Comment la région se fait une e-santé

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Midi-Pyrénées
Comment la région se fait une e-santé
Bientôt, il ne sera plus nécessaire de se déplacer pour consulter un spécialiste, ni d'emporter ses radios pour un nouvel examen./ Photo DDM
Midi-Pyrénées ouvre un espace numérique régional de santé. Afin de retisser l'offre de soins sur l'ensemble du territoire.
Création aujourd'hui à Toulouse du GSC, le groupement de coopération sanitaire télésanté.
Le paysage sanitaire de Midi-Pyrénées est en train de changer. Bientôt, il ne sera plus forcément nécessaire de se déplacer pour
consulter un spécialiste, ni d'emporter ses radios pour un nouvel examen. Un espace numérique régional de santé va être créé :
l'e-santé.
Il n'est pas seulement question de stockage sécurisé de données médicales. Mais d'un système informatisé qui va relier un corps
médical éclaté entre spécialités et établissements hospitaliers publics et privés. Y seront associés les acteurs du secteur médicosocial, les maisons de retraite ou les centres pour handicapés. La télémédecine, inventée à Toulouse par le Professeur Lareng, est
au cœur de ce dispositif initié par l'Agence régionale de santé.
Et l'humain dans tout cela docteur ? Pour l'ARS, l'e-santé doit améliorer la qualité des soins de Millau à Lourdes en rapprochant le patient du médecin.
La cancérologie, pionnière et modèle
Dr Bernard Couderc, président du réseau régional de cancérologie de Midi-Pyrénées. Fonctionner en réseau et échanger des données
dans l'intérêt du patient : la cancérologie ne pouvait qu'être moteur et modèle dans ce domaine. Car le principe même de l'exercice de la
cancérologie, « c'est la concertation de plusieurs médecins afin d'établir des programmes personnalisés de soins : ce qu'on appelle la fiche
de Réunion de Concertation Pluridisciplinaire, la fiche RCP. », rappelle Bernard Couderc, président du réseau régional de cancérologie de
Midi Pyrénées ONCOMIP. « Dans le sillage des avancées réalisées grâce au professeur Lareng, travailler en réseau via l'informatique et
internet a toujours été au cœur de nos préoccupations. Cela permet en effet de coordonner au mieux la prise en charge du patient, où qu'il
soit dans la région, et d'échanger des données, notamment via la téléradiologie, pour assurer la permanence des soins », poursuit le
médecin tarbais, futur président du Conseil national de cancérologie, élu pour 2012.
15 000 nouveaux cas par an et 35 000 fiches RCP sont d'ores et déjà exploitables dans huit départements à travers 86 établissements de
santé pionniers. Le « dossier communicant en cancérologie » (DCC) fait donc figure de référence, aujourd'hui, quant au développement du
« dossier médical personnalisé » (DMP), visant à améliorer le partage des données médicales dans l'intérêt de tous les malades. La preuve ?
Midi-Pyrénées a été retenue comme région pilote pour ce projet DCC-DMP.
P.C.
Téléradiologie : expérience en Ariège
Pr Francis Joffre, CHU Toulouse, président du Comité régional d'imagerie médicale. Un robot va-t-il remplacer le service de radiologie? Les
images seront-elles traitées en Inde? «Pas question. C'est une déviance commerciale. Si on fait de la radiologie à distance, il faut que les
indications soient discutées entre médecins, que les protocoles d'examen soit fixés et surtout contrôlés qualitativement par le radiologue»,
affirme le Pr Francis Joffre, du CHU de Toulouse. Ce médecin est aussi président du Comité régional d'imagerie qui va s'intégrer dans le nouvel
espace numérique de santé. Il y a deux ans, le Pr Joffre a initié une expérience de téléradiologie avec l'hôpital de Saint-Girons, en Ariège. La
téléradiologie cherche à pallier le manque de spécialistes, et assurer une permanence de soins 24h/24 dans n'importe quelle ville du territoire. Le
principe est le suivant : une radio ou un scanner peuvent être effectués sur indication médicale par un manipulateur : les images sont transmises
et interprétées par un radiologue, qui peut se trouver dans un autre hôpital, et qui pourra solliciter un avis d'expert si besoin est.
