L'image de l'Islam dans « Une si longue Lettre » de Mariama Bâ Cheikhou Diouf ∗ Abstract This article shows that polygamy is one of the most controversial moslem institutions. Islam authorises it when it becomes a social necessity. But when men go too far, Islam has no mechanism as to its regulation, as was the case in Egypt in 1926. The banning of marriages between moslem women and Jews or a Christians has nothing to do with the Koran ; it is the outcome of various interpretations : 1- The self-centred interpretations of the Koran by a number of people. 2- The confusion between clergymen (Jews and Christians) and atheists who under no circumstances are allowed to marry a moslem woman, and vice versa. 3- Sociocultural prejudices. This analysis of the concept of death in Une si longue lettre shows the way Islam is affected by African beliefs among African moslems. Sacrifies are in keeping with African traditions. Prayers, words, and mourning clothes are Koraninspired. But ancestral traditions and customs are never far away. N'étant pas spécialiste de la littérature africaine, notre analyse se fera sous l'angle de la civilisation islamique. Les thèmes abordés dans ce roman sont étroitement liés à l'Islam. Il s'agit notamment de l'éducation, de la polygamie et de la mort.. Dans son étude consacrée au roman « une si longue lettre » de Mariama Ba, Marie Gresillon affirme: "Le but du roman est de condamner la polygamie en particulier, pratique bien ancrée dans les mœurs, que personne ne songe à remettre en cause"1 Cette analyse montre que la polygamie est l’institution islamique la plus critiquée par les femmes intellectuelles. Telle qu'elle est souvent pratiquée, la polygamie semblerait profiter plus aux hommes. Elle devient plus complexe dans les pays musulmans comme le Sénégal, carrefour de rencontres et de brassage des cultures des civilisations: négro-africaine, arabo-islamique et occidentale. Cette complexité se manifeste clairement à travers la pensée de Mariama Bâ, dont l'œuvre a embrassé plusieurs domaines de la vie, en relation avec l'Islam. ∗ 1 Assistant, Université Gaston Berger de Saint-Louis. Marie, Gresillon, Une si longue lettre de Mariama Bâ Issy les Moulineaux les Classiques africaines, 1986, p. 12. 1 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org 1.Education L'auteur a reçu une éducation islamique de sa famille et de son entourage, où elle a été initiée à l'école coranique avant d'être formée à l'école occidentale. Cette initiation constitua un temps fort dans sa vie. Dès la première page du roman, elle évoque ses souvenirs de l'école coranique qui sont restés gravés dans sa mémoire " Nous, nous avons usé pagnes et sandales sur le chemin caillouteux de l'école coranique"2. Son éducation reflète une fidèle image de la tradition musulmane qui convie hommes et femmes à l'apprentissage du Coran. C'est ce qui, de tout temps, permit aux femmes de jouer un rôle important dans le développement social et culturel de la cité, depuis l’époque des compagnons du Prophète : Umar Ibn Al-Hattäb s'était fait aider lors de son Halïfa d'une femme parmi les "muhäjirät" ou immigrées quraysit qu'il a nommée contrôleur dans le marché de Médine. Il s'agit de Chifa Bint Abdalläh qui contrôlait les prix et prononçait des jugements en cas de litiges concernant les transactions. Au 2ème siècle de l'hégire, correspondant au 8ème de l'ère chrétienne, le mouvement scientifique islamique a commencé à se développer. Les femmes commencèrent à fréquenter les cercles des causeurs, des théologiens et des savants en religion avant de devenir des savantes et animatrices de cercles, certaines ont connu la célébrité dans les différents pays musulmans. L'une de ces célèbres femmes savantes était la servante de la mère du Calife Al Moqtadir, appelée Thomal. Elle s'est assise en 302 de l'hégire pour juger une affaire opposant deux (2) individus, en se faisant entourer des juges et des savants. Il y avait des divergences de vue entre les savants de l'Islam au sujet de l'exercice des fonctions de juge par une femme. L'Imam Attabarî, l'un des plus éminents exégètes du Coran à son époque, a admis qu'une femme peut être juge3 Outre la justice, les femmes musulmanes ont en tout temps exercé des fonctions dans tous les domaines de la vie sociale: enseignement, finance, médecine et même armée au besoin, à côté des hommes. Au Sénégal par contre, l'apprentissage des sciences islamiques est un domaine exclusivement réservé aux hommes, sauf dans des cas extrêmement rares, où quelques rares 2 3 Mariama Bâ : Un si longue lettre, Dakar : Nouvelles Editions Africaines, 1998, p. 7. Shwqi Dayf : L’universalité de l’Islam, l’Organisation islamique pour l’Education, Les Sciences et la culture (USESCO) 1980, pp 72-73. 