Thème 2 : Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux Etats

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Thème 2 : Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux Etats-Unis de la fin du XIXème
siècle à nos jours
Chapitre 2 : Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875
Exercice amorce : Brainstorming autour de la notion de socialisme.
- Amener les élèves à identifier la notion de mouvement ouvrier, de révolution, d’inspiration
marxiste, de volonté de créer une égalité entre les hommes, idée de la lutte des classes et
notamment de l’opposition à l’ordre de la bourgeoisie et de la monarchie
- Amener les élèves à évoquer le personnage de Karl Marx et leur expliquer qu’il était juif
allemand (utilisation du livre sur le personnage de Karl Marx).
- Amener les élèves à construire la définition de socialisme
Socialisme : ensemble des doctrines nées vers 1830 afin de résoudre la question sociale dans le sens
d’une plus grande égalité, soit par l’action révolutionnaire, soit par des réformes législatives.
Exercice amorce 2 :
- Faire créer une définition de mouvement ouvrier en s’appuyant sur les connaissances de
première.
Mouvement ouvrier : ensemble des militants issus des partis socialistes et des syndicats qui luttent
pour obtenir une amélioration de leur quotidien et une émancipation politique, économique et
sociale.
- Faire construire une définition du terme syndicat pour amener les élèves à mettre en place la
notion de défense des droits.
Syndicat : organisation qui a pour but de défendre les droits d’une profession.
Exercice amorce 3 : Faire contextualiser l’apparition des mouvements ouvriers et du socialisme en
Europe et en Allemagne en s’appuyant sur les connaissances de première et sur les pages du livre p.
131-133.
Au XIXe siècle, l’Europe s’industrialise et les ouvriers constituent une classe sociale en expansion,
qui prend conscience de ses spécificités et de sa condition. Dans un contexte de lutte contre
l’exploitation ouvrière dans un monde du travail où la réglementation sociale est inexistante, naît le
socialisme, idéologie nouvelle qui s’articule autour de la lutte des classes et de la révolution pour
renverser l’ordre bourgeois.
L’Allemagne de la fin du XIXe siècle est un empire, appelé le IIe Reich, proclamé lors de la victoire
sur les Français en 1871. Il est constitué de la Prusse et des Etats du sud de l’Allemagne comme la
Bavière, le Wurtemberg, ainsi que des départements annexés d’Alsace et de Lorraine (25 Etats
souverains en tout). La population est de 43 millions d’habitants
La croissance industrielle est impressionnante :
- la production de charbon triple entre 1870 et 1890 (70 millions de tonnes) ;
- l’Allemagne domine les marchés pour les constructions électriques (Siemens) et pour
l’industrie chimique (Bayer, Hoechst) ;
- le commerce allemand se place au second rang derrière le RU.
Les principales régions industrielles sont la Ruhr, la Sarre, la Saxe, ainsi que les grandes villes,
Berlin notamment. Les conditions de travail et de vie des ouvriers sont très dures, à l’image du reste
de l’Europe et les grèves sont récurrentes.
Dans l’empire allemand, le socialisme, organisé autour d’un puissant parti et d’un syndicalisme de
masse, devient une force politique et sociale majeure. Au cours du XXe siècle, il se divise entre une
branche toujours révolutionnaire, le communisme, et un socialisme réformiste moins soucieux de
révolution que d’améliorations concrètes des conditions de vie des travailleurs.
Problématique : Comment s’adapte l’idéologie socialiste au contexte socio-économique d’une
Allemagne en transformation ?
I.
Le mouvement ouvrier sous l’empire : vicissitudes et affirmation
1
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siècle à nos jours
Chapitre 2 : Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875
Comment le mouvement ouvrier, principale force d’opposition sous l’empire allemand, réussit-il à
devenir la première force politique allemande en 1912 ?
A. Le premier parti socialiste unifié d’Europe
Documents à utiliser : le contexte du Congrès de Gotha, documents 2 et 3 p. 135
Document 1 : Le contexte du Congrès de Gotha (1875)
Le mouvement socialiste allemand a deux composantes lorsque s'ouvre le congrès de Gotha, le
22 mai 1875 : d'une part, l'Association générale des travailleurs allemands, fondée par Ferdinand
Lassalle en 1863 ; d'autre part, le Parti ouvrier social-démocrate allemand, fondé en 1869 à Eisenach
par Auguste Bebel et Wilhelm Liebknecht sur un programme d'inspiration marxiste.
En 1875, le parti lassallien en crise propose aux « eisenachiens » l'unification. Bebel est en prison, et
Liebknecht accepte : une commission élabore un texte programmatique commun, qui est le fruit
politique du congrès d'unification de Gotha.
Paul Claudel, article Gotha, encyclopédie universalis 2013.
Questions :
1. Montrez que la création du SAP (futur SPD) au Congrès de Gotha provient de la fusion de
mouvements qui, à l’origine, ont une vision différente du socialisme (Vous présenterez la vision
de chacun).
