choroïde et l EPR (décollement de l épithélium pigmentaire) puis entre la rétine neurosensorielle et l EPR (décollement séreux rétinien) ou au sein de la rétine elle-même en cas de forme avancée (œdème intrarétinien, fig. 4). Facteurs de risque reconnus : âge, hérédité, tabagisme.2 Le rôle de l alimentation et de l exposition à la lumière a été évoqué mais reste controversé. Clinique et bilan Les phases précoces sont asymptomatiques. Les formes atrophiques causent une BAV lentement progressive, avec apparition d un scotome central (tache noire au centre du champ visuel). Les formes néovasculaires sont responsables d une BAV brutale avec scotome central et déformation des images (métamorphopsie). Les signes cliniques sont analysés lors de l’examen du fond d’œil (FO) au biomicroscope ou grâce aux photographies du FO. On recherche des drusens (fig. 1), des hypo- ou hyperpigmentations (fig. 2), une atrophie pouvant être en carte de géographie et atteindre le centre de la macula dans les stades avancés, ou encore des signes de NVC, visibles sous la forme d une plage grisâtre avec hémorragies et/ou exsudats. Selon les lésions ainsi que leur taille, nombre, extension en surface ou localisation, on peut classer la maladie en différents stades.3 L’imagerie rétinienne permet d’identifier encore mieux les différentes formes cliniques, grâce à l OCT (Optical Coherence Tomography, fig. 3) et parfois l angiographie. Cette dernière a longtemps été la seule technique capable de déceler les néovaisseaux directement, jusqu au développement très récent de l OCT-angiographie, qui ne requiert plus d injection de colorant par voie intraveineuse. Prise en charge Dans les stades précoces, le contrôle des facteurs de risque modifiables est primordial : arrêt du tabagisme essentiellement ; éventuellement, photoprotection et régime alimentaire équilibré. L intérêt des compléments alimentaires (vitamines, anti-oxydants, minéraux) a été mis en évidence en prévention (secondaire) de la progression de la maladie dès le stade modéré dans une grande étude randomisée.4 Cependant dans ce travail, de fortes doses dépassant de plusieurs fois les apports journaliers recommandés étaient utilisées. Par exemple, la quantité de bêtacarotène administrée était 10 fois supérieure à celle préconisée. Or, d autres études, chez le fumeur notamment, ont mis en évidence une association entre sa consommation et le cancer pulmonaire. Par ailleurs, aucun des produits testés n est commercialisé en France. Seules des spécialités contenant tout ou partie des principes actifs à des doses moindres sont disponibles. Ainsi, pour le moment, il n existe pas de haut niveau de preuve de leur efficacité préventive. L’éducation du patient est indispensable dès le stade modéré. Il doit connaître les signes d une forme néovasculaire (BAV brutale scotome central métamorphosies) qui imposent de consulter un ophtalmologiste en urgence (dans les 24 à 48 heures). Une autosurveillance à domicile (grille d Amsler) est parfois conseillée aux malades les plus à risque (DMLA modérée) afin de surveiller l apparition ou la modification des métamorphosies. Dans les stades avancés, une rééducation basse vision est préconisée, en cas de BAV significative. Objectifs : améliorer la présentation des objets (éclairage optimal, affichage de l écran d ordinateur optimisé) et les stratégies de balayage et d analyse visuels, proposer des aides techniques (systèmes grossissants), enseigner SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !592!_MG966-JNMG-FOC_rothschild.indd 592 22/09/2016 16:58 FOCUS 593 c L’essentiel ■ Le tabagisme est le seul facteur de risque modifiable. ■ Une baisse de vision brutale avec scotome central et métamorphopsies impose un examen ophtalmologique et un OCT en urgence (< 7 jours). ■ Le traitement de la DMLA néovasculaire avérée doit être instauré rapidement (< 7 jours), et un suivi régulier (mensuel) pendant de nombreuses années est nécessaire au succès thérapeutique. 3 1 2 4 Fig. 1 – Photographie du fond d’œil : nombreux drusens de grande taille (flèches blanches). Fig. 2 – Multiples altérations de l’épithélium pigmentaire : mottes d’hyperpigmentation (flèches blanches) et petits drusens. Fig. 3 – OCT (Optical Coherence Tomography) : imagerie en coupe de la rétine avec une résolution de quelques microns (barre d’échelle horizontale = 200 microns). Flèche : drusen de grande taille non compliqué. Fig. 4 – Images en OCT de la macula avant injection (en haut) et après injection d’anti-VEGF (en bas). Les signes d’exsudation (œdème intrarétinien, décollement de l’épithélium pigmentaire – DEP – ou séreux rétinien – DSR) ont disparu. l utilisation des zones de rétine encore saines (fixation excentrée). Seule la forme néovasculaire dispose d’un traitement efficace, reposant sur les injections intravitréennes d’antiVEGF (ranibizumab, Lucentis ; aflibercept Eylea ; bévacizumab, Avastin en RTU dans quelques centres en France). Les schémas sont très variés, mais un rythme d administration et/ou de contrôle clinique mensuel sont la règle en début de traitement. Après 3 mois : espacement progressif en fonction de la réponse clinique. L anti-VEGF n a pas d effet sur la régression des néovaisseaux mais il permet de contrôler leur hyperperméabilité et donc les signes exsudatifs (fig. 4). Les récidives étant fréquentes (> 50 %), les patients doivent en être informés dès le début de la prise en charge pour favoriser l observance. En cas de baisse d acuité visuelle malgré les traitements, une prise en charge multidisciplinaire (médecins généralistes, orthoptistes, MDPH) et globale du handicap doit être envisagée. De nouvelles molécules sont en cours d études (anti-PDGF) qui seraient plus efficaces sur la régression des néovaisseaux. La recherche se concentre sur la mise au point de thérapeutiques moins invasives et d un traitement des formes atrophiques de DMLA qui restent incurables à ce jour. ● L’auteur déclare avoir été pris en charge lors de congrès par Allergan, Bayer, Novartis. Ré fé re nce s 1. Augood CA, Vingerling JR, de Jong PT, et al. Prevalence of age-related maculopathy in older Europeans: the European Eye Study (EUREYE). Arch Ophthalmol 2006;124:529-35. 2. Seddon JM, Willett WC, et al. A prospective study of cigarette smoking and age-related macular degeneration in women. JAMA 1996;276:1141-6. 3. Ferris FL, Davis MD, Clemons TE, et al. A simplified severity scale for age-related macular degeneration: AREDS Report No. 18. Arch Ophthalmol 2005;123:1570-4. 4. Age-Related Eye Disease Study Research G. A randomized, placebo-controlled, clinical trial of high-dose supplementation with vitamins C and E, beta carotene, and zinc for age-related macular degeneration and vision loss: AREDS report No. 8. Arch Ophthalmol 2001;119:1417-36. A s soc i at ion s ut i le s – www.sfo.asso.fr ; www.association-dmla.com SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !592!_MG966-JNMG-FOC_rothschild.indd 593 22/09/2016 16:58 1 comprimé par jour Par mesure efficacité 15 PC 5014 IF / 05.15 - Visa n° 15/01/64441025/PM/001 d’ COVERAM est indiqué pour le traitement de l’hypertension artérielle essentielle et/ou de la maladie coronaire stable, en substitution, chez les patients déjà contrôlés avec le Périndopril et l’Amlodipine pris simultanément à la même posologie. Avant de débuter le traitement antihypertenseur, la mise en place de mesures hygiénodiététiques est recommandée. Pour une information complète sur Coveram®, consultez le Résumé des Caractéristiques du Produit sur : http://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr DOS S I ER 595 Contraception en 2016 Améliorer l’efficacité et la couverture contraceptives. L e nombre de grossesses non désirées est encore trop élevé en France, notamment dans certaines populations. Il est donc primordial d améliorer l accès à la contraception et de proposer des stratégies les plus efficaces possible, sans effet secondaire majeur, simples d utilisation. La crise médiatique fin 2012 a modifié les comportements et exigences des femmes et sensibilisé le corps médical. Ainsi, les prescriptions ont largement évolué. Les autorités de santé ont émis à l attention des prescripteurs des recommandations permettant, par leur large diffusion, d améliorer la prise en charge contraceptive. Évolution des usages Fin 2012, la plainte d une jeune femme ayant fait un accident vasculaire alors qu elle utilisait une contraception combinée (COC) de dernière génération a déclenché un important débat médiatique. En effet, bien que des différences de risque thrombo-embolique selon les types de COC soient suspectées depuis la fin des années 90, l utilisation des pilules les plus à risque (3e génération notamment) n avait cessé d augmenter jusqu à fin 2012. Les autorités de santé françaises et européennes ont donc recommandé celles de 2e génération en première intention chez les femmes souhaitant prendre une contraception estroprogestative. Une décroissance de l’usage des méthodes les plus à risque a, semble-t-il, été amorcée après cette crise. La figure en montre l évolution, par type de contraception combinée. Les recommandations semblent avoir été bien respectées, avec une diminution de plus de 50 % des pilules dites de nouvelles générations. Parallèlement, la consommation de celles de 1re et 2e génération a augmenté (> 30 %) et celle des LARC (Long Acting Reversible Contraception, implant, DIU) de 26 %. Le ratio COC 1G et 2G/COC 3G et 4G était de 79 %/21 % en 2014 contre 52 %/48 % en 2012. Les dispositifs intra-utérins (DIU) au cuivre (45 % de hausse) comptent pour environ 40 % des ventes de LARC, témoignant probablement d une réticence envers des stratégies hormonales de tout type. Des données plus récentes seront probablement publiées très prochainement. Les LARC font l objet de nombreuses publications en raison de leur grande efficacité comparativement aux autres méthodes contraceptives. De plus, elles sont préférées par les femmes recherchant de moindres contraintes. Implant contraceptif L’implant sous-cutané contient 68 mg d étonogestrel, progestatif de 3e génération. Petit bâtonnet de 4 cm de long et de 2 mm de diamètre, il est inséré à la face interne du bras non dominant à 8 cm au-dessus de l épitrochlée, en sous-cutané strict. L adjonction de sulfate de baryum permet de le localiser par simple radiographie du bras si besoin, notamment en cas de non-palpation sous-cutanée. Il doit être implanté en début de cycle (entre le 1er et le 5e jour). L’efficacité est due à l’action antigonadotrope et aux effets périphériques du progestatif, notamment sur la glaire cervicale. Elle est assurée pour une durée de 3 ans. Sa tolérance locale est habituellement bonne. Des troubles du cycle avec spottings fréquents peuvent survenir, en particulier dans les mois qui suivent la pose. Leur persistance est la principale cause de retrait prématuré. Tous les profils de saignements sont possibles : cycles normaux, métrorragies ou aménorrhée. Aucun test à ce jour ne permet de prévoir son impact sur le cycle menstruel d une patiente donnée. Chez certaines, ces très faibles doses de progestatif peuvent entraîner des kystes ovariens fonctionnels par probable mécanisme dystrophique a minima. 3500 3000 2500 1-2 générations Nouvelles générations 2000 1500 1000 500 0 Déc. 11 Janv. 12 Fév. 12 Mars 12 Avril 12 Mai 12 Juin 12 Juillet 12 Août 12 Sept. 12 Oct. 12 Nov. 12 Déc. 12 Janv. 13 Fév. 13 Mars 13 Avril 13 Mai 13 Juin 13 Juillet 13 Août 13 Sept. 13 Oct. 13 Nov. 13 Déc. 13 Janv. 14 Fév. 14 Mars 14 Avril 14 1. Hôpital universitaire Paris Centre, Port-Royal, université Paris-Descartes, 75014 Paris. 2. Service de gynéco-obstétrique, hôpital Robert-Debré, 75019 Paris. Contraceptions longue durée Nbre de plaquettes vendues (*1000) Geneviève Plu-Bureau1, Brigitte Raccah-Tebeka2 Mois-Années de vente Figure – Évolution de l’utilisation des diverses contraceptions de décembre 2011 à avril 2014 (à partir des données de vente Celtipharm). SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE - TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !595!