* Archipel des Belep H Centres hospitaliers publics C Cliniques privées Structures de santé de compétence provinciale Belep Centres médicaux secondaires ou infirmeries Centres spécialisés Circonscriptions médicales et centres médico-sociaux Ouégoa Poum Bondé CHN P Thavoavianon** St-Joseph H Ouloup Hienghène Kaala-Gomen Ouvéa Touho Poindimié Voh Province Nord Province Iles Loyauté Mouli Pouébo Koumac H Wedrumel Siloam Dueulu Nathalo CHN R-D Nébayes** Koné Hnaeu Hnacoam Mou Chépénéhé Hmeleck Ponérihouen Wé Houaïlou Népoui Lifou Tiga Kouaoua Poya Pénélo La Roche Canala Bourail Rawa Thio Tadine La Foa Wabao Hnawayatch Dumbéa Nord Province Sud Unia Païta Yaté Dumbéa NOUMEA Centre de consultation familiale CHT Gaston Bourret H Centre médical polyvalent (ESPAS-CMP) CHT Magenta H CHT Raoul Follereau H CHT Col de la Pirogue H CHS Albert Bousquet H Centre médico-scolaire Bureau d’éducation sanitaire Promotion de la santé Maré Goro Mont Dore Plum Boulari Ile Ouen Vao Ile des Pins Centre médical Province des Iles Centres de protection maternelle et infantile, et centres médico-scolaire Kaméré Clinique de la Baie des citrons C Montravel Clinique de l’Anse Vata C Saint-Quentin Clinique Magnin C * Les structures et le personnel de santé à la disposition de la population calédonienne sont détaillés dans le chapitre II : Les services de santé. ** Les CHN de Koumac et Poindimié disposent d’une antenne médico-psychologique rattachée au CSH A. Bousquet Carte struct san NC 09 de la page 1 samedi 4 septembre 2010 07:31 Épreuve couleurs Évènements et actualités médicales 1 - Intoxications après ingestion de crabe de cocotier en Nouvelle Calédonie. Sources : Rédigé par S Laumond-Barny, d’après l’article de : C. Maillaud, S. Lefevre, C. Sebat, Y Barguil, P. Cabalion, M. Cheze, E. Hnawia, M. Nour, F Durand. Double Lethal Coconut Crab (Birgus latro L.) poisoning. Toxicon 2010 ; 55 : 81-6 SVBEEV. Et avec l’autorisation C. Maillaud. Wikipédia, l'encyclopédie libre. Crabe de cocotier. (2010, juin 30). Page consultée en août 2010 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Crabe_de_cocotier&oldid=54776670. Le crabe de cocotier (Birgus latro) est le plus grand arthropode terrestre. De la famille des Bernard l'hermite, il est connu pour sa capacité à casser des noix de coco grâce à ses fortes pinces, pour en manger le contenu. Il se répartit dans des îles et îlots de l'océan Pacifique et de l'océan Indien. Bien que consommé depuis de nombreuses années, ce n’est qu’en 2008 que les premiers cas d’intoxications mortelles ont été rapportés. Bilan de deux années d’études des cas enregistrés et de recherches sur cet animal singulier. à un rouge orangé suivant son habitat. Habitat Les crabes de cocotier vivent habituellement dans des tanières ou des fentes rocheuses, selon le terrain, mais principalement, ils se creusent leurs propres tanières dans le sable ou un terrain meuble. Ils vivent généralement dans les zones forestières et dans les zones sableuses où il y a des cocotiers. Durant le jour, l'animal reste caché dans son abri, soit pour se protéger des prédateurs, soit pour diminuer la perte d'eau due à la chaleur. Les adultes vivent principalement à l'intérieur des terres (jusqu'à 6 kilomètres de la mer environ). Seuls les jeunes spécimens séjournent près des récifs ou des lagons. Géographie Répartition des lieux de peuplement des crabes de cocotier ■ Fond bleu : présence de crabes de cocotier ● Point jaune : lieux de peuplement secondaires ● Point rouge : lieux de peuplement principaux Les crabes de cocotier vivent dans une vaste zone s'étendant sur l'océan Indien et sur l'océan Pacifique occidental, sur 180 degrés de longitude. Au total, ils ont été observés sur 34 territoires différents. Les colonies les plus importantes sont Situation sanitaire en Nouvelle - Calédonie - 2009 - Photo : fearlessRich Ce crabe a un développement complexe associé à de singulières caractéristiques morphologiques. Son odorat est très performant et il a développé diverses stratégies pour préserver l'eau qui est indispensable à sa respiration. Généralement, l'adulte pèse jusqu'à quatre kilogrammes, sa longueur allant jusqu'à 40 centimètres pour une envergure d'une patte à l'autre pouvant aller jusqu'à un mètre. Le mâle est généralement plus grand que la femelle. Des auteurs affirment avoir trouvé des spécimens de plus de 17 kilogrammes, ce qui est généralement accepté comme la limite théorique pour un arthropode terrestre. Ces mensurations font du crabe de cocotier le plus grand arthropode terrestre du