Les missions du Comité d`éthique - CHU de Liège

publicité
été 2009
Belgique - België
P.P. - P.B.
B - 018
N° 28
Autorisation de
fermeture B/018
Trimestriel (printemps, été, automne, hiver) – Expéditeur : CHU de Liège – Editeur responsable : Pol Louis, av. de l’Hôpital B35, 4000 Liège – Bureau de dépôt : Liège X – Agrément n° P801120
Bulletin d’information des médecins du Centre Hospitalier Universitaire de Liège
Les missions
du Comité
d’éthique
La diététique au
chevet des patients
Recherche biomédicale :
la preuve par trois
> page 7
> page 12
page 2 chuchotis
> page 8
page 3 chuchotis
Vue bucolique du site de N.-D. des Bruyères
éditorial
En bref
Le mois de juillet est là, les beaux jours chauds et
7
6
L’actualité du CHU de Liège en un coup
d’œil : les progrès du plan stratégique,
les nouveautés médicales, les campagnes de sensibilisation et quelques
autres nouvelles de l’hôpital et de la Faculté de médecine.
Who’s who
N° 28
éTé 2009
2
sommaire
ensoleillés sont revenus.
Avec la fin des examens, la fin des « délibés » et la
proclamation des résultats, un vent de liberté souffle à nouveau tant pour les étudiants que pour leurs
professeurs. Ouf ! Encore une année de finie… Et
au diable les perspectives économiques peu favorables. La morosité, ce sera pour la mi-septembre…
D’ici là, profitons des trop courts moments de loi-
Le Dr Jean-Luc Nizet prend la tête du
service de chirurgie plastique et maxillofaciale.
sirs, de plaisirs.
Actualité
A sa lecture, vous verrez que le CHU de Liège a en-
En participant à la lutte contre la dénutrition et en adaptant les menus à l’évolution des connaissances scientifiques,
la diététique hospitalière joue un rôle
croissant au chevet des patients.
dit volontiers aujourd’hui, visant à l’excellence, tout
J’espère que CHUchotis vous accompagnera dans
ces moments de détente.
core plein d’idée et de projets. Il « trace », comme on
en étant conscient que le chemin est encore long,
parsemé d’embuches organisationnelles et économiques.
Dossier
Le Comité d’éthique
12
Etudes cliniques sur des médicaments
ou des dispositifs médicaux, fins de
vie, procréation médicalement assistée,
transplantation d’organes... autant de
thèmes éthiques au cœur de la pratique
hospitalière quotidienne. Quelles sont
les missions dévolues au Comité d’éthique hospitalo-facultaire universitaire de
Liège ?
d’éthique. Vous vous rendrez compte qu’entre l’analyse des 300 protocoles d’études cliniques qui lui
sont annuellement soumis et les problèmes éthiques
qu’il aborde, il n’a pas le loisir de chômer.
Au fait, dès cette année, CHUchotis devient trimestriel pour mieux coller à l’actualité.
Bonnes vacances, bonne lecture.
Pr. Christian Bouffioux
directeur médical
directeur de la rédaction
Recherche
Laurence de Leval a reçu, début mai, le
Prix de la recherche clinique du Fonds
Inbev-Baillet Latour. C’est la troisième
fois en trois ans qu’un médecin liégeois
remporte ce prix qui consacre l’excel­
lence de la recherche biomédicale.
Bulletin d’information des médecins du Centre Hospitalier Universitaire de Liège
éditeur responsable : P. Louis, Administrateur délégué du CHU (04 366 70 00),
av. de l'Hôpital 13 bât. B35 - 4000 Liège - Directeur de la rédaction : Pr. C. Bouffioux
Conseil éditorial : A. Bodson, C. Bouffioux, J.P. Delporte, Q. Désiron, V. D’Orio,
C. Faidherbe, D. Giet, J.M. Krzesinski, M. Lamy, P. Louis, M. Malaise, G. Pierard
Coordination, rédaction et réalisation : A. Pironet ([email protected],
0479 87 30 87) - Conception graphique : R. Gray - Photos : C. Ernotte et
M. Mathys (CHU), J.-M. Clajot, couverture : Claude Cortier/Belpress.com,
p.4 : Tilt/ULg
http://www.chuliege.be
page 1 chuchotis
8
Le dossier de cet été traite des missions du Comité
EN BREF
Coup d’œil sur
l’actualité
L’hélicoptère trois fois plus rapide
En 2008, le SMUR héliporté de Bra-sur-Lienne a pris en charge 973 patients, essentiellement pour des pathologies cardiaques, des traumatismes et des troubles neurologiques. Une convention de recherche, signée
pour la sixième année consécutive entre le Ministère de la Santé publique
et le CHU de Liège, a établi que grâce à la rapidité d’intervention de l’hélicoptère, les habitants de cette
région rurale aux confins des provinces de Liège et de Luxembourg,
pauvre en plateaux médico-techniques, bénéficient de la même
qualité de prise en charge que
les habitants des grandes villes.
Dans la grande majorité des cas,
les patients souffrant d’un infarctus aigu arrivent sur la table
de coronarographie moins d’une
heure après l’appel (environ deux
fois plus vite que par la route), un
gain de temps vital pour prévenir les
complications. De manière générale,
la prise en charge médicale des patients est trois fois plus rapide lorsque les acteurs de l’aide médicale
urgente font appel à l’intervention
de l’hélicoptère plutôt qu’à celle
d’un SMUR terrestre.
du CHU
Voyage en 3D
au cœur des cellules
Que se passe-t-il au cœur de
nos cellules lorsque les rayons
du soleil frappent notre peau ?