En 1875, au congrès de Gotha (Thuringe), est fondé le Parti socialiste des ouvriers allemands (SAP
pour Sozialistische Arbeitpartei Deutschlands) ; il résulte de la fusion du parti de Ferdinand Lassalle
à tendance réformiste et du parti d’August Bebel et Wilhelm Liebknecht marqué par le refus de toute
coopération avec le pouvoir impérial et une volonté de conquête du pouvoir par la force. Malgré
leurs divergences, les deux tendances s’unissent pour ne pas affaiblir le mouvement ouvrier dans une
Allemagne où le pouvoir est très autoritaire.
2. Expliquez les idées développées par le SAP lors du Congrès de Gotha.
Officiellement marxiste1, il prône la révolution armée. Le parti demande aussi l’abolition du salariat,
et donc de la condition ouvrière, qu’il trouve avilissante et qui correspond à l’exploitation de
l’homme par l’homme.
Le SAP, comme tout mouvement socialiste, part du principe que les transformations en Allemagne
ne doivent être qu’une étape avant de continuer la révolution internationale. La présence des
drapeaux allemands, français et suisse sur le drapeau du cycliste confirme cette hypothèse.
Mais, dans la pratique, il participe à la vie parlementaire comme un parti d’opposition qui demande
des réformes puisqu’il demande une participation de l’Etat dans la mise en place de coopératives
socialistes de production, sous le contrôle démocratique du peuple travailleur. Autrement, le respect
du fonctionnement des institutions et les transformations par la réforme sont les principaux points
mis en avant par les auteurs du texte. C’est cette vision que Marx critique d’ailleurs, refusant de
s’associer à ce texte.
3. A l’aide du document 3, montrez comment le SAP, au-delà de la simple appartenance au partie,
tente de rallier les ouvriers.
1
Marxisme : doctrine philosophique, économique et sociale élaborée par Karl Marx et Friedrich
Engels, visant à créer une société égalitaire par la révolution armée afin d’arracher les pouvoirs que
détient la classe bourgeoise. Ces deux théoriciens sont à l’origine de la Ire Internationale ouvrière
regroupant tous les partis socialistes sur les bases idéologiques du marxisme (1864).
2
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Chapitre 2 : Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875
L’action militante des socialistes auprès des ouvriers se double d’activités sportives, culturelles
(théâtre), de fêtes populaires. La diffusion de la presse joue un grand rôle dans la politisation des
esprits.
B. De l’interdiction au triomphe électoral
Documents à utiliser : document 1 p. 134, documents 1 et 3 p. 136, Bismarck, le chancelier allemand
contre la social-democratie.
Document 1 : Bismarck, le chancelier allemand contre la social-democratie
Exploitant habilement deux attentats anarchistes commis en mai et juin 1878 contre l'empereur
Guillaume Ier, Bismarck obtient du nouveau Reichstag, élu en juillet 1878, le vote de la loi du
21 octobre 1878. Cette loi sera reconduite jusqu'en 1890. Elle interdit les groupements, qui servent
aux sociaux-démocrates et aux communistes à attaquer l'État ou à ébranler l'ordre social. Elle interdit
également les rassemblements, les démonstrations publiques, la presse socialiste ; les membres des
groupements socialistes peuvent se voir signifier une interdiction de séjour dans certaines villes et
régions. Mais la loi n'empêche pas les députés socialistes de siéger au Reichstag ; elle ne supprime
pas le droit de coalition.
La loi du 21 octobre 1878 entraîne une désorganisation rapide du parti social-démocrate et des
syndicats à direction socialiste. Dans les douze années de son application, 150 périodiques et 1 067
livres sont frappés, et de nombreuses personnes doivent quitter leur domicile. Malgré cette répression
très dure, Bismarck n'atteint pas le but recherché, car les socialistes mettent sur pied une organisation
illégale qui permet la propagation de leurs idées. De Suisse, de Belgique, de nombreuses publications
passent en Allemagne. L'organe des socialistes, le Social-Démocrate, tiré à 12 000 exemplaires, à
Zurich, puis à Londres, entre dans le Reich sous divers camouflages. La propagande clandestine
porte ses fruits. Très vite, la social-démocratie retrouve et élargit sa clientèle électorale : tombée à
311 961 voix en 1878, elle obtient 549 990 voix en 1884, 763 128 voix en 1887. Devant cet échec,
Bismarck réagit de deux manières. Pour désarmer les socialistes, il pratique la « politique du bout de
sucre », dans l'intention d'amadouer la classe ouvrière et de la réconcilier avec l'État. C'est ainsi que,
reprenant les idées des « socialistes de la chaire », il fait voter par le Reichstag une loi d'assurance
contre la maladie (1883), une loi d'assurance contre les accidents (1884) et même une loi d'assurance
vieillesse (1889). Ces lois passent malgré l'opposition des tenants du libéralisme économique et des
socialistes. Ces derniers estiment les cotisations ouvrières trop lourdes par rapport à la part patronale,
mais ils dénoncent surtout la manœuvre politique qui est à l'origine de la législation sociale
bismarckienne. Cette législation, si elle a le mérite d'être la première en Europe, n'empêche pas de
nouveaux progrès socialistes ; Bismarck s'efforce de les combattre par un renforcement de la
répression. Il revient, à partir de 1886, à la « politique du fouet ». L'interdiction des rassemblements
publics, la multiplication des poursuites judiciaires ne donnent pas les résultats escomptés. Les
sociaux-démocrates obtiennent un véritable triomphe aux élections de février 1890, avec 1 427 300
voix et 35 sièges. L'empereur Guillaume II désapprouve, en 1890, les méthodes bismarckiennes, et
l'opposition sur les questions sociales apparaît comme l'une des causes de la démission du chancelier.
