Commun, le Crapaud Bufo bufo Caractéristiques Le crapaud commun est désavantagé par son physique repoussant. Au moyen-âge, on pensait même que le crapaud était un animal maléfique. Sur le dos, sa peau est pustuleuse, c'est-à-dire couverte de verrues formées par des glandes granuleuses. On ne peut cependant pas nier que ces glandes sécrètent un venin, parfois capable de tuer un chat ou un chien. Pourtant, cet animal ne présente normalement aucun danger pour l’homme, et il se révèle même être très utile dans nos jardins. Certaines espèces, comme le hibou, la couleuvre, le héron cendré, la loutre ou même le corbeau ne sont pas sensibles à ce venin et sont naturellement immunisées. Description Très communs ces crapauds vivent dans toutes les zones climatiques et même le milieu urbain. Ce sont les plus gros crapauds européens, trapus avec de courtes pattes. Leurs pupilles elliptiques sont horizontales, avec l’iris rouge cuivré, légèrement vermiculé de noir. Le crapaud commun est généralement marron, gris jaunâtre, vert olive ou roussâtre. Sa robe est unie avec quelques taches plus sombres. Le dessous de l’animal est blanc jaunâtre, uni ou tacheté. Ce gros crapaud possède une large tête sur laquelle on remarque de grandes glandes parotoïdes qui divergent vers l’arrière. Le mâle reproducteur porte des callosités nuptiales brun noir sur trois doigts. Il est dépourvu de sac vocal Les mâles mesurent environ 90 mm de long et les femelles peuvent faire jusqu’à 110mm Habitat Cet anoure se rencontre jusqu’à 2500m d’altitude dans toute l’Europe, sauf l’Irlande et certains endroits d’Espagne. Il apprécie les milieux frais et boisés et évite les habitats chauds et trop secs. Hivernage Vers octobre, le crapaud recherche un endroit où il pourra passer l’hiver à l’abri du froid et des intempéries. En cas d’absence d’abri naturel, il n’hésitera pas à creuser un trou à l’aide de ses pattes postérieures, pouvant aller jusqu’à une cinquantaine de centimètres de profondeur. Le crapaud est alors capable de rester terré dans son trou deux mois entier, ne dormant pas complètement, mais vivant seulement sur ses réserves de graisse. Ce n’est qu’au printemps suivant que le crapaud commun reprendra une alimentation normale. Terrestre Le crapaud vit la plus grande partie du temps à l’air libre, et non sous l’eau comme beaucoup de monde persiste à le croire. Le milieu aquatique lui est surtout utile pour la reproduction, mais le reste du temps le crapaud évolue dans des bois, des prés, des jardins. Il s’agit d’un animal nocturne, qui reste le plus souvent à l’obscurité durant la journée, bien à l’abri dans une cachette. Pour se déplacer, le crapaud marche et procède aussi par petits bonds d’une quinzaine de centimètres quand il est dérangé, mais c’est un animal C’est le mâle qui arrive en premier, et il sera chargé d’attirer la femelle par des cris coassants, la femelle n’arrivant que deux semaines plus tard. Lorsque mâle et femelle se retrouvent, ce qui peut arriver durant la migration prénuptiale le mâle chevauche et étreint la femelle et la maintient plaquée contre sa poitrine, l’agrippe sous les aisselles dans la position d’amplexus axillaire, ce qui lui assure la primauté. capable de franchir sans grandes difficultés des clôtures et des murs, en ne s’appuyant que sur ses doigts. Alimentation Lorsque le crapaud commun atteint l’âge adulte, il est exclusivement carnivore. Il mange alors des araignées, des insectes, des limaces, des lombrics, même de petites grenouilles et des lézards. En outre, le crapaud paraît insensible à tous les venins, que ce soit celui d’insectes comme l’abeille ou celui d’autres batraciens. Il est même important de faire remarquer que le crapaud n’hésite pas à faire preuve de cannibalisme si la situation l’exige, en dévorant ses propres jeunes. C’est la nuit qu’il sort pour chasser et se nourrir. En action de chasse, le crapaud se déplace lentement cherchant une proie. Lorsqu’il en est assez proche, il déploie sa langue protractile d'une dizaine de centimètres par un vif réflexe. L’action se passe très vite, et en moins d’une seconde, la proie est engluée sur la langue et ramenée dans la bouche du crapaud. Le crapaud écrase ensuite sa nourriture sur son palais puisqu’il ne possède ni dents ni salive, et l’avale dans de grands efforts, s’aidant en rentrant ses yeux dans leurs orbites. Reproduction Vers février, à la sortie d’hibernation, le crapaud retourne à l’étang où il est né. Dans l’eau, la concurrence entre mâles est très forte et les bagarres sont nombreuses. Lorsqu’une femelle arrive dans l’eau, les mâles se jettent sur elle, en poussant de petits cris plaintifs. L’accouplement dure plusieurs jours, et durant tout ce temps on peut souvent voir cinq ou six mâles s’agglutiner les uns aux autres pour essayer de déloger celui qui tient la femelle, celui-ci se défendant par des coups de pattes. La ponte dure longtemps, entre une dizaine et une trentaine d’heures. Dès que la femelle commence à évacuer ses ovocytes, le mâle l’aide en stimulant l’orifice cloacal avec ses orteils et en frappant de petits coups sur ses flancs. La ponte se fait alors en deux longs cordons d’œufs que le mâle arrose au fur et à mesure de son sperme. Une fois la ponte terminée, les parents n’auront plus aucun contact avec leurs petits. Il peut y avoir entre 5000 et 7000 œufs suivant l’âge de la femelle, dans un cordon d’environ 5 mètres de long. A l’éclosion, les têtards d'un noir de jais, mesurent de 3 à 5 mm, avec l’apparition d’une longue queue, d’une bouche munie de cinq rangées de dents et de deux yeux. Le têtard respire alors à l’aide de branchies et se nourrit essentiellement de végétaux. C’est juste après la métamorphose et au sortir de l’eau que le crapaud commun est le plus vulnérable à ses prédateurs, à la déshydratation, aux pesticides et à l’écrasement sur les routes. Protections Au fil du temps, la queue disparaît de même que les branchies, les quatre membres se développent, les dents tombent. Le têtard s’est alors transformé en petit crapaud de 7 à 12mm, capable de vivre sur terre comme un adulte. Dans le milieu naturel, notre anoure vit de 10 à 12 ans. Menaces Comme pour la plupart des amphibiens, la destruction et l’assèchement des marais ainsi que les pesticides constituent une menace pour l’espèce. Beaucoup de crapauds communs sont écrasés sur les routes en rejoignant leur zone de reproduction. L’installation de barrières temporaires, de crapauducs par les APN et de brèves interruptions du trafic routier sont aujourd’hui les meilleurs moyens de protection pour cet amphibien. En France, le crapaud commun est protégé par l’arrêté du 22 juillet 1993 (article1), et par la convention de Berne (annexe III). Cette espèce est classée parmi les espèces « à surveiller », dans le livre rouge des vertébrés de France. Gérard FAUVET