CHAPITRE 2 – DE LA DERIVE DES CONTINENTS A LA TECTONIQUE DES PLAQUES 1- L’expansion des fonds océaniques. •L’hypothèse d’une expansion océanique L’étude des fonds océaniques Pendant les années 1950-1960 le développement de l'océanographie permet de découvrir la topographie des fonds océaniques. Dès les années 1940 les sondeurs acoustiques permettent des relevés bathymétriques du fond des océans. En 1960 on permit d’établir une carte du relief des fonds océaniques. On découvre qu'une dorsale serpente dans tous les océans. Sur près de 65000 km de long pour 500 à 2 000 km de large elle culmine vers 2,5 km de profondeur et domine les plaines abyssales dont la profondeur est d'environ 5 km. On découvre 2 types de bordures continentales (=marges continentales) -la présence de fosses qui forment un sillon, de 8 à 11 km de profondeur pour 100 km de large, principalement en bordure de l'océan Pacifique. -La présence d’un plateau continental qui s'enfonce en pente douce. À partir de 200 m de profondeur environ la pente augmente rapidement et forme le talus continental qui rejoint la plaine abyssale. Mouvements de convection mantellique À la fin du XIXe siècle on découvre la radioactivité de la Terre, or celle-ci génère des quantités énormes de chaleur qui doivent s'évacuer. En 1929 Arthur Holmes, qui travaille sur le rôle de la radioactivité sur la température du globe terrestre, découvre que la chaleur produite par les désintégrations radioactives doivent forcément être évacuées. Il cherche alors comment peut être évacué cette chaleur et en déduit des mouvements de convection dans le substratum (manteau). Si il y a des mouvements de convection dans le manteau, alors ces mouvements de convection peuvent être le moteur de la dérive des continents. La découverte de Holmes va relancer le débat de la dérive des continents en 1930. Holmes deviendra un fervent défenseur de la dérive des continents car ces études démontrent la présence d'éléments radioactifs comparable entre différentes chaines de montagnes de part et d'autres de l'atlantique. Bien que les données pour expliquer la dérive des continents seront rejetées en 1930, la convection mantellique sera adoptée par de nombreux auteurs et Holmes continuera d'évoquer dans ses articles que la convection peut être un moteur de la dérive des continents. Dès 1929, Holmes propose que des mouvements de convection dans le manteau solide puissent être le moteur de la dérive des continents. Il semble que Wegener, décédé en 1930, n'ait jamais eu connaissance de ces travaux. Flux de chaleur Le flux géothermique est la quantité de chaleur d'origine interne évacuée par unité de surface et par unité de temps. Les premières mesures du flux géothermique (Bullard, Maxwell et Revele dans les années 1950) montrent : - qu'il ne présente pas de différence marquée entre continents et océans ; - qu'il est plus élevé que la moyenne au niveau des dorsales Cela est associé à des mouvements de convection mantelliques ascendants au niveau des dorsales et descendants au niveau des fosses. Lors de la seconde guerre mondiale, Hess sillonna le Pacifique comme officier de la marine. Entre deux missions militaires, il réalisa des relevés bathymétriques et découvrit ce qu'il appela des guyots (1). Il s'agit de guirlandes d'anciennes îles volcaniques, tronquées par l'érosion qui se sont ensuite enfoncées sous les eaux, parfois à de grandes profondeurs. En 1960 Harry Hess imagine que les îles volcaniques sont entraînées par le glissement du flanc (2) de la dorsale jusqu'à la plaine abyssale puis sont englouties au niveau des fosses. Il publie ses travaux en 1962 En 1962 Harry Hess, reprend la théorie de A. Holmes et l'étaye grâce aux découvertes récentes sur la composition des fonds océaniques. Hess propose alors que la croûte océanique est renouvelée continuellement. Elle serait créée au niveau des dorsales océaniques, par remontée du magma en un point de convection, puis avancerait comme un tapis roulant, pour s'enfoncer dans