Etude écologique des châtaigneraies du Pays d`Annot

publicité
Conservatoire Etudes
des Ecosystèmes de Provence/
Alpes du Sud (C.E.E.P.)
Etude écologique des châtaigneraies
du Pays d’Annot
Communes du Fugeret, Méailles, Braux, Annot (04)
Février 2001
Conservatoire Etudes
des Ecosystèmes de Provence/
Alpes du Sud (C.E.E.P.)
B.P. 304, 13609 Aix-en-Provence Cedex 1
Tél : 04 42 23 95 60
FAX : 04 42 96 21 08
-----------Antenne Hautes Alpes / Alpes de Haute Provence
04 92 61 55 34
Etude écologique des châtaigneraies
du Pays d’Annot
Communes du Fugeret, Méailles, Braux, Annot (04)
Aspects faune, synthèse et mise en forme : Lionel QUELIN
Aspects flore : Jean-Félix GANDIOLI
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
Etude Ecologique des Châtaigneraies
du Canton d’Annot
Fiche de synthèse
Région Provence Alpes Côtes d’Azur.
Département des Alpes de Haute Provence.
Communes de Méailles, Le Fugeret, Annot et
Braux.
Statuts de protection et inventaires sur le site :
ZNIEFF - zone 66Z00 « Annot, Méailles »
NATURA 2000 - PR 51 « Haut Bachelard, Cayolle, Mont Pelat, Haut Verdon, Mont Saint
Honnorat, Grès d’Annot ».
Habitats d’intérêt européen non prioritaires (directive « habitat » 92/43/CEE Annexe 1) :
Forêts de châtaigniers
(code CORINE 41.9 / code NATURA 2000 : 9260)
Espèces animales dites « d’intérêt patrimonial » (Liste ZNIEFF, Dir. « Habitats »,
Dir. « oiseaux », Listes rouges) :
Gobe mouche gris (Muscicapa striata) Torcol fourmilier (Jynx torquilla) Pic épeichette
(Dendrocopos minor) Huppe fasciée (Upupa epops).
Petits rhinolophes (Rhinolophus hipposideros)
Présence potentielle : Petit murin (Myotis blythi), Grand murin (Myotis myotis),
Vespertilion de Natterer (Myotis nattereri), Vespertilion de Daubenton (Myotis
daubentoni), Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), Vespertilion à
moustaches (Myotis mystacinus), Barbastelle (Barbastella barbastella), Oreillard roux
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (CEEP)
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
(Plecotus auritus), Oreillard gris (Plecotus austriacus), Pipistrelles (Pipistrellus sp),
Noctule de Lesler (Nyctalus leisleri).
Lucane cerf-volant (Lucanus cervus), Grand capricorne (Cerambix cerdo), Pique prune
(Osmoderma eremita)
Espèces végétales dites « d’intérêt patrimonial » (Espèces
« Habitats », Listes rouges, Convention de washington…) :
protégées,
Dir.
Orchis coriophora subsp. fragrans (Pollini) K. Richter, Viola jordanii Hanry, Eritrichium
nanum (L.) Gaudin, Quercus petraea (Mattuschka) Liebl., Quercus stremi Heuff. (Q.
pubescens X petraea), Centaurea procumbens Balbis subsp. jordaniana G.G., Platanthera
bifolia (L.) L.C.M. Richard, Ophrys fuciflora subsp. fuciflora (F.W. Schmid) Moencht,
Limodorum abortivum (L.) Swartz, Gymnadenia conopsea (L.) R. Br., Orchis purpurea
Hudson, Orchis tridentata Scop., Orchis provincialis Balbis, Dactylorhiza fuchsii (Druce)
Soo, Cephalanthera rubra (L.) L.C.M. Richard, Cephalanthera longifolia (L.) K. Fritch,
Cephalanthera damasonium (Miller) Druce, Epipactis microphylla (Ehrh.) Swartz,
Epipactis latifolia (L.) All., Listera ovata (L.) R. Br.
RECOMMANDATIONS DE GESTION
Libellé
Entretien des arbres (taille et
renouvellement des individus)
Entretien de la strate herbacée
Petit patrimoine bâti (cabanes,
restanques, canaux)
Objectifs général
Engager un renouvellement très
progressif des individus dépérissant.
Raisonner la taille.
Encourager un entretien de la
végétation herbacée par le pâturage ou
par la fauche hors période de floraison
des orchidées.
Associer entretien et restauration du
bâti avec la protection de la petite
faune associée.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (CEEP)
Référence
Fiche gestion n°1
(page 38)
Fiche gestion n°2
(page 39)
Fiche gestion n°3
(page 40)
SOMMAIRE
PREAMBULE
1. Le Pays d’Annot : un îlot géologique
p 1
p 2
2. Présentation de l’étude
p 3
2.1. Sources d’information et inventaires
2.1.1 Données disponibles
2.1.2 Etude de terrain
2.2.3 Synthèse des observations
3. Présentation de la faune et de la flore des châtaigneraies
du secteur d’Annot
3.1. La faune
3.1.1. L’Avifaune
3.1.2. Autres observations concernant la faune sur les
châtaigneraies du canton d’Annot
3.1.3. Bilan des connaissances concernant la faune des
châtaigneraies et Intérêt patrimonial
3.2. La flore
3.2.1. Situation générale et analyse phytosociologique
3.2.2 Relevés phytosociologiques
3.2.3. Analyse floristique
p 3
p3
p3
p8
p 9
p 9
p9
p 16
p 19
p 22
p 22
p 24
p 25
4. Conclusion sur l’intérêt patrimonial des
vergers de châtaigniers
p 29
5. Gestion des châtaigneraies et biodiversité
p 29
5.1. Impact des modes de gestion vis à vis de la faune
5.2. Impact des modes de gestion vis à vis de la flore
5.3. Conclusion
p 29
p 33
p 33
Fiche gestion n°1 : Entretien des arbres
Fiche gestion n° 2 : Entretien de la strate herbacée
Fiche gestion n° 3 : Petit patrimoine bâti
p 34
p 35
p 36
Bibliographie
p 41
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
Tableau 1 : Relevés avifaunistiques par la méthode des E.F.P. (Blondel, 1975)
p 16
Tableau 2 : Statut de protection et de conservation des oiseaux
observés lors de l’enquête (mai 2000)
p 21
Tableau 3 : Bilan patrimonial par milieu (pour comparaison ne sont conservées p 21
que les oiseaux contactés sur points d’écoute)
Tableau 4 : Statut de protection et de conservation d’espèces animales
présentes ou potentiellement présentes dans les vergers de châtaigniers
(hors oiseaux).
p 22
fig.1 - Représentation schématique de la situation phytosociologique
des chênaie-chataigneraies
p 25
PLANCHES PHOTO
Planche N° 1 : Oiseaux
p 11
Planche N° 2 : Flore
p 28
Planche N° 3 : Gestion
p 32
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
PREAMBULE
La notoriété de la région d’Annot doit beaucoup à une originalité géologique : un
synclinal gréseux, dit « des grès d’Annot », qui émerge au milieu des massifs
calcaires. Cet îlot cristallin a, par sa forte influence sur la végétation, permis le
développement (semble t’il naturel [ARCHILOQUE et al., 1974]) de boisements
de châtaigniers qui ont, pendant longtemps, largement conditionné une partie de
l’activité humaine sur la région.
Les ressources alimentaires constituées par la châtaigne ont fait que les
châtaigniers, exploités en vergers, étant alors très largement favorisés par
rapport aux autres essences.
Le substrat et la gestion sylvo-pastorale ont permis le développement d’une
faune et d’une flore tout à fait originales.
Or, d’une surface de 1500 ha exploitée au début du siècle, les vergers de
châtaigniers encore entretenus (débroussaillés et châtaignes récoltées) sur le
pays d’Annot ne représentent plus actuellement qu’une trentaine d’hectares
(CRPF, 1999).
Cette mutation économique et sociale, outre l’abandon d’un terroir, a des
répercussion écologiques et sur le cadre de vie (aspects paysagers).
Ce travail, initiée par le Comité de Développement Agricole Asse-Vaire-Verdon,
s’inscrit donc dans une réflexion globale sur la valorisation et la préservation de
ces vergers de châtaigniers. Il correspond à la partie connaissance du patrimoine
naturel de l’ « Etude préliminaire à un plan de revalorisation et de restauration
de la châtaigneraie du pays d’Annot ».
Cette étude a obtenu le soutien du Programme LEADER Hautes Vallées de
Provence.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
1
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
1. Le Pays d’Annot : un îlot géologique
La zone d’étude concernant les châtaigneraies correspond aux communes
d’Annot, Le Fugeret, Méailles et Braux. Le climat est montagnard avec des
pénétrations subméditerranéennes par les vallées du Var et du Verdon.
La série stratigraphique est marquée par les grès détritiques de l’oligocène
formant un important synclinal. L’absence de calcaire entraîne une ségrégation
importante de la végétation en favorisant les espèces calcifuges comme le
châtaignier.
Le massif siliceux s’élève à 2099 mètres à la Tête du Ruch. Les massifs calcaires
alentours (cartes de végétation d’Entrevaux, Archiloque et al. 1974) culminent à
« 2599 m à la Baisse du Riou Anelles, 2597 m au Rocher du Carton, 2517 m au
Mont Saint Honorat ».
Notre secteur d’étude comprenant la série de la chênaie-châtaigneraie est limité
par :
- le torrent la Vaïre qui marque la limite ouest. Il passe aux pieds du village de
Méailles avant de traverser les villages du Fugeret et d’Annot et infléchi
ensuite sa course en direction d’Entrevaux (vers l’est) tout en délimitant ainsi
le sud du secteur.
- la Crête du Clot Martin à l’est qui marque la limite du plateau de Braux,
- au nord, par la Plane à Méailles et le col du Fa sur Braux.
- le torrent le Coulomp, dominé par les falaises et les chaos gréseux, qui sépare
le plateau d’Annot-le Fugeret-Méailles du plateau de Braux.
Le réseau hydrographique du secteur d’étude est essentiellement marqué par
les torrents la Vaïre, la Beïte et le Coulomp, d’orientation nord-sud ils
s’infléchissent ouest-est après leur confluence afin de rejoindre le Var.