Quels sont les effets délétères
des ultra­violets ? C’est à la découverte en images – et en trois
dimensions – des mécanismes de
la cancérogenèse cutanée que
nous convie le film élaboré par un
groupe interuniversitaire belge
de dermatologues piloté par le
Pr. Gérald Pierard, chef du service de dermatopathologie du
CHU de Liège. Une version scientifique de la vidéo est présentée
dans tous les centres universitaires belges à destination des
médecins, des chercheurs et des
étudiants. Une version « grand
public » a également été réalisée dans le but de promouvoir
le diagnostic précoce des cancers cutanés et l’adoption d’un
comportement adéquat face au
soleil.
page 2 chuchotis
Les laboratoires du CHU
deviennent
Un nouveau projet arrive à maturation dans le cadre du plan COS, le
plan stratégique du CHU de Liège. Il s’agit du regroupement des laboratoires au sein d’une structure commune, baptisée Unilab-Lg. Ce projet,
piloté par le Pr. Jacques Boniver, concerne 250 personnes réparties entre
sept services : chimie médicale, toxicologie, hématologie, microbiologie,
génétique, anatomie pathologique et dermatopathologie. Un nouveau
système de gouvernance, caractérisé par la centralisation de certaines
responsabilités et la mise en place de secteurs communs, est progressivement instauré. Destiné à améliorer à tous niveaux le fonctionnement
des laboratoires, Unilab-Lg a pour vocation de créer un pôle de référence
médico-technique au service des cliniciens et des patients. Pour les trois
premières années, c’est le Pr. André Gothot qui assurera la présidence de
son Conseil de gouvernance.
Ce film peut être visualisé sur le site
www.rmlg.ulg.ac.be.
A lire : G.E. Pierard, « Voir les cancers
cutanés en 3D et survivre », Revue médicale de Liège, 2009 ; 64: 4: 187-191.
EN BREF
Le service de médecine dentaire
localisé au Sart Tilman (Pr. Eric
Rompen) vient d’être réaménagé de manière à optimiser la
distribution des produits et du
matériel communs aux différents
cabinets dentaires, tout en préservant la qualité de l’accueil des
patients dans des cabinets fermés.
Construit dans cette optique, l’espace central tout en transparence
favorise non seulement la gestion
des stocks, mais également le travail des assistantes dentaires.
Urgences :
nouvel accueil
Des travaux sont en cours dans
le service des urgences du Sart
Tilman pour agrandir l’espace
d’accueil et d’orientation des patients. Cet aménagement est la
suite logique du « tri infirmier »
instauré voici déjà plusieurs années à la satisfaction générale :
à leur arrivée aux urgences, les
patients sont accueillis par du
personnel paramédical spécialement formé pour définir l’état de
gravité approprié, grâce à l’utilisation d’un arbre décisionnel
propre au CHU. Cette procédure
objective et précise, qui s’appuie
sur la collecte de plusieurs paramètres et sur l’analyse des symptômes fonctionnels, améliore la
rapidité et la qualité de la prise
en charge des patients, des « ordres permanents » autorisant
d’emblée l’administration de certains traitements (analgésiques,
par exemple). Les nouveaux locaux offriront aux patients et aux
membres du personnel la confidentialité et l’intimité nécessaires
à ce nouveau fonctionnement de
la zone d’accueil.
L’alternative de la valvuloplastie aortique
Depuis quelques mois, le centre
de cardiologie interventionnelle
(Pr. Victor Legrand) développe une
technique expérimentale très prometteuse, la valvuloplastie aortique, en collaboration étroite avec
les chirurgiens cardiovasculaires,
les radiologues vasculaires et les
anesthésistes-réanimateurs.
Permettant le remplacement d’une
valve cardiaque par voie percutanée, cette technique mise au point
aux USA est une alternative à la
chirurgie traditionnelle pour les
patients inopérables. Les excellents
résultats liégeois ont d’ores et déjà
mené à la décision d’aménager cet
automne une salle mixte médicochirurgicale consacrée à cette nouvelle expertise.
Synthèse 2009
Cette année encore, c’est la recherche translationnelle qui sera mise à l’honneur lors de la journée médico-scientifique « Synthèse 2009 » organisée par
le Conseil médical du CHU de Liège le samedi 10 octobre. Les exposés, présentés par des cliniciens et des chercheurs de la maison, couvriront trois thématiques : les pathologies oncologiques, inflammatoires et neurologiques.
Concept récent situé à l’intersection de la recherche fondamentale et de
la recherche clinique, la recherche translationnelle vise à accélérer la traduction au bénéfice des malades des découvertes engrangées en recherche
fondamentale.
Aux amphithéâtres Bacq & Florkin (site du Sart Tilman), le 10 octobre dès 8h30.
Informations et inscription (gratuite) : [email protected], 04 366 72 44.
Télévie
Diverses manifestations organisées dans le cadre du Télévie par
le personnel de l’Université et du
CHU de Liège (petit déjeuner, tournoi des trois raquettes, concert,
etc.) ont permis de récolter la
somme de 70 100 € pour financer
la recherche contre la leucémie et
d’autres formes de cancer.
page 3 chuchotis
Réorganisation
de la dentisterie
EN BREF
Coup d’œil sur
l’actualité
du CHU
Gaudeamus
Les médecins du CHU de Liège souhaitent la bienvenue à leurs 90 consœurs et confrères fraîchement diplômés de
la Faculté de médecine de l’ULg. Lors de la cérémonie de proclamation, le samedi 27 juin, le doyen Gustave Moonen a prononcé une allocution sur le thème de la lucidité, un substantif « orphelin de verbe, [ ] comme si on était
lucide mais que l’on ne pouvait ni devenir lucide ni rendre lucide ». Comblant cette inquiétante lacune de la langue
française, le Pr. Moonen a exhorté les jeunes médecins de la promotion 2009 à apprendre la lucidité, à “lucidifier”
leurs comportements. Lucidité politique, d’abord, « qui doit faire prendre conscience que le numerus clausus est le
problème et non la solution ». Lucidité du chercheur et de l’homme
de science, aussi, qui leur impose
une infinie modestie. Lucidité diagnostique, à propos de l’indication
d’examens dont certains ne sont
peut-être pas indispensables à un
diagnostic précis. Lucidité thérapeutique, « qui impose de se poser
la question de savoir si ce traitement [ ] est effectivement indiqué
et potentiellement utile ».
Honoris causa
page 4 chuchotis
En mars dernier, le Pr. Yehezkel Ben-Ari (Institut de neurobiologie de la
Méditerranée) et le Pr. Arthur Randell Bradwell (Université de Birmingham) ont reçu des mains du recteur Bernard Rentier les insignes de docteurs honoris causa de l’Université de Liège, sur proposition de la Faculté
de Médecine. Le premier a consacré sa carrière scientifique à la compréhension des mécanismes de maturation du cerveau, avec notamment des
conséquences sur les pratiques thérapeutiques chez les femmes enceintes
traitées contre les crises d’épilepsie. Le second, professeur d’immunologie, préside la plus grande société spin-off créée par une université en
Grande-Bretagne. Ses recherches portent entre autres sur l’utilisation des
anticorps pour détecter les tumeurs. A cette occasion, le titre de docteur
honoris causa a également été décerné, sur proposition d’autres Facultés, à quatre autres personnalités scientifiques internationales, la primatologue Jane Goodall, le Pr. Leif Andersson (Université d’Uppsala), le
Pr. Thomas Neville Postlethwaite (Université de Hambourg) et François
Bourguignon (directeur de l’Ecole d’économie de Paris et conseiller à la
Banque mondiale).
