La guerre déclarée au pollen

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Le Soir Mardi 3 mai 2011
sciences&santé
ÉPHÉMÉRIDES / MAI 2011
Les larmes
du Verseau
Le 6, les Eta Aquarides sont au
maximum. Cette pluie d'étoiles
filantes tire son nom d'une
étoile de la constellation du
Verseau. Plusieurs dizaines de
météores à l'heure pourraient
éclairer le ciel nocturne.
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Allergies / Le pollen est cultivé pour être administré comme traitement
La guerre déclarée au pollen
Le Soleil
Le tableau donne pour Uccle et en
temps officiel (soit le temps
universel plus deux heures) les
moments de levers et de couchers
du Soleil. Notre étoile sera au
méridien d'Uccle (4°21'29'') ou
17 minutes 26 secondes (de temps)
à l'est du méridien initial de
Greenwich à 13h40 et 12 secondes
le 31. A ces moment-là, il sera midi
solaire vrai sur le méridien en
question.
La Lune
Les phases de la Lune en mai sont
les suivantes : nouvelle Lune le 3 à
8h51, premier quartier le 10 à 22h33,
pleine Lune le 17 à 13h09 et dernier
quartier le 24 à 20h52. Le tableau
donne pour Uccle et en temps
officiel les moments de levers et de
couchers de notre satellite naturel.
Ce mois-ci, la Lune sera au périgée
le 15 à 13 heures (distance
Terre-Lune 362.135 km) et à
l'apogée le 27 à 12 heures
(405.003 km).
Rendez-vous
Chaque mois, nous pointons l'un ou
l'autre phénomène astronomique
susceptible d'être observé à l'œil nu
ou au moyen d'une simple paire de
jumelles.
Le 4 vers 22 heures, un très fin
croissant de Lune est visible à
3 degrés des Pléiades.
Le 14, la Lune se situe juste sous
Saturne, dans la constellation de
la Vierge.
Le 23, c'est Mars qui se retrouve à
proximité apparente de notre
satellite naturel.
Pour plus d'informations, on
consultera le site web du Pôle Espace
à Uccle www.oma.be ou celui de la
www.societeastronomiquedeliege.be
CHRISTIAN DU BRULLE
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20 h 41
LE SOIR - 30.04.11
REPÈRES
Un
combiné
de cinq
pollens
AVEC UNE LARGEUR DE RÉCOLTE PORTÉE À 8 MÈTRES, cette machine spéciale peut récolter davantage de pollens. © STALLERGENES.
L’ESSENTIEL
● Cinquante hectares
discrètement nichés au
centre de la France abritent la première production de graminées « thérapeutiques » au monde.
● But : lutter contre le
« rhume des foins ».
● Une pilule sous la langue pourra bientôt aider certains patients.
REPORTAGE
VIMORY (LOIRET)
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
e soleil darde ses premiers
rayons sur la campagne
du Loiret, faisant évaporer les dernières gouttes de rosée
matinale. « Nous devons être
prêts très tôt, car la pollinisation
des graminées est très capricieuse. Certaines, comme la fléole, ne
durent que quatre ou cinq jours.
Et peut commencer dès 7 h 30,
mais aussi nous faire attendre la
fin de la matinée. Il faut être très
attentif, l’étamine se divise soudain en deux et là, il ne faut pas
attendre », explique Daniel Prin,
responsable de la collecte des pollens pour Stallergenes, firme spécialisée dans la désensibilisation
allergique.
Celle-ci, qui est déjà aussi devenue le premier « producteur »
mondial d’acariens, est depuis
peu le premier cultivateur de
« mauvaises herbes » au monde
afin de les inclure dans ses préparations destinées à aider les personnes allergiques à supprimer
tout ou partie des symptômes
provoqués par l’ingestion de pollen par l’appareil respiratoire.
Au lieu de banales céréales,
c’est donc de flouve, une plante
vivace à l’odeur sucrée, d’une
trentaine de centimètres, que ce
champ est planté.
Après une première réaction
de surprise, c’est volontiers que
les agriculteurs locaux ont accepté de planter cinq variétés de
plantes d’habitude plutôt indésirables.
L
www.lesoir.be
02/05/11 20:01 - LE_SOIR
Soudain, dans un grand feulement, apparaît un engin qui semble être né des amours tumultueuses d’une soucoupe volante
et d’une presse hydraulique.
« C’est un exemplaire unique,
élaboré au fil des années pour répondre à nos besoins ». La machine peut en effet se déployer sur
8 mètres de large, avec autant de
bouches d’aspiration pour récupérer le léger pollen en suspension. Qui aura été secoué de la
plante par une trémie ajustable
en hauteur selon la plante récoltée et sa hauteur précise. La technique permet de récolter davantage de pollen, qui sera moins
contaminé que si la fleur entière
était coupée et récoltée. « Nos
premiers engins avaient une taille plus réduite. Avec cette largeur
de récolte, nous pouvons récolter
davantage tout en écrasant un
minimum de plantes avec nos
pneus. Un GPS nous permet aussi de rester bien droits dans nos
traces, car nous pouvons récolter
plusieurs fois les mêmes plans
qui continuent à polliniser plusieurs jours ». La machine pro-
gresse très lentement, à 3 km/h.
Ses immenses ventilateurs avalent les grains de pollen, mais
abandonnent toute particule
plus lourde. Quand une variété
est récoltée, il est nécessaire de
nettoyer toutes les canalisations,
pour éviter tout mélange. Et exclusivement à l’eau, pour éviter
toute contamination par des détergents. Il faut donc sécher la
machine… au soleil.