Sur le secteur l’effort de prospection a porté en priorité sur les vergers de
châtaigniers encore entretenus puis sur les zones boisées à chênes et
châtaigniers correspondant à d’anciens vergers.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
2
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
2. Présentation de l’étude
2.1. Sources d’information et inventaires
2.1.1. Données disponibles
Différentes sources d’information ont été mobilisées afin de synthétiser
l’ensemble des connaissances concernant la faune et la flore des châtaigneraies
du pays d’Annot.
Données bibliographiques
Bien que relativement bien connues des naturalistes, les châtaigneraies du
pays d’Annot n’ont jusqu’à lors que peu enrichi notre bibliographie régionale. Si la
flore a été traitée par quelques auteurs (voir bibliographie), la faune quant à elle
n’a, à notre connaissance, pas fait l’objet de publications.
Base de données C.E.E.P. et naturalistes locaux
Le C.E.E.P. gère, sur l’ensemble de la région P.A.C.A., une base de données
forte de plus de 200000 observations, alimentée en continu par un important
réseau de naturalistes bénévoles. Cette base de données traite les différents
groupes de vertébrés : oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens.
Nous avons par ailleurs pris contact avec les naturalistes familiers du site qui
nous ont fourni de précieuses informations : M. MAZOLI, M. FAVRE, M. MICAS,
M. LAURENT.
2.1.2. Etude de terrain
Les prospections de terrains concernant la faune et la flore représentent
une présence cumulée de 10 jours. Ce travail nous a permis de compléter les
donnée que nous possédions par ailleurs et de mettre en place, principalement
pour les oiseaux et la flore, une description plus fine.
a) La faune
a-1) L’avifaune
L’effort de prospection a concerné principalement les oiseaux et ceci pour
plusieurs raisons :
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
3
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
-
leur mode de vie essentiellement diurne et leurs « mœurs » très
démonstratives (manifestation vocales, mobilité) en font un sujet
d’observation aisé,
-
ils sont présents dans tout type de milieu et leur mobilité leur permet
de répondre rapidement à des changements dans les caractéristiques
de ces milieux. Ils sont de ce fait, moyennant toutefois quelques
précautions d’interprétation, d’excellents bioindicateurs.
Avant de présenter la méthode d’inventaire utilisée, il convient de préciser les
raisons qui ont présidé à son choix. Nous devons pour cela rappeler le contexte
de cette étude : la réflexion globale porte sur la rénovation et la valorisation des
vergers de châtaigniers qui, pour la plupart, ne font souvent plus l’objet
d’entretien ou d’exploitation économique. On trouve donc les châtaigneraies sous
forme de boisements et sous forme de vergers. Cette étude préliminaire a donc
pour but de dégager des orientations pour une valorisation économique de ces
peuplements tout en intégrant leurs particularités biologiques.
Il nous ai donc apparu intéressant de réaliser un inventaire qualitatif de
l’avifaune qui ne soit pas seulement global mais qui mette en évidence des
différences éventuelles entre les milieux.
En d’autres termes, la question qui se posait à nous était de savoir si il existait
une différence de composition spécifique en oiseaux entre :
-
un verger de châtaigniers,
-
un boisement de châtaigniers (ancien verger)
Les oiseaux sont particulièrement sensibles à la structure de la végétation, cette
question touche donc directement à l’impact des modes de gestion sur les
populations d’oiseaux.
Pour cela, la méthode utilisée a été celle des Echantillonnages Fréquentiels
Progressifs (E.F.P.) proposée par Blondel (1975).
Cette méthode permet en effet d’étudier la structure et la composition des
peuplements d’oiseaux au regard notamment de la végétation.
Etapes de travail :
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
4
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
! Découpage du secteur en unités de végétation
Nous avons donc procédé à un découpage préalable du territoire en sous-zones
homogènes que sont :
-
Les vergers de châtaigniers entretenus : il s’agit de vieux vergers de
châtaigniers faisant l’objet, au minimum, d’un entretien de la végétation
herbacée par fauche, pâturage ou écobuage. La strate arbustive y est
absente.
-
Les vergers de châtaigniers abandonnés : il s’agit d’anciens vergers
qui ne font plus l’objet d’entretien de la végétation depuis de
nombreuses années et qui ont donc évolué vers des boisements
constitués de différentes essences feuillues et résineuses. La strate
arbustive est bien développée.
La principale difficulté a été de disposer d’unités de végétation homogènes
(sous-zones) de taille suffisante afin de s’affranchir des effets de lisière lors
des relevés avifaunistiques.
Le découpage a été réalisé à partir de la carte de végétation (feuille d’Entrevaux
1/50000, Archiloque et al., 1974) et de l’étude réalisée par le CRPF sur la forêt
privée du canton d’Annot (août 1999). Ce dernier document présente l’avantage
de donner une image plus précise de la végétation (structure et composition).
! Relevé de l’avifaune
L’inventaires ornithologique a été réalisé les 9, 10, 11 et 12 mai.
Les relevés se font en présence-absence (méthode semi-quantitative).
Un total de 14 relevés ont été réalisés sur les deux sous-zones (7 + 7). Ces
points d’échantillonnage sont localisés sur les cartes N° 1 et N° 2 en annexe du
rapport.
Nous nous garderons de faire des comparaisons des fréquences de contact
d’espèces par milieu du fait du nombre insuffisant de stations qui est lié à la
petite superficie des châtaigneraies encore entretenues.
Les relevés se font sur des points fixes (stations) pendant 20 minutes. Sont
notées les espèces vues et entendues sans information concernant l’abondance.
a-2) les mammifères
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
5
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
De par leurs mœurs discrètes l’observation des mammifères se fait souvent de
façon indirecte par la recherche des indices de présence (traces, reliefs de
repas, déjections…).
Une connaissance plus approfondie des mammifères fréquentant la châtaigneraie
nécessiterait un travail sur plusieurs années.
Une attention particulière a été donnée aux chauves-souris qui représentent les
¾ des espèces de mammifères présentes en France. Leur statut de conservation
est souvent précaire ce qui fait que ces espèces bénéficient toutes de
protection au niveau national et européen.
a-3) Les reptiles et les amphibiens
Les biotopes favorables (zones humides, pierriers, haies, friches…) ont été
explorés de jour et de nuit car, si les reptiles sont le plus souvent actifs de jour,
les amphibiens sont de mœurs plutôt nocturne.
a-4) Les insectes
Les insectes représentent un groupe difficile à appréhender. S’il est
relativement aisé d’avoir un inventaire quasi exhaustif des peuplements d’oiseaux
sur notre site d’étude il va de soit que cette entreprise n’est pas envisageable
concernant les insectes.
Aucun inventaire poussé n’a donc été entrepris.
Nos préconisation de gestion, concernant les châtaigneraie d’Annot, ne sauraient
toutefois laisser de côté ce qui représente l’immense majorité des espèces
animales.
Aussi ces préconisations prendront en compte les insectes sapro-xylophages (se
nourrissant de bois) ; il s’agit d’un « groupe » caractéristique des milieux
forestiers et pour lesquelles un certain nombre d’espèces présentent un grand
intérêt patrimonial.
b) La flore
Méthode utilisée :
Nous nous sommes orientés vers la délimitation de deux zones
représentatives - l'une située sur la Commune du Fugeret, la seconde un peu au
Nord de Braux - les conclusions de l'étude devant être extrapolées à l'ensemble
du domaine étudié.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
6
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
Les investigations de terrain ont été réalisées les 30 avril, 11 mai, 21 mai, 3 juin,
19 juin et 30 juin 2000. Elles ont permis la reconnaissance préalable,
l'établissement de relevés phytosociologiques et la réalisation d'observations
complémentaires.
Les résultats obtenus associés aux données bibliographiques existantes ont
permis la synthèse présentée plus loin.
Travaillant dans la perspective d'une remise en culture de surfaces ayant déjà
fait l'objet d'activités humaines, la méthodologie utilisée peut raisonnablement
être validée, bien qu'il nous faille émettre ici quelques réserves. Les inventaires
et listes floristiques qui apparaissent dans les résultats ne sont en rien
exhaustifs et ne valent que pour les parcelles sur lesquelles ils portent,
l'extrapolation des résultats à l'ensemble du territoire concerné ne peut être
faite qu' a priori.
Localisation :
Outre quelques indications de localité, nous donnons pour chaque relevé
(sauf problème technique) les coordonnées en longitude-latitude aux normes
U.T.M., acquises à l'aide d'un G.P.S.
secteur de Braux
relevé n°1: sur la piste de Braux au col du Fa; U.T.M. 315243, 487500;
zones plus ou moins en restanques, ambiance forestière.
relevé n°2: sur la piste de Braux au col du Fa; U.T.M. 315258, 487 468;
forêt claire à pin.
relevé n°3: peu à l'Est du relevé n¡1, sur une piste forestière en direction de
la "Roche qui tremble"; U.T.M. illisible; pinède
secteur du Fugeret
relevé n°4: aux environs du
châtaigneraie abandonnée à Pteridium.
Chastel;
U.T.M.
0311646,
4875712;
relevé n°5: idem n°4; U.T.M. 0311364, 4875878; châtaigneraie plus ou moins
entretenue au-dessus d'une maison
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
7
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
relevé n°6: un peu plus au Nord que le précédent; U.T.M. 0311324,
4875974; châtaigneraie abandonnée, ambiance forestière.
relevé n°7: peu au Nord de la Chapelle de la Salette; U.T.M. 0311048,
4875543; forêt mixte à chêne, châtaignier et pin.
relevé n°8: au environs de la Chapelle de la Salette; U.T.M. 0311230,
4875470; pelouse à Koeleria valesiana et Anthoxanthum odoratum.
2.1.2.
Synthèse des observations
a) Description des espèces
Faune :
Quelques espèces caractéristiques des vergers ont fait l’objet d’une
description sommaire reprenant :
-
la biologie, l’écologie et la chorologie,
-
la valeur patrimoniale basée sur les listes d’espèces protégées, les
listes d’espèces des Directives européennes Habitats et Oiseaux, les
listes rouges nationales et régionales, les Conventions internationales…
Un tableau fait la synthèse de toutes les espèces inventoriées avec, pour
chacune d’elles, l’intérêt patrimonial.
Flore :
Des relevés phytosociologiques (au nombre de 8), ont été réalisés dans des
stations susceptibles d'illustrer les différents stades évolutifs, du verger
entretenu à la formation climacique (les relevés sont placés en annexe).