monde. Le corps du crabe de cocotier, comme celui de tous les décapodes, se compose d'une partie antérieure (céphalothorax) munie de dix pattes et d'un abdomen. La paire la plus antérieure est munie de grosses pinces qu'il utilise pour casser les noix de coco ou soulever des objets (pouvant peser jusqu'à 28 kilogrammes) par exemple. Les deux paires suivantes servent à la locomotion. Les extrémités de la troisième paire sont biramés. Ces crustacés peuvent gravir les arbres jusqu'à une hauteur de six mètres, ce qu'ils font dans les cocotiers ou dans les palmiers pour en consommer les fruits. Les deux pattes de la paire postérieure sont minuscules et habituellement maintenues à l'intérieur de la carapace dans la cavité qui abrite les organes respiratoires. Les yeux du crabe de cocotier sont rouges et la couleur de son corps varie d'un bleu violet sont celles de l'archipel des Chagos, de l'île Christmas et de l'atoll d'Aldabra aux Seychelles. De grandes populations existent également au Japon, aux Philippines, dans les îles Salomon, dans les îles Cook, à Niue et au Vanuatu ainsi que sur l’île de Juan de Nova située dans le canal du Mozambique. Puisque les adultes ne peuvent pas nager, les crabes de cocotier, doivent avoir colonisé les îles à l'état de larves, aptes à la nage. Toutefois, certains chercheurs estiment que le développement larvaire d'à peine 28 jours n'est pas suffisant pour franchir les grandes distances entre les îles, et supposent que les jeunes crabes ont rejoint les îles sur des arbres ou d'autres objets à la dérive. La répartition comporte quelques trous, notamment les alentours de Bornéo, en Indonésie, et en NouvelleGuinée. Ces îles, qui ont un environnement approprié et qui peuvent être rejointes facilement, n'ont pas de colonie de ce type de crabe parce que les populations y ont été exploitées jusqu'à l'extinction. Cependant, on les trouve sur l'île de Wakatobi et Sulawesi dans la même région. Évènements et actualités médicales - I.7.1 01 Évènements & actualités médicales Comportement général Les crabes de cocotier sont assez craintifs. Ils sont très sensibles à la présence d'un observateur, ce qui rend leur étude délicate. En temps normal, ils se déplacent doucement en émettant des claquements, mais, s'ils sont en état d'alerte, ils sont très vifs. Bien qu'ils ne soient pas très combattants, ils se battent parfois entre eux. Ils utilisent alors leurs puissantes pinces et peuvent battre en retraite en cas de supériorité de leur adversaire. pinces et les pattes, bien que les œufs et le gras de l'abdomen soient dans certaines cuisines considérés comme des morceaux de choix. Le crabe de cocotier peut être préparé comme le homard, bouilli à l'eau ou à la vapeur. Selon les îles, on trouve une grande gamme de recettes telles que le crabe de cocotier cuit dans le lait de coco. Bien que la chair du crabe ne soit habituellement pas toxique, des cas d'intoxication ont été sporadiquement rapportés dans les îles Ryūkyū au Japon et dans les Tuamotu (en Polynésie française), mis sur le Le crabe de cocotier s'alimente généralement la nuit, par temps gris ou dans des endroits ombragés. Son régime alimentaire se compose de fruits, entre autres les noix de coco, les fruits des pandanus ou encore, en captivité, des papayes ou des bananes. Toutefois, il mange presque n'importe quoi d'origine organique, de la végétation, des œufs de tortues, des cadavres d'animaux en putréfaction (rats, poissons…). Il peut également se nourrir d'exuvies de crustacés pour un apport en calcium. Il est friand de rats morts qu’il trouve dans les trappes à rongeurs, ou vivants qu’il arrive quelquefois à capturer à la volée. Des cas de cannibalisme ont même été observés en cas de manque de nourriture. On peut fréquemment observer des groupes de crabes agglutinés sur une source de nourriture. Les crabes de cocotier vont occasionnellement voler de la nourriture dans les habitations et la transportent dans leur tanière. Il peut grimper sur les arbres soit pour en manger les fruits, soit pour échapper à la chaleur ou aux prédateurs. Il utilise probablement les huiles de noix de coco comme source de lipides. Les crabes de cocotier ne peuvent pas ouvrir les noix de coco fraîches, et une théorie dit que les crabes de cocotiers feraient délibérément tomber les noix de coco pour les endommager, mais celle-ci est contestée. Photo : Rebecca Dominguez Alimentation Les crabes de cocotier brisent des noix de coco avec leurs pinces. compte de la consommation par l'animal de certains végétaux. Des cas mortels