Modèle liégeois
Le modèle participatif de gestion
hospitalière mis en œuvre au CHU
de Liège a séduit une délégation
française, en mission d’information lors de la préparation de la
nouvelle loi française sur le management hospitalier. Nos voisins
ont particulièrement apprécié la
responsabilisation des médecins
en matière de résultats financiers
et d’élaboration des budgets.
Sclérose en plaques
Une convention de partenariat
vient d’être signée entre le CHU de
Liège et la société biopharmaceutique Merck Serono pour soutenir
l’activité scientifique du service de
neurologie en matière de sclérose
en plaques. Le projet vise notamment à développer la multidisciplinarité de la prise en charge des
patients, en collaboration étroite
avec le Centre de revalidation du
CHU (site Ourthe-Amblève).
EN BREF
Rendez-vous le
22 août à Esneux
Campagnes de sensibilisation
Les équipes du CHU de Liège ont participé ces derniers mois à plusieurs
campagnes de dépistage et de sensibilisation.
n Dans le cadre de la journée mondiale du rein, le 12 mars, le service de
néphro­logie a organisé une action de dépistage de l’insuffisance rénale en collaboration avec le secteur santé de la Province de Liège. La
sensibilisation a essentiellement porté sur les dangers d’une consommation excessive de sel. Si la toute grande majorité des 283 personnes
qui ont rempli le questionnaire proposé identifient correctement les
aliments particulièrement salés, moins de 4 % d’entre elles connaissent
l’ensemble des risques liés à une alimentation trop riche en sel.
Renseignements :
www.joggingesneux.be
n Le 29 mai, dans le cadre de la journée mondiale sans tabac, tabacologues et infirmières ont accueilli quelque 200 visiteurs sur les deux principaux sites de l’hôpital universitaire, le Sart Tilman et N.-D. des Bruyères.
Les participants ont eu l’occasion de passer un test de dépendance à la
nicotine, un examen de mesure du taux de monoxyde de carbone et
un test de mesure du volume expiré maximum par seconde (VEMS). Un
passeport santé récapitulant les résultats a été remis à chaque participant, avec le conseil de le présenter à son médecin traitant.
Se garer aux Bruyères
Une vingtaine de nouveaux emplacements réservés aux médecins
ont été aménagés dans le parking principal du site de N.-D. des
Bruyères, le long de la drève.
page 5 chuchotis
C’est le samedi 22 août qu’aura
lieu au complexe sportif Adrien
Herman (hall omnisport) le désormais
traditionnel
jogging
d’Esneux, qui en est déjà à sa cinquième édition. Organisé par le
Centre de revalidation du CHU de
Liège (site Ourthe-Amblève), le
programme comporte une course
en handbike pour non valides,
une course pour enfants de un
kilomètre ainsi qu’un jogging de
dix kilomètres pour valides. Enfin,
une démonstration de danse en
chaise roulante (cyclo-danse) terminera la journée. Vous êtes bien
sûr invités à vous joindre à cette
manifestation qui a pour but la
promotion du sport d’endurance
pour la personne handicapée. Un
objectif poursuivi est également
la récolte de fonds pour offrir aux
patients hospitalisés à long terme
d’autres possibilités que la rééducation classique.
n A l’occasion de la journée de
dépistage du mélanome organisée par Euromelanoma, le
service de dermatologie du
CHU de Liège a accueilli gratuitement les patients le lundi
11 mai. Cette action s’adressait
en priorité à deux types de patients : les personnes de tout
âge qui présentent plus de 50
grains de beauté, et les personnes de plus de 60 ans qui
ont remarqué un changement
récent de peau. Près de 150
personnes se sont présentées
à cette journée de sensibilisation, qui visait à insister sur
l’importance d’un diagnostic
précoce des différents cancers
de la peau et sur l’apprentissage de l’auto­surveillance.
WHO’S WHO
Who’s
who
Un chef de service nommé en chirurgie plastique et maxillo-faciale
Dr J.-L. Nizet
Chirurgie plastique
et maxillo-faciale
04 366 85 14
page 6 chuchotis
[email protected]
Le 29 avril, le Conseil d’administration a nommé le Dr Jean-Luc Nizet à la tête du service de
chirurgie plastique et maxillo-faciale, une fonction qui, depuis le décès prématuré du Pr.
Olivier Heymans en 2006, a été assurée successivement, sur le plan administratif, par le Pr.
Raymond Limet et le Pr. Philippe Gillet. Docteur en médecine de l’ULg (1985) et spécialiste
en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique (1991), le Docteur Jean-Luc Nizet s’est
perfectionné en chirurgie esthétique au Manhattan Eye, Ear & Throat Hospital et à l’Institute of Plastic and Reconstructive Surgery à New York. Il est également licencié en médecine
d’expertise (ULg, 1995) et, depuis 2006, président de la Commission d’agrément en chirurgie plastique au Ministère de la Santé. Consultant dans le service de chirurgie plastique et
maxillo-faciale depuis 1993, le Dr Nizet en prend donc aujourd’hui la direction avec, parmi
ses projets, le développement de la chirurgie réparatrice du sein en collaboration avec les
services de chirurgie digestive et de sénologie, afin de fournir aux patientes toutes les techniques possibles de reconstruction mammaire et de chirurgie oncoplastique. Le Dr Nizet
compte également redynamiser la chirurgie esthétique en exploitant notamment les possibilités de l’hypnosédation et de la chirurgie ambulatoire. La chirurgie maxillo-faciale sera un autre axe important d’activité clinique.
Des projets de recherche sont en train de se mettre en place, concernant entre autres les transferts de graisse et
leur implication en chirurgie de reconstruction.
