Patrick Huchet LA CROISADE CONTRE LES CATHARES 1208-1229 Éditions OUEST-FRANCE SOMMAIRE Introduction ......................................................... .... .... .. .... .. .... .. .... .. .... .. .... .. .... .. .... .. .... .. .... .. .. 4 La croisade contre les cathares : le languedoc à feu eu eett à sa sang ng !.... ........ ................. 4 Les origines de la Croisade .................................... .............. .... .. .... .. .... .. .... .. .... 9 .. L’Église des « bons hommes », les cathares ...................................... 12 Le concile de Lombers (1165) .............................................................................14 L’éclat donné à l’assemblée de Lombers .............................................................15 Les débats doctrinaux........................................................................................16 Les cathares, en Languedoc, vers 1200 : une « contre-Église » prospère et structurée ..........................................................................................24 La faiblesse du pouvoir du comte de Toulouse Raymond V (1148-1194).................................................................... 30 La reprise des hostilités contre le roi d’Angleterre et les comtes de Barcelone rois d’Aragon .....................................................................................................30 À Toulouse : les revendications des « capitulaires » et autres « consuls » ...........31 La volonté du pape Innocent III (1198-1216) d’éradiquer l’hérésie cathare.........33 Innocent III reprend fermement en main l’Église dans le Midi (1199-1206).......36 L’assassinat du légat du pape, Pierre de Castelnau (14 janvier 1208), et ses conséquences : l’appel à la croisade...........................................................38 La croisade des Barons (1209) ............................. 40 Les manœuvres de Raymond VI pour tenter d’éviter la guerre (mars 1208-juin 1209) ...................................................................... 40 Les tergiversations du roi de France, Philippe Auguste .................... 42 « L’ost », l’armée des croisés du Nord, s’organise............................. 48 Sus aux fiefs de Trencavel ! ................................................................ 54 Le sac de Béziers (22 juillet 1209)........................................................................56 Le siège et la prise de Carcassonne (1er-15 août 1209) ........................................62 Simon de Montfort et ses campagnes militaires victorieuses en Languedoc (1209-1213) ............... 72 Automne-hiver 1209 : Simon de Montfort déjà à l’œuvre contre les cathares ............................................................................ 76 1210-1212 : le Languedoc à feu et à sang ! ..................................... 80 La prise de Minerve et le bûcher de 140 cathares (22 juillet 1210) ....................80 Lavaur, 3 mai 1211 : le plus grand bûcher de « bons hommes » et « bonnes femmes » (300 ou 400, selon les sources) ........................................85 1213 : le concile de Lavaur et la bataille de Muret .......................... 90 Muret (12 septembre 1213) : une victoire capitale pour Montfort .....................92 De la révolte de Raymond VI (1216) à la mort de Simon de Montfort (1218) .............................. 102 La révolte de Raymond VI .............................................................. 102 L’échec de Simon de Montfort à Beaucaire (juin-août 1216) ...........................104 Le siège de Toulouse (septembre 1217-juillet 1218) et la mort de Simon de Montfort (25 juin 1218)............................................. 106 Vers le rattachement du Comté de Toulouse au Royaume de France (1218-1229) ................... 113 Une seconde croisade dans le Midi (1218-1226) ............................113 La croisade royale (1226-1229)........................................................118 La croisade de Louis VIII (mai-novembre 1226) ...............................................120 Deux années d’une guerre d’usure (1227-1228)..............................................125 Le traité de Meaux-Paris (12 avril 1229) et la fin de l’autonomie politique du comté de Toulouse...................................................... 128 Conclusion ....................................................... 134 La croisade contre les albigeois a-t-elle rempli sa mission ? .......... 134 Bibliographie .................................................... 142 L’ÉGLISE DES « BONS HOMMES », LES CATHARES C’est au concile de Tours, en 1163, que les prélats du Midi (et tout particulièrement l’archevêque de Narbonne, Pons d’Assas) déplorent auprès du pape Alexandre III la persistance d’une hérésie « qui a surgi il y a longtemps dans le pays de Toulouse et qui s’est diffusée, à la manière d’un chancre, en Gascogne et dans d’autres provinces ». Mais quelle est donc cette hérésie en question ? C’est au cours d’un débat contradictoire organisé à Lombers, soigneusement préparé par l’évêque d’Albi, Guillaume III, que les prélats de l’Église de Rome vont découvrir la doctrine de ceux qui se définissent comme de simples « bons hommes ». Le pape Alexandre III (1159-1181) remet le cierge pascal au doge de Venise, Sebastiano Zani, en signe d’attribution du pouvoir. Doté d’une forte personnalité, Alexandre III combat tous les ennemis de l’Église : le roi d’Angleterre Henri II comme les hérétiques, lors du concile de Tours en 1163. Huile sur toile de Leandro Bassano (1557-1622). AKG-images/Cameraphoto. 