ont été récemment décrits en NouvelleCalédonie à partir de crabes de cocotier capturés sur l'île de Maré, reliés à la consommation par le crustacé de l'amande du faux manguier, Cerbera manghas. De la neriifoline, un glycoside cardiotoxique proche des digitaliques et produit par certaines plantes de la famille des Apocynaceae ont été formellement mis en cause. La viande de crabe de cocotier n'est pas un produit commercial et n'est pas habituellement vendue bien qu'elle soit considérée par certains comme un aphrodisiaque. Description et bilan des intoxications en Nouvelle-Calédonie (2008 à 2010) Bien que ce crabe soit consommé depuis de nombreuses années sur les Iles Loyauté, c’est en avril 2008 que les premiers cas d’intoxication mortelle ont Le crabe de cocotier est une res- été signalés à la DASS-NC. Ainsi, les deux premiers cas ont été source alimentaire importante dans de nombreuses îles de l'océan Indien et du signalés par le service des urgences du Pacifique. Les parties préférées sont les CHT Gaston Bourret à la fois en raison Le crabe de cocotier et l’homme Évènements - Actualités médicales I.7.1 - 02 de leur issue rapidement fatale par rapport à l’ingestion du crabe, du tableau clinique voisin et de la consommation de crabes achetés sur le marché de Maré. Les deux personnes n’avaient pas partagé le même repas mais avaient toutes deux acheté les crabes au même vendeur. Le premier cas était un homme adulte d’une quarantaine d’année, qui a commencé à présenter des signes digestifs le 12/04/2008, quelques heures après la consommation et est décédé rapidement au cours de la nuit avec un tableau d’hyperkaliémie. Le second cas a également présenté des troubles digestifs, et est décédé rapidement quelques heures après son admission aux urgences avec une hyperkaliémie. Ces deux patients avaient des antécédents médicaux connus (insuffisance rénale pour le premier et pathologie cardiovasculaire traitée par digitaline pour le second). L’investigation a permis de confirmer l’ingestion de crabe, l’origine du crabe et le fait que ces personnes avaient consommé outre la chair du crabe, les parties du tube digestif. Or, il s’avère qu’à cette période de l’année certains crabes se nourrissent de végétaux toxiques (faux manguier) et qu’il est déconseillé de ramasser les crabes provenant des zones où poussent ces végétaux. Trois autres patients ont été identifiés avec des troubles digestifs, sans hospitalisation. Il s’agissait de membres de la famille des patients, ou de personnes résidant à Maré. Ces personnes n’avaient consommé que les pattes et avaient présenté des vomissements et diarrhées. Des mesures ont été prises afin de sensibiliser la population en particulier sur le mode de préparation et de consommation des crabes (ne pas consommer l’abdomen), mais aussi les vendeurs locaux afin de ne pas ramasser les crabes dans les zones à risque. Aucun autre cas n’a été signalé en 2008. En janvier 2009, deux cas non mortels ont été enregistrés au CHT, il s’agissait de 2 jeunes hommes, internes en médecine qui avaient consommé les pinces et le céphalothorax de crabes en provenance de Lifou. Ils ont présenté des troubles 5 à 6 heures après la consommation, avec une évolution favorable. En mars 2009, une femme a consommé les pinces et le céphalothorax d’un crabe d’Ouvéa. Elle a présenté des troubles digestifs et son évolution clinique a été favorable. Situation sanitaire en Nouvelle - Calédonie - 2009 - Évènements et actualités médicales a été favorable sous traitement symptomatique. Le second cas était une autre femme, âgée de 45 ans (crabe de Tiga), ayant consommé des pinces de crabes et ayant manifesté des signes digestifs à type de vomissements et de diarrhées 1 heure après la consommation. Une autre femme de 34 ans, originaire de Maré ayant consommé les pinces et le céphalothorax d’un crabe de Maré a présenté des signes digestifs d’évolution favorable. Aucun autre cas n’a été signalé depuis cette période. cardiotoxique de provenance végétale : faux manguier) dans les différents prélèvements. Un complément d’analyse toxicologique a montré que cette toxine ne se trouvait pas uniquement dans le tube digestif. Elle a été également détectée dans le céphalothorax et en quantité moindre dans le haut des pattes de crabes. Cette molécule provoque des effets digitaline-like. Partant de cette hypothèse, un protocole de traitement par anticorps anti-digitalique a ainsi été établi par le service des urgences du CHT. Les différentes investigations concernant La toxine en cause