La liste des espèces rencontrées est donnée en annexe, le corps de texte ( §
3.2.3 -Analyse floristique) comprend une description des espèces présentant un
intérêt patrimonial.
b) Fiches « préconisations de gestion »
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
8
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
Il s’agit de fiches synthétisant les enjeux biologiques et précisant les
préconisations de gestion à prendre en compte afin de concilier gestion sylvopastorale et biodiversité.
3. Présentation de la faune et
châtaigneraies du secteur d’Annot
de
la
flore
des
3.1. La faune
Comme précisé dans la méthodologie cette partie donnera une part
prépondérante à l’avifaune, les autre classes faunistiques, eu égard à l’état des
connaissances au niveau local, feront l’objet d’une approche plus sommaire.
3.1.1.
L’Avifaune
L’origine biogéographique de l’avifaune observée sur le Canton d’Annot est
« médio-européenne », aucune espèce d’affinité méditerranéenne n’a été
contactée. Le synclinal d’Annot se trouve en effet en climat de type montagnard
à subalpin. L’influence méditerranéenne ne pénètre, à la faveur de la vallée du
Coulomb, que jusqu’aux environs d’Entrevaux avec une avancée de type
subméditerranéenne sur Annot.
Outre les grandes influences climatiques chaque espèce d’oiseau possède vis à vis
des facteurs du milieu ses exigences propres. Sa présence ou son absence
dépendra de la satisfaction, au sein des biotopes présents, de ses préférendum
écologique. De ce fait les oiseaux ne se répartissent pas au hasard dans l’espace.
Les écoutes réalisées sur les châtaigneraies nous ont permis de contacter un
total de 30 espèces que nous pouvons regrouper en trois ensembles :
-
les oiseaux liés principalement aux vergers entretenus
les oiseaux liés principalement aux boisements de châtaigniers (vergers
abandonnés)
les oiseaux présents à la fois dans les vergers entretenus et les
boisements.
Ils s’agit, pour les deux premiers groupes, d’espèces que l’on qualifiera (dans le
cadre de notre secteur d’étude) de caractéristiques du milieu considéré.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
9
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
Le troisième groupe est constitué d’espèces qui trouveront des conditions de vie
favorables dans les deux types de milieux.
a) Avifaune des vergers entretenus
Rappel : Il s’agit de vergers faisant l’objet, au minimum, d’un débroussaillage. Ils
sont presque uniquement constitués de châtaigniers très âgés et espacés sous
lesquels on trouvera uniquement une végétation herbacée.
Dix neuf espèces y ont été observées au cours des points d’écoute (deux autres
l’ont été hors points d’écoute – voir tableau 1) avec comme espèces
caractéristiques :
- le rouge-queue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus),
- le torcol (Jynx torquilla),
- le gobe-mouche gris (Muscicapa striata),
et dans une moindre mesure (car présents aussi sur les vergers non entretenus
mais sur moins de stations) :
- les pics (épeichette, épeiche et vert),
- la sittelle (Sitta europaea).
Ces espèces ont en commun d’être cavernicoles, les châtaigniers âgés ont en
effet pour particularité de présenter un nombre de cavités assez impressionnant
(nous reviendront sur ces caractéristiques dans la partie gestion).
Les trois premières espèces sont très présentes dans ces vergers alors qu’elles
sont totalement absentes des boisements que nous avons étudié.
L’explication est qu’il s’agit d’espèces qui ont besoin de cavités dans les arbres
pour nicher mais avec un boisement lâche avec et l’absence d’une strate
arbustive dense.
De part leurs exigences ces espèces sont fortement anthropophiles. Elles
recherchent en effet la présence de l’homme qui, par certains modes de gestion
(et c’est le cas des vergers de châtaigniers entretenus), crée des habitats qui
leurs sont favorables.
♦ Le rouge-queue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus)
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
10
Planche N° 1 : Oiseaux
Photo Claude TARDIEU
La Huppe fasciée (Uppupa epops) nichait encore il y a
quelque années dans les grosse cavités des châtaigniers.
Photo Claude TARDIEU
Le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), difficile
à observer, se fait surtout remarquer par son
cri sonore.
Photo Claude TARDIEU
Le Rouge-queue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus) est
très présent dans les vergers
Photo Claude TARDIEU
Les cavités creusées par les pics (ici un Pic vert et un Pic
épeiche) se comptent par dizaines sur les branches mortes
de certains châtaigniers. Elles profitent à une multitude
d’espèces cavernicoles.
Photo Claude TARDIEU
11
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
Espèce migratrice, largement répandue en France. Le rouge-queue à front blanc
est caractéristique des vieilles futaies de feuillus à arbres dispersés. Par contre
il fuit les boisements serrés. Par la présence de cavités, et à condition que le
sous bois soit entretenu, les vergers de châtaigniers constituent un biotope
idéal.
♦ Le torcol fourmilier (Jynx torquilla)
Espèce paléarctique à large répartition cette espèce a vu ses effectifs chuter
entre les inventaires nationaux de 1976 et 1989 (YEATMAN-BERTHELOT et
JARRY, 1989) en grande partie du fait de la destruction du bocage. Cette espèce
migratrice affectionne les biotopes ensoleillés avec la présence de pelouses sur
lesquelles il recherche les fourmis dont il se nourrit.
Les châtaigneraies entretenues (arbres à cavités, sous bois clair fauché ou
pâturé) exposées au sud constituent un biotope idéal pour cette espèce qui se
fait essentiellement remarqué par son cri sonore.
♦ Le gobe-mouche gris (Muscicapa striata)
Cette espèce paléarctique migratrice, bien que répartie sur l’ensemble de la
France, est rare dans le sud. Elle est ainsi inscrite en Liste Rouge Régionale des
Oiseaux Nicheurs de la Région P.A.C.A. (C.E.E.P., 1992) au regard de ses faibles
effectifs et de sa présence « sporadique » liée essentiellement aux ripisylves
(forêts alluviales).
Nettement anthropophile le gobe-mouche gris fréquente fréquemment les parcs.
Il recherche des secteurs dégagés et des perchoirs à partir desquels il chasse à
l’affût des insectes qu’il capture au vol. Son nid est construit dans des endroits
souvent incongrus mais il recherche surtout des emplacements abrités (cavité
d’arbre ou de mur).
♦ Les pics
Le nombre de trous creusés par les pics (régulièrement une bonne dizaine par
arbre) suffit pour se faire une idée de l’attrait que constitue les vieux
châtaignier pour ces oiseaux.
Trois espèces, toutes sédentaires, sont nicheuses de façon certaine : le pic vert
(Picus viridis), le pic épeiche (Dendrocopos major) et le pic épeichette
(Dendrocopos minor).
Il s’agit d’espèces largement répandues au niveau national.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
11
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
La présence du pic épeichette comme nicheur est elle remarquable. Inscrite sur
la Liste Rouge PACA (CEEP, op. cit.) il s’agit d’une espèce « à répartition
ponctuelle et à effectifs faibles », « presque uniquement localisée aux
ripisylves » (boisements de berge des cours d’eau). Par ailleurs sa présence à
cette altitude (entre 1000 et 1050 mètres) est elle aussi peu fréquente.
Bien que non noté comme nicheur le pic noir est présent sur des forêts proches
(MAZOLI, com. pers. 2000). Il affectionne les arbres de gros diamètre, en
général des hêtres, mais il n’est pas exclu qu’il fasse des incursions sur le
secteur.
Les trois espèces s’accommodent de toutes sortes de milieux boisé et même de
haies pourvu que la présence de bois morts leur permette de creuser leur nid.
S’ils se nourrissent d’insectes xylophages extraits du bois l’essentiel des proies
est constitué d’insectes de toutes sortes capturés dans les anfractuosités de
l’écorce mais aussi de fourmis prélevées au sol (pic vert et pic épeiche).
♦ La sittelle (Sitta europaea)
Cette espèce sédentaire largement répandue en forêt ou en milieu bocager a
besoin de grands arbres riches en trou (notamment les trous de pics) afin d’y
construire son nid.
La sittelle a comme particularité d’adapter l’entrée des cavités à sa convenance
en en réduisant la taille avec de la boue séchée.
Elle parcours les anfractuosités du tronc à la recherche d’insectes et leurs
larves.
♦ La huppe fasciée (Upupa epops)
Cette espèce n’a pas été contactée lors de notre enquête mais était connue
comme nicheuse certaine (découverte du nid) en 1993 dans la châtaignerai du
Chastel (Le Fugeret) puis était entendue jusqu’en 1997 (MAZOLI, com. pers.,
2000).
Répartie sur les deux tiers sud de la France la huppe fasciés est victime d’une
régression généralisée de ses effectifs. Il en est de même en Provence ou elle
est en « régression forte et continue » et inscrite en Liste Rouge des Oiseaux
Nicheurs de P.A.C.A. (C.E.E.P., op. cit.).
La Huppe est une espèce migratrice, elle fréquente les milieux ouverts à
végétation basse (pelouses et prairies, bocage, mais aussi boisements clairs) afin
de prélever sa nourriture (insectes). Elle a besoin d’arbres creux ou de trous de
pics (pic vert en général) pour nicher.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
12
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
A ces espèces cavernicoles nous pouvons ajouter le pipit des arbres (Anthus
trivialis) lui aussi bien présent dans les vergers entretenus.
Cette espèce migratrice a en effet « besoin d’arbres, servant de postes de
chant ou de guet, et de surfaces herbeuses pour y trouver ses proies et y établir
son nid » (J.C. BOUVIER, in YEATMAN-BERTHELOT, 1995).
L’épervier, l’autour n’ont pas été contactés lors des échantillonnages (cette
méthode d’inventaire convient peu aux rapaces forestiers du fait de leur
discrétion) ils sont toutefois des hôtes assidus des châtaigneraies pour les
activités de chasse (MAZOLI, com. pers. 2000).