Source : Encylopédie Larousse, article en ligne, 2013
Questions :
1. Expliquez quelles sont les différentes actions de Bismarck, le chancelier allemand, pour contrer
les mouvements socialistes.
En 1878, le chancelier du Reich, Otto von Bismarck fait voter une série de lois antisocialistes, en
profitant de l’émotion provoquée par deux attentats commis contre l’empereur Guillaume Ier,
attentats sans rapport réel avec le socialisme. Elles interdisent tout groupe (partis et syndicats) et tout
rassemblement ayant pour but de renverser la société et l’Etat. La propagande socialiste est interdite
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Chapitre 2 : Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875
(meetings, presse), de nombreux militants sont emprisonnés ou s’exilent. Mais les socialistes sont
autorisés à participer aux élections, en se présentant de façon individuelle. Le parti continue d’exister
mais dans la clandestinité.
Parallèlement, Bismarck fait voter d’importantes lois sociales de 1883 à 1889 pour désamorcer le
mécontentement des ouvriers et les détourner du vote socialiste : lois créant l’assurance-maladie,
caisses de retraite, lois forçant les patrons à indemniser les accidents du travail… Les socialistes
appellent cela la politique du « bout de sucre ».
2. Montrez que, malgré les tentatives de Bismarck, le parti socialiste allemand progresse aux
élections. Vous expliquerez également les conséquences que cela peut avoir.
La tentative échoue : le parti socialiste progresse aux élections. La législation antisocialiste est
supprimée en 1890 avec le renvoi de Bismarck par le nouvel empereur Guillaume II.
La puissance du mouvement ouvrier allemand s’illustre par son rôle tenu lors de la fondation de la
IIe internationale en 1889 (grand rôle d’August Bebel).
Entre 1871 et 1912, les victoires électorales des sociaux-démocrates se succèdent avec plusieurs
conséquences :
- La progression des élus socialistes qui obtient 12 sièges au Reichstag en 1877 est brisée par
les lois antisocialistes de 1878.
- Mais, dès 1881, la progression reprend, et est fulgurante de 1887 à 1890 malgré la législation
sociale de Bismarck. Cela montre la diffusion considérable du socialisme dans le monde
ouvrier.
3. Expliquez le programme du SPD au congrès d’Erfurt, congrès qui marque la renaissance au
grand jour du mouvement ouvrier allemand.
La renaissance au grand jour du mouvement ouvrier se fait lors du congrès d’Erfurt en 1891
(Thuringe) : est alors créé le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD ou Sozialdemokratische
Partei Deutschlands).
Ce parti a émis un programme révolutionnaire qui répond à plusieurs idées clés :
- Le capitalisme amène à la dépossession des travailleurs qui perdent leur outil de travail au
profit des grands propriétaires ou capitalistes.
- Le travailleur devient un simple prolétaire sans aucune propriété.
- Donc, le capitalisme accroît les inégalités sur lesquelles il prospère.
- Aussi, les deux classes s’opposeront de plus en plus violemment, bourgeois et prolétaires.
Que deviennent les autres ? Le programme reste muet sur ce point.
- La révolution est la solution pour libérer les prolétaires de cette exploitation. Et cette lutte
devra être menée par le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD).
Ajout du professeur :
Le programme d’Erfurt, rédigé par Karl Kautsky, est bel et bien un programme marxiste,
révolutionnaire. Et de fait, le SPD s’engage aux côtés des syndicats appelés « syndicats libres » dans
des grèves de plus en plus dures :
- grève des mineurs de la Ruhr en 1905,
- obtention de conventions collectives en 1902, accord négocié entre syndicats et patronat qui
améliorent les conditions de travail au sein d’une branche d’activité2.
Les rapports entre SPD et syndicats constituent une spécificité allemande : le SPD oriente et finance
le mouvement syndical. Les syndicats, nés dans le sillage du socialisme, en sont donc très proches.
Les députés socialistes sont en même les principaux responsables syndicaux. En 1911, 2,5 millions
de travailleurs allemands sont syndiqués (contre 2,9 millions au RU, et 350 000 en France).
Au Royaume-Uni, le Parti travailliste est la courroie de transmission des syndicats pour faire
aboutir leurs revendications.
2
Par comparaison, en France, il faut attendre 1936 et le Front Populaire.
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Chapitre 2 : Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875
En France, le syndicalisme est de tradition anarchiste et se tient, à l’époque, à l’écart de l’action
parlementaire et des partis, notamment de la SFIO (section française de l’internationale ouvrière,
créée en 1905).