les fosses océaniques et être recyclée. Les continents, trop légers, ne pourraient être recyclés par ce mécanisme et flotteraient en se déplaçant sur le tapis roulant. Hypothèse de l'expansion des fonds océaniques : les océans se forment en permanence au niveau des dorsales, s'écartent symétriquement de part et d'autre de celles-ci avant de disparaître au niveau des fosses océaniques Schéma de la structure de la Terre selon Hess en 1962 La théorie de Hess va être une nouvelle bombe dans le monde de la géologie. Elle relancera les débats sur la dérive des continents. Mais une aide inattendue viendra des études géomagnétiques. •L’apport du paléomagnétisme Le champ magnétique terrestre actuel et fossile La Terre peut être assimilée à un masse magnétique dont, aujourd’hui, le pôle Nord magnétique se trouve approximativement au pôle Nord géographique et, inversement, dont le pôle Sud magnétique se trouve approximativement au pôle Sud géographique. L'angle entre les pôles magnétiques et géographiques est nommé la déclinaison. Le champ magnétique terrestre est représenté par des lignes de champ, c'est-à-dire des lignes selon lesquelles est orienté le vecteur "champ magnétique" ou encore le vecteur qui indique la direction (la ligne) et le sens (la flèche) du champ magnétique terrestre. Une boussole placée sur cette ligne s'oriente de façon à ce que son aiguille (en fer légèrement aimantée) indique par son extrémité notée Nord, le nord géographique, qui est en fait un sud magnétique; en effet les pôles N et S magnétiques de deux aimants s'attirent et les pôles de même orientation magnétique se repoussent. La Terre agit comme un aimant. Le champ magnétique terrestre est la conséquence d'écoulements de matière ionisée dans le noyau terrestre qui entraînent des courants électriques. Sa direction est indiquée par l'aiguille aimantée d'une boussole. La positon des pôles terrestre varie en permanence mais leurs déplacements (qui peuvent atteindre 55 km en un an) se font toujours au sein d'une zone peu étendue, de sorte que les positions des pôles magnétiques sont considérées aujourd'hui comme des repères stables à l'échelle des temps géologiques. Une inversion des pôles ? Il s'agit tout simplement de l'inversion des pôles magnétiques nord et sud. Ce phénomène se produit lorsque le champ dipolaire diminue puis s'annule avant de se reconstituer dans une polarité inverse. Grâce à l'étude des plaques océaniques, on sait que des inversions ont déjà eu lieu dans le passé, et le dernier événement majeur à s'être produit remonte à 780 000 ans. En ce moment et depuis un peu moins de deux décennies, la dérive du pôle nord magnétique atteint des records jamais enregistrés, pas moins de 55 kilomètres par an ! Cette accélération est en effet passée d'une dérive de 15 km/an à 55km/an au milieu des années 1990. Cependant, Arnaud Chulliat, physicien annonce que « Nous sommes loin de connaître les rouages d'une inversion ». Premièrement, le record de la dérive du pôle nord magnétique n’amènera pas nécessairement à une inversion car le champ magnétique terrestre n'est pas stable et varie régulièrement. De plus, l’inversion du champ magnétique n'est jamais un phénomène brutal à l'échelle humaine. Enfin, bien que l'intensité du champ magnétique a diminué ces dernières années, sa valeur reste encore élevée. Or avant une inversion, le champ perd 90% de sa valeur. Comme l'affirme Julien Aubert, « Si nous vivons une inversion des pôles, nous n'en sommes qu'au début » Il est à noter que les pôles magnétiques et géographiques sont inversés. En effet, on retrouve près du pôle Nord géographique (Ng) le pôle Nord magnétique (Nm). En fait, le pôle Nord terrestre est un pôle de magnétisme sud qui attire le pôle Nord d'une boussole, l'aiguille rouge. La boussole permet de montrer la Une boussole est un aimant. Le pôle nord de la boussole pointe en théorie vers le pôle sud terrestre. Le pôle nord magnétique est donc un pôle sud au sens du magnétisme, mais sa proximité avec le