été 2009 Belgique - België P.P. - P.B. B - 018 N° 28 Autorisation de fermeture B/018 Trimestriel (printemps, été, automne, hiver) – Expéditeur : CHU de Liège – Editeur responsable : Pol Louis, av. de l’Hôpital B35, 4000 Liège – Bureau de dépôt : Liège X – Agrément n° P801120 Bulletin d’information des médecins du Centre Hospitalier Universitaire de Liège Les missions du Comité d’éthique La diététique au chevet des patients Recherche biomédicale : la preuve par trois > page 7 > page 12 page 2 chuchotis > page 8 page 3 chuchotis Vue bucolique du site de N.-D. des Bruyères éditorial En bref Le mois de juillet est là, les beaux jours chauds et 7 6 L’actualité du CHU de Liège en un coup d’œil : les progrès du plan stratégique, les nouveautés médicales, les campagnes de sensibilisation et quelques autres nouvelles de l’hôpital et de la Faculté de médecine. Who’s who N° 28 éTé 2009 2 sommaire ensoleillés sont revenus. Avec la fin des examens, la fin des « délibés » et la proclamation des résultats, un vent de liberté souffle à nouveau tant pour les étudiants que pour leurs professeurs. Ouf ! Encore une année de finie… Et au diable les perspectives économiques peu favorables. La morosité, ce sera pour la mi-septembre… D’ici là, profitons des trop courts moments de loi- Le Dr Jean-Luc Nizet prend la tête du service de chirurgie plastique et maxillofaciale. sirs, de plaisirs. Actualité A sa lecture, vous verrez que le CHU de Liège a en- En participant à la lutte contre la dénutrition et en adaptant les menus à l’évolution des connaissances scientifiques, la diététique hospitalière joue un rôle croissant au chevet des patients. dit volontiers aujourd’hui, visant à l’excellence, tout J’espère que CHUchotis vous accompagnera dans ces moments de détente. core plein d’idée et de projets. Il « trace », comme on en étant conscient que le chemin est encore long, parsemé d’embuches organisationnelles et économiques. Dossier Le Comité d’éthique 12 Etudes cliniques sur des médicaments ou des dispositifs médicaux, fins de vie, procréation médicalement assistée, transplantation d’organes... autant de thèmes éthiques au cœur de la pratique hospitalière quotidienne. Quelles sont les missions dévolues au Comité d’éthique hospitalo-facultaire universitaire de Liège ? d’éthique. Vous vous rendrez compte qu’entre l’analyse des 300 protocoles d’études cliniques qui lui sont annuellement soumis et les problèmes éthiques qu’il aborde, il n’a pas le loisir de chômer. Au fait, dès cette année, CHUchotis devient trimestriel pour mieux coller à l’actualité. Bonnes vacances, bonne lecture. Pr. Christian Bouffioux directeur médical directeur de la rédaction Recherche Laurence de Leval a reçu, début mai, le Prix de la recherche clinique du Fonds Inbev-Baillet Latour. C’est la troisième fois en trois ans qu’un médecin liégeois remporte ce prix qui consacre l’excel­ lence de la recherche biomédicale. Bulletin d’information des médecins du Centre Hospitalier Universitaire de Liège éditeur responsable : P. Louis, Administrateur délégué du CHU (04 366 70 00), av. de l'Hôpital 13 bât. B35 - 4000 Liège - Directeur de la rédaction : Pr. C. Bouffioux Conseil éditorial : A. Bodson, C. Bouffioux, J.P. Delporte, Q. Désiron, V. D’Orio, C. Faidherbe, D. Giet, J.M. Krzesinski, M. Lamy, P. Louis, M. Malaise, G. Pierard Coordination, rédaction et réalisation : A. Pironet ([email protected], 0479 87 30 87) - Conception graphique : R. Gray - Photos : C. Ernotte et M. Mathys (CHU), J.-M. Clajot, couverture : Claude Cortier/Belpress.com, p.4 : Tilt/ULg http://www.chuliege.be page 1 chuchotis 8 Le dossier de cet été traite des missions du Comité EN BREF Coup d’œil sur l’actualité L’hélicoptère trois fois plus rapide En 2008, le SMUR héliporté de Bra-sur-Lienne a pris en charge 973 patients, essentiellement pour des pathologies cardiaques, des traumatismes et des troubles neurologiques. Une convention de recherche, signée pour la sixième année consécutive entre le Ministère de la Santé publique et le CHU de Liège, a établi que grâce à la rapidité d’intervention de l’hélicoptère, les habitants de cette région rurale aux confins des provinces de Liège et de Luxembourg, pauvre en plateaux médico-techniques, bénéficient de la même qualité de prise en charge que les habitants des grandes villes. Dans la grande majorité des cas, les patients souffrant d’un infarctus aigu arrivent sur la table de coronarographie moins d’une heure après l’appel (environ deux fois plus vite que par la route), un gain de temps vital pour prévenir les complications. De manière générale, la prise en charge médicale des patients est trois fois plus rapide lorsque les acteurs de l’aide médicale urgente font appel à l’intervention de l’hélicoptère plutôt qu’à celle d’un SMUR terrestre. du CHU Voyage en 3D au cœur des cellules Que se passe-t-il au cœur de nos cellules lorsque les rayons du soleil frappent notre peau ? Quels sont les effets délétères des ultra­violets ? C’est à la découverte en images – et en trois dimensions – des mécanismes de la cancérogenèse cutanée que nous convie le film élaboré par un groupe interuniversitaire belge de dermatologues piloté par le Pr. Gérald Pierard, chef du service de dermatopathologie du CHU de Liège. Une version scientifique de la vidéo est présentée dans tous les centres universitaires belges à destination des médecins, des chercheurs et des étudiants. Une version « grand public » a également été réalisée dans le but de promouvoir le diagnostic précoce des cancers cutanés et l’adoption d’un comportement adéquat face au soleil. page 2 chuchotis Les laboratoires du CHU deviennent Un nouveau projet arrive à maturation dans le cadre du plan COS, le plan stratégique du CHU de Liège. Il s’agit du regroupement des laboratoires au sein d’une structure commune, baptisée Unilab-Lg. Ce projet, piloté par le Pr. Jacques Boniver, concerne 250 personnes réparties entre sept services : chimie médicale, toxicologie, hématologie, microbiologie, génétique, anatomie