Le mouvement ouvrier est particulièrement bien encadré. Autour de ce noyau parti-syndicat, on
compte des institutions variées qui encadrent les ouvriers, notamment les coopératives de
consommation qui leur permettent de se ravitailler à moindre coût. En 1911, 1 200 coopératives
regroupent 1,3 millions de membres
Elles s’ajoutent aux institutions culturelles déjà vues (chorales, théâtres, bibliothèques, journaux et
clubs de sport avec le siècle naissant). On peut parler de contre-société ouvrière, véritable modèle
alternatif.
C. Essor et division du mouvement ouvrier le plus puissant d’Europe
Documents à utiliser : document1 p. 134, document 2 p. 136, document 4 p. 137.
Questions :
1. Montrez que, malgré un discours révolutionnaire, le SPD entre dans la vie politique.
Malgré son discours révolutionnaire, le SPD prend part à la vie politique et participe aux élections
législatives. La progression électorale amorcée en 1890 se poursuit en culmine en 1912, avec 35 %
des suffrages et 110 députés : il est la première force politique allemande et compte 1 million
d’adhérent. Des intellectuels rejoignent le parti qui n’est plus exclusivement ouvrier.
2. Expliquez quelles sont les conséquences de la participation aux élections et à la vie politique sur
la doctrine socialiste allemande.
Cet essor a des conséquences sur la doctrine socialiste puisque les victoires électorales successives
éloignent la nécessité d’une révolution armée. L’Etat, réformé et dirigé par des politiques soucieux
du sort des prolétaires, servira l’intérêt général.
3. Montrez cependant que la social démocratie n’est pourtant pas unie au moment de ces succès
électoraux.
Eduard Bernstein soutient cette orientation réformiste de la ligne du parti qu’on appelle aussi le
révisionnisme (= transformation progressive de la société par des réformes votées).
Le paradoxe est que la social-démocratie est divisée à l’heure des succès électoraux car le
réformisme de Bernstein suscite une réaction de la part de l’aile révolutionnaire du parti, menée par
Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht. Cette division parcourt tous les partis socialistes européens.
Ajout du professeur :
A la veille de 1914, le SPD n’est plus le parti révolutionnaire de ses débuts. Les socialistes votent les
crédits de guerre et acceptent de faire partie de l’Union sacrée proposée par l’empereur. C’est la
faillite totale de la IIe internationale : au congrès pour la paix de Bâle (1912), les socialistes
européens avaient décidé la grève générale en cas de déclaration de guerre… Les passions
nationalistes l’ont emporté sur les solidarités ouvrières.
II.
De la division à l’interdiction du mouvement ouvrier (1918-1945)
A. La guerre divise les socialistes
Documents à utiliser : documents 1 et 2 p. 138, document 4 p. 139, le coup de poignard dans le dos.
Document 1 : Le coup de poignard dans le dos
Pendant toute l’existence de la République de Weimar, le reproche fait à la guache d’être la vraie
coupable d’une défaite imméritée hanta les esprits. Rien de plus évidents pour les propagandistes
extrêmostes que « la révolution de 1918 » partie de la révolte des marins de la flotte de Kiel et
l’établissement d’une république, gouvernée par des « défaitistes » avait faire perdre la guerre à
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Thème 2 : Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux Etats-Unis de la fin du XIXème
siècle à nos jours
Chapitre 2 : Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875
l’Allemagne. […] Les nazis étaient convaincus que le coup de poignard dans le dos, la révolution et
la signature du traité de Versailles avaient été conçus et mis en œuvre par « le Juif », bolchevique ou
capitaliste.
Source : R. A. Standling, Histoire européenne comparée, 2006
Questions :
1. Montrez qu’à la fin de la guerre, les mouvements socialistes se divisent en différentes branches
dont les visions sont particulièrement opposées.
Karl Liebknecht était le seul député du SPD à avoir refusé de voter les crédits de guerre. Mais dès la
fin de la première année de guerre, des membres du SPD s’oppose à l’Union sacrée et fondent en
1917 l’USPD (Parti social-démocrate indépendant). Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, à la tête du
groupe révolutionnaire Spartakus (créé en 1916) ou Ligue spartakiste, rejoignent l’USPD et
dénoncent la guerre impérialiste et capitaliste.
2. Après avoir précisé le contexte, vous montrerez que deux courants socialistes avec des
conceptions différentes apparaissent à la fin de la première Guerre Mondiale.
Le 9 novembre 1918, la révolution, partie de la révolte des marins de la flotte de Kiel, emporte le
régime impérial ; le kaiser Guillaume II abdique ; c’est la légende du « coup de poignard dans le
dos » qui aurait fait perdre la guerre à l’armée allemande. Des ouvriers et des soldats s’emparent de
Berlin où est proclamée la République, et par Scheidemann (SPD), et par Liebknecht (USPD). Or,
les deux courants du socialisme n’ont plus du tout les mêmes conceptions.
- Liebknecht et Luxemburg veulent une révolution sociale, dite spartakiste, à la manière de la
révolution bolchevique et de Lénine, qui renverserait la société en s’appuyant sur des conseils
de soldats et d’ouvriers. Ils fondent le KPD le 1er janvier 1919 (Parti communiste allemand),
se coupant du SPD. Remarques : Les spartakistes dénoncent l’alliance entre la bourgeoisie et
les socialistes, ce qui est une trahison de la cause ouvrière car cette alliance se fait sur le dos
des prolétaires.