_MG966_JNMG_DOS_PLU_ BUREAU_V2.indd 595 22/09/2016 16:59 D O SS IE R 596 DIU au cuivre Tableau 2. Efficacité des différentes contraceptions* C est un petit dispositif en forme de T disposant sur sa branche principale d un filament de cuivre dont l action est contraceptive. Il contient du sulfate de baryum pour une éventuelle localisation radiologique. Il est habituellement inséré dans la cavité utérine en début de cycle, pendant ou juste après les règles. Un dosage de β-HCG plasmatique est réalisé avant la pose, en cas de doute sur une éventuelle grossesse débutante ou s il s agit d un relais d une contraception sans règles. Une version « short », adaptée aux cavités utérines inférieures à 7 cm, autorise la pose même dans de petits utérus, notamment chez les nullipares. L’efficacité repose sur la toxicité du cuivre vis-à-vis des gamètes et sur la réaction inflammatoire endométriale. Durée : 5 à 10 ans selon la surface de cuivre. Méthodes Pourcentage de femmes concernées par une grossesse non intentionnelle dans la 1re année d’utisation de la contraception Emploi typique Contraceptions combinées** Pilule microprogestative Implant progestatif DIU cuivre DIU-LNG Préservatif masculin Préservatif féminin Utilisation parfaite 8 0,3 8 0,05 0,8 0,2 15 0,3 0,05 0,6 0,2 2 21 5 * Adapté de l’OMS 2009 ; ** Voie orale, patch ou anneau. L’absence d’impact sur le fonctionnement ovarien explique la conservation du cycle menstruel avec souvent des règles plus longues et abondantes, parfois plus douloureuses. La surveillance est régulière, au minimum 1 fois par an. Douleur pelvienne, leucorrhées, retard de règles, saignement anormal doivent alerter et faire consulter. Les risques potentiels sont la survenue d une grossesse qui impose d éliminer une localisation extra-utérine, et les infections pelviennes hautes en cas de rapport sexuel à risque d IST. DIU au lévonorgestrel Ce dispositif en forme de T a sur sa branche principale un réservoir contenant 52 mg de lévonorgestrel (progestatif de 3e génération), délivrant quotidiennement de petites doses (20 µg) au niveau de l endomètre. Il est habituellement inséré en début de cycle, pendant ou immédiatement après les règles. Juste avant, un dosage de β-HCG plasmatique est réalisé si on craint une grossesse débutante ou en cas de relais d une contraception sans règles. La version short contient 13,5 mg de lévonorgestrel. On peut le poser chez la nullipare, mais en 2e intention (après un stérilet au cuivre). L’efficacité repose sur la libération locale de lévonorgestrel à l origine d une inhibition de la croissance endométriale associée à un effet périphérique sur la glaire cervicale empêchant ainsi le passage des spermatozoïdes. Ces DIU sont efficaces pour une durée de 5 ans pour la version classique et de 3 ans pour le short. Le mécanisme d’action principal explique le fort pourcentage d aménorrhée mais aussi les éventuels troubles du cycle associés. En effet, le profil des saignements reste imprévisible avec parfois métrorragies ou persistance des règles, souvent alors peu abondantes. Son faible passage systémique peut inhiber en partie l ovulation, d où les effets secondaires à type de mastodynies, syndrome prémenstruel ou kystes ovariens Tableau 1. Contraceptions hormonales dites de longue durée Molécules Voie Durée Contenu en d’admnistration d’efficacité progestatif Nexplanon Étonogestrel Implant sous-cutané Lévonorgestrel DIU Lévonorgestrel DIU (short) 3 ans 68 mg Mirena Jaydess 5 ans 3 ans 52 mg 13,5 mg fonctionnels chez certaines femmes. Une surveillance régulière, au minimum 1 fois par an, s impose. Douleur pelvienne, leucorrhées, retard de règles, saignement anormal doivent faire consulter. Les risques potentiels sont la grossesse, notamment extra-utérine, et les infections pelviennes hautes en cas de rapports sexuels à risque. Avantages des LARC L efficacité des différentes stratégies contraceptives diffère selon que l utilisation est parfaite (dans les études) ou typique (dans la vraie vie, tableau 2). Il est important de noter que seules les LARC ont une efficacité équivalente dans ces 2 situations. Ce type de contraception est donc proposé principalement aux populations à risque de grossesses rapprochées non désirées (adolescentes, niveau socioculturel défavorisé, difficulté d observance d un autre type de contraception, IVG à répétition…), mais les LARC peuvent parfaitement convenir à toutes les femmes qui désirent une contraception de longue durée sans nécessité de prise régulière. De nombreuses publications, notamment après une grossesse chez les adolescentes, ont montré une très nette supériorité de ces dispositifs comparativement à toutes les autres méthodes, car un effet contraceptif prolongé est assuré sans contrainte de prise ou de prescription médicale. La réversibilité est immédiate au retrait du dispositif. En cas d antécédent de kyste ovarien fonctionnel, l implant ou le DIU au lévonorgestrel ne sont pas la stratégie de première intention. DIU chez la nullipare Si les DIU ont longtemps été contre-indiqués chez la nullipare, les recommandations les plus récentes autorisent, presque sans réserve, leur utilisation. La plus grande vigilance s impose néanmoins dans certaines situations. Leur principal avantage est leur très grande efficacité dans cette population où les contraintes de prise des autres méthodes ont parfois du mal à être respectées. De plus, ces contraceptions ont un coût journalier extrêmement faible et sont toutes remboursées par la Sécurité sociale. Ainsi, de nombreuses études montrent un taux de satisfaction élevé entraînant un faible pourcentage d abandons, ce qui explique aussi SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE - TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !595!_MG966_JNMG_DOS_PLU_ BUREAU_V2.indd 596 22/09/2016 16:59 DOS S I ER probablement leur efficacité. Par ailleurs, elles sont neutres sur le plan métabolique et vasculaire, y compris le DIU délivrant du lévonorgestrel. Pour les short, qu ils soient au cuivre ou hormonaux, la pose, plus délicate dans le contexte de la nulliparité, se fait dans la plupart des cas sans difficulté mais nécessite un apprentissage. Par ailleurs, comme avec tout DIU, il existe un risque d échec d insertion, de douleur au moment de la pose, de perforation ou d exceptionnelle expulsion. Ces effets délétères potentiels doivent être signalés à la jeune femme avant l implantation. Par ailleurs, certaines études suggèrent un risque d acné plus important avec les DIU au lévonorgestrel comparativement au DIU au cuivre. Pour une première utilisation chez la nullipare, la HAS recommande un DIU au cuivre, sauf en cas de pathologie particulière justifiant un stérilet hormonal (adénomyose, pathologie hémorragique de l hémostase). Risque veineux Toutes les associations estroprogestatives augmentent le risque de maladie veineuse thrombo-embolique (MVTE) avec cependant quelques différences selon le délai d utilisation, les molécules, les voies d administration. Vigilance la première année Depuis plusieurs années, on sait que les COC multiplient le risque de MVTE par 3 à 6. Il existe un effet starter puisque ce risque est nettement plus important la première année. Il diminue les années suivantes tout en restant toujours significativement plus élevé que celui des non-utilisatrices. Une récente étude italienne montre que cet effet starter est plus marqué pour les femmes de moins de 30 ans. Une des hypothèses expliquant cet impact de l âge serait la présence d anomalies de la coagulation non dépistées avant la première utilisation de COC ou inconnues en 2016. Attention aux nouvelles générations On sait depuis plus de 10 ans que les associations contenant un progestatif de 3e génération (désogestrel et gestodène) multiplient par 1,7 le risque veineux par rapport aux pilules de 597 2e génération (lévonorgestrel). En revanche, la contraception progestative seule à base de désogestrel (Antigone, Cerazette, Clareal, Desopop, Diamilla, Optimizette…) n accroît pas le risque de MVTE. Plusieurs méta-analyses montrent que les pilules contenant de la drospirénone ont un risque à peu près équivalent à celles de 3e génération. Il en est de même pour les associations comprenant éthinylestradiol et acétate de cyprotérone (Diane et génériques). Globalement, il ne semble pas exister de différence au sein des nouveaux contraceptifs. Des études récentes confirment ces données. C est le cas de celle menée auprès de généralistes anglais. Plus de 5 000 cas de thromboses veineuses ont été appariées, chacun, à 5 témoins indemnes de cette pathologie. Cette étude confirme le risque accru des COC de 3e génération à l exception de ceux contenant du norgestimate dont le risque apparaît identique à celui des contraceptifs de 2e génération. Ces données sont donc concordantes avec celle d'une méta-analyse de 7 études, même si biologiquement, certaines incertitudes persistent puisque le norgestimate associé à l EE induit les mêmes modifications de l hémostase qu'une COC de 3e génération. Dosage en éthinylestradiol (EE) L étude de l Assurance maladie, même si elle ne prend pas en compte tous les facteurs de risque de MVTE et notamment les antécédents familiaux, est intéressante. Elle a inclus 4 343 692 femmes âgées de 15 à 49 ans utilisant une COC remboursée et ayant eu ou non une hospitalisation pour une première embolie pulmonaire. Lors du suivi, 1 800 embolies pulmonaires sont survenues (incidence estimée 33/100 000 femmes-années). Après ajustement pour les facteurs de risque connus et disponibles dans ce type de base de données, le risque des COC contenant un progestatif de 3e génération, à doses équivalentes d EE, est significativement augmenté comparativement à celui des COC de 2e génération (RR = 2,16 [1,93-2,41] et 1,63 [1,34-1,97] respectivement). Par ailleurs, le risque avec les COC contenant 20 µg d EE est plus faible que celui des pilules dosées à 30 µg d EE (RR = 0,75 [0,67-0,85]). Ce dernier résultat est discordant avec les données des méta-analyses, notamment en ce qui concerne l impact de la dose d EE des COC de 2e génération. En effet, avec 20 ou 30 µg d EE, les modifications de l hémostase sont équivalentes. Combattre les idées fausses Pas plus de risque de GEU. Selon les données récentes des essais concernant notamment les DIU au lévonorgestrel (revues par l’équipe de statisticiens de la FDA), l’incidence de GEU est plus faible quel que soit le type de DIU comparativement aux femmes sans contraception. En revanche, si une grossesse survient « sous DIU », le risque de GEU doit être éliminé. Pas davantage d’infection chez les nullipares ayant un DIU (vs l’absence de contraception). Comme pour tout geste intra-utérin, le risque d’infection augmente dans les 20 jours qui le suivent, le plus souvent par contamination bactérienne au moment de l’insertion. Certaines études en estiment le pourcentage (en l’absence d’infection prouvée à ce moment) entre 0 et 2 %. Les recommandations récentes du CNGOF (2012) sont donc les suivantes : pas d’indication à une antibioprophylaxie lors de la pose ; avant, la recherche d’IST est préconisée s’il existe des facteurs de risque (jeune âge, comportement sexuel à risque, antécédent d’IST). Pour la HAS, chez les femmes à haut risque d’IST (nullipare âgée de moins de 25 ans, nullipare de plus de 25 ans avec un nouveau partenaire ou plus d’un dans la dernière année ou si le partenaire régulier a, lui-même, d’autres partenaires) : – faire au minimum une recherche de Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhea avant la pose d’un DIU ; – si cette recherche n’a pas été faite, indication d’une antibiothérapie prophylactique (monodose d’azithromycine). SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE - TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !595!