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Compte-rendu du Bar des Sciences du mardi 30 septembre 2014
«Gaz de schiste : parlons-en ! … » !
Soirée organisée par : le « Pavillon des Sciences » et animée avec dynamisme par Pascal REMOND.
Lieu - Horaire : Bar de l’Hôtel Bristol – 2 rue Velotte – MONTBELIARD – le mardi 30 septembre 2014 –
de 20h00 à 22h00
Participation : excellente, la salle du haut était pleine à craquer avec 190 participants.
Intervenants :
Jacques PIRONON
-CNRS – Géologue -Directeur du laboratoire GeoRessources Université de Lorraine - Nancy
Raymond MICHELS
-CNRS - Géochimiste - laboratoire GeoRessources Université de
Lorraine – Nancy
Francois CORNET
CNRS - Physicien du Globe - Ecole et Observatoire des sciences de la
terre - Institut de Physique du Globe de Strasbourg - Université de
Strasbourg
Le gaz de schiste est un gaz naturel le plus souvent exploité à des profondeurs comprises entre
-1500 et 3 000 mètres, dans des roches compactes et imperméables. Ces profondeurs sont relativement peu importantes
en comparaison à celles du gaz conventionnel. On estime que ses réserves pourraient fournir 120 à 150 ans de la
consommation actuelle de gaz naturel.
L’exploitation des gaz et pétrole de schiste donne lieu à de vifs débats, notamment en raison de son impact
environnemental et sanitaire. Dans certains pays, comme les Etats-Unis, sa production est développée et fait à
nouveau des USA un pats exportateur d’hydrocarbures. En France, la technique de la fracturation hydraulique
n’est pas autorisée.
Tout le monde en parle ; on est pour, on est contre, mais de quoi parle-t-on ?
Quelle est l'origine de ces hydrocarbures ? C’est quoi la roche-mère, la fracture hydraulique ? Quels sont les
risques de pollution, quels sont les risques sismiques ? Est-ce une production rentable ? Quelles ressources en
France ? Pourquoi tant de passion ? Les Gaz de schistes sont-ils la solution miracle à nos problèmes d’énergie ?
Les gaz de schiste seraient–ils une ressource si nocive qu’il faut absoluement s’en passer ?
Autant de questions auxquelles répondront les experts.
-Prochain Bar des sciences :
« Le cerveau Mélomane quand la musique fait swinguer les neurones ! »
En partenariat avec Le Conservatoire National de Musique du Pays de Montbéliard
Samedi, 11 octobre 2014 à 20h - Hall de Pays de Montbéliard Agglomération
8 avenue des Alliés- Montbéliard
Les Bars des sciences sont financés par Pays de Montbéliard Agglomération.
compte rendu Bar des Sciences sur le gaz de schiste le 30_09_ 2014_Rev_B .doc
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.
Déroulement de la soirée :
Jacques PIRONON présente le gaz de schiste : le gaz est un produit de décomposition d’une matière
organique ancienne présente dans les roches. La forêt carbonifère a conduit à l’accumulation de produits
végétaux enfouis dans le sol avec des sédiments tels que le quartz et l’argile progressivement jusqu’à 5000
m de profondeur. En s’enfouissant, la température dans le sol augmente de 30°C par km. La roche se
trouve ainsi confinée et se comporte comme une cocotte-minute. La température augmente, la pression
augmente également transformant les débris de végétaux et produisant du charbon et du gaz
(essentiellement du méthane CH4).
De la surface du sol au plus profond, on trouve successivement :
1) La tourbe (qui est un dégradé de produits organiques)
2) Le lignite (qui est du charbon moyennement énergétique)
3) Le charbon bitumeux (très énergétique)
4) L’Anthracite (très énergétique).
Parallèlement, on produit des gaz.
