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Lycée-Collège de la Planta, Sion
Ecologie
Grégoire Raboud
Ecologie
Sommaire
Objectif
1 Problématique
2 Niveaux d'organisation
3 Energie et vie
4 Facteurs de l'environnement
4.1 Facteurs abiotiques
4.1.1 La valence écologiques
4.1.2 Exemples de facteurs abiotiques
4.2 Facteurs biotiques
4.2.1 Relations intraspécifiques
4.2.2 Relations interspécifiques
4.2.2.1 Concurrence interspécifique
4.2.2.2 Niches écologiques
4.2.2.3 Relations prédateurs-proies
4.2.2.4 Commensalisme
4.2.2.5 Parasitisme
4.2.2.6 Symbiose
5 La population
6 Biocénose et écosystème
6.1 Métabolisme de la biocénose
6.2 Chaînes alimentaires et réseaux trophiques
6.3 La biodiversité
7 Cycles biogéochimiques de la matière
7.1 Cycle et flux
7.2. Bioaccumulation
7.3 Cycles de la matière
7.4 Ecotoxicologie
8 Agroécosystèmes
Les notions de base en écologie (résumé)
Sources
1
Ecologie
« Nous n’avons pas hérité la Terre de nos pères,
nous l’avons empruntée à nos fils...”
Ramaswami Venkataraman
Objectif
Dans ce cours, vous apprenez à
connaître les notions de base de l'écologie, à repérer les facteurs abiotiques et
biotiques, les chaînes alimentaires et les
réseaux trophiques, le cycle de la matière et les pyramides écologiques. Vous
apprenez à connaître un agroécosystème et les mesures nécessaires pour
prévenir les maladies et les ravageurs.
1 Problématique
En 1992, le Sommet de la Terre à Rio a vulgarisé la notion de développement durable, et par
voie de conséquence d’agriculture durable: “Un
développement est durable s’il satisfait les besoins de la génération actuelle sans porter préjudice aux capacités des générations futures à satisfaire leurs propres besoins”. Un environnement dégradé et des ressources épuisées ne
permettent plus de satisfaire les besoins des
hommes, pas plus qu’une société à deux vitesses ni une économie basée sur le profit d’une
minorité. Seul l’aspect écologique est abordé
dans ce cours.
2 Niveaux d’intégration hiérarchique
La vie se développe dans un milieu physique
constitué par la roche sous-jacente
(roche-mère), les facteurs chimiques
du sol, le relief, l’ensoleillement, la
température, les précipitations, l’humidité: ce milieu s’appelle le biotope
(bio, la vie; topos, l’endroit, le
milieu), c’est-à-dire l’endroit où la vie
se développe. Les êtres vivants ou
organismes qui s’y développent
constituent la biocénose (bio, la vie;
cénose, communauté), c’est-à-dire
la communauté des êtres vivants.
Les organismes peuvent se
classer en bactéries, archées et
eucaryotes (végétaux, animaux, et champignons). Un organisme ou individu, présente une autonomie de vie. Un ensemble
d’individus de la même espèce forme une
population. L’ensemble des populations
s’appelle une biocénose.
On peut y distinguer une biocénose prokaryote (archea et bacteria) et une biocénose
eucaryote (eucarya : animaux, végétaux,
champignons).
L’espèce est une notion qui regroupe tous les individus capables de procréer entre eux et
dont la descendance est fertile.
La pomme est une espèce, la
poire une autre. La Golden, la
Maygold, la Rainette du Canada sont différentes variétés de
l’espèce pomme.
L’ensemble formé par le biotope et la biocénose
constitue l’écosystème. En effet, le biotope influence les organismes. Par exemple, la température et l’humidité, deux des principaux facteurs
climatiques, influencent la répartition des végétaux de l’équateur aux pôles et de la plaine à la
montagne. Mais les organismes peuvent aussi
influencer le biotope. Par exemple, la végétation
influence le climat, notamment dans les régions
où le taux de déforestation est élevée. L’écologie (éco, la maison, le ménage; logos, l’étude)
n’est rien d’autre que “l’étude des relations des
êtres vivants entre eux et avec leur milieu”, c’està-dire l’étude du ménage de la nature.
Il existe différents écosystèmes naturels comme la forêt tropicale humide, les récifs coralliens, la savane, la toundra, ou, plus près de
chez nous, la forêt tempérée, la
steppe valaisanne, les prairies sèches, les marais, etc. Il existe aussi des écosystèmes artificiels comme les champs cultivés ou écosystèmes agricoles (ager, champs; agriculture,
culture des champs). Les vignes, les vergers, les
champs de céréales sont autant d’écosystèmes
agricoles
(agroécosystèmes)
donc artificiels avec leur biotope
et leur biocénose. L’ensemble
des écosystèmes de la Terre
s’appelle la biosphère.
2
3 Energie et vie
Les expressions de la vie sont des processus au cours desquels l'énergie est
transformée et un travail s'effectue.
Les principaux travaux biologiques qu'un système vivant doit effectuer sont:
- le travail chimique dans le métabolisme de
l'organisme (synthèse de la matière organique ou anabolisme, combustion et catabolisme);
- le travail de transport des substances au
travers des membranes ou contre une différence de concentrations;
- le travail mécanique qui permet les mouvements, l'émission de sons, la migration des
chromosomes lors des mitoses et méioses.
D'autres exemples de travail biologique
concernent l'émission d'énergie électrique, de
chaleur ou d'énergie lumineuse (luminescence).
-
les organismes hétérotrophes absorbent des substances chimiques organiques dont les liaisons sont riches en
énergie et libèrent, suivant les réactions,
cette énergie chimique.
