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RG 2011-02
Géologie de la partie orientale
de la région de Baie-Comeau
(partie ouest de 22G)
Abdelali Moukhsil, Pierre Lacoste, Fabien Solgadi, Jean David
Un site géologique exceptionnel : Mangérite de la Suite plutonique de Pointe-des-Monts coupée par un dyke
de diabase d’âge éocambrien. Affleurement 09-AM-053.
2011
Géologie de la partie orientale
de la région de Baie-Comeau
(partie ouest de 22G)
Abdelali Moukhsil, Pierre Lacoste, Fabien Solgadi1, Jean David2
RG 2011-02
Mots-clés : Grenville, anorthosite, monzonite, Ni-Cu, ilménite, uranium, pierres architecturales
1. MRNF (Ministère des Ressources naturelles et de la Faune)
2. GEOTOP UQAM-McGill
2
DOCUMENT PUBLIÉ PAR GÉOLOGIE QUÉBEC
Direction générale
Robert Marquis
Bureau de l’exploration géologique du Québec
Sylvain Lacroix
Direction de l’information géologique du Québec
Luc Charbonneau
Lecture critique
Aphrodite Indares
Édition
Joanne Nadeau, ing.
Dessin
Johanne Jobidon
Assistance technique
Ghislain Roy, Claude Guérin et Frédéric St-Pierre
Graphisme
André Tremblay
Document accepté pour publication le 12 mars 2010
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec
ISBN : 978-2-550-60885-1
© Gouvernement du Québec, 2011
3
Résumé
La région cartographiée est localisée à l’est de Baie-Comeau, sur la Côte-Nord. Le projet constitue
la continuité d’un programme d’acquisition de données géoscientifiques dans la partie centrale de la
Province de Grenville. Ce levé géologique couvre les feuillets SNRC 22G05, 22G06, 22G11, 22G12,
22G13, 22G14 et 22G15.
Plusieurs lithodèmes d’âge mésoprotérozoïque, constitués de roches métasédimentaires et intrusives (mafiques à felsiques) ont été définis dans la région. On observe, du plus ancien au plus jeune :
le Complexe de Bourdon (paragneiss, quartzite, migmatites, roches calco-silicatées et pegmatites), la
Suite plutonique de Lanctot (granite, charnockite, monzonite quartzifère, mangérite), la Suite plutonique
de Belinda (monzodiorite, monzonite quartzifère, mangérite), la Suite plutonique de Bignell (granite,
charnockite, monzonite, mangérite), la Suite anorthositique de Rivière-Pentecôte (SARP; anorthosite,
leuconorite, leucotroctolite), la Suite anorthositique de Vallant (SAVA; anorthosite, leuconorite, leucotroctolite, troctolite), le Complexe de Baie-Comeau (gneiss tonalitiques, granitiques et granulitiques),
la Suite plutonique de Varin (granite, monzonite quartzifère, mangérite, charnockite), la Suite de Louis
(gabbro, gabbronorite, pyroxénite), la Suite plutonique de Pointe-des-Monts (mangérite, monzonite) et
la Suite de La ligne (syénite, monzonite, granite). Des dykes de diabase d’âge grenvillien et éocambrien,
ainsi que de rares affleurements de dolomie d’âge ordovicien, sont également observés dans la région.
Plus de 200 analyses géochimiques ont été réalisées dans le cadre de ce projet. Ces analyses
lithogéochimiques ont révélé que les roches felsiques et intermédiaires se sont mises en place dans
des environnements d’arc volcanique et/ou intraplaque. La géochimie des roches métasédimentaires
du Complexe de Bourdon laisse présager que les sédiments ont une origine proximale et qu’ils proviennent de l’érosion de roches ignées felsiques. Les deux suites anorthositiques se distinguent d’un
point de vue géochimique et appartiendraient à deux suites de type AMCG (anorthosite-mangéritecharnockite-granite).
La déformation régionale est représentée par une gneissosité et une forte foliation pénétrative,
avec une orientation générale NE-SW et un pendage modéré à abrupt. Ces fabriques planaires portent
des linéations à composante pendage. On observe plusieurs zones de faille et de cisaillement, dont
certaines sont associées à d’importantes structures impliquant, par exemple, un chevauchement vers le
NE de la Suite anorthositique de Vallant.
Les résultats géochronologiques obtenus dans la région de Baie-Comeau (SNRC 22F) ont permis
de documenter un total de sept événements ignés, alors que seulement quatre de ces événements (1007
à 1500 Ma) sont reconnus dans la région cartographiée (SNRC 22G). La zone de métasédiments du
Complexe de Bourdon documentée dans la région de Baie-Comeau se prolonge dans la région cartographiée. Ces derniers constituent un événement sédimentaire (<1492 Ma) commun à l’ouest et à l’est
de Baie-Comeau. Les événements ignés les plus documentés sont matérialisés par un magmatisme
anorogénique associé à la mise en place de deux suites AMCG. La première suite s’est mise en place
entre 1350 et 1364 Ma (SARP) et la deuxième, entre 1140 et 1160 Ma (SAVA). Comme dans la région
de Baie-Comeau et ailleurs dans la Province de Grenville, l’orogenèse grenvillienne, qui s’étale de
1100 à 980 Ma, est marquée par la mise en place de suites plutoniques felsiques à mafiques. Bien que
le métamorphisme régional varie du faciès supérieur des amphibolites à celui des granulites dans la
région, les événements métamorphiques ne sont pas définis par datation géochronologique.
Plusieurs types de minéralisations ont été rencontrés dans la région : 1) les minéralisations de Ni-Cu
dans les roches ignées mafiques à ultramafiques; 2) les minéralisations de Ni-Cu-Co dans les roches ignées
mafiques à ultramafiques associées aux anorthosites; 3) les minéralisations de Ni-Cu-Co-Zn dans des
gabbros, 4) les minéralisations d’Ag épigénétiques; 5) les minéralisations de Pb-Zn-Ag épigénétiques;
6) les minéralisations d’Au-Cu-Zn; 7) les minéralisations de Fe-Ti ± P dans les gabbronorites; et 8) les
minéralisations d’U-Th dans les pegmatites et les migmatites. Plusieurs sites d’intérêt sont connus pour
la pierre architecturale et de nouvelles cibles ont aussi été observées. Finalement, quelques sites pour
les minéraux industriels comme le quartzite, la sillimanite et le grenat, ont été identifiés.
4
5
Table des matières
Résumé ..................................................................................................................................................... 3
INTRODUCTION ET ACCÈS ............................................................................................................................ 7
Travaux antérieurs ................................................................................................................................... 7
Remerciements ........................................................................................................................................ 7
STRATIGRAPHIE............................................................................................................................................... 8
Introduction ............................................................................................................................................. 8
Description des lithodèmes ....................................................................................................................... 8
Complexe de Bourdon (mPbou) ........................................................................................................... 8
Suite plutonique de Lanctot (mPlct) ................................................................................................... 10
Suite plutonique de Belinda (mPbda) ................................................................................................. 10
Suite plutonique de Bignell (mPbil) ................................................................................................... 11
Suite anorthositique de Rivière-Pentecôte (mPpen) ........................................................................... 11
Suite anorthositique de Vallant (mPval) ............................................................................................. 12
Complexe de Baie-Comeau (mPbcm)................................................................................................. 12
Suite plutonique de Varin (mPvar) ..................................................................................................... 12
Suite de Louis (mPlou) ....................................................................................................................... 13
Suite plutonique de Pointe-des-Monts (mPpdm) ................................................................................ 13
Suite de La ligne (mPslg) ................................................................................................................... 13
Dykes de diabase et autres lithologies ............................................................................................... 13
LITHOGÉOCHIMIE ......................................................................................................................................... 14
Introduction ............................................................................................................................................ 14
Roches felsiques et intermédiaires .......................................................................................................... 14
Roches métasédimentaires ...................................................................................................................... 16
Roches mafiques et ultramafiques ........................................................................................................... 16
MÉTAMORPHISME ......................................................................................................................................... 16
GÉOLOGIE STRUCTURALE ......................................................................................................................... 18
Structures planaires et linéaires .............................................................................................................. 18
Contact entre la Suite anorthositique de Rivière-Pentecôte et son encaissant ......................................... 21
Contact entre la Suite plutonique de Lanctot et son encaissant............................................................... 21
Contact entre la Suite anorthositique de Vallant et ses encaissants ......................................................... 22
GÉOCHRONOLOGIE ..................................................................................................................................... 22
GÉOLOGIE ÉCONOMIQUE ........................................................................................................................... 23
Introduction ............................................................................................................................................ 23
Minéralisations de Ni-Cu ....................................................................................................................... 23
Minéralisations de Ni-Cu-Co ................................................................................................................. 24
Minéralisations de Ni-Cu-Co-Zn ........................................................................................................... 24
Minéralisations d’Ag ............................................................................................................................. 24
Minéralisations de Pb-Zn-Ag ................................................................................................................ 24
Minéralisations d’Au-Cu-Zn .................................................................................................................. 24
Minéralisations de Fe-Ti ± P .................................................................................................................. 24
Minéralisations d’U-Th .......................................................................................................................... 25
Pierre architecturale et matériaux de construction .................................................................................. 25
Minéraux industriels .............................................................................................................................. 25
DISCUSSION ET CONCLUSION ................................................................................................................... 26
RÉFÉRENCES .................................................................................................................................................. 28
6
ANNEXE - Photographies ................................................................................................................................. 30
HORS-TEXTE
Géologie 1/250 000, partie ouest de 22G – Géologie de la partie orientale de la région de Baie-Comeau ........ carte RG 2011-02-C001
7
INTRODUCTION ET ACCÈS
Ce rapport présente les résultats d’un levé géologique
effectué par le ministère des Ressources naturelles et de
la Faune du Québec (MRNF) au cours de l’été 2009. La
région cartographiée est localisée à l’est de la ville de
Baie-Comeau. Les secteurs cartographiés correspondent
aux feuillets SNRC 22G05, 22G06, 22G11, 22G12, 22G13,
22G14 et 22G15 (figure 1).
La région d’étude est accessible par la route 138 et par une
multitude de chemins forestiers qui offrent un bon accès à
la majeure partie du territoire cartographié. Le secteur ouest
est accessible par le chemin de la Toulnustouc (figure1).
Les secteurs non accessibles par voie terrestre ont été faits
en hélicoptère et quelques rivages de grands lacs ont été
cartographiés en utilisant un bateau motorisé.
Plus tard, les travaux de Faessler (1938a et b) présentent
une cartographie de la côte entre Godbout et Sept-Îles. Des
études détaillées ont suivi, par exemple, Anderson (1963)
s’est intéressé à la cartographie des roches entourant les
anorthosites de la région de Rivière-Pentecôte. Le projet
marquant jusqu’à maintenant dans la région est le « Projet
Grenville », qui a permis d’établir un ensemble de cartes
géologiques comme référence à l’échelle de 1/250 000 par
Franconi et al. (1975). Les derniers travaux de cartographie
se sont concentrés dans le secteur de Rivière-Pentecôte. Nantel
et Martignole (1991) ont réalisé une étude sur l’intrusion
anorthositique afin d’identifier des zones potentielles pour
la pierre architecturale.
La région a été l’objet de nombreux travaux statutaires
par les compagnies d’exploration minière et par les prospecteurs. Ceci a permis de faire ressortir plusieurs indices
minéralisés dans la région.
Travaux antérieurs
Remerciements
Les premiers travaux de cartographie sur la Côte-Nord
ont été réalisés par Richardson (1869) et Obalski (1883).
Nos remerciements vont à toutes les personnes qui ont participé aux travaux sur le terrain. Les géologues Anouk Lemieux
71°
51°
67°
51°
Lac
Manouane
N
Suite anorthositique
de Rivière-Pentecôte
Réservoir aux
Outardes 4
Réservoir
Manic 3
389
Réservoir
Pipmuacan
22G/15
Chemin de
la Toulnustouc
R09101
22G13
22G14
22G12
22G11
Suite anorthositique de Vallant
138
22G05
Labrieville
22G06
Godbout
Suite plutonique
de Varin
Franquelin
Baie-Comeau
Fleuve Saint-Laurent
49°
67°
49°
71°
Granite
Monzonite, syénite
Anorthosite
Paragneiss
Gabbro
Mangérite, charnockite
Gneiss indifférenciés
Limite du levé
FIGURE 1 - Carte régionale montrant la localisation de la région cartographiée (partie ouest du SNRC 22G).
8
(stagiaire de l’UQAM) et N’golo Togola, les aides-géologues
Abdelhakim El Bahat (stagiaire du Maroc), Élizabeth Côté,
Anthony Franco De Toni et Marie-Hélène Talbot; les personnes de soutien Robert Canapé et Wellie St-Onge. Les
auteurs tiennent aussi à remercier les géologues Thomas
Clark et Daniel Lamothe pour leur aide appréciée et efficace.
Nos remerciements vont également aux professeurs Edward
Sawyer et Alain Tremblay pour les discussions enrichissantes
sur le terrain lors de leur visite respective. Un gros merci au
pilote Jonathan Beaumont de Hélicoptère Panorama qui nous
a transportés sur les affleurements éloignés en toute sécurité.
Finalement, nous tenons à remercier Aphrodite Indares pour
sa lecture critique constructive de ce rapport.
STRATIGRAPHIE
Introduction
Les roches cartographiées dans le cadre de ce projet sont
majoritairement d’âge mésoprotérozoïque à l’exception de
quelques dykes de diabase du Cambrien et de rares affleurements de dolomie d’âge ordovicien. Elles font partie de
la province géologique de Grenville (Rivers et al., 1989)
alors que les dolomies appartiennent à la plate-forme du
Saint-Laurent.
L’empilement stratigraphique défini pour les lithologies
cartographiées est basé sur les relations sur le terrain, sur
la géochronologie et sur l’ordre stratigraphique établi dans
la région de Baie-Comeau (SNRC 22F, Moukhsil et al.,
2009a et b).
Description des lithodèmes
Complexe de Bourdon (mPbou)
Le Complexe de Bourdon, daté à 1491 Ma (U/Pb sur
zircon détritique dans un quartzite, David et al., 2010b;
Moukhsil et al., 2009b), a été défini pour la première fois
au nord de Baie-Comeau par Moukhsil et al. (2007). Ce
complexe affleure surtout dans les feuillets SNRC 22G06,
22G11 et 22G13, et occupe près de 25 % de la superficie
cartographiée. Il est constitué de trois unités (mPbou1,
mPbou2 et mPbou4; figure 2 et carte hors-texte).
L’unité mPbou1 est composée de paragneiss, de paragneiss
migmatitisé et de migmatite. Les paragneiss peuvent contenir de la biotite, de l’orthopyroxène et/ou du clinopyroxène,
de la sillimanite, du grenat et localement du graphite et des
traces de cordiérite. Le clinopyroxène (< 1 %) est présent
surtout dans des niveaux calcareux. Des niveaux métapélitiques centimétriques riches en sillimanite (jusqu’à 50 %)
et en grenat (jusqu’à 30 %) sont observés localement dans
ces paragneiss. Dans ce cas, la sillimanite est en baguettes
fibreuses de 0,5 à 1 cm de longueur alors que le grenat est en
grains de quelques millimètres de diamètre. La présence de
ces niveaux variés témoigne de l’hétérogénéité lithologique
du protolithe. Les paragneiss de l’unité mPbou1 peuvent se
présenter sous forme de lambeaux de longueur plurikilométrique et en enclaves dans quelques-unes des intrusions
présentes dans la région. Les paragneiss migmatitisés ont
subi une fusion partielle responsable de leur apparence en
lits clairs et lits sombres. Les lits clairs (mobilisat et/ou leucosome) sont riches en quartz, en feldspath avec un peu de
biotite, et contiennent localement de l’orthopyroxène alors
que les lits sombres (restite et/ou mélanosome) sont riches
en biotite et localement en sillimanite et grenat. Dans ce
dernier cas, on reconnaît facilement l’origine sédimentaire
de ces gneiss, qui aurait subi une faible fusion partielle.