_MG966_JNMG_DOS_PLU_ BUREAU_V2.indd 597 22/09/2016 16:59 598 D O SS IE R Voies d’administration non orales Très peu d études épidémiologiques ont été publiées. La FDA et le groupe de Lidegaard ont évalué les risques des voies vaginale (Nuvaring : anneau diffusant de l'EE et de l'étonogestrel) et transdermique (Evra : patch délivrant de l'EE et de la norelgestromine, 3e génération et Lisvy : EE + gestodène). Ils sont équivalents à celui des contraceptifs contenant des progestatifs de 3e génération. Les mêmes contre-indications vasculaires doivent donc s appliquer pour ces contraceptions par voie extradigestives. Antécédents familiaux Avant toute prescription contraceptive, l’interrogatoire à la recherche d’antécédent de MVTE est crucial. En effet, les antécédents familiaux au premier degré (mère, père, frère ou sœur) ou un nombre élevé d apparentés atteints quel que soit le degré, sont un facteur de risque majeur de MVTE. Ce facteur familial doit être minutieusement recherché. Une étude suédoise récente montre tout d abord que les recommandations sont bien suivies : à la fois chez les femmes ayant eu une thrombose veineuse et chez les patientes contrôles, le pourcentage d utilisatrices de COC est nettement inférieur en cas d antécédents familiaux de MVTE. Le risque de MVTE chez les utilisatrices de COC ayant des antécédents familiaux est de 6,02 (5,02-7,22). Par ailleurs, l’impact de l’histoire familiale paternelle ou maternelle vient de faire l objet d une très récente publication. Les facteurs déclenchants hormonaux maternels (COC, grossesse ou post-partum) ont été particulièrement étudiés chez 1 005 femmes apparentées à des patients ayant eu un premier épisode de MVTE. Le risque absolu de thrombose chez les apparentés était identique que l'antécédent familial soit survenu chez un homme ou chez une femme. Cependant, la prise en compte des facteurs déclenchants hormonaux conduit à Facteurs de risque vasculaire Facteurs de risque artériel • Antécédent familial de maladie cardiovasculaire chez un apparenté au 1er degré âgé de moins de 55 ans (parent masculin) ou de moins de 65 ans (parent féminin) • Tabagisme actif ou stoppé depuis moins de 3 ans • HTA ou traitement antihypertenseur • Diabète traité ou non • Obésité • Âge > 35 ans • Migraine avec aura • HDL cholestérol < 0,40 g/L (un taux > 0,60 g/L est protecteur) Facteurs de risque veineux • Antécédent familial de MVTE chez un apparenté au 1er degré âgé de moins de 60 ans • Obésité • Âge > 35 ans • Thrombophilie biologique • Facteurs déclenchants (plâtre, avion, alitement, cancer, sclérothérapie…) des risques significativement différents. Ainsi, le risque de MVTE chez les femmes dont l apparenté féminin avait eu une MVTE secondairement à un épisode hormonal est 3 fois plus important que celui des patientes ayant un apparenté féminin sans facteur déclenchant hormonal. Ces données confirment l’intuition clinique qui rendait extrêmement prudente l utilisation de la COC chez les jeunes femmes dont la mère ou la sœur avaient eu une MVTE « hormono-déclenchée ». Contraception et voyage La gestion de la prise des comprimés par rapport au décalage horaire est une des principales questions posées. Ce problème concerne les contraceptions orales (COC) ou les contraceptions progestatives (CP) [et pas les patches, anneau ou LARC]. Les conseils sont simples mais essentiels : ‒ anticiper la modification d heure de prise la semaine avant le départ afin de trouver directement un horaire compatible avec le décalage (décalage progressif de 1 heure par jour…) ; ‒ si le voyage est vers l est, continuer de prendre sa contraception à la même heure qu en France ; ‒ s il est vers l ouest et que la contraception utilisée est une COC ou une CP contenant du désogestrel, prendre le comprimé à l'heure locale et le continuer lors du séjour (le délai entre la prise habituelle et l heure locale de prise ne doit pas excéder 36 heures) ; ‒ s il est vers l ouest, que la pilule est une CP contenant du lévonorgestrel et que le décalage excède 3 heures, prendre 1 comprimé dès l arrivée puis continuer la prise à cette même heure (le délai entre la prise habituelle et la nouvelle prise ne doit pas excéder 27 heures) ; ‒ dans le doute, prendre 2 comprimés la même journée ; ‒ ne jamais laisser plus de 36 heures entre 2 comprimés (COC et CP au désogestrel) et 27 heures pour la CP au lévonorgestrel (Microval) ; ‒ ne pas oublier au retour de procéder de la même manière. Prévenir et gérer les troubles digestifs fréquents dans certains pays : ‒ prescrire avant le départ anti-émétiques et antidiarrhéiques ; ‒ en cas de vomissements : reprendre un comprimé dans les 3 heures suivant la prise ; ‒ si diarrhée importante: reprendre 1 comprimé (même si le risque d inefficacité de la contraception par voie orale est très faible) ; ‒ utiliser une contraception mécanique au moindre doute. Les voyages prolongés augmentent le risque thromboembolique veineux, notamment chez les femmes sous COC. Toutes les pilules sont concernées quel que soit le type d estrogènes ou de progestatifs, leur dosage et la voie d administration. Prudence donc lors des vols long-courriers de plus de 6-8 heures et de tous les déplacements occasionnant une position assise très prolongée : train ou voiture. Le risque est d autant plus élevé qu il existe des facteurs favorisants (obésité, antécédents familiaux…). Conseils de prévention : ‒ vêtements larges et confortables ; ‒ port d une contention veineuse classe 2 (collant, bas ou mi-bas) ; SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE - TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !595!_MG966_JNMG_DOS_PLU_ BUREAU_V2.indd 598 22/09/2016 16:59 DOS S I ER ‒ se lever régulièrement durant le trajet et marcher si possible ; ‒ s hydrater. Contraception et post-partum c Conseils 599 599 pratiques en cas de voyage Ne pas oublier sa contraception et en prendre pour 1 mois supplémentaire (pilule, patch, anneau). Grossesse non compliquée Le CNGOF a récemment émis des recommandations pour la pratique concernant le post-partum. Un conseil contraceptif doit idéalement être délivré après l accouchement afin d éviter les grossesses non désirées ou rapprochées et leurs risques obstétricaux et néonataux. Chez les femmes qui n allaitent pas, il est préconisé de débuter une contraception efficace au plus tard 21 jours après, et de la prescrire à la sortie de la maternité. Seul l’allaitement exclusif (dit MAMA, soit jour et nuit ; 6 à 10 tétées par jour, pas plus de 6 heures entre 2 tétées nocturnes et pas plus de 4 heures le jour) peut être utilisé à visée contraceptive au maximum pendant 6 mois. Pour tous les autres types, les stratégies contraceptives sont les mêmes qu en l absence d allaitement. Une contraception estroprogestative ne doit pas être utilisée avant 6 semaines en raison de l augmentation du risque thrombo-embolique inhérent à cette période. Ce délai peut être allongé à 12 semaines en cas de facteur de risque vasculaire. En effet, l incidence des thromboses veineuses est estimée entre 0,5 et 3 pour 1 000 grossesses, soit 4 à 10 fois le taux d une population appariée non enceinte. Lors de la première semaine du post-partum, l incidence estimée est de 60 pour 10 000 personnes-années, puis elle décroît progressivement pour atteindre 5,2 à la 8e semaine. Ce risque est significativement augmenté jusqu à 6 semaines avec un maximum à 3 semaines. Une seule étude récente suggère une hausse persistante entre 6 et 12 semaines mais avec un moindre niveau de risque. Les contraceptions progestatives de toutes formes (à l exclusion de l injectable) sont autorisées en post-partum immédiat. Seul un événement thrombo-embolique récent doit faire différer leur utilisation. La femme qui allaite peut prendre une telle contraception (orale ou sous-cutanée) 3 semaines après un accouchement. Le DIU (si la femme le souhaite) est prescrit à la sortie de la maternité afin de pouvoir le poser lors de la consultation post-natale (6 à 8 semaines après l accouchement). Il peut aussi être proposé à la femme qui allaite, le risque principal étant la perforation. Pour les populations à risque de grossesse rapprochée et ayant moins facilement accès aux soins, il est recommandé de préférer les LARC type implant ou DIU inséré ou posé avant la sortie de la maternité. HTA pendant la grossesse Outre l augmentation du risque thrombo-embolique veineux, la contraception est associée à une hausse significative, mais plus faible, du risque de thrombose artérielle en post-partum. Ce risque artériel est néanmoins 2 fois plus important chez les femmes ayant eu une HTA pendant la grossesse comparativement aux normotendues. La contraception combinée élève quasi constamment les chiffres tensionnels mais n entraînerait une HTA authentique que chez 5 % des femmes initialement normotendues. Cet Ne pas la mettre en soute mais la garder avec soi. Se procurer une boîte de préservatifs (nouvelle rencontre, erreur ou doute sur l’utilisation de la contraception habituelle). Emporter une contraception d’urgence à utiliser si doute ou oubli. En cas de souhait de différer les règles (possible pour les COC combinées), enchaîner 2 plaquettes de la durée souhaitée en programmant une pause de 7 jours au retour de voyage, attention aux comprimés placebo. effet est principalement attribué à la composante estrogénique qui modifie l équilibre du système rénine-angiotensine-aldostérone. L impact du progestatif est extrêmement variable selon la molécule et son dosage. Les progestatifs de synthèse norstéroïdes à fortes doses (par exemple, l acétate de noréthistérone) augmentent la production hépatique d angiotensinogène favorisant, comme les estrogènes, la rétention hydrosodée. Ainsi, le risque relatif de faire une HTA après le début d une contraception combinée est de 1,5 à 3 (hors post-partum). Les pilules plus faiblement dosées en estrogènes et les voies d administration non orales ont été peu étudiées. Cependant, le mécanisme physiopathologique à l origine des altérations tensionnelles est vraisemblablement le même. En cas d’HTA non contrôlée, l impact des stéroïdes, même à petites doses, est mal évalué. Il faut préférer une contraception non hormonale. Si la pression artérielle se normalisation rapidement après l'accouchement, une contraception progestative seule est autorisée (en dehors de la médroxyprogestérone injectable). C est la contraception la plus utilisée en post-partum immédiat. En effet, elle n induit pas de modifications métaboliques ni vasculaires. À distance de l’accouchement (plus de 6 semaines), si la PA est normalisée sans traitement, toutes les méthodes sont autorisées avec une surveillance tensionnelle. Si la pression artérielle reste élevée, seules les contraceptions mécaniques ou progestatives seules (en dehors de l acétate de médroxyprogestérone) sont possibles. Les estroprogestatifs sont contre-indiqués. Enfin, si la PA est bien contrôlée sous traitement et que la patiente n a pas d autres facteurs de risque vasculaire, les recommandations ne sont pas consensuelles. Selon les Américains, une HTA contrôlée ou modérée (140-159/90-99 mmHg) devrait contre-indiquer toutes les COC, les risques dépassant alors les bénéfices. Une HTA même traitée et bien contrôlée impose donc une extrême vigilance et doit faire préférer une contraception sans estrogènes quels que soient la molécule, le dosage et la voie d administration. Les contraceptions non hormonales bénéficient d une place privilégiée en cas d HTA avérée ou SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE - TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !595!_MG966_JNMG_DOS_PLU_ BUREAU_V2.indd 599 22/09/2016 16:59 600 600 D O SS IE R Xxxxxx xxxxxxxx xxxxxxxxxxxxxxx suspectée. Au choix : DIU au cuivre, préservatifs, spermicides ou toute autre méthode barrière en respectant leurs contreindications et efficacité respectives. Futurs contraceptifs Plusieurs sont actuellement en phase de développement assez avancé. Drospirénone microdosée Elle a fait l objet de plusieurs publications récentes. La dose efficace est de 4 mg et une courte phase d arrêt est proposée, maintenant un effet contraceptif efficace. Elle s utilise donc 24 jours sur 28 (4 comprimés placebo). Le contrôle du cycle semblerait assez équivalent à celui du désogestrel à petites doses. Une étude récente évalue à 4 % le nombre de femmes rapportant des saignements prolongés après 13 cycles d utilisation. Les aménorrhées sont en revanche de plus en plus fréquentes au cours du temps : 26,6 % des patientes après 13 cycles de prises. L impact hépatique, notamment sur les facteurs de la coagulation, n est pas connu. Combiner estétrol et progestatif L estétrol (E4), découvert en 1965, est un stéroïde estrogénique de faible puissance produit par le foie fœtal uniquement durant la grossesse (à partir de 11 SA). Au niveau hépatique, le métabolisme de l E4 est extrêmement faible, contrairement à celui de l EE. Son effet inhibiteur de l ovulation a été étudié d abord chez des rongeurs puis chez la femme. Deux études de phase II ont déjà été menées pour déterminer la dose efficace et le meilleur progestatif à associer à cette molécule. Plus la dose d E4 est élevée, meilleure est l inhibition de l ovulation. Ainsi, les associations comprenant 20 mg d E4 et 3 mg de drospirénone ou 150 mg de lévonorgestrel sont intéressantes. La combinaison 15 mg d E4 et 3 mg de drospirénone serait la mieux tolérée sur le plan des saignements (33,8 %) et des aménorrhées (3,5 %) après 6 cycles d utilisation. Pour en savoir plus – Raccah-Tebeka B, Plu-Bureau G. La contraception en pratique : de la situation clinique à la prescription. Paris: Elsevier Masson; 2013. – CNGOF. Recommandations pour la pratique clinique : le post-partum ; 2015. http://www.cngof.fr/pratiques-cliniques/recommandations-pour-la-pratique-clinique/apercu?path=RPC%2BCOLLEGE%252F2015- RPC-POSTPARTUM.pdf&i=2176 – Consensus d’experts de la SFHTA en partenariat avec le CNGOF. HTA et grossesse. Décembre 2015. http://www.sfhta.eu/wp-content/uploads/2015/11/Recommandations_HTA_et_grossesse_dec_2015202.pdf – CNGOF. Recommandations pour la pratique clinique : les infections génitales hautes ; 2012. http://www.cngof.asso.fr/D_TELE/RPC_infections_2012.pdf – Hathaway M, Torres L, Vollett-Krech J, Wohltjen H. Increasing LARC utilization: any woman, any place, any time. Clin Obstet Gynecol 2014; 57:718-30. – HAS. Contraception chez l’adolescente. Fiche mémo. Mise à jour janvier 2015. http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1752690/fr/contraception chez-l-adolescente#toc_2_3 Les auteurs déclarent n avoir aucun lien d intérêts. 