pathologique et dermatopathologie. Un nouveau système de gouvernance, caractérisé par la centralisation de certaines responsabilités et la mise en place de secteurs communs, est progressivement instauré. Destiné à améliorer à tous niveaux le fonctionnement des laboratoires, Unilab-Lg a pour vocation de créer un pôle de référence médico-technique au service des cliniciens et des patients. Pour les trois premières années, c’est le Pr. André Gothot qui assurera la présidence de son Conseil de gouvernance. Ce film peut être visualisé sur le site www.rmlg.ulg.ac.be. A lire : G.E. Pierard, « Voir les cancers cutanés en 3D et survivre », Revue médicale de Liège, 2009 ; 64: 4: 187-191. EN BREF Le service de médecine dentaire localisé au Sart Tilman (Pr. Eric Rompen) vient d’être réaménagé de manière à optimiser la distribution des produits et du matériel communs aux différents cabinets dentaires, tout en préservant la qualité de l’accueil des patients dans des cabinets fermés. Construit dans cette optique, l’espace central tout en transparence favorise non seulement la gestion des stocks, mais également le travail des assistantes dentaires. Urgences : nouvel accueil Des travaux sont en cours dans le service des urgences du Sart Tilman pour agrandir l’espace d’accueil et d’orientation des patients. Cet aménagement est la suite logique du « tri infirmier » instauré voici déjà plusieurs années à la satisfaction générale : à leur arrivée aux urgences, les patients sont accueillis par du personnel paramédical spécialement formé pour définir l’état de gravité approprié, grâce à l’utilisation d’un arbre décisionnel propre au CHU. Cette procédure objective et précise, qui s’appuie sur la collecte de plusieurs paramètres et sur l’analyse des symptômes fonctionnels, améliore la rapidité et la qualité de la prise en charge des patients, des « ordres permanents » autorisant d’emblée l’administration de certains traitements (analgésiques, par exemple). Les nouveaux locaux offriront aux patients et aux membres du personnel la confidentialité et l’intimité nécessaires à ce nouveau fonctionnement de la zone d’accueil. L’alternative de la valvuloplastie aortique Depuis quelques mois, le centre de cardiologie interventionnelle (Pr. Victor Legrand) développe une technique expérimentale très prometteuse, la valvuloplastie aortique, en collaboration étroite avec les chirurgiens cardiovasculaires, les radiologues vasculaires et les anesthésistes-réanimateurs. Permettant le remplacement d’une valve cardiaque par voie percutanée, cette technique mise au point aux USA est une alternative à la chirurgie traditionnelle pour les patients inopérables. Les excellents résultats liégeois ont d’ores et déjà mené à la décision d’aménager cet automne une salle mixte médicochirurgicale consacrée à cette nouvelle expertise. Synthèse 2009 Cette année encore, c’est la recherche translationnelle qui sera mise à l’honneur lors de la journée médico-scientifique « Synthèse 2009 » organisée par le Conseil médical du CHU de Liège le samedi 10 octobre. Les exposés, présentés par des cliniciens et des chercheurs de la maison, couvriront trois thématiques : les pathologies oncologiques, inflammatoires et neurologiques. Concept récent situé à l’intersection de la recherche fondamentale et de la recherche clinique, la recherche translationnelle vise à accélérer la traduction au bénéfice des malades des découvertes engrangées en recherche fondamentale. Aux amphithéâtres Bacq & Florkin (site du Sart Tilman), le 10 octobre dès 8h30. Informations et inscription (gratuite) : [email protected], 04 366 72 44. Télévie Diverses manifestations organisées dans le cadre du Télévie par le personnel de l’Université et du CHU de Liège (petit déjeuner, tournoi des trois raquettes, concert, etc.) ont permis de récolter la somme de 70 100 € pour financer la recherche contre la leucémie et d’autres formes de cancer. page 3 chuchotis Réorganisation de la dentisterie EN BREF Coup d’œil sur l’actualité du CHU Gaudeamus Les médecins du CHU de Liège souhaitent la bienvenue à leurs 90 consœurs et confrères fraîchement diplômés de la Faculté de médecine de l’ULg. Lors de la cérémonie de proclamation, le samedi 27 juin, le doyen Gustave Moonen a prononcé une allocution sur le thème de la lucidité, un substantif « orphelin de verbe, [ ] comme si on était lucide mais que l’on ne pouvait ni devenir lucide ni rendre lucide ». Comblant cette inquiétante lacune de la langue française, le Pr. Moonen a exhorté les jeunes médecins de la promotion 2009 à apprendre la lucidité, à “lucidifier” leurs comportements. Lucidité politique, d’abord, « qui doit faire prendre conscience que le numerus clausus est le problème et non la solution ». Lucidité du chercheur et de l’homme de science, aussi, qui leur impose une infinie modestie. Lucidité diagnostique, à propos de l’indication d’examens dont certains ne sont peut-être pas indispensables à un diagnostic précis. Lucidité thérapeutique, « qui impose de se poser la question de savoir si ce traitement [ ] est effectivement indiqué et potentiellement utile ». Honoris causa page 4 chuchotis En mars dernier, le Pr. Yehezkel Ben-Ari (Institut de neurobiologie de la Méditerranée) et le Pr. Arthur Randell Bradwell (Université de Birmingham) ont reçu des mains du recteur Bernard Rentier les insignes de docteurs honoris causa de l’Université de Liège, sur proposition de la Faculté de Médecine. Le premier a consacré sa carrière scientifique à la compréhension des mécanismes de maturation du cerveau, avec notamment des conséquences sur les pratiques thérapeutiques chez les femmes enceintes traitées contre les crises d’épilepsie. Le second, professeur d’immunologie, préside la plus grande société spin-off créée par une université en Grande-Bretagne. Ses recherches portent entre autres sur l’utilisation des anticorps pour détecter les tumeurs. A cette occasion, le titre de docteur honoris causa a également été décerné, sur proposition d’autres Facultés, à