Ces gneiss montrent typiquement 5 à 10 % de mobilisat,
de composition granitique, et rarement jusqu’à 50 %, d’où
l’attribution du nom de paragneiss migmatitisés. Les migmatites sont surtout à texture stromatique avec du mobilisat
qui contient localement de l’orthopyroxène. Le pourcentage
de mobilisat dans ces roches est alors supérieur à 50 % et
celles-ci proviennent toujours de la fusion partielle de roches
sédimentaires, avec un rubanement de lits clairs et de lits
sombres. Ces lits sont irrégulièrement plissotés après une
ou plusieurs déformations importantes (photo 1, en annexe).
D’autres textures sont aussi observées dans ces migmatites
telles que la texture nébulitique (composition granitique
à tonalitique à biotite) et la texture à plis ptygmatitiques
(migmatite très déformée avec plissement très hétérogène)
et des schlierens. Des structures de boudinage de dykes
amphibolitiques sont observées dans l’ensemble des roches
formant l’unité mPbou1.
L’unité mPbou2 est constituée de quartzite de teinte
blanchâtre à grisâtre se présentant en deux bandes (feuillets
SNRC 22G11 et 22G12) d’environ 50 à 100 m de largeur
sur environ 500 m à 1 km de longueur. Cette unité est donc
moins présente dans la région cartographiée par rapport à
la région adjacente, à l’ouest (SNRC 22F; Moukhsil et al.,
2009b). La granulométrie de ces quartzites est généralement
grossière avec des grains d’environ 1 cm de diamètre. En
terme de pureté, le meilleur affleurement est observé au
niveau de la bande cartographiée dans le centre-est du feuillet
22G12 (affleurement 09-AM-200). En effet, cet affleurement
forme un horizon, dont l’épaisseur peut dépasser 80 m, et
montre peu de rubanement feldspathique de teinte grisblanc-rosé, ce qui témoigne de sa pureté (voir le chapitre
« Géologie économique »).
L’unité mPbou4 représente moins de 1 % du Complexe
de Bourdon. Elle correspond à des paragneiss de teinte
verdâtre contenant jusqu’à 15 % de diopside. Son protolithe serait une roche sédimentaire calcareuse. Cette unité
est toujours associée à l’unité mPbou1, soit sous forme de
niveaux millimétriques à centimétriques, en boudins étirés
et transposés, soit en nodules quand les paragneiss sont
très déformés.
Des pegmatites roses ou blanches sont associées aux
unités du Complexe de Bourdon. Ces pegmatites sont
constituées majoritairement de quartz, de feldspath potas-
9
50°00'
66°45'
SS
SS
S
SSS
SSS
SSS
SSS
SSS
S
SSS
SS
SSS
SSS
SSS
SSS
S
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S
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SSSSSSS
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SSSSSSSSSS SS S S S
S S SS SS SSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS
SSSSSS
SSSS
S
S
S
S
S
SSSSS
SSSSSS
SSSSS S
S SSSSSS
SSSSSS
SS
68°00'
50°00'
mPbou
mPbcm
mPlct
mPbil
mPbou
mPlct
Lac
Paul-Côté
Lac
Georgette
Lac
Pentecôte
N
mPpen
SS SS
SS SSS S
S SSS SSS S
SSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS
mPbcm
mPlct
Lac de la
Grande Baie
mPvar
mPbil
Rivière B
ignell
mPbou
mPlou
RivièrePentecôte
Pointeaux-Anglais
ière
Riv
Fleuve Saint-Laurent
mPbda
SS
SSS
SSS
SSS
S
S
S
SSS
SSS
SSS
SS
Riv
mPvar
Baie
des
Homards
mPlct
mPbda
Rivière de la Trinité
Lac
Dionne
bout
ière God
mPval
*
Île du
Grand Caouis
S8
Faille :
Fra
Chevauchement
elin
mPval
SSSS
SSS
SSSS
nqu
mPbou
Baie-Trinité
Lac
Blanc
Cisaillement
À mouvement
non déterminé
mPpdm
Pli
mPslg
Pointedes-Monts
Godbout
Franquelin
Grande baie
Saint-Nicolas
0
5
10
15
20 km
66°45'
68°00'
mPbda
49°15'
49°15'
Légende stratigraphique
Mézoprotérozoïque
Suite de La ligne
mPslg
Syénite, monzonite et granite
Suite plutonique de Pointe-des-Monts
mPpdm Mangérite, monzonite quartzifère, granite
Suite de Louis (<1060 ±2,9 Ma, David, 2006)
mPlou
Gabbro, gabbronorite, pyroxénite
Suite plutonique de Varin (1059-1007 Ma, David et al., 2009)
mPvar
Granite, monzonite, mangérite, charnockite
Complexe de Baie-Comeau (1101 ±18 Ma, David et al., 2009)
mPbcm Gneiss granulitique, tonalitique et granitique
Suite anorthositique de Vallant (1148 Ma, David et al., 2010a)
mPval
Anorthosite, leuconorite, leucotroctolite, troctolite
Suite anorthositique de Rivière-Pentecôte (1354 ±3 Ma, Machado et Martignole, 1988)
mPpen
Anorthosite, leuconorite, leucotroctolite, ferrodiorite et amphibolite
Suite plutonique de Bignell (1364 +2,7/-1,4 Ma, ce rapport)
mPbil
Granite, charnockite, monzonite, mangérite
Suite plutonique de Belinda (1365,7 ±6,3 Ma, ce rapport)
mPbda Monzodiorite, monzonite quartzifère, mangérite renfermant des enclaves mafiques
et métasédimentaires
Suite plutonique de Lanctot (1373 +11/-7 Ma, ce rapport)
mPlct
Granite, monzonite, mangérite, charnockite
Complexe de Bourdon (1491 Ma, David et al., 2010b)
mPbou
Paragneiss, paragneiss migmatitique, migmatite, quartzite, roches calco-silicatées
Légende lithologique
Paléozoïque (Ordovicien)
S8
Dolomie
FIGURE 2 - Carte géologique simplifiée de la partie orientale de la région de Baie-Comeau (partie ouest de 22G).
10
sique, de plagioclase et de biotite ainsi que de quantités
moindres de magnétite, d’apatite, d’allanite et de zircon;
elles sont localement uranifères et peuvent être concordantes ou discordantes. Les pegmatites concordantes sont
typiquement de couleur blanchâtre et sont intercalées dans
les paragneiss migmatitisés de l’unité mPbou1. Alors que les
pegmatites discordantes sont généralement de teinte rosâtre
et sont également uranifères (voir le chapitre « Géologie
économique »).
Finalement, plusieurs veines de quelques centimètres
de largeur sur plus de 10 m de longueur ont été observées
le long de la route 138, à proximité du rivage du fleuve
Saint-Laurent à l’est de Franquelin (figure 1). Ces veines
recoupent les paragneiss et sont remplies de carbonates de
couleur blanc-rosé, constitués essentiellement de calcite
accompagnée localement d’un faible pourcentage de galène
et de sphalérite. Ces veines sont le résultat d’un remplissage
par des fluides percolant des formations ordoviciennes de
la plate-forme du Saint-Laurent qui couvraient alors le
Grenville dans cette région.
Suite plutonique de Lanctot (mPlct)
De 1983 à 1987, Nantel et Martignole (1991) ont réalisé une étude lithologique, pétrographique et structurale
du complexe appelé alors Complexe anorthositique de
Rivière-Pentecôte. Ils l’ont subdivisé en deux parties :
massif anorthositique (renommé ici Suite anorthositique de
Rivière-Pentecôte = SARP) et enveloppe mangérito-granitique (appelée ici Suite plutonique de Lanctot).
La région cartographiée par ces auteurs couvrait une
grande partie du feuillet 22G14, 22G15 NW, 22J02 SW et
22J03 SE à l’échelle de 1/50 000. Emslie et Hunt (1990) ont
daté une monzonite quartzifère à orthopyroxène (mangérite)
dans le feuillet 22J03, au NE de la région sous étude, et ont
obtenu un âge de 1365 +7/-3 Ma (U/Pb sur zircon). Selon
Nantel et Martignole (1991), cette monzonite appartient à
l’enveloppe mangérito-granitique. Notre étude a permis d’estimer l’âge (U/Pb sur zircon) du Lanctot à 1373 +11/-7 Ma
(voir le chapitre « Géochronologie »). Il est raisonnable
d’accepter une fourchette d’âge variant de 1365 à 1373 Ma
pour la Suite plutonique de Lanctot.
La Suite plutonique de Lanctot est subdivisée en trois
unités (mPlct1, mPlct2 et mPlct3). Nous référons le lecteur
aux descriptions de Nantel et Martignole (1991) pour plus
de détails sur la pétrographie de cette suite.
L’unité mPlct1 occupe moins de 8 % de la superficie
de la Suite plutonique du Lanctôt, affleure surtout dans la
partie nord du feuillet 22G11 et se prolonge vers le nord
dans le feuillet SNRC 22G14 au sud du lac Pentecôte (carte
hors-texte). Cette unité est constituée surtout de mangérite
(monzonite à orthopyroxène) à grain grossier, généralement, de couleur verdâtre en surface fraîche et de teinte
cassonade en surface altérée avec généralement, une croûte
d’altération brunâtre à blanchâtre d’épaisseur millimétrique
à centimétrique. La texture porphyrique à feldspath potas-
sique microperthitique (mésoperthite et antiperthite) est
localement observée dans cette unité. Ces phénocristaux
représentent près de 20 % de la roche et le pourcentage de
quartz varie d’un affleurement à l’autre sur la même zone
d’affleurements. Le quartz varie de 10 à 25 % (de monzonitemonzonite quartzifère à granite) et l’orthopyroxène varie de
1 à 5 % de la roche (mangérite à charnockite). L’unité mPlct2
occupe moins de 1 % de la superficie et affleure uniquement
dans le coin NNW du feuillet 22G15 (carte hors-texte). Les
affleurements visités de cette unité sont des charnockites
porphyriques à feldspath potassique et à quartz bleu (photo 2,
en annexe) avec localement, quelques enclaves centimétriques de composition anorthositique à leuconoritique. Les
phénocristaux de feldspath potassique varient de 3 à 5 cm
de longueur. L’unité mPlct3 représente plus de 95 % de la
superficie de la Suite plutonique de Lanctot. Elle affleure
à l’ouest du 22G14 où elle constitue la bordure ouest de la
Suite anorthositique de Rivière-Pentecôte, correspondant
ainsi à un contact cisaillé avec un mouvement senestre (voir
le chapitre « Géologie structurale »). Elle continue vers le
sud et occupe le coin NE du feuillet 22G11. Cette unité est
composée de granite, de monzonite quartzifère, de mangérite et de charnockite. Généralement, toutes ces roches ont
conservé la texture porphyrique primaire, témoin de leur
origine ignée. Les phénocristaux de feldspath potassique
constituent jusqu’à 70 % de la roche avec une texture rapakivi préservée. Localement, on observe des phénocristaux
de feldspath potassique en forme d’amande, donnant l’apparence d’un gneiss oeillé aux différents faciès granitique
et monzonitique de l’unité mPlct3. Ces cristaux en forme
d’amande sont observés en s’approchant du contact cisaillé
entre la Suite plutonique de Lanctot (mPlct3) et la SARP. La
texture oeillée, bien que non généralisée, résulte probablement d’un étirement et d’un amincissement des extrémités
des phénocristaux de feldspath potassique pendant une
déformation de haute température (métamorphisme de haut
grade) subie par la roche. En plus, la présence d’orthopyroxène
et d’orthose mésoperthitique dans cette suite plutonique
indique que ces roches ont cristallisé dans des conditions
de température élevée.
Suite plutonique de Belinda (mPbda)
La Suite plutonique de Belinda (mPbda) est une nouvelle
unité formelle introduite pour définir les roches ignées
principalement de composition monzodioritique, datées
(U\Pb sur zircon) à 1365,7 ±6,3 Ma (voir le chapitre « Géochronologie »). Cette suite affleure surtout dans la partie est
de la région où elle constitue la bordure orientale de la Suite
anorthositique de Vallant dans les feuillets SNRC 22G05,
22G06 et 22G11 (carte hors-texte). La Suite plutonique de
Belinda est facile à cerner à partir des cartes aéromagnétiques dans les feuillets 22G06 et 22G11. Les affleurements
typiques (photo 3, en annexe) de cette suite sont localisés
le long de la rive du Saint-Laurent à l’est du village de
Godbout (figure 1).
11
La Suite plutonique de Belinda est constituée de monzodiorite, de monzonite quartzifère, de monzonite à orthopyroxène et à feldspath potassique microperthitique (mangérite), et de quantités mineures de diorite et de diorite
quartzifère. Ces roches sont souvent à texture porphyrique
et la déformation et la recristallisation bien présentes
oblitèrent complètement le caractère porphyrique initial.
Localement, cette suite renferme des essaims d’enclaves
de diorite (photo 4, en annexe) et/ou des fragments de
dykes d’amphibolite et des écrans de roches supracrustales
(paragneiss du Complexe de Bourdon, amphibolite, roches
calco-silicatées). Les enclaves mafiques sont interprétées
comme le résultat d’un mélange de deux magmas donnant
naissance à la Suite plutonique de Belinda. Les enclaves
ignées et les roches formant cette suite sont porphyriques,
surtout à feldspath potassique.
Suite plutonique de Bignell (mPbil)
La Suite plutonique de Bignell est une nouvelle unité
formelle qui affleure dans le NW de la région, surtout
dans le feuillet 22G13 où elle se trouve injectée dans le
Complexe de Bourdon et forme les reliefs imposants de
ce secteur (figure 2 et carte hors-texte). Un âge (U/Pb sur
zircon) de 1364 +2,7/-1,4 Ma a été obtenu pour cette suite
(voir le chapitre « Géochronologie »). Cette suite, à texture
porphyrique, est constituée de granite, de charnockite et de
monzonite avec ou sans orthopyroxène (mangérite). Elle
contient des enclaves centimétriques à métriques de paragneiss (unité mPbou1). Elle est généralement non déformée
et montre des grains de quartz enfumé et interstitiel. Sous
le microscope, le granite et la charnockite de cette suite
montrent du feldspath potassique perthitique accompagné
de quartz en grosse plage situé entre les grains de biotite et
d’amphibole. Les roches de la Suite plutonique de Bignell
ont subi, localement, une forte déformation représentée par
des tectonites en L (fabrique linéaire importante, L>S) au
niveau des zones de faille (photo 5, en annexe).
Suite anorthositique de Rivière-Pentecôte (mPpen)
Tel que mentionné plus haut, la Suite anorthositique
de Rivière-Pentecôte (SARP) a été étudiée par Nantel et
Martignole (1991). Ces derniers lui ont assigné le terme de
Complexe anorthositique de Rivière-Pentecôte avec son
enveloppe mangérito-granitique. Le terme de suite est plus
approprié, car un complexe comprend plusieurs lithodèmes
associés et de même classe, conformément au Code stratigraphique nord-américain (MER, 1986). Un âge de 1354 ±3 Ma
(U/Pb sur zircon, Machado et Martignole, 1988) a été obtenu
sur une leuconorite à grenat de la SARP. Cette suite, de
forme circulaire et d’environ 30 km de diamètre, affleure
surtout dans le feuillet 22G14 et se prolonge vers l’est
dans le feuillet 22G15 et vers le sud dans 22G11 (figure 1
et carte hors-texte). Nantel et Martignole (1991) ont décrit
toutes les unités de cette suite, qu’ils ont subdivisée en sept
unités que nous avons codifiées mPpen1 à mPpen7. L’unité
mPpen1 est très restreinte, constitue moins de 1 % de la
superficie de la SARP et se trouve confinée dans le SE du
feuillet 22G14. Les affleurements de cette unité n’ont pas
été visités dans le cadre de ce projet. La description est
reprise de Nantel et Martignole (1991). Elle est constituée
principalement d’anorthosite à lits de leuconorite à grain
fin. L’unité mPpen2 affleure uniquement dans le centre de la
SARP dans le feuillet 22G14 (carte hors-texte). Elle est composée d’anorthosite à pyroxène, d’anorthosite pegmatitique,
d’anorthosite hololeucocrate et de leuconorite. L’anorthosite
est de couleur noire à grise, relativement peu fracturée, et ne
semble pas avoir enregistré de déformation. L’anorthosite
noire est exploitée pour la pierre architecturale sous le nom
commercial de Noir-Nordique (voir le chapitre « Géologie
économique »). Dans ce cas, l’anorthosite est composée
de 90 à 95 % de plagioclase de type andésine à labradorite
(<3 cm de longueur), de 5 à 10 % de pyroxène généralement
altéré en amphibole et de traces d’olivine. Localement,
l’anorthosite est à grain grossier à pegmatitique; quelques
affleurements montrent une légère recristallisation intergranulaire du plagioclase. La leuconorite est sous forme de lits
centimétriques à métriques ou de petits amas de 2 à 10 cm
de longueur à l’intérieur de l’anorthosite. Quelques textures
de couronnes, dont le coeur est formé d’orthopyroxène et
l’extérieur est constitué d’amphibole, sont observées dans
la leuconorite. L’unité mPpen3 entoure l’unité mPpen2 et
représente environ 20 % de la SARP dans le feuillet 22G14.
