Cancer et environnement: définitions et idées fausses | Cancer et

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Cancer et environnement : définitions et idées fausses
Référénce étudiée: McGuinn L, Ghazarian A, Ellison G, Harvey C, Kaefer C, Reid B. Cancer and environment: definitions and
misconceptions, Review : Environmental research 112 (2012) 230­234
Présentation de la publication
Contexte : Selon les études, l’estimation de la part de cancers attribuables à des facteurs environnementaux
varie de 1 à 90%. Cette variabilité peut s’expliquer en partie par l’hétérogénéité des définitions de
l’environnement utilisées par les différents auteurs, puisque aucun consensus n’existe à ce sujet. L’objectif de cet article était de discuter l’utilisation de ces définitions dans les différentes études pour
étudier le risque de cancer attribuable à l’environnement ; leurs évolutions ces 50 dernières années ; et
d’étudier l’influence de la définition utilisée sur le risque attribuable estimé. Méthode
Une revue de littérature a été effectuée dans les bases de données Medline, Embase, Scopus, et Web of
Science. Les articles sélectionnés devaient avoir été publiés entre 1960 et 2010, être écrits en anglais et
donner une définition de l’environnement et une estimation du risque de cancer attribuable à celui­ci. Les
articles s’intéressant à une seule localisation de cancer ont été exclus. Résultats
Entre 1960 et 2010, le nombre de publications s’intéressant au risque de cancer attribuable à
l’environnement a augmenté. Les définitions de l’environnement utilisées étaient très hétérogènes
entre les études. Deux approches principales étaient utilisées.
La plus fréquente était celle de l’environnement au sens large (75% des études) : dans cette définition de
l’environnement, tous les facteurs non génétiques sont considérés, soit l’air, l’eau, le sol, l’alimentation, ainsi
que les modes de vie, le régime alimentaire, les infections et les expositions professionnelles.
Les autres études utilisaient une approche de l’environnement restreinte aux polluants de l’air, de l’eau, du
sol, et de l’alimentation (25% des études).
Les articles utilisant la définition de l’environnement au sens large avaient tendance à trouver des estimations
du risque attribuable plus importantes que les articles utilisant la définition plus restreinte. Des divergences ont été constatées dans l’indicateur utilisé pour estimer le risque de cancer attribuable à
l’environnement : il s’agissait le plus souvent de l’incidence des cancers (91%), mais parfois de la mortalité
(8%), du nombre de cas de cancers, ou de la prévalence. Les termes utilisés pour décrire les effets de
l’environnement sur le risque de cancer étaient aussi variés : les termes « influence », « dû à », « causé par »,
« attribué à », « lié à », « déterminé par » étaient utilisés de manière interchangeable, bien que ces termes
aient une signification différente.
Discussion des auteurs
Basée sur un grand nombre de publications, cet article pointe les éléments à prendre en compte pour une
lecture et une interprétation raisonnée des études qui proposent une estimation du risque de cancer
attribuable à des facteurs environnementaux. Il suggère que les auteurs définissent précisément quels
éléments de l’environnement ils ont pris en compte dans leurs études, plutôt que de rechercher un
consensus sur une définition de l’environnement. Cette démarche faciliterait en effet la lecture, l’interprétation
et la comparaison des différentes études, tout en respectant leurs méthodologies propres. Les différences d’estimations de risques de cancer attribuables à l’environnement entre études s’expliquent en
partie par l’hétérogénéité des définitions de l’environnement utilisées, mais aussi par des divergences dans les
indicateurs (prévalence, incidence ou mortalité) ou le vocabulaire utilisé pour le qualifier. Ces hétérogénéités
rendent délicates l’interprétation des résultats des études et leur comparaison. En dehors de la définition de l’environnement utilisée, des difficultés persistent dans l’estimation du risque de
cancers attribuable à l’environnement, telles que la classification de l’exposition et la non prise en compte des
interactions gène environnement. Le concept de l’exposome (C.Wild) est cité comme un moyen de réduire
les erreurs de classification de l’exposition : l’exposome correspond à l’environnement chimique d’un individu,
résultant de l’ensemble de ses expositions, externes comme internes.
Les auteurs identifient comme limite de leur revue le fait d’avoir exclu les publications qui étudiaient une seule
localisation de cancer ou un seul facteur environnemental. Cela a pu mené à une possible sous­estimation des
risques attribuables estimés, mais n’altère pas les conclusions de l’étude. Nos commentaires sur cette publication
Les valeurs des risques attribuables trouvés et leur corrélation avec les définitions utilisées ne sont pas
clairement présentés dans l’article.
Les populations étudiées dans les différentes publications analysées ne sont pas décrites ; elles pourraient être
source de variabilité dans les effets observés, de part leur hétérogénéité.
Les auteurs de cette revue ont catégorisé les définitions de l’environnement utilisées en deux grandes
catégories : large et restreinte. La prise en compte dans ces définitions de polluants particuliers n’était
cependant pas précisée, seul le milieu étant documenté (air, eau, etc.). Le calcul effectué pour calculer le
risque attribuable a­t­il alors pris en compte l’influence de ces milieux dans leur globalité sur le risque de cancer
? Ou des polluants particuliers de ces différents milieux ont­ils été étudiés ? Compte tenu de la multitude des facteurs environnementaux, professionnels, ou comportementaux pouvant
potentiellement jouer un rôle dans la survenue de cancers, plus de précisions sur les définitions de
l’environnement et le mode de calcul du risque attribuable seraient nécessaires pour comprendre comment
les deux interagissent. Cela met en avant l’intérêt de décrire avec précision quels sont les éléments de
l’environnement pris en compte dans les analyses. Auteur : Unité Cancer Environnement
Mise à jour le 21 avr. 2016
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