Le schéma de décomposition est le suivant :
Débris organiques
Porphyrine
C
Mg
N
Chauffés
O
+
H
Alcane
Chauffés
Gaz d’origine biogénique :
CO2, CH4, H2S
Température
Profondeur
Craquage secondaire :
Graphite solide
+
Méthane gazeux
Pétrole
Gaz humide :
CH4, C2H6, C3H8, C4H10
Gaz sec : CH4 naturel
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Volume relatif d’hydrocarbure produit
0
Gaz biogénique (méthane)
50
100
150
Pétrole
Gaz humide
Gaz sec
Gaz conventionnel
Température
Gaz conventionnel
Gaz conventionnel
Pétrole
Sol
Gaz de schiste
Non conventionnel
Gaz de charbon (grisou)
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En Lorraine il existe des forages horizontaux pour exploiter le gaz.
Il est nécessaire d’aller chercher le gaz de schiste directement là où il est produit : dans la roche. Mais
celle-ci est très imperméable. Les roches mères sont naturellement fracturées : on trouve dans ces drains
du gaz et du pétrole. C’est ce qu’on appelle la fracturation.
François CORNET poursuit : il n’y a pas de production de pétrole sans fracturation hydraulique. Même
l’acidification est un type de fracturation hydraulique.
Activités micro-sismiques et mouvements sismiques induits par des injections de fluides
Notions de fracturation hydraulique : v = contrainte verticale ; h et H = contraintes horizontales
pw = pression hydraulique du fluide envoyé dans le puits
Puits de forage
v
pw
H
h
fracture
pw
propagation
h
confinement
v
H
temps
Fracture hydraulique
Elément dilatable
Influence de la contrainte principale minimum sur la géométrie des fractures :
Fracturation hydraulique = rupture de
Traction pure
3
P
3
3 - P
P
=
P
P
Extension spatiale des fractures
hydrauliques en terrain homogène
P
-gh
h – h h
P
2h
h
+
3 - P
P
+gh
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h + h h
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Fracturation hydrauliques : La direction des fractures est très bien contrôlée par les directions de
contrainte principales que l’on peut mesurer avec beaucoup de précision. Ce qui est plus délicat à contrôler
c’est le rapport de forme qui caractérise la fracture : l’extension verticale vis-à-vis de l’extension horizontale.
Pour les réservoirs classiques d’hydrocarbures, qui se situent dans des zones naturellement poreuses,
l’extension verticale des fractures est arrêtée par les barrières d’argiles qui confinent le réservoir. Pour les
gaz de schistes, qui se situent dans des roches naturellement argileuses, l’extension verticale est plus
délicate à maitriser et nécessite un suivi géophysique, notamment par le suivi en temps réel du
développement de la microsismicité induite.
La « fracturation hydraulique » est la dislocation ciblée de formations géologiques peu perméables par le
moyen de l'injection sous très haute pression d'un fluide destiné à fissurer et micro-fissurer la roche. Cette
fracturation peut être pratiquée à proximité de la surface, ou à grande profondeur (à plus de 1 km, voire à
plus de 4 km dans le cas du gaz de schiste), et à partir de puits verticaux, inclinés ou horizontaux.
Cette technique relativement ancienne (1947), inventée pour les gisements d'hydrocarbures
conventionnels, a vu son intérêt renouvelé par son association au forage horizontal (développé, lui, à partir
de 1980). C'est la maîtrise graduelle de la rentabilité économique de cette association pour les gisements
non-conventionnels, qui a guidé le développement récent de l'exploitation de ces derniers : elle a rendu
accessibles des ressources autrefois soit inaccessibles, soit qui n'auraient été exploitables qu'à des coûts
exorbitants et avec lenteur.
Elle est effectuée en fracturant la roche par un « stress » mécanique à l'aide d'un fluide injecté sous haute
pression à partir d'un forage de surface, pour en augmenter la macro porosité et moindrement la microporosité. Le fluide peut être de l'eau, une boue ou un fluide technique dont la viscosité a été ajustée.
