RÉSUMÉ DE RECHERCHE COSMOLOGIE ET GRAVITÉ UN SURSAUT RADIO RAPIDE RÉPÉTITIF Les sursauts radio rapides (fast radio burts, FRB) sont des sursauts de lumière énigmatiques observés par des radiotélescopes qui proviennent de l’extérieur de notre galaxie, la Voie lactée. L’énergie implicite de ces phénomènes distants laisse croire aux astrophysiciens qu’ils seraient le résultat d’événements cataclysmiques qui auraient détruit leur source. Toutefois, la découverte de sursauts radio rapides répétitifs démontre que la libération d’énergie n’entraîne pas la destruction de la source et que cette libération peut se produire plusieurs fois en l’espace de quelques minutes. OBJET DE L’ÉTUDE Le sursaut radio rapide FRB 121102, observé pour la première fois par l’observatoire d’Arecibo en 2012, a fait l’objet d’observations de suivi pour tenter de détecter une activité répétitive provenant de la même source. De telles observations des positions célestes d’où proviennent les sursauts radio rapides n’avaient jamais rien révélé. CONTEXTE Les sursauts radio rapides sont des éclairs lumineux de l’ordre de millisecondes, d’origine astronomique inconnue, observés à des radiofréquences d’environ 1 GHz. Nous avons une compréhension limitée du phénomène, car il a été impossible de cerner des sources homologues dans la lumière visible ou à toute autre longueur d’onde dans le cadre d’observations de suivi. De plus, en raison du champ de vision limitée des radiotélescopes actuels, nous n’avons observé que quelques douzaines de ces sursauts jusqu’à présent. Toutefois, des extrapolations laissent suggérer qu’il doit y en avoir des milliers dans la totalité du ciel. Les signaux radio cosmiques sont habituellement dispersés – étalés et déformés après avoir parcouru de vastes distances à travers le plasma diffus qui infiltre l’espace entre les étoiles et les galaxies. La quantité de dispersion permet aux astronomes d’évaluer la quantité totale de plasma entre la Terre et la source du signal. Les sursauts radio rapides sont très dispersés et on évalue que la quantité de plasma qui nous sépare de leur origine dépasse le volume de la Voie lactée, indiquant par le fait même la source extragalactique des sursauts. En fait, la dispersion des sursauts les plus fortement étalés laisse croire que les sursauts ont parcouru 10 milliards d’années- lumière, une bonne partie du chemin jusqu’à l’autre extrémité de l’Univers observable. La dispersion pourrait aussi être causée par de denses nuages de plasma autour des sources, en quel cas les sources pourraient se trouver dans des galaxies avoisinantes à seulement quelques centaines de millions d’années-lumière La luminosité observée des sursauts radio rapides et les immenses distances en jeu laissent sous-entendre que les FRB sont des phénomènes énergétiques qui libèrent en quelques millisecondes la quantité d’énergie que le Soleil produit en quelques jours. Des astrophysiciens ont donc émis l’hypothèse que les FRB sont des signaux émanant d’événements cataclysmiques qui détruisent leurs sources, comme la collision de deux étoiles moribondes. D’un autre côté, si les sources se trouvent dans des galaxies relativement proches, alors l’énergie libérée éventuelle pourrait provenir d’événements tout aussi exotiques, mais moins énergétiques. Parmi les autres possibilités, notons : tremblement stellaire dans la croûte dure d’une étoile à neutrons hautement magnétisée ou pulsar au comportement erratique – étoile à neutrons à rotation rapide qui libère son énergie rotative sous la forme d’impulsions radio. RÉSULTATS La source de FRB 121102 émet des sursauts répétitifs. Des chercheurs ont découvert que dix autres FRB provenaient de la même position céleste que le sursaut d’origine FRB 121102. La même position céleste et l’étalement de dispersion identique de tous ces sursauts indiquent sans équivoque qu’ils proviennent de la même source. Les sursauts étaient très rapprochés dans le temps : les observations de suivi ont