C.H.U. de CAEN Département d'Orthopédie Professeur C. HULET Chirurgie arthroscopique – Chirurgie du sport LA RUPTURE DU LIGAMENT CROISE ANTERIEUR Dr B. LEBEL - Dr B. LOCKER - Dr V. PINEAU Dr G. BURDIN - Dr Y. FAVENNEC – Dr I. KLEBANER – Dr G. ROCHCONGAR - Dr C. SABATIER Le ligament se casse le plus souvent au sport (football, ski, basket, etc …). A la différence des autres ligaments, il ne se répare pas tout seul, même avec un plâtre. C'est le ligament le plus important du genou puisqu'il relie le fémur au tibia en permettant à ces deux os de s'articuler l'un avec l'autre de façon harmonieuse. Sa disparition ou son insuffisance supprime ce rôle et provoque alors des épisodes de déboîtement du genou à l'occasion d'activités sportives ou même dans la vie quotidienne. Ces déboîtements ou dérobements surviennent surtout sur les mouvements de torsion du genou. Ils provoquent à la longue : - une distension des autres ligaments du genou - une déchirure des ménisques (qui sont des cales entre le fémur et le tibia servant d'amortisseur pour protéger les cartilages) - une altération progressive des cartilages, source de douleurs Ainsi, on comprend qu'il soit néfaste d'attendre longtemps et de faire de nombreux dérobements avant de se décider à refaire ce ligament. LA CHIRURGIE : elle va permettre de refaire un nouveau ligament croisé antérieur. A part l'ouverture de la peau nécessaire pour prélever ce ou ces tendons, tout le reste de l'opération se déroule sous arthroscopie et contrôle vidéo par une caméra miniaturisée. Cette arthroscopie va permettre en même temps de faire le bilan de l'intérieur du genou (cartilages, ménisques, autres ligaments) et de traiter les éventuelles déchirures des ménisques. Le nouveau ligament sera fixé par des vis spéciales en produit résorbable. • L'opération de KENNETH JONES utilise un fragment du tendon rotulien pour reconstruire le ligament et se fait le plus souvent avec une anesthésie limitée aux 2 jambes, ou bien sous anesthésie générale. Il en est de même avec l'opération type DIDT (de PINCZEWSKI) qui utilise 2 tendons de la partie interne du genou (ischio-jambiers). • L'hospitalisation est courte puisque la sortie a lieu le lendemain de l'opération avec une attelle pour protéger votre genou lors de la marche (si vous en avez une chez vous, pensez à l'apporter lors de votre hospitalisation) et 2 cannes béquilles. Vous rejoignez alors directement soit le centre de rééducation (DEAUVILLE, GRANVILLE, TESSE LA MADELEINE, ou SIOUVILLE) ou bien le cabinet de kinésthérapie défini avec votre chirugien. LA REEDUCATION : Cette rééducation est faite en centre ou bien en cabinet libéral, en fonction du choix effectué le jour de votre consultation. Lorsqu’elle a lieu dans un cabinet spécialisé de kinésithérapie, le rôle du Médecin Traitant dans la gestion de la douleur et des anticoagulants sera très important. Vous allez suivre pendant un mois un protocole très précis et intense de rééducation dans un milieu spécialisé associant des médecins rééducateurs et des kinésithérapeutes. Le week-end est parfois libre et vous pouvez alors sortir du centre pour retrouver votre famille et vous détendre. Cette période intense de rééducation permet d'améliorer grandement l'état de votre genou après cette importante opération chirurgicale. Une fois sorti du centre, le cas échéant, il faudra poursuivre votre rééducation avec un kinésithérapeute mais également travailler tous les jours plusieurs fois 5 minutes, le muscle de la cuisse qui met en général un an avant de retrouver son volume normal. La durée d'arrêt de travail est en moyenne de 45 jours mais dépend bien sûr de nombreux facteurs : Age, métier, facteurs personnels, etc… LA REPRISE DU SPORT : La reprise du sport suit un protocole très précis qui est lié à l'augmentation progressive de la résistance du ligament qui vient d'être refait : 2èmemois : footing (en terrain plat et souple), vélo (si absence de douleur) et natation (crawl, dos crawlé) 5èmemois : footing (en terrain irrégulier) tennis (terrain