27 et 28 janvier 2017 Ateliers • Vivre la révolution numérique ! • Médecines anciennes, nouvelles pratiques • Mon patient, Google et moi • La coordination des soins, une évidence Tables rondes • Évolution de la Médecine Générale : un enjeu national en 2017 • Médecins, entre fictions et réalités SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE - TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !595!_MG966_JNMG_DOS_PLU_ BUREAU_V2.indd 600 22/09/2016 16:59 Rendez-vous au Congrès mondial contre le cancer Mobilisons-nous pour agir Inscrivez-vous sur www.worldcancercongress.org/registration “ Prenez part aux débats ” worldcancercongress.org @UICC | #2016WCC | #CancerCongress worldcancercongress.org @UICC | #2016WCC | #CancerCongress Palais des Congrès de Paris la ligue V2.indd 1 Sans titre-2 1 Palais des Congrès de Paris ORGANISATIONS HÔTES ORGANISATIONS HÔTES contre le cancer www.aliam.org contre le cancer www.aliam.org 22/09/2016 10:17 25/04/2016 17:12 FOCUS 602 Burn out : comprendre et agir Repérer et accompagner, en lien avec le médecin du travail. Marie Pezé Docteur en psychologie, psychanalyste, ancien expert judicaire, responsable du réseau des consultations souffrance et travail. E n France, malgré de nombreuses études cliniques menées depuis 30 ans, l approche des pathologies psychiques liées au travail demeure frileuse, circonspecte, marquée historiquement par des rapports sociaux houleux, le risque d imputabilité à l entreprise, une absence de prévention primaire et une formation médicale insuffisante. Les médecins en sont pourtant atteints comme les autres professions. Toutefois, à la suite d un rapport du Conseil d orientation des conditions de travail (COCT) de 2012, des avancées ont eu lieu dans la reconnaissance de l origine professionnelle des maladies psychiques. Tout d abord, la suppression de l exigence de stabilisation de l état du patient a permis aux caisses de transmettre un plus grand nombre de dossiers au comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP). Des critères de diagnostic et de gravité des troubles psychiques susceptibles d être liés au travail ont été établis (dépression, anxiété généralisée et états de stress post-traumatiques sont les seuls reconnus), et des recommandations pour l appréciation de l origine professionnelle de ces 3 pathologies ont été inclues dans le guide pour les CRRMP. Par conséquent, le nombre d avis favorables des CRRMP relatifs à des affections psychiques a augmenté considérablement entre 2010 et 2014 (de 73 % pour les dépressions, de 13 % pour les troubles anxieux et de 13,4 % pour les états de stress post-traumatique). D après les résultats d enquêtes épidémiologiques prédictives (SUMER, DARES, DGT), applicables aux 23 millions de salariés, l organisation du travail serait un déterminant majeur d apparition des risques psychosociaux : c est dans l entreprise que se joue la déstabilisation de l employé (tableau). Pathologies de surcharge et de solitude L augmentation de la cadence des tâches à accomplir, observée dans tous les secteurs professionnels, l intensification et la densification des activités dépassent les limites neurophysiologiques et biomécaniques et provoquent des maladies du surtravail. Celui qui s en sort n est pas le plus fort, ni le plus intelligent, mais le plus rapide. La surcharge du fonctionnement psychologique et cognitif entraîne des tableaux bien précis de décompensation : ‒ stress, anxiété ; ‒ troubles cognitifs (concentration, logique, mémoire) pouvant être évalués par un bilan neuropsychologique (encadré 1) ; ‒ état de stress aigu ou ESA (à déclarer en accident de travail selon la lettre réseau 2011 de la CPAM, cf. http://www.souffrance-et-travail.com/magazine/assez) ; Tableau. Violences subies par les salariés en entreprise (%) Comportement Atteinte Déni de Comportement hostile dégradante reconnaissance méprisant Personne(s) de votre entreprise 85,6 80,7 87,8 84,2 Clients, usagers, patients 12,2 18,5 12,1 10,1 Salariés d’autres entreprises 6,5 11,1 6,0 5,7 Source : DARES, DGT, DGAFP : enquête SUMER 2010. 1. Bilan neuropsychologique : prouver les troubles En France, dans tous les CHU, des consultations de neuropsychologie sont possibles. Sur prescription médicale de « bilan neuropsychologique pour surmenage », des tests poussés peuvent être pratiqués à visée diagnostique. Ainsi, l’atteinte des différents types de mémoire, de la concentration, des facultés logiques peut être attestée scientifiquement. Le médecin du travail, la direction des ressources humaines, le médecin de la Sécurité sociale, le CRRMP devront en tenir compte. ‒ syndrome d épuisement professionnel ou burn out ; ‒ effondrements anxiodépressifs majeurs. Elle peut induire une radicalisation des comportements : violences contre l autre (collègues ou usagers ; à déclarer en accident de travail quel que soit le contexte disciplinaire), l outil de travail (sabotages) ou la hiérarchie (séquestrations) ; attitudes tyranniques, harcèlement moral, cynisme, banalisation du mal fait à autrui. La surcharge du fonctionnement organique est responsable de pathologies physiques, et notamment les troubles musculo-squelettiques, première maladie professionnelle dans les sociétés industrialisées. Le karoshi est l issue fatale du surmenage : mort subite par AVC ou accident coronaire chez un sujet jeune. Trois facteurs y seraient associés : instabilité électrique du myocarde, vie quotidienne vécue comme un fardeau sur fond de dépression ou situation décrite comme sans issue et événement à charge psychique forte, SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !602!_MG966-JNMG-FOC_peze_V2.indd 602 22/09/2016 16:54 FOCUS proche de l épisode d arythmie (< 1 h dans 21 % des cas).1 La précarisation de l emploi a neutralisé la mobilisation collective, imposé le silence et le chacun pour soi. La peur de perdre son travail génère des conduites de domination ou de soumission. L intensification des tâches, l accroissement inatteignable des objectifs, l évaluation individualisée engendrent la perte de solidarité, augmentant la solitude. Face à un management maltraitant, le salarié isolé ne peut ni répondre (risque d un avertissement disciplinaire) ni s enfuir en démissionnant sous peine de perdre ses droits sociaux. Les situations de harcèlement conduisent alors à un syndrome de stress post-traumatique. Dans un système sans repères ni appuis, lorsque le travail n est plus maîtrisé ou a perdu son sens, ce vécu d isolement peut devenir insoutenable pour un sujet très investi, qui peut se suicider sur le lieu de travai (encadré 2). 2. Risque suicidaire : signes d’alerte Dans un contexte collectif souvent dégradé : ■ Expression du vécu douloureux : incompréhension, injustice, incompétence, culpabilité, impasse ■ Appréhension anxieuse lors d’une échéance (évaluation, changement) ■ Renoncement soudain à responsabilités, projets, activités investies ■ Évocation de départ, démission, mutation ■ Labilité des émotions, humeur, caractère ■ Désinvolture ostentatoire, cynisme, grève du zèle ■ Repli sur soi, froideur, mutisme, fuite des lieux de convivialité ■ Messages énigmatiques, allusifs, menaçants, désespérés (messagerie +++) 3. Certificats : les erreurs à ne pas commettre ■ Le médecin traitant ne doit jamais noter de lien direct avec le travail sur l’arrêt maladie. Sa déontologie l’oblige à se limiter aux constatations sur l’état du patient tel qu’il l’observe dans son cabinet. Il peut donc évoquer un état dépressif réactionnel sans en écrire la cause. ■ Si le patient vient consulter après un événement ponctuel et brutal (crise de nerfs, de larmes, de tétanie sur le lieu du travail, altercation avec un supérieur hiérarchique ou un collègue), il peut faire un certificat initial pour état de stress aigu (cadre d’un accident du travail). ■ Si le patient demande un certificat médical, il faut savoir qu’il peut être utilisé par la justice (l’avocat de l’employeur en sera destinataire). Par conséquent, il est important de ne jamais citer de noms de tiers ni évoquer la notion de harcèlement moral qui est désormais un délit inscrit dans le code pénal. Seul un magistrat peut qualifier une situation de harcèlement moral. Tous en burn out ? Comme pour le harcèlement moral il y a quelques années, c est actuellement le burn out qui embolise la sphère médiaticopolitico-médicale, renvoyant au deuxième plan les autres pathologies liées au travail. Vidé de sa définition clinique véritable, il s est transformé en « concept fourre-tout ». À ces difficultés s ajoute la question de l imputabilité au travail, faisant de sa reconnaissance un parcours du combattant. L absence de lésions psychiques impose le détour par le CRRMP, et donc l envoi d un dossier étayé quant au lien entre la symptomatologie et le travail, que les patients ne sont pas toujours en état de construire. Si leur état empêche le retour au travail, la reconnaissance en MP rend impossible l obtention d une invalidité deuxième catégorie pour la même pathologie, dont le statut médico-administratif est plus sécurisant notamment financièrement. Jamais isolé, le burn out peut être associé à une dépression, un syndrome de fatigue chronique, voire à des maladies cardiovasculaires, musculo-squelettiques, dermatologiques, allergiques, métaboliques… S il fut au début un syndrome de soignants, le risque concerne aujourd hui l ensemble des individus, quelle que soit leur activité. Cette épidémie de burn out survient bien sûr dans un contexte économique et organisationnel de plus en plus difficile. Rappelons que le salarié français est 4e en productivité horaire au niveau mondial et 603 1er en consommation de psychotropes. Une fatigue indéracinable résistant au repos, une perte du plaisir à aller travailler, le recours aux addictifs légaux et/ou illégaux (les produits variant suivant les catégories professionnelles) « pour tenir » doivent alerter. Le burn out n est pas un dépassement du seuil de la fatigue ordinaire. Une quantité identique d énergie dépensée dans une activité choisie ne produirait pas le même effet dévastateur. Il ne concerne que la vie professionnelle, quelquefois seulement une tâche, tandis que la fatigue touche l ensemble des activités, notamment dans la dépression. Il n est pas amélioré par le repos : suspendu par l éloignement du contexte professionnel, l épuisement revient dès l instant de la reprise de travail dans les mêmes conditions. Le diagnostic n est pas si simple. Les tests quantitatifs existants sont des échelles d auto-évaluation que le salarié a généralement peur de remplir ! Le médecin généraliste joue un rôle central car, connaissant son patient et ses antécédents depuis longtemps, il peut déterminer si son intense épuisement est en lien avec un épisode dépressif, une maladie physique non diagnostiquée ou bien s il est d origine professionnelle. L interrogatoire est essentiel : de quelle façon la personne vit-elle son travail ? Y a-t-il des éléments objectifs qui pourraient être en lien avec les symptômes : arrivée d un nouveau manager ? Modification de l organisation dans l entreprise ? Surcharge de travail ? Face au risque de stress post-traumatique, l urgence absolue est de stopper la situation toxique, d en faire sortir le patient. Ces personnes sont souvent très investies dans leur travail, craignent la perte de leur emploi et n acceptent pas facilement un SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !602!