Les responsables de Stallerge-
La machine peut se déployer
sur 8 m, avec autant de bouches
d’aspiration pour récupérer
le léger pollen en suspension
nes ont préféré multiplier leurs
œufs dans des paniers différents : les champs où les différents pollens sont cultivés ne
sont pas groupés, pour minimiser le risque climatique : « Nous
avons parfois eu un champ couché par la pluie et inutilisable,
tandis qu’un autre à deux kilomètres n’était même pas mouillé ». Ils ont choisi le centre de la
France pour éviter le tiers nord,
trop arrosé d’intempéries et la
moitié sud, trop exposée au vent
voleur de pollen. « Mais nous devons déjà songer à d’autres lieux,
tellement la demande est forte ».
La cinquantaine d’hectares de
Vimory sont bien à l’écart des autoroutes, mais les lotissements
se rapprochent petit à petit. Certes, le processus industriel qui
suit la récolte, dans l’usine de
traitement installé à quelques kilomètres, à Amilly, expulse tout
débris végétal indésirable et vérifie qu’il n’y a plus de trace excessive d’insecticides ou de fongicides
dans le pollen de plus en plus raffiné qui sera utilisé dans le produit d’immunothérapie final.
Mais il est plus sûr de ne pas côtoyer d’éventuelles sources de
contamination de trop près. « Il
serait illusoire de les cultiver
sous serre, ce serait trop chaud
pour les cinq variétés choisies,
qui couvrent plus de 80 % des allergènes présents dans les graminées », explique Bruno Robin,
responsable des Affaires médicales de Stallergenes. ■
FRÉDÉRIC SOUMOIS
« La rhinite allergique peut avoir
un impact social important »
eureusement, les 500 millions de personnes qui,
H
dans le monde, souffrent de rhinite allergique, appelée communément rhume des foins, ne le sont
pas tous de la manière la plus extrême. Mais les symptômes, éternuements, nez qui coule, obstruction nasale, démangeaisons nasales et oculaires, larmoiement
sont souvent socialement très déplaisants et épuisants. En Europe, la moitié des patients souffrent même sans être diagnostiqués et le pollen est la première
cause de rhinite allergique.
Non soigné, cette affection saisonnière multiplie par 4 à 10 fois
le risque de développer un asthme. « La rhinite allergique peut
avoir un impact social important », explique Bruno Robin.
Un tiers des patients est réveillé
la nuit par des symptômes ou se
plaint d’une mauvaise qualité de
sommeil. Maux de tête et difficul-
tés à se concentrer sont fréquents
et des études scientifiques ont démontré que les mêmes élèves allergiques perdaient environ
20 % de résultat scolaires entre
décembre et juin, quand ils
étaient le plus exposés.
Une efficacité démontrée
Certaines solutions, comme les
médicaments antihistaminiques,
donnent d’excellents résultats
contre les symptômes, mais il
faut compter avec des effets secondaires non négligeables. La
plupart de ces médicaments induisent en effet des effets de somnolence et il faut parfois plusieurs essais avant de trouver molécule et dosage adéquats.
D’où le rôle croissant de l’immunothérapie allergénique, qui
consiste à recevoir par injection
ou en posant le produit sous la
langue (pastille ou goutte) une
certaine quantité d’allergènes, de
manière à « éduquer » le système immunitaire lors de sa rencontre inopinée avec celui-ci
dans la nature. Une technique découverte il y a exactement un siècle mais considérée longtemps
comme peu rigoureuse, mais
dont l’efficacité est aujourd’hui
établie. « C’est entre autres parce
qu’elle bénéficie désormais d’études aussi sévères, en double aveugle, que celles qui prévalent pour
les médicaments, explique le professeur R. Brehler, de l’Université de Munster. Elles montrent notamment une réduction de 35 %
des symptômes de rhinite allergique. La particularité, c’est qu’elle
dépend beaucoup des patients,
certains étant soulagés, d’autres
moins, et que cet effet peut dépendre du profil de la dispersion des
allergènes. Même un échec une
première année ne doit donc pas
dissuader de prolonger le traitement ». ■
Fr.So
Les responsables de Stallergenes ne pouvaient mettre des pollens des 2.000
espèces de graminées existantes dans une seule gélule à mettre sous la langue.
« En fait, avec cinq espèces,
nous couvrons, avec le comprimé Oralair, un large spectre d’épitopes, les déterminants antigéniques portés
par de très
nombreux allergènes différents. Chez de
nombreux patients, l’allergie ne serait pas
inhibée par l’utilisation d’un
seul pollen. Avec ces cinq espèces, nous couvrons plus de
80 % des sources d’allergènes aux pollens de graminées », explique Charles
Ruban, vice-président en
charge du développement.
Ces cinq espèces, illustrées
ici dans l’ordre de leur
« production »
de pollens, sont :
La Flouze odorante. Elle
fleurit d’avril à juillet et mesure de 10 à 80 cm.
Le Pâturin. De 40 à 90
cms, il fleurit de mai à
juillet.
La Dactyle. De 15 cm à 1,4
m, elle fleurit
de juin à août.
L’Ivraie. De
10 à 70 cm,
fleurit de mai
à août.
La Fléole des prés. De
25 cm à 1,20 m, fleurit de
juin à août.
Attention : Oralair, qui est
délivré exclusivement sous
prescription médicale
après des examens visant à
déterminer à
quel allergène
on est particulièrement sensible, n’est pas encore disponible en Belgique (il l’est
en Allemagne et en Hollande), mais pourrait l’être fin
de l’année. Le traitement,
actuellement non remboursé, est généralement utilisé avant le début de la saison pollinique pour un meilleur résultat. FR.SO
1NL
du 03/05/11 - p. 29
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