Il existe des organismes autohétérotrophes, c’est-à-dire
capables de photosynthèse
et capables de se nourrir
d’autres organismes (les
plantes
semi-carnivores
comme Utricularia) ou de
matière organique morte (le
protiste Euglena considéré
tantôt comme une algue unicellulaire tantôt comme un
protozoaire). Ces deux organismes ont été
observés dans l’étang du Lycée-Collège de
la Planta.
La possibilité d'existence d'un individu, c'est-àdire de se maintenir, de croître, de se multiplier,
va être déterminée par sa possibilité de tirer
l'énergie nécessaire à son existence du milieu,
possibilité qui dépendra et de l'organisme luimême et des facteurs de l'environnement.
4 Facteurs environnementaux
Tout système possède un certain niveau d'énergie (énergie intérieure); lorsque ce système effectue un travail, son niveau d'énergie baisse.
La cellule, comme système travaillant de façon
permanente, se maintient dans la mesure où elle
prend de l'énergie du milieu et la transforme suivant ses nécessités.
Suivant le type d'absorption de l'énergie, on distingue deux types fondamentaux d'organismes:
- les organismes autotrophes couvrent
leurs besoins énergétiques par absorption
d'énergie lumineuse (photoautotrophes) ou
d’énergie chimique (chimioautotrophes), et
transforment ainsi des substances chimiques inorganiques pauvres en énergie en
substances chimiques organiques riches en
énergie;
Les organismes ne sont pas distribués de manière aléatoire. Au contraire, on observe des patrons de distribution dans le temps et dans l'espace, qui sont dus à des structures spatiales et
temporelles du milieu. Chacun a pu apprécier
l'influence des saisons sur les hirondelles, sur
une chênaie ou sur le cycle de vie des organismes en général, l'influence du
rythme nycthéméral sur la chauvesouris ou sur le nénuphar, l'influence
de l'altitude sur la végétation, du vent
sur les peupliers, l'influence du sol sur
la végétation en général et les
cultures en particulier, l'influence de la
qualité de l'eau sur la vie aquatique en
général et les algues en particulier.
Parmi les facteurs qui influencent les organismes, on distingue:
- les facteurs abiotiques: ils forment le biotope dans un écosystème; ces facteurs
peuvent être subdivisés en facteurs climatiques, édaphiques et aquatiques, et comprennent la température, la lumière, l'humidité, le vent ou le courant, le relief, les
3
optimum de développement. Il existe pour elle
un seuil minimal en deça duquel elle meurt et
une borne supérieure au-delà de laquelle le facteur considéré devient létal. Chaque espèce réagit à sa façon à la température, à la salinité, à
la lumière ou à l’acidité du sol. La valence (ou
potentiel) écologique d’une espèce traduit sa
capacité à peupler des milieux différents, caractérisés par des variations plus ou moins grandes
des facteurs abiotiques. Il y a des espèces qui
ont une faible valence écologique: elles sont utilisées comme espèces indicatrices. L'ortie, par
exemple, est une plante indicatrice des sols
riches en azote: elle est dite nitrophile. Il y a des
espèces qui ont une forte valence écologique: un
pin sylvestre accepte de croître dans un intervalle de tolérance de température allant de –45
°C à +30 °C.
concentrations en sels minéraux ou en gaz,
la structure du substrat, etc.;
- les facteurs biotiques: congénères, proies,
ennemis, parasites, concurrents, symbiontes, etc.
4.1 Facteurs abiotiques
Les conditions d'un biotope qui agissent sur un
organisme sont principalement déterminées par
le climat. Comme facteurs abiotiques importants, on y trouve les rapports d'ensoleillement et
de température, de lumière, de précipitations et
d'humidité, de relief et de vent: ce sont les facteurs climatiques. Comme autre facteur du milieu abiotique, la composition physico-chimique,
la texture et la structure du sol sont importants:
ce sont les facteurs édaphiques. Dans un biotope aquatique, la physico-chimie de l'eau est un
facteur abiotique important, à côté de la température, de la lumière et du courant: ce sont les
facteurs aquatiques.
4.1.1 La valence écologique
Tous les facteurs abiotiques varient selon des
gradients plus ou moins abrupts. Dans le désert,
ou en haute montagne, les différences de température sont considérables entre le jour et la
nuit alors quelles sont minimes dans une forêt
tropicale humide. Chaque espèce présente, visà-vis d’un facteur écologique donné, des limites
de tolérance à l’intérieur desquelles se situe son
4.1.2 Exemples de facteurs abiotiques
L'humidité d'un sol dépend d'un ensemble de
facteurs. Elle dépend d'abord des précipitations,
de l'évapotranspiration (donc de la température),
du ruissellement (donc de son inclinaison et de
sa couverture végétale), de son infiltration (ou
percolation ou drainage) et de sa remontée (ou
ascension). L'infiltration et la remontée de l'eau
dans le sol dépendent de sa texture et de sa
structure.
4
Les facteurs chimiques jouent un rôle actif sur
la structure du sol, c'est-à-dire ses propriétés
physiques, sur ses propriétés
chimiques et sur la nutrition des
microorganismes et des plantes.
Parmi les facteurs chimiques
plus importants, il y a la teneur
en oxygène (O2) ou sont aération, le taux d'acidité (pH) qui influence l'état de solubilisation
des autres constituants chimiques importants. Parmi ceuxci nous trouvons le calcium et sa
forme soluble ou ionique Ca++, le
magnésium (Mg++), le potassium
(K+), le phosphore (phosphate
PO4---), l'azote (nitrate NO3-), le soufre (sulfate
SO4--).
Certains constituants chimiques du sol sont importants en petites quantités ou à l'état de trace
pour le métabolisme des organismes: il s'agit
des oligo-éléments.
