Université Cheikh Anta Diop de Dakar Niveau : LICENCE 2/Semestre 4 Faculté des Sciences Juridiques et Politiques Département de Sciences Politiques Cours : Sociologie et Anthropologie Politiques 2015/2016 Chargé du Cours : Pr. Alioune Badara Diop Chargée de la Conf de méthode: Mme Seynabou Ndiaye 1 Méthodologie du commentaire de texte en Sciences Politiques : Avec la dissertation, le commentaire est un exercice incontournable en Science politique. C’est un moyen efficace de jauger la capacité des étudiants à analyser les propos d’un tiers que ce soit sous la forme écrite ou orale. L’art du commentaire réside dans la réorganisation, l’explication et l’illustration des idées de l’auteur. Chaque étape est importante pour que le rendu soit plus clair et plus digeste pour le correcteur. Il exige des connaissances solides, un bon niveau de langue et une bonne capacité à corréler les idées de l’auteur et les connaissances acquises dans le cadre du cours ou au lors des recherches. Il est nécessaire d’éviter le piège de la paraphrase, de la répétition et de la tentation de disserter. Comme la dissertation, le commentaire de texte comprend trois parties ; l’introduction, les développements et la Conclusion. INTRODUCTION : AUTEUR Il s’agira de dire qui est l’auteur. S’il vous est connu, vous donnerez tous les détails, sa biographie et sa bibliographie. DATE Donnez la date du texte si vous avez l’information, celle-ci vous permettra de contextualiser les idées développées par l’auteur. NATURE Déterminez la nature du texte. Dites s’il s’agit d’un discours, d’un article, d’un texte de loi, d’un extrait d’ouvrage. Il y a souvent des indications en fin de texte qui vous montre la nature du texte. Pour ce qui est des articles par exemple le nom de l’auteur est décliné avec le nom de la revue dans laquelle l’article a été publié mais pour réussir cet exercice il faut avoir une bonne culture livresque et de recherche. PLAN DU TEXTE Il s’agira de donner l’articulation du texte, cette partie vous permettra de connaitre la trame du texte et vous déciderez ou non de suivre le même plan que l’auteur. La plupart du temps le texte est structuré autour de deux 2 grandes parties qui pourraient vous servir de tremplin pour construire votre propre plan. IDEE GENERALE Donnez l’idée centrale qui traverse tout le texte et très souvent c’est la même idée qui vous servira d’idée de base de votre travail. C’est l’équivalent de la problématique en dissertation mais celle-ci se décline sous la forme affirmative. JUSTIFICATION DE VOTRE PLAN Justifiez le plan que vous allez adopter dans la dernière partie. Comme dans le cadre de la dissertation il faudra expliquer en une ou deux phrases pourquoi vous aller suivre la trame que vous avez choisi de suivre. Si c’est le même plan que l’auteur la justification est souvent inutile mais si vous adopter un autre plan que vous jugerez plus cohérent parce que les textes ne sont pas toujours assez structurés pour vous servir de base. ANNONCE DE VOTRE PLAN Le plan se décline en deux parties divisées en deux sous parties. Pour ce qui est des développements il faut toujours partir du texte et revenir au texte. On entend par là qu’il faut partir des idées de l’auteur quitte à les citer et les expliciter, les corréler avec vos acquis et les illustrer avant de passer à une autre idée et ainsi de suite. La conclusion quant à elle s’apparente à celle qu’on exige de vous dans le cadre de la dissertation, à savoir ouvrir une perspective de recherche en une ou deux phrases. 3 SEANCE 1 : Les partis politiques Note introductive L’apparition et le développement des parties politiques accompagnent la construction des démocraties représentatives, dont ils vont rapidement devenir les acteurs centraux. Le parti assume différentes fonctions, manifestes et latentes, au sein du système démocratique. Les partis relèvent de la notion d’entreprise politique (Max Weber, Joseph Schumpeter), ces entreprises se donnent un minimum d’institutionnalisation donc de structures juridiques (Duverger), ils ont une ambition de mobilisation (Oberschall). S’ils se heurtent à la concurrence d’autres formes d’organisation (Syndicats, Associations, OSC), il arrive aussi qu’ils les suscitent ou les utilisent comme relais. Les partis ont pour but ultime, la conquête et l’exercice du pouvoir politique. Exercice à faire Commentez le texte suivant : Organisations, les partis politiques relèvent donc de la notion d’entreprises politiques. Cela veut dire que des individus mettent en commun des