_MG966-JNMG-FOC_peze_V2.indd 603 22/09/2016 16:54 604 FOCUS c L’essentiel ■ ■ ■ ■ Savoir distinguer le burn out des autres décompensations psychiatriques. Évaluer le risque suicidaire, les troubles associés, les évolutions compliquées. Contacter le médecin du travail pour alerter et avoir un éclairage sur l’entreprise. Orienter vers les consultations spécialisées pour déterminer plus précisément le lien santé-travail. ■ Bien évaluer la nécessité de la reconnaissance en maladie professionnelle. arrêt maladie. Pourtant, ce dernier est indispensable pour que le sujet se repose, qu il prenne le temps de comprendre ce qui lui arrive et, avec ses médecins, envisage l avenir. Il faut mettre en place un traitement médicamenteux et un suivi psychothérapique. Être arrêté, médicamenté et suivi atteste de la gravité de l état du patient vis-à-vis du médecin-conseil de la Sécurité sociale et éventuellement, si le salarié entame une action juridique, de la justice (encadré 3). Dès l instant où il évoque un lien entre l état de santé de son patient et sa vie professionnelle, le généraliste doit se mettre en contact avec le médecin du travail (sous réserve de l accord du malade). Ce dernier demeure, dans la loi, l interlocuteur privilégié du manager et des salariés. Il connaît bien l entreprise et peut y entrer (contrairement au médecin traitant). Il doit rencontrer le patient pendant son arrêt, uniquement à sa demande, lors de visites de préreprise, pour l aider à mieux comprendre la dégradation de la situation de travail (encadré 4). Le psychiatre ou psychothérapeute est essentiel pour faire un éventuel diagnostic différentiel, poursuivre un arrêt maladie prolongé et entamer le travail de compréhension. Approche psychologique classique, thérapies cognitivocomportementales, analyse de la situation de travail (on aide le patient à construire une double chronologie : celle de la modification de l organisation du travail et celle de la dégradation de son état de santé), etc. peuvent être utilisées. La coopération entre ces différents professionnels de santé est la clé d une prise en charge optimale. Adresser le patient aux services de pathologies professionnelles ou aux consultations spécialisées de souffrance au travail est souvent nécessaire pour le suivi médico-administratif. Si l arrêt maladie, le traitement et l analyse des conditions de travail au travers des différents points de vue permettent d envisager sereinement le retour du patient à son poste et si on a procédé de bonne foi aux modifications nécessaires 4. Caractéristiques des organisations du travail en France • Charge de travail (accroissement, intensité, complexité) • Individualisation (objectifs individualisés, entretiens d’évaluation, reporting) • Pilotage par l’aval (confrontation directe à la demande des clients, des usagers) • Management des objectifs et non plus du travail • Abandon de certains critères de qualité, banalisés par la hiérarchie dans la mesure où le salarié réalise une économie de moyens tout en préservant les exigences considérées comme centrales par les directions au profit d’une « qualité » totale • Procédures (reporting, tableaux, dispositifs chiffrés…) • Informatisation • Réorganisations permanentes • Production en mode dégradé Spécificités des milieux de soins : • Réforme de la tarification • Logique économique inscrite dans une dimension productiviste des soins • Augmentation de l’activité, maîtrise de la dépense, objectif d’efficience, renforcement des outils de gestion analytique • Impacts éthiques sur les pratiques cliniques des soignants • Soins ciblés et rentables privilégiés, souvent mal vécus par les soignants • Gestion des entrées et des sorties des patients dans un contexte contraint (durée moyenne de séjour à l’hôpital courte pour une meilleure rentabilité) grâce à l intervention des acteurs de l entreprise, la parenthèse sombre se referme. Si la personne a perdu confiance dans son environnement professionnel proche, le médecin du travail peut préconiser une mutation de poste (L 4624-1), en concertation avec la direction et la DRH. Si le retour paraît impensable, différents cas de figure sont envisageables, qui nécessitent de prendre conseil auprès d un avocat. En l absence de solution, l inaptitude définitive à tout poste dans l entreprise demeure la réponse médico-administrative la plus efficace. Elle nécessite le consentement éclairé du patient. Dans ce cas, l employé aura droit aux indemnités de licenciement. Peu de salariés connaissent leurs droits et devoirs. La loi de modernisation sociale qui sanctionne le harcèlement moral n est qu un cas particulier de l obligation qui pèse sur l employeur privé ou public. La loi L 4121 est particulièrement protectrice de la santé physique et mentale des salariés et fait obligation au chef d entreprise ou d établissement de la protéger en termes de résultats et pas seulement de moyens.● Référence 1. Reich P, DeSilva RA, Lown B, Murawski BJ. Acute psychological disturbances preceding life-threatening ventricular arrhythmias. JAMA 1981;246:233-5. Pou r en savoi r plus Site Souffrance et travail : http://www.souffranceet-travail.com/le guide du médecin généraliste L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêts. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !602!_MG966-JNMG-FOC_peze_V2.indd 604 22/09/2016 16:54 Contraception orale Pour elles, la gamme Unique et Multiple Communication ADLY076 - N° de visa 15/04/60928936/PM/002-V2 - 01/2016 © Tous droits réservés Pfizer PFE France 2016 au capital de 69 050 085,50 euros - RCS Paris 807 902 770 Pfizer de 2ème génération(1) au lévonorgestrel + de 2d’e5xp éarinensce Recommandées en 1ère intention(2) en tant que pilules estroprogestatives de 2nde génération lorsqu’une contraception orale estroprogestative a été choisie ® Lévonorgestrel/ Ethinylestradiol : comprimé enrobé Lévonorgestrel 0,150mg Ethinylestradiol 0,030mg Lévonorgestrel/Ethinylestradiol : 0,150mg/0,030mg-0,200mg/0,040mg Contraception hormonale orale Contraception hormonale orale Contraception hormonale orale Monophasique* Biphasique* Triphasique* *Résumé des caractéristiques du produit Minidril *Résumé des caractéristiques du produit Adepal *Résumé des caractéristiques du produit Trinordiol Minidosée* 1 boîte de 1 plaquette : 1,47 € TTC 1 boîte de 3 plaquettes : 3,79 € TTC Minidosée* 1 boîte de 1 plaquette : 1,47 € TTC 1 boîte de 3 plaquettes : 3,79 € TTC 0,050mg/0,030mg-0,075mg/ 0,040mg-0,125mg/0,030mg Minidosée* 1 boîte de 1 plaquette : 1,47 € TTC 1 boîte de 3 plaquettes : 3,79 € TTC L’UTILISATION DE TOUT CONTRACEPTIF HORMONAL COMBINÉ (CHC) AUGMENTE LE RISQUE THROMBOEMBOLIQUE VEINEUX PAR RAPPORT À UNE NON-UTILISATION (cf. 4.1, 4.3 et 4.4 du RCP) Un document d’aide à la prescription a été élaboré pour vous accompagner lors de vos consultations relatives aux CHC, disponible sur demande auprès du laboratoire Pfizer (www.pfizer.fr, rubrique Médicaments Pfizer) ou sur le site www.ansm.sante.fr (12/02/2014)». Prix alignés au TFR** - Remboursement Sécurité Sociale 65% (1) http://ansm.sante.fr/Dossiers-thematiques/Pilules-estroprogestatives-et-risque-thrombotique/Quelle-est-la-situation-actuelle-des-pilules-estroprogestatives-en-France (2) http://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Contraceptifs-oraux-combines-et-risque-de-thrombose-veineuse-prescription-despilules-de-2e-generation-contenant-du-levonorgestrel-en-premiere-intention-Point-d-information ** Tarif Forfaitaire de Responsabilité Pour accéder aux mentions légales du médicament, suivez ce lien : http://base-donnee-publique-medicaments.gouv.fr/ 3669_AP-210X270.indd 1 19/01/2016 10:12 FOCUS 606 Nouveaux animaux de compagnie Les zoonoses sont encore rares eu égard au grand nombre de NAC. Béatrice Quinet Unité de pédiatrie générale et d’aval des urgences, hôpital Trousseau-La Roche-Guyon, 75012 Paris. [email protected] L es nouveaux animaux de compagnie (NAC, c est-à-dire tous ceux autres que les chiens et les chats) représentent environ 10 % des 60 millions d animaux de compagnie des Français dont 3 millions de rongeurs et 3,7 millions d oiseaux. Le nombre de reptiles est estimé à plus de 1 million. Les NAC regroupent un grand nombre d espèces : certains déjà domestiqués comme le furet, utilisé jadis pour la chasse en terrier, d autres ayant mauvaise réputation comme les reptiles. Le lapin, depuis longtemps animal de rente, est devenu un compagnon en ville surtout s il est nain. Les origines de cet engouement récent pour les NAC sont multiples mais un effet de mode et de médiatisation est indéniable. Les NAC sont souvent des espèces rares et sauvages. La demande croissante d animaux exotiques concourt au développement d un commerce illégal et met en danger la pérennité de certaines espèces. Le trafic d animaux occupe la 3e place mondiale derrière celui des stupéfiants et des armes ! La France est considérée comme le plus gros marché européen des NAC. Un risque mal cerné Ils peuvent être à l origine d anthropozoonoses communes parfois aux chiens et chats mais aussi de maladies infectieuses rares ou émergentes. Les vétérinaires ont créé des consultations pour NAC et donnent des cours spécialisés et des enseignements post-universitaires. Les acquéreurs ou les propriétaires de ces animaux, (parents avec enfants, adolescents ou futurs géniteurs), sont rarement au courant des risques potentiels. Il en est de même pour les personnes fragiles, les femmes enceintes, les immunodéprimés et particulièrement les greffés. Les vendeurs en animalerie ont rarement été formés. Les lieux de vente sont multiples : chez les éleveurs, les particuliers, les animaleries et bien sûr via le commerce en ligne, florissant. De nouvelles réglementations ont été mises en place. Après plusieurs cas de rage canine importée, il est précisé depuis 2004 que tout chien, chat, furet voyageant dans l Union européenne doit être identifié (puce) et vacciné contre la rage. En 1999, une chauve-souris (roussette d Égypte), acquise dans une animalerie belge et ramenée en France, est morte de la rage (virus Lagos bat) : 120 personnes contact ont reçu un traitement prophylactique. L importation et la détention des primates (sauf conditions très strictes) sont interdites mais des singes (surtout de type magot du Maroc ou d Algérie) sont introduits en France avec un risque sanitaire (rage, tuberculose, virus de l herpès B, salmonelles, pasteurelles, autres parasites). Les médecins sont rarement renseignés sur la possession d un animal autre que chien ou chat, leur avis ou celui du vétérinaire n est pas couramment demandé avant l acquisition. On interroge sur la présence d un animal au foyer plus souvent devant une allergie que lors d une infection. Parfois, c est à l occasion d une griffure ou d une morsure que se pose la question des risques encourus. Les zoonoses restent mal connues d autant qu elles sont très nombreuses. et du reptile contact. En 2013, en France, ont été rapportés 2 cas de méningites à salmonelles chez des nourrissons, l un de 4 mois (lézards Pogona au domicile), le second de 7 semaines (tortues). Pour les très jeunes nourrissons, la transmission est indirecte par les mains ou l environnement, le sol (déambulation du reptile hors du terrarium) ou les surfaces de préparation des aliments. Les drépanocytaires sont naturellement à risque d infections graves à germes encapsulés : aux États-Unis, 2 frères drépanocytaires ont fait l un, une ostéomyélite à S. thompson, l autre un abcès splénique. La famille avait acquis récemment un lézard. Des recommandations impliquant les responsables des animaleries ont été éditées dans plusieurs États américains comme cela avait été fait auparavant pour les tortues en informant du risque et en donnant quelques conseils de bon sens et d hygiène : éloigner le reptile du domicile à l arrivée d un nouveau-né, éviter le contact en cas d immunodépression, d âge inférieur à 5 ans, pas de reptile dans les jardins d enfants, se laver les mains après avoir touché l animal, etc. Chez les animaux, l éradication des salmonelles par antibiothérapie est vouée à l échec et fait courir le risque de sélection de souches résistantes. Salmonelloses Virus de la chorioméningite lymphocytaire Les rongeurs sont naturellement porteurs de salmonelles : S. enteritidis, S. typhimurium, S. schottmuelleri. Le diagnostic chez un patient au même titre que l enquête alimentaire doit faire rechercher le contact avec un rongeur, un lapin nain, un hérisson (S. tilene), un furet et surtout avec des reptiles dont 90 % seraient porteurs de salmonelles. L isolement de sérotypes exceptionnellement retrouvés chez l homme est très évocateur d un contact avec un reptile (serpent, tortue, lézard, iguane). Des septicémies chez des nouveau-nés et des enfants immunodéprimés, des méningites, des diarrhées graves, des décès de nourrissons ont été signalés avec une concordance des souches de l enfant Il appartient à la famille des Arenavirus dont le réservoir principal est la souris ; d autres rongeurs (hamsters) sont porteurs asymptomatiques. Des épidémies de méningites sont survenues en Allemagne et aux ÉtatsUnis dans les années 70 associées à un contact au domicile avec des hamsters : 57 cas en 4 mois dans l État de New York en 1974 en relation avec des hamsters provenant du même distributeur. Ce virus peut également être responsable d infection congénitale très sévère par transmission materno-fœtale, avec d importantes séquelles, dont la symptomatologie évoque en premier lieu une toxoplasmose congénitale. Les femmes enceintes doivent éviter les contacts avec des rongeurs. Cette SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !606!