Le circaète jean-le-blanc (Circaetus gallicus), grand rapace (170-180 cm
d’envergure) migrateur se nourri uniquement de reptiles et plus particulièrement
de serpents qu’il capture dans les espaces dégagés et ensoleillés. Les vergers
clairs peuvent, ponctuellement, constituer des zones de chasse (MAZOLI, op.
cit.) L’élevage d’un jeune a été observé en 1996 dans une hêtraie de la commune
d’Annot (SCHECK ; in centrale naturaliste du CEEP).
b) Avifaune des boisements
Rappel : Il s’agit d’ancien vergers de châtaigniers ne faisant plus l’objet de
débroussaillage. Ces vergers ont évolués vers un boisement avec présence de
strates arborées et arbustive. La strate herbacée peut être plus ou moins
développée en fonction de la luminosité. La strate arborée est de manière assez
générale constituée d’un mélange de pins sylvestres, de chênes et de jeunes
châtaigniers. L’état des vieux châtaigniers est très variable an fonction de la
date d’abandon, lorsque celle-ci est ancienne ils sont dominés par les arbres
concurrents et il ne reste bien souvent que le tronc décomposé.
Dix huit espèces ont été contactées lors des écoutes (plus une espèce hors point
d’écoute).
Les espèces les plus caractéristiques sont :
- le pouillot de bonelli (Phylloscopus bonelli),
- la mésange huppée (Parus cristatus),
- la mésange noire (Parus ater),
- le roitelet triple-bandeau (Regulus ignicapillus),
- le rouge-gorge (Erithacus rubecula)
Ces cinq espèces sont essentiellement forestières. Le pouillot de bonelli, le
roitelet triple-bandeau et le rouge-gorge affectionnent tout particulièrement la
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
13
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
présence d’une strate arbustive. Les deux mésanges montrent elles une
préférence marquée pour les conifères.
Ces espèces sont très communes en forêts, elles n’ont par contre pas été
observées dans les châtaigneraies entretenues essentiellement du fait de
l’absence de strate arbustive.
Les espèces cavernicoles sont représentées essentiellement par les mésanges. Le
pic épeiche et la sittelle ont aussi été contactés.
c) Avifaune présente à la fois dans les vergers entretenus
et les boisements
Un groupe de cinq espèces est très fréquemment présent sur l’ensemble des
relevés et ceci indifféremment du mode de gestion (ou de la non gestion) (ceci
bien sûr sans préjuger des densités) :
-
le grimpereau des jardins (Certhia brachydactyla),
le pinson des arbres (Fringilla coelebs),
le merle noir (Turdus merula),
la mésange charbonnière (Parus major),
la mésange bleue (Parus caeruleus).
Le grimpereau des jardins a un comportement alimentaire assez proches de la
sittelle puisqu’il recherche sa nourriture (insectes) dans les anfractuosités de
l’écorce. Des adaptations morphologiques différentes au niveau du bec entre
grimpereaux et sittelle leur évite de rentrer en concurrence.
Le grimpereau des bois (Certhia familiaris) n’a pas été observé au cours de
l’enquête. Jean MAZOLI l’a toutefois entendu ponctuellement sur le secteur des
châtaigneraies (com. pers. 2000). Il a été démontré que les deux espèces de
grimpereaux entraient en concurrence (BRUGIERE, 1987 ; PURROY, 1973, in
YEATMAN-BERTHELOT et al. 1995) et leur présence simultanée se fait à la
faveur de la diversité d’habitat qui leur permet de se partager l’espace. La
présence du grimpereau des bois sur les châtaigneraies reste toutefois
sporadique.
Forestier en période de nidification le pinson s’accommode de tous les types de
boisements.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
14
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
Le merle ainsi que les mésanges bleues et charbonnières sont des espèces
présentes dans des milieux très variés pourvu qu’il y ait quelques arbres ou
buissons, les mésanges utilisent des cavités pour nicher.
d) Bilan comparatif des relevés avifaunistiques
Tableau 1 : Relevés avifaunistiques par la méthode des E.F.P. (Blondel, 1975)
Espèce
\
Relevé
Gobe mouche Gris
Rouge queue à front blanc
Torcol fourmilier
Pic vert
Pic épeiche
Pic épeichette
Sittelle
Pipit arbres
Grive draine
Mésange à .longue queue
Pouillot véloce
Grimpereau des Jardins
Pinson des arbres
Merle noir
Mésange charbonnière
Mésange bleue
Mésange huppée
Mésange noire
Pouillot de bonelli
Roitelet triple-bandeau
Rouge gorge
Grive musicienne
Coucou
Fauvette à tête noire
Chouette hulotte
Mésange nonnette
Pigeon ramier
Bouvreuil
Geai des chênes
Vergers entretenus Vergers abandonnés
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 14 15 13
X
X
X
X
X
X
X
O X
X
X
X
X
O
X
X
X
X
X
X
O
X
X
O X
O
X
O
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
O
X
X
O
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
O X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
O
X
X
O
X
O
X
X
O X
X
X
X
X
X
O
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
O
X
O
O
O
O
O
X
X
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
15
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
X
Serin cini
X = espèce contactée sur la station durant le temps d’écoute (20 mn)
O = espèce contactée sur la station hors temps d’écoute
Rmq : la station 8 n’a pas fait l’objet d’écoute standardisée du fait de la trop
petite taille du verger
Au total, quatorze espèces d’oiseaux - pour lesquels les possibilités de
nidification dépendent de la présence de cavités dans les arbres – ont été
observées.
On peut classer ces oiseaux en deux catégories :
-
les espèces capables de creuser elles mêmes des cavités dans les
troncs et les branches des arbres. Il s’agit essentiellement des pics,
trois espèces nicheuses sont présentes sur les châtaigneraies : le pic
vert, le pic épeiche et le pic épeichette.
Bien qu’équipés pour creuser le bois ces trois espèces sont incapables
de forer un bois sain, elle rechercheront donc le bois mort ou malade
beaucoup plus tendre.
La présence de ces espèces est donc fortement conditionnée par les
pratiques sylvicoles qui peuvent limiter fortement, voir empêcher,
toutes possibilités de nidification par élimination des bois morts.
-
Les espèces utilisant des cavités existantes : ces espèces ne sont pas
capables de creuser elles mêmes des cavités, leur présence dépend
donc directement de l’activité des pics ou de la formation naturelle et
accidentelle de trous (branche ou tronc cassé par la neige ou le vent,
pourriture par un champignon…).
On peut citer sur les châtaigneraies d’Annot : le torcol fourmilier, la
sittelle torchepot, le grimpereau des jardins, cinq espèces de
mésanges, le rouge queue à front blanc, la huppe fasciée et la chouette
hulotte.
3.1.2. Autres observations concernant la faune sur les
châtaigneraies du canton d’Annot
♦ Les mammifères
Les châtaigneraies offrent le gîte à diverses espèces de chauve-souris à la fois
dans les cavités des vieux arbres mais aussi à la faveur des constructions en
pierre (cabanons).
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
16
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
Une colonie de petits rhinolophes (Rhinolophus hipposideros) a été découverte
par Monsieur FAVRE (com. pers., 2000) dans un cabanon de la commune du
Fugeret. Cette petite chauve-souris est souvent associée à l’homme dans le
choix de ses sites de reproduction et les zones de chasse en sont souvent peu
éloignées. En France, les principaux gîtes se situent dans des zones dans
lesquelles subsiste un paysage structuré par les haies, les bosquets et vergers
associés à une agriculture traditionnelle. Il ne s’agit pas d’une espèce
véritablement forestière même si sa présence est liée à un réseau assez dense
de végétation caducifoliée. Par contre elle semble éviter les conifères.
Les châtaigneraies offrent aussi le couvert. BARATAUD (1993, in MEZANI
1999) rappelle l'importance de la végétation aux abords de l'eau comme zone de
chasse, mais note toutefois un opportunisme du petit rhinolophe quand à
l'exploitation des milieux : il cherche notamment les insectes coprophages
attirés par les déjections du bétail.
Le pâturage des vergers par les troupeaux d’ovin attire ainsi des insectes
constituant une source de nourriture non négligeable.
Le petit rhinolophe est sans aucun doute l’espèce de chiroptère, qui a subi le
déclin le plus marqué au cours des dernières décennies dans presque tous les
pays d’Europe (KOKUREWICZ, 1989 ; ARLETTAZ & al., 1996 ; in MEZANI,
1999).
FAVRE (op. cit.) a en outre pu observer, sur la commune de Méailles, six espèces
de chauve-souris occupant une grotte creusée dans le calcaire, en limite des
grès : le Petit murin (Myotis blythi) et le Grand murin (Myotis myotis) , le
Vespertilion de Natterer (Myotis nattereri), le Vespertilion de Daubenton
(Myotis daubentoni), le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus)
et la Noctule de Lesler (Nyctalus leisleri).
D’autres espèces de chauves-souris liées aux arbres creux et aux constructions
humaines sont potentiellement présentes sur les vergers de châtaigniers : le
Vespertilion à moustaches (Myotis mystacinus), la Barbastelle (Barbastella
barbastella), l’Oreillard roux (Plecotus auritus) et l’Oreillard gris (Plecotus
austriacus) ainsi que des Pipistrelles (Pipistrellus sp).
Toutes les espèces de chauve-souris bénéficient de protections au niveau
national et international. La forte diminution de leurs effectifs tient à des
raisons diverses :
- dérangement des colonies hivernales et de reproduction,
- empoisonnement par les pesticides et les antiparasitaires (à noter que
l’Ivermectine est un antiparasitaire particulièrement toxique puisqu’il
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
17
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
empoisonne, par l’intermédiaire des déjections du bétail, les insectes
coprophages et leurs prédateurs),
Les chauves-souris méritent pour ces différentes raisons une attention toute
particulière.
Autres mammifères susceptibles d’être présents :
Le chevreuil et le sanglier semblent abondants. Le lièvre brun est lui aussi
susceptible de fréquenter les vergers.
Les ressources nutritives que sont les châtaignes constituent un attrait
important pour de nombreux mammifères au rang desquels les rongeurs, comme
l’écureuil, tiennent une place de choix, « amenant avec eux » le cortège des
petits carnivores (renard, fouine…).
♦ Reptiles et amphibiens
Le lézard des murailles (Podarcis muralis) est commun sous les châtaigneraies
entretenues, le lézard vert peut être localement présent mais n’a pas été
observé en châtaigneraies.
LAURENT (com. pers.) a observé un lézard des souches (Lacerta agilis) dans
d’anciens vergers (non exploités) de la commune de Méailles. Cette observation,
assez inhabituelle par rapport aux populations connues du département qui se
trouvent essentiellement en alpages, serait à confirmer.