quatre autres personnalités scientifiques internationales, la primatologue Jane Goodall, le Pr. Leif Andersson (Université d’Uppsala), le Pr. Thomas Neville Postlethwaite (Université de Hambourg) et François Bourguignon (directeur de l’Ecole d’économie de Paris et conseiller à la Banque mondiale). Modèle liégeois Le modèle participatif de gestion hospitalière mis en œuvre au CHU de Liège a séduit une délégation française, en mission d’information lors de la préparation de la nouvelle loi française sur le management hospitalier. Nos voisins ont particulièrement apprécié la responsabilisation des médecins en matière de résultats financiers et d’élaboration des budgets. Sclérose en plaques Une convention de partenariat vient d’être signée entre le CHU de Liège et la société biopharmaceutique Merck Serono pour soutenir l’activité scientifique du service de neurologie en matière de sclérose en plaques. Le projet vise notamment à développer la multidisciplinarité de la prise en charge des patients, en collaboration étroite avec le Centre de revalidation du CHU (site Ourthe-Amblève). EN BREF Rendez-vous le 22 août à Esneux Campagnes de sensibilisation Les équipes du CHU de Liège ont participé ces derniers mois à plusieurs campagnes de dépistage et de sensibilisation. n Dans le cadre de la journée mondiale du rein, le 12 mars, le service de néphro­logie a organisé une action de dépistage de l’insuffisance rénale en collaboration avec le secteur santé de la Province de Liège. La sensibilisation a essentiellement porté sur les dangers d’une consommation excessive de sel. Si la toute grande majorité des 283 personnes qui ont rempli le questionnaire proposé identifient correctement les aliments particulièrement salés, moins de 4 % d’entre elles connaissent l’ensemble des risques liés à une alimentation trop riche en sel. Renseignements : www.joggingesneux.be n Le 29 mai, dans le cadre de la journée mondiale sans tabac, tabacologues et infirmières ont accueilli quelque 200 visiteurs sur les deux principaux sites de l’hôpital universitaire, le Sart Tilman et N.-D. des Bruyères. Les participants ont eu l’occasion de passer un test de dépendance à la nicotine, un examen de mesure du taux de monoxyde de carbone et un test de mesure du volume expiré maximum par seconde (VEMS). Un passeport santé récapitulant les résultats a été remis à chaque participant, avec le conseil de le présenter à son médecin traitant. Se garer aux Bruyères Une vingtaine de nouveaux emplacements réservés aux médecins ont été aménagés dans le parking principal du site de N.-D. des Bruyères, le long de la drève. page 5 chuchotis C’est le samedi 22 août qu’aura lieu au complexe sportif Adrien Herman (hall omnisport) le désormais traditionnel jogging d’Esneux, qui en est déjà à sa cinquième édition. Organisé par le Centre de revalidation du CHU de Liège (site Ourthe-Amblève), le programme comporte une course en handbike pour non valides, une course pour enfants de un kilomètre ainsi qu’un jogging de dix kilomètres pour valides. Enfin, une démonstration de danse en chaise roulante (cyclo-danse) terminera la journée. Vous êtes bien sûr invités à vous joindre à cette manifestation qui a pour but la promotion du sport d’endurance pour la personne handicapée. Un objectif poursuivi est également la récolte de fonds pour offrir aux patients hospitalisés à long terme d’autres possibilités que la rééducation classique. n A l’occasion de la journée de dépistage du mélanome organisée par Euromelanoma, le service de dermatologie du CHU de Liège a accueilli gratuitement les patients le lundi 11 mai. Cette action s’adressait en priorité à deux types de patients : les personnes de tout âge qui présentent plus de 50 grains de beauté, et les personnes de plus de 60 ans qui ont remarqué un changement récent de peau. Près de 150 personnes se sont présentées à cette journée de sensibilisation, qui visait à insister sur l’importance d’un diagnostic précoce des différents cancers de la peau et sur l’apprentissage de l’auto­surveillance. WHO’S WHO Who’s who Un chef de service nommé en chirurgie plastique et maxillo-faciale Dr J.-L. Nizet Chirurgie plastique et maxillo-faciale 04 366 85 14 page 6 chuchotis [email protected] Le 29 avril, le Conseil d’administration a nommé le Dr Jean-Luc Nizet à la tête du service de chirurgie plastique et maxillo-faciale, une fonction qui, depuis le décès prématuré du Pr. Olivier Heymans en 2006, a été assurée successivement, sur le plan administratif, par le Pr. Raymond Limet et le Pr. Philippe Gillet. Docteur en médecine de l’ULg (1985) et spécialiste en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique (1991), le Docteur Jean-Luc Nizet s’est perfectionné en chirurgie esthétique au Manhattan Eye, Ear & Throat Hospital et à l’Institute of Plastic and Reconstructive Surgery à New York. Il est également licencié en médecine d’expertise (ULg, 1995) et, depuis 2006, président de la Commission d’agrément en chirurgie plastique au Ministère de la Santé. Consultant dans le service de chirurgie plastique et maxillo-faciale depuis 1993, le Dr Nizet en prend donc aujourd’hui la direction avec, parmi ses projets, le développement de la chirurgie réparatrice du sein en collaboration avec les services de chirurgie digestive et de sénologie, afin de fournir aux patientes toutes les techniques possibles de reconstruction mammaire et de chirurgie oncoplastique. Le Dr Nizet compte également redynamiser la chirurgie esthétique en exploitant notamment les possibilités de l’hypnosédation et de la chirurgie ambulatoire. La chirurgie maxillo-faciale sera un autre axe important d’activité clinique. Des projets de recherche sont en train de se mettre en place, concernant entre autres les transferts de graisse et leur implication en chirurgie de reconstruction. L’art de la médiation Présidences A l’écoute des patients et des soignants, Caroline Doppagne exerce pour le CHU de Liège, le CHR de la Citadelle et la Clinique André Renard la délicate