Quand la pression du fluide, injecté à la profondeur voulue, dépasse celle créée au point d'application par le
poids des roches situées au-dessus, une ou des fractures s'initient -plus exactement quand la pression
dépasse celle de l'eau interstitielle de la roche-. Les fractures s'élargissant avec l'injection continue du
fluide, elles peuvent alors se propager, éventuellement sur plusieurs centaines de mètres tant que l'apport
de fluide est maintenu; la direction que peuvent prendre les fractures est, bien sûr, l'objet d’études
préalables, mais est loin d’être entièrement contrôlable.
Pour empêcher que le réseau de fractures ne se referme sur lui-même au moment de la chute de pression,
le fluide est enrichi (environ 10 %) en agents de soutènement : des poudres de matériaux durs,
principalement grains de sable tamisé, ou microbilles de céramique. Ceux-ci vont remplir les fractures et,
une fois en place et re-compressés par le poids des roches, constitueront un milieu suffisamment poreux
pour permettre la circulation ultérieure des produits à extraire. Le fluide injecté contient également un
mélange complexe de produits issus de l'industrie chimique (0,5 % typiquement au total), puisés dans une
liste de plus de 750 références commerciales. Il s'agit notamment d'additifs adaptés à la fracturation des
roches en place, et souvent des biocides. Ces derniers sont destinés à empêcher le développement
d'éventuelles bactéries qui compliqueraient le processus d'extraction. (Ces bactéries se nourrissent de
composés chimiques présents dans le sous-sol, hydrogène sulfuré notamment, fer dissous…)
Typiquement, une opération individuelle de fracturation est réalisée en quelques heures exceptionnellement plusieurs jours-, et de très nombreuses fracturations sont échelonnées le long d'un
même forage horizontal unique. Au final, pendant la phase d'extraction, ces zones de fissures artificielles
régulièrement espacées vont permettre de drainer des volumes de roches relativement éloignées de l'axe
du puits. Mais guère plus : les zones extractibles restent confinées à la proximité des fissures ainsi créés,
l'imperméabilité de la roche reprenant rapidement au-delà. De ce fait, la productivité d'un puits fracturé
chute assez rapidement avec le temps : un quart des volumes récupérés le sont la première année, la
productivité se réduisant à 10 % au bout de cinq ans.
On trouve du gaz de schiste dans des terrains sédimentaires comme le bassin de Paris où il y a aussi du
pétrole. On a mesuré les contraintes en fonction de la profondeur sur le site de l’ANDRA. Toutes les
pressions sont différentes en fonction des différents sols, suivant que l’on est en présence de calcaires ou
d’argilites, mais là où il y a du gaz de schiste, toutes les pressions sont les mêmes. La fracture hydraulique
dans les sols calcaires bute dans les argiles. Pour une fracture hydraulique, on va chercher le fluide dans
l’argile
Par un forage horizontal on peut parfois atteindre la zone productrice de gaz. Mais le travail est délicat : il
faut savoir travailler dans l’argile.
Il existe des aquifères dans le sol. Ce sont des formations géologiques ou une roche, suffisamment poreuse
et/ou fissurée (qui peut stocker de l'eau) et perméable (où l'eau circule librement). Mais cette eau est sale
et située sous la couche de pétrole car de densité plus forte. Elle a une forte salinité et est chargée de SO2
(l’eau potable ne se rencontre qu’à moins de 500m de profondeur).
Pour faire produire un forage horizontal, il ne faut pas que la fracturation s’échappe. On a donc des
camions munis de pompes. Après pompage on met du sable pour pouvoir continuer à extraire le gaz. Ce
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sable est mélangé à un produit gélifiant (de composition secrète car correspondante au savoir-faire
industriel). Ce produit visqueux étant envoyé, les molécules organiques ont des enzymes qui cassent les
autres molécules et le gaz devient alors liquide et ressort dans le forage.