pôle nord géographique justifie son nom de "pôle nord magnétique" dans le langage courant. direction du pôle magnétique de la Terre. Par une heureuse coïncidence, le pôle magnétique se trouve à peu près dans la direction du pôle Nord géographique, ce qui permet de nous orienter. En réalité, le pôle Sud magnétique se trouve au Nord, et le pôle Nord magnétique se trouve au sud, conformément au sens de circulation du champ magnétique (la convention veut qu’il sorte du pôle nord d’un aimant et rentre par le pôle sud). Mais historiquement, le pôle Nord magnétique a été placé au nord car seule sa présence avait pu être déterminée mais pas son sens : les Nord magnétiques et géographiques avaient alors été placés au même endroit Le magnétisme des roches magmatiques Quand une roche fondue refroidit les minéraux ferromagnétiques qu'elle contient (comme la magnétite Fe3O4) s'aimantent vers 600°C (585°C pour la magnétite), c'est le point de Curie. Elle acquiert alors son propre champ magnétique parallèle au champ magnétique terrestre ambiant. Après refroidissement la roche solide possède alors une "mémoire" magnétique qui indique la direction des pôles magnétiques au moment de son refroidissement. C'est le paléomagnétisme. La découverte des anomalies magnétiques Les inversions du champ magnétique terrestre (Brunhes et Matuyama 1906) La figure A montre comment on peut établir une échelle magnétostratigraphique locale à partir d'un empilement de coulées de laves, chacune bien datée. Les laves enregistrent, au moment de leur cristallisation, le champ magnétique terrestre telle qu'il est à ce moment. Par exemple, supposons que la première coulée date de -4,1 Ma; elle a enregistré la polarité de l'époque, soit une polarité normale. La seconde coulée, datant de 3,4 Ma, une polarité inverse, et ainsi de suite. Avec le temps, il se construit un édifice stratifié, constitué de coulées de polarité, ou normale, ou inverse, et de plus en plus jeunes vers le sommet de la pile. Supposons que l'on fasse un forage carotté dans cet édifice; on datera une suite d'échantillons prélevés sur la carotte et pour chacun, on mesurera la polarité du paléomagnétisme (figure B). On reportera les données sur une échelle de temps géologique, en indiquant la polarité (figure C). Ainsi, dans notre exemple, un échantillon ayant donné un âge de -4,1 Ma a indiqué une polarité normale (point rouge); un échantillon d'âge -3,4 Ma, une polarité inverse (point bleu), et ainsi de suite. Plus on aura de points, plus notre échelle sera précise en ce qui concerne les âges géologiques où il y a eu inversion magnétique et la répartition temporelle des périodes normales par rapport aux périodes inverses. C'est en regroupant les données de plusieurs successions au monde (plusieurs échelles locales, obtenant ainsi une multitude de points) qu'on est parvenu à construire l'échelle des derniers 4 Ma (figure D). C'est en 1906 que Bernard Brunhes découvre que le sens du champ magnétique n'est pas constant dans certaines laves basaltiques. En étudiant les volcans, il constate qu'il y a des inversions du champ magnétique. L'inversion des champs magnétique est alors attribuée à la modification des propriétés magnétiques des atomes métalliques lors du refroidissement de la lave. Par conséquent, il y a des inversions régulières du champ magnétique terrestre au cours des âges géologiques. L’échelle des inversions magnétiques (1960 – 19 Les Anomalies magnétiques des planchers océaniques Anomalies magnétiques d'un secteur de la dorsale Atlantique au sud-ouest de l'Islande (Vine, Matthews et Molely, 1963) Durant les années 1950 des magnétomètres embarqués à bord de navires ont permis de mesurer l'intensité du champ magnétique de la croûte océanique. On observe alors une alternance d'anomalies positives et négatives en "peau de zèbre", de part et d'autre de la dorsale. En effet l'aimantation des roches induit localement un champ magnétique, très faible mais mesurable, qui s'ajoute (anomalie normale) ou