L’art de la médiation
Présidences
A l’écoute des patients et des soignants, Caroline Doppagne exerce pour
le CHU de Liège, le CHR de la Citadelle et la Clinique André Renard la délicate fonction de médiatrice hospitalière. En 2008, la jeune femme a géré
180 plaintes pour l’ensemble des trois établissements. Son rôle consiste
souvent à renouer le dialogue avec le soignant, certains patients redoutant qu’un médecin débordé ne prenne pas le temps de les écouter. Mais
les appels ne viennent pas uniquement des patients. Il arrive que certains
services prennent contact avec la médiatrice de leur propre initiative, dans
le but de désamorcer un conflit naissant, ou tout simplement pour faire
connaître les spécificités de leur métier. « Tout se passe en confiance »,
insiste Caroline Doppagne. « Le médiateur ne juge pas, ne tranche pas.
Il aide à trouver une solution, de façon neutre et à l’amiable. » Chaque
plainte fait l’objet d’un rapport résumant son objet et les deux points de
vue, celui du patient et celui de l’équipe soignante, avec leurs arguments
respectifs. Certaines plaintes se règlent rapidement lorsqu’il s’agit d’une
demande bien précise, qui peut être rencontrée aisément. Pour les autres
plaintes, Caroline Doppagne établit une proposition : rencontrer les deux
parties en médiation, transmettre par écrit les explications demandées, envoyer le dossier à la
compagnie d’assurance, etc. Une
plainte est clôturée lorsque les
parties arrivent à un accord et/ou
si une communication sereine est
rétablie. A défaut de solution, la
médiatrice informe le plaignant
des autres possibilités de régler le
conflit : les services d’inspection,
les tribunaux, l’Ordre des médecins, les mutualités, etc.
n Le Pr. Philippe Coucke,
chef du service de radiothérapie, a été nommé président de la Société belge de
radiothérapie.
n Le Pr. Jean-Marie Krzesinski,
chef du service de néphrologie, a été nommé
président de la Société
belge de néphrologie.
n Le Pr. Eric Lifrange,
chef du service de sénologie, a été nommé président
de la Société belge de
sénologie.
n Le Dr Jean-Luc Nizet,
nouveau chef du service
de chirurgie plastique et
maxillo-faciale, a été nommé président de la Société
royale belge de chirurgie
plastique, reconstructrice et
esthétique.
C. Doppagne
Médiation hospitalière
0498 31 11 12
mediationhospitaliere.gie
@skynet.be
ACTUALITé
La
diététique
au chevet des patients
Une prise en charge nutritionnelle adéquate participe directement à
l’amélioration de la santé et de la survie des patients hospitalisés. La
diététique hospitalière joue un rôle croissant.
Une situation « normale » ? Pas
pour Anne-Marie Verbrugge, la
nouvelle responsable d’équipe du
secteur diététique (service de la logistique patient). Depuis vingt ans,
cette diététicienne enthousiaste se
bat pour favoriser la reconnaissance du rôle de la diététique hospitalière au chevet des patients. « La
littérature scientifique démontre
qu’une prise en charge nutritionnelle précoce des patients cancéreux participe à l’amélioration de
leur santé et de leur qualité de vie.
Il y a quelques mois, nous avons
donc initié avec sept unités de
soins et le service de radiothérapie un itinéraire nutritionnel et de
soins du patient en oncologie. »
Itinéraire nutritionnel
Première étape : sensibiliser les
médecins et les infirmières des
unités de soins concernées. Avec
ces dernières, l’équipe de diététique a mené une enquête sur
la prévalence de la dénutrition
chez les patients hospitalisés en
oncologie, de manière à vérifier
sur le terrain liégeois les chiffres
publiés dans la littérature internationale. Les résultats – très
proches de ceux de la littérature –
sont actuellement présentés aux
oncologues et aux chefs d’unité,
dans une optique de collaboration pluridisciplinaire. « Les diététiciens sont des scientifiques,
des paramédicaux qui ont un
rôle à jouer dans la prise en charge des patients », insiste AnneMarie Verbrugge. « Systématiser
les tours de salle, aller à la rencontre des équipes soignantes nous a
permis de sortir de l’image un peu
“popote” que certains se faisaient
de nous. »
L’impact de ce nouveau dynamisme de la diététique hospitalière
ne s’est pas fait attendre. Un arbre
décisionnel d’approche du patient
« qui ne mange pas » a été validé.
L’alimentation enrichie maison,
plus savoureuse et plus digeste
que les compléments alimentaires habituels, est dorénavant
favorisée. Une enquête a été réalisée auprès des patients traités en
chimiothérapie à l’hôpital de jour
afin de proposer des menus répondant davantage à leurs attentes. Les goûts individuels sont pris
en compte dans l’élaboration des
plateaux. Une consultation de diététique oncologique a été initiée
en radiothérapie, de manière à assurer une prise en charge globale
et pluridisciplinaire du patient. Enfin, un projet d’immunonutrition
a vu le jour en chirurgie digestive
carcinologique, en phase préopératoire, dans le but de réduire les
complications et la durée d’hospitalisation.
Menus personnalisés
Parallèlement à ces initiatives en
oncologie, un compendium dié-
tétique a été diffusé à toutes les
unités de soins de manière à permettre aux personnes commandant les repas de cibler le régime
le plus approprié au profil et à la
pathologie du patient.
Avec l’aval des différents médecins
impliqués, les régimes spécifiques
ont été adaptés à l’évolution récente des connaissances scientifiques en matière de nutrition ainsi
qu’à l’évolution des traitements.
Patients diabétiques, cardiaques,
dialysés, brûlés, pédiatriques, gériatriques ou encore hospitalisés
en unité stérile bénéficient de
nouveaux menus qui n’omettent
pas une dimension essentielle de
l’alimentation, le plaisir de manger. « Prendre un repas est l’un
des rares plaisirs qui rythment la
journée du patient hospitalisé »,
insiste Anne-Marie Verbrugge.
« Avec toute l’équipe de cuisine,
nous sommes très attentifs aux
saveurs, aux textures et à la présentation des aliments. Le plaisir
de manger participe de très près
à la lutte contre la dénutrition et
à l’amélioration de la compliance
du patient. »
A.-M. Verbrugge
Responsable du
secteur diététique
04 366 71 17
AM.Verbrugge
@chu.ulg.ac.be
* X. Hébuterne,
« Nutrition du
malade cancéreux :
il est temps d’agir »,
Nutrition clinique
et métabolisme,
2008 ; 22: 1-2.
page 7 chuchotis
La publication de chiffres interpellants démontre que c’est la dénutrition – et non la tumeur – qui est
directement responsable du décès
de 5 à 25 % des patients cancéreux*. Et que la prévalence globale de la dénutrition, tous cancers
confondus, est de l’ordre de 40 %.