Elle est composée surtout de leucotrocrolite, d’anorthosite
pegmatitique et d’anorthosite avec des grains de plagioclase
à granulométrie variable jusqu’à mégaporphyroclastique
(3 à 25 cm de longueur) et d’orthopyroxène. La leucotroctolite est massive avec une texture coronitique et une granulométrie moyenne à grossière. Les couronnes sont formées du
centre vers la périphérie, d’olivine, d’orthopyroxène et d’un
assemblage symplectique formé d’amphibole et de spinelle
en contact avec le plagioclase. Localement, la leucotroctolite
contient des amas (boules) de norite mesurant 2 à 10 cm de
largeur, composés d’olivine, de pyroxène et de plagioclase.
Une quantité mineure de norite et de leuconorite fait partie
de cette unité. L’unité mPpen4 entoure l’unité précédente et
représente environ 50 % de l’intrusion. Elle affleure dans le
feuillet 22G14 et continue vers le sud en une mince partie
dans le coin NNE du feuillet 22G11. Elle est constituée de
leuconorite, de norite pegmatitique et d’anorthosite. Une
forte recristallisation des plagioclases est observée dans
ces roches près du contact cisaillé avec la Suite plutonique
de Lanctot. Sinon, ailleurs, les plagioclases sont mégacristiques et sont entourés d’orthopyroxène interstitiel, qui
est parfois transformé en partie ou en totalité en biotite
et en hornblende. L’unité mPpen5, la plus restreinte des
unités de la SARP, se trouve confinée dans le coin NNW
du feuillet 22G15, mais affleure surtout à l’extérieur de
la région étudiée. Les affleurements de cette unité n’ont
pas été visités dans le cadre de ce projet et la description
suivante est reprise de Nantel et Martignole (1991). Cette
12
unité est constituée de leuconorite à apatite, de ferrodiorite
et d’amphibolite. L’unité mPpen6 affleure principalement
dans le feuillet 22G14 où elle forme la bordure nord de la
SARP. Elle constitue également des lentilles kilométriques
dans les unités mPpen3 et mPpen4 (carte hors-texte). Elle
est définie par Nantel et Martignole (1991) comme une unité
transitionnelle composée de leuconorite à xénocristaux de
plagioclase, d’anorthosite pegmatitique, de leuconorite à
petits prismes de plagioclase, de pyroxénite, de leuconorite
à grain fin et de norite à quartz bleu et à cordiérite. Nos
visites de terrain dans cette unité se sont concentrées dans
la bordure nord qui renferme plusieurs indices potentiels
et constitue un métallotecte pour des minéralisations de
sulfures (Ni-Cu; voir le chapitre « Géologie économique »).
Dans ce secteur, la pyroxénite est faiblement magnétique,
à grain grossier et est composée de plus 90 % de pyroxène
et de moins de 10 % de plagioclase. Le contact entre la
pyroxénite et l’anorthosite est généralement diffus. Les deux
faciès se trouvent également en alternance, ce qui confère
un aspect de dyke ou de filon-couche à la pyroxénite. Le
caractère diffus de ce contact peut suggérer que les deux
faciès sont cogénétiques.
L’anorthosite est massive, de granulométrie moyenne à
grossière avec moins de 3 % d’orthopyroxène. De petits
niveaux de gabbronorite massif et grenu sont observés dans
l’unité mPpen6. L’unité mPpen7 affleure dans le feuillet
22G15 où elle est injectée dans les unités mPpen3, mPpen4
et mPpen6 sous forme de dykes de leuconorite à olivine
(Nantel et Martignole,1991).
En raison de leurs liens spatiaux et temporels ainsi que de
leur composition, la SARP et la Suite plutonique de Lanctot
peuvent être considérées comme faisant partie d’une suite de
type AMCG (anorthosite-mangérite-charnockite-granite).
Suite anorthositique de Vallant (mPval)
La Suite anorthositique de Vallant (SAVA) dont l’âge
(U/Pb sur zircon) est de 1148 Ma (David et al., 2010a) a
été nommée par Gobeil et al. (2006) dans la région du lac
Varin (SNRC 22F10). Cette suite a été cartographiée par
Moukhsil et al. (2007, 2009a et b) dans la région de BaieComeau (SNRC 22F) et elle se prolonge vers l’est dans le
feuillet 22G. Elle s’étend sur une distance d’environ 125 km
de longueur sur 10 km de largeur avec une orientation
E-W dans le feuillet 22F et devient courbée en forme d’arc
qui se pince vers le sud dans le feuillet 22G05 (figure 1 et
carte hors-texte). Seulement trois unités (mPval1, mPval3
et mPval4) sont présentes dans le SNRC 22G. L’unité
mPval1 est la plus représentée en terme de superficie. Elle
est constituée d’anorthosite recristallisée de granulométrie moyenne à grossière et de couleur gris blanchâtre, à
textures porphyroclastique et granoblastique. On retrouve
des quantités mineures de leuconorite coronitique à travers
l’anorthosite. Le degré de recristallisation des plagioclases
s’intensifie en s’approchant du contact nord de la SAVA.
L’unité mPval3 est observée dans les zones de contact de la
suite avec ses encaissants dans les feuillets 22G12 et 22G05
(carte hors-texte). Elle est composée de leucotroctolite et
de troctolite coronitiques à granulométrie moyenne à grossière. Ces deux lithologies sont massives, foliées ou litées et
renferment entre 10 et 25 % de minéraux ferromagnésiens
(olivine, orthopyroxène, biotite, hornblende). Les couronnes sont formées d’orthopyroxène lamellaire en contact
avec l’olivine et d’un assemblage symplectique constitué
d’amphibole et de spinelle verdâtre entre l’orthopyroxène
et le plagioclase (Moukhsil et al., 2009a). Des quantités
mineures d’anorthosite sont observées ici et là dans cette
unité. L’unité mPval4 est l’unité la moins représentée et
elle est toujours sous forme d’amas ou de niveaux centimétriques à kilométriques dans l’unité mPval3. Elle est
constituée de leuconorite coronitique, massive, foliée ou
litée, à granulométrie moyenne à grossière. Les couronnes
sont identiques à celles observées dans l’unité mPval3. Des
quantités mineures d’anorthosite sont également présentes
dans cette unité.
Complexe de Baie-Comeau (mPbcm)
Le Complexe de Baie-Comeau a été nommé par Moukhsil
et al. (2007) au nord de Baie-Comeau dans les feuillets
22F15 et 22F16. Ce complexe se poursuit vers l’est dans le
nord du feuillet 22G13 et dans l’ouest du feuillet 22G05.
Un âge de 1101 ±18 Ma (U/Pb sur zircon) est attribué à
ce complexe (David, 2007, David et al., 2009). Il comprend les orthogneiss de l’unité mPbcm, désignés comme
« gneiss indifférenciés ». Ces gneiss affleurent surtout
dans le coin NW du feuillet 22G13. Ils sont constitués de
trois faciès hétérogènes qui, généralement, ne peuvent être
individualisés sur la carte (gneiss tonalitiques, granitiques
et granulitiques). Plusieurs poches et dykes pegmatitiques,
de composition granodioritique à granitique, y sont associés
ainsi que d’énormes enclaves de paragneiss à biotite de
l’unité mPbou1. L’unité mPbcm2 se concentre surtout dans
la bordure de l’unité mPbcm dans le feuillet 22G13 (figure 2
et carte hors-texte). Elle est constituée de gneiss granitique
de teinte rosâtre et contient de nombreuses enclaves tonalitiques d’épaisseur métrique qui pourraient correspondre
à d’anciennes tonalites fortement migmatitisées. L’unité
mPbcm1, constituée de gneiss granulitique de composition
tonalitique cartographiée dans le feuillet 22F, est absente
dans le feuillet 22G.
Suite plutonique de Varin (mPvar)
La Suite plutonique de Varin a été nommée pour la
première fois dans la région du lac Varin par Gobeil
et al. (2006) dans le feuillet 22F10. Cette suite a été
reconnue dans l’ensemble du feuillet 22F par Moukhsil
et al. (2009b). Deux unités informelles (mPvar1 et mPvar2)
affleurent surtout dans les feuillets 22G05 et 22G12 (carte
hors-texte). Un âge (U/Pb sur zircon) s’étalant entre 1059
et 1007 Ma est estimé pour cette suite (David et al. 2009,
13
Moukhsil et al., 2009b). L’unité mPvar1 est constituée de
granite et de monzonite quartzifère à texture porphyrique
et rapakivique par endroits. Ces roches, d’aspect massif à
folié et localement oeillé, présentent une couleur rosée en
surface fraîche et une teinte rosée ou blanchâtre en surface
altérée. L’unité mPvar1 contient entre 10 et 15 % de biotite
brunâtre ou verdâtre et moins de 1 % de hornblende avec
localement, quelques cristaux d’orthopyroxène ou de clinopyroxène. L’unité mPvar2, de couleur verdâtre en surface
fraîche et de teinte rosée en surface altérée, est considérée
comme un équivalent charnockitique de l’unité mPvar1.
Elle est constituée de granite et de monzonite quartzifère à
orthopyroxène, contenant localement, des phénocristaux de
feldspath potassique à texture microperthitique.
Les contacts entre les deux unités sont souvent graduels et
flous, de sorte qu’il est fréquent d’observer les deux faciès
en alternance sur un même affleurement. Des enclaves
gneissiques des complexes de Baie-Comeau et de Bourdon
ont été observées à plusieurs endroits dans les roches de
cette suite.
Suite de Louis (mPlou)
La Suite de Louis a été introduite par Moukhsil et al.
(2007) pour décrire l’ensemble des intrusions de gabbro,
de gabbronorite, de diorite, de diorite à hypersthène et de
pyroxénite non apparentées avec les intrusions anorthositiques de la région de Baie-Comeau (feuillet 22F). Cette
suite affleure également dans la région cartographiée sous
forme de dykes ou d’intrusions, qui sont très faciles à cerner
sur les cartes aéromagnétiques, par exemple au NNE des
feuillets 22G12 et 22G05 (carte hors-texte). Un âge (U/Pb
sur zircon) plus jeune que 1060 ±2,9 Ma lui est attribué
(David, 2006, Moukhsil et al., 2009b). Les roches de cette
suite se trouvent en enclaves ou en injections boudinées
dans les unités avoisinantes, ce qui suggère que l’unité peut
contenir des intrusions ayant des âges différents.
La Suite de Louis est subdivisée en deux unités distinctes
(mPlou1 et mPlou2). L’unité mPlou1 est constituée : 1) de
gabbro et de gabbronorite, à texture ophitique, subophitique ou granoblastique, contenant de l’orthopyroxène ou
du clinopyroxène en partie ou entièrement remplacé par de
la hornblende; 2) de diorite et de gabbro en lambeaux, en
enclaves ou en injections boudinées dans les unités encaissantes; et 3) de pyroxénite. L’unité mPlou2 est formée de
gabbro et de gabbronorite à forte susceptibilité magnétique
et est localement riche en oxydes de fer et de titane (ilménite), en magnétite et en apatite (ce type de gabbronorite est
appelé OAGN = Oxyde-Apatite-Gabbronorite, acronyme
proposé par Dymek et Owens, 2001). L’unité contient de
rares niveaux de pyroxénite et de nelsonite et elle constitue un métallotecte pour des minéralisations de sulfures
(Ni-Cu) et d’oxydes de Fe-Ti ± P (voir le chapitre « Géologie
économique »).
Suite plutonique de Pointe-des-Monts (mPpdm)
La Suite plutonique de Pointe-des-Monts est une nouvelle
unité composée de mangérite (monzonite à orthopyroxène),
de monzonite quartzifère et de granite à texture porphyrique
contenant des phénocristaux de feldspath potassique (2 à
40 %). L’affleurement typique de cette suite constitue les
assises du site du phare de Pointe-des-Monts dans le feuillet
22G06 et constitue un site géologique exceptionnel (figure 2
et carte hors-texte). La monzonite de cette suite contient des
enclaves centimétriques à décimétriques de métasédiment,
de diorite, de monzodiorite et de pyroxénite. Elle est aussi
injectée de dykes de diabase d’âge néoprotérozoïque ou
cambrien inférieur (photo de la page couverture).
Suite de La ligne (mPslg)
La Suite de La ligne est une nouvelle unité qui regroupe
des roches intrusives tardives qui affleurent ici et là dans
la région. Les affleurements typiques sont observés à l’est
de la Baie de Godbout dans le feuillet 22GO5 (figure 2 et
carte hors-texte). Cette suite est constituée de syénite à
granulométrie moyenne à fine plus ou moins déformée, de
monzonite et de quantités mineures de granite avec ou sans
allanite (Nantel et Martignole, 1991).
Dykes de diabase et autres lithologies
Des dykes de diabase grenvilliens et éocambriens ont
été observés dans la région. Les dykes grenvilliens sont
d’épaisseur centimétrique à décamétrique et donc non apparents sur les cartes aéromagnétiques. Ils sont caractérisés
par une couleur gris brunâtre en surface altérée et gris-noir
en surface fraîche, par une granulométrie fine à moyenne
et par une texture granulaire. Sous le microscope, ces
roches montrent une texture ophitique avec un assemblage
minéralogique constitué de plagioclase, de clinopyroxène,
de biotite, d’apatite et de minéraux opaques très finement
disséminés. Les dykes de diabase éocambriens sont observés typiquement sur le site du phare de Pointe-des-Monts
(photo de la page couverture). Ces dykes sont probablement
associés à l’ouverture de l’océan Iapetus (océan proto-Atlantique) et à la formation du graben du Saint-Laurent (Nantel
et Martignole, 1991). La roche est de couleur noire à brun
typique avec des teintes verdâtres et à granulométrie très
fine. Ces dykes ont des contacts nets avec la monzonite de
la Suite plutonique de Pointe-des-Monts.
Quelques dykes et boudins de petite taille de lamprophyre
(0,5 à 1 m de largeur) de type minette ont été observés ici
et là dans la région. Ils sont constitués surtout de biotite en
paillettes automorphes dispersées dans une pâte microgrenue
d’orthose et de biotite. Un affleurement de dolomie silteuse
paléozoïque (Ordovicien) en contact de faille avec la leuconorite de la SARP (mPpen3) a été rapporté par Nantel
et Martignole (1991) dans la région de Rivière-Pentecôte
(feuillet 22G14; carte hors-texte).
14
LITHOGÉOCHIMIE
Introduction
Des analyses lithogéochimiques ont été réalisées sur des
échantillons représentatifs des différentes lithologies de la
région cartographiée. Un total de 122 échantillons de roches
felsiques et intermédiaires et 82 échantillons de roches
mafiques et ultramafiques ont été analysés. Les analyses
ont été effectuées avec un spectromètre de masse au plasma
par induction couplée (ICP-MS) chez ACME Analytical
Laboratories à Vancouver. Environ 40 échantillons ont aussi
été choisis pour des analyses économiques, pour les teneurs
en Ni, Cu, ÉGP et S.
Tous les résultats des analyses sont intégrés à la base
de données SIGÉOM et peuvent être consultés à partir de
la page Web « Produits et services en ligne – Mines », du
MRNF, à l’adresse suivante : http://www.mrnfp.gouv.qc.ca/
produits-services/mines.jsp. À partir de cette page, ouvrir le
produit « E-Sigeom à la carte », puis la section « Géochimie –
Échantillon de roche » qui vous donne accès à différents
outils d’interrogation.