Parmi les oligo-éléments, on trouve le cuivre
(Cu), le zinc (Zn), le cobalt (Co), le molybdène
(Mo), le bore (B), auxquels se rattache le fer (Fe)
et le manganèse (Mn). Indispensables en très
petites quantités, ils deviennent nocifs ou
toxiques lorsque leurs concentrations augmentent. Le fer et le manganèse jouent également, avec l'aluminium (Al), un rôle pédologique:
suivant l'acidité du sol et les réactions chimiques
qui s'y déroulent, ils peuvent rendre ces derniers
impropres à la croissance des végétaux.
En culture des plantes, le rendement peut dépendre d'un seul élément. En effet, si la majorité
des éléments chimiques sont présents en quantité suffisante mais qu'un seul fait défaut, le rendement de la culture dépendra de ce dernier et agira comme facteur limitant: c'est la loi du minimum. Dans la pratique, les engrais sont censés
pallier à ces défauts ou à ces carences particulières capables de provoquer des troubles physiologiques. Une grande partie des engrais suit
la formule dite N P K, symbolisant l'azote, le
phosphore et le potassium.
En fait, le facteur limitant s’applique à tout facteur abiotique
qui détermine l’absence ou le
rendement d’une espèce. Par
exemple, le manque d’humidité
est un facteur limitant pour certaines plantes, cultivées notamment. L’arrosage ou l’irrigation a
pour fonction de pallier à cette limitation. Dans
les océans, c’est la teneur de l’eau en phosphates qui constitue un facteur limitant et qui
règle l’abondance du phytoplancton. L’excès
d’un facteur agit comme facteur limitant aussi.
L’Oxalis ou pain de coucou ne prospère pas
lorsque la luminosité est trop forte.
En dehors de la température, les facteurs chimiques sont un des facteurs déterminants de la
productivité d'un milieu aquatique. Parmi ces
facteurs chimiques, on distingue les éléments
nutritifs, les gaz, les composés organiques. Les
émissions issues d'activités humaines (artisanales et industrielles) sous forme directe (eaux
usées, eaux polluées, accidents) ou indirecte
(immission atmosphérique sous forme sèche ou
humide) modifient la composition chimique des
cours d'eau, des lacs, des mers et des océans.
4.2 Facteurs biotiques
En dehors des facteurs abiotiques, les organismes peuvent être influencés par d'autres organismes: on parle alors de facteurs biotiques.
Lorsque les relations ont lieu entre organismes
de la même espèce, on parle de relations intraspécifiques. Lorsqu'elles ont lieu entre organismes d'espèces différentes, on parle de relations interspécifiques.
4.2.1 Relations intraspécifiques
Les relations intraspécifiques comprennent les
relations entre partenaires sexuels, les soins à la
progéniture et les groupements animaux (groupements familiaux, groupements tribals et associations anonymes). La densité d'une population
est
principalement
déterminée
par
la
concurrence des individus pour la nourriture,
l'espace et les partenaires sexuels. Le nombre
d'individus d'une même espèce vient-il à
augmenter dans le milieu, la concurrence
augmente
également.
La
concurrence
intraspécifique est un facteur écologique
dépendant de la densité. Cette concurrence
s'exprime notamment lorsque s'installe un déficit
alimentaire, par une pression des individus les
uns sur les autres, un stress, une diminution de
la fertilité, une migration pour les herbivores, un
cannibalisme
pour
les
carnivores.
La
territorialité est une réponse de certaines
espèces pour diminuer les conséquences d'une
concurrence intraspécifique trop grande.
5
4.2.2 Relations interspécifiques
Il existe dans une biocénose des interrelations diverses entre les organismes
d'espèces différentes. Ces relations interspécifiques peuvent être positives,
neutres ou négatives pour l'individu,
elles peuvent l'activer ou l'inhiber.
4.2.2.1 Concurrence interspécifique
Les organismes d'espèces différentes
peuvent également entrer en concurrence pour la nourriture, l'espace ou l'habitat ou d'autres facteurs écologiques.
Dans le cas extrême, ces espèces
peuvent revendiquer pour leur existence
le même environnement minimal: les différentes espèces nécessitent des conditions minimales abiotiques et biotiques
identiques pour leur survie. Dans une
biocénose composée de nombreuses
espèces règne un système complexe
d'évitement concurrentiel.
feuilles de l'étage supérieur, et les girafes enfin
peuvent atteindre des feuilles jusqu'à 6 m de
hauteur. Un autre exemple d'occupation de
niches écologiques nous est fourni par les oiseaux de nos forêts. Elle repose sur des habitudes alimentaires différentes et sur des périodes d'activités différentes.
L'occupation de niches écologiques peut intervenir à l'intérieur même d'une espèce. Chez certains rapaces où existent des différences de
grandeur suivant le sexe (autour mâle: 700 g;
autour femelle: 1200 g), les proies seront de
grandeur différente suivant le sexe.
4.2.2.3 Relations prédateurs-proies (épisitisme)
4.2.2.2 Niches écologiques
La niche écologique d'une espèce indique son
rôle dans l'écosystème; elle est la somme des
expressions vitales d'une espèce, de son champ
d'action. La niche écologique est décrite comme
la "profession" d'une espèce. Le concept de
niche écologique n'est donc pas, au départ, une
donnée spatiale, mais décrit les relations spécifiques qu'une espèce a tissées avec son milieu.
La formation des différentes niches écologiques
dans l'écosystème présente le principe le plus
efficient de l'évitement de la concurrence interspécifique. L'occupation d'une niche par une espèce peut intervenir sur la base de facteurs tout
à fait différents. Par exemple, les antilopes
naines (dikdik), les gazelles-girafes (gerenuk) et
les girafes sont des herbivores spécifiques de
feuilles de la savane africaine et, par là, des
concurrents pour le facteur nourriture. L'exclusion concurrentielle repose dans ce cas sur la
différence de grandeur corporelle entre ces trois
espèces. L’antilope naine,
de la grandeur d'un lièvre,
mange les feuilles inférieures des formations buissonneuses. Les gazellesgirafes se nourrissent de
Les organismes hétérotrophes doivent tirer leur
matière organique d'autres êtres vivants. Un prédateur (épisite) se nourrit d'une proie tuée par
lui. Dans la plupart des cas, la proie est plus pe-
6
tite que le prédateur, et ce dernier nécessite
beaucoup de proies pour se nourrir. Les densités
de population de prédateurs et de proies sont
dépendantes l'une de l'autre. Le biomathématicien Volterra a formulé en 1926 des lois portant
son nom et décrivant le comportement quantitatif
des prédateurs et des proies.