La Coronelle girondine (Coronella girondica) est selon LAURENT (com. pers.)
relativement facile à observer tôt le matin et en soirée. La vipère aspic (Vipera
aspis), elle aussi présente dans les vergers, est quant à elle plus rare (MAZOLI ;
LAURENT, com. pers.).
Les reptiles ne sont pas à proprement parler des espèces forestières. Ils en
fréquentent toutefois les abords ensoleillés que ce soit les lisières ou les
clairières.
La plupart recherchent des biotopes ensoleillés avec une végétation diversifiée
avec la présence de buissons, d’herbes hautes et de pelouses plus rases.
Un boisement clair constitue un milieu favorable, ceci d’autant plus qu’il y aura la
présence de murets en pierre sèche permettant de se chauffer et se cacher.
Les restanques offrent des caches très intéressantes pour les reptiles ainsi que
pour certains amphibiens tels que le crapaud commun (Buffo buffo), l’Alyte
(Alyte obstetricans) et la Salamandre tachetée (Salamandra salamandra). Cette
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
18
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
dernière est notamment abondante sur Braux à la faveur des nombreuses
sources (LAURENT, com.pers.).
♦ Insectes
Aucun travail d’inventaire n’existe concernant les insectes des châtaigneraies du
Canton d’Annot. Toutefois, les vieux châtaigniers sont l’habitat d’insectes saproxylophages de grande valeur patrimoniale. Inscrits en annexe 2 de la directive
européenne « Habitat » : le grand capricorne (Cerambyx cerdo), le Lucane cerfvolant (Lucanus cervus) et le Pique-prune (Osmoderma eremita) sont
potentiellement présents dans les châtaigniers.
La présence d’arbres dépérissant constitue le biotope à des insectes devenus
rarissimes du fait des pratiques sylvicoles modernes conduisant à l’élimination
des arbres morts. Aussi la présence de ces consommateurs de bois mort est-elle
à rechercher sur les vieux châtaigniers.
3.1.3. Bilan des connaissances concernant la faune des
châtaigneraies et Intérêt patrimonial
L’évaluation de l’intérêt patrimonial des châtaigneraies est basée sur la diversité
globale en espèces et sur les statuts de protection (nationale et internationale)
et de conservation (Listes Rouges Nationales et Régionales).
Rappelons que ces inventaires sont bien évidemment très loin d’être
complets, les insectes notamment mériteraient à l’avenir une attention
particulière.
Légende :
PNt = Protection Nationale totale (art. 3 et 4 de la loi du 10 août 1976 et arrêté du 17 avril
1981 modifié le 5 mars 1999).
Ch = Chassable
DH = Directive Habitat Faune Flore 92/43/CEE du Conseil du 21/05/1992
A2 = espèces dont la conservation nécessite la désignation de Zones Spéciales de
Conservation
A2* = espèce prioritaire
A4 = espèces qui nécessitent une protection stricte
CBe = Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et des milieux naturels
en Europe (19/09/79, Décret national du 22/08/90)
A2 = espèce strictement protégée, cette protection s’étendant à son habitat
A3 = espèce protégée
CBo = Convention de Bonn relative à la conservation des espèces migratrices en Europe
(23/06/1979, Décret national du 23/10/1990).
Les Listes Rouges concernent les espèces menacées car à faibles effectifs, et/ou en forte
régression
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
19
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
LRN = Livre Rouge National (MNHN, 1994). Différents niveaux de menace sont définis (espèce
en danger, vulnérable, rare, statut indéterminé, à surveiller), ils n’ont pas été précisés dans les
tableaux suivants.
LRR = Liste Rouge Régionale (C.E.E.P., 1992).
Remarque : Concernant les oiseaux aucune espèce contactée n’est inscrite en Annexe 1 de la
directive oiseau (n°79/409/CEE du conseil du 02/04/79).
Les oiseaux
Tableau 2 : Statut de protection et de conservation des oiseaux observés lors
de l’enquête (mai 2000)
Espèce
\
Statut
Gobe mouche Gris
Rouge queue à front blanc
Torcol fourmilier
Pic vert
Pic épeiche
Pic épeichette
Sittelle torchepot
Pipit arbres
Grive draine
Mésange à .longue queue
Pouillot véloce
Grimpereau des Jardins
Pinson des arbres
Merle noir
Mésange charbonnière
Mésange bleue
Mésange huppée
Mésange noire
Mésange nonnette
Pouillot de bonelli
Roitelet triple-bandeau
Rouge gorge
Grive musicienne
Coucou
Fauvette à tête noire
Chouette hulotte
Pigeon ramier
Bouvreuil
Geai des chênes
Serin cini
PN
X
X
X
X
X
X
X
X
Ch
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Ch
X
X
X
Ch
X
Ch
X
CBe
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A3
A2
A2
A2
A3
A3
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A2
A3
A2
A2
A2
LRR
X
X
Tableau 3 : Bilan patrimonial par milieu (pour
comparaison ne sont conservées que les oiseaux
contactés sur points d’écoute)
Vergers
Vergers non
entretenus
entretenus
Nb espèces
19
18
Protection Nat.
17
16
Convention de
17
16
Berne
Liste Rouge
2
0
Régionale
Rmq : les lignes et colonne ne s’additionnent pas car
une espèce peut appartenir à plusieurs catégories
A2
A2
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
20
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
Notons que deux espèces inscrites à la Liste Rouge PACA sont nicheuses dans
les châtaigneraies entretenues, il s’agit du Gobe mouche gris et du Pic
épeichette. Une troisième espèce en Liste Rouge PACA, la Huppe fasciée,
nicheuse dans les mêmes vergers il y a quelques années n’a pu être contactée lors
de notre enquête, sa présence serait à confirmer.
Sans être d’une grande rareté les espèces observées confèrent un intérêt
avifaunistique particulier aux vergers de châtaigniers.
Autres vertébrés
Tableau 4 : Statut de protection et de conservation d’espèces animales
présentes ou potentiellement présentes dans les vergers de châtaigniers (hors
oiseaux).
Présence certaine dans les vergers de châtaigniers
Présence possible dans les vergers châtaigniers
PN
CBe
CBo
DH
LRN
Petits rhinolophes (Rhinolophus hipposideros)
X
A2
X
X
Petit murin (Myotis blythi)
X
A2
X
Grand murin (Myotis myotis)
X
A2
X
Vespertilion de Natterer (Myotis nattereri)
X
X
X
A2
A2
A2
X
X
X
X
X
A2
A2
X
X
X
X
X
X
Ch
Ch
Ch
X
Ch
A2
A2
A2
A2
A3
X
X
X
X
A2,
A4
A2,
A4
A2,
A4
A4
A4
A2,
A4
A4
A2,
A4
A4
A4
A4
A4
MAMMIFERES
Vespertilion de Daubenton (Myotis daubentoni)
Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus)
Vespertilion à moustaches (Myotis mystacinus)
Barbastelle (Barbastella barbastella)
Oreillard roux (Plecotus auritus)
Oreillard gris (Plecotus austriacus)
Pipistrelles (Pipistrellus sp)
Noctule de Lesler (Nyctalus leisleri)
Chevreuil (Capreolus capreolus)
Sanglier (Sus scrofa)
Renard roux (Vulpes vulpes)
Ecureuil roux (Sciurus vulgaris)
Lièvre brun (Lepus europaeus)
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
A3
A3
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
21
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
REPTILES ET AMPHIBIENS
Lézard des murailles (Podarcis muralis)
Lézard vert (Lacerta viridis)
Vipère aspic (Vipera aspis)
Coronelle Girondine (Coronella girondica)
2001
PN
X
X
Protec.
partielle
Salamandre tachetée (Salamandra salamandra)
X
X
X
INSECTES
PN
Crapaud commun (Bufo bufo)
Lucane cerf-volant (Lucanus cervus)
Grand capricorne (Cerambix cerdo)
Pique prune (Osmoderma eremita)
3.2.
X
X
CBe
A2
A2
A3
CBo
DH
A4
A4
A3
A3
A3
CBe
A3
A2
A2
LRN
X
X
X
X
X
DH
A2
A2, A4
A2, A4
LRN
X
X
La flore
3.2.1. Situation générale et analyse phytosociologique
C'est pour l'essentiel, par les remarquables travaux de LEJOLY (1975) que
nous avons une connaissance synthétique de la végétation de la région.
L'importante formation des Grès oligocènes qui affleurent dans les environs
d'Annot (grès d'Annot) est connue des botanistes depuis longtemps. Sur ce
substrat se forment des sols de réaction acide (pH 5) qui autorisent le
développement d'une flore acidophile dont les caractères les plus remarquables
sont la présence du chêne sessile (Quercus petraea) et la culture du châtaignier.
Aux deux espèces précédentes s'associent le chêne pubescent pour constituer
entre 600 et 1200m des forêts mixtes qui représentent le stade climacique.
Du point de vue phytosociologique, ces chênaie-chataigneraies peuvent être
rattachées à l'alliance du Quercion robori-sessiliflorae , ensemble des chênaies
acidophiles à distribution medio-européenne représentées par des bois mixtes à
chêne sessile, chêne pédoncule et châtaigniers.
Ces formations qui se développent à l'étage collinéen ont été reconnues sous
diverses appellations dans le Dauphiné, le Piémont et plus à l'Est en Lombardie,
dans l'Apennin et le Tessin.
Dans cette conception les châtaigneraies d'Annot apparaissent isolées :
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
22
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
- du point de vue phytosociologique: les très puissantes formations
supraméditerranéennes à chêne pubescent et à buis (Querceto-buxetum ) qui
occupent de très grandes surfaces en Provence atteignent, dans la région
d'Annot, leur limite d'aire orientale.
- du point de vue édaphique: les Grès sont entièrement ceinturés par les
calcaires du Crétacé.
Aux environs de 1200m (selon l'exposition) les chênaie-châtaigneraies entrent en
contact avec la base de l'étage montagnard, qui est occupé ici par la hêtraie
acidophile à Luzula nivea. (Querco-Fagetea , série acidophile du hêtre).
La dynamique progressive peut être constituée par la succession suivante:
- Pelouse à Centaurea jordaniana, Scleranthus perennis, Trifolium arvense,
Aira capillaris, Anthoxanthum odoratum, Brachypodium pinnatum, Thymus
vulgaris.