Or on sait que la dénutrition altère
la qualité de vie, diminue l’efficacité des traitements et augmente
la fréquence des complications.
DOSSIER
Un « comité des sages »
au cœur de l’hôpital
Etudes cliniques sur des médicaments ou des dispositifs médicaux,
fins de vie, procréation médicalement assistée, transplantation d’organes... autant de thèmes éthiques au cœur de la pratique hospitalière
quotidienne. Quelles sont les missions dévolues au Comité d’éthique
du CHU de Liège ?
Pr. V. Seutin
Président
04 366 25 24
[email protected]
Pr. G. Rorive
Vice-président
georges.rorive
@ulg.ac.be
Si l’histoire de l’expérimentation
médicale remonte à la parution,
en 1856, de l’ouvrage de Claude
Bernard Introduction à la médecine expérimentale, celle des comités d’éthique est toute récente. Les
premières recommandations en
la matière datent du Code de Nuremberg, en 1947, suite au « procès
des docteurs » qui révéla au monde
l’horreur des expérimentations
menées par des médecins nazis
dans les camps de concentration.
Ce texte fondateur définit pour la
première fois le cadre des expérimentations admissibles chez la personne humaine. Son premier principe établit la nécessité d’obtenir le
consentement éclairé du sujet qui
participe à l’expérimentation.
Premières étapes
Pr. M. Lamy
page 8 chuchotis
[email protected]
Ces premiers pas sont renforcés par
la Déclaration universelle des Droits
de l’Homme, adoptée en décembre
1948 par l’Assemblée générale des
Nations Unies, puis par la Déclaration d’Helsinki, rédigée en 1964 par
l’Association médicale mondiale.
La Déclaration d’Helsinki établit les
principes éthiques applicables à la
recherche médicale impliquant des
êtres humains. Elle stipule notamment que « la mission du médecin
est de promouvoir et de préserver
la santé de l’être humain. Il exerce
ce devoir dans la plénitude de son
savoir et de sa conscience. » Elle
précise également que le bien-être
du sujet humain prime sur les intérêts de la science et de la société
et que chaque projet de recherche
doit faire l’objet d’une évaluation
préalable des risques et inconvénients prévisibles par rapport aux
bénéfices attendus.
Toutefois, ces belles recommandations n’empêchent pas certains
« dérapages ». Aux Etats-Unis,
des expériences ahurissantes sont
menées chez des patients syphilitiques de race noire, chez qui on
laisse évoluer une maladie que
l’on peut pourtant traiter à cette
époque. On inocule le virus de
l’hépatite B à des enfants handicapés mentaux (noirs, eux aussi),
afin d’étudier la réponse de leur
système immunitaire. Suite aux vives réactions suscitées par ces pratiques scandaleuses, le Rapport
Belmont, publié en 1979, fixe les
règles éthiques relatives à la protection des sujets humains soumis
à une recherche. Dans la foulée,
les premiers comités d’éthique
voient le jour aux Etats-Unis.
En Belgique, une évolution en trois temps
En Belgique, les premiers comités
d’éthique sont fondés dans les
centres universitaires sous l’égide
du FNRS. Ils se consacrent dans
un premier temps à l’évaluation
des protocoles de recherche strictement médicaux, en se référant
aux deux principaux textes en la
matière, la Déclaration d’Helsinki
et le Rapport Belmont. Leurs avis
ne sont pas contraignants.
En 1994, un arrêté royal rend
obligatoire la création d’un comité d’éthique dans chaque hôpital, sous peine de ne pas obtenir
Les missions du Comité d’éthique
DOSSIER
>
l’agrément. Conformément aux
directives européennes, les comités
d’éthique étendent alors leurs compétences aux études sponsorisées
par l’industrie pharmaceutique.
Enfin, en 2004, la loi relative aux
expérimentations sur la personne
humaine précise que tout projet
de recherche doit obligatoirement recevoir un avis favorable
d’un comité d’éthique. Le Ministère de la Santé confie au Comité
consultatif de bioéthique la mission de collecter les données des
différents comités d’éthique ; ces
derniers sont financés au prorata
de leurs activités.
ULg et CHU de concert
A Liège, le Comité d’éthique de
la Faculté de Médecine est fondé
en 1976. Il est présidé successivement par les Pr. Heusghem, Lambotte, Dresse et Lamy. Une de ses
premières tâches est de veiller à
protéger le patient sans entraver
la recherche biomédicale et clinique. Le Comité d’éthique du
CHU naît une vingtaine d’années
plus tard, présidé par le Pr. Rorive,
puis par le Pr. Lamy. Pendant quelques années, le comité facultaire
poursuit l’examen des protocoles
d’études cliniques, tandis que le
comité hospitalier étudie surtout les nouvelles lois en matière
d’éthique (interruption volontaire
de grossesse, euthanasie, etc.) et
leurs répercussions sur la pratique hospitalière. La loi de 2004
ne prévoyant qu’un seul comité
par institution, les deux structures
unissent leurs compétences en
novembre 2005 sous la présidence
du Pr. Maurice Lamy et la viceprésidence du Pr. Georges Rorive.
Depuis le 1er octobre dernier et l’admission à la retraite du Pr. Lamy, le
Comité d’éthique hospitalo-facultaire universitaire est présidé par
le Pr. Vincent Seutin, pharmacologue. « Les comités d’éthique des
hôpitaux académiques ont une
fâcheuse tendance à être présidés
par un pharmacologue, étant donné que de nombreux dossiers traitent de nouveaux médicaments »,
commente celui-ci. Conformément
à la loi belge, le Comité se compose de 15 membres représentant
les deux sexes, avec une majorité
de médecins de l’institution et au
moins un généraliste, un infirmier
et un juriste.
Le Comité d’éthique a trois missions :
nune
fonction d’avis sur tout protocole d’expérimentation sur
l’homme ;
nune
fonction d’accompagnement et de conseil concernant
les aspects éthiques de la pratique des soins hospitaliers ;
nune
fonction d’assistance à la
décision concernant les cas individuels (bien que cette dernière
fonction ne soit plus inscrite dans
la loi).