4.2.2.4 Commensalisme
Le commensalisme est défini comme la manière
qu'ont les individus d'une espèce (commensaux)
de se nourrir des
restes de nourriture
d'une autre espèce
(hôte). Dans cette relation interspécifique,
l'hôte ne souffre aucun dommage ni en
tire un quelconque
avantage. Les chacals et charognards sont,
par exemple, des commensaux des carnassiers sans
que ces derniers en subissent un désavantage.
Les rémoras et les requins
sont un autre exemple.; les
orchidées poussant sur les
branches d'arbres tropicaux
en sont un autre exemple.
Le phénomène du commensalisme peut très bien évoluer vers le parasitisme ou
vers la symbiose.
Dans le commensalisme, la relation interspécifique n'est ni favorable ni défavorable à
l'espèce-hôte.
4.2.2.5 Parasitisme
Le parasitisme est une forme de relations interspécifiques où une espèce (parasite) vit au dépens d'une autre espèce (hôte), et s'en nourrit.
On y distingue les ectoparasites (sur le corps) et
les endoparasites (dans le corps). Un cas particulier nous est fourni par le coucou (cleptoparasitisme). Le parasitisme représente des parallèles à la prédation: les parasites et les prédateurs vivent de la substance organique d'espèces différentes. Cependant, le parasite ne tue
pas son hôte (du moins tout de suite lorsqu'il le
tue): souvent, les dégâts causés à l'hôte sont
peu signifiants. Le parasite est souvent plus petit
que son hôte. Suivant la durée de la phase parasite de la vie, on distingue des parasites temporaires, périodiques et permanents.
Comme parasites temporaires on rencontre,
par exemple, les femelles de moustiques et de
taons.
Dans le cas du parasitisme périodique, le parasite accomplit certains stades de son développement dans ou sur l'hôte. Dans ce cas, la
phase parasitaire peut se réduire au stade larvaire ou adulte. Cette forme de parasitisme peut
entraîner des changements d'hôte (p. ex. ver solitaire).
Les parasites permanents sont leur vie durant
en contact avec l'hôte et ne peuvent pas vivre en
liberté. Les poux des animaux sont un exemple
d'ectoparasitisme permanent: tous les stades de
développement s'effectuent sur les animaux à
sang chaud (homoïothermes).Chez certains animaux unicellulaires (protozoaires), on trouve fréquemment des parasites permanents avec changements d'hôtes. Parmi les représentants de
sporozoaires endoparasites, on trouve le Plasmodium, responsable de la malaria (ou paludisme).
Sous le terme parasitoïdes, on désigne les parasites qui tuent régulièrement leur hôte durant
leur développement. Parmi ceux-ci, on compte
les insectes qui déposent leurs œufs dans les
larves ou les œufs d'autres animaux. Les larves
parasites qui éclosent mangent leur hôte (hyménoptères ichneumonides et diptères chalcidiens).
Dans le parasitisme, la relation interspécifique est favorable à une espèce seulement
(le parasite) au dépens de l'autre espèce
(l'hôte).
Distribution du parasitisme. La vie parasitaire
se rencontre dans les groupes d'organismes les
plus différents. Parmi les bactéries, on rencontre de nombreux cas d'endoparasites causes
de maladies (lèpre, tuberculose, choléra, peste,
syphilis, salmonelloses, shigelloses, méningites
à méningocoques, tétanos, coqueluche, etc.).
Parmi les champignons, une série d'entre eux
occasionne des maladies dites fongiques chez
les végétaux (tavelure, mildiou, oïdium) et mycoses chez l'animal, l'homme y compris (les mycoses attaquent la peau, les ongles, les cheveux). Même parmi les spermatophytes (végétaux supérieurs) on trouve des plantes parasites.
Le gui est considéré comme un semi-parasite:
bien qu'il tire de l'eau et des substances minérales de son hôte, il reste cependant autonome
du point de vue photosynthétique. Le parasitisme trouve son plein développement dans le
7
règne animal. On estime qu'un quart environ de
toutes les espèces animales vivent en parasites. Si l'on fait abstraction de quelques chauves-souris (vampires) on ne dénombre aucune
espèce parasite chez les échinodermes et les
vertébrés. Les groupes animaux qui présentent
le plus grand nombre de parasites sont les suivants: sporozoaires (malaria, etc.), vers (nématodes, trématodes, cestodes), acariens, insectes
(poux des animaux). Le plus grand nombre de
parasites animaux se trouve cependant chez les
hyménoptères ichneumonides (environ 78'000
espèces).
4.2.2.6 Symbiose sensu lato
On entend par symbiose une relation de nourriture régulière entre des organismes d'espèces
différentes,
relation
avantageuse pour les
deux espèces. La
nourriture peut être
fournie soit par l'un ou
soit par les deux organismes. En général on
définit le plus petit
partenaire
comme
symbionte, le plus
grand comme hôte.
Les ectosymbiontes
vivent à l'extérieur, les
endosymbiontes à l'intérieur de l'organisme
hôte. Suivant l'intensité de la relation interspécifique, on différencie l'alliance( p. ex. piquebœufs perchés sur les grands herbivores), le
mutualisme (animaux pollinivores et nectarivores
et et plantes à fleurs) et la symbiose sensu stricto (endosymbiontes [fourmis Atta et champignons, mycorhize, légumineuses, lichens).