2 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org femmes musulmanes sénégalaises dont la connaissance se limite uniquement à la récitation de quelques versets coraniques. En conséquence, certaines inégalités sociales dont les femmes sont victimes au Sénégal et dans certains pays musulmans sont inhérentes à l'ignorance et à une fausse interprétation des normes islamiques. Il va s'en dire que les mouvements féministes musulmans, dont l'objectif principal est bien sûr la promotion et la défense de la cause féminine, doivent s'armer d'une solide connaissance de l'Islam. Les femmes musulmanes critiquent ce qu’elles appellent " l'impérialisme masculin", dû à l'Islam, une religion à laquelle elles croient aveuglément, sans aucune connaissance. Par conséquent, elles confondent souvent la loi islamique avec les coutumes ancestrales. Cette confusion se manifeste dans toutes les pratiques sociales. 2.Mariage polygamique Avant l'Islam, la polygamie était une pratique sociale observée tant dans la société arabe que dans la société négro-africaine. Elle y était pratiquée sans aucune réglementation. Dans son ouvrage relatif au royaume de Ghana, Al-Bakrî écrit : Un étang-déversoir où poussent des plantes dont la racine est aphrodisiaque au plus haut point. Mais le roi en interdit l'usage, qu'il se réserve à lui seul. Il est vrai qu'il a quantité de femmes. Lorsqu'il veut aller les voir, il les avertit la veille et il prend ce médicament: de la sorte, il les visite toutes l'une après l'autre, sans ressentir la moindre fatigue. Un des rois voisins, musulman, lui fit un présent superbe, en lui demandant un peu de cette racine en échange, il ne reçut qu'un cadeau équivalent, avec une lettre ainsi conçue :" Il n'est permis aux musulmans d'épouser qu'un petit nombre de femmes. Si je t'envoyais la drogue que tu me demandes, je craindrais de te mettre dans un tel état que, ne pouvant te contenir, tu te livrerais à des excès réprouvés par ta religion. Mais je t'envoie une herbe : si tu es impuissant, elle te permettra d'être père4 Dans la polygamie traditionnelle, il n'y a aucune condition ni restriction pour le nombre des femmes qu'un homme peut épouser. En cela la loi musulmane paraît plus souple, plus raisonnable et plus en accord avec les besoins de la société. La narratrice qui a connu la 4 Vincent, Monteil : Al Bakrî, Cordoue 1068 Routiers de l’Afrique blanche et noire du Nord-Ouest, Dakar : IFAN. 1968,p. 69. 3 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org polygamie traditionnelle exprime son regret et son amertume." Je pleurais tous les jours. Dès lors, ma vie a changé. Je m'étais préparée à un partage équitable selon l'Islam, le domaine polygamique. Je n'eus rien entre les mains"5. On ne manquera pas de remarquer que la narratrice est l'une des rares romancières et féministes à avoir apprécié la polygamie en Islam, à sa juste valeur. Par cette appréciation, l'auteur fait la différence entre la polygamie en Islam et la polygamie traditionnelle dont elle dit : Je connais tous les pièges pour avoir fait ma propre expérience. Tu crois simple le problème polygamique. Ceux qui s'y meuvent connaissent des contraintes, des mensonges, des injustices qui alourdissent leusr consciences pour la joie éphémère d'un changement. Ces polygamie contraintes, mensonges et ces injustice qui caractérisent cette 6 Ce genre de mariage dont le motif principal est la joie éphémère d'un changement et du matérialisme, n'a rien de commun avec la polygamie en Islam citée plus haut que " la mosquée où a lieu ce mariage". Cette différence s'explique par les facteurs suivants. En Islam, le mariage est un contrat basé sur un consentement mutuel entre les deux parties contractantes. Ce qui n'est pas le cas pour le mariage de Binetou, la co-épouse de la narratrice. Sa mère qui veut tellement sortir de sa condition médiocre et qui regrette tant sa beauté fanée dans la fumée des feux de bois; qu'elle regarde avec envie tout ce que je porte: elle se plaint à longueur de journée. Sa fille Binetou, navrée, épouse son " vieux". Sa mère a tellement pleuré. Elle a supplié sa fille de lui " donner une fin heureuse, dans une vraie maison" que l'homme leur a promise. Alors, elle a cédé sous la pression de sa mère " en furie, qui hurle sa faim et sa soif de vivre et des promesses de l'homme en question : villa, pèlerinage à la Mecquee, voiture, rente mensuelle et bijoux. Devant cette situation, Binetou fut sacrifiée "comme beaucoup d'autres sur l'autel du "matériel"7 5 Maraima Bâ, op cit, p. 69. 6 Mariama Bâ ,op cit p. 36. 7 Idem Ibid p.55. 