Lacaune se rapproche de Toulouse
Dr Jean-Pierre Rouffet, généraliste à Lacaune (81). La télémédecine, il n'en voyait pas trop l'intérêt. Médecin généraliste dans une petite
ville isolée du Tarn, à Lacaune, le Dr Jean-Pierre Rouffet, 62 ans, a pourtant accepté l'offredu Pr Lareng. « Les choses sont plus simples qu'au
début, car je dispose dans mon cabinet d'un ordinateur et d'une web-cam. Ce système permet à certains de nos patients d'avoir un accès très
rapide aux services médicaux de pointe».
Le Dr Rouffet fait appel à des spécialistes lorsque des cas lui posent problème. «Une de mes patientes avait les jambes enflées. Et je ne
trouvais pas pourquoi. Un scanner, établi à Castres, a montré une tumeur au foie d'un aspect très particulier et inquiétant. En une semaine,
j'ai pu obtenir une téléconférence avec un spécialiste toulousain qui a complété le bilan, opéré la malade qui a pu être rassurée : il s'agissait
d'une tumeur bénigne. Un autre patient avait une maladie du foie, dont l'origine était difficile à déterminer. Le diagnostic, là aussi délicat, a
été porté, le traitement a été fait au domicile du patient; la surveillance de ce traitement s'est faite par consultation de télémédecine». Pour le
Dr Rouffet, la télémédecine a de l'avenir «dans les régions isolées».
Rencontres à Toulouse
Les rencontres de l'espace numérique régional de santé de Midi-Pyrénées ont lieu ce lundi 28 mars à l'espace Vanel de la Médiathèque de Toulouse.
Vont y participer des médecins, les responsables de la santé, dont Xavier Chastel (photo ci-dessous), le directeur général de l'ARS Midi-Pyrénées, ainsi
que Martin Malvy, le président de la région Midi-Pyrénées, et Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique, social et environnemental régional
de Midi-Pyrénées.
Le groupement de coopération sanitaire (GCS) de télésanté en Midi-Pyrénées sera créé. Le Dossier médical personnel (DMP) sera présenté. Les
applications de la télémédecine en secteur sanitaire et médico-social y seront discutées.
"L'hôpital sans les murs"
Vous avez créé la télémédecine et inventé le Samu. Avec quel bénéfice pour la population ?
Pr Louis Lareng, président du GIP Réseau Télémédecine et e-santé Midi-Pyrénées. À l'époque, dans les années 1960, il avait beaucoup
d'accidents de la route. Étant anesthésiste -réanimateur, je me rendais compte que plus on soignait tôt avec compétence un blessé et plus on
augmentait ses chances de survie. Avec le Samu, on a amené l'hôpital au pied de l'arbre, et sauvé des milliers de vie. Mais le Samu, c'est aussi
la régulation : adapter les moyens aux besoins du patient. La médecine est pluridisciplinaire. La télémédecine a permis de mettre plusieurs
médecins au chevet d'un patient. C'est l'hôpital sans les murs.
Au sein du nouvel espace numérique, vous associez le secteur médico-social. Pourquoi ?
Il faut toujours associer le social au médical. Si vous faites sortir un patient de l'hôpital et qu'il pleut chez lui…
Le secret médical sera-t-il respecté ?
L'espace numérique médical sera protégé sur le plan du secret médical, respectera la démocratie sanitaire.
Peut-on craindre une déshumanisation ?
Non. L'objectif de l'espace numérique de santé est d'accroître l'accès à des soins de qualité pour tous en tout point du territoire. C'est mettre les technologies de la
communication au service du patient.
La Dépêche du Midi
Le 28 mars 2011
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