5 La population
La population est un système biologique formé d'un groupe collectif d'individus de la même espèce,
occupant un territoire déterminé à un moment déterminé. Son effectif ou sa
densité varie en fonction d'un
certain nombre de facteurs indépendants ou dépendants de
la densité. On parle de dynamique des populations. La
croissance d'une population est la différence
entre ses taux de natalité et de mortalité. En
fonction des espèces, on observe des types de
croissance exponentielle ou logistique ainsi que
des fluctuations autour d'une valeur donnée par
la capacité de charge du milieu ou de l'environnement appelée K.
La densité d'une population ne présente en général aucune valeur constante. Le nombre d'indi-
8
vidus oscille souvent autour d'une valeur
moyenne. La régulation de la densité de la population s'effectue par des facteurs indépendants et dépendants de la densité, qui influencent les taux de natalité et de mortalité.
nière ordonnée et coordonnée et non comme
des organismes distribués au hasard et indépendants les uns des autres.
Parmi les facteurs indépendants de la densité,
on trouve notamment les facteurs climatiques,
édaphiques ou aquatiques comme la température, la lumière, l'humidité, les facteurs chimiques, etc. Ces facteurs écologiques déterminent, suivant leur intensité et leur durée, la capacité biotope. Ces facteurs agissent indépendamment de la population. C'est ainsi, par
exemple, qu'un brusque retour de froid diminue
de 6 à 8% la population piscicole de trois étangs
différents, bien que la densité y soit différente
dans les trois cas.
Parmi les facteurs dépendants de la densité,
on trouve la majorité des facteurs écologiques
La biocénose a une organisation définie en niveaux trophiques: les plantes vertes y sont les
producteurs autotrophes, les animaux les
consommateurs hétérotrophes, que l'on peut
classer en consommateurs de premier ordre
(herbivores, phytophages), de deuxième ordre
(carnivores mangeant les herbivores), de troisième ordre (carnivores mangeant des carnivores). Il se forme ainsi des chaînes trophiques,
où le problème est de savoir qui mange qui.
D'autres organismes hétérotrophes font que les
chaînes se referment en cycles: bactéries et
champignons décomposent et reminéralisent la
matière organique des cadavres et celle des excréments en matière soluble, susceptible d'alimenter à nouveau les producteurs (cycles biogéochimiques). On peut donc parler de métabolisme de la communauté.
biotiques comme la concurrence interspécifique,
les prédateurs, les parasites, les microbes. Ils
n'agissent pas (forcément) proportionnellement
au nombre d'individus, mais leur influence est dirigée au maintien de la capacité de l'environnement (par ex. le lemming).
6 Biocénose et écosystème
La communauté ou biocénose est un système
biologique formé des populations peuplant un
biotope donné à une époque déterminée. Bien
que composé de plantes, d'animaux, de bactéries, de champignons et d'autres organismes,
c'est un groupement relativement uniforme d'aspect et spécifique de composition (floristique et
faunistique). Les populations formant une telle
communauté biotique vivent ensemble de ma-
6.1 Métabolisme de la biocénose
La communauté des êtres vivants ou biocénose
présente des relations de nature essentiellement
alimentaire où les uns mangent les autres, ou
sont transformés par les autres. Cette manifestation s’appelle le métabolisme (métabolé, transformation, changement) de la biocénose, où l’on
distingue les organismes producteurs (plantes, algues, phytoplancton, cyanobactéries), les
organismes consommateurs,
lesquels se répartissent entre
herbivores (chevreuils, lièvres,
vaches) ou phytophages (pucerons,
chenilles),
carnivores
(chouettes, lynx, carabes, coccinelles), et détritivores (lombrics,
charognards, mouches domestiques), et les transformateurs
(bactéries et champignons).
Les producteurs sont des organismes capables de photosynthétiser, c’est-à-dire de
produire de la matière organique vivante
à partir du gaz carbonique et de l’eau, et en
présence d’énergie solaire. L’énergie solaire
est ainsi stockée sous forme de matière organique (sucre, cellulose). Les consommateurs herbivores et phytophages, incapables de photosynthétiser, puisent leur
énergie dans les producteurs en les
consommant, les consommateurs carnivores en consommant des herbivores ou
phytophages ou d’autres carnivores, les dé-
9
tritivores en consommant de la matière organique morte. La matière organique
morte est constituée par les feuilles et le
bois morts, les cadavres d’animaux et leurs
excréments, les bactéries et champignons
morts. Les transformateurs puisent également leur énergie dans la matière organique morte, mais ils la transforment en matière inorganique, laquelle est utilisée par
les producteurs. La matière, au cours de
ses différentes transformations, se retrouve
tôt ou tard au même endroit: elle parcourt
un cycle.
6.2 Chaînes alimentaires et réseaux
trophiques
Dans les relations de nature alimentaire entre les organismes, les producteurs se font consommés par les
herbivores, eux-mêmes par les carnivores, ces derniers par d’autres
carnivores. On parle alors de chaîne
alimentaire. En réalité, ces relations
sont plus complexes, un même organisme pouvant consommer différents autres, voire des producteurs
et des phytophages. On parle alors
de réseau trophique (trophé, alimentation). Chaîne alimentaire ou
réseau trophique sont des notions presque synonymes. Dans une chaîne alimentaire, chaque organisme a une fonction, de producteur, de
consommateur herbivore, carnivore ou détritivore, ou de transformateur. Cette
fonction d’un organisme dans l’environnement s’appelle la niche écologique d’un organisme.
Toute disparition d’une espèce
revient à libérer une niche écologique donc à perdre une fonction dans l’environnement. Les
traitements
pesticides
des
cultures ont pour effets secondaires la disparition des insectes auxiliaires (parasites ou
prédateurs), donc la disparition
de la fonction de parasitisme ou
de prédation. Cette disparition
entraîne à son tour la pullulation
des insectes ravageurs phytophages, par suite également de
la résistance aux pesticides.