se retranche (anomalie inverse) au champ magnétique terrestre actuel. Au début des années 1960, Vine, Matthews et Morlay ont apporté l'explication voulue et montré que l'existence de ces bandes d'anomalie magnétique venait supporter l'hypothèse de l'étalement des fonds océaniques de Hesse. La formation du plancher océanique à la dorsale enregistre la polarité du champ magnétique terrestre au moment où cristallise le basalte. Le plancher océanique qui s'étale se comporte comme la bande magnétique d'un magnétophone qui fixe le son (ici, la polarité du champ magnétique) au fur et à mesure de son déroulement. Ce sont ces différences de polarité magnétique qui sont responsables des anomalies de l'intensité du champ. La polarité actuelle étant normale, les bandes d'intensité élevée correspondent aux bandes de polarité normale, résultant d'un effet d'addition, alors que les bandes d'intensité faible correspondent aux bandes de polarité inverse, résultant d'un effet de soustraction. Les quatre schémas qui suivent montrent comment se construit dans le temps un plancher océanique constitué de bandes parallèles, de polarités magnétiques alternant entre normales et inverses, et symétriques de part et d'autre d'une dorsale Vine, Matthews et Molely émettent l'hypothèse que les fonds océaniques se forment en permanence au niveau des dorsales, s'écartent symétriquement de part et d'autre de cette dorsale et disparaissent au niveau des fosses océaniques. C'est l'expansion des fonds océaniques déjà proposée par Hess. Connaissant l’âge des inversions magnétiques, il est possible de mesurer la vitesse d’expansion des dorsales. La dorsale atlantique est lente, d’environ 4 cm/an alors que la dorsale Pacifique est rapide, d’environ 9 cm/an 2- Des mouvements lithosphériques. A. La répartition des foyers des séismes au voisinage des fosses océaniques http://www.jpbimagine.com/Sharjah/0t/0t5conv/doc0t5/0t5subsis molog.html Wadati (1930) puis Benioff (1955) ont montré que, le long des fosses océaniques, les foyers des séismes (points jaunes, rouges et noirs) se répartissent selon un plan incliné, repérable jusque vers 700 km de profondeur et nommé depuis plan de Wadati-Benioff (sur l'image 2 l'échelle des altitudes est très exagérée, ce qui donne une impression de verticalité au plan de Wadati-Benioff). On remarque la présence systématique d'un alignement volcanique en avant de la fosse. B. La distinction entre lithosphère et asthénosphère Vitesse de propagation des ondes sismiques au niveau de la fosse des Tonga En 1964, J. Oliver, B. Isacks, et L. Sykes étudient les ondes P produites par un séisme profond dont l'épicentre se trouve à égale distance des stations sismiques Fidji et Tonga. Les ondes P directes parviennent 2 secondes plus tôt à la station Tonga (Vava'u) qu'à la station Fidji. En 1967, sachant que la vitesse des ondes sismiques augmente quand la température du milieu traversé diminue, ils en déduisent : 1) le plan de Wadati-Benioff correspond au plongement d'une unité rigide et froide d'origine océanique dans le manteau plus chaud et moins rigide qu'elle ; 2) en plongeant, l'unité froide se fracture, ce qui provoque des séismes ; 3) les séismes se répartissent le long du plan de Wadati-Benioff, sur une épaisseur Tomographie sismique de la fosse des Tonga (coupe est ouest) La tomographie sismique est une méthode géophysique utilisant l'enregistrement de l'arrivée des ondes sismiques émises lors de tremblements de terre La tomographie sismique confirme l'existence d'une lithosphère rigide et froide, d'environ 100 km d'épaisseur (dix fois plus épaisse que la croûte océanique), qui s'enfonce dans une asthénosphère plus chaude et moins rigide qu'elle. Flux thermique et isothermes dans une zone de subduction À l'aplomb de la zone volcanique le flux thermique (A) est très élevé et peut atteindre plus de quinze fois la valeur moyenne des autre régions du globe. En revanche, au niveau de la fosse océanique, le flux thermique est faible. Il redevient