Roches felsiques et intermédiaires
Les intrusions felsiques ou intermédiaires occupent plus
de 50 % du socle rocheux de la région cartographiée. La
figure 3 présente les diagrammes géochimiques illustrant
les caractéristiques des intrusions felsiques de la région
étudiée. En général, ces roches ont des compositions en
oxydes majeurs comparables. Seuls les échantillons de la
Suite de La ligne (mPslg) et du Complexe de Baie-Comeau
(mPbcm) se distinguent clairement des autres roches felsiques et intermédiaires. La Suite de La ligne est essentiellement composée de syénite et de granite et est donc riche
en feldspath potassique. Les proportions minéralogiques
expliquent les faibles valeurs en CaO et MgO de la Suite
de la Ligne (figures 3a et 3b). Par contre, le Complexe de
Baie-Comeau est essentiellement composé de tonalite et ceci
permet de le distinguer des autres roches felsiques qui ont
plus une composition granitique (figures 3a et 3b).
Selon le diagramme de l’indice de Shand (figure 3c), les
échantillons des différentes roches felsiques et intermédiaires tombent dans le champ des roches métalumineuses
à peralumineuses. On notera, cependant, que la majorité
des échantillons de la Suite plutonique de Lanctot (mPlct)
sont métalumineux et coïncident avec le domaine des granites d’origine ignée (Type I). Les échantillons de la Suite
plutonique de Belinda (mPbda), de Bignell (mPbil) et de
Varin (mPvar) ont une grande répartition, ceci s’explique
possiblement par la grande variation lithologique de ces
suites, qui comprennent des monzonites, des monzodiorites,
des granites et des charnockites.
Selon le diagramme de discrimination tectonique de Y + Nb
versus Rb (Pearce et al., 1984; figure 3d), les roches felsiques sont situées surtout dans le champ des granites d’arc
volcanique et/ou intraplaque. Sur le diagramme de Whalen
et al. (1987; figure 3e), la majorité des échantillons des roches
felsiques tombent dans le domaine des granites de type A
(anorogénique). En particulier, les échantillons de la Suite
plutonique de Lanctot coïncident tous avec le domaine des
granites de type A. Le diagramme de Eby (1992; figure 3f)
permet aussi de se rendre compte que la majorité des échantillons des roches felsiques et intermédiaires tombent dans
le champ A2 et correspondent aux roches formées dans un
contexte de marge continentale ou d’arc volcanique. Ces
observations sont compatibles avec une évolution de l’environnement tectonique dans cette partie du Grenville (Emslie
et Hunt, 1990). Les données géochimiques suggèrent que
les roches plutoniques de la région se sont formées dans des
contextes tectoniques divers, notamment de type intraplaque
et de type arc volcanique, comme ailleurs dans la Province
de Grenville (Rivers, 1997).
Selon les spectres des diagrammes multiéléments (figures
3g1 à 3g6), les roches felsiques du Complexe de BaieComeau et de la Suite de La ligne se distinguent entre eux.
Le Complexe de Baie-Comeau (figure 3g2) a une faible
teneur en éléments traces alors que la Suite de La ligne
(figure 3g6) est caractérisée par un pic positif en K très
marqué. La Suite plutonique de Varin se distingue des suites plutoniques de Belinda et de Bignell par une anomalie
négative en Th et une anomalie positive en K (figure 3g4).
Les suites plutoniques de Belinda et de Bignell (figures
3g1 et 3g5) ont une forme de spectre très similaire, mais
on notera cependant que la Suite plutonique de Bignell a
des pics négatifs en Sr, P, et Ti plus prononcés. Ces deux
suites ont possiblement une origine et une mise en place
dans un contexte similaire. La Suite plutonique de Bignell
pourrait provenir d’un liquide plus fractionné, similaire à
celui à l’origine de la Suite plutonique de Belinda. Cette
relation cogénétique entre ces deux suites est aussi confirmée
par un âge proche pour les deux suites (voir le chapitre
« Géochronologie »).
Les échantillons de la Suite plutonique de Lanctot se distinguent de toutes les autres roches felsiques par une pente
positive entre le Nb et Ta (figure 3g3). Cette caractéristique
démontre une différence de contexte tectonique. Un autre
environnement tectonique possible pour la mise en place de
la Suite plutonique de Lanctot pourrait correspondre à un
magmatisme anorogénique. Les suites AMCG (anorthositemangérite-charnockite-granite) se mettent généralement en
place avec des magmas de type A (anorogénique). Ces roches
ont aussi la caractéristique d’être souvent porphyriques et
rapakivi (Condie, 1997). La Suite plutonique de Lanctot,
qui définit la bordure de la Suite anorthositique de RivièrePentecôte (SARP, mPpen), pourrait donc correspondre,
d’après ces caractéristiques pétrographiques et chimiques,
au terme granitique d’une suite AMCG (voir le chapitre
« Description des lithodèmes »).
15
10
5
a)
4
Type I
Al/(Na+K)
MgO (%)
Complexe de
Baie-Comeau
6
3
Complexe de
Baie-Comeau
2
2
1
Suite de
La ligne
Suite de La ligne
0
0
50
60
70
SiO2 (%)
syn-COLG
d)
50
80
60
SiO2 (%)
70
Sc/Nb
1
100
Types I et S
,1
VAG
,01
10
1000
1
1000
Roches/manteau primitif
g1)
104Ga/Al
100
10
g2)
100
10
1
BaRbTh K NbTa LaCe Sr Nd P SmEuTb Zr Hf Ti Y Yb
10
100
10
BaRbTh K NbTa LaCe Sr Nd P SmEuTb Zr Hf Ti Y Yb
1000
100
10
1
BaRbTh K NbTa LaCe Sr Nd P SmEuTb Zr Hf Ti Y Yb
10
100
1
g6)
Roches/manteau primitif
Roches/manteau primitif
10
Y/Nb
g3)
g5)
g4)
100
1
1000
BaRbTh K NbTa LaCe Sr Nd P SmEuTb Zr Hf Ti Y Yb
1000
1000
,1
Roches/manteau primitif
100
Y+Nb (ppm)
1000
Roches/manteau primitif
A2
A1
1
Roches/manteau primitif
1,5
f)
e)
ORG
10
1,0
Al/(Ca+Na+K)
10
1000
Zr (ppm)
Rb (ppm)
10
0
0,5
80
Type A
1
Peralcalin
WPG
100
1
Type S
1
2
1000
Peralumineux c )
Métalumineux
4
8
CaO (%)
3
b)
BaRbTh K NbTa LaCe Sr Nd P SmEuTb Zr Hf Ti Y Yb
Légende
100
10
1
BaRbTh K NbTa LaCe Sr Nd P SmEuTb Zr Hf Ti Y Yb
Complexe de Baie-Comeau (mPbcm)
Suite de La ligne (mPslg)
Suite plutonique de Bignell (mPbil)
Suite plutonique de Lanctot (mPlct)
Suite plutonique de Pointe-des-Monts (mPpdm)
Suite plutonique de Varin (mPvar)
Suite plutonique de Belinda (mPbda)
FIGURE 3 - Diagrammes géochimiques illustrant les caractéristiques des intrusions felsiques de la région étudiée : a et b) diagrammes de Harker;
c) diagramme Al/(Ca+Na+K) vs Al/(Na+K) (Maniar et Piccoli,1989). Pour c et e : Type I = source ignée; Type S = source sédimentaire; Chappell et White,
1974; d) diagramme Y+Nb vs Rb (Pearce et al.,1984). VAG = granite d’arc volcanique; ORG = granite de ride océanique; WPG = granite intraplaque; synCOLG = granite syncollisionnel; e) diagramme 104Ga/Al vs Zr (Whalen et al.,1987). Type A = magma anorogénique; Windley, 1993; f) diagramme Y/Nb
vs Sc/Nb (Eby,1992). Type A1 = source d’île océanique; Type = A2 source de marge continentale ou d’arc volcanique; g1 à g6) diagrammes multiéléments,
normalisés au manteau primitif (Taylor et McLennan, 1985).
16
Roches métasédimentaires
La figure 4 présente les diagrammes géochimiques illustrant les caractéristiques des roches métasédimentaires, mafiques et ultramafiques de la région étudiée. Les échantillons
des roches métasédimentaires du Complexe de Bourdon
(mPbou1) ont été choisis avec un minimum de mobilisat afin
de représenter le plus possible leur source sédimentaire. La
majorité des échantillons ont une composition compatible
avec une source ignée de composition tonalitique à granitique (figure 4a). Les diagrammes ternaires (CaO* + Na2O)Al2O3-K2O et (CaO* + Na2O + K2O)-Al2O3-FeO(total) +
MgO); figures 4a et 4b), indiquent que l’effet de l’altération
secondaire (météorique et/ou hydrothermale) est faible sur la
plupart des échantillons du Complexe de Bourdon. En effet,
quatre de ces échantillons sont plus enrichis en minéraux
d’altération et coïncident avec le domaine de l’illite. Les
autres échantillons non altérés du Complexe de Bourdon
ont probablement subi un transport relativement limité et
proviendraient d’une source issue des différentes suites
plutoniques de la région. Cette composition des métasédiments proches de leur source ignée est aussi confirmée
par le diagramme Zr/Sc versus Th/Sc (figure 4c). Sur ce
diagramme, la plupart des échantillons métasédimentaires
ont une composition proche de la ligne de différentiation
magmatique. Ceci indique que ces métasédiments ont une
source proximale et qu’ils n’ont pas subi de recyclage. Par
contre, on remarque que quelques échantillons suivent la
tendance de recyclage et de concentration des minéraux
lourds. Ceci suggère que ces échantillons pourraient provenir de zones plus distales et de sources variées. En effet,
plusieurs populations de zircon détritique ont été observées
dans le quartzite (mPbou2) lors de l’estimation de l’âge
maximum de sédimentation de ce complexe à 1491 Ma. Ces
zircons ont retourné une grande fourchette d’âge s’étalant
de 1045 à 3249 Ma (Moukhsil et al., 2009).
Roches mafiques et ultramafiques
Les anorthosites et les roches associées, ainsi que les
gabbronorites avec ou sans oxydes de Fe-Ti ont fait l’objet
d’un traitement lithogéochimique. Les résultats des analyses
d’échantillons d’anorthosites (au sens strict) de la SARP
(mPpen) et de la Suite anorthositique de Vallant (mPval)
ont été reportés sur le diagramme Sr versus Ba (figure 4d).
Pour comparaison, des analyses du Massif anorthositique
alcalin de Labrieville (mPlab) (Moukhsil et al., 2007; Owens
et Dymek, 2001) ont aussi été reportés sur ce diagramme.
Chaque unité se distingue clairement dans trois champs
distincts, ce qui est compatible avec des intrusions de
magmas différents.
Bien que les roches échantillonnées dans chacune des
suites ne représentent pas nécessairement la composition
du magma, les diagrammes présentés dans les figures 4e
à 4j sont utilisés pour permettre de caractériser et de voir
l’évolution des différentes suites. La SARP (mPpen) a prin-
cipalement été échantillonnée et analysée lors de travaux
antérieurs de Nantel et Martignole (1991). Ces roches sont
composées en majorité de plagioclase de type labradoriteandésine (60-65 % An; figure 4e). Des termes plus riches
en fer et magnésium existent dans cette suite, tels que des
leuconorites ou des leucotroctolites (figures 4f et 4g). Dans
cette suite, on retrouve également des roches intermédiaires
telles que des ferrodiorites (jotunites) qui ont une composition compatible avec la tendance d’évolution sur les figures
4e à 4g. Cette observation indique que probablement les
ferrodiorites de cette zone ont une origine commune avec
les roches de la SARP.
La Suite anorthositique de Vallant (mPval) n’a pas fait
l’objet de beaucoup d’analyse dans la région couverte par ce
rapport. La majorité des analyses présentées ici proviennent
d’échantillons récoltés dans le feuillet SRNC 22F (Moukshil
et al., 2009b). Cette suite est composée de plagioclase de
type labradorite-andésine (60-65 % An; figure 4h). L’évolution vers des termes plus riches en fer et/ou magnésium est
aussi visible sur les figures 4i et 4j. Les roches les plus riches
en minéraux ferromagnésiens correspondent à des gabbronorites de type OAGN qui renferment parfois des quantités
non négligeables d’oxydes de fer, titane et d’apatite.
Les roches constituant la Suite de Louis (mPlou) sont de
composition mafique à ultramafique (les oxydes majeurs
varient de 26 à 61 % pour SiO2 et de 1,47 à 16,46 % pour
MgO). Sur le diagramme AFM de Irvine et Baragar (1971;
figure 4k), les échantillons de la Suite de Louis sont en
majorité d’affinité tholéiitique. Plus précisément, dans le
diagramme de Jensen et Pyke (1982; figure 4l), ces roches
coïncident majoritairement avec le domaine des roches tholéiitiques riches en fer. On notera cependant, que quelques
échantillons tombent aussi dans le domaine calco-alcalin et
dans le domaine komatiitique. Les échantillons d’affinité
komatiitique peuvent s’expliquer par le fait que les roches
observées dans la région se sont probablement mises en
place à grande profondeur. Il serait donc possible d’avoir
des remontées de roches de composition mantellique dans
cette partie du Grenville.
MÉTAMORPHISME
Presque toute la région a subi un métamorphisme régional prograde élevé au faciès des granulites, qui a été suivi
localement par un métamorphisme rétrograde au faciès des
amphibolites. Le critère diagnostique pour identifier le métamorphisme granulitique est la présence de l’orthopyroxène.
Ce minéral a été observé dans les roches métasédimentaires (Complexe de Bourdon) ainsi que dans le mobilisat
associé à ces dernières. Dans les roches ignées des suites
plutoniques de Belinda, de Bignell et de Varin, en plus de
l’orthopyroxène, on observe sous le microscope du feldspath potassique mésoperthitique. Cette texture témoigne
des conditions de température élevée subies par ces roches
17
Al2O3 (mol %)
c)
ion
t
a
r
ent
onc lourds
et c
ge éraux
a
l
in
cy
Re de m
illite
MV
1
FK
FD
granite
tonalite
granodiorite
HB
CX
10
b)
Diff
é
ma rentiat
gm
atiq ion
ue
PG
illite a )
MV
Th/Sc
Alt
éra
tio
n
SM
Al2O3 (mol %)
.1
CL
BO
HB
CaO*+Na2O (mol %)
K2O (mol %)
FeO (total)+MgO (mol %)
CaO*+Na2O+K2O (mol %)
.01
1
10
100
1000
Zr/Sc
d)
1500
Ba ppm
Al2O3 (%)
An (%)
2000
f)
e)
lab
1000
pen
500
val
0
0
1000
2000
3000
Ab (%)
Or (%)
CaO (%)
Fe2O3 (total) +MgO (%)
Sr ppm
Fe2O3 (total) +MgO (%)
g)
i)
h)
Ab (%)
Fe2O3 (total) +MgO (%)
Or (%)
CaO (%)
Fe2O3 (total) +MgO (%)
Fe (total) +Ti
FeO (total) (%)
Th
olé
iitiq
ue
j)
l)
k)
Calco-Alcalin
Calco-Alcalin
Na2O (%)
CaO (%)
Légende
K2O+Na2O (%)
MgO (%)
Al
Suite anorthositique de Rivière Pentecôte
Suite anorthositique de Vallant
Anorthosite
Complexe de Bourdon
Anorthosite
Leuconorite-norite
Suite de Louis
Leuconorite-norite
Leucotroctolite-troctolite
Leucotroctolite- troctolite
Monzonite
Gabbro-gabbronorite
Ferrodiorite
Komatiitique
riche Mg
CaO (%)
Th
olé
iitiq
ue
riche Fe
Na2O (%)
Al2O3 (%)
An (%)
Mg
FIGURE 4 - Diagrammes géochimiques illustrant les caractéristiques des roches métasédimentaires, mafiques et ultramafiques : a) diagramme A-CN-K
(Nesbitt, 2003). CaO* = CaO molaire total-CaO molaire d’apatite; FK = feldspath potassique; HB = hornblende; MV = muscovite; PG = plagioclase;
SM = smectite; CX = clinopyroxène; b) diagramme CNK-A-FM (Nesbitt, 2003). FD = feldspath; BO = biotite; CL = chlorite; c) diagramme Zr/Sc vs Th/
Sc (McLennan, 1989). La ligne noire représente la différenciation magmatique ou la variation compositionnelle entre les roches mafiques et les roches
felsiques; d) diagramme Sr vs Ba pour les anorthosites des suites anorthositiques de Vallant (mPval), de Rivière-Pentecôte (mPpen) et du massif anorthositique alcalin de Labrieville (mPlab); e à j) diagrammes triangulaires des principales lithologies des suites anorthositiques : e, f, g) Suite anorthositique
de Rivière-Pentecôte; h, i, j) Suite anorthositique de Vallant. 1- CaO-Al2O3-(Fe2O3 (total) + MgO) (Ashwal, 1993); 2- Na2O-(Fe2O3 (total)+ MgO)-CaO;
k) diagramme AFM (Irvine et Baragar,1971); l) diagramme ternaire Al-(Fe(total)+Ti)-Mg (cation) (Jensen et Pyke,1982).