Lorsque dans un réseau alimentaire
on regroupe les organismes suivant
leur niveau trophique (producteurs,
herbivores, carnivores d’herbivores, carnivores
de carnivores) et leur biomasse (la biomasse
est une mesure du poids des organismes: biomasse végétale, biomasse animale, biomasse
bactérienne), on obtient une pyramide écologique de biomasse. Dans un milieu naturel, les
pyramides écologiques sont constitués de cinq
niveaux au maximum, tout comme dans des
cultures de nature extensive. Dans les cultures
de nature intensive, la diversité des organismes
diminue tout comme le nombre de niveaux trophiques. Lorsque cette biomasse est traduite en
équivalent-énergie, on obtient une pyramide écologique énergétique.
Les grandes civilisations du globe ont une
alimentation de base végétarienne, pour des raisons culturelles peut-être, mais d’abord
écologiques ou agriculturelles.
On parle de pyramide agroécologique. En effet, de manière
schématique, si un champs de
céréales
peut
nourrir
dix
hommes lorsque ces hommes se
nourrissent de céréales, il ne
peut en nourrir qu’un seul
lorsque ces céréales sont consommées par
du bétail et que l’homme se nourrit de cette
viande. Le passage d’un niveau trophique à
un autre correspond à une perte de matière
et d’énergie.
6.3 La biodiversité
La biosphère est un système malgré tout fragile.
La vie sur Terre repose sur une infime pellicule
qu’est le sol dont l’épaisseur moyenne ne dépasse pas un mètre. La dégradation des sols,
leur érosion, les pollutions atmosphérique, aquatique et édaphique (édaphos, sol), la diminution
de la couche d’ozone, les changements climatiques (augmentation de l’effet de serre), la déforestation, mettent en péril la vie sur Terre et appauvrissent la biodiversité.
La biodiversité ou diversité
biologique comprend la diversité des écosystèmes
(par ex. forêts tropicales, prairies grasses, mangroves, marais,
récifs
coralliens,
bocage), la diversité des espèces (par ex. chamois, chevreuil, renard,
mante religieuse, stipa pennée, pie-grièche,
huppe), et la diversité génétique (par ex.
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Golden, Maygold, Rainette du Canada,
Franc-roseau).
L’appauvrissement de la biodiversité constitue un des problèmes
écologiques les plus graves, mais
paradoxalement un des moins
connus du public. Une espèce disparue l’est à jamais. Par contre un
air pollué, si l’on prend des mesures adéquates, peut être restauré dans les mois qui suivent, une
eau polluée dans les années ou
décennies qui suivent, un sol pollué dans les siècles qui suivent.
Dans l’optique d’une augmentation de la productivité, l’usage des pesticides est allé de pair avec
une intensification des cultures par “aménagement rationnel” du territoire. Cet aménagement
s’est fait au détriment de la diversité des espèces, des variétés (diversité génétique) et des
paysages, au détriment de toute relation agissant dans l’agroécosystème, menant à une augmentation des problèmes phytosanitaires et à
une fragilisation de ce même agroécosystème.
Cette fragilisation poussait les agriculteurs dans
le cercle vicieux des interventions de plus en
plus massives et dommageables.
7 Cycles biogéochimiques de la
matière
7.1 Cycle et flux
Dans le cycle de la matière, cette perte de biomasse lors d’un passage d’un niveau trophique à
un autre est due à la respiration des organismes,
au cours de laquelle de la matière
organique (du sucre) est transformée en gaz carbonique et en eau.
La respiration est non seulement liée
à une perte de biomasse, mais encore à une perte d’énergie. Contrairement à la matière, l’énergie n’est
pas recyclée mais perdue à chaque
niveau trophique. C’est pourquoi on
parle de flux d’énergie.
Dès le début de l’agriculture, les
agriculteurs ont été confrontés à
forte concurrence sous forme de maladies fongiques, d’envahissement par les mauvaises
herbes et d’attaques de ravageurs (insectes phytophages, rongeurs), autant d’organismes qui
s’intercalaient, dans la chaîne alimentaire ou la
pyramide écologique entre les producteurs (céréales) et les consommateurs (hommes au régime végétarien). La perte de biomasse, et donc
de ressources énergétiques qui en résultait, allait
pousser les agriculteurs à intervenir et lutter
contre cette concurrence. L’usage de pesticides
de synthèse (fongicides, herbicides, insecticides,
rodenticides, etc.), particulièrement après la seconde guerre mondiale, semblait être la panacée. Rapidement, de nombreux problèmes allaient surgir comme la perturbation de l’équilibre
écologique, la pollution de l’environnement, la
présence de résidus dans l’alimentation, la résistance aux pesticides, la disparition de certaines
espèces végétales et animales dont des prédateurs (par ex. oiseaux de proie).
7.2 Bioaccumulation
Cette impact particulièrement
négatif sur les oiseaux de proie
trouva son explication dans le
phénomène de la bioaccumulation le long de la pyramide écologique. Les pesticides rémanents déposés sur les cultures
(céréales) non seulement passaient dans les consommateurs
phytophages (pucerons), les
consommateurs carnivores (oiseaux insectivores) et les carnivores de carnivores (oiseaux de proie), mais voyaient leur
concentration augmenter d’un facteur dix à
chaque passage d’un niveau trophique à l’autre,
atteignant ainsi des concentrations dommageables chez les organismes en bout de chaîne.
L’homme est un organisme particulièrement visé
puisqu’il est souvent placé en bout de
chaîne trophique, surtout lorsque son
alimentation repose sur de la viande (ou
du poisson).