Les français ont réalisé une fracturation hydraulique de géothermie à Le Mayet de Montagne en 1986. Si on
prend les précautions nécessaires, la fracturation se fait en douceur. Un gaz dans une fracture est très
instable et la fracture se propage vite. Si on met du volume au fluide envoyé sous pression, la fracture va
s’arrêter. Il faut pomper lentement pour propager la fracture.
Il existe un autre type de rupture lorsqu’il y a un séisme. Le massif rocheux est soumis à des pressions et à
des cisaillements. Un séisme relâche le cisaillement (la force horizontale dans le plan).
Le sable à 200°C fond très vite. On fait de la stimulation hydraulique en montant très doucement en
pression (en moyenne montagne). Il faut augmenter la pression pour que la fracture se propage. La
fracturation hydraulique est donc une rupture par traction. Citons, par exemple, l’expérience à Cotton Valley
au Texas en 2009. Par la sismicité on contrôle correctement la fracture. On recueille un diagramme de
radiations des premiers mouvements observés, ce qui permet de dire dans quel sens on casse la roche
(suivant qu’il s’agisse d’une rupture de traction ou d’un cisaillement).
A Soultz on a fait de l’injection forcée et on a développé une micro-sismicité de magnitude négative. A
Soultz on a augmenté progressivement la pression pour faire glisser les plaques.
Magnitude des séismes. Les séismes correspondent à des ruptures par cisaillement (rupture par
glissement dans le plan de rupture), contrairement aux fractures hydrauliques qui correspondent à des
ruptures par traction (mouvement perpendiculaire au plan de rupture). Les fractures hydrauliques sont
stables, et leur vitesse de propagation est directement liée au débit d’injection du fluide de fracturation. Les
séismes sont des ruptures instables (vitesse de propagation de quelques kilomètres/seconde.
Un séisme est caractérisé par sa magnitude qui est reliée de façon logarithmique à l’énergie des ondes
émises par la source sismique. Elle dépend de la taille de la rupture finale (dimension de la source
sismique) et de l’amplitude du mouvement de cisaillement lié au séisme. Les chiffres que j’ai cités ne
faisaient référence qu’à la dimension des sources sismiques, et je n’ai pas abordé l’amplitude des
déplacements car ceux-ci font intervenir les propriétés mécaniques des matériaux rompus par le séisme.
Ainsi un séisme de magnitude 6 implique une surface de rupture ayant une dimension de l’ordre de 10 km,
alors qu’un séisme de magnitude 4 ne fait intervenir que des sources kilométriques (1000 m). Les
déplacements associés à une magnitude 6 sont métriques ; ceux associés à un magnitude 4,
centimétriques. Pour les séismes induits à Bâle (magnitude 3), la dimension des sources était de l’ordre de
300 à 400 m mais les déplacements n’ont été que de quelques millimètres.
Pour les gaz de schistes les magnitudes des micro-séismes induits durant les stimulations hydrauliques
sont plus petites que deux et sont souvent négatives. Elles font intervenir des dimensions de sources
sismiques de quelques dizaines de mètres, pour des déplacements de cisaillement inférieurs au millimètre.
Mais le problème, provient de la réinjection des fluides produits par la production de ces gaz de schistes.
Ces volumes peuvent être très élevés et créer des séismes dommageables lorsque les débits d’injection et
la pression d’injection sont trop élevés. On sait contrôler ces paramètres pour assurer des réinjections sans
activité sismique néfaste.
Citons aussi une sismicité ressentie à Bâle en 2006 de magnitude 2 puis 3 : on a fait trop chuter la pression
et l’on n’a pas eu de fracturation hydraulique car les suisses n’ont pas mis assez de capteurs HF et BF pour
contrôler leur action et ils ont déclenché un micro-séisme par glissement lent des plaques sans bien
comprendre ce qui arrivait.
