Le BIM, outil miracle de la planification et du Facility Management ? Le BIM, en bref BIM est l’abréviation anglaise de Building Information Modeling (maquette numérique du bâtiment, en français), que l’on pourrait définir comme une méthode informatisée de planification, de réalisation et de gestion optimales des bâtiments. Toutes les données pertinentes du bâtiment sont saisies numériquement, pour être ensuite combinées et mises en réseau, afin notamment de visualiser la géométrie du bâtiment (représentation virtuelle). Cet outil de modélisation est utilisé tant à des fins de planification et d’exécution des travaux de construction (architecture, ingénierie, domotique) que dans le Facility Management. Tandis que le BIM fait de nos jours partie intégrante de projets de construction hospitalière aux Etats-Unis et qu’il est largement répandu dans les pays nordiques, en Allemagne et en Suisse, il peine à s’imposer. Cela étant, planifier, exécuter et gérer des bâtiments selon la méthode BIM, ce n’est pas simplement réaliser une modélisation tridimensionnelle du projet de construction. Le BIM va bien au-delà. La planification débute par une analyse et une optimisation des processus : sur la base des données recueillies (p. ex. optimisation des trajets et des temps de déplacement des patients et des collaborateurs), on établira un concept spatial, afin de définir la fonction et l’équipement des diverses pièces. Celles-ci sont ensuite regroupées de manière optimale pour obtenir une trame tridimensionnelle (modèle des salles / du bâtiment), qui servira de base au travail de planification des architectes. De nos jours, la planification des bâtiments ne peut plus faire la part belle à l’architecture ; pour des raisons économiques, un bâtiment doit en effet avant toute chose satisfaire à sa finalité opérationnelle (build to cost), c’est-àdire être l’expression concrète des processus les plus adéquats pour les patients et les collaborateurs. Ensuite, la planification BIM prend en considération le cycle de vie tout entier du bâtiment. Pour pouvoir déterminer les coûts inhérents à ce cycle de vie, il est nécessaire de planifier d’emblée avec précision. Aussi la modélisation 3D des architectes comprendra-t-elle tous les aspects essentiels, tels que structure des murs, détails des façades, données d’éclairage, de climatisation etc. Elle permettra ainsi de comparer d’une part les différentes variantes d’exécution avec les coûts de cycle de vie, et d’autre part les coûts p. ex de mesures d’économie d’énergie avec les investissements nécessaires, afin d’optimiser les charges d’exploitation et de maintenance du bâtiment. Enfin, corollaire non négligeable de cette planification minutieuse, une fois le projet bouclé, toute la documentation de construction sera disponible in extenso et d’un seul tenant. Certes, on trouve aujourd’hui déjà des éléments partiels de BIM dans les hôpitaux : bases de données relatives aux pièces, plans d’aménagement, archives contractuelles, plans CAO d’architecture et de technique du bâtiment, systèmes de gestion des gaz à usage médical, listes d’inventaire, etc. Mais une documentation électronique systématique, accessible à tous demeure l’exception. Conclusion Au début de toute planification, il convient de déterminer les coûts du bâtiment et de son cycle de vie. La méthode BIM permet, en amont déjà, de définir les processus et l’exécution du bâtiment, ainsi que d’élaborer la meilleure solution économique possible, notamment en détectant précocement les adaptions nécessaires, ce qui réduira d’autant l’impact de ces dernières sur les coûts. Car plus les modifications sont apportées tard dans l’avancement du projet, plus elles seront onéreuses. Une fois le bâtiment parachevé, l’on disposera de surcroît d’une documentation exhaustive, comprenant la planification détaillée ainsi que des données toujours actualisées. Planifier en parallèle les différents domaines permet de réduire la durée totale de conception. Certes, les coûts de planification sont alors plus importants dans les premières phases du projet, mais, au final, ils ne devraient pas être sensiblement plus élevés. De toute manière, la projection économique optimisée et la réalisation plus rapide de la construction viendraient plus que compenser les éventuels surcoûts. Michael Schuler Responsable Ingénierie & Constructions Hôpital universitaire de Bâle Comité IHS