3407_ch01_p015_027 29/06/07 14:16 Page 21 Approfondissement Les gènes Un gène est une fraction d’ADN dont le produit d’expression exerce une fonction au cours de la vie d’un organisme. Chez les eucaryotes, la plupart des gènes sont distribués le long des chromosomes présents dans le noyau, mais il existe également des gènes localisés sur l’ADN du chromosome mitochondrial. La plupart des gènes sont transcrits en ARN messager (ARNm) qui code une ou plusieurs protéines. Certains ARN sont cependant les produits terminaux, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas traduits en protéine mais exerce eux-mêmes une fonction dans la cellule : c’est le cas des ARN ribosomiques et de transferts. L’ADN forme généralement, avec des protéines (les histones), un complexe supramoléculaire (la chromatine) localisé dans le noyau et visible au microscope électronique. Les gènes qui codent des protéines sont transcrits en ARN messager par l’enzyme ARN polymérase II. L’ARN issu de la transcription (le préARN) est modifié avant qu’il quitte le noyau et devienne l’ARNm proprement dit. Il acquiert une « cap » de méthyl guanosine à une extré- mité (l’extrémité 5’) et une séquence poly A (poly adénosine) à l’autre extrémité (l’extrémité 3’). Ces modifications stabilisent l’ARNm, le protégeant en particulier des dégradations par les enzymes exonucléases. Les gènes sont souvent divisés en plusieurs exons qui codent chacun pour une partie de l’ARNm. Les séquences d’ADN situées entre les exons, les introns, sont éliminées du pré-ARN par un processus appelé l’épissage réalisé par de petites ribonucléoprotéines nucléaires. Ainsi, un seul gène peut engendrer plusieurs ARNm comprenant différentes combinaisons d’exons. Après cette étape de maturation, l’ARNm est exporté dans le cytoplasme. Il est traduit en polypeptide, en protéine, par les ribosomes. L’ARNm possède une séquence leader en position 5’ et une séquence non traduite en position 3’. Ces séquences non traduites contrôlent la traduction et la localisation intracellulaire de l’ARNm. Le nombre total de gènes est de l’ordre de 80 000 chez les vertébrés, de 10 à 20 000 chez les invertébrés. Parmi ces gènes environ 1 à 2 % sont impliqués directement dans des processus de développement. 1.2 Les réserves exogènes Les réserves exogènes se confondent essentiellement avec le vitellus, résultat d’une adaptation évolutive, qui chez l’amphibien, permettra à l’embryon de se développer en absence de ressources nutritives externes jusqu’au stade larvaire, quand sera acquise l’autonomie de nutrition. Le vitellus s’accumule au cours de la phase de vitellogenèse à laquelle il donne son nom et représente 80 % des réserves protéiques de la cellule. Il se présente dans le cytoplasme de l’ovocyte sous forme d’agrégats constitués de protéines et de lipides appelés plaquettes vitellines. Ces composants ont pour origine un précurseur, la vitellogénine d’une masse moléculaire de 470 kDa. Sous l’influence d’œstrogènes sécrétés par les cellules entourant l’ovocyte (cellules folliculaires), les ARNm de la vitellogénine sont transcrits dans les hépatocytes du foie maternel qui synthétisent et sécrètent la protéine, précurseur soluble transporté ensuite par la circulation sanguine jusqu’à l’ovaire. Il s’insinue dans les espaces interfolliculaires. Au niveau de la membrane plasmique de l’ovocyte, la vitellogénine se lie à son récepteur (protéine de la famille des VLDL, very low density lipoproteins) et le complexe est intégré par endocytose dans l’ovocyte. Là, il est transféré dans les endosomes puis dans les 1. LA CELLULE FÉCONDABLE 21 3407_ch01_p015_027 29/06/07 14:16 Page 22 Approfondissement Contrôler l’expression des gènes, étape fondamentale pour un développement harmonieux Dans le génome, certains gènes ont des produits d’expression requis dans tous les tissus et à tout moment de la vie d’une cellule. Ce sont les gènes qui codent les protéines de structure, les protéines à activité enzymatiques ou autres impliquées dans le métabolisme général de la cellule. On a l’habitude de les appeler les gènes de ménage. D’autres gènes, moins nombreux, ont des produits d’expression spécifiques de tel ou tel type de cellule, de telle sorte que les cellules diffèrent les unes des autres par le répertoire de protéines qu’elles expriment. Le contrôle de l’expression des gènes est donc un événement central de la différenciation des cellules au cours du développement d’un individu. Ce contrôle s’effectue à différents niveaux. Le premier niveau est le contrôle de la transcription. On dit qu’un gène peut être allumé ou éteint dans des situations particulières, quand il est transcrit ou non. Ce contrôle dépend de séquences régulatrices présentes sur l’ADN et de protéines appelées facteurs de transcription qui interagissent avec ces séquences. Le promoteur d’un gène est une région en amont de la séquence codant le gène sur lequel l’ARN polymérase se fixe. Cette fixation dépend en général de plusieurs facteurs de transcription qui s’assemblent en un complexe multiprotéique, le complexe de transcription. À côté de ce complexe, il existe des protéines spécifiques, des facteurs de transcription particuliers, qui interagissent avec des séquences régulatrices spécifiques situées à proximité du promoteur. Ce système de régulation est très souvent plus élaboré pour les gènes du développement, car ils ont en général des régions régulatrices complexes qui possèdent plusieurs sites de liaisons aux facteurs de transcription. Chaque site est capable d’interagir à la fois avec des facteurs de transcription activateurs ou répresseurs de telle sorte qu’un gène peut être transcrit ou non en fonction de la combinaison et de la quantité de facteurs présents dans la cellule à un moment donné du développement. Un autre niveau de complexité réside dans le fait qu’un même facteur de transcription peut contrôler l’expression de plusieurs gènes, ce qui permet de réguler dans l’espace et le temps l’expression d’un groupe de gènes. Le second niveau de régulation s’exerce au moment de la traduction. Par exemple, un ARNm présent à un moment donné, ne sera traduit que lorsque certaines conditions seront satisfaites. Ceci est particulièrement important au cours du développement précoce, où les ARNm présents dans la cellule fécondable, ne seront traduits qu’après la fécondation. Le contrôle de l’expression des gènes peut également s’exercer au niveau de la maturation du pré-ARN dans le noyau. Un autre niveau de régulation de l’expression des gènes concerne la stabilité du messager dans le cytoplasme. Si un ARNm est instable, la quantité de protéine produite sera affectée. Enfin, le dernier niveau de régulation intéresse la protéine elle-même. Celle-ci peut être produite et ne pas être fonctionnelle car totalement ou imparfaitement maturée. L’ensemble de ces niveaux de régulation constitue une combinatoire possible d’activation et de répression de l’expression du génome qui peut intéresser une cellule, un groupe de cellules ou un tissu à tout moment du développement de l’individu. lysosomes au niveau desquels la vitellogénine est libérée de son récepteur et clivée en deux protéines : la phosvitine, une protéine phosphorylée, et la lipovitelline, une lipoprotéine. Ces protéines sont ensuite concentrées, et déshydratées pour constituer les plaquettes vitellines. Chaque plaquette est donc limitée par une membrane plasmique et contient également des enzymes telles que la cathepsine D (enzyme caractéristique des lysosomes). 22