fonction de médiatrice hospitalière. En 2008, la jeune femme a géré 180 plaintes pour l’ensemble des trois établissements. Son rôle consiste souvent à renouer le dialogue avec le soignant, certains patients redoutant qu’un médecin débordé ne prenne pas le temps de les écouter. Mais les appels ne viennent pas uniquement des patients. Il arrive que certains services prennent contact avec la médiatrice de leur propre initiative, dans le but de désamorcer un conflit naissant, ou tout simplement pour faire connaître les spécificités de leur métier. « Tout se passe en confiance », insiste Caroline Doppagne. « Le médiateur ne juge pas, ne tranche pas. Il aide à trouver une solution, de façon neutre et à l’amiable. » Chaque plainte fait l’objet d’un rapport résumant son objet et les deux points de vue, celui du patient et celui de l’équipe soignante, avec leurs arguments respectifs. Certaines plaintes se règlent rapidement lorsqu’il s’agit d’une demande bien précise, qui peut être rencontrée aisément. Pour les autres plaintes, Caroline Doppagne établit une proposition : rencontrer les deux parties en médiation, transmettre par écrit les explications demandées, envoyer le dossier à la compagnie d’assurance, etc. Une plainte est clôturée lorsque les parties arrivent à un accord et/ou si une communication sereine est rétablie. A défaut de solution, la médiatrice informe le plaignant des autres possibilités de régler le conflit : les services d’inspection, les tribunaux, l’Ordre des médecins, les mutualités, etc. n Le Pr. Philippe Coucke, chef du service de radiothérapie, a été nommé président de la Société belge de radiothérapie. n Le Pr. Jean-Marie Krzesinski, chef du service de néphrologie, a été nommé président de la Société belge de néphrologie. n Le Pr. Eric Lifrange, chef du service de sénologie, a été nommé président de la Société belge de sénologie. n Le Dr Jean-Luc Nizet, nouveau chef du service de chirurgie plastique et maxillo-faciale, a été nommé président de la Société royale belge de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique. C. Doppagne Médiation hospitalière 0498 31 11 12 mediationhospitaliere.gie @skynet.be ACTUALITé La diététique au chevet des patients Une prise en charge nutritionnelle adéquate participe directement à l’amélioration de la santé et de la survie des patients hospitalisés. La diététique hospitalière joue un rôle croissant. Une situation « normale » ? Pas pour Anne-Marie Verbrugge, la nouvelle responsable d’équipe du secteur diététique (service de la logistique patient). Depuis vingt ans, cette diététicienne enthousiaste se bat pour favoriser la reconnaissance du rôle de la diététique hospitalière au chevet des patients. « La littérature scientifique démontre qu’une prise en charge nutritionnelle précoce des patients cancéreux participe à l’amélioration de leur santé et de leur qualité de vie. Il y a quelques mois, nous avons donc initié avec sept unités de soins et le service de radiothérapie un itinéraire nutritionnel et de soins du patient en oncologie. » Itinéraire nutritionnel Première étape : sensibiliser les médecins et les infirmières des unités de soins concernées. Avec ces dernières, l’équipe de diététique a mené une enquête sur la prévalence de la dénutrition chez les patients hospitalisés en oncologie, de manière à vérifier sur le terrain liégeois les chiffres publiés dans la littérature internationale. Les résultats – très proches de ceux de la littérature – sont actuellement présentés aux oncologues et aux chefs d’unité, dans une optique de collaboration pluridisciplinaire. « Les diététiciens sont des scientifiques, des paramédicaux qui ont un rôle à jouer dans la prise en charge des patients », insiste AnneMarie Verbrugge. « Systématiser les tours de salle, aller à la rencontre des équipes soignantes nous a permis de sortir de l’image un peu “popote” que certains se faisaient de nous. » L’impact de ce nouveau dynamisme de la diététique hospitalière ne s’est pas fait attendre. Un arbre décisionnel d’approche du patient « qui ne mange pas » a été validé. L’alimentation enrichie maison, plus savoureuse et plus digeste que les compléments alimentaires habituels, est dorénavant favorisée. Une enquête a été réalisée auprès des patients traités en chimiothérapie à l’hôpital de jour afin de proposer des menus répondant davantage à leurs attentes. Les goûts individuels sont pris en compte dans l’élaboration des plateaux. Une consultation de diététique oncologique a été initiée en radiothérapie, de manière à assurer une prise en charge globale et pluridisciplinaire du patient. Enfin, un projet d’immunonutrition a vu le jour en chirurgie digestive carcinologique, en phase préopératoire, dans le but de réduire les complications et la durée d’hospitalisation. Menus personnalisés Parallèlement à ces initiatives en oncologie, un compendium dié- tétique a été diffusé à toutes les unités de soins de manière à permettre aux personnes commandant les repas de cibler le régime le plus approprié au profil et à la pathologie du patient. Avec l’aval des différents médecins impliqués, les régimes spécifiques ont été adaptés à l’évolution récente des connaissances scientifiques en matière de nutrition ainsi qu’à l’évolution des traitements. Patients diabétiques, cardiaques, dialysés, brûlés, pédiatriques, gériatriques ou encore hospitalisés en unité stérile bénéficient de nouveaux menus qui n’omettent pas une dimension essentielle de l’alimentation, le plaisir de manger. « Prendre un repas est l’un des rares plaisirs qui rythment la journée du patient hospitalisé », insiste Anne-Marie Verbrugge. « Avec toute l’équipe de cuisine, nous sommes très attentifs aux saveurs, aux textures et à la présentation des aliments. Le plaisir de manger participe de très près à la lutte contre la dénutrition et à l’amélioration de la compliance du patient. » A.