18
appelées ici charnockites. La cordiérite a été observée dans
les paragneiss du Complexe de Bourdon et dans les faciès
de bordure de la SARP. Dans le premier cas, elle est localement associée à de la sillimanite et dans le deuxième, à du
quartz bleu. Dans les deux cas, la cordiérite et le quartz bleu
nous indiquent que ces roches ont subi un métamorphisme
régional de haut degré. Toutefois, la présence de cordiérite
et de quartz dans le faciès de bordure de la SARP peut aussi
être le produit d’une contamination par des métasédiments
de la région.
Les paragneiss du Complexe de Bourdon constituent la
lithologie qui s’apprête le mieux à une étude métamorphique. En effet, ces paragneiss montrent, sous le microscope,
les paragenèses suivantes : 1) biotite + grenat ± sillimanite ± cordiérite; et 2) biotite + orthopyroxène + grenat ±
cordiérite. En plus de ces deux paragenèses, des textures
granoblastiques observées dans les gneiss de ce complexe
témoignent du métamorphisme au faciès des granulites subi
par cette lithologie.
Une phase de métamorphisme rétrograde est présente et
observée sous le microscope par des textures de transformation partielle à totale de l’orthopyroxène en amphibole
brune à verte. Ce type de métamorphisme est aussi véhiculé
par l’observation des textures coronitiques (orthopyroxène +
grenat + plagioclase) dans les gabbros et les gabronorites
de la Suite de Louis et dans les leucotroctolites (olivine +
orthopyroxème + clinopyroxène + grenat + plagioclase) des
suites anorthositiques de Vallant et de Rivière-Pentecôte.
Ces couronnes peuvent être le résultat d’un métamorphisme
prograde au faciès des granulites ou elles peuvent aussi
se former par refroidissement lors la cristallisation de ces
intrusions. Dans les leucotroctolites de ces deux suites, on
observe également des textures coronitiques formées par
l’olivine au centre, passant à l’orthopyroxène lamellaire vers
l’extérieur, et à un mélange symplectique d’amphibole et de
spinelle vert en contact avec le plagioclase. Ces couronnes
sont plutôt le résultat de la réaction entre l’olivine, l’orthopyroxène et le plagioclase, ceci étant dû à un changement
des conditions de pression et de température lors de la mise
en place des leucotroctolites.
GÉOLOGIE STRUCTURALE
Structures planaires et linéaires
Du litage magmatique (stratification S0), bien que rare,
a été observé localement dans les anorthosites et les leuconorites des suites anorthositiques de Vallant (SAVA) et de
Rivière-Pentecôte (SARP). Ces structures primaires sont
définies soit par un alignement des cristaux de plagioclase
(photo 6, en annexe), soit par une alternance de lithologies
(anorthosite-leuconorite-norite), qui diffèrent par leur pourcentage de minéraux ferromagnésiens.
Une analyse structurale des fabriques planaires (foliation,
schistosité, gneissosité) et linéaires (linéations minérale
et d’étirement) appliquée au feuillet 22G montre que ces
fabriques forment des associations permettant de définir sept
domaines structuraux. Les domaines, les trajectoires et les
attitudes de ces fabriques sont résumés à la figure 5. Voir
également la carte hors-texte pour les différentes structures
(plis, zones de déformation, linéaments, etc.).
Le domaine I (domaine Bourdon et Bignell) est localisé entre la zone qui est sous l’influence d’une zone de
cisaillement majeure à l’est (domaine VII) et le secteur
qui représente la structure du Complexe de Baie-Comeau à
l’ouest (domaine V). Les trajectoires de la foliation dans ce
domaine montrent une orientation dominante NNE-SSW à
pendage abrupt. Les plans de foliation portent des linéations
à composante pendage. Au centre de ce domaine, la foliation,
qui est une structure grenvillienne (S2), est surtout orientée
NE-SW. Cette structure se parallélise avec la structure du
cisaillement à dominance N-S vers l’est. Des plis de plan
axial subparallèle à cette structure sont très présents dans
ce domaine et sont interprétés comme des plis de deuxième
génération (P2). Les plis (P1) sont plus à axe virtuel N-S à
NNW-SSE, tel qu’observé dans le Complexe de Bourdon.
La forte déformation, qui va jusqu’à la transposition des
plis, nous empêche de définir avec exactitude les différentes générations de plissement de la région cartographiée.
Néanmoins, une troisième génération de pli (P3), avec un
plan axial orienté N-S à NNE-SSW, est identifiée un peu
partout dans la région.
Le domaine II (domaine Rivière-Pentecôte), localisé
dans la partie nord-est de la région, correspond à l’orientation de la fabrique dans la SARP. Généralement, les
trajectoires de la fabrique planaire se moulent et épousent
la forme de la bordure de la SARP. Cette fabrique change
de direction aux niveaux des encaissants (figure 5 et carte
hors-texte). Dans ce domaine, les linéations sont de type
à composante directionnelle (parallèles à subparallèles à
la direction du plan de la foliation) en s’approchant de la
bordure de la SARP alors qu’elles sont de type à composante
pendage partout ailleurs.
Le domaine III (domaine Belinda) englobe surtout les
lithologies les plus anciennes de la région (Complexe de
Bourdon et la Suite plutonique de Belinda). Par conséquent,
ces lithologies ont été déformées et structurées plusieurs
fois. La structure planaire la plus marquée dans ce domaine
a une orientation NE-SW (S2) portant des linéations principalement de type à composante pendage. Les linéations
à composante directionnelle sont plus concentrées dans
l’ouest du domaine, qui est sous l’influence des zones de
cisaillement (carte hors-texte). Des structures (gneissosité
et foliation) d’orientation NW-SE à E-W sont conservées
localement dans ce domaine. Elles sont interprétées comme
des fabriques planaires anciennes (S1).
Le domaine IV (domaine Vallant) montre l’orientation de la fabrique dans la SAVA. Dans la partie ouest du
domaine, près du contact de cette suite avec son encaissant,
1
1
N
N
N
Rivière-Pentecôte
N = 182
I
Belinda
N = 121
Vallant
III
N = 36
V
1 : Foliation moyenne : 174/86
Baie-Comeau
N = 228
IV
1 : Foliation moyenne : 145/57
1
1 : Foliation moyenne : 036/75
N = 132
II
1 : Foliation moyenne : 031/90
1
1
1
1
N
N
N
N
N
1
1
1
N = 11
Linéation
N = 43
Linéation
N = 41
Linéation
N = 24
Linéation
N = 27
Linéation
30
60
75
41
VI
43
12
40
45
N
Franquelin
41
56
75
V
Foliation
Varin
40
22
38
27
30
52
VI
60
39
IV
N = 227
45
30
1
35
I
20
1 : Foliation moyenne : 264/62
30
N
30
1
20
40
N = 45
Linéation
10
30
VII
^^
4
10
N
78
1
10
70
45
25
31
Godbout
10
42
46
58
III
50
60
60
Baie-Trinité
Pointedes-Monts
10
II
^
^^
N
1
58
Fabrique linéaire
N
N = 43
Linéation
Fabrique planaire
Cisaillement
Chevauchement
Légende
Fleuve Saint-Laurent
Rivière-Pentecôte
^^
N = 174
VII
1 : Foliation moyenne : 008/78
Cisaillements et bordure de SARP
15
Foliation
FIGURE 5 - Analyse structurale appliquée à la région étudiée. Notez la répartition des trajectoires en sept domaines structuraux. La projection des fabriques planaires et linéaires a été effectuée selon le
canevas de Wulf dans l’hémisphère inférieur.
Foliation
Foliation
Foliation
N
Foliation
Bourdon et Bignell
1 : Foliation moyenne : 006/70
^^
^^
^
^
^
^^^
^^
^
^^^^^^
^ ^
^
^^^^^^^
^^
^
^
^
^
^
^
^
^
^
^
^
^^
^^^^
^
^
^
^
^
^^
^^
^
^
^^^
^^^
^
^
^
^^^
^
^
^^
^
N
^^
Foliation
19
20
les trajectoires de la fabrique planaire sont principalement
E-W, avec des pendages modérés vers le sud. Vers l’est,
les trajectoires se courbent en forme d’un arc à orientation
NW-SE et passent à une orientation N-S à NNE-SSW. Le
secteur à structure E-W vient couper la structure N-S à
NE-SW du domaine I. Ceci a été remarqué dans le feuillet
22F où on a interprété, entre autres, que la SAVA a chevauché
le Complexe de Baie-Comeau tardivement durant la phase
compressive de l’orogénie grenvillienne (Moukhsil et al.,
2009b). Généralement, dans la partie nord du domaine IV,
les linéations sont de type à composante pendage. Dans la
partie sud de ce domaine et près du contact est, la fabrique
planaire a subi, localement, un plissement (P2), correspondant à une schistosité de plan axial. Les plis résultants sont
replissés par des plis ouverts et asymétriques, interprétés
comme des plis de troisième génération (P3).
Le domaine V (domaine Baie-Comeau), localisé dans la
partie NW de la carte, comprend surtout les gneiss du Complexe de Baie-Comeau qui contiennent deux gros lambeaux
de paragneiss migmatitisés du Complexe de Bourdon. Ces
derniers montrent des plissements décimétriques à charnière
en M avec des axes de pli plongeant 45° vers le SSW. Ce
domaine montre des trajectoires de la fabrique planaire
(gneissosité) assez homogène de direction N-S avec un
pendage abrupt, tantôt vers l’est, tantôt vers l’ouest (figure 5).
Cette inversion témoigne de la présence de plis isoclinaux
ayant un plan axial subparallèle à la foliation subverticale.
Dans ce domaine, les linéations sont subparallèles ou obliques au plan de direction de la foliation.
Le domaine VI (domaine Varin) est occupé surtout par la
Suite plutonique de Varin et englobe aussi plusieurs autres
lithologies de composition et d’âges différents (complexes
de Bourdon, de Baie-Comeau et la Suite de Louis). Bien
qu’hétérogène, ce domaine est caractérisé surtout par la
fabrique planaire S2, qui est à l’origine du grain tectonique
régional, orienté NE-SW. D’ailleurs, dans ce domaine, on
observe un pli régional (P2) dont le plan axial est subparallèle à S2 (carte hors-texte). Localement, la fabrique
planaire S1, de direction grossière NW-SE, est présente
dans ce domaine. Les linéations ont des directions variables
et plongent à un angle fort sur les surfaces planaires de
toutes les lithologies dans ce domaine. Le domaine Varin
est caractérisé par des structures en dômes et bassins bien
documentés plus à l’ouest dans le feuillet 22F (Moukhsil
et al., 2009b).Ce domaine est caractérisé par une direction
moyenne de 264/62 pour l’ensemble des structures planaires
dans le feuillet 22G.
Le domaine VII (domaine de cisaillements et bordure de
SARP) comprend deux zones de cisaillement à mouvement
senestre oblique qui ont une orientation N-S à NNE-SSW.
Les plans de foliation dans ces zones ont un pendage abrupt
et portent des linéations de type à composante directionnelle.
Les lithologies présentes dans ce domaine sont transposées
parallèlement au plan de cisaillement. Bien que ces fabriques soient liées à une déformation ductile, ces structures
sont considérées comme le dernier événement structural
enregistré dans la région (S3). Nous avons prolongé ces
cisaillements vers le sud-ouest jusqu’à la rencontre de la
faille de chevauchement au niveau du contact oriental de la
SAVA (figure 5). Ceci explique l’observation de la deuxième
linéation qui est de type à composante directionnelle au
niveau de ce contact en plus de la première linéation oblique
associée à la faille de chevauchement.
Contact entre la Suite
anorthositique de Rivière-Pentecôte
et son encaissant
Le contact ouest entre la Suite anorthositique de RivièrePentecôte (SARP) et son encaissant, le granite porphyrique
et rapakivique de la Suite plutonique de Lanctot (mPlct3),
est marqué par une faille majeure ductile, localement mylonitique (figure 2 et carte hors-texte). Sur le terrain, de part
et d’autre de ce contact, on remarque une augmentation du
degré de la déformation sur plusieurs mètres d’épaisseur.
Cette zone de contact correspond à un cisaillement où les
indicateurs cinématiques (porphyroclastes de type delta, des
structures de type C/S et des plis asymétriques) sont de plus
en plus aplatis, et suggèrent un mouvement senestre oblique.
Ce même type de mouvement a été rapporté par Nantel et
Martignole (1991). La déformation est peu visible dans
l’anorthosite, dans laquelle on observe une forte recristallisation des plagioclases et une altération des orthopyroxènes
en biotite et en hornblende, avec la présence de quelques
grenats. Cette zone de cisaillement est présente sur 10 à
30 m d’épaisseur sur environ 60 km de longueur. Du point
de vue structural, la zone de cisaillement a une direction
de NNE-SSW à N-S avec un plan de foliation subvertical
portant des linéations à composante directionnelle à oblique
(domaine VII; figure 5).
Contact entre la Suite plutonique
de Lanctot et son encaissant
Le contact entre le granite porphyrique de la Suite plutonique de Lanctot (mPlct3) et son encaissant, les paragneiss
du Complexe de Bourdon (mPbou1), est marqué par une
discontinuité majeure orientée NNE-SSW à N-S. Cette
discontinuité est interprétée comme une faille ductile sur
environ 5 km de largeur à son maximum et 40 km de longueur dans le feuillet 22G14 (figure 2 et carte hors-texte).
Elle se prolonge sur environ une trentaine de kilomètres
jusqu’au feuillet 22G05 où elle peut être extrapolée vers le
sud-ouest et rejoindre la faille qui longe le contact chevauchant de la SAVA (figure 5). Sur le terrain et au niveau de
cette discontinuité, les paragneiss sont rubanés et montrent
une gneissosité de gneiss droit avec un plan subvertical
portant des linéations, généralement à composante directionnelle. L’allongement des minéraux ferromagnésiens
(biotite et amphibole) marque ces linéations minérales. Des
plis isoclinaux se concentrent de part et d’autre du contact
et continuent sur plusieurs kilomètres dans les paragneiss.
21
En l’absence d’indicateurs cinématiques fiables, l’interprétation de ces plis et de quelques plis asymétriques suggère
un mouvement apparent senestre pour cette faille.
Contact entre la Suite anorthositique
de Vallant et ses encaissants
Le contact nord de la SAVA, orientée E-W, est connu
dans le feuillet 22F où il correspond à une faille de chevauchement sur laquelle le transport s’effectue du sud vers le
nord (Moukhsil et al., 2007, 2009b). Ce même contact se
poursuit vers l’est dans le feuillet 22G sous forme d’un arc
qui se pince avec son contact ouest avec la Suite de Louis
dans le feuillet 22G05 (figure 2 et carte hors-texte). Bien que
nous n’ayons pas d’explication structurale, l’orientation du
contact nord qui est E-W dans le 22F, change de direction,
devient sous forme arquée, et est donc appelée contact est.
En général, tous les affleurements visités au niveau de ce
contact montrent des faciès anorthositiques, dont la matrice
de plagioclase est totalement à modérément recristallisée,
passant de couleur gris-mauve à blanc. En plus, les orthopyroxènes près des faciès anorthositiques formant le contact
sont transformés en biotite ± hornblende. La déformation
s’intensifie également en s’approchant du contact, où les
roches montrent une fabrique planaire à pendage modéré
vers l’ouest, à laquelle est associée une linéation à composante pendage (photo 7, en annexe). Dans certains secteurs,
la faille de chevauchement est caractérisée par une anorthosite gneissique à mylonitique. Les roches encaissantes de la
SAVA ont également enregistré cette déformation. Il s’agit
des paragneiss du Complexe de Bourdon et de la monzonite
et du granite de la Suite plutonique de Bignell au nord dans
le feuillet 22G12, et de la monzodiorite de la Suite plutonique de Belinda au sud dans le feuillet 22G05 (figure 2). En
effet, les linéations observées dans l’anorthosite et celles
dans ces encaissants gneissiques à mylonitiques plongent à
un petit angle et avec la même direction. Ceci suggère que
l’anorthosite et les encaissants ont subi la même déformation, soit un étirement directionnel.