_MG966-JNMG-FOC_quinet.indd 606 22/09/2016 17:00 FOCUS 607 c L’essentiel ■ Les zoonoses dues aux NAC sont peu connues. Elles sont possiblement sévères chez les très jeunes nourrissons, les immunodéprimés et les femmes enceintes. ■ Des précautions élémentaires d’hygiène, l’éducation et l’information des parents, des enfants, des vendeurs en animalerie seraient efficaces pour les prévenir. ■ Attention aussi au risque allergique surtout en cas d’atopie déjà connue. ■ La famille demande rarement conseil au médecin avant l’acquisition d’un animal conventionnel ou non. infection est peu connue des obstétriciens et néonatologistes. En 2005, aux États-Unis, est survenue une épidémie occasionnant 3 décès chez 4 patients receveurs d organes solides du même donneur. L investigation révéla l acquisition récente d un hamster au domicile du donneur. Virose à monkeypox et cowpox Yersinia et Campylobacter Les cochons d inde, les souris, les rats, les chinchillas sont très souvent porteurs asymptomatiques de Y. pseudotuberculosis ou de Y. enterolitica, responsables chez l enfant de syndrome pseudo-appendiculaire ou de diarrhée sanglante. Les hamsters ainsi que les furets sont porteurs de Campylobacter. Morsures ou griffures Comme les chats et les chiens, la plupart des rongeurs, lagomorphes (lièvre, lapin) ou furets ont dans la cavité buccale une flore polymicrobienne à germes pyogènes et anaérobies. Ils peuvent également être porteurs asymptomatiques de pasteurelles. La streptobacillose est une infection rare associée à des morsures ou griffures de rat, souris ou écureuils. S. moniliformis est un bacille à Gram négatif commensal du rhinopharynx des rongeurs. Après guérison de la blessure apparaît une fièvre avec myalgies et frissons. Cette infection peut se compliquer d arthrite, de pneumonie, de méningite ou d endocardite. La mortalité, 10 à 15 %, s élève à 50 % en cas d endocardite. Le germe est sensible à la plupart des familles d antibiotiques. Mycobactéries atypiques Mycobacterium marinum est responsable d infections chez les animaux aquatiques et de lésions cutanées chez l homme, notamment au décours d activités d aquariophilie très en vogue. Le papulo-nodule initial peut s ulcérer (granulome des piscines), il siège le plus souvent au membre supérieur. À prévenir par des mesures simples d hygiène : port de gants lors du nettoyage de l aquarium et de la manipulation des poissons, antisepsie des blessures cutanées. Parasitoses Beaucoup d espèces sont naturellement porteuses de parasites digestifs en particuliers de Giardia mais il semble, comme chez le chien, exister une certaine barrière d espèce : en pathologie humaine, la transmission est interhumaine plus que zoonotique. Il faut cependant tenir compte de cette possibilité chez les immunodéprimés. Lésions fungiques Ne pas oublier les allergies Celles aux rongeurs sont fréquentes, décrites d’abord chez les personnels de laboratoire : conjonctivite, rhinite, asthme. Les allergènes majeurs sont retrouvés dans leurs urines, poils et aussi dans leur salive. Il en est de même pour les lapins et les furets. Les oiseaux peuvent être responsables d’allergies respiratoires, directement ou via leur alimentation (graines de millet, tournesol, etc.). On décrit également des dermatoses de contact, urticaire, eczéma, dermatite de contact, dus à l’animal lui-même ou à son environnement (habitat, parasites, alimentation). Tout animal à poils, plumes ou écailles peut entraîner des réactions allergiques, leur exploration peut être difficile car les tests commerciaux spécifiques sont rares. Les enfants sont particulièrement sensibles aux dermatophytes : Epidermophyton, Microsporum et Trichophyton. Un même champignon peut provoquer diverses lésions de la peau (herpès circiné) ou des phanères (teigne). Les rongeurs, lapins et furets peuvent être porteurs de T. mentagrophytes et de Microsporum. Des lésions cutanées sont fréquentes chez des adolescentes au niveau du cou : là ou est porté le rat de compagnie. Dépistage et traitement de l animal infecté sont indispensables. ● L’auteur déclare participer ou avoir participé à des interventions ponctuelles pour Pfizer et avoir été prise en charge lors de congrès par GSK. La première était limitée à l Afrique centrale et de l Ouest. Peu de cas humains jusqu à l épidémie américaine qui toucha les états du centre-ouest en mai et juin 2003 : 72 furent notifiés aux autorités de santé. L enquête révéla la responsabilité de chiens de prairie ayant séjourné dans une animalerie de l Illinois avec des petits rongeurs importés récemment du Ghana. L éruption vésiculeuse se distingue entre autres d une varicelle par l importance du syndrome infectieux et de la dysphagie, des adénopathies pseudo-phlegmoneuses de grande taille et le grand diamètre des lésions cutanées. L importation des chiens de prairie est interdite en France depuis 2000 car ils peuvent être atteints par la peste bubonique ou la tularémie. Comme le monkeypox, le cowpox appartient à la famille des Poxviridae qui compte 4 virus potentiellement pathogènes pour l homme. Il est endémique en Europe de l Ouest dont la France : les petits rongeurs en constituent le réservoir. Dans notre pays, deux alertes de cas groupés d infections cutanées au contact direct de rats de compagnie ont fait redécouvrir cette pathologie : 20 rapportés en 2009 dont 16 confirmés et 4 probables (de 6 à 54 ans) suite à l importation de rats d un élevage tchèque ; même scénario en mai 2010. L infection, habituellement localisée, se manifeste par des lésions ulcéronécrotiques chez les immunocompétents. Des cas sont sporadiquement décrits après contact ou griffure avec des chats chasseurs. Pas de traitement spécifique antiviral. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !606!_MG966-JNMG-FOC_quinet.indd 607 22/09/2016 17:00 QUALITÉ DES SOINS 608 Par Andrei Radtchenko Service de psychiatrie, service universitaire de psychiatrie de l’adulte et du sujet âgé, groupe hospitalier Corentin-CeltonHEGP-Vaugirard-Gabriel-Pallez, 92130 Issy-les-Moulineaux. [email protected] Hypnose médicale : pour qui ? Elle a une place en cas d’échec ou en complément des thérapies conventionnelles. D ans la prise en charge de pathologies psychiques et somatiques, l hypnose vise à induire des changements physiologiques, cognitifs et comportementaux. Elle repose sur l obtention volontaire par un thérapeute, chez des patients ouverts aux principes de cette thérapie, d un état modifié de la conscience propice à la suggestion et à la modification des perceptions. L hypnose médicale fait désormais partie des pratiques thérapeutiques non conventionnelles auxquelles on a recours, soit lorsque les traitements validés et recommandés échouent ou font défaut, soit en complément de ceux-ci. On en distingue trois grands types : l hypnothérapie, l hypno-analgésie et l hypnosédation. D après l OMS, l usage des thérapies non conventionnelles est très répandu dans les pays en développement et est de plus en plus courant dans les pays développés (rapport Inserm 2015). ■ Point historique Les techniques de suggestion lors de soins ou rituels sont utilisées depuis l Antiquité dans de nombreuses civilisations et cultures. Paracelse parlait déjà de « cure magnéto-sympathique ». En occident, l hypnose en tant que soin est employée depuis au moins 200 ans et a été pratiquée par FranzAnton Mesmer, Jean-Martin Charcot, Hippolyte Bernheim. L hypnose classique se caractérise par l aspect directif, voire dominant, de l hypnotiseur, qui suggère un changement de façon directe au patient. Dans les années 1900, le psychiatre Données neurobiologiques Les mécanismes cérébraux sous-jacents sont objectivables en imagerie fonctionnelle (IRM) et par des techniques électrophysiologiques. Dans l’état hypnotique, la diminution de la perception des stimuli (douloureux, par exemple) est associée (par rapport à un état de veille) à une réduction de l’activation fonctionnelle du cortex cingulaire antérieur, mais aussi des cortex insulaire, préfrontal, prémoteur, du tronc cérébral, du thalamus, du striatum et du cortex somato-sensoriel primaire. américain Milton Erickson a mis en place plusieurs techniques plus permissives, s appuyant sur le rôle prédominant de la relaxation, fondant ainsi l hypnose moderne. ■ État de conscience modifié Un état de transe (conscience modifiée, veille paradoxale) est instauré avec la participation active du patient. Il est caractérisé par une attention intense et focalisée, une moindre sensibilité à l environnement, une modification de la conscience périphérique (réceptivité aux stimuli externes et aux sensations corporelles, dont la douleur), du tonus musculaire, de la perception du temps et du contrôle émotionnel, et par une augmentation de la suggestibilité, sans perte de conscience ni de maîtrise. Lors des séances, peuvent être utilisées des techniques linguistiques (choix de mots), relationnelles, dissociantes (désactivation de la conscience critique*), de focalisation, de régression (retour dans le passé lointain), de reviviscence (revivre un événement, comme s il survenait à nouveau), de suggestion post-hypnotique (demander au patient durant la séance de faire ou de penser quelque chose lorsqu il ne sera plus en état hypnotique) afin d induire le changement spécifique à un comportement particulier. L hypnose médicale améliore la communication et la relation soignantsoigné, la qualité de la prise en charge et le vécu des soins et favorise l autonomisation des patients (apprentissage de l autohypnose). Des échelles « d hypnotisabilité », notamment celle de Stanford, permettent aux cliniciens de détecter les patients susceptibles d être soignés ainsi. Les enfants et les adolescents ont souvent une meilleure réponse que les adultes, mais la technique doit être adaptée en fonction de l âge (très bonne adhésion entre 7 et 14 ans, alors qu avant 3 ans les capacités de participation sont limitées). L implication des parents est souvent bénéfique. * Elle permet de capter les informations venant à la fois du monde extérieur, via les organes des sens, et du monde intérieur, alors que la conscience hypnotique est caractérisée par un état d’indifférence à l’extérieur, avec hypersuggestibilité, perte des fonctions réflexes et lâcher prise. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !608!_MG966_JNMG_QDS_Radtchenko.indd 608 22/09/2016 17:00 609 L’ESSENTIEL charge de la douleur et de l’intestin irritable. ➜ En raison de son caractère dissociatif, les troubles délirants et la personnalité borderline sont a priori des contre-indications. ➜ La manipulation psychologique et la création de faux souvenirs seraient les risques éthico-juridiques associés (très rares). ■ Hypnothérapie Il s agit de l usage psychothérapeutique de l hypnose. C est une thérapie brève (de 3 à 5 séances), actuellement utilisée dans des indications assez larges : addictions (sevrage tabagique, réduction de la consommation d alcool), troubles anxieux ou du comportement alimentaire, troubles avec symptomes somatiques (somatoformes dans le DSM-IV), troubles fonctionnels intestinaux, en psychotraumatologie, en sexologie. Cependant, en 2015 et selon l Inserm, l hypnothérapie ne serait bénéfique que dans la prise en charge du syndrome de l intestin irritable. Pour les autres affections, les données ne sont pas assez solides (résultats divergents, insuffisants, limites méthodologiques importantes). Quant au sevrage tabagique, la Haute Autorité de santé indique dans son avis de 2006 « Stratégies thérapeutiques d aide au sevrage tabagique » que l hypnose ne fait pas partie des aides recommandées. ■ Hypno-analgésie Cette technique permet de modifier les composantes de la douleur : sensorielle (intensité, localisation, type) émotionnelle (anxiété, instabilité due à la douleur), cognitive (dédramatisation, recherche et assouplissement des pensées dysfonctionnelles autour de la douleur) et comportementale (comportement lié à la douleur et plainte douloureuse). Son but : augmenter la capacité à faire face, potentialiser l effet du traitement médicamenteux et réduire la dépendance aux antalgiques. Elle peut s appliquer aux douleurs chroniques (lombalgies, migraines, céphalées de tension, fibromyalgie, algodystrophie, membre fantôme) ou aiguës (soins dentaires, soins aux brûlés, endoscopie digestive, accouchement). Dans ces dernières, l hypnose conversationnelle (dialogue avec un sujet en état de transe hypnotique) permet d agir sur l anticipation anxieuse de la douleur. La HAS considère désormais l hypnose comme un des moyens non pharmacologiques en complément des antalgiques pour prendre en charge la douleur aiguë en ambulatoire chez l enfant de 1 mois à 15 ans. Dans son rapport sur les thérapies complémentaires (mars 2013), l Académie nationale de médecine souligne son intérêt pour lutter aussi contre les effets secondaires des chimiothérapies, ajoutant qu « il est possible que de nouveaux essais viennent démontrer l utilité de l hypnose dans d autres indications ». ■ Hypnosédation Dans l anesthésie, l hypnosédation est un adjuvant aux techniques d analgésie traditionnelles. Combinant hypnose et sédation intraveineuse, elle est utilisée lors d interruptions de grossesse, en chirurgie mammaire, dans la préparation