-M. Verbrugge Responsable du secteur diététique 04 366 71 17 AM.Verbrugge @chu.ulg.ac.be * X. Hébuterne, « Nutrition du malade cancéreux : il est temps d’agir », Nutrition clinique et métabolisme, 2008 ; 22: 1-2. page 7 chuchotis La publication de chiffres interpellants démontre que c’est la dénutrition – et non la tumeur – qui est directement responsable du décès de 5 à 25 % des patients cancéreux*. Et que la prévalence globale de la dénutrition, tous cancers confondus, est de l’ordre de 40 %. Or on sait que la dénutrition altère la qualité de vie, diminue l’efficacité des traitements et augmente la fréquence des complications. DOSSIER Un « comité des sages » au cœur de l’hôpital Etudes cliniques sur des médicaments ou des dispositifs médicaux, fins de vie, procréation médicalement assistée, transplantation d’organes... autant de thèmes éthiques au cœur de la pratique hospitalière quotidienne. Quelles sont les missions dévolues au Comité d’éthique du CHU de Liège ? Pr. V. Seutin Président 04 366 25 24 [email protected] Pr. G. Rorive Vice-président georges.rorive @ulg.ac.be Si l’histoire de l’expérimentation médicale remonte à la parution, en 1856, de l’ouvrage de Claude Bernard Introduction à la médecine expérimentale, celle des comités d’éthique est toute récente. Les premières recommandations en la matière datent du Code de Nuremberg, en 1947, suite au « procès des docteurs » qui révéla au monde l’horreur des expérimentations menées par des médecins nazis dans les camps de concentration. Ce texte fondateur définit pour la première fois le cadre des expérimentations admissibles chez la personne humaine. Son premier principe établit la nécessité d’obtenir le consentement éclairé du sujet qui participe à l’expérimentation. Premières étapes Pr. M. Lamy page 8 chuchotis [email protected] Ces premiers pas sont renforcés par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, adoptée en décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies, puis par la Déclaration d’Helsinki, rédigée en 1964 par l’Association médicale mondiale. La Déclaration d’Helsinki établit les principes éthiques applicables à la recherche médicale impliquant des êtres humains. Elle stipule notamment que « la mission du médecin est de promouvoir et de préserver la santé de l’être humain. Il exerce ce devoir dans la plénitude de son savoir et de sa conscience. » Elle précise également que le bien-être du sujet humain prime sur les intérêts de la science et de la société et que chaque projet de recherche doit faire l’objet d’une évaluation préalable des risques et inconvénients prévisibles par rapport aux bénéfices attendus. Toutefois, ces belles recommandations n’empêchent pas certains « dérapages ». Aux Etats-Unis, des expériences ahurissantes sont menées chez des patients syphilitiques de race noire, chez qui on laisse évoluer une maladie que l’on peut pourtant traiter à cette époque. On inocule le virus de l’hépatite B à des enfants handicapés mentaux (noirs, eux aussi), afin d’étudier la réponse de leur système immunitaire. Suite aux vives réactions suscitées par ces pratiques scandaleuses, le Rapport Belmont, publié en 1979, fixe les règles éthiques relatives à la protection des sujets humains soumis à une recherche. Dans la foulée, les premiers comités d’éthique voient le jour aux Etats-Unis. En Belgique, une évolution en trois temps En Belgique, les premiers comités d’éthique sont fondés dans les centres universitaires sous l’égide du FNRS. Ils se consacrent dans un premier temps à l’évaluation des protocoles de recherche strictement médicaux, en se référant aux deux principaux textes en la matière, la Déclaration d’Helsinki et le Rapport Belmont. Leurs avis ne sont pas contraignants. En 1994, un arrêté royal rend obligatoire la création d’un comité d’éthique dans chaque hôpital, sous peine de ne pas obtenir Les missions du Comité d’éthique DOSSIER > l’agrément. Conformément aux directives européennes, les comités d’éthique étendent alors leurs compétences aux études sponsorisées par l’industrie pharmaceutique. Enfin, en 2004, la loi relative aux expérimentations sur la personne humaine précise que tout projet de recherche doit obligatoirement recevoir un avis favorable d’un comité d’éthique. Le Ministère de la Santé confie au Comité consultatif de bioéthique la mission de collecter les données des différents comités d’éthique ; ces derniers sont financés au prorata de leurs activités. ULg et CHU de concert A Liège, le Comité d’éthique de la Faculté de Médecine est fondé en 1976. Il est présidé successivement par les Pr. Heusghem, Lambotte, Dresse et Lamy. Une de ses premières tâches est de veiller à protéger le patient sans entraver la recherche biomédicale et clinique. Le Comité d’éthique du CHU naît une vingtaine d’années plus tard, présidé par le Pr. Rorive, puis par le Pr. Lamy. Pendant quelques années, le comité facultaire poursuit l’examen des protocoles d’études cliniques, tandis que le comité hospitalier étudie surtout les nouvelles lois en matière d’éthique (interruption volontaire de grossesse, euthanasie, etc.) et leurs répercussions sur la pratique hospitalière. La loi de 2004 ne prévoyant qu’un seul comité par institution, les deux structures unissent leurs compétences en novembre 2005 sous la présidence du Pr. Maurice Lamy et la viceprésidence du Pr. Georges Rorive. Depuis le 1er octobre dernier et l’admission à la retraite du Pr. Lamy, le Comité d’éthique hospitalo-facultaire universitaire est présidé par le Pr. Vincent Seutin, pharmacologue. « Les comités d’éthique des hôpitaux académiques ont une fâcheuse tendance à être présidés par un pharmacologue, étant donné que de nombreux dossiers traitent de nouveaux médicaments », commente celui-ci. Conformément à la loi belge, le Comité se compose de 15 membres représentant les deux sexes, avec une majorité de médecins de l’institution et au moins un généraliste, un infirmier et un juriste. Le Comité d’éthique a trois missions : nune fonction d’avis sur tout protocole d’expérimentation sur l’homme ; nune fonction d’accompagnement et de conseil concernant les aspects éthiques de la