1208 MASSACRE CONTRE LES ALBIGEOIS Les Albigeois, ainsi que les Vaudois, les protestants et tant d’autres hérétiques qui furent persécutés, n’avaient d’autre tort que d’avoir des opinions à part sur les doctrines du christianisme ; ces paisibles citoyens étaient attachés à leur chef, Raymond VI, comte de Toulouse. Cette croisade athée commença en 1206. Le pape Innocent III, Saint Dominique, Raymond comte de Toulouse, Simon comte de Montfort, furent les principaux personnages de cet épisode de notre histoire. Simon de Montfort était à la tête de cette ligue. C’était un homme ambitieux, vaillant, réglé dans ses mœurs, ayant comme tous les hommes à part, commandement sur la fortune. Cette guerre ou plutôt cette tuerie, vit naître l’inquisition. On jetait les femmes dans les puits, on égorgeait sans merci. Béziers fut emporté d’assaut par les massacreurs de la croisade : « Là, dit un chroniqueur, se fit le plus grand massacre qui se fut jamais fait dans le monde entier, car on n’épargna ni vieux ni jeunes ; pas même les enfants qui tétaient ; on les tuait et faisait mourir. Voyant cela, ceux de la ville se retirèrent, ceux qui le purent, tant hommes que femmes, dans la grande Eglise de Saint-Nazaire. Les prêtres de cette église devaient faire tinter les cloches quand tout le monde serait mort ; mais il n’y eut son de cloche, car ni prêtre, vêtu de ses habits, ni clerc ne resta en vie. » Toulouse dont toutes les maisons étaient fortifiées et dont les bourgeois se défendirent de rue en rue, fut prise et reprise, inondée de sang, à moitié brûlée. Le principal motif de cette croisade que l’on couvrait du manteau de la religion, était de dépouiller le comte de Toulouse de ses états. Dupont, Etienne. Les prisons du Mont-Saint-Michel, 1425-1864. 1913./Gallica-BNF 1208 MASSACRE CONTRE LES ALBIGEOIS Outre le prétexte des Albigeois, on avait eu encore celui de la mort d’un moine de Cîteaux, nommé Pierre Castelnau, l’un des légats du pape en France. Ce moine avait été tué dans une querelle par un inconnu ; aussitôt on avait accusé le comte de Toulouse de ce meurtre, sans en avoir la preuve. Le pape avait donné au premier occupant les états du comte de Toulouse, l’un des descendants de Charlemagne. Celui-ci dû céder au pape sept châteaux qu’il avait en Provence. Puis s’étant rendu à Vienne, il fut mené nu en chemise devant la porte de l’Eglise : et là il fut battu de verges comme un vil scélérat et fit amende honorable. Longtemps après, les ossements du vieux Raymond, comte de Toulouse, qui ne furent jamais inhumés, se montraient dans un coffre tout profanés et à moitié mangés des rats, chez des frères hospitaliers de SaintJean-de-Toulouse. Les Albigeois furent persécutés à plusieurs reprises, mais jamais avec la même fureur que lors de cette horrible croisade dont, le pape Innocent III fut l’âme et Simon comte de Monfort, le chef. Dupont, Etienne. Les prisons du Mont-Saint-Michel, 1425-1864. 1913./Gallica-BNF