ressources pour agir sur la scène politique. Ces entreprises se donnent un minimum d’institutionnalisation, ce qui conduit à attirer l’attention sur leurs structures juridiques. Les partis ont une ambition de mobilisation. Ils cherchent en effet à s’imposer comme représentatif d’une population ou porteur d’un projet de société, d’une grande cause…Il leur faut donc travailler à faire partager la justesse de leurs vues, convaincre de la valeur de leurs objectifs ou de leur programme. Ce faisant, ils entrent en compétition les uns avec les autres, tout au moins dans les régimes pluralistes. S’ils se heurtent à la concurrence d’autres formes d’organisations : syndicats, associations, il arrive aussi parfois qu’ils les utilisent ou les suscitent comme relais. Les partis se spécifient enfin en ce que leur action est orientée vers l’accès aux institutions politiques. A la différence des groupes d’intérêt, ils veulent y 4 exercer le pouvoir, seul ou coalisés avec d’autres. A l’époque moderne, il existe un lien privilégié entre cette activité première et l’institution du suffrage universel comme mode désignation des gouvernants. Choisir des candidats, tenter de les faire élire, soutenir et orchestrer leur action, telle sont quelquesunes des fonctions les plus visibles propre aux partis. Braud Philippe , Sociologie Politique, 8éme édition, LGDJ, 738p. SEANCE 2 : L’Ethnicité en Afrique Note introductive Étymologiquement, l’ethnologie est la science des ethnies. Le problème c’est qu’au plan strictement épistémologique, la discipline ne saurait en aucun cas se définir par l’inventaire ni la description d’entités « ethniques ». Le curieux paradoxe d’un terme consacré par l’étymologie et l’usage, mais contesté et mal défini. Ethnie est en effet l’un des termes les moins bien théorisés de la Science Politique et l’un des plus difficiles à manipuler. Jean-Pierre Chrétien évoque à cet égard le « fantôme de référence de l’ethnologie ». Si l’ethnie est restée au cœur du discours ethnologique, c’est avant tout dans le sens d’une réflexion sur l’histoire et surtout sur la déconstruction du concept. Travail d’autant plus nécessaire que nombre de revendications politiques s’articulent autour d’enjeux proclamés comme ethniques. Il reste pour les politologues à replacer l’ethnie dans un débat pour l’ethnicité, tant le lien entre les deux, en apparence simple, révèle des ambigüités elles même significatives de la difficulté à parler précisément d’ethnie. Exercice à faire Dissertation « L’ethnie n’existe pas » que vous inspire cette assertion ? 5 SEANCE 3 : Sociologie des groupes d’intérêt NOTE INTRODUCTIVE : Un groupe d’intérêt est toute structure organisée qui, au sein d’un système politique donné, défend collectivement un intérêt spécifique, notamment auprès du pouvoir politique sur lequel le groupe peut chercher à exercer de l’influence. Contrairement aux partis politiques, son but n’est pas de conquérir le pouvoir politique mais plutôt de l’influencer par différents moyens qui peuvent aller de la négociation à la violence physique. En tant qu’organisations structurées, il se distingue des foules ou des groupes latents, tels que les communautés ethniques, les classes sociales, ce que Almond et Powell désignait respectivement comme anomic groups et nonassociational groups par opposition aux associational groups. EXERCICE A FAIRE : Commentez le texte suivant : La relation entre les groupes peut connaitre plusieurs modalités. Celui-ci peut intervenir, à la façon d’un justicier minimal, pour maintenir les conditions, comme Etats-Unis, ou le Législative Reorganization Act(1946) réglemente le lobbying de façon globale, pour assurer la transparence et éviter les trafics d’influence occulte et la mainmise d’intérêt particulier sur l’intérêt général. Mais l’Etat n’est pas toujours impartial ; il peut lui-même être dominé par des groupes ou des agences en occurrence pour l’influence du pouvoir. (…) l’Etat peut intégrer les groupes d’intérêt au fonctionnement même de l’Etat et en associer certains, de façon privilégiée, à l’élaboration des politiques publiques. Cette forme de participation des groupes d’intérêts aux processus politiques développée dans certains pays européens après-guerre, a été formalisée sous le terme de néo-corporatisme. Elles sont reconnues et autorisées, voire créées par l’Etat, qui leur concède un monopole de représentation dans le secteur concerné en échange d’un certain contrôle sur la sélection des dirigeants et la formulation des demandes politiques. BIBLIOGRAPHIE : Offerlé Michel, Sociologie des Groupes d’intérêt, Paris, Monchrestien, 1998, 2éme édition, pp129-145. 