pratique des soins hospitaliers ; nune fonction d’assistance à la décision concernant les cas individuels (bien que cette dernière fonction ne soit plus inscrite dans la loi). Le Comité d’éthique hospitalo-facultaire universitaire de Liège n Pr. Vincent Seutin, président (pharmacologue) n Pr. Georges Rorive, vice-président (honoraire, médecine interne) n Dr Stéphanie Gaillez, secrétaire (généticienne, pédiatre) n Pr. Maurice Lamy (honoraire, anesthésiste-réanimateur) n Dr Guy Daenen (gastro-entérologue) n Pr. Luc Delattre (honoraire, pharmacien) n Pr. Jean Demonty (interniste) n M. Philippe Echement (juriste) n Mme Marie-Noëlle Englebert (juriste) n Pr. Pierre Firket (généraliste) n Pr. Ulysse Gaspard (honoraire, gynécologue) n Pr. Philippe Gillet (chirurgien orthopédiste) n Pr. Georges Hougardy (psychiatre) n Dr Marie-Christine Lebrethon (pédiatre) n Mme Patricia Modanese (infirmière chef d’unité) Secrétariat administratif : M. Henri Masset et Mme Michelle Carlino Activités en 2008 n 8 demandes d’avis relatives à des thèmes d’éthique n 298 protocoles d’expérimentation relatifs à la personne humaine, dont : -117 études académiques (73 monocentriques et 44 multicentriques) -157 études en partenariat avec l’industrie pharmaceutique (14 monocentriques et 143 multicentriques) n 24 protocoles d’études qui ne tombent pas sous l’application de la loi sur l’expérimentation humaine page 9 chuchotis Composition DOSSIER Ethique et expérimentation ches cliniques menées à l’initiative de médecins du CHU. » C’est à sa première mission que le Comité d’éthique consacre le plus clair de ses délibérations. Ses membres se réunissent tous les quinze jours pour analyser entre 250 et 300 protocoles de recherches par an. « La majorité de ces dossiers concerne des essais de médicaments financés par l’industrie pharmaceutique. Ces essais sont souvent multicentriques. Nous jouons alors soit le rôle de comité central, et notre avis est déterminant, soit le rôle de comité périphérique, avec des compétences plus limitées », détaille le Pr. Seutin. « D’autres protocoles, moins nombreux, sont des recher- « Cela représente une charge de travail importante », souligne le Pr. Rorive. « Je lis tous les mois à peu près 500 pages, dans des domaines très variés. » Une charge de travail qui explique sans doute que près de la moitié des membres médecins du Comité d’éthique soient des retraités. « C’est vrai qu’approfondir les questions d’éthique suppose un recul et une maturité que l’on n’acquiert qu’avec les années, mais on peut être “sage” avant d’être pensionné ! Avec l’évolution rapide des connaissances et des techniques, les compétences de nos jeunes confrères nous sont indispensa- La loi du 7 mai 2004 relative aux expérimentations sur la personne humaine Une expérimentation ne peut être entreprise ou poursuivie que si les conditions suivantes sont remplies : 1. l’expérimentation est scientifiquement justifiée et se fonde sur le dernier état des connaissances scientifiques et sur une expérimentation préclinique suffisante ; 2. l’expérimentation a pour objectif l’élargissement des connaissances de l’homme ou des moyens susceptibles d’améliorer sa condition ; 3. il n’existe pas de méthode alternative d’efficacité comparable qui permette d’obtenir les résultats recherchés ; page 1 0 chuchotis 4. les bénéfices attendus sur le plan thérapeutique et en matière de santé publique justifient les risques et les inconvénients prévisibles ; les intérêts du participant priment toujours sur ceux de la science et de la société ; 5. le protocole a fait l’objet d’un avis favorable d’un comité d’éthique ; 6. la personne participant à l’expérimentation ou son représentant a donné son consentement libre et éclairé et dispose d’un point de contact auprès duquel elle peut obtenir de plus amples informations ; 7. les soins dispensés aux participants et les décisions prises à leur égard sont de la responsabilité d’un praticien dûment qualifié ; 8. l’assurance et la couverture de la responsabilité de l’investigateur et du promoteur sont organisées conformément à la loi. bles. La qualité de notre travail aurait tout à gagner d’un plus grand investissement des personnes actives sur le terrain, mieux à même d’apporter nuances et précisions. » Une position partagée par le Pr. Seutin, qui ajoute qu’une éthique de qualité suppose une science de qualité : il ne serait pas éthique de mener une étude si la question posée a déjà été résolue, si elle ne vaut pas la peine qu’on y réponde ou si le fait d’y répondre est grevé d’un risque déraisonnable pour l’être humain. Comme le précise le Pr. Seutin, la plupart des dossiers sont acceptés, moyennant parfois quelques améliorations : « Par exemple, nous demandons régulièrement que des modifications soient apportées au formulaire d’information du patient, entre autres lorsqu’il a été mal traduit de l’anglais ou du néerlandais. Nous accordons beaucoup d’attention à la protection du patient. Ce dernier doit comprendre clairement à quoi il s’engage, sans entretenir d’espoirs déraisonnables. Nous veillons aussi à ce que les dispositions légales, notamment en matière d’assurance, soient correctement appliquées. » C’est là que les juristes membres du Comité d’éthique, très soucieux de protéger le patient, jouent un rôle majeur. « Les patients qui acceptent de participer à de telles études doivent savoir, par exemple, qu’ils ont une chance sur deux de ne pas recevoir le médicament prometteur », ajoute le Pr. Seutin. « Ils donnent leur accord parce qu’ils espèrent un mieux, mais souvent aussi parce qu’ils pensent que leur geste servira à soigner d’autres patients. C’est très beau de la part de personnes qui vivent une situation difficile. » Les missions du Comité d’éthique DOSSIER > Pour mieux appréhender les dernières avancées dans les différents domaines concernés, une réunion par mois débute par une réflexion sur un thème précis, présentée par exemple par l’un des promoteurs les plus actifs en matière de recherche