l’épidémiologie des ces intoxications ont Une recherche de toxine a pu être montré : - qu’il était actuellement impossible effectuée en 2009 et a mis en évidence de distinguer avant consommation un la présence de nériifoline (hétéroside Photo : Niko Faux manguier Photo : Niko En avril 2009, de nouveau deux personnes ont été intoxiquées. Signalées par le service des urgences du CHT, il s’agissait de deux personnes âgées, dont l’une originaire de Maré, qui avait consommé un crabe de Maré. La première avait consommé du crabe (céphalothorax sans le tube digestif, correctement préparé) et présenté des troubles digestifs et de la conduction cardiaque quelques heures après la consommation. Elle est décédée au CHT le 17 avril dans un tableau d’hyperkaliémie majeure. La seconde, a reçu des crabes de Maré, les a congelés pour les consommer en famille une semaine plus tard. Elle a présenté des signes digestifs avec une hyperkaliémie majeure qui a pu être traitée et dont l’évolution a été fatale. Cette dernière personne avait consommé le céphalothorax avec le tube digestif. Les autres crabes faisant partie du même lot, avaient été consommés par des membres de la famille et aucune autre personne n’avait été malade. En mai 2009, un homme de 64 ans et une femme de 54 ans, originaires de Maré ont consommé des crabes de Maré. Ils ont présenté des troubles digestifs, environ 10 heures après le repas de crabes. Leur évolution a été favorable en moins de 24 heures En octobre 2009, un homme de 71 ans, originaire de Maré a également été intoxiqué suite à une ingestion de crabe (pinces) et a présenté des signes digestifs. Il a été transféré au CHT en raison de ses antécédents médicaux mais n’a pas présenté d’hyperkaliémie. L’évolution a été favorable. En février 2010, une femme de 36 ans a consommé les pinces et le céphalothorax d’un crabe de Tiga. Elle a présenté des troubles digestifs accompagnés de troubles de la repolarisation et de bradycardie. Son évolution a été favorable malgré la présence d’atteinte cardiaque. A noter qu’en mars 2010, deux nouveaux cas ont été signalés par un médecin de Maré. Il s’agissait, pour la première, d’une femme de 75 ans (crabe provenant d’Ouvéa), ayant présenté des troubles digestifs et un bloc auriculoventriculaire sans hyperkaliémie, 1 heure après la consommation de crabe (y compris l’abdomen) et dont l’évolution Situation sanitaire en Nouvelle - Calédonie - 2009 - Évènements et actualités médicales - I.7.1 03 Évènements & actualités médicales crabe de cocotier sain d’un crabe de cocotier porteur de cette toxine potentiellement mortelle, - que la croyance traditionnelle selon laquelle une préparation soigneuse du crabe, en éliminant les viscères protégerait d’une éventuelle intoxication a été contredite par les faits, puisqu’une personne est décédée dans ce contexte, - qu’il n’est pas possible de délimiter les zones de capture des crabes de cocotier garantissant l’absence de toxine, ni une période sans risque et que les 4 Iles Loyauté sont concernées. En conclusion Dans ce contexte, il est légitime d’attirer l’attention de la population, sur les risques encourus lors de la consommation de crabe de cocotier des Iles Loyauté, plus particulièrement à la période où sont présentes les baies de faux manguiers et de rester vigilant en permanence, dès l’apparition de signes d’intoxication faisant suite à un repas de crabes de cocotier. Il semble tout aussi important de s’interroger sur la consommation de ce crabe. On peut se poser la question de faire jeuner les crabes, ou bien de les garder en captivité et de les purger (alimentation contrôlée) avant de les vendre. Mais la durée du jeune reste non déterminée. Ces éléments montrent que malgré une consommation traditionnelle et probablement ancienne de ce crabe, c’est seulement depuis 2 ans que sont rapportés des cas d’intoxication dont les premiers, qui ont permis de sensibiliser la population et le corps médical, ont été mortels. Au total, 17 cas d’intoxication sont connus depuis 2008, dont 4 mortels. Les recherches toxicologiques ont permis de mettre en évidence une toxine qui serait responsable des effets sur le myocarde et ainsi de mettre en place un protocole thérapeutique. Il serait toutefois pertinent de pouvoir mettre en place un programme de recherche afin de mieux comprendre ce phénomène, de pouvoir également répondre aux interrogations qui subsistent et mettre en place des mesures de prévention adaptées. Évènements - Actualités médicales I.7.1 - 04 Situation sanitaire en Nouvelle - Calédonie - 2009 -