Il existe cependant de grands moyens techniques pour comprendre ce que l’on fait. La fabrication d’un
barrage peut déclencher un séisme si l’on ne fait pas assez attention (c’est ce qui s’est passé en Chine,
faisant 20.000 morts)
Question d’un participant ? En France la fracturation hydraulique pour rechercher du gaz de schiste est
interdite. A quoi sert donc la recherche dans ce domaine ?
Réponse de François CORNET : elle sert aux autres pays comme la Belgique et le Danemark là où nos
chercheurs vont travailler. Une commission avait été créée pour les chercheurs français : elle ne s’est
jamais réunie ! j’en faisais partie ! Le fait de ne pas investir sur cette technologie provoque une prise de
retard énorme par rapport aux autres pays. Et l’on oublie que cette recherche a des applications autres que
celles du gaz de schiste, on va passer au travers de nombreuses découvertes significatives.
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Question d’un participant ? Peut-on en savoir plus sur la composition des produits visqueux ?
Réponse de Raymond MICHELS : ce sont de longues molécules cellulosiques et des enzymes qui
mangent les liens entre ces molécules pour en faire un fluide. La composition est essentiellement du sable,
de l’eau, de la silice, du potassium et du chlore et d’autres produits gardés secrets.
Raymond indique les substances naturelles associées aux fluides des gisements de gaz : il y a souvent du
sel, le gaz que l’on cherche à recueillir, des éléments traces de mercure, de plomb, d’arsenic et des
éléments radioactifs comme le radon, le plutonium et l’uranium car les roches concentrent ces éléments.
Les chercheurs cherchent à trouver dans le sol des eaux spécifiques qui ne contiennent pas ces éléments
dangereux. C’est pour cela que des forages mal faits manquant de barrières de sécurité peuvent polluer les
nappes phréatiques.
Question d’un participant ? Peut-on éviter les fuites lors des forages ?
Réponse de François CORNET : oui en faisant des barrières multiples.
Ce qu’il y a de terrible est qu’on ne fait plus de mesures d’échantillons de roches et d’eau pour connaître la
nature de notre sous-sol (et savoir quelle quantité de gaz de schiste nous avons en réserve).
La recherche a en fait trois objectifs :
1) Comprendre la géologie des gaz de schiste
2) Appliquer les connaissances technologiques
3) Pouvoir légiférer.
Comment alors se préparer à la transition énergétique ? La recherche est impliquée dans cette transition
qui ne pourra se faire qu’en douceur. Le développement des énergies renouvelables amène un fort
développement renouvelé du charbon car on a besoin de relais pour compléter ces énergies
intermittentes. Nous pensons que le meilleur relais est le gaz car il produit moins de gaz carbonique (2
fois moins que le charbon). Face à l’intermittence de l’éolien et du photovoltaïque, l’intérêt pour le gaz est
incontestable et permettra une bonne prise en compte des futures énergies renouvelables.
François poursuit en nous parlant de la pollution. Il a lui-même cherché à développer la géothermie dans
les années 1970 avec TOTAL, JS et le CNRS. C’est aussi un problème de coût : ainsi le prix de l’énergie
explose en Allemagne. La pollution est l’échappement de gaz carbonique dans l’atmosphère lorsqu’on brûle
du gaz. Ceci n’est pas inéluctable : il faut chercher à stocker, à réinjecter ce CO2 émis pour ne pas polluer.
Ne soyons pas dogmatiques car il n’existe pas de solution idéale.
Question d’un participant ? Quels sont les risques de l’exploitation du gaz de schiste pour la santé ?
Réponse de François CORNET : le risque zéro, certes, n’existe pas. Lorsque vous vous déplacez en
voiture, vous prenez un risque qui vous semble acceptable. Je rappellerai que le premier barrage
hydraulique construit en France, celui de Malpasset, s’est effondré en 1959, occasionnant plus de 400
morts. Depuis, on a tenu compte des anomalies de cette construction, on a amélioré les barrages et l’on a
construit d’autres barrages qui n’ont plus faits de victimes.