4 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org Son mariage polygamique est donc conclu sans aucun consentement de sa part. Alors qu'en Islam, l'échange des consentements est une condition sine qua non pour la validité du mariage. Tout consentement donné sous pression ou violence, entraîne la nullité du mariage. Donc le consentement doit être donné, conformément aux règles des valeurs morales et religieuses. Autrement dit, le mariage doit être "un acte de foi et d'amour, un don total de soi à l'être que l'on a choisi et qui vous a choisi »8. Tel n'est pas toujours le cas pour la plupart des mariages polygamiques conclus, sous le manteau de l'Islam, dont les recommandations ne sont toujours respectées que par une petite minorité d'hommes conscients de leur responsabilité et de leur autorité mentionnées dans le Coran, « Les hommes ont autorité sur les femmes en vertu de la préférence que Dieu a accordé à certains sur d'autres et en vertu des dépenses qu'ils font pour assurer leur subsistance »9 En vertu de ce verset, nous comprenons aisément que l'autorité de l’homme sur sa femme signifie que la responsabilité et toute la charge familiale reviennent au mari qui a l'obligation de subvenir à l'entretien de sa femme, quels que soient sa fortune et son rang social comme clairement expliqué dans la sourate II : « C’est au père de l’enfant qu’il incombe de nourrir et de vêtir la mère, conformément aux usages en vigueur.10 Pour la femme, Dieu a évoqué sa responsabilité en tant que mère : « Nous avons recommandé à l’Homme ( la bienfaisance envers) ses père et mère l’a porté ( pendant 9 mois subissant pour lui peine sur peine). Son sevrage a lieu à deux ans ; sois reconnaissant envers moi ainsi qu’envers les parents 11 . Si l’homme supporte les frais de la famille, l’épouse est responsable de la vie du foyer. Dans un hadîth, le prophète Mouhamed (PSL) explique ce partage de responsabilité entre les deux dans la famille : Ibn Oumar rapporte ces propos du Prophète (PSL) : « chacun de vous est un berger et chacun de vous est responsable de son troupeau. Le prince est un berger, l’homme est un berger pour les membres de sa famille. La femme est un berger dans le foyer de son époux et vis-à-vis de ses enfants. Chacun de vous est un berger et 8 Idem Ibid p 58. 9 Coran , Sourate IV, verset 34. 10 Coran Sopurate II, verset 2 33. 11 . Coran, Sourate XXI, verset 14. 5 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org chacun de vous est responsable de son troupeau »12. L’analyse de ces différents passages montre que les époux son égaux devant les droits, devoirs et les responsabilités familiales. A la page 85, Mariama Bâ dénonce l'irresponsabilité, l'inconscience de Tamsir, incapable de respecter les valeurs morales et les principes religieux, violant ainsi la loi fondamentale relative à la polygamie : Et tes femmes, Tamsir? Ton revenu ne couvre ni leurs besoins ni ceux de tes dizaines d'enfants. Pour te suppléer dans tes devoirs financiers, l'une des épouses fait des travaux de teinture. L'autre vend des fruits, la troisième inlassablement tourne la manivelle de sa machine à coudre. Toi, tu te prélasses en seigneur vénéré. Obéi au doigt et à l'oeil. Je ne serai jamais le complément de ta collection. Ma maison ne sera jamais pour toi convoitée: pas des charges supplémentaires; tous les jours, et je serai de tour13 L'auteur fait ici allusion au partage des nuits entre les épouses. En effet, le verset cité plus haut est d'une importance capitale. La notion de l'autorité dans le mariage musulman qui d'ailleurs pose souvent problème, fait l'objet de contestation de la part du mouvement féministe. L'autorité ou la prééminence est une responsabilité familiale qui n'est pas souvent assumée de la même manière par les hommes auxquels il incombe. L'autorité ou la prééminence de l'homme sur la femme s'explique par sa responsabilité au sein de la famille. Le mari a donc l'obligation de subvenir à l'entretien de sa femme. Il doit la nourrir, la loger l'habiller, s'occuper de sa santé et aussi de l'éducation de ses enfants. En conséquence, Tamsir qui fait que souffrir sa femme, n'a aucun droit à l'obéissance et à l'autorité sur sa femme. 3.Recommandations L'Islam autorise la polygamie, mais à condition que la femme soit consentante. Pour ce faire, il recommande l'équité : "Epousez deux, trois ou quatre parmi les femmes qui vous plaisent, mais si vous craignez de ne pas être équitable entre elles, alors épousez une seule. »14 . En vertu de ce verset, la narratrice avait eu donc toutes les raisons d'espérer : "Je m'étais préparée 12 13 14 An-Nawawî, Les Jardins de la piété, Alif Lyon 1999. p.238. Mariama Bâ op cit , p 85 Coran , Sourate IV, verset 3. 