normal au fur et à mesure que l'on s'éloigne de ces deux zones. La modélisation des isothermes (variations de température en profondeur sur B) dans cette zone montre qu'ils sont déformés, comme si la zone froide plongeait sans avoir le temps de s'équilibrer en température avec la zone plus chaude dans laquelle elle s'enfonce. C. La limite inférieure de la lithosphère correspond généralement à l'isotherme 1300 °C Le Moho est caractérisé par une variation nette de vitesse des ondes sismiques liée à un changement de composition chimique entraînant un changement de propriétés physiques entre la croûte et le manteau. Il se situe ici à environ 30 km de profondeur en milieu continental et à environ 10 km en milieu océanique (1). Sous le Moho, au sein du manteau, la vitesse des ondes sismiques est d'abord constante jusque vers 100 km environ, ce qui traduit un milieu homogène. Les ondes P et S entrent ensuite dans une zone de faible vitesse ou LVZ (Low velocity zone). Le somment de la LVZ marque le début de l'asthénospère et correspond à peu près à l'isotherme 1 300°C. Au delà de la LVZ la vitesse des ondes sismiques croît progressivement (car la densité du milieu croît de la même manière) jusqu'à 670 km (2). C'est à ce niveau que l'on situe la discontinuité entre le manteau supérieur et le manteau inférieur (ou mésosphère) qui se poursuit jusqu'au noyau à 2900 km. D. La lithosphère océanique s'enfonce dans le manteau au niveau des fosses de subduction La subduction La fosse océanique résulte de l'inflexion de la lithosphère océanique qui plonge dans l'asthénosphère sous une lithosphère sus-jacente (océanique ou continentale). Ce déplacement est rendu possible par la ductilité du manteau à partir du géotherme 1300 °C qui marque la limite entre lithosphère et asthénosphère. La lithosphère plongeante étant froide, rigide et cassante il en résulte l'apparition de nombreux foyers sismiques qui délimitent le plan de Wadati-Benioff. Comportement mécanique de la lithosphère océanique Géothermes océanique et continental Diagramme pression (P) et température (T) de la péridotite (en laboratoire) La péridotite est un mélange de minéraux qui n'ont pas tous la même température de fusion. On appelle solidus les conditions de P et T pour lesquelles tous les minéraux sont à l'état solide. On appelle liquidus les conditions de P et T pour lesquelles tous les minéraux sont à l'état liquide. Entre les deux, la péridotite se présente sous la forme d'une bouillie cristalline, il y a fusion partielle Au niveau d'une dorsale océanique, le géotherme croise le solidus entre 20 et 80 km de profondeur. La décompression provoque alors la fusion partielle des péridotites du manteau dont la fraction liquide constitue des gouttelettes de magma qui remontent vers la surface par différence de densité et se rassemblent en formant des lentilles magmatiques La capacité de déformation d'une roche est liée au rapport T/Tf où T est le température de la roche et Tf sa température de fusion. Plus ce rapport est proche de 1 plus la roche est déformable. Dans les conditions de pression et de température de la lithosphère les roches ont un comportement cassant et la chaleur se propage par conduction (1). À partir de la LVZ (isotherme 1300 °C) les conditions de pression et de température sont voisines de celles nécessaires à la fusion commençante de la péridotite mantelique (2), c'est pour cela que les ondes sismiques sont légèrement ralenties (LVZ) et que les roches ont un comportement ductile (1). Dans ce milieu la chaleur est transmise par conduction mais aussi par convection. Structure interne du globe La structure pétrographique résulte d'une différence de composition chimique entre croûtes (de composition basaltique OU granitique), manteau (formé de péridotites) et noyau. La structure géophysique repose, elle, sur une différence de comportement mécanique des roches. Les croûtes (océanique et continentale) et la partie supérieure du manteau supérieur (jusqu'à la LVZ), sont