7.3 Cycles de la matière
Certaines catastrophes écologiques, de
nature d’abord locale, puis régionale
avant d’être globale, de même que certaines catastrophes agroécologiques allaient permettre une prise de conscience
écologique parmi les citoyens. L’écologie
devenait, malgré certaines difficultés, une
science reconnue. La planète Terre devenait un organisme, une biosphère, une unité, car les phénomènes d’un endroit de la
planète pouvaient avoir une influence sur
un autre endroit indépendamment des distances. Les cycles de la matière (cycle du
11
carbone, de l’azote, du phosphore par exemple)
démontraient l’interdépendance entre la biocénose (les êtres vivants) et le biotope (le “non-vivant”) au niveau de la biosphère.
7.4 Ecotoxicologie
L'écotoxicologie peut se définir, de la façon la
plus simple, comme
l'étude des polluants
toxiques
dans les écosystèmes. Elle comprend les sources
de contamination,
la circulation entre
et dans les écosystèmes (depuis les
milieu contaminés
comme l'air, les
eaux, le sol jusqu'aux biocénoses),
les effets sur les biocénoses et sur leur métabolisme (y compris les effets sur la santé de
l'homme) 8et les effets sur la biosphère (changements climatiques). Cette discipline scientifique
est donc à l'interface entre l'écologie et la toxicologie.
Les substances toxiques anthropiques primaires (émissions
liées aux différentes activités humaines) ou secondaires (transformations durant le transport)
contaminent l'environnement (air,
eau, sol) et les biocénoses présentes. Même émises à faibles concentrations,
les substances toxiques peuvent s'accumuler le
long de la chaîne alimentaire (bioaccumulation)
et avoir des effets sur des organismes très éloignés de leurs émissions. Ces effets sont aigüs,
précis et visibles, ou chroniques, diffus et peu
spécifiques. La recherche scientifique peut
connaître les effets d'une substance à telle
concentration durant une durée d'exposition déterminée sur tel organe de telle espèce. C'est
ainsi, par exemple, que sont déterminées les
doses ou les concentrations
à ne pas dépasser dans tel
produit destiné à des traitements phytosanitaires ou à
l'alimentation animale ou humaine. Mais la science ne
sait que peu ou rien sur les
effets potentiellement synergiques des substances présentes dans l'environnement (éco-
toxiques) et dans l'alimentation (toxiques pour
l'homme). Il existe des substances toxiques naturelles (p. ex. aflatoxine) qui ne sont pas abordées dans ce chapitre.
La classification des substances toxiques peut
se baser sur leur utilisation
®
(pesticides [Agent Orange ,
Atrazin, DDT], médicaments),
leurs
caractéristiques
chimiques (métaux lourds, substances radioactives, composés
aromatiques [PCB,...]), leurs
propriétés (polluants organiques persistants ou
POP, dioxines) et leurs effets (perturbateurs endocriniens, tératogènes, cancérigènes). Par
®
exemple, l'Agent Orange , un herbicide défoliant à base de 2,4-D et de 2,4,5-T contenant des
résidus de dioxine, est un POP (la dioxine est
très stable) et un perturbateur endocrinien.
8 Agroécosystèmes
Au niveau agricole, il devenait important et urgent de connaître les relations agroécosystémiques pour
permettre d’intervenir de manière raisonnée, en agissant non plus sur
des cibles (ravageurs) mais sur des
interactions. D’autant plus que ce qui
prédomine dans la nature est autant
la collaboration (symbiose) que l’antagonisme (parasitisme).
Parmi les exemples de symbiose qui jouent
un rôle essentiel dans les
cycles de la matière en général et dans les agroécosystèmes en particulier, il faut citer les mycorhizes (symbiose
entre les racines d’un arbre et
un champignon du sol), les
nodosités des légumineuses
(symbiose entre une légumineuse et des bactéries du
genre Rhizobium vivant dans
les nodosités). Dans les mycorhizes, le
champignon aide les racines de l’arbre à
puiser l’eau et les sels minéraux du sol en
échange de sucre (glucose) photosynthétisé par l’arbre; dans le cas des légumineuses, les bactéries fixent l’azote atmosphérique et le transforment en nitrates que
la plante (par ex. trèfle, soja) utilise à son
profit en échange de sucre produit par la
plante.
12
Les mesures pour favoriser les parasites et prédateurs (les ennemis) des insectes ravageurs, la nutrition
des plantes (engrais verts, engrais de ferme) pour les rendre
plus résistantes aux différentes
attaques, le choix des variétés
et/ou des porte-greffe adaptées
(résistance, précocité, vigueur),
la rotation des cultures, la couverture du sol (enherbement,
paillis de copeaux), l’établissement de haies et de bandes herbeuses, les mesures de protection mécanique, biologique, biotechnique et chimique font partie d’un ensemble
de mesures qui constituent la production intégrée.
La nutrition des plantes repose principalement sur l’utilisation d’engrais de ferme
(compost, purin, paille, etc.) et d’engrais
verts (trèfle). Elle vise moins à fertiliser les
plantes cultivées qu’à nourrir les organismes du sol lesquels, par leur travail de
décomposition et de transformation, contribuent à nourrir les plantes. Si la quantité est
importante (trop d’engrais est non seulement un gaspillage [perte par lessivage et
par dénitrification] mais nuit à l’équilibre de
la biocénose du sol [pédofaune et pédoflore]), la période d’épandage l’est tout autant.
Le choix des variétés permet d’adapter les cultures à
l’endroit (type de sol, microclimat, déclivité) en jouant
sur des critères de plus en
plus nombreux (rapidité de
mise à fruit, productivité,
qualité, tolérance à des
conditions de sol particulières, résistance à certaines maladies ou
ravageurs). Le choix des porte-greffe permet, en plus des critères précédents, de varier les systèmes ou conduites en arboriculture.