Le Comité d’éthique hospitalo-facultaire universitaire de Liège n
Pr. Vincent Seutin, président (pharmacologue)
n
Pr. Georges Rorive, vice-président (honoraire, médecine interne)
n
Dr Stéphanie Gaillez, secrétaire (généticienne, pédiatre)
n
Pr. Maurice Lamy (honoraire, anesthésiste-réanimateur)
n
Dr Guy Daenen (gastro-entérologue)
n
Pr. Luc Delattre (honoraire, pharmacien)
n
Pr. Jean Demonty (interniste)
n
M. Philippe Echement (juriste)
n
Mme Marie-Noëlle Englebert (juriste)
n
Pr. Pierre Firket (généraliste)
n
Pr. Ulysse Gaspard (honoraire, gynécologue)
n
Pr. Philippe Gillet (chirurgien orthopédiste)
n
Pr. Georges Hougardy (psychiatre)
n
Dr Marie-Christine Lebrethon (pédiatre)
n
Mme Patricia Modanese (infirmière chef d’unité)
Secrétariat administratif : M. Henri Masset et Mme Michelle Carlino
Activités en 2008
n
8 demandes d’avis relatives à
des thèmes d’éthique
n
298 protocoles d’expérimentation relatifs à la personne
humaine, dont :
-117 études académiques (73
monocentriques et 44 multicentriques)
-157 études en partenariat
avec l’industrie pharmaceutique (14 monocentriques et
143 multicentriques)
n
24 protocoles d’études qui ne
tombent pas sous l’application
de la loi sur l’expérimentation
humaine
page 9 chuchotis
Composition
DOSSIER
Ethique
et expérimentation
ches cliniques menées à l’initiative
de médecins du CHU. »
C’est à sa première mission que
le Comité d’éthique consacre le
plus clair de ses délibérations. Ses
membres se réunissent tous les
quinze jours pour analyser entre
250 et 300 protocoles de recherches par an. « La majorité de ces
dossiers concerne des essais de
médicaments financés par l’industrie pharmaceutique. Ces essais sont souvent multicentriques.
Nous jouons alors soit le rôle de
comité central, et notre avis est
déterminant, soit le rôle de comité
périphérique, avec des compétences plus limitées », détaille le
Pr. Seutin. « D’autres protocoles,
moins nombreux, sont des recher-
« Cela représente une charge de
travail importante », souligne le
Pr. Rorive. « Je lis tous les mois à
peu près 500 pages, dans des domaines très variés. » Une charge
de travail qui explique sans doute
que près de la moitié des membres médecins du Comité d’éthique soient des retraités. « C’est
vrai qu’approfondir les questions
d’éthique suppose un recul et
une maturité que l’on n’acquiert
qu’avec les années, mais on peut
être “sage” avant d’être pensionné ! Avec l’évolution rapide des
connaissances et des techniques,
les compétences de nos jeunes
confrères nous sont indispensa-
La loi du 7 mai 2004 relative aux
expérimentations sur la personne humaine
Une expérimentation ne peut être entreprise ou poursuivie que si les
conditions suivantes sont remplies :
1. l’expérimentation est scientifiquement justifiée et se fonde sur le dernier état des connaissances scientifiques et sur une expérimentation
préclinique suffisante ;
2. l’expérimentation a pour objectif l’élargissement des connaissances
de l’homme ou des moyens susceptibles d’améliorer sa condition ;
3. il n’existe pas de méthode alternative d’efficacité comparable qui permette d’obtenir les résultats recherchés ;
page 1 0 chuchotis
4. les bénéfices attendus sur le plan thérapeutique et en matière de santé
publique justifient les risques et les inconvénients prévisibles ; les intérêts du participant priment toujours sur ceux de la science et de la
société ;
5. le protocole a fait l’objet d’un avis favorable d’un comité d’éthique ;
6. la personne participant à l’expérimentation ou son représentant a donné son consentement libre et éclairé et dispose d’un point de contact
auprès duquel elle peut obtenir de plus amples informations ;
7. les soins dispensés aux participants et les décisions prises à leur égard
sont de la responsabilité d’un praticien dûment qualifié ;
8. l’assurance et la couverture de la responsabilité de l’investigateur et
du promoteur sont organisées conformément à la loi.
bles. La qualité de notre travail
aurait tout à gagner d’un plus
grand investissement des personnes actives sur le terrain, mieux à
même d’apporter nuances et précisions. » Une position partagée
par le Pr. Seutin, qui ajoute qu’une
éthique de qualité suppose une
science de qualité : il ne serait pas
éthique de mener une étude si la
question posée a déjà été résolue,
si elle ne vaut pas la peine qu’on y
réponde ou si le fait d’y répondre
est grevé d’un risque déraisonnable pour l’être humain.
Comme le précise le Pr. Seutin, la
plupart des dossiers sont acceptés,
moyennant parfois quelques améliorations : « Par exemple, nous
demandons régulièrement que
des modifications soient apportées au formulaire d’information
du patient, entre autres lorsqu’il
a été mal traduit de l’anglais ou
du néerlandais. Nous accordons
beaucoup d’attention à la protection du patient. Ce dernier doit
comprendre clairement à quoi il
s’engage, sans entretenir d’espoirs
déraisonnables. Nous veillons aussi à ce que les dispositions légales,
notamment en matière d’assurance, soient correctement appliquées. » C’est là que les juristes
membres du Comité d’éthique,
très soucieux de protéger le patient, jouent un rôle majeur.
« Les patients qui acceptent de
participer à de telles études doivent savoir, par exemple, qu’ils
ont une chance sur deux de ne
pas recevoir le médicament prometteur », ajoute le Pr. Seutin. « Ils
donnent leur accord parce qu’ils
espèrent un mieux, mais souvent
aussi parce qu’ils pensent que leur
geste servira à soigner d’autres
patients. C’est très beau de la part
de personnes qui vivent une situation difficile. »
Les missions du Comité d’éthique
DOSSIER
>
Pour mieux appréhender les dernières avancées dans les différents
domaines concernés, une réunion
par mois débute par une réflexion
sur un thème précis, présentée
par exemple par l’un des promoteurs les plus actifs en matière de
recherche clinique. Fécondation
in vitro, diagnostic préimplantatoire, thérapie cellulaire, maladies
inflammatoires, soins palliatifs,
protocoles de fins de vie, transplantation : les thèmes abordés
sont variés. Les avis rendus par le
Comité consultatif de bioéthique
et les nouveaux textes légaux sont
également discutés.