- Ebert (SPD), devenu chancelier à la suite de Scheidemann, veut écraser la révolution
spartakiste. Le ministre de l’Intérieur Noske, avec l’appui de l’armée et des corps-francs
(volontaires), écrase dans le sang les communistes lors de la « semaine sanglante » (6-13
janvier 1919). Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont assassinés par les corps-francs. Il
s’agit d’une véritable guerre civile.
Ajout du professeur :
L’alliance du SPD au pouvoir avec l’armée (et donc les forces conservatrices) est à l’origine de la
haine des communistes pour les social-traîtres. Le mouvement ouvrier est durement divisé avec des
communistes (300 000 membres en 1920) qui s’opposent frontalement aux socialistes.
Dans ce contexte révolutionnaire, le chef du patronat allemand, Hugo Stinnes s’engage à
d’importantes concessions aux syndicats (ADGB = Allgemeine Deutsche Gewerkschaftbund) à
condition que ces derniers ne soutiennent pas la révolution spartakiste.
B. Les années 1920 et la République de Weimar : l’apogée de la social-démocratie
La République de Weimar est un régime fragile née de la défaite et sur le sang des révoltés
spartakistes. Par ailleurs, le régime a accepté le traité de Versailles dénoncé comme un « diktat » par
la Droite nationaliste et les éléments les plus conservateurs.
Le SPD, avec le président Ebert, domine ce régime parlementaire et fait voter de nombreuses lois en
faveur des travailleurs : journée de 8 heures de travail, institutions de conseils d’entreprises en 1920
(instance de négociations entre représentants du personnel et de la direction), conventions collectives
obligatoires, assurance chômage en 1927 alors que l’Allemagne compte 1 million de chômeurs,
construction de logements ouvriers.
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Thème 2 : Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux Etats-Unis de la fin du XIXème
siècle à nos jours
Chapitre 2 : Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875
L’ADGB compte alors 3 millions d’adhérents.
Cependant, le régime est toujours menacé à sa droite par les nationalistes, à sa gauche par le KPD qui
suivent les consignes du Kominterm venues de Moscou et de Staline : l’Internationale communiste,
créée en 1919. Staline impose à tous les partis communistes d’Europe de lutter en priorité contre les
socialistes, qualifiés de « social-fasciste ». Et ce au mépris de la montée des courants fascistes en
Europe liés à la crise économiques de 1929 et à ses conséquences. Alors que la République de
Weimar connaissait une certaine stabilisation, l’Allemagne est touchée de plein fouet et compte 6
millions de chômeurs en 1932.
C. Une concurrence fratricide fatale face au nazisme
Documents à utiliser : document 5 p. 135, le communisme en Allemagne face à la montée du
fascisme, le KPD et le SPD face à Hitler.
Document 1 : Le communisme en Allemagne face à la montée du fascisme :
[…] En 1925, Ersnt Thälmann s’installe aux commandes du KPD qui tente dès lors de s’inscrire dans
une autre politique et offre d’action commune au SPD et aux syndicats. […]
L’embellie sociale des années 1927-1928 provoque cependant une situation contradictoire. Installé
au gouvernement, le SPD développe l’illusion qu’à la faveur de l’Etat républicaine, il revient
désormais aux socialistes de régulier l’économie capitaliste. La majorité politique conduira au
socialisme. […] Le XIIe congrès du KPD en juin 1929, ovationne la nouvelle ligne développé par
Thälmann, à la suite des morts causés par le pouvoir lors de la manifestation du 1er mai 1929. Cette
ligne prend le contre-pied de la politique qu’il avait reçue pour mission de mener lors de son
intronisation en 1926. Exécutant zélé, Thälmann pousse la logique « classe contre classe » jusqu’au
bout : la mission du parti est en premier lieu de défendre l’URSS par des actions révolutionnaires de
masse dont la finalité est l’établissement de la dictature du prolétariat. Dans ce combat qui ne souffre
aucune alliance, puisque seul le PC est le prolétariat, l’ennemi principal, fourrier du fascisme, et
bientôt variété spécifique du social-facisme est le SPD
Source : José Gotovitch,Pascal Delwit,Jean-Michel de Waele, L'Europe des communistes, 2007
Document 2 : Le KPD et le SPD face à Hitler
Face au nazisme ascendant, le parti crée une organisation d'autodéfense (le Front rouge des
combattants) et s'oppose aux SS de Hitler. Mais il commet l'erreur de ne pas considérer le nationalsocialisme comme le principal ennemi et néglige la bourgeoisie paupérisée sensible à l'hitlérisme.
En novembre 1932, le KPD, en pleine ascension, rassemble 5 980 000 suffrages (16,9 % des
suffrages exprimés). L'accession légale de Hitler au pouvoir comme chancelier le 30 janvier 1933 ne
suscite pas de sa part d'opposition de type insurrectionnel. L'incendie du Reichstag (27 février 1933)
est le prétexte de l'arrestation de milliers de communistes, puis de la dissolution du parti au mois de
mars.
