Le sujet de ce livre n’est pas l’astrologie mais la culture moderne. Il offre les premiers éléments pour une nouvelle lecture de celle-ci. La culture moderne y apparaît, depuis ses origines dans le « messianisme romantique » qu’elle n’a jamais reniées, comme une force de conservation, c’est-à-dire comme une force qui permet à la société, dont elle s’est pourtant séparée, de se préserver de tout changement inopportun, une théodicée sans Dieu. Cette capacité d’empêcher que tout changement authentiquement révolutionnaire bouleverse la société se montre particulièrement efficace dans les moments où la culture est le plus radicalement critique vis-à-vis de la société, comme celui des avant-gardes par exemple. Débarrassé à son égard de toute illusion émancipatrice, Francesco Masci s’interroge sur le devenir de la culture comme lieu où tous les changements sont subordonnés au sauvetage de la vieille catégorie métaphysique du sujet. Celui-ci, devenu inutile à la société, renoue son rapport à vérité dans l’esthétique. S’appuyant sur une impressionnante érudition philosophique et artistique, Superstitions est un véritable pavé jeté dans la mare de l’art contemporain, qui loin de n’être qu’une dénonciation de plus de ses excès, remet fondamentalement en cause l’ensemble de la culture moderne. « La culture façonne, par toutes ses expressions, une pratique de l’obéissance. Je l’identifie à la superstition, cette invention résolument moderne, qui doit être comprise comme une abêtissante contrainte interne à croire que quelque chose doit être vrai. Ce sont donc des actes de croyance qui constituent la culture moderne. » Superstitions, Francesco Masci, Éditions Allia, Paris, 2005. XV BIENNALE DE PARIS