Le contact sud de SAVA est bordé par une série de failles
normales mylonitiques dans le feuillet 22F (Gobeil et al.,
2006; Moukhsil et al., 2007). Ces failles sont orientées
E-W et ont un pendage abrupt vers le nord. Il a été très
difficile de suivre ces failles, car elles sont cachées par des
injections de monzonite de la Suite plutonique de Varin ou
par les gabbros et les gabbronorites de la Suite de Louis. Le
même constat est fait dans les feuillets 22G05 et 22G12; il
n’y a donc pas assez d’évidence structurale pour affirmer
que ce contact est toujours faillé ou intrusif. Néanmoins,
plusieurs affleurements éloignés de ce contact (5 à 10 km)
montrent des faciès anorthositiques dont la matrice est très
recristallisée et, localement mylonitique, avec des plans de
foliation à pendage abrupt portant des linéations à composante pendage à oblique. Gobeil et al. (2006) ont interprété
les failles observées au niveau de ce contact comme des
failles normales, dans le feuillet 22F10.
GÉOCHRONOLOGIE
Trois échantillons (A, B et C) ont été sélectionnés sur des
lithologies spécifiques durant cette cartographie pour datation isotopique U/Pb sur zircon. Les résultats analytiques
sont présentés au tableau 1. L’objectif est de documenter les
âges de mise en place des suites sélectionnées. Les analyses
ont été effectuées par dilution isotopique et spectrométrie
de masse par ionisation thermique–TIMS au laboratoire
GEOTOP de UQAM-McGill. La description des méthodes
d’analyse est présentée en détail dans le rapport de David
et al. (2006).
La figure 6 présente les diagrammes concordia des analyses
des zircons pour ces trois échantillons et les photos de ces
zircons, qui ont été traités afin de déterminer l’âge de ces
échantillons. Ces datations ont été réalisées par Jean David,
au laboratoire de GEOTOP de l’UQAM-McGill. Voir la carte
hors-texte pour la localisation des échantillons analysés.
La monzodiorite porphyrique de la Suite plutonique de
Belinda (mPbda; échantillon A; figure 6a) a permis de
récupérer des zircons qui sont automorphes, mais légèrement émoussés. Il s’agit de cristaux prismatiques à section
courte, généralement limpides, quoique quelques spécimens
contiennent des inclusions translucides (figure 6b). Trois
analyses ont été effectuées à partir de cristaux uniques.
Les résultats ont produit des âges 207Pb/206Pb semblables
de 1362,7 ±2 Ma , 1364,5 ±1,1 Ma et 1368,1 ±1,2 Ma.
Les résultats sont regroupés et affichent un pourcentage
de discordance très similaire autour de 1,4. Une droite de
régression a été calculée en forçant l’intersection inférieure
à 0 et un âge de 1365,7 ±6,3 Ma a été obtenu. Cet âge est
considéré comme celui de la mise en place de la Suite plutonique de Belinda.
Le granite porphyrique de la Suite plutonique de Bignell
(mPbil; échantillon B; figure 6c) a permis de récupérer des
zircons en abondance. Différents types morphologiques de
zircons sont reconnus (figures 6d et 6e). On distingue facilement des prismes allongés et incolores à section rectangulaire qui contiennent des inclusions de formes variables (à
gauche sur la figure 6d). Le deuxième type morphologique
de zircon est de grande taille, xénomorphe, et la forme est le
résultat de dissolution magmatique (à droite sur la figure 6d).
Finalement, on trouve des cristaux prismatiques courts ou
équidimensionnels incolores et sans inclusion. Quelques
spécimens permettent de distinguer que certains cristaux
prismatiques de plus grande taille sont formés d’un noyau
et de surcroissance (quatre zircons à gauche sur la figure
6e). Trois analyses ont été effectuées à partir de cristaux
uniques de prismes trapus. Les résultats ont produit des âges
207
Pb/206Pb pratiquement identiques de 1363 ±1,2 Ma, 1363,5
±0,8 Ma et 1365,6 ±1 Ma. Les résultats sont peu discordants
(< 1,2 %) et se répartissent sur une même droite (figure 6c).
Un calcul de régression linéaire a produit une intersection
supérieure représentant un âge de mise en place de la Suite
plutonique de Bignell de 1364,7 +2,7/-1,4 Ma.
0,0082
0,0052
0,0041
0,0020
0,0040
0,0020
0,0040
0,0022
0,0050
0,0018
0,0030
0,0030
0,0021
0,0017
0,0037
0,0036
0,0042
0,0040
0,0035
0,0050
0,0032
6
8
7
4
2
3
1
5
1
5
3
2
4
6
7
5
6
3
1
2
4
224
728
860
234
242
173
366
265
303
291
295
171
169
120
179
384
411
583
808
701
1221
U
(ppm)
57
198
222
57
56
40
72
67
75
70
70
42
41
30
41
89
96
127
130
114
194
1,8
4,1
3,1
4,0
3,8
6,1
2,7
2,1
1,6
4,4
4,8
2,7
32,2
2,2
5,1
12,9
3,4
2,3
2,5
2,0
5,4
Pb rad1 Pb com2
(ppm)
(pg)
206Pb
204Pb
206Pb
238U
1σ
(%)
207Pb
235U
1σ
(%)
207Pb
206Pb
1σ
(%)
206Pb
238U
Âge (Ma)
1736
2035
860
6724
6726
18588
16029
18977
0,2355
0,2289
0,2245
0,2250
0,2135
0,1691
0,1705
0,1673
0,17
0,17
0,15
0,15
0,15
0,13
0,17
0,18
2,840
2,739
2,656
2,659
2,468
1,714
1,726
1,686
0,19
0,19
0,19
0,16
0,16
0,15
0,17
0,19
0,08746
0,08677
0,08582
0,08573
0,08384
0,07352
0,07342
0,07308
0,07
0,06
0,09
0,05
0,06
0,05
0,06
0,06
997,3
1363,2
1328,8
1305,6
1308,0
1247,6
1007,2
1014,9
405
3201
5344
2906
2715
1875
0,2412
0,2375
0,2327
0,2320
0,2324
0,2326
0,15
0,15
0,14
0,14
0,15
0,16
3,012
2,889
2,803
2,789
2,793
2,793
0,17
0,17
0,16
0,16
0,18
0,21
0,09057
0,08820
0,08734
0,08718
0,08717
0,08710
0,07
0,05
0,06
0,06
0,07
0,10
1393,1
1373,7
1348,8
1345,0
1347,0
1348,0
0,563
0,861
0,847
0,388
0,328
0,372
0,236
5261
12868
14385
3020
3774
1454
6020
0,2323
0,2361
0,2351
0,2328
0,2274
0,2212
0,1950
0,14
0,16
0,14
0,15
0,15
0,15
0,16
2,822
2,839
2,824
2,796
2,701
2,595
2,145
0,16
0,17
0,16
0,17
0,17
0,17
0,17
0,08810
0,08723
0,08714
0,08711
0,08616
0,08507
0,07979
0,05
0,05
0,04
0,06
0,05
0,07
0,05
1346,6
1366,1
1361,1
1349,1
1320,6
1288,4
1148,5
Échantillon 09AM261 = Granite porphyrique de la Suite plutonique de Bignell (mPbil)
0,427
0,418
0,395
0,388
0,434
0,467
Échantillon 09AM145 = Monzodiorite de la Suite plutonique de Belinda (unité mPbda)
0,483
0,317
0,369
0,359
0,289
0,097
0,104
0,099
Échantillon 09AM123 = Granite porphyrique de la Suite plutonique de Lanctot (mPlct)
Th/U
1- Plomb radiométrique
2- Plomb commun total (étalon, contamination et minéral)
Remarques :
Poids
(mg)
Nombre
TABLEAU 1 - Résultats des datations U-Pb sur zircon de la région cartographiée.
3,4
3,8
3,4
3,6
3,5
3,4
3,3
3,8
3,8
3,3
3,3
3,7
3,8
4,2
4,1
3,6
3,5
3,4
2,5
3,1
3,3
2σ
(%)
1361,4
1366,0
1362,0
1354,4
1328,7
1299,2
1163,6
1410,8
1378,9
1356,3
1352,6
1353,7
1353,7
1366,1
1339,1
1316,4
1317,2
1262,8
1013,8
1018,3
1003,2
207Pb
235U
Âge (Ma)
2,4
2,5
2,3
2,5
2,5
2,5
2,4
2,6
2,5
2,4
2,4
2,6
3,1
2,8
2,8
2,8
2,4
2,3
1,9
2,2
2,4
2σ
(%)
1384,6
1365,6
1363,5
1363,0
1341,7
1317,0
1191,7
1437,6
1386,9
1368,1
1364,5
1364,3
1362,7
1370,6
1355,4
1334,1
1332,1
1288,8
1028,4
1025,6
1016,2
207Pb
206Pb
Âge (Ma)
1,0
1,0
0,8
1,2
1,0
1,3
1,1
1,3
1,0
1,2
1,1
1,3
2,0
1,3
1,2
1,7
0,9
1,2
1,0
1,2
1,1
2σ
(%)
3,0
-0,0
0,2
1,1
1,7
2,4
4,0
3,4
1,1
1,6
1,6
1,4
1,2
0,6
2,2
2,4
2,0
3,5
2,2
1,1
2,0
Disc.
(%)
22
23
0,237
Monzodiorite
Suite plutonique de Belinda (mPbda).
(SNRC 22G11, éch. 09-AM-145,
UTM (nad 83), zone 19,
613087E, 54843030N)
b)
1360
0,235
1350
0,233
206
Pb/238U
a)
1370
1340
0,231
1330
0,229
1365,7±6,3 Ma
0,227
2,70
2,74
2,78
207
0,237
d)
c)
1370
1360
1350
0,233
Pb/
238
2,86
Granite porphyrique
Suite plutonique de Bignell (mPbil).
(SNRC 22G13, éch. 09-AM-261A,
UTM (nad 83), zone 19,
594143E, 5516006N)
U
0,235
2,82
Pb/235U
206
e)
0,231
1340
0,229
1364,7+2,7/-1,4 Ma
Fit = 0,26
0,227
2,72
2,76
2,80
207
2,84
Pb/
2,88
235
U
0,245
0,235
f)
Granite porphyrique (rapakivi)
Suite plutonique de Lanctot (mPlct3)
(SNRC 22G11, éch. 09-AM-123,
UTM (nad 83), zone 19,
617242E, 5509494N)
g)
1380
0,225
1300
206
Pb/238U
1340
0,215
1260
1373+11/-7 Ma
0,205
2,35
2,45
2,65
2,55
207
2,75
2,85
2,95
Pb/ U
235
FIGURE 6 - Diagramme concordia des analyses et photographies des zircons pour les échantillons provenant : a et b) de la monzodiorite de la Suite
plutonique de Belinda; c à e) du granite porphyrique de la Suite plutonique de Bignell; f et g) du granite porphyrique et rapakivique de la Suite plutonique
de Lanctot.
24
Le granite porphyrique et rapakivique de la Suite plutonique de Lanctot (mPlct, échantillon C; figure 6f) a permis
de récupérer des zircons idiomorphes incolores regroupés
selon deux populations morphologiques (figure 6g). La
première population, la plus importante, est constituée de
cristaux prismatiques à section rectangulaire à terminaisons pyramidales à multifacettes. On y distingue quelques
spécimens de prisme plus allongé à section hexagonale. La
deuxième population est constituée de zircons de grande
taille ayant une portion prismatique relativement courte et
des terminaisons pyramidales simples. Une grande partie
de ces zircons sont mixtes et présentent un noyau central
généralement très fracturé. L’analyse de fragments détachés
des parois de zircon appartenant à la deuxième population
démontre qu’il s’agit de cristaux ayant des concentrations
élevées en uranium et des rapports Th/U faible de 0,1, ce
qui est habituellement plus caractéristique des zircons
d’origine métamorphique. Les résultats ont permis de
calculer des âges 207Pb/206Pb de 1016,2 ±1,1 Ma, 1025,6
±1,2 Ma et 1028,4 ±1,0 Ma. Il est difficile de trouver
une explication au fait que ces trois résultats ne soient pas
colinéaires. La meilleure interprétation qui peut être avancée
pour l’âge de cristallisation de ce type de zircon est établie
en calculant une droite de référence (régression linéaire)
en utilisant les deux résultats les plus anciens et 0 Ma. On
obtient ainsi un âge 1027,3 ±2 Ma interprété comme l’âge
d’un événement métamorphique grenvillien. Les résultats
analytiques obtenus à partir de cinq terminaisons ont livré
des âges 207Pb/206Pb qui varient entre 1288,8 ±1,2 Ma
et 1366,1 ±2,8 Ma. Ces résultats qui affichent des taux de
discordance variant entre 3,5 % et 0,6 % se dispersent sur
une droite qui longe la courbe concordia. Il est possible
de calculer une droite de régression pour l’ensemble des
points et en forçant l’intersection inférieure à l’âge de
cristallisation obtenu pour les zircons les plus jeunes. L’intersection supérieure ainsi obtenue est de 1373 +11/-7 Ma
et représente l’âge de cristallisation des zircons de la première population.
L’échantillon D (carte hors-texte) localise le leuconorite
de la SARP, daté par Machado et Martignole (1988) à 1354
±3 Ma (U/Pb sur zircon). Il s’agit de l’âge de mise en place
de la SARP.
GÉOLOGIE ÉCONOMIQUE
Introduction
Dans toute la région cartographiée, nous avons visité la
quasi-totalité des différents indices minéralisés connus et
avons mis au jour de nouveaux indices et cibles. La carte
hors-texte contient la liste et la localisation de tous les indices. De plus, plusieurs cibles représentant des secteurs et des
contextes anomaux ont été identifiées. Ces cibles sont décrites dans le PRO 2009-07 (MRNF, 2009). La région contient
surtout des indices et des cibles de nickel-cuivre (Ni-Cu,
Ni-Cu-Co et Ni-Cu-Co-Zn) et de minéralisations uranifères
(U-Th). Quelques indices d’argent (Ag) et de plomb-zincargent (Pb-Zn-Ag) ont été rencontrés ainsi que des minéralisations d’or-cuivre-zinc (Au-Cu-Zn). Les indices de
fer-titane (Fe-Ti) et de fer-titane-phosphore (Fe-Ti ± P)
sont beaucoup moins nombreux que ceux observés dans
le secteur ouest de la région cartographiée (SNRC 22F,
Moukhsil et al., 2009b). De plus, plusieurs sites d’intérêt
connus pour la pierre architecturale et d’autres sites offrant
un certain potentiel pour les minéraux industriels (quartz
(silice) et sillimanite) ont été répertoriés. Les caractéristiques des différentes minéralisations formant les indices
sont présentées sur les fiches de gîtes (MRNF, 2003). Le
lecteur peut les consulter dans la base de données SIGÉOM
à partir de la page Web Produits et service en ligne –
Mines, du MRNF à l’adresse suivante : http://www.mrnf.
gouv.qc.ca/produits-services/mines.jsp. À partir de cette
page, ouvrir le produit E-Sigeom à la carte, puis la section
Gîte qui vous donne accès aux différents outils d’interrogation sur nos bases de données : Gisement métallique,
Gisement non métallique et Matériaux de construction et
pierres industrielles.