Durant la période hitlérienne (1933-1945), le KPD, cible privilégiée de la Gestapo, n'en est pas
moins la seule force politique organisée à mener la lutte politique sur le sol allemand, mais il ne peut
parvenir à nouer avec le parti social-démocrate, Sozialdemokratische Partei Deutschlands, (SPD) des
accords de Front populaire.
Source : Encyclopédie Larousse, 2013.
Questions :
1. A l’aide de vos connaissances de la classe de première, expliquez quel est le contexte politique
en Allemagne dans les années 1930.
Les années 30 sont marquées par la montée du parti nazi (NSDAP) qui désigne des responsables : le
régime parlementaire, le traité de Versailles, les juifs, les socialistes et les communistes. Hitler
promet aux ouvriers allemands le retour au plein emploi et le parti développe des structures d’aide
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Thème 2 : Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux Etats-Unis de la fin du XIXème
siècle à nos jours
Chapitre 2 : Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875
sociale. En 1930, 28 % de ses membres sont des ouvriers. Les SA entretiennent une violence de rue
permanente contre les militants de Gauche, avec la complicité de la Police et de la Justice.
2. Montrez que les mouvements socialiste et communistes allemands sont opposés face à la montée
du nazisme.
Or, le KPD mené par Ernst Thälmann, refuse de constituer un front républicain avec les socialistes
contre les nazis : il applique en cela les consignes de Staline de la tactique « classe contre classe ».
Non seulement le KPD voient dans le SPD l’allié du capitalisme, mais en plus, il espère que les
excès des nazis amèneront une révolution ouvrière.
Le mouvement ouvrier allemand, à l’image de la France, est donc divisé face au danger fasciste ; ce
qui lui sera fatal. Et quand Staline se rendra compte de son erreur, les nazis auront déjà éliminé le
SPD. Le KPD se retrouvera seul. Quand le Kominterm appellera à constituer des fronts populaires
rassemblant les partis de Gauche contre le fasciste, il sera trop tard (contrairement à la France où le
Front populaire accède au pouvoir en 1936).
3. Montrez comment Hitler et les nazis décapitent peu à peu le socialisme allemand (utilisez
également les connaissances de la classe de première)
Face à cette division de la Gauche, Hitler remporte les élections législatives de 1932 avec 33 % des
voix (le SPD ne fait que 20, 4 % ; le KPD 16, 8 %). Soutenu par la Droite conservatrice, Hitler est
nommé Chancelier par le président Hindenburg, le 30 janvier 1933.
Dès lors, les événements s’enchaînent :
- Le 27 février, lors de l’incendie du Reichstag provoqué par des militants nazis, Hitler interdit
le KPD et dénonce un complot communiste. Des milliers de militants sont déportés en camps
de concentration.
- Le 23 mars, malgré l’opposition du SPD, Hitler obtient les pleins pouvoirs.
- Entre mars et juillet 1933, tous les partis sont interdits, ainsi que les syndicats. Les militants
sont assassinés, en camps ou en exil. La grève est interdite en 1934.
La Gauche et le mouvement ouvrier ont été décapités par les nazis et la lutte clandestine est quasi
impossible du fait de la surveillance de la Gestapo.
Les ouvriers sont alors encadrés dans les structures nazies comme le Deutsche Arbeitsfront. Le
nazisme repose avant tout sur l’alliance avec le patronat.
III.
Deux Allemagnes, deux socialismes (1945-1989)
A. La renaissance du mouvement ouvrier entre l’Est et l’Ouest
Après la défaite allemande, le pays est partagé en quatre secteurs d’occupation ; le parti nazi est
interdit, la dénazification écarte et condamne ses membres les plus éminents. Les partis politiques
ennemis du nazisme sont restaurés. Désormais, c’est la guerre froide qui va influer sur les
orientations du mouvement ouvrier.
Cependant, dans la zone d’occupation soviétique, les socialistes sont contraints, sous la menace
soviétique et donc de Staline, d’intégrer du parti communiste appelé SED (Sozialistische
Einheitspartei Deutschlands) en 1946. Lors de la séparation de l’Allemagne en deux Etats en 1949, le
SED devient l’unique parti de RDA, et le SPD devient la principale force politique de gauche de
RFA. Le KPD y est même interdit en 1956 dans le contexte de la Guerre froide et de l’opposition
Est-Ouest.
Les conceptions du syndicalisme diffèrent aussi. En RFA, le DGB (Deutscher Gewerkschaftsbund),
proche du SPD, devient la grande centrale syndicale avec 6 millions d’adhérents. En RDA, l’unique
confédération syndicale (FDGB) ne défend pas les intérêts des travailleurs mais devient un outil aux
mains du pouvoir dictatorial communiste : le droit de grève est interdit…
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Thème 2 : Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux Etats-Unis de la fin du XIXème
siècle à nos jours
Chapitre 2 : Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875
B. La RDA, un Etat totalitaire communiste sous l’œil de Moscou
La RDA est une démocratie populaire, un régime totalitaire, dominé par un parti unique, le parti
communiste, soumis aux consignes centralisatrices de Moscou.