6 Cameu Michel, Sociétés civiles réelles et téléologie de la démocratisation, in Revue internationale de politique comparée, 2002/2 Vol. 9, p. 213-232. Article disponible à : http://www.cairn.info/revue-internationale-depolitique-comparee-2002-2-page-213.htm 7 SEANCE 4 : Les modes de participation politique NOTE INTRODUCTIVE : Dans un régime démocratique, les activités politiques ne sont pas réservées aux seuls professionnels ou agents spécialisés : dirigeants, journalistes, élus, militants. Des individus ou des groupes d’individus témoignent à travers par exemple la pratique du vote, des manifestations ou des pétitions, de leur décision de prendre part au jeu politique. La participation peut donc se définir comme « l’ensemble des activités par lesquelles les citoyens sont habilités à entrer en contact avec l’univers sacrés du pouvoir, toujours de façon superficielle ou éphémère et en respectant certaines contraintes rituelles ». DOCUMENT : Hastings Michel, Aborder la science politique, Seuil Juin 1996, Mémo, 95p. EXERCICE A FAIRE : Protester 8 SEANCE 5 : Politique et Religion Note introductive Le divorce du politique et du religieux s’est fait dans la douleur lors de la construction de l’Etat en occident vers le 16° siècle. Dans certains régimes politiques notamment ceux du monde musulman le facteur politique est indissociable de la Charia qui porte en elle-même un projet de gouvernement intrinsèquement lié aux préceptes de l’Islam. Mais le constat est que l’irruption de la religion dans la sphère politique est constante quel que soit la zone pris en compte. Cet irruption se fait au détriment de l’un ou de l’autre, soit c’est le politique qui utilise la religion pour assouvir ses desseins, soit c’est la religion qui utilise son pouvoir pour influencer les décisions politiques. Dans tous les cas elle peut être pacifique mais dans la plupart des cas elle est violente. Les deux sphères que la culture Républicaine voudrait coûte que coûte exclusives sont dans la réalité de plus en plus inclusive. Il s’agira ici, de mesurer les enjeux de cette relation. EXERCICE A FAIRE Intégrisme religieux et stabilité politique et économique. 9 Bibliographie indicative -Darras (Eric) & Philippe (Olivier), dir., La science politique une et multiple, Paris, L’Harmattan, 2004. -Déloye (Yves) & Voutat (Bernard), dir., Faire de la science politique pour une analyse socio-historique du politique, Paris, Belin, 2002. -Déloye (Yves), Sociologie historique du politique, Paris, La Découverte, nouvelle édition, 2003. -Masnata (François), La politique et la liberté. Principes d’anthropologie politique, Paris, L’Harmattan, 1990. -Rosanvallon (Pierre), Pour une histoire conceptuelle du politique, Paris, Seuil, 2003. -Anderson (Perry), Les passages de l’Antiquité au féodalisme, Paris, Maspero 1977 (1ère édition 1974). -Anderson (Perry), L’État absolutiste, 2 vol., Paris, Maspero, 1978 (1ère édition 1977). -Badie (Bertrand) & Birnbaum (Pierre), Sociologie de l’État, Paris, Grasset, 1979 (nouvelle édition Hachette-Pluriel 1998). -Eisenstadt (Shmuel N.) & Rokkan (Stein), eds., Building States and Nations, 2 vol., Londres, Sage, 1973. -Badie (Bertrand), L’Etat importé, Paris, PUF , 1990. -Bayard, Jean François, L’ Etat en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard ? 1989. -Braud (Philippe), Du Pouvoir au Pouvoir Politique, in Grawitz( Madelaine) § Leca (Jean) (sous dir) Traité de Science Politique, Paris, PUF, 1985. -Braud (Philippe), Sociologie Politique, Paris, LGDJ ? 8eme édition, 2006. -Elias (Norbert), La civilisation des moeurs, Paris, Calmann-Levy, 1973 (1ère édition 1939). - Elias (Norbert), La dynamique de l’Occident, Paris, Calmann-Levy, 1975 (1ère édition 1939). 10 -Elias (Norbert), La société de cour, Paris, Flammarion, 1985 (1ère édition 1969). -Elias (Norbert), The Germans. Power Struggles and the Development of Habitus in the Nineteenth and Twentieth Centuries, New York, Columbia University Press, 1996 (1ère édition 1989). -Genet (Jean-Philippe), La genèse de l’État moderne. Culture et société politique en Angleterre, Paris, PUF, 2003. -Kaluszynski (Martine) & Wanich (Sophie), dir., L’État contre la politique ? Les expressions historiques de l’étatisation, Paris, L’Harmattan, 1998. -Abélès (Marc), Anthropologie de l’État, Paris, Armand Colin, 1990. -Abélès (Marc) & Jeudy (Henri-Pierre), Anthropologie du politique, Paris, Armand Colin, 1997. 11 12