Evolution de notre richesse ornithologique - Bourgogne

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Évolution de notre richesse ornithologique
Il peut être dangereux de réduire les enjeux pour la biodiversité au seul bilan comptable du nombre
d’espèces apparues ou disparues au cours des dernières décennies. Mais ignorer ce paramètre serait
un oubli. Bien-sûr il occulte les phénomènes plus sournois mais tout aussi importants pour le statut
de notre avifaune tels que l’évolution de la distribution géographique des espèces, l’évolution de la
qualité des habitats, des effectifs ou d’autres paramètres démographiques. Mais il a le mérite de
proposer un bilan quantitatif simple et objectif sur le passé, le présent et peut-être le futur de nos
oiseaux.
Il faut rester prudent en analysant ce paramètre car les biais sont multiples. Ainsi il est parfois
difficile d’affirmer si la découverte d’une espèce relève d’une meilleure prospection ou d’une réelle
apparition. Il est bien plus simple de prouver qu’une espèce est éteinte…
De plus la nature des espèces prises en compte est importante. Les espèces introduites
volontairement ou non par l’Homme méritent-elles de figurer dans ce palmarès ? L’action de
l’Homme sur les habitats et les ressources alimentaires, ou sur la mortalité, est telle qu’elle influence
inévitablement la distribution géographique des oiseaux :
•Hirondelle de rochers dans les carrières ;
•Martinet à ventre blanc dans les grands immeubles ;
•Râle des genêts dans les prairies de fauche ;
•Héron pourpré et Busard des roseaux dans les phragmitaies des étangs de pisciculture.
Il devient difficile dans ces conditions d'éliminer certains oiseaux ; retenons donc toutes les
espèces.
Dans tout examen rétrospectif le pas de temps considéré est déterminant. Jusqu'à quand
remonte-t-on dans le passé pour juger qu'une espèce appartient à l’avifaune autochtone de notre
territoire ? De La Comble ne considérait-il pas le Vanneau huppé et le Courlis cendré comme des
nouvelles espèces nicheuses au milieu du xxe siècle ? Et à partir de combien d'années de présence ou
d'absence jugeons-nous qu'une espèce est apparue ou a disparu ? C'est le cas de la Pie-grièche grise,
non notée en période de nidification depuis 2009. Citons aussi le Grand-duc d'Europe et la Cigogne
blanche, revenus naturellement dans les années 1990 après quelques décennies d'absence. Nous
devons éviter les espèces occasionnelles ou trop irrégulières (Tadorne de Belon, Alouette calandrelle,
Goéland leucophée).
Si l’on se limite à un pas de temps de deux décennies d'observations :
•nouvelles espèces nicheuses depuis plus de 40 ans : Cygne tuberculé (1962), Courlis cendré (1949 ?
1960), Vanneau huppé (1955), Tourterelle turque (1959), Pic noir (1965), Cassenoix moucheté
(1968 ?), Serin cini (1879), Corbeau freux (1940), Choucas des tours (1949), Mésange huppée
(début xxe siècle), Mésange noire (début xxe siècle) ;
•1 nouvelle espèce nicheuse depuis plus de 20 ans : Grive litorne (1973) ;
•3 nouvelles espèces nicheuses depuis plus de 10 ans : Héron garde-bœufs (1995), Hirondelle de
rochers (1998), Fauvette mélanocéphale (2001) ;
•4 nouvelles espèces nicheuses depuis moins de 10 ans : Grand Corbeau (2002 ? 2009), Martinet
à ventre blanc (2006 ? 2009), Faucon pèlerin (2002), Nette rousse (2003) ;
•4 espèces nicheuses éteintes depuis plus de 20 ans : Butor étoilé (1973 ? années 1980 ?), Traquet
motteux (1968), Pipit rousseline (1985 ?), Monticole de roche (1850) ;
•2 espèces nicheuses éteintes depuis moins de 20 ans : Milan royal (2000), Outarde canepetière
(1983 ?) ;
•5 espèces nicheuses en voie d'extinction : Pie-grièche grise, Râle des genêts, Bruant ortolan, Busard
des roseaux, Héron pourpré.
Et que penser d'autres espèces, peu suivies et dont nous avons que peu de signalements récents,
comme la Fauvette orphée sur la Côte Chalonnaise ?
À quand la nidification de la Grande Aigrette, du Balbuzard pêcheur voire de la Fauvette
passerinette, de la Fauvette pitchou ou du Crabier chevelu ? La Bouscarle de Cetti et la Cisticole
des joncs vont-elles tenter à nouveau de s'implanter dans notre département ? Trouverons-nous de
nouveau le Bruant fou nicheur ? Les plus jeunes naturalistes peuvent se réjouir, ils ont encore du pain
sur la planche…
Samy Mezani
Monographies
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