souple) tennis de table athlétisme badminton 10èmemois : sport d'équipe (foot, basket, hand…) sports de combat ski Bien sûr, ces chiffres représentent des délais MINIMUM et d'autres facteurs peuvent intervenir pour retarder la reprise sportive. LES RISQUES DE L'ARTHROSCOPIE : L'arthroscopie a la réputation d'être une intervention bénigne, mais les statistiques font état de quelques complications qui, même si elles sont rares, préoccupent constamment l'équipe médicale. Ce risque explique que certains examens ou traitements complémentaires sont prescrits. Risques anesthésiques : ils sont expliqués lors de la consultation d'anesthésie pré-opératoire qui est obligatoire. Risques liés à un éventuel garrot : le garrot peut être responsable de troubles cutanés ou neurologiques locaux, habituellement régressifs Ces complications sont prévenues par une protection systématique de la peau et un contrôle continu de la pression du garrot. Risques liés à la position : certaines arthroscopies nécessitent une traction sur le membre opéré, ou une position particulière, destinées à faciliter l'accès à l'articulation. Elles peuvent parfois entraîner des complications spécifiques. Risques liés à l'utilisation du matériel : étant donné la petite taille de l'instrument, il peut arriver qu'un fragment de matériel se casse dans l'articulation. Il est exceptionnel que ce fragment ne puisse pas être retiré immédiatement. Risques liés à la technique chirurgicale : il a été décrit quelques cas exceptionnels de blessure des gros vaisseaux et des nerfs situés à proximité de l'articulation, au cours du geste opératoire. Ces complications vasculaires et nerveuses sont graves et peuvent nécessiter une intervention urgente de réparation vasculaire ou nerveuse. Risques post-opératoires : *L'infection de l'articulation est très rare. Une articulation présentant, dans les jours qui suivent l'intervention, un gonflement, des signes inflammatoires et s'associant éventuellement à une fièvre, doit faire évoquer cette complication. Elle nécessite un traitement en urgence. Ces risques sont réduits au maximum par une asepsie rigoureuse avant, pendant et après l'intervention. *La thrombose veineuse ou phlébite du membre inférieur est rare, mais elle peut se rencontrer, en général favorisée par un terrain particulier. Elle fait toujours l'objet d'un traitement préventif. *L'hémarthrose (saignement intra-articulaire) se traduit par l'apparition brutale, rapide d'un épanchement sous tension qui peut être très douloureux. Il est parfois nécessaire de soulager le patient par une ponction évacuatrice. *L'algodystrophie est une réaction douloureuse et enraidissante de l'articulation, d'origine inconnue, qui peut survenir après toute intervention chirurgicale. Elle peut en prolonger de façon importante les suites. * Les cicatrices peuvent être le siège de petits problèmes locaux : rougeur, retard de cicatrisation, petite « boule ». Enfin, peuvent survenir des troubles de la sensibilité de la peau à proximité des voies d'entrée car toute incision peut entraîner la section de petits filets nerveux. Ces troubles sont habituellement régressifs. SURVEILLANCE : PENSEZ A REDONNER L'ATTELLE AU CENTRE OU A LA RAPPORTER A LA PROCHAINE CONSULTATION La surveillance régulière de votre genou est primordiale après une telle opération et permettra de vérifier que tout se passe normalement même plusieurs années après l'opération. Chaque consultation comprendra : - un examen clinique vérifiant la bonne tenue du ligament - un examen radiologique qui surveille l'état des cartilages et des os - Le calendrier des consultations est précis : 3 mois, 6 mois après l'opération puis 1 an puis 3, 5, 7, 10 ans après l'opération Les convocations seront faites directement par le secrétariat du Département et il sera bien sûr possible de changer un rendez-vous qui ne conviendrait pas en téléphonant suffisamment à l'avance. IL EST TRES IMPORTANT DE PENSER A NOUS SIGNALER TOUT CHANGEMENT D'ADRESSE, SINON IL NOUS SERA IMPOSSIBLE DE VOUS CONTACTER POUR CES BILANS.