6 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org à un partage équitable selon l'Islam, dans le domaine polygamique, mais je n'en ai rien entre les mains"15. Contrairement à ce qu'on a l'habitude de dire, l'équité n'est pas une condition pour la conclusion du mariage polygamique. Il est écrit dans le Coran : " Vous ne pouvez jamais être équitables envers vos femmes même si vous en êtes soucieux. Ne vous penchez pas tout à fait vers l’une d’elles au point de laisser l’autre comme en suspens »16. C'est à dire dans une situation inconfortable qui ne serait ni celle d'une femme réellement mariée, ni celle d'une femme libre de choisir un époux. Le mari doit traiter ses femmes de la même manière, leur manifester le même égard, leur consacrer le même temps. En somme, il doit vivre la polygamie conformément à la loi. Victime de l'inconscience et de l'irresponsabilité, laissée en suspens et abandonnée avec ses enfants, la narratrice raconte son calvaire dans la vie polygamique : Le vide m'entourait. Et Modou me fuyait. Les tentatives amicales ou familiales, pour le ramener au bercail, furent vaines. Une voisine du nouveau couple m'explique que la " petite" entrait en transe, chaque fois que Modou prononçait mon nom ou manifestait le désir de voir ses enfants? Il ne vint jamais plus, son nouveau bonheur recouvrit petit à petit notre souvenir. Il nous oublia17. La situation est presque identique dans plusieurs familles polygamiques. La plupart des femmes sont souvent abandonnées au profit d'une plus jeune co-épouse surtout en milieu urbain comme le confirme ce passage: "J'avais entendu trop de détresses, pour ne pas comprendre la mienne. Ton cas, Aïssatou, le cas de bien d'autres femmes, méprisées, reléguées ou échangées, dont on s'est séparé comme d'un boubou usé ou démodé"18. En outre, à côté de ces femmes abandonnées et oubliées qui vivent en détresse, il y a d'autres familles polygames où règnent la tranquillité, la paix, la cohésion et le bonheur. Cette contradiction s'explique par la multiplicité des véritables causes des maux dont souffrent les femmes dans les mariages polygamiques. En effet, la loi islamique autorise 15 Mariama Bâ op cit p. 24. 16 Coran, Sourate IV , verset 129. 17 Mariama Bâ op cit ,p 69. 18 Mariama Bâ op cit , p. 62. la polygamie mais à condition que la femme elle-même soit 7 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org d'accord et consente à ce genre de mariage. Nous avons expliqué qu'on ne peut pas obliger une femme à contracter mariage sans son consentement.. Mais si la deuxième, la troisième ou la quatrième accepte d'être une co-épouse, dans ce cas, ce n'est vraiment pas à la loi islamique qu'il faut s'en prendre : Quant à la première femme, la polygamie dépend d'elle, lors de son mariage, elle peut faire figurer dans le contrat que son mari restera monogame, cette clause sera aussi valable qu'aux yeux de la loi islamique que n'importe quelle autre clause d'un contrat légal. Si donc une femme ignore ou ne veut pas se servir de ce droit, cc n'est pas à la législation islamique de l'y obliger19. En tant que facteur social, l'Islam ne s'oppose pas à l'interdiction de la polygamie ni à sa limitation à deux, à trois ou à quatre femmes si la communauté en décide ainsi. Mais au Sénégal, son interdiction ou sa limitation mérite une réflexion, car d'autres maux pourraient en découler, pour la société ou pour les femmes : Je pense à Jacqline, qui en fut atteint. Jacqline cette Ivoirienne qui avait désobéi à ses parents protestants pour épouser Samba Diack. En regagnant le Sénégal , elle atterrissait dans un monde différent de réactions, tempéraments et mentalité de celui où elle avait évolué. De plus, les parents de son mari-toujours les parents- la boudaient d’autant plus qu’elle ne voulait pas embrasser la religion musulmane et elle allait tous les dimanches au Temple Protestant.20 Dans ce passage, l’auteur a touché du doigt un problème social d’actualité au Sénégal. Il s’agit du mariage entre musulmans et les non musulmans en Islam. Cette question d’une importance capitale mérite d’être abordée avec réalisme et objectivité. Pour ce faire il faut nécessairement l’analyser à la lumière du Coran. En Islam, les non musulmans se classent en deux (2) catégories : 1-Ahl-Alkitâb : gens du Livre (Juifs et Chrétiens). 2- Al-Musrikûn (Associateurs) ou Kuffâr ( Mécréants). Pour les premiers, ils ont un statut spécial en Islam. Par conséquent, le Coran a permis aux Musulmans d’épouser leurs femmes : « Vous sont permises (d’épouser) les femmes chastes parmi les croyants et les femmes chastes parmi ceux qui ont reçu le Livre avant vous (Juifs et 19 La femme musulmane. Ses droits et ses devoirs, Kuwait : : Scientific research House t 1985,p.13. 