L’absence de liberté et la répression en cas de contestations maintiennent les populations sous le
joug. Le SED les encadre dès leur plus jeune âge jusqu’à la mort grâce à des organisations et des
cérémonies (« Jeunesse libre allemande », jour de la femme…). La police secrète, la STASI
(Staatssicherheit), exerce une veille constante par le biais des dénonciations et de ses nombreux
agents. Pour la période, les dirigeants de RDA sont Walter Ulbricht (1950-1971) et Erich Honecker
(1971-1989).
L’économie est transformée sur le modèle soviétique via les collectivisations de terres et les
nationalisations touchant les sources d’énergie, les industries, les transports et les banques. Les plans
quinquennaux fixent les objectifs à grand renfort de propagande. Dans un premier temps, la priorité
est donnée à l’industrie lourde en RDA puis aux industries de consommation car le pays doit
apparaître comme une vitrine du socialisme face à l’Occident ; les matières premières nécessaires à
son industrie sont importées des autres pays socialistes dans le cadre du CAEM (conseil d’assistance
économique mutuelle).
La RDA se spécialise dans la production industrielle de technologie avancée notamment dans le
domaine militaire. Le régime récupère d’ailleurs la tradition militaire prussienne : l’armée est la
seconde en importance du Pacte de Varsovie.
Mais cette façade ne parvient pas à masquer aux yeux des populations les failles béantes du système,
appelé « socialisme réel » :
- la priorité donnée à l’industrie lourde a de graves conséquences sur l’économie : l’agriculture
manque de matériel, les rendements baissent, les revenus réels décroissent,
l’approvisionnement des villes est difficile (d’où les interminables files d’attente pour des
denrées hypothétiques), les paysans négligent les productions des coopératives pour travailler
leurs lopins individuels dont ils écoulent la production au marché noir.
- les populations souffrent de pénuries aggravées par l’importance donnée à l’armement
(contexte de guerre froide). Toutes les productions de consommation (vêtements,
électroménager, automobile) ont une production insuffisante et de mauvaise qualité.
- les logements manquent également, les jeunes couples devant souvent atteindre plus de dix
ans avant d’obtenir un logement.
- La société est censée ne comporter que deux classes sociales : les ouvriers et les paysans.
Mais en réalité, elle est dominée par des cadres privilégiés, liés au parti communiste qui
constituent la « Nomenklatura ».
La mort de Staline en mars 1953 suscite l’espoir d’une plus grande liberté accordée dans les
démocraties populaires. A Berlin, des émeutes éclatent suite au durcissement des conditions de
travail des ouvriers et à l’accélération de la mise en place de l’économie planifiée.
60 000 manifestants s’en prennent aux symboles du communisme, excédés par la situation
économique et politique. Ils réclament la démocratie dans les entreprises, des élections libres et la
réunification. Ulbricht fait appel aux Soviétiques qui répriment la révolte avec des chars : 80 morts et
25 000 arrestations.
Le paradoxe est énorme : un régime marxiste qui étouffe une tentative « révolutionnaire » mais
spontanée venant des ouvriers pour améliorer leur condition de vie et de travail. C’est trahir
les doctrines de Marx sur lesquelles le régime prend appui… !
Malgré la propagande et la censure omniprésente, les populations les plus qualifiées quittent la RDA
pour la RFA via Berlin-Ouest. Voilà pourquoi les autorités décident la construction du mur de
Berlin, en août 1961, qui isole totalement Berlin-Ouest de la RDA. C’est, pour l’Occident, le
symbole de la faillite du régime communiste qui doit empêcher sa population de fuir.
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Thème 2 : Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux Etats-Unis de la fin du XIXème
siècle à nos jours
Chapitre 2 : Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875
La nouvelle politique de réformes lancées par Mikhaïl Gorbatchev, la Perestroïka (1986), scelle la
mort du régime qui ne veut faire aucune concession. Des manifestations réunissant plusieurs
centaines de milliers de personnes se déroulent à Leipzig. Sans le soutien soviétique, le régime est
paralysé dans l’inaction. Les Allemands de l’Est, les Ossi, franchissent le mur qui est ouvert le 9
novembre 1989. C’est la débâcle du SED qui perd les premières élections libres de la réunification
allemande de 1990, et devient le PDS (Partei des Demokratischen Sozialismus). C’est l’échec du
« socialisme réel ».
C. Le socialisme démocratique en RFA
1) La social-démocratie sans Marx
Jusqu’aux années 1960, le SPD connaît des revers électoraux au profit de la CDU (Union chrétienne
démocrate ou Droite conservatrice) qui est au pouvoir. La menace soviétique en Europe, le contremodèle de la RDA, la défense exclusive du monde ouvrier détournent les électeurs du SPD. Le
nombre de militants recule même dans une période marquée par la prospérité économique allemande.