Minéralisations de Ni-Cu
Les minéralisations de Ni-Cu constituent un type assez
commun pour la région. Quelques indices connus sont répartis dans la portion nord de la Suite anorthositique de RivièrePentecôte (SARP). L’indice Coudon (no 2, carte hors-texte)
représente bien ce type de minéralisation. La roche hôte est
constituée d’anorthosite et de leuconorite avec de minces
niveaux de pyroxénite, comparativement aux indices Bloc
Boudrias (no 3 et no 4, carte hors-texte) où la roche hôte est
du gabbro. Dans tous ces cas, la minéralisation est finement
disséminée à semi-massive, composée essentiellement de
pyrrhotite avec des quantités variables de chalcopyrite et
de pyrite. Des traces de bravoïte (< 1 %), provenant probablement d’une altération supergène de la pentlandite,
sont aussi observées dans la pyrrhotite, ce qui explique
les teneurs en nickel dans la roche. Les teneurs obtenues,
sur des échantillons choisis, vont jusqu’à 0,24 % Cu et
0,2 % Ni. Les sulfures sont intergrains et se moulent aux
silicates donnant parfois des formes subarrondies comme des
textures magmatiques. Par contre, la minéralisation présente
des signes évidents de remobilisation. Les évidences de
cette dernière sont la présence de fines veinules de sulfures,
leur alignement dans le plan de la foliation ainsi que leurs
microtextures comme la pyrrhotite qui entoure et remplace
la pyrite. Aussi, lorsque nous recalculons les teneurs de Ni
et Cu à 100 % pour les sulfures selon la méthode de Naldrett
(1981), afin de comparer des teneurs de différents indices
ayant des contenus variables en sulfures et en métaux de
base, nous obtenons, par exemple pour l’indice Coudon,
des teneurs avoisinantes ou égales à 1 % en Ni et en Cu.
Ces teneurs signifient un faible enrichissement en métaux
de base.
25
Minéralisations de Ni-Cu-Co
Minéralisations d’Ag
La région contient aussi plusieurs indices connus de
Ni-Cu-Co. Le secteur des indices B-20, Coro et Vachon
(no 6 à no 13, carte hors-texte) est un exemple de ce type
de minéralisation (Clark, 1998 et 2000) présente dans la
bordure nord de la SARP. Les sulfures sont disséminés à
semi-massifs et sont contenus dans des niveaux mafiques à
ultramafiques. La pyrrhotite est dominante avec des traces de
pyrite et de chalcopyrite. Les cibles de ce type de minéralisation rencontrées sur le terrain présentent des assemblages
minéralogiques semblables. Trois nouvelles cibles avec des
minéralisations en Ni-Cu-Co ont été identifiées, soit la cible
Lac Corail (MRNF, 2009), localisée au sud d’un secteur déjà
connu pour des minéralisations en Ni-Cu. La roche hôte
de cette cible est constituée de gabbronorite appartenant à
la Suite de Louis et la minéralisation (photo 8, en annexe)
consiste en sulfures finement disséminés comme des gouttelettes ou en petites lentilles millimétriques. Les sulfures,
2 à 5 %, sont constitués principalement de pyrrhotite altérée
avec de fines inclusions de chalcopyrite et de pyrite. Les
deux autres sites anomaux de Ni-Cu-Co, la cible Bob et
l’indice Kangou (MRNF, 2009), sont localisées à l’intérieur
de la Suite anorthositique de Vallant. La roche hôte de ces
sites est une anorthosite et contient des niveaux de leuconorite avec des sulfures finement disséminés, atteignant 2 %
à Kangou (no 14, carte hors-texte). La pyrrhotite constitue
la phase sulfurée dominante avec des quantités moindres
en chalcopyrite et pyrite. On observe aussi la présence de
grains de bravoïte dans la pyrrhotite. Les teneurs en Ni et
en Cu recalculées à 100 % donnent environ 1,5 % Ni et
2 % Cu pour la cible Lac Corail et 0,5 % Ni et 0,5 % Cu
pour la cible Bob. Dans le cas de l’indice Kangou (photo 9,
en annexe), nous ne pouvons effectuer la normalisation à
100 % sulfures, car le contenu en soufre de l’échantillon
est trop faible pour un résultat fiable (Kangou = 0,7 % S).
Pour le secteur des indices B-20 et Coro, les teneurs en Ni
et en Cu recalculées à 100 % sulfures varient de 1 à 3 %
pour chacun de ces éléments.
Des minéralisations d’argent (Ag) sont connues (fiche
de gîte, MRNF 1980), dont l’indice Mistex (no 17, carte
hors-texte). Les sulfures sont très fins, finement disséminés
et concentrés dans de minces veines et veinules, associées
aux pegmatites et aux paragneiss du Complexe de Bourdon,
dans une zone de déformation intense. Peu de travaux ont
été effectués sur cet indice, présentant une teneur de 7,5 g/t Ag,
et la minéralisation serait de type épigénétique.
Minéralisations de Ni-Cu-Co-Zn
Des minéralisations de nickel-cuivre-cobalt-zinc (Ni-CuCo-Zn), dont les indices Lac St-Pierre (no 15 et no 16, carte
hors-texte), sont présentes dans le secteur au sud-ouest de
la Suite anorthositique de Rivière-Pentecôte dans la Suite
plutonique de Lanctot. Les sulfures, constitués surtout de
pyrite et de pyrrhotite, sont disséminés et associés avec de
la magnétite. Cette minéralisation dans les roches mafiques
est fortement remobilisée et des zones de cisaillement sont
observées. Les teneurs jusqu’à 0,62 % Cu, 0,58 % Ni, 0,13 %
Co et 0,44 % Zn proviennent des travaux statutaires. Aucune
analyse géochimique supplémentaire n’a été effectuée pour
ces sites.
Minéralisations de Pb-Zn-Ag
La cible Lac Nord-Ouest (no 18, carte hors-texte) est composée de minéralisation de plomb-zinc-argent (Pb-Zn-Ag)
correspondant à de petits amas de sulfures (1 à 3 mm)
dans des veines de carbonate, constituées essentiellement
de calcite, de 10 à 40 cm de largeur dans des paragneiss
mylonitisés du Complexe de Bourdon. Les teneurs que nous
avons obtenues dans un échantillon choisi (2009AM0002C)
ont donné 14,1 % Pb, 2,7 % Zn et 3 g/t Ag. Cette minéralisation de galène-sphalérite dans les veines de carbonates est
probablement associée à une phase de percolation tardive
d’âge paléozoïque, quand la plate-forme du Saint-Laurent
couvrait cette partie du Grenville.
Minéralisations d’Au-Cu-Zn
Deux nouvelles cibles avec des minéralisations en
Au-Cu-Zn ont été découvertes sur le terrain (MRNF, 2009).
La cible Bruno, connue auparavant pour son faible contenu
en zinc (Zn) (fiche de gîte, MRNF, 2003), est constituée de
sulfures dans une roche mafique à ultramafique, sous forme
de dyke boudiné contenu à l’intérieur d’une monzodiorite de
la Suite plutonique de Belinda. Dans cette cible, les opaques
(photo 10, en annexe) varient de 5 à 40 % et sont disséminés
à semi-massifs, formant parfois des petites bandes millimétriques. Les sulfures sont dominants et sont accompagnés
de moins de 5 % d’oxydes de fer. La pyrrhotite constitue
la phase sulfurée majeure, avec des traces de pyrite, de
chalcopyrite et de sphalérite. Des teneurs de 430 ppb Au,
822 ppm Cu et 306 ppm Zn ont été obtenues. La cible Marius
sud (MRNF, 2009) correspond à une anomalie aurifère obtenue lors d’un levé de sédiments de fond de lac. Le secteur
immédiat est constitué de roche granitique hématitisée de la
Suite plutonique de Bignell. Nous avons identifié, en lame
mince, des traces (< 1 %) de grains de sulfures (pyrite), mais
les résultats géochimiques obtenus sur quelques échantillons
ne peuvent corroborer cette anomalie.
Minéralisations de Fe-Ti ± P
Un indice connu pour le Fe-Ti ± P (no 19, carte hors-texte)
est localisé dans le secteur sud-ouest de la SARP. Cet indice
du nom de Rivière Pentecôte est connu pour ses teneurs
anomales en Fe-Ti, soit 5,7 % à 11,6 % TiO2 et 8,2 % à
26
51,6 % Fe (fiche de gîte, MRNF 1980). Les minéralisations
Fe-Ti ± P se trouvent dans des gabbronorites et des leuconorites ferrifères parfois associés aux anorthosites. La cible
Fabi (MRNF, 2009) est localisée dans un gabbronorite très
magnétique de la Suite de Louis. Les minéraux mafiques
représentent 40 à 50 % de la roche et sont constitués surtout
de hornblende et de biotite avec des reliques de pyroxène.
Les plagioclases, formant près de 50 % de la roche, sont
à texture granoblastique. Les oxydes de fer et titane (10 à
15 %) forment des petits amas irréguliers, millimétriques
à décimétriques et semi-massifs à massifs, constitués
d’ilménite et de magnétite. Les teneurs obtenues pour cette
cible sont 14,6 % Fe2O3, 3,15 % TiO2 et 2 % P2O5. Ces
teneurs ne dépassent pas les seuils pour définir un indice.
Par contre, en lame mince, l’ilménite ne semble pas avoir
d’exsolution d’hématite, ce qui en fait une cible intéressante
de type OAGN ( Oxydes-Apatite-Gabbronorite, acronyme
proposé par Dymeck et Owens, 2001).
Minéralisations d’U-Th
Un vaste secteur immédiatement au nord de Godbout et
d’autres sites ponctuels ont été identifiés comme porteurs
de minéralisations uranifères (U-Th). Cette minéralisation,
comme celle présente dans l’ouest (SNRC 22F), est associée à des zones de migmatitisation ou à des pegmatites de
teinte blanche à rosée. Les teneurs en uranium obtenues sont
faibles, mais présentent des signaux anomaux. Ces roches
contiennent des zones ou des amas centimétriques enrichis
en minéraux mafiques, de sorte que les migmatites dégagent
une radioactivité variant entre 500 et plus de 10 000 cps (cps =
comptes par seconde, au scintillomètre de type RS 125). Au
microscope électronique à balayage (MEB), les minéraux
radioactifs identifiés dans les pegmatites blanches sont la
monazite, l’allanite, l’uranothorite et l’uranophane.
Les indices connus de minéralisations d’U-Th sont les
sites no 20 au no 25 sur la carte hors-texte. Ces minéralisations sont associées à des dykes de pegmatite centimétriques
à décimétriques de composition granitique et de teinte blanc
rosé. Ces dykes minéralisés peuvent être discordants ou
concordants au grain structural régional.
L’indice Anomalie G13L1 (no 22, carte hors-texte), aussi
connu sous le nom de J05, contient de fines fractures millimétriques de teinte crème dans la pegmatite rose, à grain
moyen à grenu. La minéralisation uranifère est contenue
dans des grains de monazite et d’uranophane (photo 11,
en annexe). Des teneurs de plus de 0,4 % U3O8 (0,3 % U)
et 0,10 % ThO2 (0,09 % Th) (fiche de gîte, MRNF 1980)
étaient connues pour cet indice, et d’autres analyses récentes
ont donné des teneurs de 1,35 % U et de 0,13 % Th dans
des échantillons (prospecteurs, communication personnelle avec remise de certificat d’analyse); ceci représente
donc une zone à potentiel intéressant. Dans le secteur de
l’indice Ashini (no 24, carte hors-texte), nous avons obtenu
des teneurs de 690 ppm (0,07 %) U et 371 ppm Th pour un
échantillon choisi (photo 12, en annexe). Des teneurs jusqu’à
0,22 % U ont été obtenues lors de campagnes d’exploration
(site Internet de Ressources Appalaches), et cette zone anomale s’étend sur plus de 20 km. L’indice Franquelin (no 25,
carte hors-texte) présente des lectures jusqu’à 14 700 cps
(scintillomètre de type RS 125), l’analyse d’un échantillon
choisi a donné 0,12 % U et 0,024 % Th dans un dyke de
pegmatite blanche d’environ 30 cm d’épaisseur injecté dans
des paragneiss du Complexe de Bourdon.
Durant les travaux de terrain, des cibles de minéralisations
uranifères ont été rencontrées (MRNF, 2009). La cible uranifère Jonas est constituée d’une veine de pegmatite de près de
1 m d’épaisseur et a donné jusqu’à 2025 cps (scintillomètre
de type RS 125). L’analyse chimique a donné des teneurs
faibles, mais anomales, soit 207 ppm U et 99 ppm Th. Des
grains d’allanite et de monazite ont été observés en lame
mince. Des travaux supplémentaires seraient nécessaires afin
de qualifier plus précisément les phases minérales.
Pierre architecturale et matériaux
de construction
Plusieurs sites connus présentant un potentiel intéressant
pour la pierre architecturale sont décrits dans les travaux
antérieurs (Nantel et Martignole, 1991; Bellemare, 1995).
Le site Carrière Nordique (no 40, carte hors-texte) est connu
mondialement pour sa pierre architecturale sous le nom
commercial de Noir Nordique. Il s’agit d’une anorthosite
de teinte noir foncé à grain moyen avec des microfractures blanchâtres donnant ainsi une texture de marbre (nom
commercial) à la roche. Des cibles offrant un potentiel
intéressant pour la pierre architecturale ont été identifiées
durant la campagne de terrain, soit les cibles Nasser sud
(mangérite brunâtre), Lanctot (granite porphyrique rosâtre)
et Rivière Franquelin (mangérite verdâtre) (MRNF, 2009).
Voir la fiche de gîte ainsi que la page promotionnelle sur le
site Internet du MRNF à l’adresse suivante (http://www.
mrnf.gouv.qc.ca/produits-services/mines.jsp.) pour plus
d’informations sur ces sites.
Minéraux industriels
Les minéraux industriels dans la région sont principalement importants pour l’apatite, le quartz (silice), la sillimanite et le grenat. Le secteur de l’indice Marie-H (no 29, carte
hors-texte) est considéré pour le quartzite (unité mPbou2),
avec des bandes massives de près de 50 m d’épaisseur, et se
poursuivant sur plus de 300 m de longueur. Des teneurs de
98,8 % SiO2, 0,20 % Al2O3 et 0,36 % Fe2O3 ont été obtenues
sur un échantillon choisi. Une étude ou un échantillonnage
plus approfondi permettrait de relever et de définir des zones
probablement plus riches en SiO2 et contenant moins d’impuretés. Les sites des cibles de l’Avion, Dan et Wellie (no 30
au no 32, carte hors-texte) représentent des zones potentielles
pour la sillimanite. Un examen visuel de ces paragneiss à
sillimanite nous permet d’évaluer la quantité modale de sillimanite entre 20 et 35 %, avec jusqu’à 15 % de grenat. Ces
27
niveaux de paragneiss sont une cible intéressante comme
source de sillimanite à des fins industrielles; toutefois, une
étude plus approfondie est nécessaire pour déterminer la
qualité et le volume disponible pour une exploitation de ces
deux sites. D’autres niveaux centimétriques à décimétriques
de paragneiss contenant de la sillimanite ont été observés
ici et là dans toute la région cartographiée.
DISCUSSION ET CONCLUSION
Ce rapport présente les résultats des travaux de cartographie réalisés à l’été 2009 dans le feuillet SNRC 22G, partie
Côte-Nord (SNRC 22G05, 22G06 et 22G11 à 22G15), dans
la Province de Grenville. Ce projet a permis d’acquérir de
nouvelles connaissances géoscientifiques et de confirmer
le prolongement de certaines unités de l’ouest vers l’est :
1) le Complexe de Bourdon; 2) le Complexe de BaieComeau; 3) la Suite anorthositique de Vallant; 4) la Suite
plutonique de Varin; et 5) la Suite de Louis. Ces travaux
ont aussi permis de reconnaître de nouvelles unités :
1) la Suite plutonique de Belinda; 2) la Suite plutonique
de Bignell; 3) la Suite plutonique de Pointe-des-Monts; et
4) la Suite de La ligne. Par contre, la Suite plutonique de
Lanctot et la Suite anorthositique de Rivière-Pentecôte ont
déjà été cartographiées en partie par Nantel et Martignole
(1991), qui les avaient regroupées sous le nom de Complexe
anorthositique de Rivière-Pentecôte. Pour nous, les deux
suites font partie d’une suite de type AMCG (anorthositemangérite-charnockite-granite).
Plusieurs événements géologiques se sont succédé dans
la région sous étude (SNRC 22G). La figure 7 présente le
résumé des événements géologiques de la région étudiée et
ceux de la région de Baie-Comeau (SNRC 22F; Moukhsil
et al., 2009). Le premier événement magmatique II (>1500
Ma) a été mis en évidence par Dickin et Higgins (1992) à
l’aide d’âges modèles Sm/Nd obtenus le long du segment
Baie-Comeau–Manic-5 et entre Franquelin et Baie-Trinité.