20 Mriama Bâ op cit p. 64. 8 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org Chrétiens) si vous leur donnez leur dot »21. En effet, si le Coran a permis au Musulman d’épouser une juive ou une chrétienne, il n’a pas dit si une musulmane peut épouser un juif ou un chrétien. Ce silence a été interprété comme interdiction mais en réalité il n’y a pas d’interdiction divine. Quant aux mécréants ou associateurs, leur mariage avec les musulmans est formellement interdit : « N’épousez pas les femmes associatrices tant qu’elles n’auraient pas la foi. Et ne donnez pas d’épouses aux associateurs tant qu’ils n’auront pas la foi » Coran, Sourate II, verset 221). Au sujet des femmes qui s’étaient exilées à Médine, le Coran précise : « Si vous savez qu’elles sont croyantes, ne les rendez pas alors aux mécréants. Ni elles ne leur sont permises (comme épouses), ni eux ne leur permis (comme époux) Coran Sourate LX verset 10). A la lumière de ces versets, il est clair qu’en aucun cas le mariage entre musulman et mécréant ne peut être permis. A ce sujet, le docteur Youcef Quaraddhaoui écrit : Bien qu’accusant les gens du Livre (Juifs et Chrétiens) de mécréants et d’errance, l’Islam a permis au musulman que les femmes des gens du Livre, tout en gardant sa propre religion d’être son épouse, la maîtresse de sa maison, sa source de tranquillité et la joie et la mère de ses enfants. Selon l’auteur, L’Islam a uniquement permis au musulman d’épouser une juive ou une chrétienne, mais il n’a jamais permis à la musulmane d’épouser un juif ou un chrétien. Car dit-il- l’homme est le maître de la maison. C’est celui qui veille aux intérêts de la femme et qui en est responsable. Cette interdiction jouit du consensus de tous les musulmans. Le principe de base en cela est qu’il doit absolument respecter la croyance de sa femme afin d’assurer la sincérité de leur rapport22 En effet, une analyse objective de ce texte confirme que l’interdiction faite à une musulmane d’épouser un juif ou un chrétien n’est pas une interdiction divine. Mais elle a pour origine : 1-L’interprétation personnelle du silence du Coran sur la question. 2-La confusion faite entre les gens du Livre ( Juif et Chrétien) et les mécréants ou associateurs. 3- Préjugé socioculturel. A cet égard, le comportement de Samba Diack est révélateur: 21 Coran, Sourate V, verset 5. 22 Docteur Youcef Quaradhaui: Le Licite et l’Illicte en Islam. Okad Paris ,1990, pp156-157. 9 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org Son mari qui revenait de loin, passait ses loisir à pourchasser les sénégalaises "fine", et ne prenait pas la peine de cacher ses aventures, ne respectait ni sa femme ni ses enfants. Son absence de précautions mettait sous les yeux de Jacqueline les preuves irréfutables de son inconduite: mots d'amour, talons de chèques portant les noms des bénéficiaires, factures de restaurants et de chambre d'hôtel. Jacqueline pleurait, Samba Diack "noçait". Jacqueline maigrissait. Samba Diack "noçait" toujours"23 La situation de Jacqueline s'explique par l'irresponsabilité de certains pères de familles dont les épouses sont victimes. Ce comportement est donc un problème de société et de mentalité. Par ailleurs, l'analyse de l'ensemble de ces mariages contractés révèle que la polygamie s'explique par plusieurs facteurs. 1- Le désir de changement : il est l’un des principaux motifs de la polygamie. Pour expliquer les raisons, le professeur Dilian Van Loom des Etats Unis écrit : L’expérience et les lois psychiques ont prouvé que les hommes et les femmes après une période de leur vie conjugale, n’ont plus attrait l’un pour l’autre, c’est pour cela qu’ils sont victimes de déviation sexuelle. Une étude a montré que 65,3 % des hommes mariés trompent leurs femmes en Occident24. Par ailleurs, quand on se limite uniquement à l’aspect sexuel du mariage, on peut penser que la polygamie en Islam est une loi antiféministe qui favorise l’homme en lui permettant d’épouser jusqu’à quatre femmes. Mais, il est important de signaler que cette opinion n’est pas partagée même en Europe, où les valeurs chrétiennes sont encore respectées. Le célèbre philosophe allemand Arthur Schopenhaner, dans son ouvrage sur les femmes, écrit : Chez un peuple où la polygamie est légale, il y a beaucoup de chance que la majorité des femmes possèdent un mari et un enfant, c’est-à-dire que leurs exigences psychiques et instinctives soient satisfaites. Mais en Europe où l’Eglise nous l’interdit, les femmes mariées sont plus nombreuses. Mais combien de femmes et de filles ont dû souffrir amèrement de l’absence de maris et d’enfants et combien d’entre elles, sont sous la 23 Mariama Bâ op cit , p 64. 