La perte de vitesse du SPD est aussi due à l’apaisement des relations patronat-travailleurs négocié
entre les syndicats (DGB) et le chancelier Konrad Adenauer. Les lois de1951 et de 1952 instituent la
cogestion au sein des entreprises : des représentants du personnel siègent aux côtés des représentants
actionnaires. C’est un véritable droit de regard donné aux travailleurs sur les décisions des
entreprises. La lutte syndicale est remplacée par le dialogue social (l’orientation du DGB devient
réformiste) améliorant les conditions de travail, les salaires, la réduction du temps de travail. La
cogestion est un des facteurs du « Miracle économique allemand »
Aussi, le courant réformiste l’emporte au sein du SPD : il entend en faire non plus le parti des
ouvriers mais le parti du peuple, en se coupant de ses références marxistes.
2) Le tournant radical du congrès de Bad Godesberg (1959) : l’abandon du marxisme
Documents à utiliser : document 1 p. 144, documents 4 et 5 p. 145
Questions :
1. Présentez les différents objectifs du SPD dans le contexte de la Guerre Froide à partir du Congrès
de Bad Godesberg en 1959.
- La démocratie est l’objectif premier, dans une Allemagne portant la culpabilité du nazisme et
de la Seconde Guerre mondiale.
- La démocratie est proclamée aussi face au communisme de RDA qui participe au
totalitarisme.
- La démocratie est la seule voie pour aboutir au socialisme, et non la révolution armée (que
prône le marxisme).
- Dénonciation des erreurs du communisme, notamment en RDA et dans les démocraties
populaires.
- Le SPD accepte le capitalisme comme système économique et la démocratie libérale qui
garantit les droits fondamentaux de l’individu. On parle d’économie sociale de marché3.
Ajout du professeur :
Ce tournant libéral du SPD lui assure le pouvoir de 1966 à 1982 avec comme chancelier socialistes
Willy Brandt et Helmut Schmidt. C’est le temps de l’apogée de la social-démocratie.
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Economie sociale de marché : modèle économique de la RFA qui concilie le libéralisme économique avec une politique
sociale de protection des travailleurs garantie par l’action de puissants syndicats (le DGB compte 6,7 millions
d’adhérents en 1967).
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Thème 2 : Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux Etats-Unis de la fin du XIXème
siècle à nos jours
Chapitre 2 : Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne depuis 1875
Cependant, la jeunesse, travaillée par le passé nazi et par la révolte étudiante de 1968, s’oppose à ce
virage libéral et constitue une opposition d’extrême-gauche (APO : Opposition extra-parlementaire)
marquée par le marxisme et la révolution. Certains de ses membres basculent dans le terrorisme,
commettant attentats et enlèvements de dirigeants. Le meilleur exemple est la Fraction armée rouge
ou « bande à Baader ». Son impact dans le milieu ouvrier est très limité. Ses dirigeants se suicident
en prison en 1978.
3) Le virage libéral du chancelier Schröder (1998-2005)
Documents à utiliser : documents 1 et 2 p. 146, document 4 p. 147
Questions :
1. Expliquez quelle est la situation du SPD dans l’Allemagne réunifiée.
La disparition du bloc communiste et de la RDA discrédite les idées de gauche en général et le SPD
perd les élections en 1990. Parallèlement, l’audience des syndicats diminue dans une société où les
classes moyennes sont plus nombreuses et où l’écologie devient un thème porteur (12 millions de
syndicalistes en 1991, 7 millions en 2001).
2. Montrez quelles sont les transformations opérées par le chancelier Gerhard Schröder par
l’intermédiaire des lois dites « Hartz » et les conséquences sur le modèle social allemand.
En 1998, le SPD de Gerhard Schröder gagne les élections en constituant une alliance avec les
écologistes : « coalition rouge-verte ». Désormais, le SPD se place au centre de l’échiquier politique
et prend des mesures de rigueur face aux difficultés économiques du pays : lois dites « Hartz » qui
libéralisent les conditions de travail, qui réduisent la protection sociale. Ce n’est rien de moins
qu’une remise en cause partielle du modèle social allemand.
3. Expliquez quelle est la réaction des mouvements socialistes et des syndicats face à ce
changement de voie de la social-démocratie allemande.
Une partie des syndicalistes et des socialistes quittent alors le SPD et fondent un parti anti-libéral,
Die Linke, dirigée par Oscar Lafontaine. L’hostilité aux transformations portées sur le modèle social
allemand amènent à des manifestations pour plus de justice sociale mais les transformations
perdurent sous le mandant d’Angela Merkel. Aux législatives de 2009, Die Linke fait 12 % contre 23
% pour le SPD.
Die Linke fait de très beaux scores dans l’ancienne RDA où une partie de la population regrette les
avantages sociaux du communisme. On parle d’Ostalgie.
Ouvertures possibles pour un sujet :
Quel avenir pour un socialisme qui a considérablement évolué au gré des événements en un siècle et
demi ?
Les partis qui se réclament aujourd’hui du socialisme semblent très loin des fondamentaux de ce
courant puisque la social-démocratie s’est ralliée à l’économie libérale ?
Comment concilier socialisme et une mondialisation néolibérale, animée par l’exploitation des
masses et la déréglementation à outrance ? Ne retrouve-ton pas la situation des ouvriers du milieu du
XIXe siècle mais à l’échelle de la planète ?
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