clinique. Fécondation in vitro, diagnostic préimplantatoire, thérapie cellulaire, maladies inflammatoires, soins palliatifs, protocoles de fins de vie, transplantation : les thèmes abordés sont variés. Les avis rendus par le Comité consultatif de bioéthique et les nouveaux textes légaux sont également discutés. Ethique et clinique Dans quelle mesure tenir compte d’une demande anticipée de limitation des soins ? Comment réagir face à une mère toxicomane qui refuse qu’on laisse son nouveauné sous surveillance médicale ? Ou lorsqu’une jeune adulte souffrant d’un syndrome de verrouillage (locked-in), dont la demande d’euthanasie a été acceptée, exprime la volonté de faire don de ses organes ? Le Comité d’éthique est de temps en temps consulté par une équipe soignante désemparée par un cas individuel difficile. La plupart du temps, une simple conversation téléphonique permet de rappeler la législation en vigueur. Lorsque la situation est plus épineuse, les implications éthiques sont abordées avec les médecins et les infirmières afin de les aider à prendre leur décision. « Ce n’est pas à nous de trancher », précise le Pr. Rorive. « Il faut être sur le terrain pour apprécier avec nuances une situation individuelle. Beaucoup de gens cherchent un “catéchisme” lapidaire en matière d’éthique, alors que chaque situation est éminemment individuelle. » Il revient cependant au Comité d’éthique de suggérer des lignes de conduites éthiques pour guider dans leur réflexion les médecins de l’hôpital, qu’il s’agisse d’euthanasie, de limitation des soins, de limitation de l’usage des antibiotiques, etc. Le Comité a d’ailleurs été sollicité plusieurs fois dans ce sens par le directeur médical, le Pr. Christian Bouffioux. Un processus de réflexion est en cours, notamment, pour clarifier la position du CHU de Liège face à l’euthanasie et pour sensibiliser les médecins à la loi et à ses implications éthiques. Vers une position institutionnelle ? Mais une uniformisation institutionnelle est-elle possible ? et souhaitable ? Pour le Pr. Rorive, une position institutionnelle aurait le mérite de clarifier la situation pour les patients confrontés à des choix difficiles. « Un minimum de points doivent être admis par tous les membres de l’institution », commente-t-il. « Outre le respect de la législation en vigueur, évidemment, nous estimons que personne ne devrait pouvoir refuser seul la demande du patient. Nous accordons aussi beaucoup d’importance à la place de la famille, ainsi qu’au fait qu’une décision n’est jamais irrévocable. Tout le monde a le droit de changer d’avis. Enfin, il est essentiel de prendre le temps de discuter avec son patient et avec ses proches, malgré la recherche de l’efficience qui pousse à écourter les consultations. » « Cependant, une position offi­ cielle ne permettrait sans doute pas de régler tous les cas de fi­ gure », ajoute le Pr. Seutin. « Plutôt qu’à un canevas rigide, je préfère me fier à l’éthique personnelle et à la compassion du médecin. » Le Pr. Pierre Damas, chef du service des soins intensifs généraux, est fréquemment confronté à l’instauration de limitations de soins et de thérapeutiques supportives. Pour lui, la ligne de conduite est à définir au sein de chaque service plutôt qu’à l’échelle de l’hôpital, avec l’aval du Comité d’éthique. « La position commune au personnel de notre service est rediscutée et adaptée très régulièrement. Ce n’est pas une loi ni une position institutionnelle qui nous y aidera beaucoup. La décision de ne pas mettre en œuvre certains traitements se prend toujours en transparence et en consensus avec la famille, l’équipe soignante et les médecins référents. » Entre limitation des soins et acharnement thérapeutique, c’est ici le principe de l’autonomie du patient qui entre en ligne de compte et prime sur le consensus médical. Comment respecter le choix du patient et de sa famille, mais aussi la liberté de conscience des médecins ? Que signifie, dans des situations extrêmes, le principe éthique de bienfaisance ? Et comment appliquer un autre principe de l’éthique biomédicale, celui de la justice distributive ? Aussi bien écrites soient-elles, lois et recommandations ne dispensent certainement pas d’une réflexion éthique. page 1 1 chuchotis Et lorsque l’avis du Comité d’éthique est négatif ? Pas de recours possible, la législation n’ayant pas prévu de procédure d’appel. « Les avis négatifs sont rares », explique le Pr. Rorive. « Nos refus portent essentiellement sur l’utilisation d’un placebo alors qu’il existe déjà un médicament efficace sur le marché. » RECHERCHE Recherche biomédicale : la preuve par trois Laurence de Leval a reçu, début mai, le Prix de la recherche clinique du Fonds Inbev-Baillet Latour. C’est la troisième fois en trois ans qu’un médecin liégeois remporte ce prix qui consacre l’excellence de la recherche biomédicale. bénéficie indubitablement du prestige de son aîné, le Prix InbevBaillet Latour de la santé (précédemment Artois-Baillet Latour de la santé), décerné chaque année depuis vingt ans à une sommité scientifique internationale. Ce « petit Nobel belge », comme certains n’hésitent pas à l’appeler, est l’un des prix scientifiques internationaux les plus importants de Belgique. page 1 2 chuchotis Les lymphomes, une forme de cancer en augmentation Créé il y a trois ans, le Prix de la recherche clinique du Fonds InBev-Baillet Latour est décerné annuellement à deux médecinschercheurs belges de moins de 45 ans, l’un francophone, l’autre néerlandophone. Et pour la troisième année consécutive, le lauréat francophone est un Liégeois. C’est Steven Laureys (neurologie, Centre de recherches du cyclotron) qui a ouvert le palmarès en 2007, pour ses recherches sur les états altérés de conscience. En 2008, Patrizio Lancellotti (cardiologie) a été récompensé pour ses travaux sur l’insuffisance mitrale ischémique, ou fonctionnelle. Cette année, c’est Laurence de Leval (anatomie pathologique) qui bénéficie de cette belle reconnaissance de la qualité de ses travaux