24 Cf. Seyyed Mojtaba Moussavi Lâri: L’Islam et la civilisation Occidentale. Teheran : centre de la diffusion des connaissances islamique , 1993, p..232. 10 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org pression des instincts sexuels et d’autre obligation, ont dû se souiller25 Outre la satisfaction psychique et instinctive, la polygamie assure à la majorité des femmes l’équilibre social. En effet, l’analyse du verset 129 de la sourate IX cité plus haut, révèle que la polygamie en Islam a pour objectif principal d’assurer la protection sociale et de répondre aux exigences naturelles et légitimes de la majorité des femmes. Et si une femme accepte de partager sa vie conjugale avec une ou plusieurs autres femmes, c’est parce qu’elle préfère la polygamie à la solitude. Est-il raisonnable de l’obliger à mourir dans la solitude ?. Pourquoi donc les hommes qui ont les moyens financiers et capables d’établir la justice entre leurs femmes, n’auraient-il pas le droit d’épouser des pauvres femmes afin de leur assurer la protection sociale, d’améliorer leurs conditions de vie et de préserver la société de la dépravation des mœurs ?. L’expérience a montré que la femme est la cause principale de la prostitution dans le monde. A cet effet, le docteur Gustave Lebon écrit : Aucune coutume orientale n’a été aussi mal présentée en Europe que la polygamie et les opinions n’y ont jamais été aussi erronées. Je suis étonné et ne vois pas en quoi la polygamie légitime orientale est-elle inférieure à la polygamie hypocrite à l’occidentale. Je pense même que la polygamie légitime est plus convenable26. 2- Par rapport à la pression familiale et l'attachement à la tradition et aux coutumes ancestrales l’auteur d’Une si longue lettre écrit à ce sujet: un beau jour, Tante Nabou convoqua Mawdo et lui dit: " Mon frère Farba t'a donné la petite Nabou comme femme pour me remercier de la façon digne dont je l'ai élevée. Si tu ne la gardes pas comme épouse, je ne m'en relèverai jamais. La honte tue plus vite que la maladie". C'est pour ne pas voir sa mère mourir de honte et de chagrin que Mawdo était décidé à se rendre au rendez- vous de la nuit nuptiale. Devant cette mère , pétrie de morale ancienne, brûlée intérieurement par les féroces lois antiques, que pouvait Mawdo?. Tous les deux jours, il se rendait, la nuit, chez sa mère, voir l'autre épouse, pour que sa mère "ne meure pas", pour accomplir un devoir27. 25 Seyyed Moujtaba Moussavi Lâri op cit p. 242. 26 Cf. Seyyed Mojtaba Moussavi Lâri op ct p. 243. 27 Mariama Bâ op cit p. 48. 11 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org . 3- Pour se fondre aux exigences sociales et économiques, nous l'avons vu plus haut., Binetou, la co-épouse de la narratrice à été sacrifiée par sa mère. Certes, il y a des femmes qui sont victimes de l'injustice, mais il y a d'autres pour qui, la polygamie est un moyen de promotion sociale ou un moyen pour le maintien de la structure familiale. Ce sont ces facteurs sociaux qui expliquent en partie, le maintien de la polygamie dans notre société, malgré les critiques accentuées des mouvements féministes. Donc, il s'avère que la continuité de la polygamie dépend en partie de la volonté et des intérêts moraux et sociaux de la femme. Comme nous l'avons vu, tout mariage contracté sans le consentement de la femme, ne peut pas être valable aux yeux de l'Islam. En résumé, la valeur normative du verset 3 de la sourate IV cité plus haut, montre que la polygamie en Islam est permise lorsqu’elle devient un besoin ou une demande sociale. Mais quand les hommes en abusent, la communauté en question a la liberté et le plein droit de l’interdire ou de la réglementer pour préserver l’équilibre et la tranquillité dans la famille et dans l’intérêt de tous, comme ce fut le cas en Egypte depuis 1926. 4.La mort Dans la pensée négro-musulmane, la conception de la mort est l'un des concepts les plus complexes, les plus compliqués et les plus difficiles à définir. Les actions sacrificielles sont inspirées de la pure tradition africaine, les prières et les paroles rituelles sont de l'Islam et le port du deuil s'opère dans le temps conformément aux recommandations du Coran, mais dans le respect strict de la tradition et des coutumes ancestrales : Ils sont là, compagnons de jeux de son enfance, autour du ballon rond ou à la chasse aux oiseaux, avec les lance-pierres. Ils sont là compagnons d'études. Ils sont là compagnons des luttes syndicales. les "Siguil unigalé" (présentation des condoléances) se succèdent, poignants, tandis que des amis experts distribuent à l'aisance biscuits, bonbons, colas judicieusement mêlés, premières offrandes vers les cieux pour le repos de l'âme du disparu"28 28 Mariama Bâ op cit p. 12. 