François indique que le les estimations en réserves de pétrole et de charbon dans le monde ne font
qu’évoluer car on fait sans cesse de nouvelles découvertes. Ainsi le charbon aurait encore des réserves
pour plus de 400 ans. Ce chiffre a pu être communiqué suite à de nouvelles techniques.
Jacques PIRONON poursuit : si les chercheurs n’ont plus le soutien du monde industriel, il n’y aura plus
de recherche. Sur 100 projets réalisés dans son laboratoire, il a eu 6 projets interdits à communiquer. Pour
tous les autres projets, il a publié les résultats.
Une idée reçue consiste à dire que les ressources fossiles sont sales ! On oublie que les avancées en
médecine ont été faites grâce au pétrole et à ses dérivés (matières plastiques) et ainsi l’espérance de vie a
augmenté en France (de plus de 13 ans en 50 ans). Les transplantations et certains médicaments ont été
possibles grâce au pétrole et à ses dérivés. La déforestation a, au contraire, des conséquences
dramatiques sur la biomasse. Grâce à la recherche, les gaz de schiste ont augmenté de 0.5 points le PIB
aux USA.
Question d’un participant ? Quelle est la consommation d’eau sur un puits de gaz de schiste ?
Réponse de Jacques PIRONON : la même que deux jours d’arrosage d’un golf à 18 trous !
Plus sérieusement, l’utilisation de l’eau permet de trouver des solutions alternatives. Certes la fracturation
se fait avec de l’eau mais on peut, après filtration, la reproduire et la réinjecter.
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Question d’un participant ? Il y a du radon dans nos massifs vosgiens. Quelle est son interaction avec la
fracturation ?
Réponse de François CORNET : le radon se trouve en effet dans les fractures. Il y en a aussi au pays de
Montbéliard. La seule action possible est de bien aérer les maisons. Pour le stockage de ces roches, c’est
la même action : il faut aérer et bien ventiler.
Question d’un participant ? Quelle est l’influence du gaz de schiste sur le marché mondial du gaz ?
Réponse de Raymond MICHELS : le Qatar était autrefois le premier pourvoyeur de gaz pour les USA.
Mais depuis, les USA ont développé le gaz de schiste, ceci explique quelques conflits. Certains films antigaz de schiste sont financés par le Qatar. Les USA quittent l’IRAK sans l’avoir stabilisée ni régulé sa
ressource. La donne en gaz a bien changé et cela change la perception du monde vis-à-vis des USA et
vice-versa. Ainsi le prix du gaz en Europe est régulé par la Russie et les USA. Cela risque de provoquer la
fuite de nos industries chimiques hors de France.
Jacques PIRONON indique : il faut réfléchir sur une solution énergétique globale avec l’hydrogène, avec
une chaîne telle que :
Le Gaz de schiste CH4 produit H2 qui produit la pile à hydrogène qui produit le véhicule du futur.
Question d’un participant ? Existe-t-il d’autres fracturations que la fracturation hydraulique ?
Réponse de François CORNET : de la recherche avait été faite de fracturation avec des explosifs : ce fut
une catastrophe qui a montré l’inefficacité de ce type de fracturation (réalisée par l’Institut Français du
Pétrole). La méthode la plus efficace est bien d’envoyer un fluide sous pression.
Question d’un participant ? Que pensez-vous de la géothermie ?
Réponse de François CORNET : des forages en Alsace sont très prometteurs dans ce domaine (en
particulier à Soultz). On fore dans le granit, on pratique alors la stimulation hydraulique. Il existe une
géothermie naturelle en Alsace (de l’eau chaude à 190°C à 2500m sous terre). Cela va forcément être
exploité. Mais attention : on parle ici d’énergie « renouvelable » alors qu’elle n’est pas éternelle (la nappe
d’eau chaude va s’appauvrir).