Ethique et clinique
Dans quelle mesure tenir compte
d’une demande anticipée de limitation des soins ? Comment réagir
face à une mère toxicomane qui
refuse qu’on laisse son nouveauné sous surveillance médicale ? Ou
lorsqu’une jeune adulte souffrant
d’un syndrome de verrouillage
(locked-in), dont la demande
d’euthanasie a été acceptée, exprime la volonté de faire don de
ses organes ? Le Comité d’éthique
est de temps en temps consulté
par une équipe soignante désemparée par un cas individuel difficile.
La plupart du temps, une simple
conversation téléphonique permet
de rappeler la législation en vigueur. Lorsque la situation est plus
épineuse, les implications éthiques
sont abordées avec les médecins
et les infirmières afin de les aider
à prendre leur décision. « Ce n’est
pas à nous de trancher », précise le
Pr. Rorive. « Il faut être sur le terrain
pour apprécier avec nuances une
situation individuelle. Beaucoup de
gens cherchent un “catéchisme” lapidaire en matière d’éthique, alors
que chaque situation est éminemment individuelle. »
Il revient cependant au Comité
d’éthique de suggérer des lignes
de conduites éthiques pour guider dans leur réflexion les médecins de l’hôpital, qu’il s’agisse
d’euthanasie, de limitation des
soins, de limitation de l’usage
des antibiotiques, etc. Le Comité
a d’ailleurs été sollicité plusieurs
fois dans ce sens par le directeur
médical, le Pr. Christian Bouffioux.
Un processus de réflexion est en
cours, notamment, pour clarifier
la position du CHU de Liège face
à l’euthanasie et pour sensibiliser
les médecins à la loi et à ses implications éthiques.
Vers une position
institutionnelle ?
Mais une uniformisation institutionnelle est-elle possible ? et souhaitable ? Pour le Pr. Rorive, une
position institutionnelle aurait
le mérite de clarifier la situation
pour les patients confrontés à des
choix difficiles. « Un minimum de
points doivent être admis par tous
les membres de l’institution »,
commente-t-il. « Outre le respect
de la législation en vigueur, évidemment, nous estimons que personne ne devrait pouvoir refuser
seul la demande du patient. Nous
accordons aussi beaucoup d’importance à la place de la famille,
ainsi qu’au fait qu’une décision
n’est jamais irrévocable. Tout
le monde a le droit de changer
d’avis. Enfin, il est essentiel de
prendre le temps de discuter avec
son patient et avec ses proches,
malgré la recherche de l’efficience
qui pousse à écourter les consultations. »
« Cependant, une position offi­
cielle ne permettrait sans doute
pas de régler tous les cas de fi­
gure », ajoute le Pr. Seutin. « Plutôt
qu’à un canevas rigide, je préfère
me fier à l’éthique personnelle et
à la compassion du médecin. »
Le Pr. Pierre Damas, chef du service des soins intensifs généraux, est
fréquemment confronté à l’instauration de limitations de soins
et de thérapeutiques supportives.
Pour lui, la ligne de conduite est à
définir au sein de chaque service
plutôt qu’à l’échelle de l’hôpital,
avec l’aval du Comité d’éthique.
« La position commune au personnel de notre service est rediscutée
et adaptée très régulièrement. Ce
n’est pas une loi ni une position
institutionnelle qui nous y aidera
beaucoup. La décision de ne pas
mettre en œuvre certains traitements se prend toujours en transparence et en consensus avec la
famille, l’équipe soignante et les
médecins référents. »
Entre limitation des soins et acharnement thérapeutique, c’est ici le
principe de l’autonomie du patient qui entre en ligne de compte
et prime sur le consensus médical.
Comment respecter le choix du
patient et de sa famille, mais aussi
la liberté de conscience des médecins ? Que signifie, dans des situations extrêmes, le principe éthique
de bienfaisance ? Et comment appliquer un autre principe de l’éthique biomédicale, celui de la justice distributive ? Aussi bien écrites
soient-elles, lois et recommandations ne dispensent certainement
pas d’une réflexion éthique.
page 1 1 chuchotis
Et lorsque l’avis du Comité d’éthique est négatif ? Pas de recours
possible, la législation n’ayant pas
prévu de procédure d’appel. « Les
avis négatifs sont rares », explique
le Pr. Rorive. « Nos refus portent
essentiellement sur l’utilisation
d’un placebo alors qu’il existe
déjà un médicament efficace sur
le marché. »
RECHERCHE
Recherche biomédicale :
la preuve par trois
Laurence de Leval a reçu, début mai, le Prix de la recherche clinique du
Fonds Inbev-Baillet Latour. C’est la troisième fois en trois ans qu’un médecin liégeois remporte ce prix qui consacre l’excellence de la recherche
biomédicale.
bénéficie indubitablement du
prestige de son aîné, le Prix InbevBaillet Latour de la santé (précédemment Artois-Baillet Latour de
la santé), décerné chaque année
depuis vingt ans à une sommité
scientifique internationale. Ce
« petit Nobel belge », comme certains n’hésitent pas à l’appeler,
est l’un des prix scientifiques internationaux les plus importants
de Belgique.
page 1 2 chuchotis
Les lymphomes, une
forme de cancer en
augmentation
Créé il y a trois ans, le Prix de la
recherche clinique du Fonds InBev-Baillet Latour est décerné
annuellement à deux médecinschercheurs belges de moins de
45 ans, l’un francophone, l’autre
néerlandophone. Et pour la troisième année consécutive, le lauréat francophone est un Liégeois.
C’est Steven Laureys (neurologie,
Centre de recherches du cyclotron)
qui a ouvert le palmarès en 2007,
pour ses recherches sur les états
altérés de conscience. En 2008,
Patrizio Lancellotti (cardiologie) a
été récompensé pour ses travaux
sur l’insuffisance mitrale ischémique, ou fonctionnelle. Cette année, c’est Laurence de Leval (anatomie pathologique) qui bénéficie
de cette belle reconnaissance de la
qualité de ses travaux sur les lymphomes.
Tout récent mais déjà réputé, ce
prix réservé aux jeunes chercheurs
Chef de laboratoire au service
d’anatomie pathologique du
CHU et maître de recherches au
FNRS, Laurence de Leval est une
spécialiste des lymphomes non
hodgkiniens. Avec plus de cinquante catégories répertoriées,
les lymphomes sont tellement variés qu’on peut parler de maladies
différentes, avec des pronostics et
des traitements spécifiques. Il est
donc essentiel d’établir un diagnostic précis en laboratoire, car
il conditionne la prise en charge
des malades.