12 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org Cette offrande dont on a oublié aujourd'hui les origines n'a rien d'islamique. Les objectifs visés par ces offrandes montrent ses origines africaines où le sacrifice est l'unique moyen qui permet aux vivants de communiquer avec les morts et de les satisfaire. Comme le veut la tradition africaine, l'offrande est souvent composée des galettes fabriquées à base de mil, de riz ou tout autre céréale distribuées de préférence aux enfants le jour du décès, car " Ils sont sans faute rituelle à cause de leur âge et porteurs d'énergies vitales en croissances, leur médiation a le plus de chance d'aboutir29". Le troisième jour, la lecture du Coran; paroles divines, recommandations célestes, impressionnantes promesses de châtiment ou de délice, exhortations au bien, mise en garde contre le mal, exaltation de l'humilité, de la foi. Des frissons me parcourent. Mes larmes coulent et ma voix s'ajoute faiblement aux " Amen" fervents qui mobilisent l'ardeur de la foule, à la chute de chaque verset30. Même si la lecture du Coran en de pareils moments est une tradition bien islamique, son utilité ne fait pas l'unanimité chez les ulémas, car pour certains, l'objectif de la révélation du Coran est uniquement pour expliquer aux fidèles le message de Dieu : " Nous avons fait descendre le Coran pour que tu expliques clairement aux gens ce qu'on a fait descendre pour eux afin qu'ils réfléchissent31 . Si l'utilité de la lecture du Coran ne fait pas l'unanimité, son impact psychologique ne fait aucun doute sur les vivants, et c'est l'essentiel pour la famille du défunt. Ce moment de prière et de recueillement a une autre signification qu’explique la narratrice : Chez les femmes, que de bruit : rires sonores, paroles hautes, tapes des mains, stridentes exclamation. Des amies, qui ne s'étaient vues depuis longtemps, s'étrennent bruyamment. Les unes parlent du dernier tissu paru sur le marché. D'autres indiquent la provenance de leurs pagnes tissés. On se transmet les derniers points. Et l'on s'esclaffe et l'on roule les yeux et l'on admire le boubou de sa voisine, sa façon originale de noircir ses mains et ses pieds au henné, en y traçant des figures géométriques Elle en sera de même, hélas, pour les huitième et quarantième jours. L'on nous dit dans le 29 Henry Gravran : La Civilisation Seer, Dakar : Les Nouvelles Editions Africaines 1990, p. 267. 30 Mariama Bâ op cit ,p. 14. 31 Coran, Sourate XXI, verset 44. 13 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org Coran que le troisième jour, le mort enfle et remplit la tombe et pourtant l'on nous dit que le huitième jour, il éclate et l'on nous dit que le quarantième jour il est démantelé! Que signifie donc ces festins joyeux, établis en institution, qui accompagnent les prières pour la clémence de Dieu?32 Avant d'analyser la signification de ces cérémonies, il faudrait tout d'abord signaler qu'aucune d'elles n'existe dans le Coran, ni celle du troisième jour, ni celle du huitième jour encore moins celle du quarantième jour, mais le fait qu'elles soient faussement attribuées au Coran montre qu'elles pourraient être d'origine arabe préislamique païenne. Donc, l'origine de ces pratiques suppose une double hypothèse: soit une origine arabe païenne préislamique qui nous est parvenue par l'intermédiaire de l'Islam, soit une origine africaine, étant donné que Comme dans toutes les religions révélées, l’âme ne meurt pas. Dans la pensée africaine aussi, H. Gravran explique : Privé du souffle vital, le défunt quitte son enveloppe charnelle pour commencer un voyage dans le monde invisible. Voyage parsemé de difficultés: dans cette démarche, il n'est pas abandonné à son sort. Il est accompagné par son groupe, familial et social. Ainsi, le cheminement du défunt se déroule en même temps à deux niveaux, sur terre et dans l'au-delà. A chacune des étapes de la métamorphose du défunt, correspond, dans le milieu qu'il a quitté, une série d'actions symboliques, imposées par une tradition millénaire. Elle vise à faciliter le processus de transformation du défunt de la condition de mort à celle d'ancêtre. Toute négligence dans ce domaine l'empêcherait de parvenir à la condition de paix et d'harmonie de la cité des ancêtres. 33 L'objectif visé par le sacrifice du premier jour du décès, les cérémonies du troisième, du huitième et du quarantième jours, montrent clairement que la signification de la mort chez les Négro-musulmans ouest-africains, n'a pas évolué. Elle reste toujours ce qu’elle était dans la pesnsée africaine, avant l’avènement de l’Islam. Il en est de même du port du deuil. A cet effet, l’auteur rapporte : Pendant que les hommes conduisent Modou à sa demeure, nos belle-sœurs nous décoiffent. Nous sommes installées, ma co-épouse et moi sur une natte occasionnelle faite d’un pagne tendu au dessus de nos têtes pendant que nos belles-soeurs oeuvrent, 32 Mariama Bâ op cit , pp 14 et 17. 