Question d’un participant ? Où trouve-t-on du gaz de schiste en France ?
Réponse de Raymond MICHELS : le gaz de schiste en France est localisé dans le sud-est et dans le
bassin parisien. Aujourd’hui tout est bloqué sur le gaz de schiste en France. La reconnaissance du sous-sol
français est donc bloquée et cela nous engage mal pour l’avenir. Doit-on explorer le sous-sol pour le gaz de
schiste ? Y en-a-t-il et combien ? Et quelles réserves en tant que réserves stratégiques ? Si on ne sait rien
et qu’on travaille dans l’urgence, ce sont les compagnies étrangères qui viendront exploiter nos gisements
aux premiers changements politiques. Le problème posé plus global est donc la connaissance de notre
sous-sol et la possibilité d’y injecter du fluide.
Le gaz de schiste pourrait palier à l’intermittence de l’énergie solaire et éolienne. Pour stocker cette
énergie, on pourrait alors la convertir en air comprimé que l’on réinjecterait en cas de baisse de production
d’électricité (comme on fait de l’accumulation avec l’énergie hydraulique : l’électricité non consommée sert
à remonter l’eau avec des pompes dans le barrage). La solution pourrait donc consister à injecter et stocker
cet air comprimé dans des réservoirs souterrains (dans les poches de pétrole qui ont été vidées, par
exemple).
Conclusion : ce qui est important dans la recherche est de savoir évaluer les risques. Comment
assumons-nous nos propres risques à titre personnel ? Les règlementations sont faites pour minimiser les
effets de ces risques. Et restons un peu humbles : tout le monde ne peut pas tout savoir… même les
chercheurs.
Rédacteur : Jean-Pierre BULLIARD
IESF Franche-Comté
Vice - Président des Ingénieurs INSA de Franche-Comté
Pour le compte du Pavillon des Sciences
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Programme des prochains « Bar des Sciences » : irlandais
 samedi 11 octobre 2014 : le cerveau mélomane (à 20h00 au Hall de PMA à Montbéliard)
 Mardi 28 octobre 2014 : « Synthetic Biology » Enjeu et questionnement – à 20h00 au Bar de
l’hôtel Bristol - – 2 rue Velotte – MONTBELIARD
 Jeudi 20 novembre 2014 : L’Europe a-t-elle un avenir ? en collaboration avec les Ingénieurs
INSA – à la CCI du Territoire de Belfort – 1 rue du docteur Fréry – Belfort – à 20h30
 Mardi 25 novembre 2014 : « Tous unis… dans les tranchées ? » – à 20h00 au Bar de l’hôtel
Bristol - – 2 rue Velotte – MONTBELIARD
 Mardi 2 décembre 2014 : « décider en politique en 2014 ? » – à 20h00 au Bar de l’hôtel Bristol – 2 rue Velotte – MONTBELIARD
 Mardi 9 décembre 2014 : « Portugal : naissance et heures de gloire… » – à 20h00 au Bar de
l’hôtel Bristol - – 2 rue Velotte – MONTBELIARD
 Mardi 16 décembre 2014 : « Légendes et croyances populaires » – à 20h00 au Bar de l’hôtel
Bristol - – 2 rue Velotte – MONTBELIARD
 Mardi 27 janvier 2015 : « ADN superstar, ADN super flic » – à 20h00 au Bar de l’hôtel Bristol - –
2 rue Velotte – MONTBELIARD
Site Internet du Pavillon des Sciences : www.pavillon-sciences.com.
Parc Scientifique du Près-la-Rose – 25200 MONTBELIARD
Renseignements Bar des Sciences : Pascal REMOND – Tél 03 81 97 18 21 –
E-Mail : [email protected]
Fête de la science : du 6 au 12 octobre 2014 au Parc du Près-la-Rose à Montbéliard
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Consultez le site d’IESF Franche-Comté (c’est gratuit et sans mot de passe) à l'adresse suivante :
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