- Landes à Calluna vulgaris, Genista sagittalis, Genista pillosa, Genista
germanica rattachée aux Ulicetalia
- Forêt claire de Pinus sylvestris avec feuillus dans la strate arbustive
(possible faciès à Pteridium)
- Forêt climacique à Quercus petraea, Quercus pubescens, Castanea sativa
Situées à l'étage collinéen, les forêts de châtaigniers entrent en contact, dans
leurs parties supérieures avec la base de l'étage montagnard (hêtraie acidophile
à Luzula nivea.); latéralement elles rencontrent les formations de chêne
pubescent (Buxo-quercetum) largement développées en Provence. Leur
dégradation se traduit par différents stades qui appartiennent à l'Ordre des
Ulicetalia (lande acidophile), ou un enrichissement en espèces des Festuco-
Brometea .
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
23
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
fig.1 - Représentation schématique de la situation phytosociologique des
chênaie-chataigneraies
Querco-Fagetea
étage montagnard
étage collinéen de type
médioeuropéen ou
supraméditerranéen
Hêtraie acidophile à Luzula nivea
et Vaccinium vitis-idaea
Quercion Robori-sessiliflorae
Forêt claire de pin sylvestre à
Calluna vulgaris et Pteridium
Quercetalia pubescentis
Lande à Callune
Querceto-buxetum
Ulicetalia
Erico-callunetum (Aubert, Barbero, Loisel 1971) Alpes
maritimes et Maures
Erico-Genistetum pilosae (Oberdorffer & Ofmann 1967)
Apennins
3.2.2 Relevés phytosociologiques
Nous décrivons ci-dessous les relevés de végétation dans l'ordre d'une
dynamique régressive. Les termes de régression, évolution, dégradation
s'entendent ici du point de vue de la dynamique naturelle de la végétation.
Le relevé n°7, avec la présence de chênes pubescents bien développés dans la
strate arborescente - représente le stade forestier le plus évolué. La strate
arborescente intercepte suffisamment (Quercus pubescens est marcescent) de
lumière pour provoquer un appauvrissement spécifique des strates inférieures. La
situation géologique de ce relevé, à la limite entre les Grès (éboulis) et les
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
24
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
calcaires de l'éocène, semble être à l'origine de la disparition des acidophiles
(strate herbacée).
Les relevés n°1 et n°6 correspondent à des stades forestiers moins évolués. Bien
que Quercus pubescens soit absent de la strate arborescente, la présence
massive des espèces du Quercion-robori et des Querco-Fagetea associée à
l'existence de plantules de chêne pubescent dans la strate herbacée signe une
dynamique végétale qui tend vers la chênaie-châtaigneraie climacique.
Un stade plus dégradé est constitué par les relevés n°2 et n°3, où le pin sylvestre
domine. Les espèces associées à son écologie (Erico-pinetea) ainsi que les
acidophiles sont largement représentées dans la strate herbacée. Ces stations
correspondent à des vergers abandonnés envahis par le pin. La présence de
plantules de chênes pubescents dans la strate herbacée révèle encore le
caractère transitoire de cette formation.
Le relevé n°4 représente un stade de dégradation encore plus avancé. Seul le
châtaignier occupe la strate arborescente. Cependant, l'abandon du verger est
suffisamment ancien pour que les espèces de la dynamique soit présentes dans
les strates inférieures (fasciés à Pteridium).
Le relevé n°5 correspond à un verger entretenu. Les espèces de la dynamique
forestière sont absentes de la strate herbacée. Seules les transgressives des
Festuco-brometea ou les Compagnes (espèces à large écologie, anthropiques)
arrivent à se maintenir.
Le relevé n°8 a été réalisé dans une pelouse à Koeleria valesiana et
Anthoxanthum odoratum, en marge des formations forestières de châtaigniers.
La présence d'Orchis coriophora subsp. fragrans (espèce protégée - liste
nationale) en constitue l'originalité.
3.2.3. Analyse floristique
Nous regroupons ci-dessous les espèces protégées ou présentant un intérêt
biologique. Ces espèces ont été soit reconnues lors de nos investigations sur le
terrain, soit signalées dans la bibliographie.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
25
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
1°) Espèces protégées (liste nationale)
Orchis coriophora subsp. fragrans (Pollini) K. Richter
- Méditerranéenne
- Préférence pour les terrains sableux ou limoneux à caractères arides.
- Cette espèces présente dans le relevé n°8, atteint ici sa limite
altitudinale supérieure.
2°) Espèces protégées (liste P.A.C.A.)
Viola jordanii Hanry
- Sud Européenne, aire disjointe,
- Bois clairs, taillis, broussailles
- Bien que nous n'ayons pas trouvé cette espèce au cours de notre
prospection, sa présence est signalée dans la région étudiée. Sa
distribution assez méconnue demanderait une recherche approfondie.
3°) Espèces présentant un intérêt biologique
Eritrichium nanum (L.) Gaudin.
- Endémique alpine
- Espèce des rochers et rocailles siliceux de haute montagne (entre
2000 et 3000m).
- Nous avons découvert cette espèce au cours de notre prospection
dans les châtaigneraies de Braux, le 19 juin, à proximité du relevé n°1.
Sa présence à basse altitude semble avoir un caractère accidentel,
bien qu'une recherche approfondie soit nécessaire pour le confirmer.
Quercus petraea (Mattuschka) Liebl.
(Q. sessiliflora Salisb.)
- Espèces a distribution européenne. Associé dans les formations
forestières à Quercus pubescens dans la partie septentrionale des
Alpes. L'espèce est peu abondante dans le sud des Alpes, rare dans les
Alpes-Maritimes, les Alpes de Haute-Provence et les Hautes-Alpes.
- Bois sur sol acide
- Assez fréquent dans la région d'Annot
Quercus stremi Heuff. (Q. pubescens X petraea)
hybride du précédent avec Quercus pubescens
Centaurea procumbens Balbis subsp. jordaniana G.G.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
26
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
- Endémique de la région d'Annot (Mt. St. Honorat, Annot, Argenton,
Aurent, Braux, Le Fugeret)
- Pentes rocailleuses arides, clairières ensoleillées.
- Espèce signalée dans la région, aussi bien dans la littérature que au
cours d'observations récentes. Elle n'apparaît pas dans les relevés que
nous avons réalisés, mais doit faire l'objet d'attentions particulières
et d'une recherche systématique.
4¡) Espèces protégées (Convention de Washington, 1973)
Platanthera bifolia (L.) L.C.M. Richard
- Eurasiatique, rare en région méditerranéenne
- Prairie, pelouse, bois clair (0-2200m)
- au Fugeret et à Braux dans les relevés n°1, n°3, n°4
Ophrys fuciflora subsp. fuciflora (F.W. Schmid) Moencht
- Méditerranéo-atlantique
- Pelouse, friches
- Fugeret, restanques abandonnées, liste complémentaire
Limodorum abortivum (L.) Swartz
- Méditerranéo-atlantique
- Ourlets forestiers
- Fugeret, restanques abandonnées, liste complémentaire
Gymnadenia conopsea (L.) R. Br.
- Eurasiatique
- Prairies humides, bois clairs, Mesobromion (0-2800m)
- Fugeret, milieu plus ou moins ouvert dans les environs du relevé
n°8, liste complémentaire
Orchis purpurea Hudson
- Méditerranéo-atlantique
- Friches, pelouse, bois (0-1300m)
- Fugeret, milieu plus ou moins ouvert dans les environs du relevé
n°8, liste complémentaire
Orchis tridentata Scop.
- Aire disjointe des Pyrénées à la Caspienne, AR en France
- Friches, bois clair (0-800m)
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
27
Planche N° 2 : Flore
Photo J F GANDIOLI
Photo J F GANDIOLI
Orchis provinci alis que l’on trouve presque
exclusivement sur sols acides.
Orchis coriophora fragrans est protégée au
niveau national
Photo J F GANDIOLI
Photo J F GANDIOLI
Ophrys fiuciflora fuciflora dont le labelle
imite l’abdomen de gros hyménoptères.
Dactylorhiza fuchsii est rare en région
méditerranéenne.
28
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
- Fugeret, milieu plus ou moins ouvert dans les environs du relevé
n°8, liste complémentaire
Orchis provincialis Balbis
- Méditerranéenne
- Garrigues, forêt de feuillus (0-1700m)
- Fugeret, milieu plus ou moins ouvert dans les environs du relevé
n°8, liste complémentaire
Dactylorhiza fuchsii (Druce) Soo
- Européenne, R en région méditerranéenne
- Pelouses bois clairs (0-2300m)
- relevé n°3
Cephalanthera rubra (L.) L.C.M. Richard
- Européenne
- Forêt ou ourlets forestier (0-1800m)
- relevé n°1 et n°6
Cephalanthera xiphophyllum (L. fil..) Reichenb.
Cephalanthera longifolia (L.) K. Fritch
- Européenne
- forêt dense à ourlet forestier (0-1400m)
- relevé n°1, 2, 6, 7
Cephalanthera damasonium (Miller) Druce
- Européenne
- forêt dense à ourlet forestier, stade de recolonisation forestière (01200m)
- relevé n°1
Epipactis microphylla (Ehrh.) Swartz
- Eurocaucasienne, R
- hêtraie, chênaie, lumière faible à moyenne (0-1500m)
- relevé n°1 et n°4
Epipactis latifolia (L.) All.
Epipactis helleborine
- Eurasiatique à méditeranéenne
- sciaphile, forêt de feuillus, lisière (0-2000m)
- relevé n°1
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
29
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
Listera ovata (L.) R. Br.
- Eurasiatique, R en méditerranée
- mi-ombre, forêt de feuillus, lisière (0-1700m)
- relevé n°1 et n°6
4. Conclusion sur l’intérêt patrimonial des vergers de
châtaigniers
Concernant la faune :
Parmi les vertébrés les vergers de châtaigniers ont un intérêt tout particulier
pour les oiseaux de « pré-bois » rares ou en régression au niveau régional : le
Gobe-mouche gris, le Pic épeichette et la Huppe fasciée ; ainsi que pour les
chauves-souris et en particulier le Petit rhinolophe.
Les insectes offrent des perspectives intéressantes de par la présence d’arbres
âgés et morts pouvant abriter trois coléoptères de grand intérêt : le Pique
prune (Osmoderma eremita), le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus) et le
Grand capricorne (Cerambix cerdo).