33 Henry Gravran op cit p, 253. 14 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org les femmes présentent, prévenues de l’opération, se lèvent et jettent sur la toiture mouvante des pièces pour conjurer le mauvais sort. Pièces et billets continuent à tomber sur le van solliciteur. Je vis seule dans une monotonie que ne coupe que les bains purificateurs et le changement de vêtement de deuil, tous les lundis et vendredis. Les murs qui limitent mon horizon pendant quatre mois et dix jours ne me gênent guère.34 Nous sommes en présence de pratiques rituelles purement ancestrales qui n'ont de l'Islam que le délai de quatre mois et dix jours. Le deuil en Islam ne couvre que cette période d'attente de quatre mois et dix jours pour permettre de savoir si la veuve n'est pas enceinte de son défunt mari, comme l’enseigne du reste la révélation coranique :" Ceux des vôtres que la mort frappe et qui laissent des épouses, celles-ci doivent observer une période de quatre mois et dix jours. S'il s’agit d'une femme dont le mari est décédé alors qu'elle est en état de grossesse, sa période d'attente se limitera à l'accouchement, à en croire la révélation coranique encore une fois : « Et quant à celles qui sont enceintes, leur période d'attente se terminera à leur accouchement ».35 . Il s'avère donc que ces pratiques rituelles qui se déroulent durant le deuil musulman, ne sont que des pratiques africaines dont on a oublié l'origine. Ce qui, encore une fois, montre que l'Islam négro-africain se caractérise par la symbiose des pratiques islamiques et des pratiques africaines. L’analyse de ce roman confirme la thèse de J. Freolich selon laquelle : La masse africaine possède une faculté d’adaptation à nulle autre semblable. Le Noir adopte avec volontiers les croyances ou les idéologies étrangères mais en les 34 35 Mariama Bâ op ct, p. 11 Coran, Sourate CXVI, verset 4. 15 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org transformant profondément selon sa philosophie, sa mentalité propre et sa conception du monde36. En effet, cette remarque illustre la richesse de notre société qui repose sur trois grandes civilisations : négro-africaine, arabo-islamique et occidentale et révèle les origines et la particularité de l’Islam noir, différent de l’islam arabe, asiatique et méditerranéen. C’est en somme un islam repensé et négrifié par l’influence des croyances ancestrales. Conclusion Cette étude montre que la polygamie est l’une des institutions musulmanes la plus contestée et la plus critiquée par les mouvements féministes. L’Islam a autorisé la polygamie lorsqu’elle devient un besoin ou une demande sociale. Mais quand les hommes en abusent, l’Islam ne s’oppose pas à son interdiction ou à sa réglementation comme ce fut le cas en Egypte depuis 1926. Quant à l’interdiction faite à une musulmane d’épouser un Juif ou un Chrétien n’est nullement une interdiction Coranique, elle a pour origine : 1-l’interprétation personnelle du silence du Coran sur la question. 2- La confusion faite entre les gens du Livre ( Juif et Chrétien ) et le mécréant ou athé qui, en aucun cas, ne peut contracter un mariage avec une musulmane et réciproquement. 3- Préjugé socioculturel. Par ailleurs, l’analyse du concept de la mort dans le roman révèle l’influence mutuelle entre l’Islam et les croyances africaines chez les Négro-musulmans. Les actions sacrificielles sont inspirées de la pure tradition. ion africaine, les prières et les paroles rituelles sont de l’Islam et le port du deuil s’opère conformément aux recommandations du Coran, mais dans le respect strict de la tradition et des coutumes ancestrales. 36 Freolich . le Musulman d’Afrique Noire. Paris :L’Oriant, 1962,p.11. 16 © 2003 Tous droits réservés. http://www.critaoi.org Bibliographie Anne Barbara. Ischinger : Rearch in African LiteratureBerinrh Lindfor, 1983. Bâ, Mariama. Une si Longue LettreLes Nouvelles Editions Africaines du Sénégal, Dakar : 1998. Djâbir, :Abubakar .Minhâdj Al-Muslim Aslima, Paris : 1986. Dayf, Shawqî : l’Universalité de l’IslamL’Organisation Islamique pour les sciences et la culture ISESCO) Raba 1998. Faye, Louis Diène. Mort et Naissance ( le monde Sereer)Nouvelles Editions Africaines Dakar : 1983. Gravrand, Henry : La Civilisation Sereer ( Pangool) Les Nouvelles Editions Africaines, Dakar : 1990. 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