Ces auteurs ont mis en évidence la présence d’une croûte
d’âge labradorienne (environ 1650 Ma) et le développement d’un arc magmatique juvénile autour de 1500 Ma.
L’événement magmatique III (1520 à 1460 Ma) n’est pas
établi dans notre région. Il est cependant bien documenté
dans le Grenville oriental où il correspond à une activité
plutonique qui consiste en la mise en place de granite et
correspond au développement d’un arc magmatique juvénile d’âge pinwarien (Gower et Krogh, 2002; Perreault et
Heaman, 2003; Gobeil et al., 2003; Wodicka et al., 2003).
Par contre, le troisième événement, IIII (1460 à 1350 Ma),
reconnu à l’ouest, est bien présent; il se situe surtout vers
la fin de ce qu’il est convenu d’appeler l’Elsonien précoce
(1460 à 1350 Ma; Gower et Krogh, 2002). Il se caractérise
par la mise en place des suites plutoniques de Belinda et
de Bignell ainsi que de la Suite anorthositique de RivièrePentecôte et son enveloppe, la Suite plutonique de Lanctot
(suite AMCG). La région semble sans activité magmatique
sur environ 200 Ma. Cette dernière a recommencé avec
l’événement IVI qui se caractérise par la mise en place de la
Suite anorthositique de Vallant, suivie 47 millions d’années
plus tard par le Complexe de Baie-Comeau. Cet événement
magmatique correspond à la période nommée Adirondien
et se caractérise ailleurs dans la Province de Grenville par
la mise en place de plusieurs suites anorthositiques de type
AMCG, par exemple les anorthosites de l’Adirondack dans
la région de New York (Buddington 1972), de Morin dans
la région de Mont-Laurier (Martignole, 1974), de HavreSaint-Pierre (Gobeil et al., 2003), et de la Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean (Higgins et van Breemen, 1996,
Moukhsil et al., 2009b). L’événement IVII, bien documenté
à l’ouest de notre région dans le feuillet 22F, se poursuit
dans l’est avec la mise en place de la Suite plutonique de
Varin. Cet événement correspond à la période orogénique
grenvillienne qui dans notre région n’a pas vu de mise en
place d’intrusion anorthositique. Bien que non datée, non
déformée, et apparemment injectée dans les autres roches,
la Suite plutonique de Pointe-des-Monts fait partie de cet
événement. Par contre, la Suite de La ligne (riche en K)
ressemble aux intrusions tardives de l’est de Grenville décrit
par Gower et al. (1991), datées à environ 1070 à 960 Ma,
et serait considérée tardigrenvillienne.
Les seules roches métasédimentaires reconnues dans notre
région sont celles du Complexe de Bourdon dont l’âge de
1491 Ma (David et al., 2010b, Moukhsil et al., 2009b) a
été établi dans un quartzite. Il constitue le seul événement
sédimentaire dans la région cartographiée. Cet âge de sédimentation s’inscrit donc dans la même période que celle
attribuée au Groupe de Montauban (1,45 Ga, Nadeau et van
Breemen, 1994). Il correspond également à une période bien
connue dans la partie orientale de la Province de Grenville,
soit le Pinwarien (1,5 à 1,4 Ga; Rivers, 1997).
Trois phases de déformation ont été documentées sur le
terrain (D1 à D3). La déformation D1 est responsable du
développement de l’ancienne gneissosité (G1) et/ou foliation
(S1). Cette dernière est presque effacée par la transposition
et les déformations successives. Elle est sauvegardée dans
quelques affleurements de paragneiss (Complexe de Bourdon)
qui montrent une orientation NW-SE à WNW-ESE et un
pendage abrupt. La déformation D2 est associée à une
foliation (S2) ou gneissosité (G2) qui donnent l’empreinte
structurale (grain structural) de la région; leur orientation
principale est NE-SW et leur pendage est moyen à abrupt.
Ces structures sont interprétées comme grenvilliennes (1100
à 980 Ma). La déformation D3 semble surtout responsable
des structures d’orientation N-S. Elle est aussi associée à
plusieurs zones de cisaillement tardi- à post-grenvillien
(<980 Ma) d’orientation variable.
Les événements métamorphiques (M1 à M4) n’ont pas
été documentés, car aucun zircon d’origine métamorphique
ni de monazite n’ont été analysés dans le cadre de ce projet.
Néanmoins, nous savons que la région a subi plusieurs types
28
22F
Post-grenvillien
950
D3
M4
950
Tardi à postgrenvillien
Suite de La ligne (? Ma)
Événement
Grenvillien
1050
M3
Formation
de Lac en
Dentelle
1000
D2
22G
Troctolite de Betchie (1002 Ma)
Massif anorthositique alcalin de Labrieville
(1010 - 1008 Ma)
Suite de Louis (< 1060 Ma)
Mangérites d’Alcantara-Dion (1022 Ma, de
Farmer (1018 Ma) et de Sabot (1017 Ma)
Suite de Miquelon (1047 Ma)
Suite plutonique de Varin (1057-1007 Ma) et Suite
plutonique de Pointe-des-Monts (? Ma)
Anorthosite de Vanel (1080-1061 Ma)
Complexe de Baie-Comeau (1101 Ma)
1100
Événement Adirondien
1150
Événement
1250
Elsonien tardif
1300
Événement
Elsonien moyen
D1
Événement
1400
Elsonien précoce
1200
Mangérite de Joncas (1247 Ma)
Pinwarien
1500
1550
Wakamien
1250
1300
Suite plutonique mafique de De La Blache (1327 Ma)
Complexe gneissique de Cap à l’Est (1391 Ma)
Complexe de Hulot (1434 Ma, 1375 Ma, 1372 Ma)
1350
Suite anorthositique de Rivière-Pentecôte(1354 Ma)
Suite plutonique de Bignell (1364,7 Ma)
Suite plutonique de Belinda (1365,7 Ma)
Suite plutonique de Lanctot (1373 Ma)
1400
Complexe de Bourdon (<1548 Ma, paragneiss
migmatitisé et 1491 Ma, quartzite)
1450
Événement
1100
1150
1350
M1
1050
Suite anorthositique de Vallant (1148 Ma)
Suite anorthositique de Lac-Saint-Jean
(1160-1140 Ma)
1200
Elzévirien
M2
1000
Monzonite quartzifère (fenêtre pinwarienne;
Gneiss tonalitique (fenêtre pinwarienne;
1491 Ma)
1495 Ma)
1450
1500
1550
Arc magmatique juvénile de Dickin et Higgins, 1992
(>1500 Ma âges modèles Sm/Nd)
1600
1600
1650
Labradorien
1650
1700
1700
Événement
?
?
Pré-labradorien
1750
1750
FIGURE 7 - Résumé des événements géologiques de la région étudiée (secteur ouest du SNRC 22G) et ceux de la région de Baie-Comeau (SNRC 22F;
Moukhsil et al., 2009b). Les divisions des âges sont celles utilisées par Gower et Krogh (2002). Voir le texte pour les âges en millions d’années (Ma).
29
de métamorphisme (granulite et amphibolite) durant les
temps géologiques qui se sont succédés dans la région.
Du point de vue géochimique, la plupart des roches
felsiques de la région coïncident surtout avec le domaine
intraplaque correspondant à des granites anorogéniques.
C’est le cas des suites plutoniques de Belinda et de Bignell,
datées respectivement à 1365 et 1364 Ma. Ceci suggère qu’à
cette époque la région a été affectée par des événements tectoniques d’extension en milieu intraplaque. D’autres auteurs
(par ex. Corrigan et Hanmer, 1997) suggèrent un contexte
de compression orogénique pour la mise en place des suites
anorthositques et des roches associées (type AMCG) ailleurs
dans le Grenville.
D’un point de vue économique, la région recèle un potentiel minéral varié et non négligeable. Des minéralisations
syngénétiques (Ni-Cu, Fe-Ti ± P) et épigénétiques (veines
de carbonate à galène ± sphalérite) y sont reconnues. De
plus, compte tenu de leur accessibilité, des sites pour la
pierre architecturale ainsi que pour les minéraux industriels
(quartzite, sillimanite, grenat) y font bonne figure.
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en 2006-2007. Ministère des Ressources naturelles et de la
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DAVID, J. – MOUKHSIL, A. – GOBEIL. A. – SAPPIN, A.A. –
DION, C., 2010a – Datations U-Pb effectuées dans la Province
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Clark, coordonnateurs). Ministère des Ressources naturelles,
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31
ANNEXE 1 – Photographies
PHOTO 1 - Migmatite d’origine sédimentaire avec des structures rubanées
et plissées. Notez les lits de teinte claire (mobilisat/leucosome) et sombre
(restite/mélanosome). Complexe de Bourdon (mPbou1). Affleurement
2009-AM-286.
PHOTO 2 - Charnockite porphyrique à feldspath potassique et à quartz
bleu (QZ) avec des textures rapakivi. Notez la présence d’un feldspath
potassique (FK) de forme ronde (orbicule) ceinturé comme les autres
cristaux par une mince bordure de plagioclase blanchâtre. Suite plutonique
de Lanctot (mPlct2). Affleurement 2009-AM-240.
PHOTO 3 - Monzodiorite à enclaves mafiques déformées et étirées (E).
Suite plutonique de Belinda (mPbda). Affleurement 2009-PL-2225.
PHOTO 4 - Essaims d’enclaves mafiques (E) dans la monzodiorite. Suite
plutonique de Belinda (mPbda). Affleurement 2009-PL-2224.
PHOTO 5 - Charnockite fortement déformée (structure en L). Notez l’alignement et l’étirement des minéraux ferromagnésiens (L). Suite plutonique
de Bignell (mPbil). Affleurement 2009-AM-172.
PHOTO 6 - Structure planaire primaire dans une anorthosite. Notez
l’alignement des bâtonnets de plagioclase (PG) montrant un fluage magmatique. Suite anorthositique de Rivière-Pentecôte (mPpen4). Affleurement
2009-AM-114.
32
ANNEXE 1 – Photographies (suite et fin).
PHOTO 7 - Anorthosite et leuconorite déformées dans la zone de chevauchement qui borde le contact oriental de la Suite anorthositique de Vallant
(mPval). Le crayon marqueur indique la direction et le plongement de la
linéation minérale dans le plan XZ. Affleurement 2009-AM-285.
PHOTO 8 - Cible Lac Corail : photomicrographie des sulfures constitués
principalement de pyrrhotite (PO), partiellement altérée avec des traces
de pyrite (PY) et de chalcopyrite (CP). De la magnétite (MG) est aussi
présente. Affleurement 09-AM-44, lumière réfléchie.
PY
PHOTO 9 - Indice Kangou : photomicrographie montrant la texture des
sulfures. Ils sont constitués surtout de pyrrhotite (PO) avec des traces de
pyrite (PY) et de chalcopyrite (CP). Affleurement 09-PL-2164, lumière
réfléchie.
PHOTO 10 - Cible Bruno : photomicrographie de la minéralisation constituée surtout de pyrrhotite (PO) avec des traces de pyrite (PY) dans une
matrice de silicates à texture granoblastique. Affleurement 2009-PL-2225,
lumière réfléchie.
PHOTO 11 - Indice G13L1 : photomicrographie au microscope électronique à balayage (MEB) montrant de fines fissures remplies de matériel
blanchâtre et constitué d’uranophane (UP), dont l’identification a été
confirmée par diffractométrie des rayons-X.
PHOTO 12 - Indice Ashini : pegmatite uranifère de teinte rose blanchâtre
contenant des enclaves déformées de paragneiss. Affleurement 09-PL-2173.
33
Résumé
La région cartographiée est localisée à l’est de Baie-Comeau,
sur la Côte-Nord. Le projet constitue la continuité d’un programme
d’acquisition de données géoscientifiques dans la partie centrale de
la Province de Grenville. Ce levé géologique couvre les feuillets
SNRC 22G05, 22G06, 22G11, 22G12, 22G13, 22G14 et 22G15.
Plusieurs lithodèmes d’âge mésoprotérozoïque, constitués
de roches métasédimentaires et intrusives (mafiques à felsiques)
ont été définis dans la région. On observe, du plus ancien au plus
jeune : le Complexe de Bourdon (paragneiss, quartzite, migmatites, roches calco-silicatées et pegmatites), la Suite plutonique de
Lanctot (granite, charnockite, monzonite quartzifère, mangérite),
la Suite plutonique de Belinda (monzodiorite, monzonite quartzifère, mangérite), la Suite plutonique de Bignell (granite, charnockite, monzonite, mangérite), la Suite anorthositique de RivièrePentecôte (SARP; anorthosite, leuconorite, leucotroctolite), la
Suite anorthositique de Vallant (SAVA; anorthosite, leuconorite,
leucotroctolite, troctolite), le Complexe de Baie-Comeau (gneiss
tonalitiques, granitiques et granulitiques), la Suite plutonique de
Varin (granite, monzonite quartzifère, mangérite, charnockite), la
Suite de Louis (gabbro, gabbronorite, pyroxénite), la Suite plutonique de Pointe-des-Monts (mangérite, monzonite) et la Suite de
La ligne (syénite, monzonite, granite). Des dykes de diabase d’âge
grenvillien et éocambrien, ainsi que de rares affleurements de dolomie
d’âge ordovicien, sont également observés dans la région.
Plus de 200 analyses géochimiques ont été réalisées dans
le cadre de ce projet. Ces analyses lithogéochimiques ont révélé
que les roches felsiques et intermédiaires se sont mises en place
dans des environnements d’arc volcanique et/ou intraplaque. La
géochimie des roches métasédimentaires du Complexe de Bourdon
laisse présager que les sédiments ont une origine proximale et
qu’ils proviennent de l’érosion de roches ignées felsiques. Les
deux suites anorthositiques se distinguent d’un point de vue
géochimique et appartiendraient à deux suites de type AMCG
(anorthosite-mangérite-charnockite-granite).
La déformation régionale est représentée par une gneissosité
et une forte foliation pénétrative, avec une orientation générale
NE-SW et un pendage modéré à abrupt. Ces fabriques planaires
portent des linéations à composante pendage. On observe plusieurs
zones de faille et de cisaillement, dont certaines sont associées à
d’importantes structures impliquant, par exemple, un chevauchement vers le NE de la Suite anorthositique de Vallant.
Les résultats géochronologiques obtenus dans la région de
Baie-Comeau (SNRC 22F) ont permis de documenter un total de
sept événements ignés, alors que seulement quatre de ces événements (1007 à 1500 Ma) sont reconnus dans la région cartographiée
(SNRC 22G). La zone de métasédiments du Complexe de Bourdon
documentée dans la région de Baie-Comeau se prolonge dans la
région cartographiée. Ces derniers constituent un événement sédimentaire (<1492 Ma) commun à l’ouest et à l’est de Baie-Comeau.
Les événements ignés les plus documentés sont matérialisés
par un magmatisme anorogénique associé à la mise en place de
deux suites AMCG. La première suite s’est mise en place entre
1350 et 1364 Ma (SARP) et la deuxième, entre 1140 et 1160 Ma
(SAVA). Comme dans la région de Baie-Comeau et ailleurs dans la
Province de Grenville, l’orogenèse grenvillienne, qui s’étale de
1100 à 980 Ma, est marquée par la mise en place de suites plutoniques felsiques à mafiques. Bien que le métamorphisme régional
varie du faciès supérieur des amphibolites à celui des granulites
dans la région, les événements métamorphiques ne sont pas définis
par datation géochronologique.
Plusieurs types de minéralisations ont été rencontrés dans la
région : 1) les minéralisations de Ni-Cu dans les roches ignées
mafiques à ultramafiques; 2) les minéralisations de Ni-Cu-Co dans
les roches ignées mafiques à ultramafiques associées aux anorthosites; 3) les minéralisations de Ni-Cu-Co-Zn dans des gabbros,
4) les minéralisations d’Ag épigénétiques; 5) les minéralisations
de Pb-Zn-Ag épigénétiques; 6) les minéralisations d’Au-Cu-Zn;
7) les minéralisations de Fe-Ti ± P dans les gabbronorites; et
8) les minéralisations d’U-Th dans les pegmatites et les migmatites. Plusieurs sites d’intérêt sont connus pour la pierre architecturale et de nouvelles cibles ont aussi été observées. Finalement,
quelques sites pour les minéraux industriels comme le quartzite,
la sillimanite et le grenat, ont été identifiés.
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