Concernant la flore :
Les forêts acidophiles d'Annot, par la présence du chêne sessile et de la flore qui
lui est associée, constituent des phytocénoses originales pour la région et
présentent, de ce point de vue, un intérêt biologique certain.
5. Gestion des châtaigneraies et biodiversité
5.1. Impact des modes de gestion vis à vis de la faune
Vergers de châtaigniers et boisements de châtaigniers constituent des milieux
très différents en termes d’habitat.
Nous avons notamment pu constater des différences notables dans la
composition avifaunistique entre les vergers entretenus et ceux qui sont
abandonnés avec, d’un point de vu qualitatif, la présence de trois espèces en liste
rouge régionale dans les vergers.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
30
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
Cette différence est directement liée au mode de gestion. Nous allons en
aborder les mécanismes et les préconisations toujours sous l’angle principal de
l’avifaune mais en apportant
également des recommandations générales
concernant les mammifères, les reptiles et amphibiens ainsi que les insectes (ces
recommandations ne tiennent pas compte des cas particuliers à certaines
espèces ou groupes d’espèces).
Pour cela nous avons considéré deux modes de valorisation économique de ces
châtaigneraies :
♦ Gestion des châtaigneraies en vergers avec objectif de production de
fruits,
♦ Gestion des châtaigneraies avec objectif de production de bois.
Cas des vergers de châtaigniers
Les vergers de châtaigniers du canton d’Annot présentent une importance toute
particulière pour la faune en général et ceci pour plusieurs raisons :
- exploités pour la castanéiculture ils peuvent vivre très vieux et donner
des individus de taille imposante, la présence de branches mortes est
favorables aux pics et aux insectes xylophages,
-
le châtaignier présente une propension toute particulière à se craquer
et à se fissurer, offrant ainsi de nombreuses cavités pour la faune,
-
le boisement est lâche et domine une strate uniquement herbacée.
Des arbres aussi âgés que le sont ces châtaigniers est chose rare, ce qui confère
au secteur d’Annot un intérêt écologique tout particulier. Les conditions
stationnelles (sol profond) permettent en outre le développement d’arbres de
belle taille (cela vaut aussi pour le chêne et le pin sylvestre).
Les parties mortes de ces arbres âgés sont propices à la formation de cavités
favorables à l’installation d’une avifaune très spécialisée essentiellement
constituée de cavernicoles.
Les vergers de châtaigniers : le royaume des cavernicoles… de milieux
ouverts :
Rappelons que la huppe fasciée, le torcol, le rouge-queue à front blanc et le
gobe-mouche nichent dans les arbres mais ne sont pas pour autant des espèces
forestières. En effet, les boisements denses, même avec la présence de cavités,
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
31
1
2
3
4
Planche N° 3 : Gestion
5
Photo Lionel QUELIN
Photo Lionel QUELIN
Les plus beaux vergers sont ceux du Fugeret (photo 1) et de Braux (photo 2). Encore fauchés ils offrent une remarquable
diversité en Orchidées (voire planche n°3). Installés sur des pentes plus importantes, les vergers de Braux sont « soutenus »
par des restanques dont les murets offrent de nombreuses caches à toute une faune vertébrée et invertébrée. Les cabanon (à
droite sur la photo 2) sont très importants pour la reproduction du petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros)
Photo Lionel QUELIN
Photo Lionel QUELIN
Avec l’abandon de la culture de la châtaigne, et donc de l’entretien, les vergers évoluent rapidement vers un boisement à chêne
pubescent et châtaignier (photo 3) ou sont envahis par des semis de pin sylvestre (photo 4) avec une perte d’originalité de la
faune et de la flore.
Le changement de vocation des vergers peut entraîner
d’autres types de dégradations : ici piétinement du sous bois
par des équins sur Méailles (photo5).
Photo Lionel QUELIN
32
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
ne leurs conviennent pas. Ces espèces se nourrissent en milieu relativement
ouvert, que ce soit à terre (prairies et pelouses pour la huppe, le torcol et le
rouge-queue à front blanc) ou en vol (gobe-mouche gris), il leur faut donc des
boisements clairs de type pré-bois.
L’abandon de l’entretien du sous bois (fauche) à l’intérieur des vergers leur
est donc défavorable.
Même si le recouvrement arbustif favorise certaines espèces (Pouillot de Bonelli,
Rouge gorge) il s’agit d’espèces relativement communes. A l’inverse la huppe, le
torcol, le gobe-mouche gris sont beaucoup plus rares voir menacés au niveau
régional (voir tableau 2 sur le statut des espèces) et méritent de ce fait
une attention particulière afin que les mesures de gestion à entreprendre
leur soient favorables.
Cette observation vaut aussi pour les chauves-souris. Les petits rhinolophes qui
ont élu domicile dans un cabanon ne sont pas des espèces strictement
forestières même si la présence d’arbres leur est indispensable. Il s’agit donc là
aussi d’une espèce de bois clair.
Tout comme les oiseaux cavernicoles et les chauve-souris les insectes les plus
intéressants potentiellement présents dans les vergers sont liés aux parties
mortes des arbres et aux cavités (cérambycidés notamment). Il s’agit
d’espèces devenues rares à l’échelle européenne du fait de la généralisation de la
sylviculture intensive (le département des Alpes de Haute Provence reste
toutefois peu touché par ces modes de production).
La strate herbacée, ensoleillée et riche en plantes mellifères, est favorable à
l’entomofaune.
Ainsi, la valeur patrimoniale des vergers de châtaigniers (présence d’espèces
rares et menacées de la faune française) est le fait d’espèces de milieux
semi-ouverts ou de boisements clairs. Par ailleurs les insectes de bois mort
sont caractéristiques des stades forestiers matures.
Les boisements de châtaigniers : hétérogénéité = diversité
Les oiseaux sont particulièrement sensibles à la structure de la végétation c’est
à dire à la présence des différentes strates (herbacée, arbustive et
arborescente), à leur répartition dans l’espace et dans le temps.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
33
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
Les différentes espèces d’oiseaux forestiers n’exploitent pas les même strates
de végétation afin de réaliser leur cycle biologique. De même, les phases du cycle
biologique d’une espèce (l’alimentation, la reproduction, l’élevage des jeunes…)
peuvent se réaliser sur différentes strates de végétations au sein de
l’écosystème forestier (voir sur plusieurs écosystèmes pour certaines espèces
comme des rapaces nichant en forêt et chassant en milieu ouvert comme le
Circaète Jean-le-blanc).
Les oiseaux sont pour la plupart insectivores mais les proies ne seront pas
prélevées aux mêmes endroits, chacun exploite une fraction bien précise de
l’écosystème en fonction de ses adaptations, des phénomènes de compétition…
Le rouge-gorge exploite les strates arbustives, les ronciers, les mésanges les
branches et rameaux, les merles le sol, les pics les troncs…
Il en est de même pour la nidification, rouge-gorges et merles nichent dans les
deux premiers mètres de végétation, les pics dans les troncs, les roitelets à
l’extrémité des branches…
De ce fait, plus le nombre de strates sera important, plus l’écosystème forestier
sera complexe au niveau de sa structure (différentes hauteurs d’arbres,
différentes largeurs de tronc…), plus il y aura de « niches écologiques »
favorables à différentes espèces.
Dans une forêt on observe, de façon générale, le plus grand nombre d’espèces
d’oiseaux au niveau des stades pionniers et des stades les plus mâtures avec une
baisse de la diversité pour les stades intermédiaires (perchis).
Cette constatation vaut aussi pour les invertébrés pour qui les espèces les plus
menacées sont les saproxyliques et les espèces associées (SPEIGHT, 1989 ; in
DUPONT et LUMARET, 1997) caractéristiques des peuplements forestiers âgés.
Les stades forestiers initiaux (fasciés « d’embuissonnement » de milieux
herbacés) et mâtures sont donc caractérisé par des espèces très spécialisées et
pour la plupart de grand intérêt patrimonial alors que dans les stades
intermédiaires se trouvent les espèces ubiquistes beaucoup plus banales et que
l’on trouvera par ailleurs aussi souvent aux extrémités de la succession végétale.
Or, la production de bois fait que les arbres sont bien souvent « récoltés » ou
remplacés avant d’avoir atteint les stades les plus avancés du cycle
sylvigénétique (arbres très âgés, de grosse taille, présence d’arbres
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
34
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
dépérissant). Il n’y a que dans certaines Réserves Biologiques Intégrales que l’on
peut observer les stades ultimes de vie d’une forêt.
On cherchera donc, dans le cas d’un traitement forestiers, à conserver
différentes strates de végétation et des îlots de vieillissement sources d’une
bonne diversité biologique.
L’attraction des îlots de vieillissement pour la faune forestière est illustré par
les observations réalisées dans le bois de la Blache (le Fugeret, Annot) : le
boisement est constitué d’essences diverses de feuillus et de conifères, d’âge
moyen, apparus après l’abandon des vergers de châtaigniers et des pâturages.
Des châtaigniers âgés ne reste bien souvent que les souches, si ce n’est un petit
verger de moins d’un hectare encore entretenu sur la route d’Argenton. Ce noyau
de vieux arbres à cavités exerce une forte attraction sur l’avifaune cavernicole
puisque, outre l’inévitable rouge queue à front blanc, nichaient dans deux
châtaigniers distants d’une quinzaine de mètre un couple de pics verts et un
couple de pic épeiche.
5.2. Impact des modes de gestion vis à vis de la flore
Les mises en culture passées de certaines parcelles, en maintenant des
formations forestières et conservant les sols, ne semblent pas avoir compromis
l'équilibre écologique de l'ensemble de manière irréversible; les abandons se
traduisant par une reprise rapide de la dynamique et la restauration du climax
forestier.
La remise en culture ne semble donc pas poser problème si toutefois elle ne
concerne pas la totalité du territoire, et conserve des espaces libres de fortes
pressions anthropiques.
La présence de nombreuses orchidées aussi bien sous le couvert forestier qu'en
lisière n'est pas forcement incompatible avec les activités humaines. Il est
toutefois recommandé de pratiquer les coupes et débroussaillages le plus tard
possible dans la saison, de telle sorte que ces géophytes puissent réaliser leur
photosynthèse.
Les boisements denses montrent eux une très faible diversité lié au manque de
luminosité.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
35
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
Enfin, il serait souhaitable qu'une étude complémentaire précise la distribution
locale des certaines espèces et complète de façon plus systématique l'évaluation
du patrimoine biologique.