sur les lymphomes. Tout récent mais déjà réputé, ce prix réservé aux jeunes chercheurs Chef de laboratoire au service d’anatomie pathologique du CHU et maître de recherches au FNRS, Laurence de Leval est une spécialiste des lymphomes non hodgkiniens. Avec plus de cinquante catégories répertoriées, les lymphomes sont tellement variés qu’on peut parler de maladies différentes, avec des pronostics et des traitements spécifiques. Il est donc essentiel d’établir un diagnostic précis en laboratoire, car il conditionne la prise en charge des malades. Les recherches menées par Laurence de Leval lui ont permis de préciser les critères diagnostiques et les facteurs pronostiques de différents types de lymphomes B et T, en fonction de leur origine cellulaire précise. La grande majorité des lymphomes sont dérivés de cellules B, c’est-à-dire de lymphocytes normalement voués à devenir des cellules productrices d’anticorps. Laurence de Leval a caractérisé les lymphomes B dans différentes localisations extraganglionnaires en envisageant les conséquences diagnostiques. Beaucoup plus rares, les lymphomes dérivés de lymphocytes T sont généralement des maladies agressives et de mauvais pronostic. La chercheuse liégeoise a dressé la carte d’identité moléculaire des deux types de tumeurs les plus fréquentes, le lymphome T périphérique sans spécificité et le lymphome T angioimmunoblastique. Un triplé prestigieux « Consacrant successivement trois disciplines différentes, ce triplé prestigieux montre la richesse des recherches menées dans nos murs pour porter à un haut niveau la médecine universitaire », se plaît à souligner le Pr. Christian Bouffioux, directeur médical du CHU. « Et ceci malgré un financement des missions d’enseignement et de recherche nettement inférieur à celui dont bénéficient les hôpitaux universitaires de pays voisins. » L’aide financière accordée pour ces missions par le pouvoir fédéral belge ne représente en effet que 4 % du chiffre d’affaires des hôpitaux universitaires, alors que ces activités engendrent un coût de 20 à 25 % du chiffre d’affaires. « Pour propulser la recherche médicale belge sur le devant de la scène internationale, on a déjà la matière grise. Il ne manque plus que le financement adéquat », poursuit le directeur médical. RECHERCHE Ce qu’ils en disent nPr. Bernard Rentier, recteur de l’ULg : « A Liège, nous avons tendance à ne pas crier cocorico. Mais il faut le faire quand cela en vaut la peine. Obtenir trois fois de suite le Prix de la recherche clinique du Fonds InBev-Baillet Latour est une performance. » nPr. Jacques Boniver, trésorier du Fonds Léon Fredericq : « Cette reconnaissance des qualités de nos trois médecins-chercheurs renforce notre volonté de voir les jeunes médecins s’engager dans la recherche. » nDr nPr. Luc Piérard, promoteur des recherches du lauréat 2008 : « Notre centre d’échocardiographie jouit d’une excellente réputation. La “clinique des valvulopathies” que nous mettons en place accueille non seulement des patients de la région liégeoise, mais également de plus loin en Europe. » nDr Laurence de Leval, lauréate 2009 : « Les lymphomes représentent la cinquième forme de cancer et sont en augmentation. Pour mieux cibler les traitements, il est crucial de diagnostiquer le type précis de la maladie. La biothèque qui se constitue peu à peu à l’ULg, grâce aux patients qui acceptent que les biopsies puissent servir à la recherche, nous permet de progresser dans la connaissance des lymphomes. » Le Fonds Léon Fredericq, 22 années de promotion de l’excellence La recherche biomédicale liégeoise se porte bien, comme en témoigne cette belle succession de prix décernés trois années d’affilée à des médecins du CHU. Une «preuve par trois » que le Fonds Léon Fredericq tient à mettre en avant. Depuis 1987, le Fonds Léon Fredericq soutient la créativité de jeunes chercheurs de l’Université et du CHU de Liège en leur donnant les moyens de servir la connaissance scientifique, source du progrès médical. « La collaboration entre le CHU et l’ULg est remarquable », se réjouit le recteur Bernard Rentier. « La proximité entre nos deux institutions représente une force pour la recherche clinique. » En vingt-deux ans, le Fonds Léon Fredericq a distribué plus de quatre millions d’euros sous la forme de mandats de recherche, de bourses de voyage et de doctorat, de subsides de fonctionnement et de crédits d’équipement. Ces différents financements ont permis des avancées significatives dans plusieurs secteurs de la médecine : thérapies basées sur les cellules souches, médecine génomique, lutte contre le cancer, transplantations d’organes, etc. Les recherches de Steven Laureys, Patrizio Lancellotti et Laurence de Leval ont été soutenues, entre autres, par le Fonds Léon Fredericq et par le Fonds d’investissement pour la recherche médicale du CHU de Liège. Leur point commun : elles contribuent à l’élucidation de certaines formes de pathologies et balisent la voie devant conduire à de nouvelles formes de traitements. Comme l’indique le Pr. Vincent Geenen, secrétaire du Fonds Léon Fredericq, « la pratique quotidienne de l’expérimentation a permis à ces trois médecins de s’approprier les qualités d’imagination, de créativité, de rigueur et d’autocritique requises par la recherche clinique de haut niveau et de mettre aujourd’hui leurs acquis au service de la santé de nos concitoyens. » page 1 3 chuchotis Steven Laureys, lauréat 2007 : « Ce type de prix est essentiel pour encourager les “cerveaux” à rester en Europe. Suite aux travaux du Coma Science Group, des patients de toute l’Europe viennent au CHU de Liège pour une mise au point diagnostique et pronostique. » Pour 0,23€/jour, vous préférez : page 1 chuchotis 1 ml de crème solaire 1 an d’ Ethias Assistance Ethias Assistance, seulement 85€ par an. Protection totale pour toute la famille + 2 véhicules 0800 23 777 www.ethias.be On pense comme vous Ethias SA, rue des Croisiers 24, 4000 Liège. 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