Francophonie de Sang : 1940 - Aperçu sur l`effort de

Introduction
Lorsque les 10, 11 et 12 mai 1940, l'infanterie et les blindés allemands appuyés
par la Luftwaffe foncent à travers les Ardennes et percent à Sedan, la surprise
est totale.
Le Blitzkrieg1 contre la France est un succès sans précédent. Des formations
concentrées et massives de chars ont fait la décision, donnant ainsi une fois de
plus ses lettres de noblesse à quelques principes opératifs de l'art militaire : la
surprise, la concentration des efforts, le combat mobile.
Les opérations militaires débutent et se déroulent conformément au plan du
général Von Manstein et à la planification opérative du « plan jaune » (Westfeldzung). L'état-major allemand, derrière Hitler, croit en une guerre- éclair et
à la capitulation rapide de la France.
Aveuglé par le mirage du Blitzkrieg, L'état-major allemand n'a retenu comme
cadre espace du théâtre de confrontation que le territoire français métropolitain, l'hexagone et les territoires des royaumes de Belgique et des Pays-Bas.
L'Angleterre pourtant toute proche, avec son insularité légendaire, n'est pas
prise en compte.
De plus, la dissymétrie du territoire des États-Unis d'Amérique par
rapport au continent européen ainsi que l'éloignement des colonies
françaises d'Afrique, confortent les Allemands dans leur schéma d'une
guerre de courte durée.
1. Blitzkrieg : Mot d’origine allemande signifiant Guerre-éclair.
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Personne, en ce mois de mai 1940, ne pense que la guerre qui
commence va se transformer en un conflit mondial, que des pays, des
territoires bien loin du théâtre initial, les États-Unis d'Amérique et
l'Empire français en Afrique1, les territoires d'outre-mer, vont jouer un
rôle majeur pour l'issue des hostilités.
Aujourd'hui tout le monde s'accorde sur le fait que le sort de la
Deuxième Guerre mondiale s'est joué aux États- Unis, en Angleterre et
en Afrique en tant que bases de départ de l'effort de guerre, de la
logistique opérationnelle et de la libération de la France.
Quel fut le rôle de l'Afrique, de l'AEF et du Cameroun en particulier,
dans cette gigantesque confrontation ? C'est à cette question que cette
courte réflexion est consacrée.
La contribution du Cameroun et des colonies de l'AEF à la défense de
l'Empire français et à la libération de la France fut dès 1940 essentielle
et primordiale : l'AEF et le Cameroun consacrèrent toute leur énergie,
toute leur économie à l'effort de guerre, servirent de pôle d'amarrage
pour la reconquête de la France en tant que première base de la France
libre; ils jetèrent dans la bataille plusieurs milliers de leurs fils qui ont
payé leur bravoure d'un nombre considérable de morts.
Plus d'un demi-siècle après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il convient
de continuer à se souvenir, de s'interroger. Des mutations politiques irréversibles sont intervenues dans le monde.
1.
Empire français en Afrique : Cette expression qui date de 1939 n'a jamais été officielle; le
souvenir du Second Empire étant resté désastreux dans les esprits. Le ministère des Colonies
fut crée en 1849. Le Cameroun et le Togo, sous mandat de la SDN et administrés par la France,
ne pouvaient faire partie de l'Empire
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En Afrique, les anciennes colonies ont changé de statut juridique. Elles
forment aujourd'hui une mosaïque d'Etats indépendants.
Les bouleversements survenus dans les pays de l'Europe de l'Est après la chute
du mur de Berlin, tout en étant porteurs d'espoir, ont consacré l'irrationnel et
le réveil des « vieux démons » susceptibles de recréer encore pendant longtemps le climat socio-politique des années d'avant la Deuxième Guerre
mondiale1
De plus, les États-Unis songent à se désengager en Europe, sous la pression
des lobbies, des contraintes budgétaires et de la déliquescence du Pacte de
Varsovie.
La réunification des deux Allemagnes s'est faite à pas de géant contre tous les
pronostics et prévisions. Le souvenir du pangermanisme d'avant-guerre
ressuscite, chez certains, inquiétudes et peurs de toutes sortes.
De l'Afrique, empêtrée dans des guerres internes et des conflits ethniques,
beaucoup commencent à se désintéresser à cause des espoirs économiques
suscités par les mutations en cours dans les anciens pays du bloc de l'Est et
entraînés par la spirale des perspectives commerciales et les possibilités
d'échange avec une Europe de l'Est somme toute assez proche de celle
de l'Ouest.
1. L'implosion du Pacte de Varsovie, l'éclatement de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques
(URSS) et de la Yougoslavie de Tito, entraînent une résurgence des nationalités à base ethnique
et l'enclin à la recomposition des États.
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Devant ces bouleversements socio-politiques nouveaux, en s'appuyant
sur les rapports de forces politico- militaires en 1940, il peut être intéressant, à travers une lecture rapide des événements de :
1) donner un aperçu sur les enjeux géostratégiques et géopolitiques que représentaient le Cameroun et l'AEF en 1940.
2) montrer que c'est d'une importance historique unique qu'il a été nécessaire de recourir à l'AEF et au Cameroun pour établir une base de souveraineté de la France libre en 1940.
3) rappeler l'immense effort de guerre fourni par le Cameroun et l'AEF, pour
souligner la grande contribution de l'Afrique centrale à la gigantesque
entreprise de la libération de la France.
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Carte d’ensemble de l’Afrique en décembre 1940.
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