de tout acte médical de chirurgie mini-invasive ou de radiologie interventionnelle. L objectif est d amplifier les ressources d anxiolyse et d analgésie chez les patients. D après le rapport Inserm 2015, l utilisation de l hypnose lors d une intervention chirurgicale ou d un acte de médecine ou de radiologie interventionnelle permettrait de diminuer la consommation de sédatifs et/ou d antalgiques en peropératoire. ■ Autohypnose Cette technique est enseignée au patient pour qu il puisse reproduire des séances d hypnose vécues avec le thérapeute, renforcer les suggestions et augmenter son autonomie, en s appropriant son traitement. Elle repose Contre-indications et risques En raison de son caractère dissociatif, l’hypnose est contre-indiquée chez les patients souffrant de schizophrénie ou d’autres troubles délirants et chez la personnalité borderline. Les effets secondaires graves seraient relativement rares : céphalées, somnolence, vertiges, anxiété. Les seuls risques (de nature éthico-juridique) seraient la manipulation psychologique et la création de faux souvenirs (rapport Inserm 2015). QUALITÉ DES SOINS ➜ L’hypnose thérapeutique est largement employée, son efficacité est validée dans l’anesthésie, la prise en sur l auto-induction d une transe hypnotique à l aide de techniques simples (focalisation de l attention, exercices respiratoires…) en vue d un objectif thérapeutique. La pratique régulière est encouragée (un enregistrement audio peut être remis au patient pour l aider à pratiquer seul). Une fois maîtrisée, cette méthode permet au patient d atteindre un état d hypnose en l absence de thérapeute. Objectifs : soulager une douleur, détendre, prolonger les effets obtenus par hétérohypnose. Elle peut être enseignée lors d une préparation à l accouchement, afin que la femme puisse y avoir recours le moment venu. ● Pour en savoir plus – Benhaiem JM. L’hypnose qui soigne. Paris: Josette Lyon; 2005. – Anaes. Évaluation et stratégies de prise en charge de la douleur aiguë en ambulatoire chez l’enfant de 1 mois à 15 ans. Mars 2000. – Inserm U1178. Évaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose. Expertise scientifique réalisée à la demande du ministère de la Santé (Direction générale de la santé). Juin 2015. L auteur déclare avoir été pris en charge lors de congrès par Lundbeck. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !608!_MG966_JNMG_QDS_Radtchenko.indd 609 22/09/2016 17:00 610 D ÉJ E U N E R - D É B A T Patients en difficultés financières : quels conseils nutritionnels ? une population très hétérogène qui est concernée : « grands précaires » mais aussi travailleurs « pauvres », personnes âgées, femmes isolées avec enfants, jeunes seuls sans emploi, personnes défavorisées. Leur identification est souvent difficile, d autant qu ils souffrent volontiers d un sentiment de honte, de culpabilité, d inutilité, voire de désespérance, qui sont des freins à l expression de leurs difficultés. Christine Kavan Diététicienne, unité transversale pour l’éducation du patient, CHRU, 25030 Besançon Cedex. Contours de la précarité Au-delà des cas d extrême exclusion, souvent très médiatisés, des millions de personnes vivent dans un état d instabilité sociale, qu un événement critique peut faire basculer dans la précarité. Le Haut Conseil de la santé publique estimait déjà en 1998 que le phénomène de précarisation, au sens de l absence d une ou plusieurs sécurités, touchait 20 à 25 % de la population totale vivant en France, soit 12 à 15 millions de personnes ! Depuis, les nombreuses mutations socio-économiques auxquelles notre pays a dû faire face ont encore accentué la progression des situations de vulnérabilité. Il existe une relation linéaire entre position socio-économique et état de santé et on constate que cette population faiblesse des ressources (minima sociaux), contraintes budgétaires liées à un départ en retraite ou un (sur)endettement, irrégularité des ressources (due à une précarité du travail, un handicap, une maladie, des bouleversements familiaux), inadaptation du logement, difficultés liées à un bas niveau d étude ou de formation, problèmes associés au statut de migrant. C est donc Que faire en consultation ? La précarité économique recouvre des aspects multiples : est la plus exposée à certaines pathologies chroniques ‒ obésité, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, HTA, ostéoporose, mauvaise santé bucco-dentaire et certains cancers ‒ dont la nutrition est un déterminant majeur. Les difficultés économiques génèrent des obstacles multiples à l application des recommandations alimentaires mais aussi à l accès aux soins et/ou au suivi d un traitement, compromettant l efficacité de la prise en charge globale de ces personnes. Malgré le temps contraint de la visite en médecine générale et la complexité des situations, 2 actions semblent compatibles avec la réalité du terrain : celles de repérer et d orienter. Le cadre de la consultation et de l’entretien est primordial VULNÉRABILITÉ PAUVRETÉ PRÉCARITÉ Situation de manque économique, matériel, social et affectif Notion de durabilité Absence de 1 ou plusieurs sécurité(s) Instabilité (revenus, travail logement, équipement) État mesurable Seuil de pauvreté – 977 €/mois/pers. seule – 1 466 €/mois/couple + 1 enfant – 2 052 €/mois/couple + 2 enfants 7 minima sociaux dont RSA (492 €/mois/pers.) Subjective, peu quantifiable Ne recouvre pas forcément une réalité économique Réversibilité – perte d’emploi (30 %) – séparation (28 %) – maladie (16 %) Sentiment d’incertitude du lendemain Souffrance au travail Peur de perdre son emploi État anxieux, dépressif Isolement GRANDE PAUVRETÉ Difficultés financières État transitoire d’insécurité dont l’insécurité alimentaire Statut éphémère qui peut basculer à tout moment ≈ 10 % population Potentiellement nombreux EXCLUSION 8,8 M = 14 % population* Bien identifié État potentiel de fragilité Subjectif +++ Identification plus difficile Fig. 1 ‒ Identifier les situations à risque (* source Insee 2011). car les patients vulnérables requièrent une écoute particulière, un respect, une mise en confiance en toute confidentialité pour pouvoir se livrer. Chaque médecin, en fonction de son lieu d exercice, de sa patientèle, peut, petit à petit, construire sa grille de lecture avec ses propres repères de vigilance. Parmi les outils disponibles, un indicateur de perception de l insécurité alimentaire peut aider à mesurer l impact des contraintes économiques sur la nutrition (en termes de difficultés d accès aux aliments et de sentiment de privations). Il s agit d une simple question, à poser avec bienveillance : « Parmi les quatre situations suivantes, quelle est celle qui correspond le mieux à la situation actuelle de votre foyer ? » : ‒ vous pouvez manger tous les aliments que vous souhaitez ; ‒ vous avez assez à manger mais pas tous les aliments que vous souhaiteriez ; ‒ il vous arrive parfois de ne pas avoir assez à manger ; ‒ il vous arrive souvent de ne pas avoir assez à manger. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !610!_MG966_JNMG DD kavan.indd 610 22/09/2016 17:01 CERI N Notion d’insécurité alimentaire ➔ « C’est un indicateur subjectif qui correspond à une situation dans laquelle des personnes n’ont pas accès à une alimentation sûre et nutritive en quantité suffisante, qui satisfasse leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine. » (Conseil national de l’alimentation ; avis n° 72, en date du 22 mars 2012). ➔ En France, l’enquête INCA 2 (2006-2007) montre que 12 % de la population, soit plus d’un adulte sur dix, est concerné par cette insécurité pour des raisons financières. Une réponse positive à l un des trois derniers points, pour des raisons financières, fait considérer la personne comme étant en insécurité alimentaire. On peut ensuite orienter le patient vers d’autres professionnels ou structures pouvant lui venir en aide sur le plan médico-social. Cela nécessite une bonne connaissance des ressources à disposition : soignants médicaux et paramédicaux, réseaux, centre communal d action sociale, structures d aide alimentaire … Sur le terrain, on constate que la parole du médecin est d or et permet très souvent aux patients de franchir le pas vers d autres professionnels et d accepter une aide. Comment se nourrir avec un petit budget ? Mais il ne faut pas oublier que ce que nous mettons dans nos assiettes n est pas que le fruit d un calcul théorique entre nos besoins nutritionnels et nos connaissances sur l équilibre alimentaire. Le comportement vis-à-vis des aliments est au carrefour de l affectif, du culturel et du social. Les représentations y jouent un rôle important. Par exemple, pour les populations aisées, une « bonne » alimentation est synonyme de « saine », les légumes et les fruits sont alors valorisés étant par définition les archétypes de l aliment sain, permettant d agir en prévention sur le long terme. « Bien manger » c est donc manger de tout, en lien avec plaisir, santé et ligne. Pour les populations plus modestes, c est en revanche manger des aliments « bons au goût », en quantité, et pouvoir accéder à un grand choix de produits. Les légumes et fruits sont considérés comme « des aliments fades, qui ne nourrissent pas et ne tiennent pas au corps » et leur symbolique ascétique agit plutôt comme un frein à leur consommation ; les recommandations du PNNS sont alors plus acceptables dans une optique curative. Plusieurs études ont mis en évidence 2 caractéristiques générales des foyers à revenus modestes : ‒ une alimentation globalement moins diversifiée, avec une plus faible consommation de produits frais, fruits et légumes, poissons, laitages ; ‒ une surconsommation d aliments gras/salés (pizzas, feuilletés, friands, panés, hamburgers, chips … ) et gras/sucrés (gâteaux, viennoiseries, barres chocolatées…). Ces comportements résultent d une forte contrainte budgétaire, le paradoxe étant que plus un aliment a une bonne qualité nutritionnelle, moins il est calorique et plus il est cher. Ils trouvent aussi leurs sources dans d autres facteurs : déterminants psycho-sociaux, privations imposées dans un monde d abondance, forte influence de la publicité sur les choix alimentaires, priorités en fonction des revenus et des dépenses, difficultés à se projeter vers l avenir. Leviers de gestion de la contrainte alimentaire Des leviers sont possibles au niveau de l approvisionnement, de la préparation et du stockage alimentaire mais aussi de la gestion des postes de dépenses hors alimentation, en agissant notamment sur : ‒ le choix des enseignes ; ‒ et des produits : nette supériorité de 4 aliments en raison de leur densité énergétique, nutritionnelle et de leur prix : lait, œufs, légumes secs, céréales complètes ; ‒ la planification des menus et d une liste de course ; ‒ le recours éventuel à l aide alimentaire. Il s agit d outils qui ne doivent pas se substituer à la démarche de soin et à la relation soignant-soigné : en effet, il faut à chaque fois partir du patient, de son contexte, son environnement, ses habitudes, de la perception de ses difficultés, de ses ressources et aspirations pour convenir avec lui de ce qui est prioritaire à l instant T et construire ensemble une réponse adaptée. Une multitude de documents/outils sont disponibles sur : www.alimentationetprecarité.fr (identifiant : profdesante ; mot de passe : précarité). Ce qu’il faut retenir ✓ Il n’y a pas de solution miracle, ni universelle. ✓ La complexité des situations nécessite des réponses au cas par cas, toujours individuelles. ✓ Approcher l’alimentation dans sa globalité, d’une manière positive et non stigmatisante, prenant en compte les aspects sociaux, affectifs, psychologiques, identitaires, ceux liés à l’environnement, aux ressources. ✓ Mettre en exergue les savoirs et les expériences de vie de chaque personne en valorisant et en mobilisant les savoir-faire existants, en donnant envie d’en acquérir de nouveaux et en apportant si besoin des connaissances permettant de faire des choix « plus éclairés ». L auteur déclare avoir été prise en charge lors de congrès par le Cerin.. Si en théorie il est possible de manger « équilibré », en respectant les repères de consommation du Programme National Nutrition Santé, pour 4,5 à 5€ par jour et par personne, cela nécessite d une part de disposer de ce budget, soit a minima environ 150 € par mois et par personne (et de nombreux individus ne l ont pas), et d autre part, de modifier ses habitudes alimentaires, de renoncer à certains « aliments plaisir » et de développer de multiples compétences ; le tout, de façon durable. 611 SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !610!