duré environ 15 heures, mais six des sursauts ont été observés en l’espace de dix minutes, et deux des sursauts se sont manifestés à seulement 30 secondes d’intervalle. Les sursauts répétitifs de cette source sont diversifiés. Les onze sursauts repérés proviennent sans ambiguïté de la même source, mais la luminosité, la durée et le spectre (variation de la luminosité en fonction de la longueur d’onde, l’équivalent radio de la couleur de la lumière) varient beaucoup d’un sursaut à l’autre. Une illustration de ce phénomène se trouve à la Figure 1. MÉTHODES Le sursaut radio rapide FRB 121102 a été découvert par le radiotélescope William E. Gordon de 305 m de l’Observatoire d’Arecibo, à l’aide de données recueillies dans le cadre du relevé de pulsars PALFA le 2 novembre 2012. Comme il est d’usage, des observations de suivi de la position céleste où les sursauts ont été observés ont eu lieu en décembre 2013 et aucun sursaut répétitif n’a été observé. En mai et juin 2015, on a mené des observations de suivi de plus grande envergure à l’Observatoire d’Arecibo. Cette deuxième campagne d’observation comptait dix heures d’observation réparties sur six nuits. Le traitement des données s’est fait à l’aide d’un logiciel spécialisé qui commence par repérer et extraire les données contaminées par des signaux radio d’origine humaine et qui tente ensuite de cerner des sursauts de lumière en tenant compte de l’étalement causé par la dispersion. Le logiciel a présenté les sursauts candidats sous la forme d’une série de tracés que l’équipe de recherche a ensuite examinés. Les chercheurs ont analysé des données télescopiques d’archives d’une variété de télescopes couvrant différentes fourchettes de longueurs d’onde et ont écarté la possibilité qu’une nébuleuse galactique puisse être à l’origine de l’étalement de dispersion observé. Ils ont donc conclu que les sursauts sont d’origine extragalactique. RÉPERCUSSIONS L’observation de multiples sursauts provenant d’une même source exclut la possibilité que ces FRB constituent la signature d’événements cataclysmiques qui détruisent leur source. Conséquemment, les explications qui mettent en jeu la collision d’objets stellaires ou de supernovas ne sont plus viables. Comme les sources produisent de multiples sursauts en l’espace de quelques minutes, les chercheurs favorisent l’hypothèse d’une source à plus grande proximité – à des centaines de millions d’années-lumière plutôt qu’à des milliards d’années-lumière – où l’énergie libérée par chaque sursaut serait donc inférieure. Parmi les explications les plus plausibles du phénomène des FRB, notons les tremblements stellaires d’étoiles à neutrons magnétisées ou les pulsars erratiques. Preparé par Kiyoshi Masui INSTITUT CANADIEN DE RECHERCHES AVANCÉES 1400-180, Rue Dundas Ouest Toronto, ON M5G 1Z8 www.icra.ca Obs. frequency (MHz) Burst 1 1,500 1,450 1,400 2012-11-02 MJD 56233 1,350 1,300 1,250 Obs. frequency (MHz) Burst 2 Burst 3 S/N 0 3 6 S/N 0 3 6 1,500 1,450 1,400 2015-05-17 MJD 57159 1,350 1,300 1,250 Burst 4 Obs. frequency (MHz) S/N 0 3 6 Burst 5 S/N 0 4 8 S/N 0 3 1,500 1,450 1,400 2015-06-02 MJD 57175 (two scans) 1,350 1,300 1,250 Burst 6 Burst 7 S/N 0 2 Burst 8 S/N 0 3 S/N 40 80 S/N 40 80 Obs. frequency (MHz) 1,500 1,450 1,400 1,350 1,300 1,250 Burst 9 Burst 10 S/N 0 4 8 Burst 11 S/N 0 15 Obs. frequency (MHz) 1,500 1,450 1,400 1,350 1,300 1,250 −40 −20 0 Time (ms) 20 40 −40 −20 0 Time (ms) 20 40 −40 −20 0 20 40 Time (ms) Figure 1 (fichier PDF ci-joint) : Luminosité des sursauts de la source de FRB 121102 en fonction du temps et de la radiofréquence (l’inverse de la longueur d’onde). Les sous-panneaux supérieurs illustrent le profil temporel des sursauts, dont la moyenne est établie en fonction de la fréquence, et les sous-panneaux inférieurs illustrent le spectre des sursauts. On a compensé et éliminé l’effet d’étalement de la dispersion. Les sursauts présentent une grande variété sur le plan de la forme, du spectre et de la luminosité.