5.3. Conclusion
Par rapport à la plupart des boisements présents sur le département, toute
l’originalité au niveau biologique (mais aussi indéniablement au niveau
paysager et culturel), des châtaigneraies d’Annot réside donc bien dans son
traitement en verger. Le maintien voire la restauration de vergers au
travers d’un encouragement à une production familiale de châtaignes permet
à la fois de valoriser et donc de conserver des individus très âgés et
d’entretenir une végétation herbacée favorables à une faune et à une flore
spécialisés.
Dans le paragraphe suivant nous allons émettre quelques recommandations de
gestion, simples à mettre en œuvre, qui pourront être proposées aux
propriétaires afin qu’ils puissent les intégrer dans les travaux d’entretien de leur
verger.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
36
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
RECOMMANDATIONS DE GESTION ECOLOGIQUE DES
VERGERS DE CHATAIGNIERS DU CANTON D’ANNOT
***
FICHE GESTION N° 1
ENTRETIEN DES ARBRES
De nombreux vergers sont atteints par les maladies avec des houppiers dépérissant ou
des arbres entièrement morts sur pied.
Les tentatives de ralentissement de l’extension de la maladies par élagage n’on pas eu de
succès et laissent en place des « totems » peu « avenants ».
OBJECTIFS :
! Régénérer les vergers en commençant par ceux qui sont le plus atteints par la
maladie (chancre et ancre),
! Maintenir des « noyau » de vieux châtaigniers,
PRECONISATIONS :
! La régénération des vergers de châtaigniers devra, si les conditions sanitaires le
permettent, être très progressive afin de conserver des individus âgés, habitat de
nombreuses espèces animales cavernicoles (oiseaux, chauves-souris…) et xylophages
(insectes) de grand intérêt patrimonial.
! L’élagage total des branches mortes ne semble pas efficace d’un point de vue
sanitaire et supprime un élément important de la niche écologique de certaines
espèces patrimoniales (Pic épeichette, Liste Rouge PACA). Des recherches sont à
faire sur les moyens de lutte raisonnée contre les maladies.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
37
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
RECOMMANDATIONS DE GESTION ECOLOGIQUE DES
VERGERS DE CHATAIGNIERS DU CANTON D’ANNOT
***
FICHE GESTION N° 2
ENTRETIEN DE LA STRATE HERBACEE
Outre la présence d’arbres âgés, habitat de nombreuses espèces animales de grand
intérêt l’originalité et la valeur patrimoniale des vergers de châtaigniers tient à
l’entretien de la strate herbacée favorisant la présence d’espèces végétales et animales
de milieux ouverts et semi-ouverts.
OBJECTIF
! Encourager un entretien de la végétation herbacée par le pâturage ou par la fauche.
PRECONISATIONS
! Gestion de la strate herbacée par le pâturage ou la fauche : la végétation
herbacée et les châtaignes peuvent constituer un appoint de qualité pour les moutons
au printemps ou à l’automne (dépend des pluies). On prendra garde à ne pas faire
stationner les bêtes trop longtemps au printemps ou à préférer un passage fin juin
afin de ne pas dégrader les stations de plantes remarquables (orchidées). De même
la fauche devra être tardive (mi-juillet minimum) afin de permettre aux orchidées
de fructifier.
Les moutons contribuent de plus à favoriser les insectes nécrophages, proies des
oiseaux et des petits rhinolophes.
Les traitements vermifuges peuvent avoir un impact important sur ces insectivores,
il serait donc important dans ce cas de figure, d’encourager à l’utilisation de produits
non rémanents ou d’en limiter l’usage.
! Raisonner l’écobuage : l’entretien de la strate herbacée par écobuage a un impact
important sur la faune du sol, on lui préfèrera donc les techniques précédentes.
L’écobuage hivernal à toutefois un impact limité sur la faune et la flore. Les rejets
de souche et bois morts sont traditionnellement brûlés sur place, afin de limiter
l’impact de ces feux on cherchera, autant que possible, à limiter le nombre de foyers
ou à développer des filières alternatives de type composte avec des débouchés pour
les jardins (nécessite l’investissement d’un broyeur). On cherchera à proscrire le
plus possible le brûlage contre les murets. Outre une dégradation accélérée des
restanques il entraîne de nombreuses espèces animales qui les utilisent comme gîtes.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
38
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
RECOMMANDATIONS DE GESTION ECOLOGIQUE DES
VERGERS DE CHATAIGNIERS DU CANTON D’ANNOT
***
FICHE GESTION N° 3
PETIT PATRIMOINE BATI
Tout un patrimoine bâti est associé à la castanéiculture. Il s’agit des cabanons où sont
entreposés les outils, mais aussi des restanques soutenues par des murets en pierre, des
canaux d’irrigation… A ses constructions traditionnelles est associé toute une petite
faune de grand intérêt.
OBJECTIF
! Associer préservation du patrimoine bâti et du patrimoine biologique.
RECOMMANDATIONS
! Restaurer les cabanons et autres petits édifices en réservant un espace de
tranquillité sous les toitures pour les chauves-souris (rappel : présence d’une colonie
de Petits rhinolophes dans un cabanon),
! Restaurer les murets : Outre leur indéniable intérêt paysager, ces murets offrent
des caches à une faune variée (arthropodes, amphibiens, reptiles, micromammifères…). A ce titre les feux sont à éviter le long de ces édifices (ils
contribuent par ailleurs à leur fragilisation).
! Entretien des canaux d’irrigation : Peu sont encore utilisés. Ils constituent des
milieux de reproduction pour les amphibiens.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
39
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
BIBLIOGRAPHIE
ARCHILOQUE A., BOREL L., DEVAUX J.-P., 1974. Feuille d'Entrevaux au 1/50.000,
Bulletin de la carte de la végétation de la Provence et des Alpes du Sud, Univ. de Provence
Lab. de Phyto. et Cart. végétale, Marseille, 25 (41) :87-129 + 1 carte h.t.
BARBERO M., LEJOLY J., POIRION L., 1977. Carte écologique des Alpes au 1/100.000,
feuille de Castellane. Doc. Cartogr. écol. [Grenoble] 19 :45-64 + 1 carte h.t.
BLONDEL Jacques, 1975. -L’analyse des peuplements d’oiseaux, éléments d’un diagnostic
écologique. I. La méthode des Echantillonnages Fréquentiels Progressifs (E.F.P.). La Terre et la
Vie, Volume 29, 1975, p. 533 à 589.
BURNAT, E., 1892. Flore des Alpes maritimes, ou Catalogue raisonné des plantes qui
croissent spontanément dans la cha”ne des Alpes maritimes y compris le département
fran ais de ce nom et une partie de la Ligurie occidentale. vol. 1. Genève, Bâle et Lyon: H.
Georg - XII + 302 p. + 1 carte h.-t.
C.E.E.P. (Conservatoire Etude des Ecosystèmes de Provence / Beltra S.), 1999. –Inventaire
ZNIEFF PACA 1996-2000. Liste régionale des espèces animales (vertébrés-invertébrés).
CHARPIN, A. & SALANON, R., 1985-1988. Matériaux pour la Flore des Alpes maritimes:
Catalogue de l'Herbier d'Emile Burnat déposé au Conservatoire botanique de la Ville de
Genève. Boissiera 36 :1-258 + 1 carte h.t. ; Id. 41 :1-339.
C.R.P.F., août 1999. -La forêt privée du Canton d’Annot. Inventaire-Analyse-Perspectives.
Communes d’Annot, Braux, Le Fugeret, Méailles, St Benoit.
DUPONT P. et LUMARET J.P., 1997. –Les invertébrés continentaux et la gestion des espaces
naturels. Ministère de l’environnement, Réserves naturelles de France, ATEN.
GUINOCHET M. & VILMORIN R. DE, 1973-1984. Flore de France. Paris: C.N.R.S. 5 vol.,
XVI + 1879 p.
JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE, 13 mai 1982. Arrêté du
janvier 1982 relatif à la liste des espèces végétales protégées sur l'ensemble
territoire national. p. 4559-4562.
20
du
JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE, 26 juillet 1994. Arrêté du 9 mai
1994 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Provence-Alpes-C™te
d'Azur. p.10789-10792.
KERGUELEN M., 1993. Index synonymique de la Flore de France. Paris: Muséum national
d'Histoire naturelle, Secrétariat de la Faune et de la Flore. 1 vol. XXVIII + 197 pp.
LEJOLY J., 1975. Phytosociologie écologie en moyenne montagne méditerranéenne: Th.
Doct., Université libre de Bruxelles, 2 vol., 574p.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
40
Etude écologique des châtaigneraies du canton d’Annot
2001
LOISEL, R., 1971. Séries de végétation propres en Provence aux massifs des Maures et de
l'Estérel, Bull. de la Soc. Bot. de Fr. 118 :203-236
MEZANI Samy, 1999. -Synthèse bibliographique sur la biologie du Petit Rhinolophe. Com. pers.,
non publié.
OZENDA, P., 1966. Perspectives nouvelles pour l'étude phytogéographique des Alpes du
Sud. Doc. Carte Végn. Alpes [Grenoble] 4 :1-198.
OZENDA, P., 1971. La cartographie de la végétation des Alpes piémontaises, Webbia,
28 : 481-493
OZENDA, P., 1981. Végétation des Alpes sud-occidentales; notice détaillée des feuilles
Gap, Larche, Digne, Nice et Antibes. Paris: C.N.R.S. 1 vol. 258 p.
SALANON R., KULESZA V., 1998. Mémento de la Flore protégée des Alpes-Maritimes,
O.N.F., 284 p.
Conservatoire Etudes des Ecosystèmes de Provence / Alpes du Sud (C.E.E.P.)
41
Carte N° 2 :
Localisation des vergers de châtaigniers
prospectés et des points d'écoute oiseaux
9
10
3
1
2
4
8
11
12
Communes : Le Fugeret
Annot
0
IGN-EDR25
0.5
Km
Vergers de châtaigniers prospectés
1
CEEP-2001
Station d'écoute
Carte N° 3 :
Localisation des vergers de châtaigniers
prospectés et des points d'écoute oiseaux
14
15
13
7
6
5
Commune : Braux
0
IGN-EDR25
0.5
Km
Vergers de châtaigniers prospectés
5
CEEP-2001
Station d'écoute
Téléchargement