_MG966_JNMG DD kavan.indd 611 22/09/2016 17:01 612 P ETIT-DÉJEUNER P U RE SS E N T I E L Pourquoi devient-on médecin aromathérapeute ? Franck Gigon Michel Le Faou Il y a encore 20 ans, je n aurais jamais imaginé employer l aromathérapie au cabinet. C est en échangeant avec quelques-uns de mes confrères pratiquant cet « art » auréolé de succès que je fus piqué au vif dans mon rôle de thérapeute. Conscient que les études médicales faisaient l impasse totale sur les plantes médicinales, je décidai de m inscrire au diplôme universitaire de phyto-aromathérapie de la faculté de médecine de Paris-13 pour tenter de démêler le fantasme de la réalité. Pendant les 3 ans de formation en compagnie de pharmaciens et d autres confrères médecins, je compris progressivement qu une phytothérapie « moderne » était bien née depuis 2 décennies, à l ombre de la médecine conventionnelle. Formé classiquement par la faculté comme tout médecin, je fus un médecin allopathe « pur » pendant de nombreuses années. À la suite d’un grave problème de santé et des effets secondaires d un traitement lourd, mon quotidien est devenu très difficile, et la pratique du sport impossible alors que j étais très sportif. Le hasard a fait que je rencontre un pharmacien qui m a conseillé un traitement à base d huiles essentielles, sous forme de capsules par voie orale, qui m a aidé à retrouver une vie pratiquement normale. J ai repris le sport. C était en 1989… médecin généraliste, 94210 La Varenne Saint-Hilaire. médecin du sport, ostéopathe, 75016 Paris. J’ai alors voulu en savoir plus sur les huiles essentielles et me suis intéressé à d autres « traitements naturels ». Depuis j associe dans ma pratique médicale ce que j ai étudié à la faculté et ce que j ai appris en dehors. Aujourd hui, on appelle cette approche « médecine intégrative ». Les auteurs déclarent avoir des liens durables ou permanents avec Puressentiel. C’est à ce moment que je découvris avec bonheur la pharmacognosie ‒ discipline si chère aux pharmaciens ‒ consis- tant à étudier les substances d origine biologique (issues d animaux, végétaux, champignons) à potentialité thérapeutique. Ce domaine inconnu des médecins venait corroborer, grâce à l étude biochimique précise des principes actifs des plantes, les propriétés revendiquées par la tradition et un empirisme parfois millénaire. Conforté par cette assise scientifique et une bibliographie grandissante sur le sujet, je passai alors à la pratique. Mon cercle familial proche et moi-même furent les premiers « cobayes ». Ensuite, j ai commencé à en faire bénéficier mes patients avec tact et mesure. J’ai maintenant complètement intégré la phytothérapie en tant que solution complémentaire à la médecine conventionnelle. Mais c est surtout l aromathérapie ‒ l utilisation des huiles essentielles à visée de soins ‒ qui m a particulièrement convaincu, et notamment dans la prise en charge des pathologies infectieuses communes : viroses saisonnières, syndromes grippaux, refroidissements... Autant de situations fréquentes où j ai pu constater que l usage contrôlé des huiles essentielles permet d obtenir rapidement une réduction de la sévérité et de la durée des symptômes de façon quasi systématique. Résultats associés : très peu de prescriptions d antibiotiques en 20 ans de pratique médicale ! Ma palette thérapeutique me permet de choisir, en fonction du patient, la technique et/ou la solution la mieux adaptée parmi la médecine du sport, l ostéopathie, la médecine chinoise, l oligothérapie, l électrothérapie et tout particulièrement l aromathérapie. Je peux constater tous les jours que cette dernière aide à soulager les patients, notamment ceux souffrant de douleurs de l appareil locomoteur. Je l utilise également au cours de mes consultations lors de certaines manipulations, et j affine ma pratique en fonction des retours positifs de sujets ayant utilisé des produits prêts à l emploi à base d huiles essentielles que je leur prescris. Menthe poivrée Gaulthérie Si j’avais un humble avis à transmettre à mes confrères en activité, ce serait « Prenez le temps de vous intéresser à l aromathérapie, car, d une part, vos patients le font déjà..., et d autre part, c est certainement une des thérapies complémentaires les plus efficaces à notre disposition ayant un excellent rapport bénéfice/risque. » C est d ailleurs pourquoi je l ai enseignée pendant 10 ans à la faculté de médecine de Bobigny dans le cadre du DU de phyto-aromathérapie Niaouli Eucalyptus SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 30 l N° 966 l SEPTEMBRE 2016 !612!_MG966_JNMG Puressentiel.indd 612 22/09/2016 17:01 613 René, 67 ans, alcoolique et fumeur, souffrant de BPCO, consulte pour une gêne au niveau de la langue. L’examen montre une lésion bourgeonnante de couleur rouge vif. à Diagnostic Pierre Frances, médecin généraliste, 66650 Banyuls-sur-Mer. [email protected] Davy Mampouya, interne en médecine générale, 34000 Montpellier. Clémence Maito, externe, 34000 Montpellier. Fiona Bernard, externe, 34000 Montpellier. ARRÊT SUR IMAGE Alcool et tabac : quels dégâts ! CARCINOME ÉPIDERMOÏDE DE LA LANGUE Les cancers de la langue mobile représentent environ un tiers de ceux de la cavité buccale. Dans 95 % des cas, il s’agit d’un carcinome épidermoïde. Le bord de la langue est le plus souvent atteint, plus rarement la face inférieure ou dorsale (3-5 %). Les deux facteurs favorisants les mieux connus sont le tabac et l’alcool. Les traumatismes itératifs (irritation prolongée par une prothèse mal adaptée, mauvaise hygiène bucco-dentaire) et l’infection par HPV ont également été incriminés. Dans la majorité des cas, la lésion est asymptomatique, notamment au stade initial. Le patient peut éprouver des paresthésies linguales, un trouble moteur, une douleur accrue par l’absorption de certains aliments. L’exploration comprend un examen de l’état dentaire, une biopsie pour analyse anatomopathologique, un scanner cervico-facial. Le bilan d’extension recherche d’éventuelles métastases et surtout un cancer synchrone, ORL, ou du poumon. Le traitement repose avant tout sur l’exérèse chirurgicale complète, associée le plus souvent à une radiothérapie. Le risque de rechutes est important, et le pronostic assez sombre (survie nette à 5 ans de 44 % et de 24 % à 10 ans). l Pour en savoir plus – Legre M, Ménard M, Maurice D, et al. Tumeurs de la cavité buccale. Rev Prat Med Gen 2015;29:671-4. SPÉCIAL JNMG - LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE I TOME 30 I N° 966 I SEPTEMBRE 2016 !613!_MG966_ASI_frances1.indd 613 22/09/2016 17:02 2016 PROGRAMME Journées Nationales de Médecine Générale Espace Grande Arche Jeudi 29 29 septembre & 30 septembre 2016 8h-9h Accueil 9 h - 10 h Plénière - Comment gérer le refus vaccinal ? Emmanuel Grimprel, Sydney Sebban 10 h - 10 h 15 Pause Fin de vie : que dit la nouvelle loi Claeys-Leonetti ? Alain Claeys, Anne de la Tour, Olivier Mermet SESSIONS Autonomie du sujet âgé : comment l’évaluer ? Bernard Gavid, Marc Paccalin Suspicion d’allergie alimentaire de l’enfant : que faire ? Madeleine Epstein, Sydney Sebban 10 h 15 - 11 h 45 COMPLET Troubles bipolaires : repérer et protéger. Marine Delavest Nos amies les bactéries… intestinales. Gabriel Perlemuter - Animaux de compagnie : quels risques ? Béatrice Quinet Promenade dermatologique. Psoriasis, une maladie multiforme. Dan Baruch, Estelle Hau 11 h 45 - 12 h 15 Pause DÉJEUNERSDÉBATS CERIN - Conseils nutritionnels aux BMS - Immuno-oncologie : nouvelles perspectives dans MYLAN - Observance : les atouts de l’interprofessionnalité. patients en difficultés financières. le traitement du cancer bronchique. Stéphane Champiat, 12 h 15 - 13 h 45 Christine Kavan 13 h 45 - 14 h SESSIONS PARTENAIRES 14 h - 15 h Christos Chouaid, Valérie Gounant, Crystèle Trezières Amine Benyamina Pause MYLAN MEDICAL - Comment la santé SERVIER - Quels enjeux pour vos patients 15 minutes pour convaincre ! Découvrez 15 minutes pour convaincre ! MYLANintégrer MEDICAL connectée votrelapratique. Lionel Reichardt les opportunités des conseils généraux. Découvrez les opportunités des conseils généraux. Commentdans intégrer santé connectée dans votre pratique. hypertendus aujourd’hui et demain ? Jacques Blacher, Jean-Jacques Mouradde laConseil Remise des prix- DOC’eAWARDS la Sarthe, Conseil de l’Yonne Lionel Reichardt Remise des prix DOC’eAWARDS Conseil Sarthe,de Conseil de l’Yonne 15 h - 15 h 15 SESSIONS Pause Toux chronique de l’enfant : comment s’orienter ? Martine François, Stéphanie Wanin Bien prescrire chez l’insuffisant rénal. Blandine Aloy, Vincent Launay-Vacher 15 h 15 - 16 h 45 DMLA en pratique. Rééducation de basse vision. Elodie Bousquet Maladie de Parkinson : le rôle du médecin généraliste. Jean-Philippe Brandel, Gilles Fénelon Mesure du risque cardiovasculaire : comment procéder ? David Rosenbaum, Philippe Zerr Prendre en charge la fibrillation auriculaire. Eloi Marijon 16 h 45 -17 h Pause ATELIERS PRATIQUES Examiner les tympans. Marion Blanchard, Elisabeth Mamelle COMPLET Dépistage des déficits sensoriels du petit enfant. Christian Plassart, Marie-Renée Toulet - MG FORM 17 h - 18 h 30 Gérer l’incertitude diagnostique en médecine générale. Julie Chouilly, Damien Jouteau - SFMG Dépistage des troubles rachidiens de l’enfant. Brice Ilharreborde, Sydney Sebban Examen du genou : quels tests ? Emmanuel Couzi, Thomas Huet, Agnès Portier Inscriptions sur www.jnmg.fr PRO-JNMG-2016-HD21-09.indd 2 COMPLET * La Revue du Praticien, La Revue du Praticien-Médecine Générale, Le Concours Médical, Egora 21/09/2016 14:48 29 & 30 Gratuit pour les abonnés à nos revues* septembre 2016 Participation au congrès : 100 € Espace Grande Arche Paris La Défense Participation au congrès + votre abonnement de 1 an à La Revue du Praticien-Médecine Générale : 110 € Vendredi 30 septembre Accueil 8 h - 9 h PURESSENTIEL Aromathérapie au cabinet médical : partage d’expériences PETITS DÉJEUNERS 9 h - 10 h Franck Gigon, Michel Le Faou 10 h - 10 h 30 LILLY Dysfonction érectile : en parler en toute simplicité pour une meilleure prise en charge. David Costa, Catherine Solano Pause SESSIONS Burn out : comprendre et agir. Marie Pezé Hypnose : quelles applications médicales ? Jean Marc Benhaiem, Pascale Chami Contrôle de l’asthme : c’est possible ! Camille Taillé 10 h 30 - 12 h Diabète : que disent les recommandations ? Guillaume Charpentier COMPLET Grossesse et HTA : qui fait quoi ? Edouard Lecarpentier, Camille Le Ray, Geneviève Plu-Bureau, Jeanne Sibiude Promenade dermatologique. Pathologies des muqueuses buccales. Amélie Aim-Eusebi, Estelle Hau 12 h - 12 h30 DÉJEUNERSDÉBATS 12 h 30 - 14 h Pause BIOGARAN COMPLET MONDOCTEUR MSD LDL cholestérol chez le patient à haut risque : discussion autour Mieux observer vos patients pour une Cabinet médical connecté : quels avantages ? de cas cliniques. Denis Angoulvant, Luc Martinez, Pierre Sabouret meilleure observance. Jean-Luc Kastner 14 h - 14 h 30 SESSIONS Pause Benzodiazépines : prescrire ou proscrire ? Bernard Gavid, Fréderic Slama Cet enfant parle mal, lit mal : que faire ? Catherine Billard, Monique Touzin 14 h 30 - 16 h Cancer du sein : encourager au dépistage ? Corinne Balleyguier, Chafika Mazouni Contraception : quoi de neuf ? Lorraine Maitrot-Mantelet, Geneviève Plu-Bureau, Brigitte Raccah-Tebeka Promenade dermatologique. Pathologies des muqueuses génitales. Béatrice Crickx, André Nguyen Van Nhieu ATELIER PRATIQUE Réaliser et interpréter un frottis cervico-vaginal. Sabrina Da Costa, Justine Hugon-Rodin, Emilie Lebreton, Pauline Sarfati 16 h - 16 h 30 Pause ATELIERS PRATIQUES Examiner un vertigineux en dix points. Didier Bouccara COMPLET Traumatismes de la main et du poignet : quand et comment immobiliser ? Sylvie Gillier Poirier - SFDRMG 16 h 30 - 18 h Poser et surveiller DIU et implants contraceptifs. Sabrina Da Costa, Justine Hugon-Rodin, Emilie Lebreton, Pauline Sarfati Leucorrhées, saignement génital, vulvite de la petite fille. Dominique Leroyer, Delphine Zenaty Qu’apporte la méthode Balint ? SMB Diabète de type 2 : la première consultation est cruciale. Claude Mahé, Raoul Duhirel – CHEM 15e édition PRO-JNMG-2016-HD20-09.indd 3 Organisées par 20/09/2016 14:45 L’observance avec Une expérience inédite pour mieux appréhender la problématique l’observance, l’importance de l’interprofessionnalité et découvrir les solutions proposées par Mylan de Une pièce de théâtre L’observant imaginaire mettant en scène votre quotidien Un débat animé par des experts Dijon le 29/09 15 RÉUNIONS INTERPROFESSIONNELLES RÉSERVÉES AUX MÉDECINS Tours le 09/06 ET PHARMACIENS Clermont-Ferrand le 13/10 Lyon le 28/04 Bordeaux le 15/09 Toulouse le 22/09 Mylan SAS 117, allée des Parcs F-69792 Saint-Priest Cedex RCS Lyon n°399 295 385 Montpellier le 23/06 Nice le 28/06 Marseille les 22/03 et 18/10 POUR TOUTE INFORMATION, CONTACTEZ VOTRE DÉLÉGUÉ MYLAN Nantes le 26/05 Strasbourg le 02/06 Rennes le 06/10 * voir c’est croire Paris le 12/05 - AP IP Meeting 2016 – 001 Lille le 19/05