La rotation des cultures équilibre la nutrition des organismes du sol et diminue l’attaque de parasites ou de pathogènes dans
certaines cultures ou variétés sensibles.
La couverture du sol, en arboriculture, viticulture ou en grandes cultures, est toujours
préférable à un sol nu. Elle peut se faire par
un enherbement, par dépôt de matière or-
ganique (sarments, copeaux,
etc.) ou par cultures dérobées.
La couverture du sol régule
l’humidité du sol, évite le lessivage des nitrates, offre un abri
aux insectes utiles, favorise le
développement racinaire, et
augmente ainsi les rendements.
L’établissement de haies, de
bandes herbeuses, de taillis
(surfaces de compensation écologique)
sont autant d’écosystèmes hébergeant une
biocénose propre, très souvent utile à l’agriculture. Certaines plantes à fleur attirent
des insectes prédateurs et parasites de ravageurs des cultures. D’autres attirent des
insectes (espèces de pucerons
non nuisibles) qui servent de
nourriture à des insectes utiles
(parasites et prédateurs) dont les
populations seront prêtes à intervenir dans les cultures voisines en
cas de présence de pucerons nuisibles. Si les biocénoses végétale
et animale des haies, bandes herbeuses ou taillis sont en général d’un apport
positif à l’agriculture, certaines espèces végétales peuvent être hôtes de maladies des
cultures.
Les mesures de protection comprennent
des mesures mécanique (désherbage), biologique (lâchage de parasites ou prédateurs), biotechnique (lutte par confusion), et
chimique (utilisation de produits spécifiques
et peu rémanents).
Plus exigeante en connaissances et en
temps, la production intégrée valorise non
seulement la profession d’agriculteur, profession complexe et complète par excellence quoique mal comprise, mais surtout
l’environnement qu’il faut ménager, garder, conserver, restaurer au risque de le
dégrader et de voire les rendements diminuer. La production intégrée permet aussi
des économies au niveau du nombre d’applications de produits phytosanitaires.
La production intégrée est une approche écologique de l’agriculture en
réponse au cercle vicieux d’une agriculture intensive qui perturbe l’environnement, car à un diagnostic d’un
mal agricole la production intégrée appelle non pas à une action destructrice
sur une cible (par ex. traitement insecti-
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cide contre un ravageur) mais à une action régulatrice sur une interaction (par ex. stimulation et
protection des insectes auxiliaires prédateurs
et/ou parasites d’insectes ravageurs).
Pour être durable, l’agriculture doit respecter l’environnement, non pas lutter
contre mais faire avec. Elle
doit être aussi socialement
équitable, économiquement
éthique et politiquement responsable. Mais il s’agit là
d’un programme pour une
autre réflexion.
“La Terre produit suffisamment pour satisfaire les besoins de tous les hommes
mais pas leur avidité”
Gandhi
Sources
. "La synthèse écologique" par P. Duvigneaud. Ed. Doin, 1974,
296 pp.
. "Ecologie" par E. P. Odum. Ed. Doin, 1976, 254 pp.
. "Mensch und Umwelt" par E. Philipp, K.-H. Weber & V. Weißer.
Ed. Schrœdel, Wahlpflichtunterricht Biologie,1985, 64 pp.
. "Ökologie" par L. Hafner & E. Philipp. Ed. Schrœdel,
Materialien für den Sekundarbereich II/Biologie, 1986, 160 pp.
. "Les catastrophes écologiques" par F. Ramade. Ed. McGraw-Hill, 1987, 318 pp.
. "Ecotoxicology" par F. Ramade. Ed. Wiley, 1987, 262 pp.
. "L'aventure du vivant" par J. de Rosnay. Ed. Seuil, 1988, 233
pp.
. "Nature pile et face" par H. Wildermuth. Ed. L.E.P. Loisirs et
Pédagogie, 1989, 224 pp.
. "Atlas zur Ökologie" par D. Heinrich & M. Hergt. Deutscher
Taschenbuch Verlag, 1990, 283 pp.
. "L'état de l'environnement en Suisse", OFEFP. Office fédéral
de l'environnement, des forêts et du paysage, Rapport 1990
sur l'état de l'environnement, 258 pp.
. "Connaître la nature en Valais – La flore". Philippe Werner. Ed.
Pillet, Martigny, 1988, 259 pp.
. "World Resources 1990-91", WRI. The World Resources Institute, Oxford University Press, 1990.
. "Environmental Data Report", UNEP. United Nations Environment Programme, 1991, troisième édition.
. "Privé de planète? - Pour un développement durable au Nord
et au Sud" par C. Crabbé, T. Pellet, G. Raboud & C. Schümperli. Ed. Déclaration de Berne, Les Magasins du Monde/Oxfam, Orcades, 1992, 205 pp.
. "Connaître la nature en Valais – La faune". Pierre-Alain Oggier.
Ed. Pillet, Martigny, 1994, 279 pp.
. "Le guide illustré de l’écologie", B. Fischesser & M.-F. DupuisTate. Ed. La Martinière, 1996, 315 pp.
Revues: . Pour la Science, La Recherche, Science & Vie,
New Scientist
Les notions de base de l'écologie (résumé)
Vous devez être capable d'expliquer:
•
quels facteurs environnementaux biotiques et abiotiques interviennent dans un écosystème.
•
qu'est-ce qu'un facteur limitant.
•
que signifie la capacité de charge d'un
écosystème.
•
quelle différence existe entre une pyramide écologique d'un végétarien et celle d'un
carnivore.
•
ce qu'est une bioaccumulation et quelles
en sont les conséquences.
•
quels
facteurs
environnementaux
agissent sur un agroécosystème.
•
Le cycle du carbone et de l'azote dans
une exploitation agricole.
•
quels sont les possibilités d'intervention
d'un agriculteur dans un agroécosystème respectant les principes de la production intégrée.
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