Les recherches menées par Laurence de Leval lui ont permis de
préciser les critères diagnostiques
et les facteurs pronostiques de
différents types de lymphomes B
et T, en fonction de leur origine
cellulaire précise. La grande majorité des lymphomes sont dérivés
de cellules B, c’est-à-dire de lymphocytes normalement voués à
devenir des cellules productrices
d’anticorps. Laurence de Leval a
caractérisé les lymphomes B dans
différentes localisations extraganglionnaires en envisageant
les conséquences diagnostiques.
Beaucoup plus rares, les lymphomes dérivés de lymphocytes T sont
généralement des maladies agressives et de mauvais pronostic. La
chercheuse liégeoise a dressé la
carte d’identité moléculaire des
deux types de tumeurs les plus
fréquentes, le lymphome T périphérique sans spécificité et le lymphome T angioimmunoblastique.
Un triplé prestigieux
« Consacrant successivement trois
disciplines différentes, ce triplé
prestigieux montre la richesse des
recherches menées dans nos murs
pour porter à un haut niveau la
médecine universitaire », se plaît à
souligner le Pr. Christian Bouffioux,
directeur médical du CHU. « Et
ceci malgré un financement des
missions d’enseignement et de recherche nettement inférieur à celui dont bénéficient les hôpitaux
universitaires de pays voisins. »
L’aide financière accordée pour
ces missions par le pouvoir fédéral belge ne représente en effet
que 4 % du chiffre d’affaires des
hôpitaux universitaires, alors que
ces activités engendrent un coût
de 20 à 25 % du chiffre d’affaires. « Pour propulser la recherche
médicale belge sur le devant de la
scène internationale, on a déjà la
matière grise. Il ne manque plus
que le financement adéquat »,
poursuit le directeur médical.
RECHERCHE
Ce qu’ils en disent
nPr.
Bernard Rentier, recteur de
l’ULg : « A Liège, nous avons
tendance à ne pas crier cocorico. Mais il faut le faire quand
cela en vaut la peine. Obtenir
trois fois de suite le Prix de la
recherche clinique du Fonds InBev-Baillet Latour est une performance. »
nPr.
Jacques Boniver, trésorier du
Fonds Léon Fredericq : « Cette
reconnaissance des qualités de
nos trois médecins-chercheurs
renforce notre volonté de voir
les jeunes médecins s’engager
dans la recherche. »
nDr
nPr.
Luc Piérard, promoteur des
recherches du lauréat 2008 :
« Notre centre d’échocardiographie jouit d’une excellente
réputation. La “clinique des valvulopathies” que nous mettons
en place accueille non seulement des patients de la région
liégeoise, mais également de
plus loin en Europe. »
nDr
Laurence de Leval, lauréate
2009 : « Les lymphomes représentent la cinquième forme
de cancer et sont en augmentation. Pour mieux cibler les
traitements, il est crucial de
diagnostiquer le type précis de
la maladie. La biothèque qui
se constitue peu à peu à l’ULg,
grâce aux patients qui acceptent
que les biopsies puissent servir
à la recherche, nous permet de
progresser dans la connaissance
des lymphomes. »
Le Fonds Léon Fredericq,
22 années de promotion de l’excellence
La recherche biomédicale liégeoise se porte bien, comme en témoigne
cette belle succession de prix décernés trois années d’affilée à des médecins du CHU. Une «preuve par trois » que le Fonds Léon Fredericq tient à
mettre en avant. Depuis 1987, le Fonds Léon Fredericq soutient la créativité de jeunes chercheurs de l’Université et du CHU de Liège en leur donnant les moyens de servir la connaissance scientifique, source du progrès
médical. « La collaboration entre le CHU et l’ULg est remarquable », se réjouit le recteur Bernard Rentier. « La proximité entre nos deux institutions
représente une force pour la recherche clinique. »
En vingt-deux ans, le Fonds Léon Fredericq a distribué plus de quatre millions d’euros sous la forme de mandats de recherche, de bourses de voyage
et de doctorat, de subsides de fonctionnement et de crédits d’équipement. Ces différents financements ont permis des avancées significatives
dans plusieurs secteurs de la médecine : thérapies basées sur les cellules
souches, médecine génomique, lutte contre le cancer, transplantations
d’organes, etc.
Les recherches de Steven Laureys, Patrizio Lancellotti et Laurence de
Leval ont été soutenues, entre autres, par le Fonds Léon Fredericq et par
le Fonds d’investissement pour la recherche médicale du CHU de Liège.
Leur point commun : elles contribuent à l’élucidation de certaines formes
de pathologies et balisent la voie devant conduire à de nouvelles formes de traitements. Comme l’indique le Pr. Vincent Geenen, secrétaire
du Fonds Léon Fredericq, « la pratique quotidienne de l’expérimentation
a permis à ces trois médecins de s’approprier les qualités d’imagination,
de créativité, de rigueur et d’autocritique requises par la recherche clinique de haut niveau et de mettre aujourd’hui leurs acquis au service de la
santé de nos concitoyens. »
page 1 3 chuchotis
Steven Laureys, lauréat
2007 : « Ce type de prix est essentiel pour encourager les
“cerveaux” à rester en Europe.
Suite aux travaux du Coma
Science Group, des patients de
toute l’Europe viennent au CHU
de Liège pour une mise au point
diagnostique et pronostique. »
Pour 0,23€/jour, vous préférez :
page 1 chuchotis


1 ml de crème solaire


1 an d’ Ethias Assistance
Ethias Assistance, seulement 85€ par an.
Protection totale pour toute la famille + 2 véhicules
0800 23 777
www.ethias.be
On pense comme vous
Ethias SA, rue des Croisiers 24, 4000 Liège.
Entreprise d’assurances agréée sous le n° 0196 pour pratiquer toutes les branches d’assurances Non Vie, les assurances sur la vie, les assurances de nuptialité et de natalité (AR des 4 et 13 juillet 1979, MB du 14 juillet 1979) ainsi
que les opérations de capitalisation (Décision CBFA du 9 janvier 2007, MB du 16 janvier 2007). RPM Liège TVA BE 0404.484.654 / Compte Ethias Banque : 827-0821680-86
Téléchargement