solidaires sur le plan mécanique et forment ensemble la lithosphère rigide et cassante. L'asthénosphère sous-jacente est constituée du reste du manteau supérieur et, bien que solide, se caractérise par sa ductilité. Bilan ● La structure interne Au sein du manteau on observe une hétérogénéité physique qui permet de distinguer : - la lithosphère formée de la croûte (océanique ou continentale) associée à la partie supérieure du manteau supérieur. Elle est froide (température < 1300 °C), rigide et cassante. Son épaisseur est d'environ 100 km (dix fois plus épaisse que la croûte océanique) et sa limite inférieure correspond à l’isotherme 1300° C caractérisé par une zone de faible vitesse des ondes sismiques, ou LVZ ; - l'asthénosphère formée de la partie inférieure du manteau supérieur. Elle est chaude (température > 1300 °C) et solide mais ductile. ● La subduction Au voisinage des fosses océaniques, la distribution spatiale des foyers des séismes en fonction de leur profondeur s’établit selon un plan incliné repérable jusque vers 700 km de profondeur et nommé plan de WadatiBenioff. Celui-ci marque l'enfoncement et le retour de la lithosphère océanique, formée au niveau des dorsales dans l'asthénosphère sousjacente . C'est la subduction. 3- Un premier modèle global : une lithosphère découpée en plaques rigides Topographie de la dorsale Atlantique Tout au long des dorsales on observe (Tuzo Wilson 1965), tous les 200 à 300 km, des décalages horizontaux de plusieurs centaines de kilomètres de l'axe des dorsales. À la surface d'une sphère, les seuls déplacements pouvant se produire sont des rotations autour d'un axe. Tous les points d'un objet qui se déplacent sur une sphère ont donc la même vitesse angulaire mais ils ont une vitesse linéaire différente qui dépend de leur distance à l'axe de rotation. Le points situés vers l'équateur se déplacent donc plus vite que les points situés vers les pôles car leur rayon de rotation est plus grand. Le déplacement de l'Afrique en est un exemple. Modèle de déplacement d'une plaque rigide sur une sphère de diamètre constant La plaque A est en rotation par rapport à la plaque B. Dans un matériau rigide comme la lithosphère, les variations de vitesse (V4 > V3 > V2 > V1) provoquent des tensions à l'origine des failles transformantes parallèles entre elles et perpendiculaires à l'axe des dorsales Il détermine 3 mouvements relatifs des plaques entre elles, mais 4 types géologiques de frontières de plaques : -mouvement de divergence (dorsales océaniques), -mouvement de convergence (subductions et collisions) -mouvement de coulissage (failles transformantes) La théorie de la tectonique des plaques est formulée dès 1967-1968 peut se résumer ainsi: Les 12 plaques tectoniques actuelles 1 et 2 Âge des îles du chaînon Hawaii-Empereur La direction du déplacement de la plaque Pacifique a changé. Avant -40 Ma, la plaque se déplaçait vers le Nord donnant naissance au chaînon de l'Empereur, alors que depuis 40 Ma, le déplacement se fait vers le Nordouest avec comme résultat le chaînon d'Hawaii. Des alignements volcaniques, situés en domaine océanique ou continental et dont la position ne correspond pas à des frontières de plaques, sont la trace du déplacement de plaques lithosphériques au dessus d’un point chaud fixe situé dans le manteau. Le volcan le plus vieux se situe à l'extrémité du chaînon qui est le plus éloigné du point chaud, alors que le plus jeune se situe à sa verticale. La vitesse du déplacement d'une plaque tirée de l'étude des alignements volcaniques des points chauds est conforme à celle déduits de l'étude du paléomagnétisme. La direction du déplacement est conforme à l’existence d’un déplacement absolu des plaques par rapport à un pôle Eulérien. Le volcanisme de point chaud dans le monde Le volcanisme de point chaud est un volcanisme intraplaque, que l'on retrouve aussi bien en domaine continental qu'en domaine océanique. Il existe même des points chauds à la verticale d'une dorsale (cas de l'Islande).