12 La Croisade contre les cathares Des Juifs au bûcher, sous le règne du roi de France Philippe V. Cette enluminure témoigne du sort réservé bien souvent aux ennemis (Juifs, hérétiques cathares ou vaudois…) de l’Église catholique, au Moyen Âge : le bûcher. AKGimages/British Library. 1213 : LE CONCILE DE LAVAUR ET LA BATAILLE DE MURET C’est à Lavaur, désormais fief de Montfort, que se déroule au début de l’année un très important concile réunissant tous les évêques de la province, sous la présidence du légat. Durant un mois, se discutent les « Affaires du Midi », mettant aux prises, d’une part, Simon, soutenu par le légat et l’évêque de Toulouse, d’autre part, Raymond VI, excommunié, qui plaide pour garder ses domaines. Ainsi que le révèle Paul Ruffié, dans son magnifique ouvrage : « … Dans ses conclusions envoyées à Rome, le concile multiplie les griefs contre le comte, accusé notamment de l’assassinat de Pierre de Castelnau. na Toulouse est donné pour To un “nid de vipères qu’il faut écraser’’ et Raimond quaéc lifié d’inique, persécuteur violent de l’Église, chef des vi hérétiques. On sent nettement la volonté de Montfort et de l’Église du Midi d’en finir avec le monarque toulousain… » Paul Ruffié, Lavaur, Éd. Privat, 2010. 90 La Croisade contre les cathares Scène de marché à Lavaur (Tarn). Ce tableau du peintre Hervé Olivier exprime à merveille l’animation de ce puissant castrum du comté de Toulouse, abritant à la fin du XIIe siècle de nombreux croyants cathares derrière ses hautes murailles. © Hervé Olivier. Simon de Montfort et ses campagnes militaires victorieuses en Languedoc (1209-1213) 91 LE TRAITÉ DE MEAUX-PARIS (12 AVRIL 1229) ET LA FIN DE L’AUTONOMIE POLITIQUE DU COMTÉ DE TOULOUSE Page de droite : Louis IX, roi de France (1226-1270). Extrêmement pieux, assistant aux offices religieux tous les jours, Louis IX (futur Saint Louis) est assurément le « champion » de l’Église catholique au XIIIe siècle. AKG-images/British Library. Observez attentivement cette précieuse enluminure illustrant le parchemin du traité de Meaux-Paris, daté du 12 avril 1229. On y découvre le comte de Toulouse, Raymond VII, agenouillé, recevant l’absolution conférée par le cardinal Romain de Saint-Ange, en présence du roi de France, Louis IX. Le symbolisme est on ne peut plus clair : il marque la fin de « l’indépendance » politique des comtes de Toulouse, puissants princes d’Occident régnant sur le Languedoc depuis plusieurs siècles. Non seulement Raymond VII perd de nombreux territoires (à l’exemple du marquisat de Provence donné au Saint-Siège), mais de plus, il doit prêter allégeance au roi de France. Le traité Le cardinal de Saint-Ange confère l’absolution au comte de Toulouse, Raymond VII, sous le regard bienveillant du roi de France, Louis IX. BnF. 128 La Croisade contre les cathares comprend 32 articles, dont l’un des principaux prévoit le mariage de Jeanne de Toulouse (fille unique, seule héritière du comte) avec Alphonse de Poitiers, l’un des frères du roi. C’est l’annexion programmée du comté de Toulouse au royaume de France (elle sera effective en 1271). Vers le rattachement du Comté de Toulouse au Royaume de France (1218-1229) 129 CONCLUSION LA CROISADE CONTRE LES ALBIGEOIS A-T-ELLE REMPLI SA MISSION ? VOULUE, PRÉPARÉE, CONTRÔLÉE, ARRÊTÉE par le pape Innocent III, cette croisade avait pour but d’éliminer les hérésies (surtout le catharisme) prospérant, en toute quiétude, sur les fiefs des comtes de Toulouse. Force est de constater qu’à l’issue de vingt années de batailles et de sièges incessants, de multiples bûchers de croyants, bons hommes et bonnes femmes cathares, elle n’a point réalisé ses objectifs. C’est si vrai qu’outre les quatre évêchés cathares existant au préalable, un cinquième voit le jour, celui du Razès, au « concile cathare » de Pieusse, en 1226. Scènes de la vie du roi de France Louis IX (1226-1270) : le sacre à Reims (en haut) et l’allégeance des grands barons (traité de Vendôme en 1227). AKG-images. 134 La Croisade contre les cathares Et bientôt, Guilhabert de Castres, l’âme vivante du catharisme en ces années 1220-1230, fera du nid d’aigle de Montségur « le siège et la tête de l’Église des hérétiques ». Là où la force et l’épée ont échoué, l’Église de Rome va mettre au point et perfectionner au cours des décennies suivantes une « arme » bien plus efficace, un système complet de délation, de surveillance, de contrôle des populations… l’Inquisition ! Il faudra pourtant attendre encore cent ans très exactement après le traité de Meaux-Paris pour voir le catharisme définitivement vaincu, avec l’ultime bûcher de quatre croyants, le 9 septembre 1329, sur les rives de l’Aude, à Carcassonne. Château de Peyrepertuse (Aude). Au nord de la vallée du Verdouble, l’immense forteresse de Peyrepertuse s’impose sur les hauteurs des Corbières. Prise sans combattre par Simon de Montfort, en 1217, elle devient forteresse royale dès 1240. AKG-images/Hervé Champollion. Conclusion 135